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Cour intérieure du château, Soubise [Charente-Maritime] |
François de Rohan |
François de Rohan fut la tige
des princes de Soubise et ducs de Rohan-Rohan. Prince de Soubise, seigneur de
Frontenay-l’Abattu [Frontenay-Rohan-Rohan, Deux-Sèvres] et de Pougues
[Pougues-les-Eaux, Nièvre], seul fils d’Hercule de Rohan (1568-1664), duc de
Montbazon [Indre-et-Loire], pair de France, et de Marie de Bretagne d’Avaugour
(1612-1657), sa seconde femme, il obtint en sa faveur l’érection de la ville de
Soubise [Charente-Maritime] en titre de principauté au mois de mars 1667.
Il fut pourvu de la charge de capitaine-lieutenant
de la Compagnie des Gendarmes de la Garde ordinaire du Roi en 1673, fut fait lieutenant
général de ses armées en 1677 et gouverneur et lieutenant-général, pour Sa Majesté,
de la province de Berry, puis de celles de Champagne et de Brie en 1691. Il fit
sa première campagne en Hongrie, lorsque le Roi y envoya des troupes au secours
de l’Empereur, sous le commandement du comte de Coligny, en 1663. Il suivit le
Roi en Hollande, en Allemagne, en Flandres, et en Franche-Comté, se signala
dans toutes ces occasions, entre autres au passage du Rhin qu’il traversa à la
nage, à la tête des Gendarmes de la Garde. Il continua longtemps de servir en
qualité de lieutenant-général, reçut plusieurs blessures.
Eglise de la Merci, devant l'hôtel de Guise, par Israël Silvestre |
Il mourut le 24 août 1712, âgé de 81 ans et 6 mois, et fut inhumé dans l’église des Religieux de la Merci, 19-21 rue du Chaume [47 rue des Archives, IIIe, détruite en 1799], première chapelle à gauche du côté de l’Évangile.
Il avait épousé :
1°. Catherine Lyonne, née le 3
Septembre 1633, veuve de Pomponne-François le Conte, marquis de Nonant
[Calvados], morte le 10 août 1660, âgée de 27 ans, sans enfants.
Anne de Rohan-Chabot |
2°. le 17 Avril 1663, Anne de Rohan-Chabot, dame de Soubise, fille aînée de Henri Chabot, duc de Rohan, pair de France, et de Marguerite, duchesse de Rohan ; elle mourut le 4 février 1709, âgée de 61 ans, et fut d’abord inhumée aux Feuillants, rue Saint-Honoré à Paris, puis transférée, le 1er février 1710, dans l’église de la Merci ; de cette alliance vinrent 11 enfants.
13 place Royale, Paris. Photographie Bruno befreetv |
François de Rohan, qui habitait place Royale [13 place des Vosges, IVe], la 4e maison à droite en venant de la rue de Paradis [rue des Francs Bourgeois, IVe],
Hôtel de Guise, rue du Chaume (1875) |
racheta l’ancien hôtel de Guise, rue du Chaume [58 rue des Archives, IIIe], le 27 mars 1700, pour 326.000 livres : après quelques procédures, l’adjudication définitive du 24 janvier 1704 permit son déménagement et la mise en route des travaux de réfection et d’embellissement de cet hôtel de Soubise,
Hôtel de Soubise, rue de Paradis, par Jean-Baptiste Rigaud (1750) |
dont la construction en 1707 d’une entrée monumentale rue de Paradis [60 rue des Francs Bourgeois, IVe].
Les hôtels de Soubise et de Strasbourg ou de Rohan. Plan de Turgot (1739) |
Plan général des hôtels de Soubise et de Rohan Jacques-François Blondel. Architecture françoise. Paris, Charles-Antoine Jombert, 1752, t. II |
De 1705 à 1708, son fils Armand-Gaston de Rohan, évêque de Strasbourg depuis 1704, fit construire l’hôtel de Rohan [87 rue Vieille-du-Temple et 1 rue des Quatre Fils, IIIe], sur des terrains de l’hôtel de Soubise, concédés par ses parents le 22 juillet 1705.
On devrait parler de l’hôtel d’un
noble et du palais d’un prince ou d’un roi : néanmoins, les noms d’hôtel
de Soubise et d’hôtel de Strasbourg ou de Rohan, remplacèrent souvent les noms
de palais Soubise et de palais Cardinal.
Hercule-Mériadec de Rohan |
Hercule-Mériadec de Rohan, duc de Rohan-Rohan, pair de France, prince de Soubise et de Maubuisson [Saint-Ouen-l’Aumône, Val-d’Oise], marquis d’Annonay [Ardèche], de Saint-Gérand [Saint-Gérand-de-Vaux, Allier], l’Hers [Châteauneuf-du-Pape, Vaucluse], Préaux [Seine-Maritime] et de Sainte-Marie-du-Mont [Manche], comte de La Voulte [La Voulte-sur-Rhône, Ardèche], Tournon [Tournon-sur-Rhône, Ardèche], Albon [Drôme] et Roussillon [Isère], baron de Serrières [Ardèche], Herment [Puy-de-Dôme], Nonant, Donzenac [Corrèze], de Vigny [Val-d’Oise] et de Longuesse [Val-d’Oise], appelé « le prince de Rohan », est né le 8 mai 1669. Destiné, comme cadet, à l’état ecclésiastique, il fut nommé à l’abbaye de Saint-Taurin d’Évreux [Eure] au mois d’avril 1685.
Après la mort de son frère aîné,
arrivée le 5 novembre 1689, il se démit de son abbaye, et embrassa le parti des
armes. Il fut fait maître-de-camp de Cavalerie, se trouva au combat de Leuze [Leuze-en-Hainaut,
Belgique] en 1691, à ceux de Steinkerque [Steenkerque, Belgique] et de Tongres [Belgique]
en 1692, à la bataille de Neerwinden [Landen, Belgique] en 1693. Il servit aux sièges
de Mons, Namur, Huy, Charleroi et d’Ath [Belgique]. Il fut nommé gouverneur et lieutenant-général
des provinces de Champagne et de Brie en 1694, créé brigadier des armées le 3 janvier
1696, maréchal de camp le 20 janvier 1702 et employé, au mois de mars suivant,
en cette qualité, dans l’armée de Flandres. Nommé, sur la démission de son père,
en novembre 1703, à la charge de capitaine-lieutenant des Gendarmes de la
Garde, il fut reçu, le 2 janvier 1704, à la tête de la compagnie et fait chevalier
de Saint-Louis, et nommé lieutenant-général des armées le 26 octobre de la même
année. Il reçut une blessure, le 23 mai 1706, à la bataille de Ramillies [Nord],
en combattant à la tête des Gendarmes de la Garde, se trouva aussi aux
batailles d’Audenarde [Belgique] en 1708 et de Malplaquet [Taisnières-sur-Hon,
Nord] le 11 septembre 1709. Il servit aux sièges de Douai [Nord] et de Le Quesnoy
[Nord] en 1712, fut blessé à ce dernier d’un éclat de bombe qu’il reçut à la
cuisse, et l’année suivante, fut encore employé aux sièges de Landau [Allemagne]
et de Fribourg [Suisse].
En considération de ses services et
de sa haute naissance, le Roi érigea la terre et baronnie de Frontenay-l’Abattu
en duché-pairie, sous le nom de Rohan-Rohan, au mois d’octobre 1714.
Le duc de Rohan-Rohan, prince de
Soubise, obtint du Roi, au mois de janvier 1717, un brevet de retenue de 400.000
livres sur le gouvernement de Champagne et de Brie, avec la survivance de sa
charge de capitaine-lieutenant des Gendarmes de la Garde pour le prince de
Soubise, son fils. Il fut chargé par Sa Majesté, au mois de novembre 1721, d’aller
recevoir l’infante d’Espagne des mains des Espagnols, et de leur remettre la princesse
de Montpensier, qui allait épouser le prince des Asturies ; il eut l’honneur de
donner la main à l’infante lorsqu’elle entra sur les terres de France le 9 janvier
1722, et l’accompagna jusqu’à Paris. Il fit la fonction de grand-maître de
France au sacre de Louis XV et mourut à Paris, après une longue maladie, le 26 janvier
1749.
Il avait épousé :
Anne de Lévis |
1°. le 19 février 1694, Anne-Geneviève de Levis, veuve de Louis de la Tour, prince de Turenne, morte à Paris la nuit du 20 au 21 mars 1727, dans la 55e année de son âge, et inhumée, le 22, dans l’église de la Merci, fille unique et héritière de Louis de Levis, duc de Ventadour, pair de France, et de Charlotte-Éléonore-Madeleine de la Mothe-Houdancourt ; du premier lit sont sortis 5 enfants.
2°. le 31 août
1732, Marie-Sophie de Courcillon, née le 6 août 1713, veuve de Charles-François
d’Albert d’Ailly, duc de Picquigny [Somme], pair de France, colonel d’un régiment
d’Infanterie, et capitaine-lieutenant des Chevaux-Légers de la Garde du Roi,
mort le 13 juillet 1731, et fille unique de Philippe-Égon de Courcillon, marquis
de Dangeau, maître-de-camp de Cavalerie, brigadier des armées du Roi, gouverneur
et lieutenant-général pour Sa Majesté de la province et duché de Touraine,
décédé le 20 septembre 1719, et de Françoise de Pompadour, duchesse de la
Valette, sa veuve ; la princesse douairière de Rohan, seconde femme d’Hercule-Mériadec,
est morte, sans enfants, à Paris, le 4 avril 1756, dans sa 43e année,
et fut inhumée le 7 avril à la Merci.
Hercule-Mériadec de Rohan occupa
l’hôtel de Soubise jusqu’à sa mort en 1749. Sa veuve quitta alors l’hôtel de
Soubise pour louer une maison rue de Vaugirard, près du couvent des Filles du
Précieux-Sang, qui était vis-à-vis les jardins du palais d’Orléans [palais du
Luxembourg, VIe].
Jules-François-Louis de Rohan,
prince de Soubise, né le 16 janvier 1697, fut reçu capitaine-lieutenant des
Gendarmes de la Garde du Roi, en survivance de son père, en février 1717, et mourut
de la petite-vérole [variole] le 6 mai 1724, dans sa 28e année.
Anne de Melun |
Il avait épousé, le 16 septembre 1714, Anne-Julie-Adélaïde de Melun, fille de Louis, prince d’Épinoy [Carvin, Pas-de-Calais], et d’Élisabeth de Lorraine-Lillebonne. La cérémonie du mariage se fit dans la chapelle du Roi le 19 du même mois. Anne-Julie-Adélaïde de Melun est aussi morte de la petite-vérole le 18 mai 1724 ; elle avait prêté serment de fidélité, le 12 avril 1722, de la charge de gouvernante des enfants et petits-enfants de France, et de surintendante de leur Maison en survivance, conjointement avec la duchesse de Ventadour, aïeule maternelle de son mari, dont elle a laissé 5 enfants.
Armes des princes de Soubise, ducs de Rohan-Rohan, par Odejea |
Les armes des princes de Soubise, ducs de Rohan-Rohan, sont : parti de trois traits, coupé d’un, qui font huit quartiers : au 1 qui est d’Évreux ; au 2 de Navarre ; au 3 d’Aragon ; au 4 d’Ecosse ; au 5 de Bretagne ; au 6 de Milan ; au 7 de Saint-Séverin ; au 8 de Lorraine ; et sur le tout, parti en 1 de Rohan, et en 2 de Bretagne.
Charles de Rohan |
Charles de Rohan, prince de Soubise et d’Épinoy, duc de Rohan-Rohan, pair et maréchal de France, né le 16 juillet 1715, a commencé de servir en 1733 au siège de Kehl [Allemagne], en 1734 à celui de Philippsbourg [Allemagne], et en 1735 dans l’armée d’Allemagne. Il obtint, sur la démission du prince de Rohan, son aïeul, au mois de juillet 1734, la charge de capitaine-lieutenant des Gendarmes de la Garde. Il fut reçu par le Roi à Fontainebleau [Seine-et-Marne], à la tête de la compagnie, le 11 novembre suivant, et a été fait brigadier de Cavalerie le 1er janvier 1740. Il a eu, le 1er juillet 1741, la survivance du gouvernement de Champagne et de Brie, dont son grand-père était pourvu. Il a servi dans l’armée de Bohême en qualité d’aide-de-camp du maréchal-duc de Belle-Isle, s’est trouvé à un combat de cavalerie qui précéda de quelques jours la tranchée ouverte devant Prague [République tchèque], et où il eut un cheval tué sous lui. Il fut en 1743 à la bataille de Dettingen [Karlstein-am-Main, Allemagne], et a été fait maréchal de camp au mois de juin de la même année. En 1744, en qualité d’aide-de-camp du Roi, il fut aux sièges de Menin [Belgique], d’Ypres [Belgique] et de Fribourg, où il a eu un bras cassé. Il participa, en 1745, au siège de Tournai [Belgique] et à la bataille de Fontenoy [Antoing, Belgique], en 1746, à celle de Rocourt [Liège, Belgique], en 1747, à celle de Lauffeld [Riemst, Belgique], et a été nommé, le 18 septembre 1751, gouverneur des provinces de Flandres et du Hainaut, et de la ville et citadelle de Lille [Nord], après la mort du duc de Boufflers. Il a donné sa démission du gouvernement des provinces de Champagne et de Brie. Il a eu le commandement des troupes envoyées, en 1756, au secours de l’impératrice reine de Hongrie en Allemagne, et de celles envoyées contre les alliés du côté d’Hanovre en 1757 et 1758. Défait en 1757 à Rossbach [Braunsbedra, Allemagne], il a battu les ennemis à la bataille de Lutzelberg [Staufenberg, Allemagne] le 10 octobre 1758, a été fait maréchal de France le 19 dudit mois, fut nommé ministre d’État en 1759, a eu le commandement général des armées du Roi en 1761 et 1762.
Sa vieillesse fut obscurcie par
les revers de fortune de son gendre, Henri de Rohan, en 1783, et l’implication
de son cousin, Louis-René-Édouard de Rohan (1734-1803), évêque de Strasbourg,
dans l’affaire du collier de la Reine, en 1785.
Le maréchal prince de Soubise avait
épousé :
1°. le 29 décembre 1734,
Anne-Marie-Louise de la Tour d’Auvergne, née le 1er août 1722, morte
le 17 septembre 1739, fille unique de Emmanuel-Théodose de la Tour, souverain
duc de Bouillon [Belgique], duc d’Albret [Landes, Gironde, Gers et
Lot-et-Garonne] et de Château-Thierry [Aisne], pair et grand-chambellan de
France, comte d’Auvergne, et de Anne-Marie-Christine de Simiane de Moncha de Gordes,
sa troisième femme ; du premier lit, il a eu : N... de Rohan, nommé le
comte de Saint-Pol [Pas-de-Calais], né le 12 septembre 1739, mort le 25 mai
1742 ; Charlotte-Godefride-Élisabeth de Rohan, née le 7 octobre 1737,
mariée, le 3 mai 1753, à Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé, pair et
grand maître de France, chevalier des Ordres du Roi, morte le 4 mars 1760.
Anne de Savoie |
2°. le 3 novembre 1741, Anne-Thérèse de Savoie-Carignan, morte le 5 avril 1745, fille de Victor-Amédée, prince de Carignan [Ardennes], premier prince du sang de Savoie, et de Marie-Victoire de Savoie ; du second lit est sortie Victoire-Armande-Joseph de Rohan-Soubise, née le 28 décembre 1743, mariée, le 15 janvier 1761, à Henri-Louis-Marie, prince de Rohan-Guémené.
3°. le 24 décembre 1745,
Anne-Victoire-Marie-Christine princesse de Hesse-Rheinfels, née le 25 février
1728, fille de Joseph, prince héréditaire de Hesse-Rheinfels et de Christine de
Salm.
Charles de Rohan s’était installé à l’hôtel de Soubise à la mort de son père en 1724.
Projet de Louis-Jacques Herpin (1727) |
Le sculpteur du Roi Louis-Jacques Herpin († 1748) dessina pour l’hôtel de Soubise la décoration de plusieurs pièces, dont un grand cabinet de livres, qui ne fut peut-être pas exécuté.
Par contrat du 19 août 1782, il vendit à vie au cardinal Louis-René-Édouard de Rohan, l’usufruit et jouissance de l’hôtel de Rohan, se réservant la totalité du rez-de-chaussée du corps du logis principal dudit hôtel en face du jardin, où sont la bibliothèque et la salle du Conseil,
Louis Dupuy, par Dupin, d'après Desrais |
et le logement de son bibliothécaire depuis 1769, Louis Dupuy (1709-1795), rédacteur au Journal des savants, consistant en quatre pièces au second étage et deux au troisième, le tout donnant sur la cour. Il quitta son palais en 1786, pour s’installer dans son hôtel du 20-22 rue de l’Arcade [VIIIe], qui prit alors le nom d’hôtel de Soubise [détruit en 1825] : il y mourut, le 1er juillet 1787, d’une crise d’apoplexie.
« 7 Juillet [1787]. M. le Maréchal, Prince de Soubise, mort presque subitement dimanche dernier [1er juillet], dans sa petite maison rue de l’Arcade, a été enterré jeudi [5 juillet] à la Merci, sépulture de sa famille. Le convoi qui a traversé tout Paris à l’entrée de la nuit, formoit un spectacle & a mis en mouvement le peuple & les habitans de cette capitale. Le Prince de Condé, gendre du défunt ; le Duc de Bourbon, son petit-fils, et le Duc d’Enghien, son arrière-petit-fils, étoient à la cérémonie, où l’on assure avoir vu rire le Prince de Condé. Tout se ressentoit au surplus de l’indécence du Maréchal qui, concentré dans les filles, depuis longtems avoit quitté son palais de représentation pour se livrer entierement au libertinage & à la crapule, dans un vuide-bouteille, à l’extrémité de la ville. » [sic]
(Mémoires secrets pour servir
à l’histoire de la République des Lettres en France, depuis MDCCLXII
jusqu’à nos jours ; ou Journal d’un observateur. Londres, John
Adamson, 1789, t. 35e, p. 308-309)
Armand-Gaston de Rohan |
Charles de Rohan avait hérité de la bibliothèque de son oncle Armand-Gaston, cardinal de Rohan (1674-1749).
Après la mort de Jacques-Auguste
de Thou (1609-1677), deuxième du nom, les manuscrits du président
Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), premier du nom, furent achetés à l’amiable
pour 4.500 livres le 22 mars 1680 par le président Jean-Jacques Charron de Menars
(1643-1718). Le catalogue des imprimés [Catalogus bibliothecæ Thuanæ.
Parisiis, Dominique Levesque, 1679, 13.176 volumes] était imprimé depuis le 27
juin 1679 et la vente commença le 26 mars 1680 : le président Menars, qui
avait acheté aux enchères pour 11.940 livres, mit fin à la vente le 5 avril
1680 en achetant en totalité tous les livres qui restaient de cette
bibliothèque pour 20.061 livres.
En 1706, Armand-Gaston de Rohan
se rendit acquéreur de la bibliothèque Thuanienne pour 36.300 livres.
Rez-de-chaussée de l'hôtel de Rohan Jacques-François Blondel. Architecture françoise. Paris, Charles-Antoine Jombert, 1752, t. II |
« Le rez-de-chaussée [de l’hôtel de Rohan] était distribué, au temps du cardinal Armand-Gaston, en antichambre ou salon (au centre), bibliothèque (trois pièces, dont chacune était de dimensions égales à celles du salon) et salle à manger. Plus tard, la salle à manger ayant été transférée au premier étage, le rez-de-chaussée fut affecté tout entier à l’installation de la fameuse bibliothèque de Thou, si riche en livres rares et somptueusement reliés, achetée en 1706 par M. de Strasbourg au président de Ménars [sic].
Cette bibliothèque devint vite
une des curiosités, non seulement de l’hôtel, mais de la capitale. Elle avait
été d’abord placée à l’hôtel de Soubise ; quand celui de Rohan fut en état
de la recevoir, on l’y transféra. – Armand-Gaston ayant fait à Rome, en 1721,
la connaissance du bibliographe Jean Oliva, secrétaire du conclave qui suivit
la mort de Clément XI, il se l’attacha ; il le ramena en France ; et
Oliva présida par la suite, pendant trente-cinq ans, à l’administration de la
librairie du Palais Cardinal. Il en fit le catalogue [en 25 vol. reliés aux
armes de Rohan-Soubise], et réussit à y créer une sorte de foyer académique
pour les savants français et étrangers. »
(Ch.-V. Langlois. Les Hôtels
de Clisson, de Guise & de Rohan-Soubise au Marais. Paris, Jean
Schemit, 1922, p. 214-215)
Photographies Institut de France |
Charles de Rohan acheta à son tour une énorme quantité de livres, dont la plupart était reliés en veau fauve, sans armes, ornés simplement de macles et de mouchetures d’hermines couronnés, frappés alternativement entre les nerfs du dos.
« En 1679 la bibliothèque de de Thou fut mise en vente par l’abbé de Thou, qui n’avait guère trouvé que des dettes dans la succession de son père ; il avait fallu deux ans à Ismaël Boulliau et à Joseph Quesnel pour dresser le catalogue de ce précieux cabinet. Le président de Ménars [sic] en donna trente mille livres ; et la célèbre Bibliotheca Thuana, qui renfermait alors mille manuscrits, tous rares, et plus de neuf mille volumes imprimés, quitta le vieil hôtel de Thou, et, sous le nom de Bibliotheca Menarsiana que lui donne Santeuil, fut installée chez M. de Ménars [sic], dont l’hôtel touchait à celui de Colbert. Elle n’y retrouva pas l’affection et les soins que lui avaient si longtemps prodigués le vieux président de Thou et son ami P. Dupuy. Son nouveau propriétaire s’occupas peu de l’augmenter, et en 1705 il la vendit pour 36,300 livres au cardinal de Rohan-Soubise, évêque de Strasbourg.
Celui-ci possédait déjà un
commencement de bibliothèque : il habitait rue du Chaume l’admirable hôtel
qui porte encore son nom, et la collection qu’il venait d’acquérir fut placée
dans les appartements du rez-de-chaussée. Le cardinal en avait compris toute la
valeur : il choisit pour bibliothécaire l’abbé d’Oliva, Italien d’une
grande érudition, qui rendit à la bibliothèque de de Thou une partie de l’éclat
dont elle avait joui sous son premier maître ; elle devint de nouveau un
centre intellectuel, où les savants de toutes les nations étaient sûrs de
trouver toujours un affectueux accueil. L’abbé d’Oliva s’occupa surtout de
compléter cette riche collection, que la négligence de M. de Ménars avait
rendue déjà un peu arriérée ; il mit au courant les ouvrages périodiques
et fit venir de l’étranger toutes les productions de quelque valeur et des
manuscrits très-précieux. Trente-six années de soins augmentèrent à tel point
cette bibliothèque, qu’elle finit par renfermer plus de quinze mille volumes
imprimés, dont l’abbé d’Oliva dressa le catalogue en vingt-cinq volumes
in-folio.
La collection de l’hôtel Soubise,
alors “ la mieux choisie qu’on put voir, ” passa, après la mort du
cardinal, à son héritier, le maréchal prince de Soubise, que la déroute de
Rosbach [sic] a rendu si tristement célèbre. Par une assez étrange coïncidence,
ce maréchal choisit pour bibliothécaire C.-F. Dupuis *,
le savant auteur de l’Origine des cultes.
Après la faillite Guémenée [sic],
les descendants de la famille de Soubise mirent en vente cette splendide
bibliothèque, qui comprenait alors au moins cinquante mille volumes. Les
enchères durèrent plus de quatre mois du 12 janvier au 22 mai 1789 ;
faites sur un mauvais catalogue rédigé à la hâte par le libraire Guillaume
Leclerc, elles ne produisirent qu’une somme de 260,000 livres. » [sic]
(Alfred Franklin. Précis de
l’histoire de la Bibliothèque du Roi, aujourd’hui Bibliothèque nationale.
Paris, Léon Willem, 1875, 2e édition, 400 ex., p. 170-171)
*
Franklin a confondu Louis Dupuy, bibliothécaire du prince de Soubise, avec
Charles-François Dupuis (1742-1809), auteur de l’Origine de tous les cultes,
ou Religion universelle (Paris, H. Aguasse, An III, 3 vol.).
Exemplaire de Gustave Mouravit (1840-1920) |
La bibliothèque fut dispersée en
95 vacations, du lundi 12 janvier au vendredi 22 mai 1789, au rez-de-chaussée de
l’hôtel de Rohan : Catalogue des livres, imprimés et manuscrits,
de la bibliothèque de feu Monseigneur le prince de Soubise, maréchal
de France (Paris, Leclerc, 1788, in-8, xvj-643-[1]-90 p., 8.302 lots – nombre
faussé par une numérotation fantaisiste : en réalité, on compte 67
manquants + 156 doubles [bis] + 1 triple [ter] qui font au total 8.379 lots),
dont Théologie [1.874 lots = 22,36 %], Jurisprudence [698 lots = 8,33 %],
Sciences et Arts [1.796 lots = 21,43 %], Belles-Lettres [1.521 lots = 18,15 %],
Histoire [2.487 lots = 29,68 % ], Articles retrouvés [3 lots = 0,3 %].
Le catalogue avait été fait à la hâte, sans aucune rigueur, par l’imprimeur-libraire Charles-Guillaume Leclerc (1723-1794), plus préoccupé alors par son élection, qui eut lieu le 17 mai 1789, comme député du tiers aux États-Généraux : les lots 4.671, 4.674, 4.948 bis, 5.827, 5.851, 6.077, 6.151 et 6.922 sont chiffrés respectivement 4.673, 3.674, 4.648 bis, 5.828, 5.352, 6.057, 6.151 bis et 6.921 ; les lots 5.203 à 5.828 sont chiffrés 5.193 à 5.818 ; les titres des ouvrages sont tronqués et souvent fautifs, les éditeurs et les caractéristiques des reliures absents.
Le catalogue comprend une
« Table des articles de ce catalogue », des « Fautes à corriger
dans le Catalogue », une « Table des auteurs », une
« Addition à la Table [des auteurs] » et un « Avertissement
du libraire » :
« C’est une Bibliothèque formée successivement, depuis deux siècles, par des Magistrats, par des Prélats, par des Seigneurs, ou savans eux-mêmes, ou animés du désir de favoriser la culture des Lettres, dont ils connoissoient tout le prix. Il s’y trouve donc beaucoup de Livres rares parce qu’ils sont utiles ; & dans ce nombre, plusieurs qu’il étoit impossible à M. de Bure de décrire dans sa Bibliographie, parce qu’il n’avoit pas pu se les procurer, ou des éditions plus anciennes que celles qu’il a données pour les premieres ; quelques-uns même qui ont des particularités singulières. Cette Bibliothèque étoit déjà si célèbre en 1679, lorsque le catalogue en fut imprimé pour la vendre, que les Savans qui en déploroient la dispersion, virent avec satisfaction M. le Président de Menars se proposer pour l’acquérir en entier. Cet événement parut si heureux pour la Littérature, que Santeuil le célébra dans une pièce de vers latins. M. le Cardinal de Rohan, Armand Gaston, l’acheta des héritiers de M. de Menars, y joignit la sienne, & l’augmenta considérablement de Livres étrangers, & de grands corps d’ouvrages, que son goût pour les Lettres lui faisoit désirer, & qu’une sage administration de ses revenus lui permettoit de se procurer. Ses successeurs, jusqu’à M. le Prince Soubise, ont destiné chaque année une somme pour l’enrichir. » [sic]
Environ 5.000 volumes, dont 46 manuscrits, furent acquis par le comte d’Artois (1757-1836), qui les laissa à la Bibliothèque de l’Arsenal.
9. Biblia polyglotta, de
mandato & sumptibus Card. Fr. Ximenes. Compluti, 1514-1517, 6 vol. in-fol.,
mar. r. 929 l.
80. Biblia latina. Moguntiæ,
Fust & Schoiffer, 1462, 2 vol. in-fol., vélin, mar. 3.900 l.
83. Biblia latina. Venetiis,
Jenson Gallic., 1476, in-foL, vélin. 1.700 l.
100. Biblia Sacra, Sixti V
autoritate recognita. Romæ, 1590, in-fol., mar. 662 l.
164. Biblia en lengua espannola
a costa de Geronimo de Vargas. Ferrara,1553, in-fol. goth. 741 l.
902. De Hieronimi
epistolæ. Moguntiæ, Schoiffer, 1470, in-fol. sur vélin, g. p. 1.000 l.
2.098. Ludovicus à Paramo,
de origine & progressu officii Sanctæ Inquisitionis. Matriti, 1598, in-fol.
50 l. 1.
Photographie Librería J. Cintas, Madrid |
2.234. Digestorum seu
Pandectarum libri L. Floremiœ, 1553, 2 vol. in-fol. 100 l.
Photographie Sokol Books, London |
2.528. Lindenbrogi Codex
Legum antiquarum. Francofurti, 1613, in-fol. 54 l.
2.596. Platonis opera, gr.
& lat. ex editione Serranii. Hcnricus Stephanus, 1578, 3 tomes en 2 vol.
in-fol. 126 l.
2.903. Les Œuvres de Balzac. Paris, 1665, 2 vol. in-fol. 74
l.
3.091. Figures des Monnoies
de France, de J.-B. Haultin, 1619, in-4. 313 l.
3.170. C. Plinii Secundi Naturalis Historia. Venetiis, Nic.
Jenson Gallicum, 1472, in-fol. 420 l.
Photographie BnF |
3.223. Histoire physîque de la Mer, par le comte de Marsilli. Amterdam, 1725, in-fol., fig. 54 l.
3.245. Leonharti Fuschii Historia Stirpium. Basileæ, 1542,
in-fol. enluminé. 48 l. 12
3.270. Basil Besleri
Hortus Eystettensis, 1613, 2 vol. in-fol., C. M. mar. 321 l. 10
3.291. Petri de
Crescentiis Ruralia Commoda. Lovanii, 1474, in-fol. 129 l. 19
Photographie Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes |
3.454. Medicæ Artis
Principes, post Hippocratem & Galenum. H. Stephanus, 1567, in-fol. 91 l.
Photographie BnF |
3.566. Car. Stephani, dissectio Corporis humani. Parisiis, Colines, 1545, in-fol. sur vélin, fig. enlum. 499 l. 19
3.568. Godfridi Bidloo,
Anatomia Corporis humani, cum Tabulis de Lairesse. Amstelodami, 1685, in-fol.,
c. max. 193 l.
3.744. Machine di Agostino
Ramelli. Paris, 1588, in-fol. 72 l.
3.969. Traité sur la
Cavalerie, par le Comte Drummond. Paris, 1776, 2 vol. in-fol., fig. 114 l. 10
4.005. Architectura
Militare, di Fr. de Marchi. Brescia, 1599, in-fol. 100 l.
4.230 bis. Kircheri Œdipus
Ægyptiacus. Romæ, 1652, 3 tomes en 4 vol. in-fol. 149 l. 19
4.447. S. Dolet
Commentaria Linguæ Latinæ. Lugd., Gryphius, 1536 et 1538, 2 vol. in-fol. 312 l.
4.702. Pindari Olympia Pythia.
Venetiis, Aldus, 1513, in-8 sur vélin. 901 l.
4.706. Poetæ Græci
Principes. Henricus Stephanus, 1566, in-fol. 129 l. 19
Photographie BnF |
5.481. Le Temple des Muses, dessiné & gravé par B. Picart. Amsterdam, 1733, in-fol. 71 l. 19
5.905 bis. Collectio
Peregrinationum quæ vulgo nuncupatur. Francofurti, 1590-1634, 25 parties en 6
vol. in-fol., fig. de Théodore de Bry. 602 l.
5.964. Bernardi de
Breydenbach Peregrinatio sancta in Montem Sion, atque in Montem Sinaï. Spiræ,
Petrus Drach, 1490, in-fol. 52 l.
6.061. Vincentii Bellovacensis
Speculum Historiale. Per J. Mentellin, 1473, 4 vol. in-fol. 100 l.
6.065. Cérémonies &
Coutumes Religieuses de tous les Peuples du Monde, avec les figures de Picard
[sic]. Amsterdam, 1723, 9 vol. in-fol., gr. pap., qui contiennent les 11, parce
que les deux Suppléments et les Superstitions sont reliés chacun en un vol. 915
l.
6.453. Polybius Casauboni,
gr. & lat. Paris, 1609, in-fol., gr. pap. 299 l.
6.463. J. Cæsar, ex edit.
Sam. Clarke. Londini, 1712, in-fol. C. M. cum figuris æneis, mar. 375 l.
Photographie BnF |
6.622. Istoria di Francisco
Sforza, di Simoneta, trad. Da Christ. Landini. Milano, 1490, in-fol. sur vélin.
2.022 l.
Photographie Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes |
6.818 bis. Les Chroniques
de Froissard [sic]. Paris, Guillaume Eustace, 1514, 4 tomes en 3 vol. in-fol.
goth. sur vélin. 2.999 l. 19
7.224. Histoire de Bresse
& de Bugey, par Guichenon. Lyon, 1650, in-fol. 110 l.
7.256. Historiæ Normannorum
Scriptores, collecti ab A. du Chesne. Paris, 1619, in-fol. 168 l. 1
Photographie BnF |
7.868. Voyage de la Grèce, par M. de Choiseul. Paris, 1782, in-fol., 126 pl. 151 l. 1
Photographie BnF |
8.017. Traité des Pierres
gravées, par P. J. Mariette. Paris, 1750, 2 tomes en un vol. in-fol. 144 l.
8.229. Les Hommes Illustres
de ce siècle, par Perrault. Paris, 1696, 2 vol. in-fol., gr. pap., premières
épreuves. 98 l.
8.302. Monumens de la
Monarchie Françoise, par Bernard de Montfaucon. Paris, 1729, 5 vol. in-fol., G.
P. 800 l.
Le catalogue ne donne aucune indication d’ouvrages provenant du bibliophile Jean Grolier (1479-1565) ; cependant, des additions manuscrites sur l’exemplaire du libraire Antoine-Augustin Renouard (1765-1853) du catalogue de la bibliothèque du prince de Soubise indiquent que cette bibliothèque renfermait huit volumes à la reliure de Grolier :
4.811. Silius Italicus. De Bello Punico secundo libri XVII. Venetiis, Aldus, 1523, in-8, mar. citr., dos refait au chiffre de Soubise. Exemplaire de Cracherode. 48 l. 1 s. à Laurent.
4.857. Variorum Opuscula
campestria. Venetia, 1534, in-8, mar. citr. 29 l. 19 s. au libraire Belin.
4.878. Palladius
(Blossius). Coryciana, sive Variorum Carmina in laudem Jani Corycii. Romæ, apud
L. Vicentinum et Laut ; Perusinum, 1524, in-4, m. bl. à comp. 15 l. 2 s.
4.909 [et non 4.090, comme le rapporte Le Roux de Lincy, dans ses Recherches sur Jean Grolier. Paris, L. Potier, 1866]. Pontani (Joannis Joviani) Opera. Venetiis, Aldus, 1513, in-8, mar. bleu. Exemplaire de De Thou. 31 l. 12 s. à Gosford.
5.332 [et non 6.332, comme le rapporte Le Roux de Lincy]. Lucii Apuleii Metamorphosis. Venetiis, Aldus, 1521 – Alcinoi Introductio ad Platonis Dogmata. Aldus, 1521. En 1 vol. in-8, m. bl. 102 l. 18 s. à Chardin.
7.992. Jo. Huttichii
Imperatores Romani cum imaginibus. Lugd., 1550, in-8, v. b. 4 l. 1 s. à l’abbé de
Tersan.
7.993. Æneæ Vici
Commentaria. Venetiis, 1502, in-4, vélin, avec la signature de Grolier. 8 l. 19 s. au libraire Saugrain.
8.010. Guillielmi Budæi
Parisiensis, secretarii regii, libri V de Asse. Venetiis, in ædibus Aldi et
And. Asulani soceri, 1522, in-4, v. b. Exemplaire Mac-Carthy. 402 l.
Hôtel de Soubise, rue des Archives (1840) |
En 1808, l’hôtel de Soubise fut
affecté aux Archives impériales et l’hôtel de Rohan à l’Imprimerie impériale.