Fils de Pierre-Symphorien Gigot (1702-1780), directeur des aides de Sens (Yonne), et de Jeanne Dantan-Satin, de Montargis (Loiret), Jean-Baptiste-François Gigot d’Orcy est né à Sens le 8 janvier 1737, et fut baptisé le lendemain en l'église Saint-Romain :
Sa mère était la belle-sœur du fermier général André Haudry (1688-1769). Il épousa en 1765 la fille d’un avocat au Parlement, conseiller des finances du duc d’Orléans, devint receveur général des finances de Châlons-en-Champagne en 1773, et fut intéressé dans plusieurs sociétés minières, dans quelques armements et dans la manufacture de tabac à Toulouse. Il s’adonna dès l’enfance à l’histoire naturelle et forma diverses collections d’insectes. Il installa son superbe cabinet d’histoire naturelle place Vendôme, dans l’hôtel du banquier Jean Cottin (1709-1781), qu’il acheta en 1780 pour la somme de 180.000 livres tournois, aujourd’hui siège de la Maison Boucheron :
« Lan 1737 le huit janvier est né, et le lendemain a été Baptisé par moy Curé de St Didier pour labsence de monsieur le Curé jean Baptiste françois fils de monsieur pierre Symphorien gigot directeur des aydes de Sens, et de dame jeanne dantan Satin son épouse, le parain a été jean Louis le Comte La marreine jeanne anise Louis domestique au lieu et pour monsieur jean Baptiste Ledoux intéressé dans les fermes du roy, et dame françoise dantan Satin épouse de monsieur hodry intéressé dans les dittes fermes demeurant à paris et à Sens, le dit le Comte a signé avec le père la marreine par procuration a déclaré ne scavoir signer. » [sic]
Sa mère était la belle-sœur du fermier général André Haudry (1688-1769). Il épousa en 1765 la fille d’un avocat au Parlement, conseiller des finances du duc d’Orléans, devint receveur général des finances de Châlons-en-Champagne en 1773, et fut intéressé dans plusieurs sociétés minières, dans quelques armements et dans la manufacture de tabac à Toulouse. Il s’adonna dès l’enfance à l’histoire naturelle et forma diverses collections d’insectes. Il installa son superbe cabinet d’histoire naturelle place Vendôme, dans l’hôtel du banquier Jean Cottin (1709-1781), qu’il acheta en 1780 pour la somme de 180.000 livres tournois, aujourd’hui siège de la Maison Boucheron :
« M. Gigot d’Orcy, Receveur général des Finances, possede un très-beau Cabinet d’histoire naturelle, où l’on distingue une suite des plus nombreuses & des plus complettes en insectes & papillons, tant d’Europe que de la Chine & des deux Indes : un choix des oiseaux les plus rares, artistement grouppés sur des arbrisseaux feints dans des cages vitrées : enfin de belles suites de coquilles, madrépores, minéraux, fossiles, pétrifications, cristallisations : quelques quadrupedes, poissons, crustacées, reptiles, &c. : le tout disposé dans l’ordre le plus élégant. » [sic] (Desallier d’Argenville. La Conchyliologie. Paris, G. Debure fils aîné, 1780, 3e éd., t. I, p. 797)
Gigot d’Orcy fut membre de la loge maçonnique « Les Amis Réunis » et de la « Société philanthropique », fondée en 1780 par Charles Savalette de Langes (1746-1797), garde du Trésor royal.
La science lui reste redevable du financement de la publication des Papillons d’Europe, peints d’après nature (Paris, P. M. Delaguette, Basan et Poignant, 1779-1792, 8 tomes in-4) par Jean-Jacques Ernst et décrits par Jacques-Louis-Florentin Engramelle (1734-1814), « Religieux Augustin, Q.S.G. [Quartier Saint Germain] », souvent confondu avec son frère aîné, Marie-Dominique-Joseph Engramelle (1727-1805), musicologue.
Le plus bel ouvrage français sur les papillons ne fut tiré qu’à 250 exemplaires, presque tous vendus à la souscription lancée en juillet 1782, comme en atteste la liste des souscripteurs où se retrouvent les noms des rois et grandes familles d’Europe.
Il comprend 3 titres gravés, dont 2 coloriés et 1 en noir, 3 planches en noir au tome II pour les instruments du collectionneur de papillons et 350 planches hors-texte gravées en taille-douce et coloriées.
Gigot d’Orcy finança également la publication de l’ Entomologie, ou Histoire naturelle des insectes (Paris, Baudouin, 1789-1790, 2 tomes in-4, 245 pl.), par Guillaume-Antoine Olivier (1756-1814), continuée chez Lanneau (t. III-IV, 1795) et chez Desray (t. V-VIII, 1807-1808).
Il mit à disposition de l’auteur son cabinet et ses livres, et le fit voyager en Angleterre et en Hollande. L’ouvrage complet comprend 1 frontispice et 362 eaux-fortes.
Gigot d’Orcy laissa une bibliothèque remarquable par le nombre, le mérite et la rareté des livres sur la science qu’il cultivait et un cabinet d’histoire naturelle. La Convention nationale décréta le 11 germinal an II [31 mars 1794] :
« La citoyenne veuve Gigot d’Orcy fera procéder à la vente publique, et par enchère, de la bibliothèque et du cabinet d’histoire naturelle provenant de la succession de son mari, en présence d’un commissaire du gouvernement, lequel fera verser les deniers provenans de la vente à la trésorerie nationale, en tant moins de la créance de la nation sur les biens dudit Gigot d’Orcy. »
La bibliothèque fut vendue la première : Catalogue des livres de feu citoyen Gigot d’Orcy (Paris, Veuve Tilliard et fils, an II [1794], in-8).
La vente du cabinet ne se fit que dix ans plus tard : Catalogue abrégé des minéraux, coquilles, madrépores et autres objets faisant partie du cabinet de feu M. Gigot d’Orcy (Paris, 1804, in-8, 24 p.). Ce fut Henri Boissier (1762-1845), recteur de l’Académie de Genève, qui l’acheta.
« Vente d’un très-beau cabinet d’histoire naturelle.
Il existe peu d’amateurs d’histoire naturelle en Europe, qui ne connaissent la superbe collection de feu M. Gigot-d’Orcy à Paris : quarante ans de soins assidus l’avaient formée. Ses voyages en Suisse, en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, et ses correspondances multipliées dans les quatre parties du monde, lui avaient fourni les moyens de recueillir un grand nombre de morceaux intéressans. La réputation de son cabinet y attiroient tous les étrangers qui venaient à Paris ; et beaucoup se faisaient gloire d’y avoir placé quelques objets. La partie de la minéralogie est très-considérable ; on y trouve rassemblées les variétés de gangues, les cristallisations de métaux et demi-métaux les mieux prononcées et bien conservées : aussi a-t-on tiré de ce cabinet beaucoup de modèles pour la cristallographie de Romé-de-Lille, et autres ouvrages sur la minéralogie. Douze cents oiseaux, tans européens qu’exotiques, perchés sur des branches d’arbres dans leur attitude naturelle, présentent le tableau le plus pittoresque : plusieurs ne se trouvent point au muséeum national, et n’ont point été connus du célèbre Buffon. Les coquilles ne sont pas très-nombreuses, mais d’un beau choix, et nettoyées dans une grande perfection. On y trouve un assemblage d’œufs d’une infinité d’espèces. La partie la plus curieuse et la plus rare de cette collection, est une suite immense de papillons et d’insectes, tant exotiques qu’indigènes, parfaitement développés et classés, arrangés dans des corps de tiroirs en acajou recouverts en verre. On y remarque en outre quantité de madrépores, de coraux, de plantes marines, de dendrites, de pétrifications ; une suite de marbres, d’agates, etc. etc. Les troubles de la révolution avoient fait jusqu’ici suspendre la vente de ce cabinet. La paix rappelant aujourd’hui les étrangers en France, et donnant un nouvel essor aux arts, on a cru pouvoir réveiller l’attention des amateurs, et leur proposer l’emplette d’un objet dont le mérite leur est connu depuis long-tems. La valeur de cette collection a été portée ci-devant par les connaisseurs à trois cents mille livres monnoie métallique : le possesseur actuel se bornera à un prix beaucoup plus modéré. La vente aura lieu dans le cours de brumaire prochain ; et à partir du 1er. Fructidor, le cabinet sera ouvert au public, les jours impairs, depuis dix heures du matin jusqu’à 4 heures après-midi. » [sic]
(In Journal général de la littérature de France. Paris et Strasbourg, Treuttel et Würtz, thermidor an IX [juillet 1801], p. 253-254)
Gigotorcya. Nobis. La Gigot d'Orcy. Buchoz. Le Jardin d'Eden (Paris, chez l'Auteur, 1783) |
Gigot d’Orcy décéda en son domicile, et non guillotiné, comme on a pu l’écrire, le 10 juin 1793. Sans postérité, ses trois frères furent ses héritiers.