mercredi 29 avril 2020

Charles Nodier aurait 240 ans !





Jean-Charles-Emmanuel Nodier est né à Besançon [Doubs], le 29 avril 1780, de Suzanne Paris et de Antoine-Melchior Nodier (1738-1808), avocat au Parlement de Besançon. Il fut légitimé, ainsi que sa soeur Jeanne-Claude-Elisabeth (1784-1865), lors du mariage de ses parents, le 12 septembre 1791.


Sa maison natale n'existe plus. La maison familiale, au 11 rue Neuve (aujourd'hui rue Charles Nodier), à Besançon [Doubs], est celle de son grand-père, Joseph Nodier.


mardi 28 avril 2020

La Librairie selon les Dorbon


La reproduction des articles est autorisée à la condition que l'origine en soit citée.

Vadans (1900)

Les Dorbon sont originaires de Vadans [Jura], dans le val d’Arbois, sur la rive droite de la Cuisance, où ils étaient cultivateurs et vignerons. Vers le milieu du XVIIIe siècle, une branche s’installa à 3 km au nord-ouest, au village de Molamboz.

Jean-Claude-Théodore Dorbon y est né le 12 novembre 1845, dans la maison de ses grands-parents paternels, située au lieu-dit « le quart des Côtes ».

Molamboz (2020)
Le village de Molamboz, bâti en amphithéâtre sur le revers occidental d’un mamelon qui s’incline sur la vallée de la Cuisance, comptait alors 340 habitants ; les habitations, ombragées d’arbres, étaient groupées, très grandes, bien construites en pierre et couvertes en tuiles plates ou creuses ; construit sur la pente de l’éminence du village, l’ancien château, acheté par la commune en 1843, renfermait la mairie, le presbytère, le logement de l’instituteur et la salle d’étude.


Théodore Dorbon était l’aîné d’Antoine Dorbon (1816-1884) et de Jeanne Boisvert (1824-1890), mariés à Molamboz le 3 février 1845. Antoine Dorbon était le benjamin – et 2e jumeau - des neuf enfants de Jean-François Dorbon (1780-1853) et de Françoise Vercez (1775-1846), mariés à Molamboz le 10 ventôse An VII [28 février 1799].

Cour du 13 rue Visconti, avec la célèbre vigne, qui aurait été plantée par Racine (1875)
Arrivé à Paris, Théodore Dorbon était devenu libraire. Il habitait au 13 rue Visconti [VIe, détruit en 1942] – longtemps considéré comme la dernière maison habitée par Racine, alors que celui-ci est mort au 24 de la même rue – quand, le 21 juin 1877, il épousa Hélène-Étiennette-Jeanne-Henriette Pichegru, née à Spa [Belgique] le 14 décembre 1853, fille de Pierre-Louis-Altème Pichegru et de Henriette-Gérardine Prinsen.

20 rue Bonaparte (avril 2019)


Le 10 juillet suivant, il déclara la fondation de sa librairie au 20 rue Bonaparte [VIe] et employa son frère cadet Henri, né le 9 février 1855 à Molamboz, pour le seconder. Ses collègues Joseph-Alfred Gougy (1830-1890), 42 rue Mazarine, et Adolphe-Aimé Patay (1835-1923), 10 rue Bonaparte, spécialisé dans la littérature chansonnière, étaient alors ses amis intimes.

In Physiologie des quais de Paris, p. 275
« Il y a déjà plusieurs années est mort, rue Bonaparte, dans la maison du libraire Leroux, M. le vicomte de Lastic Saint-Jal. Cet éclat de la vieille roche s’était fait bouquiniste en chambre et trouvait le moyen de gagner quelque argent. Chaque après-midi, il courait dans Paris, visitant les marchands de bric-à-brac, les marchands de papier, les pensions, les couvents même, où son nom lui donnait ses entrées. Il promettait des commissions aux intermédiaires, et offrait directement ses services aux amateurs désireux de se défaire de leurs livres, précieux ou non. Il arrivait ainsi à avoir tous les jours chez lui une quantité de livres nouveaux, que les bouquinistes allaient visiter le matin. […]
Il était très prodigue de détails sur son origine, sa vie et ses travaux. Il aimait à raconter qu’en Angleterre, il était considéré comme un des plus grands savants français, que ses fouilles et les travaux qu’elles avaient provoqués avaient relégué au second plan Boucher de Perthes et le marquis de Nadaillac. Pour peu qu’on poussât au delà la conversation, on apprenait qu’il était le plus grand jour d’échecs de France, et que, pendant un temps, il avait fait courir tout Paris au café de la Régence. A l’entendre, il rendait aux personnes à qui il voulait bien faire l’honneur de vendre des livres, des services inestimables. “ N’avait-il pas fait la fortune de Dorbon, alors libraire rue Bonaparte, contribué à celle de Rouquette et de Fontaine, sans oublier Morgand ? – Quant à ce pauvre Dumaine, le libraire militaire, il est trop évident que, sans M. de Lastic, il n’aurait jamais pu se tirer d’affaire.” » [sic]
(Octave Uzanne. Physiologie des quais de Paris. Paris, May et Motteroz, 1893, p. 273-276)

6 rue de Seine (1867)
Photographie Charles Marville
La librairie de Théodore Dorbon, dit « Dorbon père », fut transférée en 1890 au 6 rue de Seine [VIe], où avait exercé autrefois Jean-Baptiste Le Normant (1765-1832), imprimeur-libraire, ami et éditeur de Chateaubriand, puis son fils : « Librairie ancienne et moderne de livres rares et d’occasion. Littérature, histoire, archéologie, beaux-arts, architecture. Livres à gravures. Catalogues mensuels à prix marqués. Achat de bibliothèques au comptant ». À partir de 1892, la librairie eut comme voisin, au niveau du n° 8 qui n’existait pas, un éditeur de photographies, A. Foncelle. Quotidiennement, Théodore Dorbon faisait, avec sa femme, la tournée des bouquinistes des quais et se rendait acquéreur de tout ce qui pouvait avoir une petite valeur sur un catalogue ; la mort prématurée de sa femme le 10 septembre 1892, dans sa 40e année, mit fin à ses excursions sur les quais. 

Dernier catalogue de "Dorbon père"
Il ne tarda pas à la rejoindre, le 14 janvier 1895, âgé de 49 ans, laissant deux fils : François-Louis, né le 26 mars 1878, âgé de presque 17 ans, et Lucien-Henri, né le 29 janvier 1882, âgé de presque 13 ans.

Dans l’attente de pouvoir succéder à leur père, leur oncle Henri Dorbon prit la direction de la Maison qu’il n’avait pas quittée depuis sa fondation. 


Ce fut Henri Dorbon qui acheta la bibliothèque de Stanislas de Guaita (1861-1897) et qui en publia le catalogue : Stanislas de Guaita et sa bibliothèque occulte (Paris, Dorbon, 1899, in-8, [3]-[1 bl.]-VI-[1]-[1 bl.]-299-[1 bl.] p. et 6 pl. h.-t., 2.227 + 10 doubles [bis] – 2 manquants = 2.235 lots), avec une « Table des noms d’auteurs, traducteurs et annotateurs et des ouvrages anonymes ».

Rue de Seine : numéros 8 et 6, de gauche à droite (1912)
Photographie Archives de Paris
En 1900, Lucien Dorbon, encore mineur [la majorité était alors à 21 ans], reprit la librairie d’ancien fondée par son père, que son oncle continuait à administrer : son voisin, Mulder, éditeur de photographies, avait succédé à Foncelle en 1895. 


La librairie possédait alors un important stock de plus de 250.000 volumes anciens et modernes en tous genres et éditait toujours un catalogue mensuel.
Le 10 octobre 1905, Lucien Dorbon épousa Marcelle-Yvonne Bernard, née le 30 novembre 1884 à Cherbourg [Manche], fille de Henri Bernard et de Marguerite-Gabrielle-Marie Lotte, receveuse des Postes : Henri Dorbon, son oncle, et Henri Raverot, son cousin, tous deux libraires 6 rue de Seine, se trouvaient parmi les témoins. Laurent Ollivier, éditeur de photographies, succéda à Mulder en 1906.
Marcelle Bernard étant décédée brutalement dans sa 22e année, le 21 juillet 1906, Lucien Dorbon se remaria, le 27 février 1908, à Brest [Finistère], à Marcelle-Rose-Marie Le Lan.


En 1912, Lucien Dorbon publia le Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes (3 vol. in-8), par Albert-L[ouis] Caillet I. C. [Ingénieur Civil] (1869-1922), mais se détacha assez rapidement de l’occultisme.


En 1932, la librairie du 6 rue de Seine déménagea au 156 boulevard Saint-Germain [VIe].

Départ de Laurent Ollivier (14 octobre 1938)
 Photographie Jean Fischer-Roger-Viollet

6 rue de Seine (mai 2019)
En 1938, la Documentation photographique Roger-Viollet succéda à Ollivier et finit par occuper l’ensemble du rez-de-chaussée de l’immeuble du 6 rue de Seine.
Dans les années 1950, Pierre Berès (1913-2008) acheta la librairie du boulevard Saint-Germain, « pour les trésors qui dormaient dans la cave », mais lui conserva le nom de Lucien Dorbon, même après la mort de ce dernier, qui arriva, le 20 octobre 1960, en son domicile du 156 boulevard Saint-Germain.


Lucien Dorbon a utilisé un ex-libris [92 x 85 mm], gravé par Georges Noyon (° 1881), originaire de Cherbourg, d’après un dessin d’Alphonse Monchablon (1835-1907) : un vieux lecteur, vu de dos, au milieu de ses livres amoncelés, avec la devise « + Cherchez + et + vous + trouverez + » et la légende « Ex-Libris Lucien Dorbon ».

Portrait de Louis Dorbon (Liège, 4 juillet 1913), par Armand Rassenfosse
En 1900, Louis Dorbon, dit « Dorbon Aîné », était en stage de librairie en Angleterre. Furieux d’avoir été évincé par son frère cadet, il ne le vit plus jamais, malgré le dédommagement financier qu’il reçut. 

45 quai des Grands Augustins
En 1910, pendant les inondations, à gauche ; en 2019, à droite



Il fonda sa librairie en 1902, au 45 quai des Grands Augustins [VIe], dans un immeuble de cinq étages, construit en 1780. 

53 ter quai des Grands Augustins (14 juillet 1913)
In Le Béton armé, septembre 1913, p.131


53 ter quai des Grands Augustins (2019)


Elle fut transférée l’année suivante au 53 ter quai des Grands Augustins : « Catalogues mensuels franco sur demande, achat au comptant de livres anciens et modernes de tous genres, littérature, philosophie, sociologie, histoire, beaux-arts, blason, chasse, provinces de France, sciences occultes, livres illustrés, manuscrits avec et sans miniatures ».

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
En 1904, Louis Dorbon fit faire un ex-libris [70 x 53 mm], posthume, par Albert Robida (1848-1926), pour le coller sur les ouvrages de la bibliothèque de Gustave Larroumet (1852-1903) qu’il mit en vente.



(1905)
Photographie L'Oeil de Mercure



En 1908, il débuta une collection appelée « Les Bibliophiles fantaisistes », avec Nos élégances, par Marcel Boulenger :

« Dans l’état actuel de la librairie, les éditeurs français se refusent à publier tout ouvrage qui n’entre pas dans les dimensions du volume courant à 3 fr. 50 ou qui ne respecte pas les conventions les plus plates et les préjugés à la mode.
Or le Rouge et le Noir de Stendhal dépasse les dimensions du 3.50, le Hasard du Coin du Feu de Crébillon le fils les atteint difficilement, et Tribulat Bonhomet de Villiers de l’Isle-Adam ferait tomber en convulsions un très grand nombre d’éditeurs. Il semble donc que l’on puisse, avec quelque apparence de raison, offrir au public des ouvrages en dehors des séries auxquelles nous sommes habitués.
En conséquence, les Bibliophiles fantaisistes se sont proposé, à la manière des éditeurs anglais ou américains, de publier des ouvrages de formats et de genres les plus divers.
Nous avons eu le rare plaisir de voir notre initiative comprise par un certain nombre d’auteurs déjà célèbres : MM. Marcel et Jacques Boulenger, René Boylesve, François de Curel, Louis Laloy, Paul Margueritte, Nozière, Henri de Régnier, Laurent Tailhade, Jérôme et Jean Tharaud, dont nous avons publié ou publierons des œuvres avant le 1er janvier 1910.
Chacun de nos volumes est imprimé avec les caractères, le format et le papier qui nous semblent le mieux convenir au sujet. Nous arrivons ainsi à offrir à nos souscripteurs des ouvrages qui, par la manière seule dont ils sont présentés, constituent déjà des ouvrages de bibliophile.
Ils sont toujours tirés à 500 exemplaires numérotés à la presse.
Les souscripteurs s’engagent à verser une somme de 5 francs pour chaque volume qui leur est remis par la poste contre remboursement. La souscription annuelle ne s’élève jamais au-dessus de 50 francs et la Société se réserve, s’il est publié plus de dix volumes par an, de les offrir aux membres souscripteurs.
Les exemplaires non souscrits sont mis dans le commerce à un prix variable, mais qui ne s’abaisse jamais au-dessous de 7 francs 50.
Les souscription [sic] pour la première année courrent [sic] du 1er octobre 1908. M. Eugène Marsan, administrateur de la Société (11bis rue Poussin, Paris XVIe), est chargé de les recevoir. »
(In Jacques Boulenger. Ondine Valmore. Paris, Dorbon Ainé, 1909)  



Le jour de Pâques, le dimanche 27 mars 1910, la librairie et l’appartement de Louis Dorbon, absent, furent cambriolés par ses employés.  

« Avec une audace déconcertante, des cambrioleurs se sont introduits dimanche après-midi dans l’appartement de M. Louis Dorbon, libraire, 53 ter, quai des Grands-Augustins, parti pour passer les fêtes de Pâques dans sa propriété d’Orry-la-Ville, dans l’Oise.
M. Bleynie, commissaire de police du quartier de la Monnaie, informé vers six heures du soir par des voisins que la porte du magasin était grande ouverte, se rendit aussitôt avec son secrétaire, M. Dumont, à l’endroit indiqué, et constata que tout avait été mis à sac, tant dans les magasins et bureaux du rez-de-chaussée que dans l’appartement du premier étage auquel on accède par un escalier.
Les tiroirs avaient été fracturés, les armoires et les bureaux éventrés et bouleversés. Des gravures de valeur gisaient à terre, lacérées à coups de couteau, tandis que, dans un coin, de vieux livres et d’antiques fascicules avaient été jetés pêle-mêle.
Les cambrioleurs-vandales avaient ensuite pénétré dans la salle à manger, car cinq verres vides se trouvaient encore sur la table, à côté d’une poussiéreuse bouteille de Bordeaux, choisie par les bandits pour se réconforter.
M. Dorbon, prévenu télégraphiquement du vol dont il était victime, accourut, et, en présence de M. Bleynie, fit l’inventaire de ce qui avait été dérobé.
Tous les bijoux et toute l’argenterie ont disparu, ainsi que de nombreuses gravures et une grande quantité de volumes de valeur. Le montant du vol atteint au bas mot 40,000 francs.
Poursuivant son enquête, le magistrat instructeur reçut les dépositions de deux personnes qui, vers quatre heures de l’après-midi, aperçurent un individu à la fenêtre du premier étage. Elles purent en fournir un signalement assez complet.
Le service de la Sûreté a mis aussitôt plusieurs inspecteurs en campagne, et le service anthropométrique a relevé diverses empreintes digitales, tant sur les meubles fracturés que sur les verres dans lesquels les bandits avaient bu. »
(« Une Librairie mise à sac par de hardis Cambrioleurs ». In Le Journal, mercredi 30 mars 1910, p. 3)

« Dans la nuit du dimanche au lundi de Pâques, M. Dorbon, éditeur-bouquiniste, quai des Grands-Augustins, 53 ter, s’était absenté de Paris. A son retour, il trouva son magasin et son appartement entièrement dévalisés : 3,500 francs de mandats-poste, émanant de ses clients, et 20,000 francs de livres rares, de bijoux et de linge avaient disparu.
L’enquête entreprise par le service de la Sûreté permit de savoir qu’on était entré chez M. Dorbon par la porte principale de l’établissement donnant sur le quai des Grands-Augustins et dont le verrou intérieur avait été laissé ouvert à dessein. C’était donc parmi les employés qu’il fallait rechercher les coupables.
Une active surveillance fut exercée, et les auteurs du cambriolage furent surpris par deux inspecteurs de la Sûreté, déguisés en maçons, au moment où, au domicile d’un des employés, ils chargeaient sur un fiacre les objets volés.
Les cambrioleurs au nombre de cinq : Justin Baudot, vingt-huit ans, comptable, boulevard Saint-Germain ; Léon Louët, vingt-huit ans, comptable, rue Jean-de-Beauvais ; Léon Sarre, vingt-six ans, employé de commerce, rue Saint-Martin, et leurs maîtresses : Juliette Breton, trente-quatre ans, couturière, rue du Vert-Bois, et Geneviève Mattei, vingt-quatre ans, rue de la Grande-Truanderie, ont été amenés avec leur butin au service de la Sûreté.
Juliette Breton et Geneviève Mattei avaient reçu pour leur part tout le linge dérobé.
Tous les livres précieux ont été retrouvés chez les inculpés ; les autres, qui avaient été déposés en consigne à la gare d’Orsay, ont été saisis.
Au cours d’une perquisition opérée chez Baudot par M. Hamard, le magistrat a découvert un attirail complet et moderne de cambrioleur, ainsi qu’un trousseau de soixante-dix-huit clefs perfectionnées s’adaptant aux serrures dites à “ pompes ”.
Toute la bande est au Dépôt. »
(« Un Éditeur dévalisé par ses Employés ». In Le Journal, mardi 12 avril 1910, p. 4)

19 boulevard Haussmann (mai 2019)
En 1912, expropriée par la Compagnie générale des omnibus de Paris, pour installer son siège social, la librairie Dorbon-Aîné déménagea au 19 boulevard Haussmann [IXe]. 




(1927)

Dans le catalogue de la librairie figuraient des ouvrages de Albert Robida, Henri Boutet, colonel Albert de Rochas, Alexandre Saint-Yves d’Alveydre, Gérard Encausse dit « Papus », Léon Tolstoï, Albert Marignan, Xavier Privas, Dr Émile Mauchamp, Jules Bois, Maurice Barrès, François de Curel, Edmond Jaloux, Frédéric Bargone dit « Claude Farrère », Paul Margueritte, Henry Bordeaux, Francis Durand dit « Francis de Miomandre », Marcel et Jacques Boulenger, René Boylesve, Sacha Guitry 


et le Manuel de l’amateur d’estampes du XVIIIe siècle (Paris, Dorbon-Aîné, s. d. [1910], in-8, [3]-[1 bl.]-447-[1 bl.] p. et 1 frontispice et 105 pl. h.-t.), par Loys Delteil (1869-1927), expert à l’Hôtel Drouot, comprenant la description de 1.819 estampes en noir et en couleurs, la désignation de 795 artistes, peintres et graveurs, et donnant 2.379 prix d’adjudication des ventes des dernières années.  

(1911)

(1913)

La librairie Dorbon-Aîné était devenue la plus connue de toutes celles qui étaient spécialisées en sciences occultes.


Louis Dorbon utilisait un ex-libris [60 x 50 mm] gravé par Albert Robida, portant « LIVRE PLVS QVE LOVIS DORBON ».


Dans les années 1920, Louis Dorbon réalisa la réimpression de l’édition de 1860-1865, en 6 vol. in-8, par Firmin-Didot frères, fils et Cie, du Manuel du libraire et de l’amateur de livres (Paris, Dorbon-Aîné, s. d.), par Jacques-Charles Brunet (1780-1867), en 9 volumes in-8, dont 2 vol. de Supplément [réimpression de l’édition de 1878-1880, par Firmin-Didot et Cie], par Pierre Deschamps (1821-1906) et Gustave Brunet (1805-1896), et un Dictionnaire de géographie ancienne et moderne [réimpression de l’édition de 1870, par Firmin-Didot frères, fils et Cie], par Pierre Deschamps.

Bas relief polychrome, par Antoine Bourdelle (1861-1929),
 pour orner la façade du pavillon du livre de l'Exposition de 1925
 Musée Bourdelle, Paris
En 1926, Louis Dorbon fut nommé chevalier de la Légion d’honneur au titre de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925, première exposition d’envergure après la Première Guerre mondiale.


La célèbre Bibliotheca esoterica. Catalogue annoté et illustré de 6707 ouvrages anciens et modernes qui traitent des sciences occultes […] comme aussi des sociétés secrètes (Paris, Dorbon-Aîné, s. d., in-8, [3]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-656-[2] p.) fut publiée en 1939. Durant la guerre, les livres furent préservés dans la réserve de la librairie, sur laquelle les scellés avaient été apposés.
Resté célibataire, Louis Dorbon est décédé le 9 octobre 1956, en son dernier domicile, 91 rue Manin [XIXe]. Jean Guille reprit la librairie jusqu’en 1974.










lundi 20 avril 2020

Lucien Gougy (1863-1931), le libraire de Louis Barthou

La reproduction des articles est autorisée à la condition que l'origine en soit citée.

Ancienne église de Vaugirard, démolie en 1854
Photographie Musée Carnavalet

Le 10 avril 1828, en l’église Saint-Lambert du village de Vaugirard [XVe arrondissement de Paris à partir de 1860], Michel Gougy, né le 3 germinal An IX [24 mars 1801], épousa Anne-Virginie Rossignol, née à Paris le 14 novembre 1809. Après la naissance de leur fils aîné, Louis-Barthélemy, le 26 mai 1829, le couple s’installa à Paris, où naquit leur second fils, Joseph-Alfred, le 5 octobre 1830.


Michel Gougy devint libraire 15 quai Voltaire [VIIe]. Ses deux fils devinrent aussi libraires, rue Bonaparte [VIe], l’aîné au n° 17, le cadet au n° 20, et se marièrent tous les deux en 1862. Joseph-Alfred Gougy épousa, le 7 juin [XIVe], Julie Noirot, née le 11 juin 1835 à Châtillon-sur-Seine [Côte-d’Or], veuve de Nicolas-Adolphe Hémery depuis 1859. Louis-Barthélemy Gougy épousa, le 29 novembre [VIe], Marie-Antoinette Jacquet, née le 23 juin 1842 à Paris, dont les deux frères aînés étaient libraires : Eugène-Jean-Baptiste, né le 20 décembre 1834, 61 passage des Thermopyles [XIVe, rue des Thermopyles depuis 1937] ; Julien-Joseph, né le 7 juillet 1838, 76 rue du Cherche-Midi [VIe].    

Lucien Gougy, par Florian
In Almanach du bibliophile, 1899, p. 64
 Fils aîné de Louis-Barthélemy Gougy (1829-1880) et de Marie-Antoinette Jacquet (1842-1873), Lucien-Ernest Gougy est né le 3 décembre 1863, 76 rue du Cherche-Midi.

Dès 1875, Lucien Gougy commença son apprentissage chez son oncle Alfred Gougy (1830-1890), 20 rue Bonaparte, puis offrit ses services à Florian Pache (1845-1904), 7 quai Voltaire. En 1878, il entra chez Pierre-Jean Rouquette (1833-1912), dit « Rouquette Père », 85-87 passage de Choiseul [IIe], qui en fit son premier commis : il y acquit ses premières connaissances du livre ancien, y rencontra de grands bibliophiles et se lia d’amitié avec Édouard Rahir (1862-1924).

Ayant quitté la librairie Rouquette, Lucien Gougy entra aux « Grands Magasins du Louvre », rue de Rivoli [Ier], où il créa le rayon de librairie, puis passa au magasin « À la Ville de Saint-Denis », rue du Faubourg-Saint-Denis [Xe], où il installa le même rayon. Une grave maladie contractée en 1883, le cloua au lit pendant un an et le laissa estropié. 

Le quai de Conti en 1846, par William Parrott (1813-1869)
Photographie Musée Carnavalet
Il obtint alors sur les quais une place de bouquiniste-étalagiste.
Lucien Gougy épousa la fille d’un boulanger, Roseline-Julie-Joseph Charles, née le 23 septembre 1865 à Allouagne [Pas-de-Calais], qui lui donna trois filles et deux garçons.

Vue de la rue de Seine en 1912, prise du N° 15
Au premier plan : N° 12 à gauche, N° 13 à droite
En 1889, il devint propriétaire du fonds de librairie que son oncle Alfred Gougy avait transféré au 15 rue de Seine [VIe] et commença à publier un catalogue mensuel.  


La librairie de Bridoux, 5 quai de Conti, en 1883
Photographie Musée de Carnavalet

La Librairie Vienney au N° 3 et la Librairie Gougy au N° 5 du quai de Conti (1910)

Photographie Archives de Paris (1911)



In Annuaire-Almanach du commerce (Paris, Didot-Bottin, 1908, t. I, p. 2.140)
En 1895, il succéda à François Bridoux (1819-1894), qui avait tenu, depuis 1873, une Librairie ancienne et moderne [Bouquinerie centrale], 5 quai de Conti [VIe, détruit en 1931], au coin de l’étroite rue de Nevers, en face du Pont-Neuf : Bridoux avait succédé à Hardou fils, qui s’était installé en 1870. Lucien Gougy eut alors son frère Édouard-Joseph-Marie Gougy, né le 29 mai 1866 au 25 rue de Verneuil [VIIe], comme fidèle et précieux collaborateur.
Contrairement à la légende, Bonaparte, officier d’artillerie sortant de l’École de Brienne-le-Château [Aube], n’a jamais habité une mansarde, au cinquième étage de cette maison : il logea chez Charles et Marie-Laure Permon, 13 quai de Conti, à l’angle de l’impasse de Conti, au 3e étage de l’hôtel de Sillery ou « petit hôtel de Guénégaud », toutes les fois qu’il les visita, entre 1785 et 1793 ; cet hôtel fut occupé par la librairie d’Alphonse Pigoreau (1841-1919) à partir de 1875.

En-tête de lettre
 Roseline Charles étant décédée le 31 août 1913, à Lamballe [Côtes-d’Armor], Lucien Gougy se remaria, le 21 novembre 1917, à Paris [IVe], à Marie-Valburge François, née le 6 novembre 1881 à Xertigny [Vosges] : les témoins furent Édouard Gougy, son frère cadet, 62 boulevard de Clichy [XVIIIe] ; Édouard Rahir, libraire, 55 passage des Panoramas [IIe] ; Louis Barthou (1862-1934), député, ancien président du Conseil, 7 avenue d’Antin [VIIIe, avenue Franklin-D.-Roosevelt depuis 1945] ; Maurice Le Corbeiller, conseiller municipal de Paris, 81 rue de Grenelle [VIIe].

Photographie Thierry Auvray
Chevalier de la Légion d’honneur en 1921, officier en 1927, Lucien Gougy décéda 5 rue Danton [VIe], le 7 juin 1931, succombant à une foudroyante crise d’urémie. 



Ses obsèques furent célébrées le 11 juin en l’église Saint-Séverin ; il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise [96e division].

Lucien Gougy
Il avait été libraire-expert agréé près le tribunal civil de la Seine depuis 1900, président du syndicat des libraires de Paris de 1911 à 1918 et vice-président des libraires de France de 1922 à 1925.


Il avait publié plusieurs catalogues de vente publique de bibliothèques : Catalogue de la bibliothèque archéologique de feu M. le comte Arthur de Marsy (1900), Catalogue de la bibliothèque de feu Monsieur P.-A. Chéramy (1913), Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de Jules Lemaître (1917), Catalogue de la bibliothèque de M. le comte René de Béarn (1920-1923), Catalogue de livres anciens et modernes provenant de la librairie de feu M. Eugène Jorel (1929), Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse (1929).


Il fut l’éditeur de : Souvenirs et mémoires. Recueil mensuel de documents autobiographiquessouvenirs - mémoirescorrespondances (Paris, Lucien Gougy, 6 vol. in-8, 1898-1901) sous la direction de Paul Bonnefon (1861-1922), bibliothécaire à l’Arsenal ; 

Photographie Librairie du Cardinal
Pensées et réflexions mondaines d’un naïf (1900, in-8 carré, 150 ex.), par le comte de Frijegac [marquis Fernand de Girardin] ; Campagne de Russie (1900-1903, 4 vol. in-8, le 4e par R. Chapelot & Cie), par L. G. F. [Gabriel Fabry] ; 


Les Vieux Livres (1906, in-8, tiré à part du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 15 novembre 1905, p. 481-490), par Jules Lemaitre ; 


Orchidées (1908, in-8, 50 ex. H. C.), par Jehan des Hâtes ; Album de huit lithographies en couleurs sur Chine, avec le monogramme « L » du lithographe (1910, in-fol., 35 ex. H. C.), par Henri de Toulouse-Lautrec ; 


Les Causeries de Lucine (s. d. [v. 1910-1920, in-8, 525 ex.), par le Docteur Minime [Dr Auguste Lutaud] ; 


La Grande Douleur des sept artistes (1923, in-4, ill. de Paul de Pidoll, 658 ex.), par Jérôme Doucet ; 


Les Choses meurent (1927, in-8 carré, 16 compositions en couleurs de Léon Raffin, 500 ex.), par Jérôme Doucet. 


Les livres anciens et modernes de la librairie furent dispersés en six ventes à l’Hôtel Drouot – Catalogue des livres ayant composé le fonds de M. Lucien Gougy, ancien libraire (Paris, Ch. Bosse, 1934-1936, 6 vol. in-8) : du lundi 9 au vendredi 13 avril 1934, du mercredi 10 au samedi 13 octobre 1934, du lundi 15 au jeudi 18 octobre 1934, du lundi 10 au mercredi 12 février 1936, du mercredi 1er au vendredi 3 juillet 1936 et le jeudi 8 octobre 1936.


Sa bibliothèque personnelle fut également vendue à l’hôtel Drouot :

In  Le Temps, 25 février 1934


Du 5 au 8 mars 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Première partie […]. Avant-propos de M. Louis Barthou, de l’Académie française (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 237 p., pl.).

« Les livres que les enchères vont disperser sont la meilleure preuve du goût avisé, varié et résolu qui inspirait les choix de Lucien Gougy. Leur diversité m’a surpris. Si grande fût mon intimité avec lui, je ne savais pas tout ce que renfermaient les vitrines de sa “ librairie ” personnelle. Les libraires qui se font des collections ne montrent jamais, même à leurs meilleurs amis, toutes leurs richesses. Ont-ils peur d’être pressés par des offres irrésistibles ? Ou bien craignent-ils des questions inutiles sur des transactions heureuses qu’ils ont poursuivies à l’insu de concurrents dangereux ? Je ne sais, mais, comme Arvers, ils ont leurs secrets et leurs mystères que, seule, la vente publique découvre et libère. »
(Louis Barthou. « Avant-propos ». In Bibliothèque de M. Lucien Gougy. 1934, I, p. 6-7)

À la vacation du lundi 5 mars assistèrent : Robert de Billy, ambassadeur de France et Madame, le général Willems, le colonel Lévy, Madame Pratt, Perreau, Lardanchet, Flamang, Gruel, Faure, Lefrançois, Picard, maître Desvouges, Meulemerre, Rousselot. Parmi les enchères principales : Horæ ad usum Romanum, manuscrit sur vélin du XVe siècle, orné de 12 grandes miniatures et 20 petites, attribuables à l’École de Jean Bourdichon, 58.200 francs ; 


Les Fais maistre Alain Chartier (1489), en reliure ancienne, 7.000 fr. ; 


Hypnerotomachia Poliphili, par Colonna (1499), 20.100 fr. ; 


Dialogus Creaturarum (1480), aux armes du baron A. Seillière, 19.000 fr. 


Ortus sanitatis (v. 1500), 11.200 fr. ; 

Photographie Gonnelli
Prose di M. Pietro Bembo nellequali si ragiona (1549), 6.900 fr. 
Cette première journée produisit 387.460 francs.

La deuxième vacation eut lieu dans une salle archibondée, comme la veille. Dans la salle, parmi les fervents : Henri Vever, le colonel Lévy, le général Willems, Robert de Billy, Schuhmann, Seymour de Ricci, Michel Lazard, Charles Bosse, maître Desvouges. Parmi les principaux prix de cette deuxième séance : 

Photographie BnF
Avecques la devise des armes de tous les chevaliers de la table ronde, par Gyron Le Courtoys (Paris, Anthoyne Vérard, 1503), 5.100 fr. ; 


Les Œuvres de Jodelle (1597), 5.600 fr. ; 


La Morosophie de Guillaume de la Perrière (1553), 4.120 fr. ; 


Elegantissime sentenze et aurei detti, par Nicolo Liburnio (1543), 6.500 fr. ; 


Le Livre des statuts et ordonances de l’Ordre Sainct Michel (v. 1550), 4.550 fr. ; 


Le Roman de la Rose (1503), 6.880 fr. ; 


Le Roman de la Rose (1531), 4.410 fr. ; 

Photographie BnF
Le Grand Combat des ratz et des grenouilles, par Antoine Macault (1540), 4.080 fr. ; 

Photographie BnF
L’Heptameron des nouvelles de tresillustre et tresexcellente princesse Marguerite de Valois (1559), 7.200 fr. ; 


Les Œuvres de Clément Marot (Dolet, 1543), 7.000 fr. ; 

Photographie BnF
Les Histoires et Chroniques du Monde, de Jean de Maumont (1561), 5.900 fr. ; 


Il Petrarcha (Venise, 1547), 6.000 fr. ; 


Les Généalogies, de Platine (1519), au chiffre de Louis XIII, 17.800 fr. ; 


Vitæ comparatæ, de Plutarque (1566), 5.180 fr. ; 


Le Quart Livre, de Rabelais (1552), 6.750 fr. ; 


Les Dix Premiers Livres de l’Iliade d’Homère, par Hugues Salel (1545), 3.890 fr. ; 


Deux discours de la nature du monde & de ses parties, par Pontus de Tyard (1578), dans une reliure aux armes de Henri III, 12.000 fr. ; 


l’édition originale de Champ fleury, Geofroy Tory (1529), 12.500 fr. La plupart des ouvrages firent entre 2.000 et 5.000 francs ; on en arriva à regarder comme des parents pauvres ceux qui ne dépassaient pas 1.000 francs !

La troisième vacation enregistra des résultats aussi satisfaisants que pour les deux vacations antérieures. Parmi les adjudications les plus importantes : 

Photographie Eric Grangeon
L’Oraison funèbre de très haute et très puissante princesse Anne de Gonzague de Clèves, de Bossuet (1685), édition originale, 5.000 fr. ; 


Le Théâtre de Corneille (1682), 3.250 fr. ; 

Photographie Bibliothèque patrimoniale de Toulouse
Discours sur les arcs triomphaux dressés en la ville d’Aix (1624), aux armes de la reine Anne d’Autriche, 14.000 fr. ; 


Les Charactères des passions, par de La Chambre (1648), 5.800 fr. ; 


l’originale de La Princesse de Clèves, par Madame de La Fayette (Barbin, 1678), 8.000 fr. ; 


De Sacra Ampulla Remensi, tractatus apologeticus, par Le Tenneur (1652), 4.510 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1666), 6.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1674-1675), 6.100 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1682), 5.000 fr. ; 

Photographie BnF
Les Images ou Tableaux de platte peinture, de Philostrate (1615), 3.000 fr. ; 


l’originale de Bérénice, de Racine (1671), 4.000 fr. ; 


l’originale de Mithridate, 2.400 fr. ; 


Exemplaire de Lucien Gougy
Photographie The Metropolitan Museum of Art, New York
Mémoire sur un rouet à filer des deux mains à la fois, par de Bernières (1777), aux armes de Marie-Antoinette, 9.800 fr. ; 


Le Décaméron de Boccace (1757-1761), 16.600 fr. ; 


Les Principales Avantures de l’admirable Don Quichotte (La Haye, 1746), 4.560 fr. ; 


Les Baisers de Dorat (1770), exemplaire en grand papier, dans un maroquin ancien, 23.100 fr. 
Les trois premières vacations dépassèrent le million.

Parmi les adjudications les plus mouvementées de la dernière vacation : 


Armorial des principales maisons et familles du royaume par Dubuisson (1757), 6.700 fr. ; 


Les Aventures de Télémaque, de Fénelon (1785), 5.100 fr. ; 


Les Œuvres de Gessner (1786-1793), 8.300 fr. ; 


L’Invocation et l’Imitation des Saints (1721), dans une reliure aux armes du chancelier Maupéou, 6.150 fr. ; 


Le Choix de chansons de La Borde (1773), dans un maroquin bleu, 20.000 fr. ; 


Les Amours de Psyché, de La Fontaine (1791), 7.400 fr. ; 


Contes et nouvelles de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, 12.000 fr. ; 


Contes et nouvelles (1795), 5.000 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1755-1759), bel exemplaire en maroquin ancien aux armes, 30.400 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1765-1775), 5.900 fr. ; 


Les Amours de Daphnis et Chloé (1718), 7.300 fr. ; 


Les Nouvelles de Marguerite, reine de Navarre (Berne, 1780-1781), 5.300 fr. ; 


Contes moraux, de Marmontel (1765), 4.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1734), aux armes de Desmarets de Maillebois, 14.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1773), 10.400 fr. ; 


Le Temple de Gnide, de Montesquieu (1794), dans un maroquin aux armes de Napoléon Ier, 6.100 fr. ; 

Exemplaire de Lucien Gougy
Paris, Alde, 24 mai 2016 : 8.000 € 
Essai sur l’agriculture moderne, par les abbés Nolin et Blavet (Prault, 1755), dans une reliure aux grandes armes de la marquise de Pompadour, 7.000 fr. [vient de Hippolyte Destailleur, 1891, N° 795]

Photographie Camille Sourget


Œuvres de maître François Rabelais (1741), 12.000 fr. ; 


Œuvres de Jean Racine (1768), 11.050 fr. 
Les 4 vacations produisirent 1.568.705 francs.

Du 7 au 9 novembre 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Deuxième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 123 p., pl.).

Un public nombreux, composé de bibliophiles français et étrangers, emplissait la salle le mercredi 7 novembre. Un manuscrit, sur papier du XVe siècle, renfermant une copie unique des œuvres poétiques du malheureux roi Charles VI, fut adjugé 4.500 francs. Un beau manuscrit sur vélin du XVe, L’Horloge de Sapience, par Henri Suso, fut acquis moyennant 5.450 fr. par la Bibliothèque nationale. 


La Divina Commedia du Dante (Venise, 1477), dans une reliure moderne en peau de truie estampée à froid, fut payée 8.100 fr. ; 

Photographie BnF
Dialogus Creaturarum (Gouda, 1481), demi-reliure ancienne en maroquin, 5.850 fr. ; 


Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile, de Francesco Colonna (Paris, 1561), 4.300 fr. ; 


Les Essais de Michel seigneur de Montaigne (1595), dans une magnifique reliure doublée de Lortic, 5.520 fr.

Le lendemain furent enregistrées d’excellentes enchères, parmi lesquelles : 


la première édition de Paraphrase des psaumes de David (1648), aux armes de la reine Anne d’Autriche, 3.100 fr. ; 


l’originale d’Iphigénie de Racine, 2.650 fr.

Ce fut sur un total de 373.000 francs que prit fin le 9 novembre, la vente de la deuxième partie de cette bibliothèque, avec de très belles adjudications : Le Choix de chansons de La Borde (1773), dans un maroquin vert de Chambolle-Duru, 5.950 fr. ; Les Contes de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, 4.150 fr. ; Les Fables de La Fontaine (Desaint, 1755-1759), exemplaire de premier tirage relié en maroquin bleu à filets, 9.050 fr. ; les Œuvres de Molière (1734), en reliure ancienne, 4.200 fr. ; Les Métamorphoses d’Ovide (1767-1771), dans un maroquin de Cuzin, 2.315 fr.

« La bibliothèque Lucien Gougy n’était pas de celles qui passionnent les grands bibliophiles, et son produit total l’atteste, qui ne fut que de 373.000 francs. Mais elle offrait, en revanche, le piquant intérêt de réunir une quarantaine d’éditions originales de Rétif de la Bretonne, si recherchées toujours et, certes, plus recherchées aujourd’hui que jamais.
Les originaux de Rétif – on sait que son état de typographe lui permit de composer et d’imprimer lui-même une bonne part des quelque cinquante ouvrages qu’il écrivit de 1767 à 1797 – sont rares ou rarissimes. Tout d’abord, le tirage en fut le plus souvent très restreint ; en outre, nombre d’exemplaires ont été mutilés par des libraires qui en arrachaient les images pour les vendre à part. Enfin, certains ouvrages furent en grande partie détruits par la famille. Aussi, lorsque vers le milieu du dix-neuvième siècle, quelques fureteurs de gloires ensevelies ramenèrent au jour Rétif de la Bretonne, bien oublié depuis 1806, date de sa mort, les bibliophiles durent payer très cher ce que leurs prédécesseurs avaient un peu trop dédaigné.
En 1874, le libraire Auguste Fontaine était parvenu à réunir deux collections complètes des ouvrages de Rétif. Or, de chacune, il demandait vingt mille francs. Et il les vendit rapidement à ce prix.
Que ferait actuellement, en vente publique une collection complète, en état impeccable, des cinquante éditions de Rétif ? Il est bien difficile d’en donner une estimation en se basant sur les prix atteints par les éditions accidentelles.
Les Rétif de la vente Gougy n’étaient pas de premier ordre. Cependant, quelques prix remarquables ont 


été enregistrés, notamment par les Lettres d’une fille à son père, adjugées 650 francs ; par les Contemporaines (en seconde édition pour les deux premières séries), qui ont fait 1.850 francs ; par la Découverte Australe, 900 francs ; par les Tableaux de la bonne compagnie, (avec les figures de Moreau le jeune en réduction), 685 francs ; par les Parisiennes, 710 francs ; par la Femme infidèle (édition de 1786), poussée à 820 francs.
Certes, même à cette vente, les collections de Rétif formées par le libraire Fontaine seraient allées bien au-delà des 20.000 francs qu’il en demandait de chacune en 1874. »
(T. « Le Rétif de la Bretonne de la Bibliothèque Lucien Gougy ». In L’Œuvre, 11 novembre 1934)    

Du 19 au 21 novembre 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Troisième partie […]. Avant-propos de M. Louis Barthou, de l’Académie française (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 117 p., pl.).
Le catalogue est enrichi d’un très beau portrait de Lucien Gougy et de l’avant-propos de Louis Barthou qui figurait déjà dans le catalogue de la première partie.


Le lundi 19 novembre, Les Beaux Jours de la vie, par Daumier, furent adjugés 1.900 fr. ; 

Photographie Librairie Le Feu follet
l’originale du Dernier Chouan de Balzac (Paris, 1829), 1.225 fr. ; 


celle des Fleurs du mal de Baudelaire, 1.250 fr. ; 


celle des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, 1.620 fr. ; 


celle, sur Hollande, de L’Éducation sentimentale de Flaubert, avec dédicace manuscrite, 3.750 fr. ; 


celle, sur Hollande, des Trois Contes de Flaubert, 2.100 fr.

Le 20 novembre, en présence d’une assemblée très nombreuse, les romantiques, dont les reliures étaient dans un état de fraîcheur magnifique, furent particulièrement disputés : 


Les Mille et Une Nuits, contes arabes, traduits par Galland (Galliot, 1822-1825), exemplaire sur grand vélin, dans une superbe reliure de Simier, furent payées 4.000 fr. ; 

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
les Œuvres complètes de Mesdames de La Fayette et de Tencin (1804), dans une belle reliure de Lefebvre, 1.770 fr. ; 

Photographie Antiquités de Maguelone
les Œuvres de La Fontaine (1822-1823), exemplaire contenant plus de 1.300 pièces ajoutées, 2.600 fr. ; 

Parmi les modernes illustrés : 


L’Éloge de la folie d’Érasme (1906), 4.150 fr. ; 


La Rôtisserie de la reine Pédauque, d’Anatole France (Pelletan, 1911), exemplaire sur Chine, 4.510 fr.


Le 21 novembre se termina la dispersion de la troisième partie de la bibliothèque sur un produit d’environ 300.000 francs : un exemplaire, dans une reliure de Noulhac, de À rebours, de J.-K. Huysmans, avec bois en couleurs d’Auguste Lepère (Cent Bibliophiles, 1903), a obtenu 8.700 fr.    

Du 22 au 24 octobre 1935 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Quatrième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1935, in-4, 127 p., pl.).

Le mardi 22 octobre, on put reconnaître dans la salle Mme Siret-Landrin, le général Braconnier, le comte de Billy, le comte du Bourg de Bozas, Rousselot, Maurice Escoffier, Achille Ségard, Gruel, Rassat, Lafont, Lardanchet, Lefrançois, etc. De l’avis des plus compétents, les enchères furent tout à fait satisfaisantes : 

Photographie British Museum
Auslegung des Amts der heiligen Messe (Augsbourg, 1484), 2.350 fr. ; 


Trionfi, Sonetti e Canzoni, par Pétrarque (Venise, 1497), 2.310 fr. ; 


Des croniques de France, d’Angleterre, etc., par Froissart (1518), 2.350 fr. ; 


Le Roman de la rose, par Guillaume de Lorris (1526), 4.400 fr. ; 


Essais de Montaigne (1595), au chiffre « DSM » de Scévole de Sainte-Marthe et portant de nombreuses notes de sa main, 15.300 fr. Un exemplaire du Pseaultier de David (1585) portait, sur une feuille de garde, cette note : « Je l’ai trouvé à Aix, sur la place des Prêcheurs, le 1er février 1873, dans un lot de vieux livres qui venait d’être acquis à l’encan par un fripier, auquel je l’ai immédiatement acheté au prix de 1 fr. 25 ».

Le 23 octobre, les Œuvres de Molière (1666) firent 4.950 fr. ; les Œuvres de Molière (1674-1675), 3.550 fr. ; le Décaméron de Boccace (1757), 6.100 fr.

Le 24 octobre termina la vente de la quatrième partie de cette considérable bibliothèque, sur un produit total de 235.000 francs : 


La Mort d’Abel, par Gessner (1793), fut adjugée 1.300 fr. ; Les Contes de La Fontaine (édition des Fermiers généraux), 3.720 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1787), 2.280 fr. ; Les Œuvres de Molière (1734), 3.810 fr. ; Le Temple de Gnide, de Montesquieu (1794), 2.620 fr. ; 

Photographie Musée Médard
le Répertoire du théâtre françois (1803-1804), dans un maroquin signé Bozerian, 1.890 fr.  


Du 11 au 13 mai 1936 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Cinquième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1936, in-4, 110 p., pl.).

La vacation du lundi 11 mai a donné des résultats satisfaisants : 


les Œuvres complètes de H. de Balzac (1842-1855) furent adjugées 2.000 fr. ; 


Œuvres complètes de P.-J. de Béranger (1847), exemplaire de Rachel, 1.240 fr. ; 


Chants et chansons populaires de la France (1843), 1.620 fr. ; 


Notre-Dame de Paris (1844), dans un maroquin mosaïqué de Marius Michel, 2.500 fr. ; 


Recherches sur les ossemens fossiles de quadrupèdes, par Cuvier (1812), 1.900 fr. ; 


Quinze histoires d’Edgar Poë (Amis des livres, 1897), reliure de Kieffer, 3.700 fr. ; 


Les Fleurs du Mal (Cent Bibliophiles, 1899), dans une reliure de Canape, 2.150 fr. ; 


Histoire comique, d’Anatole France (1905), exemplaire sur Chine, 1.650 fr. ; 


Foires et marchés normands, par Joseph L’Hopital (Société normande du livre illustré, 1898), 1.750 fr. ; 


Les Chansons de Bilitis (Ferroud, 1906), exemplaire unique sur Japon, relié par Charles Meunier, 2.000 fr.


Le 12 mai, on a payé 2.650 fr. les Contes du temps passé, par Charles Perrault (Curmer, 1843), dans un maroquin de Chambolle-Duru.

Le 13 mai a pris fin, sur un total de 277.000 francs, la vente de la cinquième partie de cette bibliothèque : 


Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre (1806), dans une reliure de Chambolle-Duru, 3.050 fr. ; 


Les Mémoires de Saint-Simon (1856-1858), 2.500 fr. ; 


Servitude et grandeur militaires, par Alfred de Vigny (1897), avec 8 dessins par Dawant, 1.400 fr. ; 


Les Ballades, de Villon (1896), exemplaire sur Japon, relié par Marius Michel, 2.050 fr.