D’une
famille originaire de Chauvirey-le-Châtel [Haute-Saône], François Belin est né le 4 juillet 1748 à Genevrières [Haute-Marne]
et fut baptisé le même jour.
Comme
ses grands-parents, le 27 avril 1717, ses parents s’étaient mariés à
Chauvirey-le-Châtel, le 5 août 1743 : ils eurent treize enfants, dont
quatre moururent en bas âge. Son père, Nicolas Belin (1721-1798), recteur
d’école, puis receveur des traites foraines en 1778, était le fils de Claude
Belin (1692-1747), huissier royal, et de Françoise Lallemand, de Fayl-Billot
[Haute-Marne] ; sa mère, Marie-Anne Agnus, née en 1722, était la fille de
Jean-Baptiste Agnus, marchand, et de Marie Darcy.
Envoyé
à Paris, François Belin obtint de l’Université, le 2 octobre 1770, un
certificat de congruité en latin et en grec.
Logé dans la Maison de
l’Université, rue Saint-Jacques [Ve], près la chapelle Saint-Yves
[détruite en 1796], presqu’en face de la rue du Plâtre [rue Domat], à
l’emplacement de l’actuel n° 30 de la rue Saint-Jacques, il eut les moyens
d’éditer, dès 1773, Joseph, poème en neuf chants, par M. Bitaubé (3e édition).
Il
entra en apprentissage, le 3 décembre 1773, chez Jean-François-Louis Chardon
(1738-1812), rue Galande [Ve], « À la Croix d’Or », libraire
depuis le 1er septembre 1758 et surtout imprimeur depuis le 26 juin 1762,
qui faisait rouler onze presses et travailler plus d’une vingtaine d’ouvriers.
Il fut reçu libraire le 10 mars 1777.
Le
13 mars 1780, en l’église Saint-Séverin, il épousa Marie-Geneviève Selle
(1754-1836), fille de Guillaume-Léonor Selle, son voisin rôtisseur, et de
Marie-Arnoult Geney.
Le couple aura cinq enfants, dont quatre garçons qui
embrassèrent le métier de libraire ou d’imprimeur : Léonard-François le 13
janvier 1781, Auguste-Jean le 18 juin 1786, Alexandre-Thermidor, dit plus tard
« Théophile », le 6 thermidor An II [24 juillet 1794] et
Dominique-François le 15 août 1798.
Le
26 juillet 1785, il prit en apprentissage son frère Louis Belin, né le 11
septembre 1760, qui devint par la suite son commis.
À
la Révolution, François Belin fit figure de patriote : il fut officier de
la garde nationale et membre de la première assemblée électorale de Paris en
1790, membre du comité civil de la section Marat en l’An II.
Vers
1790, il acquit le fonds de Denis Humblot, rue Saint-Jacques, vis-à-vis
l’église des Jésuites : celui-ci était né à Langres [Haute-Marne], le 4
avril 1726, et était l’oncle du libraire Denis Volland.
En
1792, il s’associa avec Claude Simon (1741-1798), imprimeur installé dans la même
Maison de l’Université, et devint, pour un temps, imprimeur du premier tribunal
criminel du département de Paris. Mais pour avoir édité la Constitution françoise, précédée de
réflexions contraires aux vues de la Convention nationale, François Belin fut
emprisonné du 23 germinal An II [12 avril 1794] au 21 thermidor An II [8 août
1794] : son fils, né pendant son incarcération, reçut, en souvenir, le
prénom de « Thermidor ».
Marque de François Belin (1801) |
François
Belin céda son imprimerie à Jean Gratiot (1767-1841) en 1804 et prit, deux ans
plus tard, Clément Thiériot (1790-1843), né à Genevrières, comme apprenti
libraire. Probablement affaibli par des problèmes de santé, il se retira
bientôt à Sceaux [Hauts-de-Seine], où il avait acquis une maison de campagne en
1801, et décéda, à Paris, le 10 décembre 1808.
François
Belin avait exercé la librairie « nouvelle », c’est-à-dire le
commerce des livres nouvellement imprimés : religion, sciences occultes, histoire,
géographie, classiques, droit, musique, théâtre, architecture, médecine,
grammaire, dictionnaires. Il fut un libraire et un éditeur éclectique :
Histoire de l’abolition de l’Ordre des
Templiers (1779, avec Besongne) ; Réflexions philosophiques sur l’origine de la civilisation, et sur les moyens de remédier aux abus
qu’elle entraîne (1781), par Jacques-Vincent Delacroix ;
Essai historique sur la Bibliothèque du Roi
(1782), par Nicolas-Thomas Le Prince ; la collection « Petite
Bibliothèque des Théâtres » (1783-1789, avec Brunet, 80 vol.) ; Le Moraliste Mesmérien, ou Lettres philosophiques sur l’influence du
magnétisme (1784, avec Brunet), par Jean-Baptiste Salaville ; Histoire des plantes vénéneuses et suspectes
de la France (1784, avec Didot le Jeune et Barrois le Jeune), par Pierre Bulliard ;
L’Aventurier françois, ou Mémoires de Grégoire Merveil (1785, 4e
édition, avec Quillau l’Aîné, la veuve Duchesne, Mérigot le Jeune et De Senne,
2 vol.), par Robert-Martin Lesuire ; Conduite
pour passer saintement le Carême (1785), par le R. P. Jean-Baptiste-Élie Avrillon ;
Mélanges de littérature étrangère
(1785, avec Gogué & Née de La Rochelle, et Hardouin, 3 premiers tomes), par
Aubin-Louis Millin ; Traité des
jardins, ou le nouveau de La
Quintinye (1785, 4 vol.), par L. B*** [René Le Berryais] ;
Aux armes de Louis-Charles-Auguste Le Tonnelier Breteuil 4.500 € (Librairie Amélie Sourget) |
Lorgnette philosophique (1785, avec la
veuve Duchesne et Guillot, 2 vol.), par Alexandre-Balthazar-Laurent Grimod de
La Reynière ; Étrennes du Parnasse.
Choix de poésies, recueillies par M.
Mayeur de St Paul (1786, avec Brunet) ;
Méditations et sentimens sur la Ste Communion (1787), par le R. P. Jean-Baptiste-Élie
Avrillon ; Peu de chose. Hommage à
l’Académie de Lyon (1788, avec Desenne & Petit), par Alexandre-Balthazar-Laurent
Grimod de La Reynière ; Les Conversations
d’Émilie (1788, 5e édition), par la marquise d’Épinay ; Dictionnaire portatif des femmes célèbres
(1788, avec Volland, 2 vol.) ;
Mémoire
en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de St.-Domingue (1789), par
l’Abbé Henri Grégoire ;
Motion en
faveur des Juifs (1789), par l’Abbé Henri Grégoire ;
la collection
« Vies des plus célèbres marins » (1784-1789, 13 vol.), par Adrien
Richer ; Observations faites dans
les Pyrénées (1789), par Louis Ramond ; Clovis, tragédie nationale,
dédiée à la Confédération
(1790) ; la collection « Chef-d’œuvres [sic] dramatiques »
(1791, avec Valade Aîné, vol.) ;
La Nouvelle Héloïse, ou Lettres de deux amans, habitans d’une petite ville au pied des
Alpes (1792, avec Caille, Grégoire et Volland, 4 vol.), par J.-J.
Rousseau ;
Révolutions de Portugal
(1792, « De l’Imprimerie de Belin »), par l’Abbé de Vertot ; Histoire des hommes illustres qui ont honoré
la France par leurs talens et leurs vertus (An V, avec Delaplace, 4 vol.),
par Louis-Pierre Manuel ; Voyages
d’Antenor en Grèce et en Asie, avec
des notions sur l’Egypte (An VI, avec Bernard, 2 vol.), traduction du grec
par Étienne-François Lantier ; Ana,
ou Collection de bons mots […] des hommes célèbres (An VII, 10 vol.), par Charles-Georges-Thomas Garnier ;
Cours de latinité (1799, 4e
édition, 3 vol.), par le P. Jacques Vaniere ;
Voyages au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-Pyrénées
(An IX-1801), par Louis Ramond ; Histoire philosophique de la Révolution de
France (An IX-1801, 4e édition, avec Calixte Volland, 9 vol.),
par Antoine Fantin-Désodoards ; L’Année
affective, ou Sentimens sur l’amour
de Dieu (An X-1802), par le R. P. Jean-Baptiste-Élie Avrillon ; Avis au peuple sur sa santé (1802,
dernière édition originale, avec Le Prieur, 2 vol.), par le Docteur Simon-André
Tissot ; Tableau de l’Histoire de
France, depuis le commencement de la
Monarchie, jusqu’au règne de Louis
XVI (An XI-1803, 2 vol.), par Pons-Augustin Alletz ; Les Conversations d’Émilie (An XII-1804,
6e édition, 3 vol.), par la marquise d’Épinay ;
Reliure Charles de Samblanx (1855-1943) 19.500 $ (Librairie Philipp Pirages, U.S.A.) |
La Sainte Bible, contenant l’ancien et le nouveau Testament (1789-An XII, Impr. de
Monsieur [vol. I-III], Didot le Jeune [vol. IV-V], Gay, Ponce et Belin [vol.
VI-XII], 12 vol.), par Louis-Isaac Le Maistre de Sacy ; Mémoires de Henri Monod (1805, avec
Levrault, Schoell et Compagnie, 2 vol.) ;
Histoire de Pierre Terrail, dit
le chevalier Bayard, sans peur et
sans reproche (1807, [à la fin :] « A Reims, De l’Imprimerie de
Le Batard, Libraire, rue Impériale, n.° 4. »), par Guyard de Berville.
Il
avait édité aussi quelques périodiques : le Journal politique et militaire,
à partir d’avril 1779 ; la Gazette
de France, à partir de novembre
1789 ;
le Courrier des planètes,
ou Correspondance du cousin Jacques avec
le firmament (1788-1789).
Sa
veuve, Geneviève Selle, lui succéda dans la librairie. Face aux crises que
subit la profession de libraire, elle dut vendre sa maison de Sceaux et la
bibliothèque de son mari. En 1820, elle finit par vendre le fonds de la
librairie à son fils aîné, Léonard-François Belin-Le Prieur, dit « Belin
fils ». Elle mourut, à Paris, le 10 novembre 1836, laissant pour héritiers
quatre fils et un petit-fils. La liquidation de la succession fit naitre
plusieurs contestations : Belin-Le Prieur et Théophile Belin, par suite de
relations d’affaires, étaient créanciers de leurs frères Dominique Belin et
Belin-Mandar ; la veuve Belin avait, à diverses reprises, cautionné ces
dettes.
Le
fils aîné de François Belin, Léonard-François
Belin, dit « Belin-Le Prieur »,
s’était installé 55 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe]
dès 1806. Le 17 février 1808, à Paris, il avait épousé Marie-Catherine-Nicole
Le Prieur, fille de Pierre-Sébastien Le Prieur (1758-1834), libraire, 278 rue
Saint-Jacques, près la rue du Foin, à côté de l’hôtel de Lyon. Il avait été breveté
libraire le 1er octobre 1812.
Clément
Thiériot, qui était passé chez Belin-Le Prieur, fut breveté libraire le 18
septembre 1820 et s’associa alors avec Dominique Belin.
En
1826, Belin-Le Prieur s’attacha Félix Morizot (1807-1871) :
« MORIZOT
(Félix), ancien libraire-éditeur et l’un des membres les plus estimés de notre
Cercle, est mort le 8 avril. Il était né à Genevrières (Haute-Marne), en 1807.
Il
vint à Paris en 1824 et entra en qualité de commis-libraire chez Adrien
Leclerc, puis en sortit en 1826 pour être attaché à la librairie
Belin-Leprieur. Appréciant son intelligence, son activité et ses qualités
sympathiques, ce dernier lui confia, quelques années après, la mission de
voyager pour sa maison, soit en France, soit à l’étranger, et eut la bonne
pensée de s’assurer d’une façon durable son concours en l’associant à ses
affaires en 1844. Morizot donna une grande extension aux opérations de la
maison Belin-Leprieur et marqua son passage par les soins et le goût distingué
qu’il apporta dans la librairie religieuse de luxe. Ces paroissiens, imprimés
primitivement par Jules Didot et plus tard par un typographe vraiment artiste,
M. Crété père (de Corbeil), sont avec encadrements en couleurs, riches et
quelquefois variés pour chaque page, accompagnés de gravures dues aux frères
Rouargue. Tous ont un mérite d’exécution qui a pu être égalé depuis, mais n’a
pas été surpassé.
Belin-Leprieur
mourut en 1854 [i.e. 1855], laissant Morizot seul titulaire de la maison qui
continua à publier cette splendide collection signée par J. Janin, Th. Gautier,
Edmond Texier, Louis Énault, Marmier, etc., pour le texte ; par Gavarni,
E. Lami, Rouargue, pour les illustrations ; par Calamatta, Colin,
Delannoy, Nargeot, Outhwaite, Willmann, pour les gravures.
Au
mois de février 1865, Morizot, fatigué par ses voyages et ses travaux, céda sa
maison à M. Mellado (de Madrid), qui ne la conserva que trois ans, la laissant,
au mois de septembre 1868, à MM. Laplace, Sanchez et Ce qui la
continuent encore aujourd’hui.
Morizot
était célibataire. C’était un homme d’un esprit fin, observateur, d’un
caractère profondément sympathique. Le département qui l’avait vu naître l’a vu
mourir le 8 avril, quatre jours après l’arrestation de Mgr Darboy,
archevêque de Paris, son compatriote, et avec lequel il était lié de la plus
étroite amitié. Il fut l’éditeur de plusieurs ouvrages de ce digne prélat […].
(In
Chronique du Journal général de
l’Imprimerie et de la Librairie. N° 25, 24 juin 1871, p. 35)
En
1829, Belin-Le Prieur déménagea au 5 rue Pavée-Saint-André-des-Arts [rue
Séguier, VIe]. François-Élie André, né le 15 février 1821 à
Genevrières, entra comme apprenti à la librairie Belin-Le Prieur vers
1840 : breveté le 7 décembre 1861, il succédera à Stéphanie-Joséphine
Seltz, veuve Thiériot.
Belin-Le
Prieur mourut à Paris, le 2 août 1855. Morizot lui succéda.
Belin-Le
Prieur avait édité en particulier plusieurs ouvrages scolaires : Géographie des commençants, par demandes et par réponses, à l’usage des pensions (1806), par
Charles-Constant Le Tellier ;
La
Mère gouvernante ou Principes de politesse fondés sur les qualités du cœur
(1812), par Madame de Renneville ; Buonaparte
peint par lui-même dans sa carrière militaire et politique (1814), par M.
C*** [Antoine-Siméon-Gabriel Coffinières] ; Conseils d’un français à ses compatriotes, à l’occasion du rétablissement de l’auguste famille des Bourbons sur le
trône de France (1814), par Jérôme-Balthasar Levée ;
Grammaire françoise de Lhomond, à l’usage des pensionnats (1814, 19e
édition, avec Le Prieur), par Charles-Constant Letellier ;
Tableau de l’Histoire de France, depuis le commencement de la Monarchie
jusqu’au 1er août 1815 (1815, avec sa mère, 2 vol.) ; Mœurs et caractères du dix-neuvième siècle
(1817, 2 vol.), par Jean-Pierre Gallais ; Traité sur les champignons comestibles (1818), par
Christian-Hendrik Persoon ; Études
de la langue française sur Racine (1818, 2 vol.), par Pierre
Fontanier ; Nouvel abrégé
d’arithmétique pratique […] à l’usage
des pensions (1819, avec Le Prieur), par Charles-Constant Letellier ; Code des Ordres de chevalerie du royaume
(1819, avec Delaunay) ; Le
Magnétisme éclairé, ou Introduction
aux archives du magnétisme animal (1820, avec Barrois l’Aîné, Treuttel et Wurtz,
Bataille et Bousquet), par le baron d’Hénin de Cuvillers ; Exposition
critique du système et de la doctrine mystique des magnétistes (1822, avec
Barrois l’Aîné, Treuttel et Vurtz [sic] et Delaunay), par le baron d’Hénin de
Cuvillers ;
Feuillets tombés des
tablettes de l’amour, ou Lettres à
mon amie, sur quelques amours
célèbres (1822), par Constant Taillard ; Recueil général des anciennes lois françaises (1822-1835, avec
Verdière, 30 vol.), par Jourdan, Decrusy et Isambert ; Grammaire françoise à l’usage des
pensionnats (1823, 37e édition, avec Le Prieur), par
Charles-Constant Le Tellier ; Histoire
d’une sœur de Charité, dédiée aux
filles de Saint-Vincent de Paule (1830), par Madame Foucault ;
Petit voyage maritime autour du monde
(1835), par P. P. Hennequin ; Grammaire
française à l’usage des pensionnats (1835, avec Constant Le Tellier fils),
par Charles-Constant Le Tellier ;
Le
Palais des Thermes et l’hôtel de Cluny (1836), par Jules-Léonard
Belin ; L’Europe pendant la
Révolution française (1843, 4 vol.), par Capefigue ;
Les Veillées du château (1845, avec
Didier, 2 vol.), par Madame de Genlis ; Le Siège de La Rochelle (1847, avec Morizot et Didier), par Madame
de Genlis ;
Cours élémentaire
d’histoire naturelle. Le Buffon de la jeunesse (S. d. [1849], avec
Morizot), par Pierre Blanchard ;
L’Amour
d’une mère et l’Attachement d’un frère (S. d. [1849], avec Morizot), par
Gustave Nieritz ;
Genève (frontispice) |
Voyage pittoresque
en Suisse, en Savoie et sur les Alpes
(1852, avec Morizot), par Émile Bégin ; Jérusalem et la Terre-Sainte (S. d. [1852], avec Morizot), par l’Abbé
G. D. [Georges Darboy] ;
Florence (frontispice) |
Voyage
pittoresque en Italie. Partie septentrionale (1855, avec Morizot), par Paul
de Musset ;
Constantinople et la Mer
Noire (1855, avec Morizot), par Méry.
Le
11 juin 1809, Belin-Le Prieur avait eu un fils, Jules-Léonore [sic] Belin,
qui s’était marié le 21 février 1835 avec Edmée-Cécile Cœur. Avocat, il
s’associa le 6 février 1838 avec Amédée Gratiot (1812-1880), imprimeur 11 rue
de la Monnaie [Ier]. Auteur en particulier d’une nouvelle édition de
l’Histoire physique, civile et morale de Paris (Paris, Furne
et Cie, 1837-1839, 6e édition, 9 vol.), par J.-A.
Dulaure, il fut breveté imprimeur le 17 septembre 1841, en remplacement
d’Amédée Gratiot, démissionnaire, qui avait été nommé directeur de la Papeterie
d’Essonnes [Corbeil-Essonnes, Essonne] le 1er octobre 1840.
Bulletin d'annonces du Moniteur de la Librairie N° 7, 15 avril 1842 |
Installé
au 11 rue de la Monnaie, sous la raison sociale « J. Belin-Leprieur
fils », c’est lui qui, avec Colomb de Batines (1811-1855), 15 quai Malaquais
[VIe], confia à Charles Nodier la direction d’une
« Bibliothèque variée », à 3 fr. 50 le volume, collection dont le 1er
volume parut en 1842 : Nouvelle
bibliothèque bleue, ou Légendes
populaires de la France.
Le
cadet des fils de François Belin, Auguste-Jean
Belin, dit « Belin-Mandar »,
épousa, le 29 juin 1813, Adèle Mandar, née à Paris, le 7 ventôse An II [25
février 1794]. Le couple eut trois enfants : Marie-Pierre-Auguste le 3
avril 1814, Jules-Louis le 28 avril 1815 et Marie-Eugène le 6 décembre 1816.
Le N° 5 rue Hautefeuille en 1869, par T. Masson (Musée Carnavalet) |
Breveté
libraire le 2 octobre 1822, Belin-Mandar ouvrit une librairie au 13 rue
Hautefeuille [détruit, VIe].
En
1823, Jacques-Benjamin de Saint-Victor (1772-1858) était propriétaire de la « Librairie
classique élémentaire », 8 rue du Paon [hôtel de Tours, rue du
Paon-Saint-André, VIe, détruit en 1866], dernier numéro pair de la
rue. Les rentrées ne se faisant pas, il fit appel au crédit de Félicité de La Mennais
(1782-1854), qui lui apporta sa garantie par une lettre adressée à la banque
Cor et Larigaudelle, le 17 octobre 1823. Quand il fallut, moins d’un an après,
liquider l’affaire, La Mennais, peu compétent en matière d’argent, se trouva
engagé fort au-delà de ce qu’il avait prévu. Ce fut un effondrement, où il
laissa, avec la plus grande partie de ce qu’il possédait, son amitié pour
Saint-Victor. La librairie étant le seul gage de La Mennais, il se la fit
remettre par Saint-Victor, au moyen d’un traité conclu avec les banquiers.
On
n’avait pas voulu vendre immédiatement la librairie, parce qu’il était
nécessaire d’achever divers ouvrages dont les clichés étaient commencés, et
d’attendre une occasion favorable. Des arrangements furent pris vers la fin de
1824, et durèrent jusqu’en 1827, quand il fut décidé qu’on vendrait la librairie.
Plusieurs acheteurs se présentèrent : on donna la préférence à
Belin-Mandar et François-Xavier Devaux, breveté le 6 février 1827.
Le N° 8 rue du Paon en 1865 (photographie par Charles Marville) |
Belin-Mandar
transporta sa librairie de la rue Hautefeuille à la « Librairie classique
élémentaire ». L’établissement se composa de tous les classiques grecs et
latins, de tous les ouvrages de l’Abbé de La Mennais, dont Belin-Mandar et
Devaux avaient acquis la propriété, de livres de prières et de piété, Écriture
sainte, histoire ecclésiastique, théologie, liturgie, polémique, sermons, et
livres de littérature, d’histoire et de sciences, ainsi que d’une collection de
jolis livres d’éducation, revue, pour la pureté des principes, par une société
d’ecclésiastiques.
En
1828, ils déménagèrent au 55 rue Saint-André-des-Arts [VIe] et installèrent
une succursale à Bruxelles, rue de la Chancellerie, place Sainte-Gudule. Mais
en octobre 1830, ils furent déclarés en faillite : l’association des deux
libraires fut rompue en juin 1831.
Belin-Mandar
rétablit sa situation, fut breveté imprimeur à Saint-Cloud [Hauts-de-Seine], le
10 novembre 1834, tandis que sa femme était brevetée libraire à Paris, à la
même date. En raison de l’obligation de résidence - ensemble pour des époux -
dans la ville d’exercice, le couple fut domicilié à Saint-Cloud.
L’imprimerie
était 5 rue du Calvaire, à Saint-Cloud ;
la librairie fut déménagée au 5
rue Christine [VIe] en 1838.
Adèle
Mandar étant décédée le 6 septembre 1845, Belin-Mandar se remaria, à
Saint-Cloud, le 25 avril 1846, avec Marguerite-Aimable Gautier, née à Paris le
31 août 1817, et céda la librairie à son fils Eugène Belin.
Son
fils Marie-Pierre-Auguste Belin, qui avait d’abord travaillé à la librairie,
était devenu médecin. Son autre fils, Jules-Louis Belin (1815-1864), s’était
d’abord installé comme libraire, puis était parti s’établir comme imprimeur à
Santiago [Chili], où il épousa Ana-Faustina Sarmiento (1832-1904), fille de
Domingo-Faustino Sarmiento (1811-1888), futur président de la République
d’Argentine.
Belin-Mandar
mourut à Chartres [Eure-et-Loir], faubourg Saint-Maurice, le 4 mars 1851 :
la déclaration fut faite par Jacques-Marin Garnier (1806-1882), imprimeur à
Chartres. Il fut inhumé au cimetière de Saint-Cloud.
Marque de Belin-Mandar (1838) |
On
lui doit en particulier : Les
Confessions de Saint Augustin (1823, 2 vol.) ; Œuvres complètes de Bourdaloue (1823, avec Demonville, 4
vol.) ;
L’Année affective, ou Sentimens sur l’amour de Dieu (1824),
par le R. P. Avrillon ; Nouvel
abrégé des méditations du Père Louis Dupont, ou l’Art de méditer (1825, 4 vol.), par le Père Nicolas
Frizon ; La Vie de Jésus-Christ
dans nos cœurs (1826) ; Nouvelle
méthode pour étudier l’hébreu des Saintes Ecritures (1826, avec Dondey-Dupré),
par l’Abbé Beuzelin ; Essai sur
l’indifférence en matière de religion (1828, 4 vol.), par l’Abbé F. de La
Mennais ;
Des progrès de la
révolution et de la guerre contre l’Eglise (1829, avec Devaux), par l’Abbé
F. de La Mennais ; De la nécessité
d’une dictature (mars 1830, avec Devaux), par Charles Cottu ; L’Iliade, traduction nouvelle en vers français (1830, 2 vol.), par A.
Bignan ;
Dictionnaire de la
conversation et de la lecture (1832-1839, 52 vol.) ; Préceptes de rhétorique (1835), par
l’Abbé Girard ; Dictionnaire
universel de la langue française (1835, 2 vol.), par Charles Nodier et V.
Verger ; Dictionnaire
français-anglais et anglais-français (1836, avec Baudry), par Alexandre
Boniface ; Mémoires et expériences
dans la vie sacerdotale et dans le commerce avec le monde (1836, avec Lagny
frères), par Alexandre prince de Hohenlohe ; Cours de littérature faisant suite au Lycée de La Harpe (1837, 2
vol.), par J.-L. Boucharlat ; Le
Moyen Age et le XIXe siècle (1839), par Étienne Marcella ; La Vie de Jésus-Christ dans nos cœurs
(1839), par l’Abbé L*** ;
Chefs-d’œuvre
de Shakspeare [sic] (1839) ; Glanures
d’Ésope, recueil de fables (1840, avec Georges Rouiller, Lausanne), par
J.-J. Porchat ;
Dictionnaire
classique de l’Antiquité sacrée et profane (1841, 2 vol.), par N.
Bouillet ; Dictionnaire
français-grec (1841, avec L. Hachette), par Planche, Alexandre et
Defauconpret ; Xénophon, apologie de Socrate (1842), par
Paul-Louis Courier et L. de Sinner ; Résurrection
de la liberté grecque (1843), par Nicolaos Stephanopoli de Comnène ; Dictionnaire grec-français (1843, avec
L. Hachette), par C. Alexandre ; Traité
de l’accentuation grecque (1843), par L. de Sinner ; Le Code civil commenté dans ses rapports
avec la théologie morale (1844), par Monseigneur Th. Gousset ; C. Corn. Tacitus. Vita Agricolæ […]. Ad usum scolarum (1844) ;
Concordantiæ Bibliorum Sacrorum vulgatæ
editionis (« Parisiis, in scholari elementariaque officina venit apud
Belin-Mandar, typographum et editorem, via vulgo dicta Christine, 5.
MDCCCXLIV. ») ; Précis de
l’Histoire moderne depuis la prise de Constantinople jusqu’à la convocation des
états généraux en France (1845), par l’Abbé Drioux.
Le
troisième fils de François Belin, Alexandre-Thermidor
Belin, dit « Théophile Belin »,
imprimeur à Épernay [Marne], y épousa une jeune veuve, le 30 décembre
1826 : Adèle-Thérèse-Victoire Sestre, marchande de nouveautés, née à
Haumet [Belgique] le 2 nivôse An X [23 décembre 1801], fille de Pierre Sestre,
gendarme stationné à Haumet, et de Hubertine-Isabelle-Victoire Préalle. La mère
du marié, Geneviève Selle, refusa de donner son consentement à ce mariage.
Breveté
imprimeur en lettres le 14 février 1829, mais handicapé par une jambe de bois, Théophile
Belin s’associa, le 18 avril suivant, avec Henri Plon (1806-1872), pour fonder
la première imprimerie qui ait existé à Sézanne [Marne] :
Avant la Première Guerre mondiale |
Aujourd'hui |
les deux
associés louèrent l’ancienne Maison de Ville, place du Marché [40, place de la
République, occupé aujourd’hui par la Banque LCL]. On y lisait au-dessus du
premier étage une inscription, dans quatre cartouches, extraite du Livre de
Job : « POST
TENEBRAS SPERO LUCEM » [Après les ténèbres,
j’espère la lumière].
« L’inventaire
dont j’ai parlé plus haut m’a fait savoir que l’atelier de composition était
installé dans deux grandes pièces mansardées au deuxième étage, et que les
presses étaient réparties au premier et au rez-de-chaussée, où devaient se
trouver aussi les bureaux.
L’escalier
de l’immeuble, formant un grand corps de bâtiment à part sur la cour, possède
encore sa rampe en bois sculpté avec pendentifs paraissant dater du seizième
siècle. Le grenier, qui a une élévation de neuf mètres, avait conservé son
ancien carrelage, dont les pièces proviennent des fabriques de Chantemerle et
sont décorées de cerfs, de sangliers, de trèfles, de fleurs de lys.
Des
fenêtres du bureau et des ateliers sur la place du Marché on avait vue, juste
en face, sur le côté le plus intéressant de l’église de Sézanne, celui où sont
encore incrustées aujourd’hui nombre de maisons et de boutiques de l’effet le
plus pittoresque. »
(Notre livre intime de famille. Paris, E.
Plon, Nourrit et Cie, 1893, p. 187)
Théophile
Belin et Henri Plon vinrent à tour de rôle à Paris visiter la clientèle et
chercher des commandes auprès des éditeurs.
Adèle
Sestre étant décédée prématurément à Sézanne le 10 juin 1830, Théophile Belin
épousa, le 1er juin 1831, à Saint-Remy-sous-Broyes [Marne],
Zoé-Mélanie Huot-Longchamp, née à Barbonne-Fayel [Marne], le 9 mars 1811, fille
du maire.
L’officine
possédait six presses en bois, deux presses dites « anglaises » et
une presse à épreuves, mais l’éloignement de la capitale nuisait aux affaires.
En
1833, Théophile Belin et Henri Plon finirent par revendre l’imprimerie à Denys
et s’associèrent, à Paris, le 28 mars 1833, avec Maximilien Béthune (° 1793), 5
rue Palatine [VIe], qui imprimait le Dictionnaire de la conversation et de la lecture depuis 1832 ;
l’imprimerie de Béthune, Belin et Plon, 36 rue de Vaugirard, signa les tomes XI
à XVI (1834-1835).
« L’imprimerie
avait là ses bureaux et ses ateliers : les bureaux avec l’atelier de
conscience [la “ conscience ” est le genre d’occupation des ouvriers d’une
imprimerie qui sont payés à la journée, et qui, bien qu’ils ne soient pas à la
tâche et n’aient pas à rendre compte de leur travail, doivent toujours employer
leur temps dans l’intérêt de l’imprimeur qui se fie à leur zèle et à leur
probité] prenaient la moitié du rez-de-chaussée à droite, dans le corps de
bâtiment du fond de la cour ; tout le premier étage de ce corps de
bâtiment était affecté à la composition et aux presses à bras ; sur l’aile
du côté droit, dans un vaste local, moitié en sous-sol, avec plafond voûté,
étaient installées les machines. Le personnel de l’imprimerie avait une entrée
spéciale par la rue Garancière. On voit encore les traces de cette petite
porte, aujourd’hui murée, à gauche de la fontaine que la Palatine avait fait
placer à l’extrémité de son hôtel dans cette rue. »
(Ibid., p. 193)
Théophile
Belin ayant abandonné la gérance peu de temps après, la raison sociale de la Société
devint « Béthune et Plon » : elle prit fin en 1845.
Théophile
Belin, demeurant 55 rue de Longchamp [XVIe], mourut le 15 mars 1863,
à deux heures du matin, à l’hôpital Necker, 151 rue de Sèvres [XVe].
Le
benjamin des fils de François Belin, Dominique-François
Belin fut breveté libraire le 18 septembre 1820, le même jour que l’ancien
apprenti de son père, Clément Thiériot, avec lequel il s’associa, pour ouvrir
une librairie 37 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe],
qui déménagea en 1822 au 11 quai des Augustins. Il épousa, à Paris, le 12 juin
1823, Marie-Mélanie-Pélagie Pichard.
On
lui doit :
Conduite pour passer
saintement le Carême (1821), par le R. P. Avrillon ; Vies des saintes femmes, des martyres et des vierges, pour tous les jours de l’année (1822, 3
vol.) ; Manuel d’une mère chrétienne,
ou Nouvelles lectures chrétiennes […]
pour l’instruction morale et religieuse
de la jeunesse (1822, 2 vol.), par un ancien religieux [Jean-Baptiste
L’Ecuy] ;
Les Femmes, leur condition et leur influence dans
l’ordre social (1825, 3 vol.), par le vicomte J.-A. de Ségur.
Il
fit malheureusement faillite en 1826 : Thiériot fonda alors sa propre
librairie, 13 rue Pavée-Saint-André-des-Arts. Dominique Belin mourut à Paris le
22 avril 1854.
Marie-Eugène Belin,
troisième et dernier enfant de Belin-Mandar, avait été initié de bonne heure
aux affaires, par son père. Resté seul en 1846 à la tête de la librairie du 5
rue Christine, il fut breveté libraire le 27 août 1847.
Il
épousa, à Paris, le 9 décembre 1848, Hortense-Bernardine Sangnez, née à Paris
le 12 mars 1828, fille de Jean-Baptiste Sangnez et de
Marie-Adélaïde-Justine-Prudence Douillez. Le couple aura sept enfants :
Henri-Jules-Auguste le 24 octobre 1849, Marie-Thérèse-Louise-Jenny le 4 octobre
1851, Marie-Ernest-Antoine dit « Tony » le 16 octobre 1853, Marie-Joséphine-Marthe
le 14 mars 1855, Marie-Henriette le 22 mai 1858, Marie-Paul le 19 juillet 1861
et Marie-Clémentine-Marguerite le 3 novembre 1865.
Eugène
Belin ne put obtenir un brevet d’imprimeur pour Saint-Cloud, mais la jeune
veuve de Belin-Mandar, Marguerite Gautier, put l’obtenir, le 12 mars 1852, en
remplacement de son mari décédé. Les livres publiés par Eugène Belin sortirent alors
de « Saint-Cloud. - Imprimerie de Mme Ve Belin. ».
En
1852, la famille et la librairie s’installèrent au 52 rue de Vaugirard
[VIe], derrière le Séminaire de Saint-Sulpice et devant le Musée du
Luxembourg ; tout l’immeuble fut acheté en 1864.
Adjoint
au maire du VIe arrondissement de Paris depuis 1862, administrateur
de l’hospice civil de Saint-Cloud, administrateur de la Caisse d’épargne et
vice-président du Cercle de la Librairie, Eugène Belin décéda prématurément à
son domicile, le dimanche 22 novembre 1868, à 5 heures du matin.
Une assistance
nombreuse se pressa le mardi 24 dans la nef de Saint-Sulpice avant l’inhumation
au cimetière de Saint-Cloud.
La
« Librairie ecclésiastique et classique d’Eugène Belin », puis, à
partir de 1852, « Librairie classique d’Eugène Belin » avait
publié :
Cours élémentaire de chimie
(1850), par Deguin ; La Somme
théologique de Saint Thomas (1851, 8 vol.), par l’Abbé Drioux ; Argyropolis, ou la Capitale des États confédérés du Rio de la Plata (1851, avec
Garnier frères et Amyot), traduit de l’espagnol par J.-M.-B. Lenoir ; Les Actes des martyrs d’Orient (1852),
par l’Abbé F. Lagrange ;
La
Chaumière bretonne, ou la Malédiction
d’une mère, drame en trois actes
composé pour les distributions des prix et les récréations littéraires dans les
pensionnats de demoiselles (s. d. [1852]), par J.-A. Guyet ; Essai historique et critique sur l’École
juive d’Alexandrie (1854), par l’Abbé F.-Joseph Biet ; Marie Stuart, drame historique en trois actes composé pour les distributions de
[sic] prix et les récréations littéraires
dans les pensionnats de demoiselles (s. d. [1854]), par J.-A. Guyet ; Abrégé de l’Histoire de France, depuis les Gaulois jusqu’à nos jours
(1855), par l’Abbé Drioux ; Épitome
historiæ sacræ […] servant
d’introduction pratique à l’étude de la syntaxe (1855), par le Docteur
Hanquez et Gillet-Damitte ; Nouvelle
Méthode pour faciliter la première étude de l’arabe (1855), par
Beuzelin ;
Études philosophiques. Ontologie, ou Étude des lois de la pensée (1856-1857, 2 vol.), par l’Abbé F.
Hugonin ; Discours sur l’Histoire
universelle, de Bossuet (s. d.
[1856]), par l’Abbé Drioux ; Lérins
au cinquième siècle (1856), thèse par l’Abbé P. Goux ;
Geneviève patronne de Paris (4e de couverture) |
Geneviève patronne de Paris, drame
historique en quatre tableaux composé pour les distributions de [sic] prix et les récréations littéraires dans les
pensionnats de demoiselles (s. d. [1857]), par J.-A. Guyet ; Le Christianisme jugé par ses œuvres
(1857, avec Ambroise Bray, 2 vol.), par l’Abbé A. Laviron ; Exposé des erreurs doctrinales du Jansénisme
(1860), par l’Abbé Lavigerie ; Petit
Carême de Massillon (s. d. [1860]), par l’Abbé F. Lagrange ; Précis de l’Histoire de France depuis les
Gaulois jusqu’en 1852 (1861), par l’Abbé Drioux ; Les Poëtes antiques (1861, avec Victor Palmé), par A. Mazure ;
Dictionnaire étymologique de la langue
française usuelle et littéraire (1863), par A. Mazure ; Le Séminaire oriental de Ghazir au Mont
Liban (1864) ;
Cours théorique
et pratique de littérature à l’usage des établissements d’instruction
secondaire (1868), par l’Abbé Drioux.
La
veuve d’Eugène Belin, Hortense Sangnez,
reprit seule la « Librairie classique d’Eugène Belin » et
édita : Dictionnaire latin-français
(1869), par Ch. Lebaigue ; Francinet,
livre de lecture courante (1869), par
« G. Bruno », pseudonyme d’Augustine Tuillerie (1833-1923), épouse Guyau,
puis Fouillée.
L’imprimerie
de Saint-Cloud fut incendiée par les Prussiens le 28 janvier 1871.
En 1875,
Hortense Sangnez acheta l’hôtel du 8 rue Férou [VIe], en partie mitoyen
du 52 rue de Vaugirard.
En
1877, elle édita le livre qui deviendra le livre culte de l’école de la
République : Le Tour de la France
par deux enfants. Devoir et Patrie. Livre de lecture courante, par G. Bruno ;
tiré à 8 millions 600.000 exemplaires en un siècle, il a compté près de 500
éditions.
En
1887, avec l’entrée de Paul Belin à la librairie, la raison sociale devint
« Librairie classique Eugène Belin. Vve Eugène Belin et
fils ». En 1890, Hortense Sangnez s’étant retirée, la raison sociale
devint « Librairie classique Eugène Belin. Belin frères ». Les
fonctions furent partagées : Henri devint président du Cercle de la
Librairie, vice-président de la Chambre des imprimeurs et membre de la Chambre
de commerce ; Tony fut responsable d’un atelier de reliure acheté en
1891 ; Paul fut attaché à l’imprimerie de Saint-Cloud.
Hortense
Sangnez décéda en son domicile, 5 rue du Calvaire, à Saint-Cloud, le mercredi 8
novembre 1911, à 10 heures du matin. Ses obsèques eurent lieu le 10, en
l’église paroissiale de Saint-Cloud, suivies de l’inhumation au cimetière. Le
52 rue de Vaugirard fut vendu et tout fut regroupé au 8 rue Férou, actuel siège
des « Éditions Belin ».