Les biographes de la maison Stock ont été abusés
par la généalogie fictive que Pierre-Victor Stock a contribué à forger, en
insérant, dans son Mémorandum d’un
éditeur (Paris, Stock, Delamain et Boutelleau, 1935-1938, 3 vol.), la
notice historique de Valéry Müller (1873-1917) et Charles Müller (1877-1914) intitulée
« Une librairie » (t. I, p. 313-323), qui relia la famille Stock à
une famille totalement étrangère, au prétexte d’exercer, dans un quartier
différent de la capitale, une fonction semblable.
Retable de l'église Saint-Claude de Charleville-sous-Bois Aujourd'hui au Musée de la Cour d'Or, à Metz |
Possible descendante lointaine d’une famille
écossaise, installée à Charleville-sous-Bois [Moselle] aux XVIIe et XVIIIe siècles, Anne Stock
naquit à 7 km au nord, à Burtoncourt [Moselle], le 17 octobre 1828, fille de
Jean Stock (1800-1849), cultivateur, et de Marie-Thérèse Willaume (1799-1868),
mariés à Burtoncourt le 26 janvier 1828.
Anne Stock épousa, à Paris, le 5 avril 1856, son
cousin Nicolas Tresse (1822-1871), né à Burtoncourt, le 25 janvier 1822, fils
de Jean-Pierre Tresse (1774-1828) et de Catherine Willaume (1781-1867) mariés à
Burtoncourt le 13 janvier 1807 ;
Nicolas Tresse, libraire depuis 1845, au
Palais-Royal, Galerie de Chartres, Nos 2 et 3, derrière le
Théâtre-Français [Ier], demeurait 14 rue Sainte-Anne [Ier].
Galerie de Chartres, Palais-Royal |
Le Théâtre-Français en 1886 |
À la mort de son mari, le 28 août 1871, Anne
Stock quitta la rue Sainte-Anne et s’installa dans la maison d’édition de la
Galerie de Chartres avec son jeune fils, Joseph-Victor Tresse (1855-1877).
Quand ce dernier décéda prématurément le 11 décembre 1877, Anne Stock resta
seule, avec sa fille Marie-Louise, née le 28 mars 1860.
Elle proposa alors à son neveu Pierre-Victor
Stock (1861-1943), qui était en stage chez Georges Masson (1839-1900) depuis sa
sortie du collège l’année précédente, d’entrer dans la librairie Tresse comme
vendeur. De cette époque, Pierre-Victor Stock a des souvenirs imprécis et
improbables : parlant de sa rencontre avec le comédien Ernest Coquelin
(1848-1909), dit « Coquelin Cadet », il affirma ne l’avoir connu
« qu’en 1873, lorsque je fis mes débuts dans la librairie de mes
parents » (Mémorandum d’un éditeur.
Ibid., t. II, p. 83).
Pierre-Victor Stock était né à Paris [XVIIIe],
4 impasse Robert, le 22 juillet 1861, fils de Jean-Victor Stock, né à
Burtoncourt le 7 septembre 1835, loueur de voitures, qui avait épousé, le 24
juillet 1860, à Paris [XVIIe], Marie-Louise-Annette Tailleur, née au
village de La Chapelle [intégré en 1860 au XVIIIe arrondissement],
le 1er juillet 1840, fille de Pierre Tailleur, marchand de vin, et
de Marie-Apolline-Angélique Masson.
« Je suis né à Paris, d’une mère parisienne,
dont la famille – des cultivateurs et vignerons – était d’Argenteuil
[Val-d’Oise]. J’avais trois ans lorsque ma mère est morte.
Mon père appartenait à une famille de paysans
lorrains des environs de Metz. Suivant la légende chez les miens, notre famille
paternelle serait originaire d’Écosse ; un Stock, lors des persécutions
des réformistes, sous les Stuarts, aurait émigré et serait venu échouer en
Lorraine. »
(Mémorandum
d’un éditeur. Ibid., t. III, p. 14).
L’essentiel du catalogue de la librairie Tresse était
un vieux fonds théâtral, constitué par Jean-Nicolas Barba (1769-1846), au
Palais-Royal, derrière le Théâtre-Français, qui l’avait vendu, le 6 juillet 1839,
à son commis, Christophe Tresse (1808-1867), moyennant 171.000 francs : celui-ci,
pour élargir le fonds de sa maison, avait aussitôt acheté le fonds de Pierre-Joseph-Victor
Bezou (1795-1860), 29 boulevard Saint-Martin et 34 rue Meslay [IIIe]. Devenu malade,
Christophe Tresse avait cédé son affaire, en 1845, à son frère, Nicolas Tresse,
qui semble surtout s’être contenté de vendre les œuvres éditées par ses
prédécesseurs.
Jean-Victor Stock mourut à Paris [XVIIIe],
59 rue de la Goutte d’Or, le 9 décembre 1869 ; veuf de
Marie-Louise-Annette Tailleur depuis le 20 mai 1864, il s’était remarié le 24
juin 1865 avec Victoire-Henriette Martin, née le 2 septembre 1846 à Venthon
[Savoie], en présence de Nicolas Tresse, libraire, son beau-frère, et de
Jean-Pierre Stock, cocher, son frère.
« Pour m’éviter d’assister à l’agonie de mon
père – nous habitions Paris – en 1869, on m’emmena dans son pays où je suis
resté jusqu’à 1874 ; je revins cependant – après la bataille de Reichshoffen
[6 août 1870] – passer le siège à Paris d’où je suis reparti pour la Lorraine
avant la Commune [18 mars-27 mai 1871], que je n’ai pas vue, ce que j’ai
toujours regretté. »
(Mémorandum
d’un éditeur. Ibid., t. III, p. 14).
Pierre-Victor Stock commença par enrichir le
fonds théâtral avec un recueil collectif de monologues à la mode : Saynètes et monologues (Paris, Tresse,
1877-1882, 8 vol.), par Charles Cros (1842-1888), Paul Ferrier (1843-1920),
Gustave Nadaud (1820-1893), Charles Monselet (1825-1888), Léon Supersac
(1831-1888), etc.
Pierre-Victor Stock In Pierre de Coubertin. Une campagne de vingt-et-un an (1887-1908). Paris, Librairie de l'éducation physique, 1909 |
Stock était un grand sportif : il avait fait
en 1883 Strasbourg-Amsterdam à l’aviron
et, en 1886, il fonda une publication hebdomadaire intitulée L’Aviron, organe officiel du « rowing »
[aviron].
Photographie BnF |
Ayant assuré pratiquement seul le bon
fonctionnement de la librairie, sa tante en fit son associé le 5 mai 1885 :
la maison Stock naquit sous le nom de « Tresse & Stock ».
Stock choisit alors une nouvelle marque d’éditeur,
allégorique : une femme nue [la Vérité], armée d’une faucille, cueillant des
fruits [les livres] à un arbre [l’éditeur], avec la devise « A BON ARBRE BON
FRUIT ».
À partir de 1895, il utilisa, pour les éditions
de Huysmans, une marque représentant la médaille de Saint Benoît, où chaque
lettre représente un terme latin :
-
« C
S P B », à côté des bras de la croix, signifient « Crux Sancti Patris
Benedicti » [Croix du Saint-Père Benoît].
-
« C
S S M L », sur le bras vertical de la croix, signifient « Crux Sancta
Sit Mihi Lux [Que la Sainte Croix soit ma lumière].
-
« N
D S M D », sur le bras horizontal, signifient « Non Draco Sit Mihi
Dux » [Que le Démon ne soit pas mon chef].
-
autour
de la médaille : « IHS », monogramme qui représente le nom de
Jésus ; « V••R••S••N••S••M••V », qui signifient « Vade
Retro Satana – Numquam Suade Mihi Vana » [Reculez, Satan – Ne m’attirez
pas vers les vanités] ; « S••M••Q••L••I••V••B », qui signifient
« Sunt Mala Quae Libas – Ipse Venena Bibas » [Vos boissons sont
mauvaises – Buvez votre poison vous-même].
À partir de 1897, il utilisa, pour ses éditions
de théâtre, une marque au masque portant « P V » au niveau des yeux
et « STOCK » au niveau de la bouche.
Stock inscrivit à son catalogue les pièces que le
metteur en scène André Antoine (1858-1943) monta au Théâtre Libre, 37 passage
de l’Élysée-des-Beaux-Arts [XVIIIe, rue André Antoine depuis 1951], fondé
le 30 mars 1887, révélant au public des auteurs comme Auguste Strindberg
(1849-1912), Léon Tolstoï (1828-1910), Henrik Ibsen (1828-1906).
Il sentit aussi la nécessité de se tourner vers
d’autres formes de littérature et édita des jeunes auteurs de l’école
symboliste : Le Thé chez Miranda
(Paris, Tresse et Stock, 1886), par Jean Moréas (1856-1910) et Paul Adam
(1862-1920).
Par l’intermédiaire de Léon Bloy (1846-1917), dont il avait publié les Propos d’un entrepreneur de démolitions
(Paris, Tresse, 1884), Stock rencontra Joris-Karl Huysmans (1848-1907), vers le
milieu de l’année 1886, et lui fit signer un contrat de dix ans. Huysmans
devint un des fleurons de la maison Stock : En Rade (Paris, Tresse & Stock, 1887), Un dilemme (Paris, Tresse & Stock, 1887),
Certains (Paris, Tresse & Stock, 1889), Là-Bas (Paris, Tresse & Stock, 1891),
Deuxième édition. Exemplaire de Mallarmé Paris, Drouot, 9 novembre 2016 : 6.517 € |
À vau-l’eau (Paris, Tresse & Stock, 1894, 2e édition
[édition originale : Bruxelles, Henry Kistemaeckers, 1882]), En Route (Paris, Tresse & Stock, 1895),
La Cathédrale (Paris, P.-V. Stock, 1898)
- dont les 18.000 exemplaires vendus permirent à l’auteur d’imposer ses goûts
de bibliophile auprès de son éditeur -, La
Bièvre et Saint-Séverin (Paris, P.-V. Stock, 1898), Sainte Lydwine de Schiedam (Paris, P.-V. Stock, 1901), De Tout (Paris, P.-V. Stock, 1902), L’Oblat (Paris, P.-V. Stock, 1903)
Exemplaire de Maurice Darantière Un des 10 exemplaires du tirage unique non mis dans le commerce |
et Les Deux Faces de Lourdes (Paris, P.-V.
Stock, 1905),
Paris, Sotheby's, 19 juin 2013 : 2.875 € |
qui devinrent, après la « guérison liturgique » de
l’auteur, Les Foules de Lourdes (Paris,
P.-V. Stock, 1906).
Le 10 novembre 1886,
Stock refusa de mettre en vente Le
Désespéré, par Léon Bloy, après avoir découvert des pages diffamatoires sur
Francis Magnard (1837-1894), rédacteur en chef du Figaro. Bloy supprima ces pages et se tourna vers un autre éditeur,
Alphonse Soirat (° 1847), 146 rue Montmartre [IIe] : tirée à
2.000 exemplaires, cette « édition véritable » (Paris, Nouvelle
librairie A. Soirat, 1886 [1887 sur la couv.]) fut mise en vente le 15 janvier
1887, mais ne se vendit pas.
Photographie Librairie Le Feu follet |
Stock se décida en 1893 à mettre en vente son
édition (Paris, Tresse & Stock, 1887), qui aurait dû être mise au pilon,
expurgée [les exemplaires ayant conservé le carton original se comptent sur les
doigts d’une main] et sans l’autorisation de Bloy.
La mise en vente, dans
les derniers mois de 1889, de Sous-Offs,
roman militaire (Paris, Tresse &
Stock, 1889), par Lucien Descaves (1861-1949), valut un procès aux éditeurs
associés et à l’auteur, sur plainte du ministre de la Guerre du 16 décembre
1889 : ils furent inculpés de quarante-cinq chefs d’accusation pour
injures envers l’armée et de sept autres pour offense aux bonnes mœurs. Le
procès, qui eut lieu devant la Cour d’assises de la Seine, le 15 mars 1890, se
termina par un acquittement et favorisa le succès de l’ouvrage, qui avait été
vendu à 34.000 exemplaires au jour du procès.
Encore célibataire à cette époque, Stock dînait
chaque soir au Cercle de la Presse, où on jouait beaucoup, 6 boulevard des
Capucines [IIe], qui devint, en mai 1894, le Cercle des Capucines.
Stock créa deux collections d’inspiration
politique :
-
La
« Bibliothèque sociologique », avec une couverture couleur sang de
bœuf, dans laquelle on trouva : La
Conquête du pain (Paris, Tresse & Stock, 1892), par Pierre Kropotkine
(1842-1921) ; La Société mourante et
l’Anarchie (Paris, Tresse & Stock, 1893), par Jean Grave (1854-1939) ;
De la Commune à l’anarchie (Paris, P.
V. Stock, Librairie Tresse & Stock, 1894), par Charles Malato
(1857-1938) ; Œuvres (Paris,
P.-V. Stock, 1895-1913, 6 vol.), par Michel Bakounine (1814-1876) ; Anarchistes, mœurs du jour (Paris, Tresse & Stock, 1892), par John-Henry
Mackay (1864-1933) ; Psychologie de l’anarchiste-socialiste
(Paris, P. V. Stock, Librairie Tresse & Stock, 1895), par Augustin Hamon
(1862-1945) ; Philosophie du
déterminisme (Paris, P. V. Stock, Librairie Tresse & Stock, 1895), par
Jacques Sautarel (° 1870) ; Humanisme
intégral. Le Duel des sexes – La Cité
future (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Léopold Lacour (1854-1939) ; Biribi, armée d’Afrique (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Georges Darien
(1862-1921) ; Le Socialisme en
danger (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Doméla Nieuwenhuis
(1846-1919) ; Les Inquisiteurs
d’Espagne (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Fernando Tarrida del Marmol
(1861-1915) ; L’Évolution, la Révolution et l’Idéal anarchique (Paris,
P.-V. Stock, 1898), par Élisée Reclus (1830-1905) ; Soupes (Paris, P.-V. Stock, 1898), par Lucien Descaves ;
La Commune (Paris, P.-V. Stock, 1898),
par Louise Michel (1830-1905) ; Sous
la casaque. Notes d’un soldat (Paris, P.-V. Stock, 1899), par Gaston
Dubois-Desaulle (1875-1903) ; Le
Militarisme et la Société moderne (Paris, P.-V. Stock, 1899), par Guglielmo
Ferrero (1871-1942) ;
Au pays des
moines (Paris, P.-V. Stock, 1899), par José Rizal (1861-1896) ; L’Amour libre (Paris,
P.-V. Stock, 1899), par Charles Albert [pseudonyme de Charles Daudet (1869-1957)] ;
L’Unique et sa propriété (Paris,
P.-V. Stock, 1899), par Max Stirner [pseudonyme de Johann-Kaspar Schmidt]
(1806-1856) ; etc
-
Les
« Recherches sociales », qui rassemblèrent : Socialisme théorique et socialdémocratie
pratique (Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 1), par Éduard Bernstein (1850-1932) ;
Le Marxisme et son critique Bernstein
(Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 2), par Karl Kautsky (1854-1938) ; Temps futurs. Socialisme – Anarchie (Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 3), par Alfred Naquet
(1834-1916) ; Les Jugements du
président Magnaud, réunis et
commentés (Paris, P.-V. Stock, 1900, N° 4), par Henry Leyret (1864-1944), etc.
Le 19 février 1896, à Paris [XVIIe],
en présence de deux écrivains, Lucien Descaves et François de Curel
(1854-1928), Stock épousa Cécile-Frédérique-Henriette Oeser, née à Dresde
[Allemagne], le 4 décembre 1863, fille de Eugène-Adolphe Oeser et de Sarah
Estabroock, qui lui donna deux enfants :
Madeleine-Frédérique (1897-1983)
et Jean-Pierre (1900-1950).
Par acte sous seings privés, la Société Tresse et
Stock fut dissoute le 10 mars 1896 et fut vendue à Stock, le 5 juin 1896. Pierre-Victor
Stock demeura enfin seul à la direction de la maison Stock.
L’affaire Dreyfus avait débuté en automne 1894
avec l’arrestation d’Alfred Dreyfus (1859-1935) ; elle s’acheva en juillet
1906 avec sa réhabilitation.
Devenu ardent dreyfusard, Stock publia Une erreur judiciaire. La Vérité sur
l’affaire Dreyfus (Paris, P.-V. Stock, 1897), par Bernard Lazare
(1865-1903), brochure qui fit partie des 129 titres publiés au total sur le
sujet.
Stock fit la connaissance de Georges Clemenceau
(1841-1929) au cours de l’affaire, vers la fin de 1897, et réunit en sept
volumes les articles de l’écrivain en faveur de la cause qu’ils défendaient
tous les deux :
L’Iniquité (1899),
Vers la réparation (1899), Contre la Justice (1900), Des juges (1901), Justice militaire (1901), Injustice
militaire (1902) et La Honte
(1903).
Pour répondre à l’hebdomadaire antidreyfusard Psst… ! de Jean-Louis Forain
(1852-1931) et Caran d’Ache [pseudonyme d’Emmanuel Poiré (1858-1909)], édité à
partir du 5 février 1898 par la librairie Plon, 8 et 10 rue Garancière [VIe],
Stock publia l’hebdomadaire Le Sifflet,
du 17 février 1898 au 16 juin 1899.
Toutes ces publications de Stock lui valurent des
menaces, des calomnies et des dettes.
En 1900, Stock racheta le fonds de son confrère
antisémite Albert Savine (1859-1927), ruiné par ses condamnations judiciaires
et déclaré en faillite en 1897. Il disposa alors d’un fonds étranger important,
pour la collection « Bibliothèque cosmopolite »,
qu’il fonda en
éditant Au-delà des forces (Paris,
P.-V. Stock, 1901, N° 1), par le Norvégien Björnstjerne Björnson (1832-1910) ;
il conserva Savine auprès de lui, comme traducteur.
L'Incendie du Théâtre-Français, 8 mars 1900 In L'Illustration, 10 mars 1900 |
La librairie Stock incendiée, 8 mars 1900 In The Bookman. New York, Dodd, Mead and Co, vol. XXX, november 1909, n° 3, p. 246 |
L’incendie du Théâtre-Français, le 8 mars 1900,
obligea Stock à installer la librairie 27 rue de Richelieu [Ier] et,
traversant l’immeuble, son bureau et sa comptabilité 16 rue Molière [Ier],
près le Théâtre.
Restaurant du Boeuf à la mode Photographie Eugène Atget (1899) |
N’étant plus logé dans l’immeuble du Théâtre, Stock déjeunait
au « Restaurant du Bœuf à la mode », 8 rue de Valois [Ier].
En 1902, Stock commença la publication des Œuvres complètes du comte Léon Tolstoï
(1828-1910), traduites par Jean-Wladimir Bienstock (1868-1933) : cette
édition, prévue en 40 volumes, resta inachevée.
Librairie P. V. Stock, 155 rue Saint-Honoré In The Bookman. New York, Dodd, Mead and Co, vol. XXX, november 1909, n° 3, p. 247 |
En 1905, la librairie Stock s’installa
définitivement 155 rue Saint-Honoré [Ier], devant le Théâtre.
Lâché par les banquiers dreyfusards et ses
auteurs fortunés, emporté par la passion du jeu et confondant souvent chiffre
d’affaires et bénéfice, Stock dut vendre sa maison d’édition en 1921, qui fut achetée
par l’écrivain Jacques Chardonne [pseudonyme de Jacques Boutelleau] (1884-1968),
son secrétaire depuis 1909, associé avec Maurice Delamain (1883-1974).
« Il [Stock] travaillera désormais pour la
maison de jeu où il s’est ruiné, puis, chassé pour avoir manqué à sa parole de
ne plus jouer, il exercera divers métiers en province, de gérant d’auberge à
secrétaire d’une association sportive … Enfin, réconcilié avec Boutelleau qui
lui verse une petite pension, il reviendra s’installer dans la banlieue
parisienne. Il y rédigera ses plus glorieux souvenirs d’éditeur, avant de
mourir »
(Histoire
de l’édition française. Paris, Promodis, 1986, t. IV, p. 159)
Dernier domicile de Pierre-Victor Stock (1934) 2 quai de Champagne, Le Perreux, près du pont de Bry-sur-Marne |
Pierre-Victor Stock, considéré comme l’un des
plus grands éditeurs de son temps, décéda à Paris [XIIe], à
l’Hôpital Saint-Antoine, 184 rue du Faubourg-Saint-Antoine, le 30 avril 1943 ;
il était alors domicilié au 2 quai de Champagne, Le Perreux-sur-Marne
[Val-de-Marne]. Son épouse lui survivra jusqu’au 17 juin 1944, en son domicile
du 141 boulevard Pereire [XVIIe].