mardi 26 avril 2016

Le Magazine du bibliophile. Numéro 124-125. Spécial Grand Palais 2016








TRANSCRIPTION

Jean-Paul Fontaine, nos lecteurs vous connaissent bien, car nous avons déjà réalisé deux entretiens avec vous en 2010 et 2013 (n° 82 et 106). Vous avez aussi été un des collaborateurs de cette revue de février 2005 à novembre 2012, avant d’animer un blog bibliophilique très érudit et documenté depuis le 13 décembre 2012 (http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr/), où vous vous définissez comme « "collecteur" de "physiologies bibliophiles" », vivant « en permanence avec ceux qui ont été nos prédécesseurs » et utilisant « sur les bibliophiles anciens des techniques équivalentes à celles qu'utilise mon confrère Philippe Charlier sur les restes d'Agnès Sorel ou de Diane de Poitiers. Mon maître en histoire fut le Dr. Cabanès, c'est tout dire. » Vous venez de publier un imposant volume, Les Gardiens de Bibliopolis, consistant en 160 portraits-notices de bibliophiles du XVIe au XIXe siècle, qui apparaît comme une émanation directe, non seulement de votre blog ou de vos articles, mais de votre démarche de collecteur de "physiologies bibliophiles". C’est donc une sorte d’aboutissement ?

Profondément intéressé par l'histoire réelle, non romancée, des bibliophiles et de la bibliophilie, j'ai essayé de faire vivre tous ces amateurs dont on connait les noms, mais qui ne sont que des fantômes.
Après un peu plus de sept années de rédaction dans le Magazine du bibliophile, j'ai regretté l'impossibilité, dans un magazine papier, de corriger les erreurs commises ou d'ajouter de nouvelles découvertes. La formule du « blog » le permettait. Mais le bibliophile ne peut se passer de livre : d'où le retour vers l'édition. L'enthousiasme et la détermination de Remy Bellenger, qui avait déjà pris le risque d'éditer Cazin, l'éponyme galvaudé, en 2012, ont permis la publication de ce travail, depuis longtemps commencé.

160 portraits (parmi lesquels trois femmes seulement), c’est beaucoup : nous ne pourrons pas tous les citer dans notre entretien. Évoquer votre livre, c’est parler de son sujet. Mais une question pour commencer : avez-vous des favoris et pour quelles raisons ? Ou bien n’établissez-vous aucune hiérarchie, par principe, entre les personnages retenus ?

La liste initiale des personnages retenus comprenait 268 noms, couvrant les quatre siècles qui suivirent celui de la découverte de l'imprimerie. Je les avais choisis selon des critères de sélection obligatoires : état civil vérifiable aux sources, catalogue de bibliothèque disponible avec les résultats de la vente, existence d'un ex-libris ou d'un portrait. Un critère supplémentaire, technique, s'est alors imposé : pour un seul volume, le nombre de pages ne pouvait être supérieur à environ 600. Une nouvelle sélection, plus rigoureuse, limita le nombre des candidats à 160.

Ce livre et vos articles procèdent à chaque fois d’enquêtes et de recherches approfondies. Quelles sont vos méthodes de travail ? Faites-vous des recherches généalogiques, des enquête de terrain, collectez-vous des informations dans les ouvrages de référence, collectionnez-vous les catalogues de vente ?

Pendant plus de trente ans, j'ai constitué plus de 800 dossiers de bibliophiles, qu'ils soient amateurs ou professionnels du livre : ils contiennent des notes de lectures et des pièces originales, photographies, gravures, ex-libris, coupures de presse d'époque, quelques lettres autographes et catalogues de bibliothèque, ces derniers prenant trop de place pour être systématiquement conservés. Ces dossiers sont le point de départ de mon travail, avec l'obligation de vérifier, aux sources, toutes les informations, évitant ainsi de recopier les erreurs de mes prédécesseurs, voire les miennes : je pense à l'accent aigu sur le premier « e » de Pixerécourt, que j'avais copié chez le Bibliophile Jacob !
Je vérifie l'état civil de tous les bibliophiles aux Archives et j'établis leur généalogie sur au moins trois générations, quand c'est possible. C'est ainsi que j'ai découvert le lieu d'inhumation et la date officielle du décès d'Étienne Psaume, les racines de la famille Beraldi à Pesaro, en Italie, et la scandaleuse reprise administrative de la sépulture des Brunet au cimetière du Montparnasse.
Je lis entièrement les catalogues des bibliothèques et relève les résultats significatifs, avec le prix d'adjudication et parfois le nom des adjudicataires.

Quelle est votre bibliothèque de travail, celle qui vous sert dans vos recherches quotidiennes ? Autrement dit, quelle est, ou devrait être, la documentation de base d'un bibliophile d'aujourd'hui ?

Hormis le Manuel de bibliophilie (Paris, Éditions des Cendres, 1997, 2 vol.), par Christian Galantaris, les ouvrages de référence en matière d'histoire de la bibliophilie et des bibliophiles n'existent pas.
Certaines publications sont néanmoins incontournables : Dictionnaire de bibliologie catholique (Paris, J.-P. Migne, 1860), par Gustave Brunet ; Armorial du bibliophile (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1870), par Joannis Guigard ; « Livres rares et pratiques bibliophiliques » et « Les Nouvelles Bibliophilies » (in Histoire de l'édition française. Paris, Promodis, 1984), par Jean Viardot ; L'Amour des livres au siècle des Lumières. Pierre Adamoli et ses collections (Paris, École des chartes, 2001) et « Bibliophilie » (in Dictionnaire encyclopédique du livre. Paris, Cercle de la Librairie, 2002), par Yann Sordet.
Outre les notices biographiques données parfois en tête des catalogues, la consultation d'autres ouvrages est indispensable : le Bulletin du Bibliophile, la Bibliographie de la France, la Biographie Michaud, La France littéraire de Quérard, la Revue biblio-iconogaphique, L'Hôtel Drouot de Paul Eudel, Le Livre-Bibliographie rétrospective, La Bibliophilie du baron de Claye, etc., les journaux contemporains et les innombrables travaux des sociétés savantes. D'autres informations sont dispersées dans de nombreuses revues françaises et étrangères, notamment artistiques.

Les portraits que vous avez sélectionnés montrent des personnages très divers. On pourrait établir d’autres hiérarchies entre les bibliophiles : les plus grandes (ou les plus petites) collections, les plus rares, les plus chères, mais les résultats n’auraient que peu de valeur dans cet ensemble quelque peu disparate, à cause de l’écart temporel qui sépare les uns des autres. Finalement, ne peut-on pas dire que ces collectionneurs n’ont que peu de points communs, en dehors d’un état d’esprit qui les a fait se lancer dans cette quête du livre rare. Pouvez-vous nous décrire en quelques mots cet « état d’esprit » du bibliophile « parfait » ou « idéal » ? Est-ce que tous les personnages retenus partagent cet état d’esprit, ou y a-t-il d’autres motivations possibles ?

La définition de la bibliophilie ne peut pas être limitée à sa définition étymologique : « amour des livres ». On peut assimiler la bibliophilie à une maladie congénitale, donc incurable. Elle se révèle le plus souvent à l'adolescence. Elle touche plus souvent le sexe masculin que le sexe féminin. Elle se manifeste par un état d'esprit particulier vis-à-vis du livre, associant goût, compétences et pratiques spécifiques mis au service de la collection de livres rares, singuliers, curieux ou précieux, dans le but de construire une bibliothèque. Touchant toutes les catégories sociales, cette maladie contraint le bibliophile à adapter ses désirs à ses moyens financiers. Enfin, le bibliophile est en général fort peu démonstratif.
Tous les amateurs ne partagent pas totalement cet état d'esprit particulier vis-à-vis du livre : c'est bien là une des difficultés rencontrées pour définir le bibliophile. En outre, les variations de la mode peuvent influencer le contenu des bibliothèques : il y a eu la mode des incunables, des Elzévirs, des reliures rétrospectives, des romans de chevalerie, des provenances, des préfaçons, etc.

On peut nommer les trois femmes bibliophiles que vous avez retenues, qui sont également des personnages historiques : la comtesse du Barry, la duchesse de Berry, la comtesse de Verrue. Ont-elles une approche similaire, ou divergente, de la bibliophilie de celle de leurs confrères masculins ? Y aurait-il, pourrait-on dire une bibliophile spécifiquement « féminine » ou non ? Les romancières ou femmes de lettres (telles Mme de Staël, George Sand, etc.) n’ont-elles pas particulièrement développé de propension à la bibliophilie ?

La comtesse de Verrue fut l'une des plus grandes femmes bibliophiles de l'Ancien Régime. Il y a effectivement moins de femmes bibliophiles que d'hommes, et elles sont moins nombreuses aujourd'hui qu'autrefois. Mais il ne faut pas oublier que, dans un certain nombre de cas, la bibliothèque est celle du couple ; à l'inverse, Madame de Chateaubriand n'aimait pas plus les livres que son illustre époux. La bibliophilie des femmes est comme celle des hommes : comme chez les hommes, il y a des femmes qui collectionnent les livres pour l'effet produit, ignorant ce qu'ils contiennent ; mais la bibliothèque de la comtesse d'Yve était l'une des plus riches d'Europe. Quant à George Sand, elle est la seule femme de lettres qui se soit déclarée « bibliophobe », dans une lettre au vicomte Spoelberch de Lovenjoul.

La quête bibliophilique peut-elle avoir une fin ? Cela dépend pour partie de la motivation, ou du type de collection poursuivi ou de l’étendue du domaine concerné. Mais y a-t-il, dans votre corpus, des bibliophiles qui ont eu l’impression, pour une raison ou pour une autre, d’avoir achevé leur collection ?

La quête bibliophilique ne peut pas connaître de fin. Le Bibliophile Jacob a écrit : « le feu sacré de la bibliomanie ne meurt qu'avec le bibliomane ». Antoine Boulard mourut sur le « champ de bataille », après avoir accumulé environ 500.000 volumes. Après que le comte de La Bédoyère, à l'âge de 54 ans, eut vendu les livres rares et précieux de sa bibliothèque en 1837, il passa le reste de sa vie à retrouver les volumes qu'il avait vendus, et les paya parfois très cher.

Plusieurs ont dû se séparer de leurs collections, pour des raisons financières, notamment. Certains ont-ils arrêté par lassitude, par exemple ? Le bibliophile peut-il connaître l’ennui ? Auriez-vous des exemples de ce cas sans doute un peu extraordinaire ?

Plusieurs bibliophiles ont effectivement dû vendre leur bibliothèque par nécessité. Souvent gêné, le journaliste gastronome Charles Monselet se résigna à se séparer de ses livres, en 1871 et en 1885. Pour payer ses dettes, le professeur Charles Giraud dut se séparer de sa collection en 1855. Même le riche Cailhava, trop dépensier, fut obligé de se défaire de sa magnifique collection, par deux fois, en 1845 et en 1862. Quant à Charles Motteley, il avoua vivre du produit des ventes successives de ses livres, ce qui lui valut d'être traité d' « industriel en librairie » par Brunet.
À l'inverse, Jules Chenu préféra mourir pauvre, au milieu de ses livres, plutôt que les vendre pour augmenter ses maigres ressources de typographe.
« Dernière passion de l'être intelligent », la bibliophilie ne peut donc engendrer l'ennui. C'est de ne plus acheter de livres qui provoque l'ennui du bibliophile ! Seul Nicolas Yemeniz fut un jour dégoûté de tout et n'ouvrit plus ses livres : mais c'était à cause de la mort de sa femme.

Un des personnages les plus étonnants de votre galerie est Boulard, sans doute le particulier qui a amassé le plus grand nombre de livres (voir Le Magazine du bibliophile n°44, 2005). On raconte que lors de la vente de sa bibliothèque, pendant plusieurs années, le marché du livre s’est effondré, tant il a été noyé sous le nombre… N’aurait-il pas servi de modèle à certain bibliomane de fiction ? Quelle était le sens de son action ?

Charles Nodier a effectivement connu Antoine Boulard, qu'il appelle, dans « L'Amateur de livres », son « cher et honorable maître » et dont il dit, qu'après avoir « été un bibliophile délicat et difficile », il est devenu bibliomane, quand son esprit a diminué. Dix ans auparavant, dans « Le Bibliomane », Nodier avait regretté le temps où « le vénérable Boulard » enlevait chaque jour un mètre linéaire de raretés chez les bouquinistes des quais de la Seine.
En réalité, Boulard était un homme généreux qui voulut sauver les vieux livres que la Révolution avait jetés sur les trottoirs : mais rapidement, il fut pris par une obsession qui provoqua des achats désordonnés. À la vente, ses acquisitions n'attirèrent donc pas spécialement les amateurs, et le nombre inhabituel de livres remis sur le marché fit effectivement baisser les prix.

Sans citer tous les personnages dont vous traitez, nous remarquons qu’il en est d’obscurs ou du moins connus, d’autres célèbres, parfois dans d’autres domaines. Cela influe sur la longueur de certaines notices, parfois assez courtes. Vous avez ainsi inclus plusieurs littérateurs notoires, comme Jules Claretie, Anatole France, Jules Janin (Le Magazine du bibliophile n° 46, 2005), Charles Monselet (n° 56, 2006), Charles Nodier, Pixerécourt (n° 60, 2007), choix intéressant car ce n’est pas toujours leur activité bibliophilique que l’on retient d’eux, ainsi que P. L. Jacob (Paul Lacroix), plus connu sous le nom de Bibliophile Jacob (n° 59, 2006), et Octave Uzanne (n° 98, 2011), ce qui fera plaisir à Bertrand Hugonnard-Roche, libraire d’Alise-Sainte-Reine. Vous n’oubliez aucun des grands bibliographes du XIXe siècle : Antoine Barbier, Jules Brivois, Jacques Charles Brunet, Gustave Brunet, Henry Cohen, Léopold Derome, Antoine Laporte, ainsi que le premier d’entre eux, Quérard, dont vous rappelez qu’une association en sa mémoire a été créée en 2005 (voir n° 47). Il y a aussi des éditeurs, comme Firmin-Didot, Armand Bertin (directeur du Journal des débats), Curmer, Poulet-Malassis, ou La Mésangère, directeur du Journal des dames et des modes. Des libraires comme Aubry (n° 58, 2006), Barbier (n° 52, 2006), Renouard (n° 88, 2010), Rouveyre, Techener… Des érudits, Beraldi (n° 57, 2006), Bouchot (n° 91, 2011), Peignot, Klaproth, Silvestre de Sacy… Ou bien le singulier Félix Solar…
Comment s’est opéré le choix des personnages que vous traitez ? Y a-t-il des bibliophiles que vous auriez aimé inclure et sur lesquels vous n’aviez pas assez d’élément ou d’autres que vous avez exclus car ils avaient déjà été traités ailleurs ? Pouvez-vous nous citer des noms dans l’une ou l’autre catégorie ?

Nous avons vu comment les critères de sélection choisis et les contraintes éditoriales avaient limité le nombre des personnages retenus.
Parmi les bibliophiles que j'aurais aimé raconter et qui n'ont pas été retenus à cause d'insuffisance d'informations vérifiables : Jean-Baptiste Bearzi, Édouard Bocher, Michel Brochard, Léopold Carteret, Fernand Drujon, Bernard Gausseron, Girardot de Préfond, Joseph-Louis d'Heiss, Jules Le Petit, le baron de Longepierre, Firmin Maillard, Damascène Morgand, Léon d'Ourches, Diane de Poitiers, la marquise de Pompadour, le baron Portalis, Jules Richard, le marquis du Roure, le baron Taylor, Fernand Vandérem, Georges Vicaire, etc.
D'autres, déjà traités ailleurs, auraient pu faire partie de la liste : Jean Grolier, Pierre Adamoli, Jules Mazarin, Catherine de Médicis, le marquis de Méjanes, le marquis de Paulmy, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Jean-Joseph Rive, etc. Mais je ne pouvais pas ne pas inclure le « roi des bibliophiles », Charles Nodier, pourtant déjà traité par de nombreux historiens.

Vous avez précisé que chacune de vos notices est constituée de l’état civil précis du personnage, d’éléments biographiques, notamment de ses publications, d’une reproduction de son ex-libris, de citations à son sujet, et d’informations sur sa collection, recueillies notamment à travers les catalogues de vente de sa bibliothèque. Ce dernier élément a-t-il été un critère essentiel pour le choix des personnages à traiter ?

Ce critère fut l'un des deux critères indispensables, avec l'état civil vérifiable. Si la biographie d'un bibliophile, comme celle de tout personnage, doit commencer par un acte de naissance, sa personnalité doit être recherchée dans le catalogue de sa bibliothèque.

Qu’en est-il de l’élargissement des centres d’intérêt bibliophilique au fil du temps ? Constatez-vous une évolution du « critère de bibliophilie », autrement dit de livres qui seraient exclus ou non de l’univers de la bibliophilie selon les époques ? Car en quatre ou cinq siècles la bibliophilie a beaucoup évolué, du simple fait de l’expansion de la production. Comment tenir compte de ces écarts ou de cette évolution inévitables dans un ouvrage panoramique comme le vôtre ? Un des fils conducteurs de votre travail est la « traçabilité » de certains livres, de certains exemplaires d’une collection à l’autre, dans la suite des ventes et des successions. Les collectionneurs s’intéressent-ils aux mêmes livres d’un siècle à l’autre ? Ou bien y a-t-il des livres qui « disparaissent » ou que l’on ne parvient plus à trouver ou retrouver ? Les « fondamentaux » de la bibliophilie ont-ils évolué durant cette période, et dans quel sens ?

Jusqu'au Premier Empire, les bibliophiles ont recherché les mêmes livres : les manuscrits, les premiers monuments de l'imprimerie, les classiques des XVIe et XVIIe siècles, de préférence sur grand papier et reliés en maroquin. Ce n'est qu'à la Restauration que la bibliophilie connut sa renaissance. La vulgarisation des connaissances sur les livres rares provoqua l'augmentation du nombre des acheteurs éclairés, donc la concurrence et la hausse des prix. Nodier lança la bibliophilie dans la recherche de nouvelles catégories de livres. Après l'inauguration de l'Hôtel Drouot en 1852, la hausse des prix s'accentua. Les amateurs firent preuve de plus d'exigences vis-à-vis de la rareté, de la condition ou des particularités distinctives. Puis ce fut la mode des livres à gravures du XVIIIe siècle, suivie par celle des livres romantiques, des livres à vignettes du XVIIIe, etc., enfin des livres illustrés contemporains et des publications de bibliophiles. Ces différentes catégories nouvelles favorisèrent l'arrivée de nouveaux amateurs. Mais ces derniers, écartés par le prix élevé atteint par les livres anciens, les négligèrent, et vers la fin du XIXe siècle, les prix de vente s'en ressentirent : c'est ce qui se passa à la vente Lignerolles.

Quelles sont les collections les plus curieuses ou les plus étonnantes que vous avez rencontrées dans vos recherches ?

J'aime bien la personnalité de Motteley, dont la bibliothèque se composait de 2.000 volumes remarquables par leur reliure, leur rareté comme impression ou pour avoir appartenu à de grands personnages ; léguée à la Bibliothèque du Louvre en 1853, elle fut détruite dans l'incendie allumé par les communards en 1871.
Tous les bibliophiles sont fascinés par les trois grandes bibliothèques françaises de l'entre-deux guerres : Beraldi, Descamps-Scrive et Barthou.

Y aura-t-il une suite, un tome II, consacré au XXe siècle ?

Il est plus difficile d'appliquer les critères de sélection retenus aux bibliophiles du XXe siècle, qu'à ceux des siècles précédents. Par contre, alors qu'existent une Histoire de l'édition française, une Histoire des bibliothèques et une Histoire de la librairie, il n'y a pas encore d'Histoire de la bibliophilie. J'aimerais réussir à rassembler une équipe capable de rédiger cette vaste et complexe histoire : là serait l'aboutissement.

Propos recueillis par Jean-Etienne Huret



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