Eglise de Lormes en 1841, détruite en 1865, par Corot Wadsworth Atheneum, Hartford, Connecticut, USA |
La famille Renduel a vécu à
Lormes [Nièvre], dans le Morvan. La forme « Randuel » du patronyme, qui figure
dans les actes, n’est pas qu’une erreur de leurs différents rédacteurs : tous
les membres de la famille ont signé « Randuel », ou parfois « Randuelle »,
jusque vers la fin du XVIIIe siècle,
quand Jacques adopta la forme « Renduel ».
Généalogie simplifiée des Renduel |
Claude [I] Randuel, huissier,
épousa, le 9 décembre 1727, Anne, fille de Simon Pannetrat, lui-même huissier,
et de Marguerite Collin. Il en eut six enfants, dont Claude [II], baptisé le 3
octobre 1736, qui devint armurier-serrurier et qui prit pour femme, le 15
septembre 1760, Reine Camusat, fille d’un drapier : elle décéda
prématurément le 14 janvier 1763. Claude [II] se remaria, le 7 juin 1763, avec
Reine Ducrot, qui lui donna six enfants, puis, le 24 novembre 1789, avec
Gabrielle Girard ; il mourut le 22 nivôse An XI [12 janvier 1803].
Claude [I] Randuel, veuf en premières
noces d’Anne Pannetrat le 10 juin 1740, s’était remarié le 18 octobre 1740 avec
Françoise Droit, fille de Bernard Droit, tailleur d’habits, et de Élizabeth
Chalumeau : il avait eu d’elle huit autres enfants et mourut le 23 décembre
1757 ; sa veuve lui survécut jusqu’au 4 septembre 1778.
Jacques Renduel, deuxième des
enfants de Claude Randuel et de Reine Ducrot, naquit le 29 mars 1767, devint
cabaretier et épousa Étiennette-Henriette Gourdault, fille de Pierre Gourdault,
relieur à Avallon [Yonne], dont il eut deux filles et quatre fils : Marie,
née le 18 messidor An III [6 juillet 1795] ; Jean-Alban-Louis, né le 17
floréal An V [6 mai 1797] ; Pierre, né le 28 brumaire An VII [18 novembre
1798], qui devint l’éditeur connu sous le prénom d’Eugène ; Hugues-Alban,
né le 14 germinal An X [4 avril 1802] ; Jeanne-Françoise, née le 29
frimaire An XII [21 décembre 1803] ; Jean-Alban, né le 16 mars 1807.
***
Eugène Renduel en 1832 par Jean-François Gigoux |
Pierre Renduel est donc né dans
une famille modeste, le 28 brumaire An VII [18 novembre 1798], et non le 23,
comme dit Adolphe Jullien, dans Le
Romantisme et l’éditeur Renduel (Paris, Charpentier et Fasquelle, 1897, p.
12) :
« Le vingt neuf Brumaire an
sept de la republique francoise à neuf heures du matin, devant moy nicolas
heulhard du fery agent municipal de la commune de Lorme dept. de la
nievre y demeurant, et en cette qualité chargé de dresser les actes de
naissances et deces des citoyens, a comparu en la salle Publique de la maison
commune dud. Lorme, Jacques Randuel cabaretier y demeurant, le quel assisté de
pierre thieblot son oncle maréchal agé de soixante deux ans, et de marie
Claudine Randuel sa tante agée de quarante ans femme de claude Jean francois
Camusat, tous les deux demeurans aud. lorme, m’a déclaré que Etiennette
henriette Gourdeau sa femme en légitime mariage est accouchée hier soir sur les
trois heures d’un garcon qu’il m’a présenté et au quel il a donné le prénom de
pierre, d’après cette déclaration que led. pierre thieblot et marie claudine
Randuel m’ont certiffiée conforme a la vérité et la presentation qui m’a eté
faitte de l Enfant denommé j’ay en vertu des pouvoirs qui me sont délégués
dressé le présent acte que led. randuel père de l Enfant, et led. pierre
thieblot ont signés avec moy, lad. marie claudine Randuel a déclaré ne scavoir
signer : faît aud. lorme les jour an heure le lieu que dessus.
[signatures :] pierre thiéblot renduel heulhard du fery » [sic]
Dès la fin de sa scolarité, il
fut clerc de notaire chez Pierre-Gaspard Lobbé (1756-1826), à Lormes. Parti avec
ses parents, en 1816, pour Clamecy [Nièvre], il entra comme clerc d’avoué chez Vrain-Pierre-Gabriel
Pellault. Bientôt atteint par la conscription, il fut peu de temps soldat,
ayant pu se faire remplacer.
En 1819, il s’en fut à Paris, où
il trouva une place de commis chez deux libraires avant d’entrer, en 1821, chez
Jean-Baptiste-Pierre-Louis Touquet (1775-1836), ancien colonel d’État-major,
qui venait d’ouvrir une librairie, au 4e étage d’une maison, 18 rue
de la Huchette [Ve] :
« Fidèle aux promesses qu’il
a faites à ses nombreux souscripteurs, M. Touquet a publié ce matin le premier
volume de son Voltaire. Cette
première édition contient les soixante-deux premiers chapitres de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations,
c’est-à-dire plus de trois tomes de l’édition de Kehl. L’édition du Voltaire-Touquet, ainsi qu’on la désigne à la Quotidienne et autres lieux semblables, n’est pas comparable,
sans doute, sous le rapport de l’exécution typographique au Racine de Didot, par exemple ; mais
le papier est beau, l’impression est correcte, et la petite dimension des
caractères ne fatigue point l’œil des lecteurs.
M. Touquet, déjà célèbre par son
édition de la charte à cinq centimes, acquiert une nouvelle célébrité par son
édition du Voltaire à trente francs, et pour achever de se mettre aux prises
avec les partisans de l’obscurantisme, il vient de faire confectionner je ne
sais combien de milliers de tabatières, dont nous avons déjà parlé, et qui se
vendent, rue de Richelieu, n. 83, à l’enseigne de la Charte TOUQUET ; il
répand la charte avec profusion, il place aux mains des artisans, des ouvriers,
des plus modestes habitans de la campagne, les œuvres du plus philosophe des
philosophes, et il fabrique des tabatières au moyen desquelles on a toujours le
nez sur la charte. » [sic]
(Le Constitutionnel, journal
du commerce, politique et littéraire,
25 septembre 1820, p. 3)
Le magasin de Touquet fut
transféré, en novembre 1822, au 1er étage du 40 rue de la Huchette,
au coin du nouveau quai Saint-Michel et de la place du pont, puis, le 15
juillet 1823, au Marais, 21 rue Saint-Louis [rue de Turenne, IVe].
Les affaires amenaient fréquemment
Renduel chez Jean-Joseph Laurens (1751-1833), dit Laurens « Aîné », imprimeur-libraire,
alors 14 rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice [rue Bonaparte, VIe].
Il y
rencontra plusieurs fois la cadette des filles de l’imprimeur, Célestine-Rose Laurens,
née à Paris le 21 septembre 1801, et la demanda en mariage. Mais la mort de
Madame Laurens, Marie-Rose Grégoire, le 23 avril 1823, retarda cette union.
La librairie de Touquet commençant
à décliner – en faillite déclarée le 15 mars 1824 -, Renduel travailla quelque
temps chez la veuve de Étienne-Théodore Dabo, décédé le 20 août 1822, 5 rue
Hautefeuille [VIe], et chez Herménégilde-Honorat Hautecoeur, libraire
7 rue de Grenelle-Saint-Honoré [rue Jean-Jacques Rousseau, Ier].
Dès 1825, devenu « Eugène »
Renduel, il s’installa à son compte, 20 rue du Battoir [rue de Quatrefages, Ve].
L’ancien clerc édita alors, pour
moitié avec Charles Froment, libraire-éditeur des classiques français, 37 quai
des Augustins [quai des Grands-Augustins, VIe], Les Cinq Codes, avec
indication de leurs dispositions corrélatives, qui furent imprimés par
Jules Didot Aîné, 6 rue du Pont-de-Lodi [VIe], dans le format in-48.
Rue des Grands Augustins, vue de la rue Saint-André-des-Arts Photographie de Charles Marville Le n° 22 est à gauche, au niveau de la charette |
En 1826, tandis que Touquet
déménageait galerie Vivienne [IIe], Renduel déménagea son cabinet de
librairie au 22 rue des Grands-Augustins [VIe] et devint, pour deux
ans, directeur du Journal des avoués,
rédigé par Adolphe Chauveau (1802-1868), avocat à la Cour royale de Paris.
Il édita,
avec Charles Froment, le tome troisième des Lettres
sur la Suisse, par Raoul-Rochette, intitulé Lettres sur la Suisse écrites en 1824 et 1825 et imprimé en un
volume in-8 par Cosson, 9 rue Saint-Germain-des-Prés [rue Bonaparte, VIe].
Pendant ce temps, et avant le 16
mars 1826, Laurens « Aîné », installé alors 17 rue des Marais-Saint-Germain
[rue Visconti, VIe], vendait son imprimerie à Honoré de Balzac (1799-1850)
et quittait Paris pour Villers-Cotterêts [Aisne].
Renduel obtint enfin son brevet
de libraire le 7 août 1827 et publia, avec Pichon-Béchet, libraire 47 quai des
Augustins, successeur de Béchet « Aîné », le Code forestier expliqué par les motifs et la discussion (in-12),
par Adolphe Chauveau.
En 1828, Renduel édita une Nouvelle grammaire italienne, élémentaire et raisonnée, divisée en vingt leçons, avec des thèmes (in-12), par Clément Pantini
et Jérôme Monaci ; le Cours
d’archéologie, professé par M. Raoul-Rochette,
à la Bibliothèque du Roi, tous les mardis (in-8).
En 1829, il édita L’Homme blanc des rochers, ou Loganie et
Délia (4 vol. in-12), par Toulotte ;
Frontispice gravé sur bois, d'après un dessin de Eugène Sue |
Soirées de Walter Scott à Paris (1829-1831, 2 vol. in-8), par P. L.
Jacob ; Les Tarifs en matière civile,
commerciale et criminelle, expliqués et commentés (in-18), par A.
Vervoort, avec A. H. Devielbanc, 2 rue Saint-Étienne-des-Grès [rue Cujas, Ve] ;
deux ouvrages de l’historien Alexandre-Fursy Guesdon, sous son pseudonyme
« Mortonval » - Maurice Pierret,
épisode de 1793 (5 vol. in-12) et Le Comte de Villamayor, ou l’Espagne sous Charles IV (5 vol.
in-12) ; Les Marionnettes politiques ;
(Mœurs contemporaines) (4 vol. in-12),
par G. Touchard-Lafosse ;
Palmerin
d’Angleterre, chronique portugaise
(4 vol. in-12), par Francisco Moraes ; etc.
Devenu le libraire à la mode, Renduel
lança sur le marché un grand nombre de rééditions et d’ouvrages nouveaux. Il
eut l’habileté d’attirer à lui tous ces écrivains, aujourd’hui célèbres, alors
modestes débutants, de les enlever aux libraires qui avaient mis au jour leurs
livres de début, par des propositions plus avantageuses et l’audace de publier
tous leurs ouvrages, laissant au lecteur le soin de décider lesquels auraient
le plus de succès et le dédommageraient des pertes occasionnées par les autres.
Il s’entoura des meilleurs illustrateurs contemporains : Louis Boulanger
(1806-1867), Tony Johannot (1803-1852) et Célestin Nanteuil (1813-1873).
« La vie littéraire était, en ce
tems-là, une vie d’abnégation et de misère. Les grands journaux ne publiaient pas
de romans. La vieille critique y jouait encore son jeu. Seuls, Loëve Weimars et
Jules Janin avaient mis en œuvre l’esprit nouveau. Ce qui dominait alors,
c’était le voltairianisme tombé en enfance. La mode était de railler le
romantisme, - avec le rire de ceux qui ne sont pas contens. Il n’y avait donc
pas à frapper à la porte des journaux. Restaient les libraires ; mais ces
messieurs étaient des autocrates qui ne publiaient que les livres de leur bon
plaisir. Eugène Renduel tenait le haut du pavé ; quand un nouveau venu se
présentait devant lui, il le désarmait bien vite par un sourire moqueur. Il
avait pourtant publié les Jeunes France,
de Théophile Gautier ; mais cela ne voulait pas dire qu’il les eût payés. »
[sic]
(Arsène Houssaye. Les Confessions. Souvenirs d’un demi-siècle.
1830-1880. Paris, E. Dentu, 1885, t. I, p. 289-290)
Aux deux premiers rangs des
écrivains qui alimentèrent la librairie Renduel figurent Victor Hugo, puis les
frères Lacroix.
1830 : Les Deux Fous. Histoire du temps de François Ier. 1524
(in-8), par P. L. Jacob ;
Contes
fantastiques de E. T. A. Hoffmann (12 vol. in-12) ; Contes nocturnes de E. T. A. Hoffmann (4
vol. in-12) ; Législation et
jurisprudence des tribunaux de simple police (in-8), par Bost et
Daussy ; Le Bourreau (4 vol.
in-12), par François-Eugène Garay de Monglave, sous le pseudonyme « Maurice
Dufresne » ; Tableau de l’histoire
moderne (2 vol. in-8), par Frédéric Schlegel, traduit de l’allemand par
Joël Cherbuliez ; La Fin du monde,
histoire du temps présent et des choses à
venir (in-8), par Rey-Dussueil ; etc.
1831 : Le Roi des ribauds, histoire
du temps de Louis XII (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Plik et Plok (in-8), par Eugène
Sue ; Don Martin Gil. Histoire du
temps de Pierre-le-Cruel (2 vol. in-8), par Mortonval ;
Les Intimes (2 vol. in-8), par Michel
Raymond, pseudonyme de Raymond Brucker ; Le Caprice (2 vol. in-12), par Eugène Chapus ; Le Monde nouveau, histoire faisant suite à La Fin du monde, par Rey-Dussueil ; Marion Delorme, drame (in-8), par Victor Hugo, premier traité conclu entre le poète
et Renduel ; etc.
Notre-Dame de Paris (1832) Frontispice par Célestin Nanteuil |
1832 : Œuvres de Victor Hugo.- Romans
(I. Le Dernier jour d’un condamné. 18….
5e édition, in-8. II. Bug-Jargal.
1791. 5e édition, in-8. III. IV. V. Notre-Dame de Paris. 8e édition, 3 vol. in-8) ; Œuvres de Charles Nodier (I. Jean Sbogar. in-8. II. Le Peintre de Saltzbourg. Adèle. Thérèse
Aubert. in-8. III. Smarra. Triby.
Mélanges. Hélène Gillet. in-8. IV. La
Fée aux miettes. in-8. V. Rêveries.
in-8. VI. Mademoiselle de Marsan. Le
Nouveau Faust et la Nouvelle Marguerite. Le Songe d’or. in-8) ; Œuvres
de Charles Nodier. Le Dernier Chapitre de mon roman (in-8, pas de
tomaison) ; Un divorce, histoire du temps de l’Empire. 1812-1814
(in-8), par P.-L. Jacob ;
La Danse
macabre, histoire fantastique du quinzième
siècle (in-8), par P. L. Jacob, dont seule la 2e édition, la
même année, présente une gravure par Johannot en page de titre ; Vertu et tempérament, histoire du temps de la Restauration. 1818-1820-1832 (2 vol. in-8), par P. L.
Jacob ; Critiques et portraits
littéraires (in-8), par C.-A. Sainte-Beuve ; La Salamandre, roman maritime
(2 vol. in-8), par Eugène Sue ; Aux
enfants. Contes de E.-T.-A. Hoffmann (in-12) ; Contes et fantaisies de E. T. A. Hoffmann (Le t. XVII porte la date
de 1833, les t. XVIII et XIX la date de 1832, 3 vol. in-12) ;
Paris, Alde, 16 octobre 2014 : 1.400 € Reliure G. Mercier |
Les Consultations du Docteur-Noir. Stello,
ou les diables bleus (blue devils). Par le comte Alfred de Vigny. Première consultation (in-8, trois
vignettes de Tony Johannot, gravées par Brevière), avec Charles Gosselin, 9 rue
Saint-Germain-des-Prés ;
Paris, Drouot, 21 novembre 2014 : 800 € Reliure Salvador David, dorure Domont |
Les
Feuilles d’automne (in-8, préface datée de novembre 1831, vignette sur bois
de Porret d’après Tony Johannot), par Victor Hugo ; Critiques et portraits littéraires (3 vol. in-8, les deux derniers
ont paru en 1836), par Charles-Augustin Sainte-Beuve ;
Le Roi s’amuse, drame (in-8, vignette frontispice gravée sur bois par Andrew, L.
B., d’après Tony Johannot et tirée sur Chine), par Victor Hugo ; Les Deux Cadavres (2 vol. in-8), par
Frédéric Soulié ; La Table de nuit
(in-8), par Paul de Musset ;
Traité conclu entre Martin et Renduel pour la publication de Minuit et midi Coll. Bertrand Hugonnard-Roche |
Minuit
et midi – 1630-1649 (in-8), par
Henri Martin ; etc.
1833 : Œuvres de Victor Hugo.- Romans (VI. VII. Han d’Islande. 4e édition, 2 vol. in-8) ; Œuvres de Victor Hugo. - Drames. (I. Le Roi s’amuse. 3e édition,
in-8) ;
Œuvres de Victor Hugo.
Drames. (V. Lucrèce Borgia. 3e
édition, in-8. VI. Marie Tudor.
in-8) ; Œuvres complètes de Charles
Nodier (VII. Le Dernier Banquet des
Girondins ; étude historique,
suivie de Recherches sur l’éloquence
révolutionnaire. in-8. VIII. Souvenirs
et portraits. in-8) ; Quand
j’étais jeune, souvenirs d’un vieux
(2 vol. in-8), par Paul L. Jacob ; De
la France (in-8), par Henri Heine ; La Vie de E.-T.-A. Hoffmann, d’après
les documens originaux (non tomé, mais forme le t. XX des Œuvres complètes de E. T. A. Hoffmann,
in-12, portrait de Hoffmann gravé sur acier par P. Pelée, d’après
Henriquel-Dupont) ;
Les Jeunes
France, romans goguenards (in-8, frontispice
eau-forte de Célestin Nanteuil), par Théophile Gautier ; Les Deux Cadavres (3e
édition, 2 vol. in-8), par Frédéric Soulié ;
Champavert. Contes immoraux (in-8, vignette sur bois de Jean
Gigoux, gravée par Godard), par Pétrus Borel, le lycanthrope ; Le Sabbat des sorcières, chronique de 1459 (in-8), traduit de
l’allemand de Louis Tieck ; De la France
(in-8), par Henri Heine ; Titime ?
Histoires de l’autre monde (in-8),
par Eugène Chapus et Victor Charlier ;
"La Coupe et les Lèvres" |
Un
spectacle dans un fauteuil (in-8), par Alfred de Musset ;
Les Écorcheurs ou l’Usurpation et la Peste,
fragmens historiques. 1418 (2 vol. in-8, vignettes de Tony
Johannot), par le vicomte d’Arlincourt ; L’Âme et la Solitude (in-8), par Achille du Clésieux ; Samuel, roman sérieux (in-8), par Paul de Musset ; L’Amulette. Étrennes à nos jeunes amis. -
1834 (in-18), édité avec F. Astoin ; Le Libelliste. 1651-1652 (2 vol. in-8), par Henri Martin ; Une grossesse (in-8), par Jules
Lacroix ;
Le Balcon de l’Opéra (in-8),
par Joseph d’Ortigue, seule incursion de Renduel sur le terrain musical ;
Poésies posthumes et inédites (2 vol.
in-8), par André Chénier, avec Gervais Charpentier, 4 rue Montesquieu [Ier] ;
etc.
Au cours de l’année 1833, Renduel
fut aussi le libraire, pour la France, de L’Europe
littéraire, journal de la littérature
nationale et étrangère, paraissant trois fois par semaine, dont le premier
numéro parut le 1er mars 1833, et le 69e et dernier, le 9
août 1833.
1834 : Œuvres complètes de Victor Hugo.- Poésie (I. II. Odes et ballades. 2 vol. in-8. III. Les Orientales. in-8. IV. Les Feuilles d’automne. in-8) ; Œuvres complètes de Victor Hugo. 1819-1834.
Littérature et philosophie mêlées. (I. II. 2 vol. in-8) ; Œuvres complètes de Charles Nodier (X. Souvenirs de jeunesse. in-8. XII. Notions élémentaires de linguistique.
in-8) ; Les Francs-Taupins, histoire du temps de Charles VII, 1440 (3 vol. in-8), par Paul L.
Jacob ; Volupté (2 vol. in-8),
anonyme [C.-A. Sainte-Beuve] ; Œuvres
de Henri Heine (II. III. Reisebilder-Tableaux de voyages. 2 vol. in-8, t. I
non paru) ; Paroles d’un croyant
1833 (in-8), anonyme [Félicité de La Mennais] ; La Sainte-Baume (2 vol. in-8), par Joseph d’Ortigue ;
Venezia la bella (2 vol. in-8), par
Alphonse Royer ; Les Hirondelles
(in-18), par Alphonse Esquiros ;
Paris, Sotheby's, 19 juin 2013 : 1.250 € Reliure Duplanil |
Un
roman pour les cuisinières (in-8, blason sur le titre, frontispice signé
par Camille Rogier), par Émile Cabanon ; Études sur la science sociale (in-8), par Jules Lechevalier ; La Tête et le Cœur (in-8), par Paul de
Musset ; Corps sans âme (2 vol.
in-8), par Jules Lacroix ; Un accès
de fièvre (in-8), par Juliette Bécard ; etc.
1835 : Œuvres complètes de Victor Hugo.- Poésie (V. Les Chants du crépuscule. in-8) ; Œuvres de Victor Hugo. Drames. (VII. Angelo, tyran de Padoue.
in-8) ; Œuvres de Sainte-Beuve.
Poésie (II. Les Consolations. 2e
édition, in-8) ; Œuvres de Henri
Heine (V. VI. De l’Allemagne. 2
vol. in-8) ;
Lyon, Librairie ancienne Clagahe : 6.000 € Reliure de Cuzin |
Mademoiselle de Maupin
– Double amour – (1835-1836, 2 vol. in-8), par Théophile Gautier ; Pélerinages (in-8), par Édouard
d’Anglemont ; Lettres autographes de
Madame Roland, adressées à
Bancal-des-Issarts, membre de la Convention
(in-8) ;
Œuvres complètes de Berquin
(4 vol. in-12), avec Félix Astoin, 60 rue Saint-André-des-Arts, et A. Biais, 26
rue des Bons-Enfants ; Une fleur à
vendre (2 vol. in-8), par Jules Lacroix ; Le Monde comme il est (2 vol. in-8), par le marquis de
Custine ; Outre-mer (2 vol.
in-8), par Louis de Maynard de Queilhe ; etc.
1836 : Œuvres complètes de Victor Hugo. Drames. (I. II. Cromwell. 2 vol. in-8. III. Hernani. in-8. IV. Marion de Lorme. in-8) ; La
Folle d’Orléans, histoire du temps de
Louis XIV (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Pignerol, histoire du temps
de Louis XIV. 1680 (2 vol. in-8), par P. L. Jacob ; Mon grand fauteuil (2 vol. in-8), par P.
L. Jacob ; Critiques et portraits
littéraires (1836-1839, 5 vol. in-8), par C.-A. Sainte-Beuve ;
Reliure "à la cathédrale" |
Notre-Dame de Paris (1 vol. in-8,
première édition illustrée, dite « édition keepsake », et 3 vol. in-8
avec les mêmes gravures), par Victor Hugo ; La Carte jaune, roman de
Paris (2 vol. in-8), par Eugène Chapus ; Histoire des lettres avant le christianisme (2 premiers tomes, in-8),
par Amédée Duquesnel ; etc.
En 1837, Renduel transféra sa librairie au 3 rue Christine
[VIe] :
« Il y a bien des années, j’avais
entrevu le Renduel des anciens jours, dans son dernier domicile de libraire,
celui de la rue Christine (1837). Les établissements des éditeurs les plus
renommés n’étaient pas alors, comme aujourd’hui, de véritables ministères. Ce
magasin de Renduel occupait le rez-de-chaussée d’une vieille maison qui n’avait
été ni repeinte, ni peut-être balayée depuis la première Révolution. C’était
une vaste pièce tirant son jour d’une petite cour intérieure profondément
encaissée. […]. J’aurais volontiers remercié Renduel, qui daignait me vendre
lui-même un certain nombre de volumes in-8° à couverture jaune, de 250 à 300
pages en moyenne, dont plus de la moitié n’était que du papier blanc, ou plutôt
gris ; - le tout au prix réglementaire de 7 fr. 50 le volume, sans escompte ni
remise. […]. Le tout formait un gros paquet que Renduel aurait bien voulu se
dispenser de me faire porter à domicile ; attendu, disait-il, que son unique
commis était sujet à s’attarder aux vitrines des marchands d’estampes. Avec de
si beaux bénéfices, et d’aussi belles économies sur les frais généraux, il ne
pouvait manquer de s’enrichir promptement. Aussi il “ pensait déjà à faire la
retraite ”, comme le Tircis de Racan. »
(Bon E. [Baron Ernouf]. «
Causeries d’un bibliophile ». In Bulletin
du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Léon Techener, 1880, p. 88-89)
1837 : Œuvres complètes de Victor Hugo.- Poésie (VI. Les Voix intérieures. in-8) ; Œuvres complètes de Charles Nodier (XI. Contes en prose et en vers. in-8) ; Pensées d’août, poésies (in-18),
par Sainte-Beuve ; Luccioles (in-8),
par Théodore Guiard, avec Houdaille, 11 rue du Coq [rue de Marengo, Ier] ;
Le Livre des communes, ou le Presbytère, l’École et la Mairie (in-8), par Roselly de Lorgues, avec la
Société agiographique, 14 rue du Pot-de-Fer-Saint-Sulpice ; Arthur (in-8), par Ulric
Guttinguer ; etc.
1838 : Castille et Léon, drame
(in-8), par Ferdinand Dugué ; Tout
est bien, poésie (in-8), par
Victor Leroux ; etc. Le libraire Henry-Louis Delloye, 13 place de la
Bourse [IIe], reprit les Œuvres
complètes de Victor Hugo.
Château de Beuvron, vers 1880 |
Château de Beuvron, aujourd'hui Photographie Ph. Poiseau |
Cette même année 1838, Renduel,
las de la librairie, acheta le château de Beuvron [Nièvre], à une quinzaine de
kilomètres au sud de Clamecy et à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de
Lormes, avec 20 hectares de prés et 40 hectares de terres en culture. Ce
château, bâti au XVe siècle, au
bord de la rivière, a été fortement remanié aux XVIIe
et XVIIIe siècles. Il se
compose de deux corps de logis, disposés à angle droit, et flanqués d’une tour
ronde à leur jonction ; on y pénètre par un portail carré défendu par une
bretèche. Il y passa d’abord plusieurs mois par an.
1839 : Histoire des Français des divers états aux cinq derniers siècles – XVIIe siècle (7e
et 8e vol., in-8), par Amans-Alexis Monteil ; Le Vol des heures. Poésies (in-8), par Ferdinand Dugué ; etc.
Port-Royal (Paris, Eugène Renduel et L. Hachette et Cie, 1840-1859) |
1840 : Port-Royal (t. I daté 1840, t. II daté 1842, 2 vol. in-8), par
C.-A. Sainte-Beuve.
En 1841, le libraire Louis
Hachette (1800-1864), 12 rue Pierre Sarrazin [VIe], reprit le fonds
romantique de Renduel.
Renduel avait promis, en 1833, à
Louis, dit « Aloysius », Bertrand de faire paraître son livre, Gaspard de la nuit. Bertrand essaya une
dernière fois, le 5 octobre 1840, de faire sortir son manuscrit des tiroirs de
son éditeur : celui-ci était absent et Bertrand lui laissa un sonnet, qui
furent ses derniers vers. Quelques mois après, le 11 mars 1841, Bertrand entra
à l’hôpital une troisième fois, cette fois à Necker, pour y mourir, le 29
avril. À la fin de l’année 1842, grâce aux efforts de Sainte-Beuve et de David
d’Angers, qui racheta le manuscrit à Renduel, Gaspard de la nuit. Fantaisies
à la manière de Rembrandt et de Callot (Angers, V. Pavie, et Paris,
Labitte, 1842, in-8) vit enfin le jour.
Après avoir enfin épousé
Célestine-Rose Laurens, le 29 février 1840, aux Batignolles [Paris XVIIe],
Renduel, en libraire avisé - sentant peut-être le déclin du romantisme -, se
retira des affaires et s’installa définitivement à Beuvron. Il s’occupa alors
d’agriculture, obtint des prix aux comices, se fit aimer et élire maire
d’octobre 1840 à octobre 1846 et de janvier 1871 à février 1874 : il se
donna tout entier à ses fonctions municipales, veillant à mieux employer les
fonds de secours et faisant exécuter des routes praticables, dont l’une, la
route de Clamecy à Brinon-sur-Beuvron, fut appelée « le chemin de Renduel ».
À Paris, on l’oublia, malgré
quelques brefs retours : il descendait à l’hôtel des Colonies, 27 rue Paul
Lelong [IIe], et dînait au Restaurant Magny, qui fonctionna de 1842
à 1895, 3 rue de Contrescarpe-Dauphine [rue André Mazet, VIe]. On se
demande pourquoi Edmond Werdet n’a pas un mot de souvenir pour son ancien confrère,
dans De la librairie française
(Paris, E. Dentu, 1860).
Pour soigner une ancienne maladie
du foie, Renduel allait presque chaque année aux eaux de Bourbonne-les-Bains
[Haute-Marne]. Il était encore alerte et solide, quand il fut subitement frappé
d’une paralysie partielle ; une seconde attaque plus violente l’emporta le 19
octobre 1874.
La plupart des journaux se
contentèrent d’annoncer cette mort comme un simple fait divers, tous le croyant
enterré depuis longtemps :
« Eugène Renduel vient de mourir
dans sa soixante-seizième année, au château de Beuvron (Nièvre).
A ce seul nom, ce qui reste de la
génération de 1830 n’a pu s’empêcher de dresser l’oreille. Eugène Renduel a été
celui des éditeurs qui a le plus contribué à affermir l’école romantique dans
son triomphe. C’est lui qui a prononcé une sorte de fiat lux pour les œuvres magistrales d’alors ; ses in-octavos,
illustrés de vignettes de Poret et des Johannot, donnaient plus de relief
encore à Victor Hugo, à Charles Nodier, à Théophile Gautier et aux autres. […]
S’il faisait de bonnes affaires
avec les grands écrivains de son temps, il les mettait de moitié dans la
réussite de l’entreprise. Un livre édité par lui avait, rien que sur le nom de
celui qui l’avait fabriqué, un passe-port sûr auprès du public.
Les catalogues qu’il a laissés
sont des monuments littéraires. Il n’y a pas de bibliophile qui ne se fasse un
devoir de les consulter, afin de se rendre compte de ce que pouvait être
l’esprit français en 1830. Eugène Renduel, très-téméraire, a été le premier
éditeur des deux ouvrages les plus audacieux de ce temps : Reisebilder, d’Henri Heine, et les Paroles d’un croyant, de Lamennais. » [sic]
(Philibert Audebrand. « Courrier
de Paris » In L’Illustration, samedi
7 novembre 1874, p. 295)
« Renduel en avait gardé
beaucoup de ces livres précieux, mais il en avait perdu aussi beaucoup par
manque de prudence et par la bêtise des paysans qui fouillaient librement dans
ces volumes, en regardaient d’abord les images et puis les déchiraient pour
allumer leur feu. Ne surprit-on pas un jour la bonne et le jardinier qui s’escrimaient
de la plume et du crayon sur une brochure dont l’édition princeps vaut de l’or aujourd’hui : le Sacre de Charles X, par Victor Hugo ? Renduel n’avait pas
perdu des livres de ce seul fait : il en avait aussi donné à de prétendus
amateurs ; il en avait prêté qui n’étaient jamais revenus […] mais sa
bibliothèque, après tant de malheurs, était encore assez bien garnie en
éditions originales, et le vieux libraire regardait surtout avec amour des
tirages sur beau papier de Chine ou des Vosges, sur papier rose ou vert, qu’il
avait faits pour lui-même et seulement pour des volumes de choix, ceux signés
de Victor Hugo, de Sainte-Beuve et de Lamennais, de Charles Nodier et d’Alfred
de Musset ; il couvait enfin d’un œil jaloux deux recueils médiocrement élégants
et qui n’étaient rien moins que les épreuves complètes des Voix intérieures et de Cromwell,
avec corrections de la main de l’auteur.
Vous figurez-vous quelle quantité
inconcevable de lettres : offres, requêtes, demandes d’argent, reproches,
engagements, Renduel dut recevoir pendant les dix ans qu’il fut le libraire
attitré de l’école romantique ? Et dans cet énorme masse de papiers qu’il
avait conservés, que de noms illustres dans les lettres, les arts et la
politique à côté d’autres de notoriété moyenne ou même absolument
inconnus ! » [sic]
(Adolphe Jullien. Le Romantisme et l’éditeur Renduel. Paris,
Charpentier et Fasquelle, 1897, p. 76-79)
Eugène Renduel, par Auguste de Châtillon (1836) Musée Carnavalet |
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