En France, le visage définitif de l’édition
scolaire s’est constitué dans le courant du XIXe siècle : aux anciennes maisons Belin et
Mame, se sont ajoutées les librairies Hachette en 1826, Larousse en 1852,
Delagrave en 1865, Armand Colin en 1870, Henry Vuibert en 1876, Alexandre
Hatier et Fernand Nathan en 1881.
Eglise Saint-Bénigne d'Ambonville |
D’une famille originaire d’Ambonville
[Haute-Marne], dont les membres signaient « Hastier » tout au long du
XVIIIe siècle, François-Alexandre
Hatier y est né le 9 juillet 1856, fils de Marguerite-Élisabeth Hatier
(1829-1901), qui épousa Jean-Baptiste-Félix Persin, sabotier, à Beurville
[Haute-Marne], le 26 janvier 1863, sans reconnaissance de l’enfant.
Alexandre Hatier vint à Paris à l’âge de 14 ans,
pour travailler successivement chez des libraires du VIe arrondissement :
Abel Pilon, 33 rue de Fleurus, de 1870 à 1876 ; L. Schulz & Fils, 12
rue de Seine, de 1876 à 1878 ; Alphonse Pigoreau, 9 quai des
Grands-Augustins, de 1878 à 1880.
Au mois de décembre 1880, Hatier fonda sa propre maison
d’édition, en reprenant le fonds de la « Librairie d’Éducation »
d’Amable Rigaud, 33 quai des Grands-Augustins.
Jean-Amable Rigaud, fils d’Antoine Rigaud, ancien
garde magasin général de l’armée d’Italie devenu maître d’école, et de Rose
Chiesa, mariés à Milan [Italie] le 16 avril 1797, était né à Déville
[Seine-Maritime] le 12 juillet 1810.
Amable Rigaud avait été commis libraire, avant de
devenir gérant de la maison de Madame Deschamps, 5 et 7 galerie Vivienne [IIe],
à laquelle il avait succédé vers 1840. Il avait déménagé 50 rue Sainte-Anne
vers 1855, puis 33 rue des Grands-Augustins [ancienne maison Féréol-Alexis-Joseph
Vermot (1828-1893)] en 1869.
Devenu, en 1856, propriétaire du Journal des enfants et Conseiller des
enfants, il y avait écrit sous les pseudonymes de « Charles de
Ribelle » et « Céline d’Ornans », puis avait publié plusieurs
ouvrages, sous les dits pseudonymes, qui eurent quelque succès :
La Morale en action (1858), Histoire des animaux célèbres (1859), Le Livre des jeunes personnes vertueuses
(1859), Le Monde et ses merveilles
(1859), Les Récits amusants (1859), Les Fêtes de l’enfance (1859), La France. Types, mœurs et merveilles de la
nature (1859), Les Fastes de la
marine française (1860), Les Voyages
de mon oncle Vincent (1860), Histoire
des siècles et des principales inventions et découvertes (1860), Les Aventures du cousin Simon (1861), Les Récits du père François (1861), La Morale amusante (1861), La Jeune Fille chez tous les peuples
(1862), L’Œuvre de Dieu (1862), Le Grand Livre des petits chérubins
(1862), Histoire de la famille à Riquiqui
et du fameux Gargantua (1863), Les
Infortunes de ma tante Josuette et du cousin Bernard (1863), Voyage à travers le monde et l’industrie des
nations (1863), Les Confidences de
Gribouille (1864), Histoires pour
rire (1865), Mémoires et souvenirs de
Cadet-Roussel et de son ami Dumolet (1865), Les Métamorphoses de Gringalet (1865), La Civilité honnête, instructive
et amusante (1866), Les Trente-Six
histoires du père Laridon (1867).
Le 25 septembre 1883, Hatier épousa, à
Neufchâtel-sur-Aisne [Aisne], Marie-Alphonsine Lefèvre, née le 30 avril 1858,
fille de Auguste-Adolphe Lefèvre, négociant, et de Célinie Nottellet.
La librairie Hatier fut orientée, dès sa
création, vers l’édition scolaire. Après les livres de prix, reliés en
percaline rouge riche en dorures,
les fameux manuels de Pierre-Albert Brémant
(1855-1908), fils d’instituteur et directeur des cours de l’École d’horlogerie
de Paris, destinés à l’enseignement primaire, furent, à partir de 1884, un des
grands succès de la maison.
L’Histoire
de la littérature française, par Charles-Marc Des Granges (1861-1944),
professeur au lycée Henri IV, connut 50 éditions entre 1910 et 1958 ; la
même année 1910 parut ses Morceaux
choisis des auteurs français.
A l'angle de la rue Séguier |
En 1910, les inondations de la capitale
submergèrent magasins et bureaux, anéantissant les stocks.
La librairie émigra
alors vers le 8 rue d’Assas [VIe], propriété de la baronne de
Grovestins. Au siècle précédent, ces locaux étaient occupés par la Société Fée
et Cie, brocheur en livres. La librairie Hatier s’étendra
progressivement, en traversant le bloc d’immeubles jusqu’aux 59 et 63 du
boulevard Raspail d’une part, en englobant le 6 de la rue d’Assas d’autre part.
Dès 1912, Charles Georgin (1868-1932) publia chez
Hatier son Manuel latin en vue de la traduction.
En 1913, Hatier racheta les droits d’éditer le Dictionnaire des huit mille verbes usuels de
la langue française, dont la 1ère édition était de 1843, par les
frères Louis-Nicolas Bescherelle (1802-1883) et Henri-Honoré Bescherelle
(1804-1887).
Le 16 juillet 1913, à Chaillenois [Aisne],
Blanche-Marie-Augustine-Élisa Hatier, née à Paris le 24 juin 1884, épousa
Adrien-Paul-Marie Foulon (1875-1931).
Le 25 février 1916, à Nevers [Nièvre],
Jean-Marie-Alexandre-Julien Hatier, né à Paris le 20 mai 1890, épousa
Aimée-Rose-Honorine-Hélène Collin (1891-1980).
Sous-lieutenant au 122e
régiment d’infanterie, il fut tué au Mort-Homme, sur la commune de Chattancourt
[Meuse], le 20 août 1917.
En 1917, Charles Georgin publia chez Hatier Œdipe-Roi de Sophocle.
En 1925, parut La Littérature anglaise par les textes, par Georges Guibillon.
Alexandre Hatier mourut à Trélissac [Dordogne],
le 15 juillet 1928 : son acte de décès mentionne « fils des défunts
Jean Baptiste Hatier et de Elisabeth Hatier » … En vertu d’un arrêt rendu
le 5 juin 1923 par la Cour d’appel de Dijon [Côte-d’Or], Alexandre Hatier avait
été adopté par son oncle Jean-Baptiste-François Hatier. Alexandre Hatier fut
inhumé au cimetière du Montparnasse le 18 juillet.
Son épouse Marie-Alphonsine Lefèvre lui succéda,
jusqu’à son décès, le 21 février 1931 à Bordeaux [Gironde], puis ce fut sa
fille Blanche Foulon qui dirigea la maison jusqu’à son décès, à Paris, le 15
novembre 1934.
Marque de la Librairie Alexandre Hatier " Je sers le lecteur " |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire