mercredi 13 juillet 2022

Victor Audouin (1797-1841) : la plus riche bibliothèque entomologique de Paris

  La reproduction des articles est autorisée à condition d'en citer l'origine.

Palluau-sur-Indre


D’une famille originaire de Palluau-sur-Indre [Indre], passée à Tours [Indre-et-Loire] au milieu du XVIIIe siècle, Jean-Victor Audouin est né à Paris, le 8 floréal An V [27 avril 1797], troisième des sept enfants d’un avocat peu fortuné.


 

Ce père, Victor-Joseph Audouin, né le 15 octobre 1762 à Tours et baptisé le même jour en l’église Saint-Hilaire, habitait rue des Juifs à Paris [rue Ferdinand Duval, IVe] quand il épousa, le 24 juillet 1792, en l’église Saint-Étienne-du-Mont [Ve], Jeanne-Marie-Pierrette Énée, née le 14 juillet 1770 à Choisy-le-Roi [Val-de-Marne], fille d’un ancien entrepreneur des bâtiments du Roi, demeurant rue des Maçons-Sorbonne [rue Champollion, Ve]. Pierrette Énée mourut en son domicile de Sèvres [Hauts-de-Seine], 88 rue Royale, le 22 mai 1837, Victor-Joseph Audouin mourut à Paris, le 27 mars 1848.

Son grand-père, Claude-Étienne Audouin, fils de notaire à Palluau-sur-Indre, lui-même procureur au bailliage de Tours, naquit à Palluau-sur-Indre où il fut baptisé le 29 décembre 1728. Il épousa Marie Bujon, fille d’un marchand carrier, née le 16 août 1721 à Tours, et baptisée le lendemain en l’église Saint-Hilaire. Il mourut à Tours, 2 rue Descartes, le 16 prairial An VII [4 juin 1799].

Entrée de l'ancien lycée de Reims, rue de l'Université
Prosper Tarbé. Reims. Essais historiques sur ses rues et ses monuments.
Reims, Quentin-Dailly, 1844, p. 220


Audouin commença ses études en 1807 au lycée de Reims [Marne], - ouvert depuis le 1er vendémiaire An XIII [23 septembre 1804] dans l’ancien collège des Bons-Enfants, rue de l’Université -, les poursuivit à Paris au Lycée impérial [lycée Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques, Ve] en 1809, passa en 1812, grâce à la protection d’un parent, au collège principal de Lucques [Italie], et reprit ses études au lycée Louis-le-Grand en 1814. Son séjour en Italie avait développé en lui le goût des sciences naturelles, mais son père voulut lui faire embrasser sa profession, exigea qu’il fît son droit et le plaça chez un avoué.

En 1816, se livrant à la chasse des insectes dans le bois de Meudon [Hauts-de-Seine], il rencontra le minéralogiste Alexandre Brongniart (1770-1847), qui le prit comme secrétaire et aide naturaliste au Jardin du Roi, moyennant 600 francs par an : ses parents lui permirent alors de quitter le droit pour la médecine.

Le 2 juillet 1816, sa sœur aînée, Catherine-Alexandrine Audouin, née à Paris le 5 frimaire An IV [26 novembre 1795], demeurant chez ses parents 9 rue des Maçons-Sorbonne, épousa Charles-Prosper Dehansy, libraire, né à Paris, paroisse Saint-Jacques-le-Majeur [dite de la Boucherie, IVe], le 19 février 1776, veuf de Marguerite-Françoise Delaunay, demeurant 1 rue de la Sorbonne [Ve].  

Audouin entra chez un pharmacien, puis il servit d’aide au préparateur des cours de l’École de pharmacie, Heinrich-August Vogel (1778-1867), futur professeur de chimie à Munich [Allemagne]. Pendant ce temps, de 1818 à 1824, il publia neuf mémoires concernant l’entomologie, ce qui lui valut d’être reçu membre de la Société d’histoire naturelle de Paris le 16 mars 1821, de la Société philomathique de Paris, « pépinière de l’Académie des sciences », le 19 mai 1821, de l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie, de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève et de la Société des curieux de la nature de Moscou. 



Nommé sous-bibliothécaire de l’Institut royal de France en 1823, il fonda l’année suivante, avec ses futurs beaux-frères, Adolphe Brongniart (1801-1876) et Jean-Baptiste Dumas (1800-1884), les Annales des Sciences Naturelles. En 1825, il remplaça « le prince des entomologistes », Pierre-André Latreille (1762-1833), malade, pour faire son cours au Muséum national d’histoire naturelle [rue Buffon, Ve]. Cette même année, il fut chargé par le Muséum et la Commission des sciences et des arts pour l’ouvrage sur la Description de l’Égypte de compléter la légende des planches relatives aux invertébrés, que le naturaliste Marie-Jules-César Savigny (1777-1851) n’avait pu achever, étant devenu aveugle, ce qui lui valut d’être nommé chevalier de l’Ordre royal de de la Légion d’honneur, par une ordonnance du Roi du 25 janvier 1826.


 

Il fut reçu docteur en médecine le 22 août 1826, après avoir soutenu une thèse intitulée Prodrome d’une histoire naturelle, chimique, pharmaceutique et médicale des cantharides.

De 1826 à 1829, il s’attacha à l’étude des invertébrés marins sur les côtes, à Granville et aux îles Chausey [Manche], et à Saint-Malo [Ille-et-Vilaine], avec son confrère Henri-Milne Edwards (1800-1885), dit « Henri Milne-Edwards ». 

Photographie Karine Lerissel

En 1826, un oiseau lui fut dédié : le goéland d’Audouin [Ichthyætus audouinii].

Victor Audouin

 
Mathilde Brongniart

Le 6 décembre 1827, en l’église Saint-Thomas d’Aquin [VIIe], il épousa Mathilde-Émilie Brongniart (1808-1882), fille de Alexandre Brongniart et de Cécile Coquebert de Montbret (1782-1862). De cette union naquirent deux garçons, dont l’aîné mourut en bas âge, et une fille.

Audouin devint aide-naturaliste d’entomologie au Muséum en 1830, fut l’un des fondateurs de la Société entomologique de France en 1832 et succéda en 1833 à Latreille comme professeur au Muséum. 

Situation de la maison de Buffon [76] au Jardin des Plantes
Boitard et J. Janin. Le Jardin des Plantes. Paris, Gustave Barba, 1851, p. 40



Il habita dès lors au Jardin des Plantes, dans la maison dite « de Buffon », pavillon à l’angle de la rue Buffon et de la rue du Jardin du Roi [rue Geoffroy Saint-Hilaire, Ve].


 

En 1832, alors qu’il n’avait jamais pratiqué la médecine, Audouin n’hésita pas à payer de sa personne lors de l’épidémie de choléra, accompagnant Louis-François-Emmanuel Rousseau (1788-1868), médecin et aide naturaliste au Muséum, dans ses visites aux malades de l’ancien XIIe arrondissement. Il reçut de la ville de Paris une médaille portant « GÉNÉROSITÉ DÉVOUEMENT ».

Audouin fut reçu membre de la Société royale et centrale d’Agriculture en 1834. En 1837, le ministre de l’agriculture et du commerce, informé des ravages que faisait dans les vignobles du Mâconnais la pyrale de la vigne, le chargea de se rendre sur les lieux pour indiquer les moyens de s’y opposer. S’étant acquitté de cette tâche, il fut élu à l’Académie des sciences le 5 février 1838.

Après plusieurs voyages dans diverses parties de la France, dans le but d’étudier les insectes nuisibles à l’agriculture, il fut brutalement terrassé par un accident vasculaire cérébral le 9 novembre 1841, de passage à Saint-Mandé [Val-de-Marne], 14 chaussée de l’Étang, à l’âge de 44 ans. 



Il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [Division 11].

Jean-Victor Audouin était aussi membre de la Société royale académique de Caen, des Sociétés linnéennes de Bordeaux et du Calvados, des Sociétés académiques de la Loire-Inférieure et d’Arras, de l’Académie des sciences d’Aix, de la Société des sciences de Lille, de la Société philomathique de Perpignan, des Sociétés d’agriculture de la Drôme, de la Marne, de Lyon, de la Charente-Inférieure, du département de Seine-et-Oise et d’Aurillac, du Cercle médical de Vassy, de l’Académie de médecine de Marseille ; de l’Académie des sciences de Stockholm, de l’Académie royale de Turin, du Lycée des sciences naturelles de New York, des Sociétés géologique et entomologique de Londres, des Sociétés d’histoire naturelle de Hartford, de l’ile Maurice et de Hall, de l’Académie des géorgophiles de Florence, de la Société d’agriculture de Turin et de la Société de médecine de Gand.  

Photographie BnF

 

Son ouvrage majeur, Histoire des insectes nuisibles à la vigne, et particulièrement de la pyrale qui dévaste les vignobles […] ; avec l’indication des moyens qu’on doit employer pour la combattre (Paris, Fortin, Masson et Cie, 1842, in-4, 23 pl.), dont la première livraison est parue en 1840, fut publié après sa mort, par ses amis Henri Milne-Edwards et Émile Blanchard (1819-1900), sous les auspices du ministre de l’agriculture et du commerce et des conseils généraux des départements ravagés.


 

Sa riche bibliothèque entomologique fut dispersée du mardi 10 au mercredi 25 mai 1842, en 14 vacations, au Jardin des Plantes, dans le bâtiment de l’ancienne Bibliothèque : Catalogue des livres d’histoire naturelle et principalement d’entomologie Composant la Bibliothèque de feu M. Victor Audouin, membre de l’Académie des sciences, professeur d’entomologie au Muséum d’histoire naturelle (Paris, Merlin, 1842, in-8, [4]-171-[1 bl.] p., 2.250 + 18 doubles [bis] = 2.268 lots, nombreuses erreurs de numérotation), dont Sciences en général [61 lots = 2,68 %], Histoire naturelle en général [76 lots = 3,35 %], Anatomie et physiologie animale [40 lots = 1,76 %], Anatomie et physiologie de divers organes en particulier [130 lots = 5,73 %], Zoologie générale [90 lots = 3,96 %], Animaux vertébrés en général et mammifères en particulier [44 lots = 1,94 %], Oiseaux [16 lots = 0,70%], Reptiles [27 lots = 1,19 %], Poissons [19 lots = 0,83%], Entomologie générale [352 lots = 15,52 %], Insectes en particulier [627 lots = 27,64 %], Arachnides [53 lots = 2,33 %], Crustacés [72 lots = 3,17 %], Cirripèdes [4 lots = 0,17 %], Annélidés [36 lots = 1,58 %], Helminthes [34 lots = 1,49 %], Mollusques [87 lots = 3,83 %], Zoophytes [38 lots = 1,67 %], Animaux fossiles [40 lots = 1,76 %], Botanique [83 lots = 3,65 %], Géologie [60 lots = 2,64 %], Minéralogie et exploitation des mines [16 lots = 0,70 %], Chimie et eaux minérales [13 lots = 0,57 %], Physique – Astronomie et mathématiques [37 lots = 1,63 %], Médecine [42 lots = 1,85 %], Agriculture [53 lots = 2,33 %], Voyages, géographie et statistique [26 lots = 1,14 %], Littérature [14 lots = 0,61 %], Supplément [78 lots = 3,43 %].


 

504. De animalibus insectis libri septem. Cum singulorum iconibus ad vivum expressis. Autore Ulysse Aldovrando. Bonon. Apud Clementem Ferronium, 1638, in-fol., fig., rel.



573. Bibliographie entomologique, Par Charles Nodier. Paris, Moutardier, An IX. « Essai fort imparfait, mais fort rare, d’un écolier de quatorze ans. J’étais propriétaire de l’édition, et je l’ai détruite avec tant de soin, qu’il n’en reste certainement pas quatre exemplaires. » [Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt, 1838, p. 325, n° 2.191]



811. La Structure du ver à soye, et de la formation du poulet dans l’œuf. Contenant deux dissertations de Malpighi. Paris, Maurice Villery, 1686, in-12, 5 pl., rel.



1.030. Tratado de las langostas muy util y necessario. Compuesto por el doctor Ivan de Quiñones. Madrid, Luis Sanchez, 1620, in-4.



1.078. Traité de la culture du nopal, et de l’éducation de la cochenille Dans les Colonies Françaises de l’Amérique ; Précédé d’un voyage à Guaxaca, Par M. Thiery de Menonville. Le Cap-Français, veuve Herbault, Paris, Delalain, Bordeaux, Bergeret, 1787, 2 vol. in-8, 4 pl., rel.



1.095. Ephemeri vita or the Natural History and anatomy of the ephemeron, A fly that Lives but five hours. By Jo. Swammerdam. London, Henry Faithorne et John Kersey, 1681, 8 pl., br.



1.332. Le Gouvernement admirable ou la République des abeilles. Nouvelle édition. Par M. J. Simon. Paris, Thiboust, 1742, in-8, pl. et fig., rel.



1.385. Traité sur la culture des muriers blancs, la manière d’élever les vers-à-soie, et l’usage qu’on doit faire des cocons. Par M. Pomier. Orléans, Couret de Villeneuve, 1763, 7 pl., rel.



1.470. A natural history of spiders, and other Curious insects, by Eleazar Albin. London, printed by John Tilly, 1736, in-4, 53 pl., rel.



1.537. Considérations générales sur la classe des crustacés. Par Anselme-Gaetan Desmarest. Paris et Strasbourg, F. G. Levrault, 1825, in-8, 56 pl., rel.



1.675. Observationes circa viventia, quae in rebus non viventibus reperiuntur. Romæ, Typis Dominici Antonij Herculis, 1691, in-4, 44 pl., rel.



1.687. Histoire abrégée des coquillages de mer, de leurs mœurs, et de leurs amours. Par S. L. P. Cubières, l’aîné. Versailles, Ph.-D. Pierres, An VIII, in-4, 21 pl., rel.




1.756. Recherches et observations naturelles De Monsieur Boccone Gentilhomme Sicilien ; Touchant Le Corail, la Pierre Etoilée, les Pierres de figure de Coquilles […]. Amsterdam, Jean Jansson à Waesberge, 1674, in-12, pl., rel.  

Victor Audouin, par Léon Blanchot (1868-1947)
Muséum d'histoire naturelle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire