samedi 25 février 2017
vendredi 24 février 2017
Édouard Turquety (1807-1867), disciple de Lamartine
D’une
famille originaire de la paroisse Saint-Martin de Vitré
[Ille-et-Vilaine], Marin-François Turquety (1742-1800), seigneur de
Cohigné, greffier du marquisat de Cucé [Cesson-Sévigné,
Ille-et-Vilaine], s’installa à Rennes en 1770 et devint huissier
au Parlement de Bretagne en 1781.
Arbre généalogique simplifié |
Son fils Pierre-Gabriel-Marie Turquety, né à Vitré le 8 juin 1775, épousa, à Rennes, le 18 prairial An IX [7 juin 1801], Renée-Anne Couapel, née le 20 mars 1772 à Bourgbarré [Ille-et-Vilaine], au château de Mesneuf, dont son père était le régisseur. Il fut nommé, le 24 fructidor An IX [11 septembre 1801], notaire pour les communes de Bourgbarré et Orgères, puis, le 7 ventôse An XI [26 février 1803], maire de la commune d’Orgères. Il fut autorisé à transférer sa résidence à Rennes le 19 juin 1806.
Rennes, rue du Chapitre |
Son
petit-fils, Édouard-Marie-Louis-Casimir Turquety, naquit à Rennes,
dans la « noire maison gothique et retirée » de la rue du
Four-du-Chapitre [rue du Chapitre], le 21 mai 1807 ; il fut baptisé
le lendemain dans l’église Saint-Aubin [démolie en 1904].
Édouard
Turquety suivit les cours du petit séminaire des Cordeliers, puis
ceux du Collège royal de Rennes. Après la mort de son frère
Julien, le 11 février 1821, son père démissionna, vendit son étude
en juillet, déménagea rue de Beaumanoir et devint adjoint au maire
de la ville de Rennes le 17 octobre 1821 ; il sera fait chevalier de
la Légion d’honneur en 1826.
Devenu
fils unique, Édouard Turquety termina ses études avec le diplôme
de bachelier ès-lettres, le 19 août 1824 ; il avait déjà alors la
réputation d’un poète. Dès 1825, il eut le bonheur de lire ses
essais poétiques dans Le
Lycée armoricain (Nantes,
Imprimerie Mellinet-Malassis, 1825, t. VI, p. 80), revue avec
laquelle il s’était mis en relation. Destiné au notariat, il
suivit les cours de la Faculté de droit de Rennes, où il se lia
d’amitié avec Émile Souvestre (1806-1854), et obtint son diplôme
de licencié le 22 août 1828. Reçu avocat, il préféra s’adonner
à la poésie.
Portrait de Edouard Turquety In Les Contemporains, 22 juillet 1900 |
Au
mois de septembre 1828, Turquety partit pour Paris, dans l’espoir
de rencontrer les écrivains célèbres de son temps : il fut reçu
avec bienveillance par Nodier et par Hugo.
Il
y retourna en juin 1829. Sa première visite fut pour Chateaubriand,
puis il fut reçu par Nodier et par Hugo, qui l’engagèrent à
publier son premier volume de poésies. Nodier l’introduisit auprès
de son éditeur, Nicolas Delangle (1792-1866), breveté le 21 février
1826, 19 rue du Battoir-Saint-André-des-Arts [partie de la rue
Serpente, entre la rue Hautefeuille et la rue de l’Éperon, VIe],
qui avait donné en 1827 la première édition des poésies de
Nodier. Pendant que le petit volume de ses Esquisses poétiques
s’imprimait, Turquety prit l’habitude de passer ses soirées
du dimanche à l’Arsenal, fit la connaissance de Sainte-Beuve et
d’Émile Deschamps et sacrifia à la mode des lectures, chez Alfred
de Vigny et chez Hugo.
Les Esquisses poétiques (Paris,
Delangle frères, 1829, in-18) parurent vers la fin août 1829, et
Turquety rentra à Rennes.
En
décembre 1832, Turquety fut cordialement accueilli par La Mennais au
château de La Chênaie [Plesder, Ille-et-Vilaine].
Il
repartit pour Paris au mois d’avril 1833 pour surveiller
l’impression de son livre Amour et foi (Paris, Delaunay,
Corbet, Chamerot et Rignoux, et Rennes, Molliex, 1833, in-8) : son
ode contre la « Peine de mort » (p. 127-134) est un chef-d’œuvre.
Il
fit de nouveau un séjour de plusieurs mois à Paris, de janvier à
juin 1836, pour surveiller l’impression de son nouveau recueil
intitulé Poésie catholique (Paris, Delaunay et Debécourt,
et Rennes, Molliex, 1836, in-8) : il rencontra Lamartine, qui était
le seul des grands écrivains qu’il ne connût encore que par
correspondance et qui l’engagea à faire les Hymnes sacrées
(Paris, Debécourt, et Rennes, Molliex, 1839, in-8).
De
1839 à 1842, Turquety collabora à la Gazette de France et y
donna des articles en prose sur les châteaux de Bretagne.
Un
nouveau recueil de vers, dont la moitié reproduisait les Esquisses
poétiques de 1829, vint s’étaler aux vitrines des libraires :
Primavera (Paris, Chamerot, 1841, in-8).
Sa
mère mourut le 22 février 1844, à Rennes, rue du Four-du-Chapitre.
C’est alors qu’il fit paraître les Fleurs à Marie (Paris,
Sagnier et Bray, 1845, in-18). Il reçut la Légion d’honneur le 5
mai 1847. Son père mourut le 9 octobre 1849, à Rennes, place des
Lices.
Turquety
se maria sur le tard, le 23 juin 1852, à Rennes, en épousant
Zédélie-Caroline-Marie de Gacon, née à Angers [Maine-et-Loire] le
24 septembre 1808, fille de Joseph-Étienne de Gacon, sous-préfet de
Barcelonnette [Alpes-de-Haute-Provence], et de Julie-Suzanne Saillard
de Seguin. Quelques semaines après, les époux s’établirent à
Passy, rue de la Pompe [XVIe].
Ses
amis apprirent alors avec stupéfaction la publication d’un poème
héroï-comique en l'honneur du coup d'État
de décembre 1851, intitulé Les Représentants en déroute ou le
Deux Décembre (Paris, Ledoyen, 1852, in-12). Regrettant d’avoir
insulté ceux qui firent alors leur devoir, Turquety fit disparaitre
les exemplaires de ce libelle rimé.
Après
environ vingt ans de réelle popularité, le silence se fit peu à
peu autour du nom de Turquety. Malade depuis plusieurs années,
affaibli peu à peu par la morphine qu’il utilisait contre
l’insomnie, il mourut obscurément le 18 novembre 1867, 5 chaussée
de la Muette [XVIe].
Il avait été membre de la Société académique de Brest et de
l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen.
Tombe de Edouard Turquety (avant le vol du buste) Cimetière du Nord, Rennes |
Il
fut inhumé à Rennes, dans le cimetière du Nord, le 5 décembre
1867. Ce fut à l’aide d’une souscription publique que fut élevé
sur sa tombe le monument inauguré le 15 octobre 1886 [Section
16-Rang 44-Tombe 1] : un buste en bronze [qui a disparu], haut de 60
cm., qui le représente de face, le visage imberbe, les cheveux
plats, était placé sur un socle portant la signature « A.
LÉOFANTI
» [Adolphe
Léofanti (1838-1890)], adossé à une stèle verticale qui se dresse
au sommet d’un tombeau en granit ; la stèle est surmontée d’un
fronton, au centre duquel est sculptée une croix en bas-relief ;
au-dessous du fronton est gravé : « A
ÉDOUARD TURQUETY
» ; au-dessous du buste, à la droite du personnage : « RENNES
1807
», à la gauche : « PARIS
1867
» ; entre ces deux inscriptions, une lyre, une palme et des
feuillets, renoués d’une guirlande de cyprès, sont fixés sur la
stèle ; ces attributs décoratifs, exécutés par Léofanti, sont en
bronze ; la hauteur totale de la stèle est de 3,70 m. ; sur les
faces latérales sont gravés les titres des œuvres du poète :
AMOUR
ET FOI, 1833
; POÉSIES
CATHOLIQUES, 1836 ;
HYMNES
SACRÉES, 1839
; PRIMAVERA,
1840 ;
FLEURS
A MARIE, 1845
; ACTE
DE FOI, 1868
et SOUSCRIPTION
PUBLIQUE, 1884-1886.
Turquety
ne laissait pas d’enfant. Sa veuve lui survécut jusqu’au 30
avril 1892, décédée 3 rue Poussin [XVIe].
«
Turquety n’a rien d’original ; il a débuté vers 1829 avec assez
de douceur ; il imitait les élégies de Nodier, il y mettait de
l’harmonie, - mais de la pensée et du sentiment, très-peu. Nodier
l’a payé alors de son imitation par un de ces articles de louange
exagérée et banale qu’il n’accordait pas toujours aux vrais
talents. Turquety est un Breton doux et francisé. Plus tard
il s’est fait un genre par ses poésies catholiques où il y a une
certaine onction et de la pureté. Quand on lui demandait ce qu’il
faisait, il répondait en ce temps-là : “ Je catholicise de
plus en plus.” Il disait cela sans sourire. Les catholiques l’ont
pris très au sérieux quelque temps. Ses poésies ont eu des
éditions. Il a correspondu avec madame Swetchine. Cela a duré tant
bien que mal jusqu’à la date du 2 décembre. A cette époque, il a
eu l’idée malheureuse de faire imprimer une satire où étaient
raillés et insultés de la manière la plus vulgaire les députés
et les généraux battus ce jour-là. Son pamphlet publié à Paris a
dû avoir un contre-coup et faire un effet épouvantable à Rennes où
il habitait. C’est à la suite de cette incartade que Turquety a
quitté sa province et est venu habiter Paris, Passy. Il a des goûts
simples et domestiques. Il s’est un peu confit dans les poëtes du
seizième siècle. Il a fait sur quelques-uns d’entre eux des
articles dans le Bulletin du Bibliophile. Ses articles,
d’ailleurs élégamment écrits, sont dénués de toute vue
critique neuve et de toute originalité. En somme, vers ou prose, ce
n’a été qu’une doublure assez élégante. Rapprochement
singulier ! le bon Géruzez, qui lui-même a résumé élégamment et
avec assez de justesse l’histoire littéraire du passé, mais qui
ne compte pas comme critique contemporain, s’est épris d’un bel
amour pour Turquety ; il faisait pour lui seul une exception entre
tous les poëtes de la nouvelle École : un tel choix juge le
critique et le poëte : ils s’appareillaient tous deux. Le bon
Géruzez en effet n’a jamais eu, en fait de poésie contemporaine,
que deux vues saillantes : l’une qu’on était à la veille d’une
réhabilitation de Delille, l’autre que Turquety était le plus
parfait et le seul vraiment élégant des poëtes romantiques. Sur
quoi quelqu’un a eu ce mot assez juste : “ Turquety, c’est le
Géruzez de la poésie.” Je vous dis tout. Mais si vous voyez
l’homme, si vous rencontrez Turquety en personne, vous vous
assurerez que la vraie élégance, - je parle de celle de l’esprit,
- il ne l’a pas. Il m’a adressé une fois des vers, et je lui ai
répondu par une pièce qui est dans mon Recueil de poésies. Je
n’aurais pas volontiers écrit en prose sur lui ; car les vrais
éloges qu’on se plait à accorder à un poëte original, je
n’aurais pu les lui donner, pour être sincère, qu’avec
parcimonie et mesure. » [sic] (C.-A. Sainte-Beuve. Causeries du
lundi. Paris, Garnier frères, s. d., 3e édition, t.
XI, p. 517-519 [lettre à Asselineau])
Eugène
Villemin (1815-1869) n’était pas de l’avis de Sainte-Beuve :
«
Dans chacune des pages respirent une naïve croyance, une fraîcheur,
une jeunesse de sentimens, où se révèle l’homme de sa race, le
Breton de la vieille souche, simple et catholique. […]
Quelquefois,
sous l’obsession de Lamartine, Edouard Turquety, dominé, chante
dans la même octave. Mais la pensée est toujours sienne ; il
procède de son invariable point de départ. Seulement, au lieu de sa
rote celtique, il fait résonner la harpe de l’immortel
auteur des Méditations. » (In Le Constitutionnel,
samedi 4 janvier 1868, p. 3)
Édouard
Turquety possédait une bibliothèque qui, jusque vers 1844,
contenait tous les bons ouvrages des diverses littératures, les
classiques et les auteurs contemporains, sans préoccupation
exclusive. Désirant alors étudier la poésie dramatique du XVIe
siècle, il s’intéressa aux ventes publiques et fit ses premières
acquisitions à la vente Soleinne. À
Rennes, il put moissonner fructueusement chez Jean-Marie-Ange Ganche,
breveté libraire le 20 février 1829, installé au rez-de-chaussée
d’une vieille maison délabrée donnant sur la douve de la
Visitation, et chez Le Moal, rue de la Poulaillerie, qui, le samedi,
quittait sa petite échoppe pour aller étaler ses livres rue Le
Perdit. Pour comble de fortune, deux curieuses bibliothèques, celle
de Aymé-Marie-Rodolphe Baron du Taya (1783-1850), ancien conseiller
à la Cour de Rennes, et celle de Casimir-Victor-Amédée-Félicien
du Fos de Méry (1777-1849), ancien référendaire de la Chambre des
comptes, furent acquises par Ganche et vendues au détail de 1850 à
1852.
Une
fois installé à Passy, il consacra tout son temps à ses études et
à ses goûts de bibliophile. Quand on ne le voyait pas aux
expositions qui précédaient les ventes à la salle Silvestre ou
chez les libraires, Techener, Potier ou Claudin, il travaillait dans
les bibliothèques publiques, à l’Arsenal, au Louvre ou à la
Mazarine.
«
Je suis allé à une ou deux séances de cette vente [vente Bertin]
et j’y ai fait aussi quelques acquisitions. Mais ce qu’il fallait
voir, c’était l’ensemble de cette magnifique bibliothèque avant
qu’elle eût été livrée au public. Par faveur grande, Techener
m’avait ouvert les portes du sanctuaire : j’avais pu examiner et
palper pendant des heures entières ces rares trésors, car c’étaient
de vrais trésors. Je ne crois pas qu’il y ait à Paris ni ailleurs
un pareil assemblage de livres dans cette condition et avec de
pareilles reliures. Je vis l’adjudication du Rabelais de 1533,
misérable petit livret que la Bibliothèque impériale acheta 1800
francs : M. de Clinchamp poussa jusque-là ; il ne put se décider à
aller plus loin. Il m’avait dit qu’il ne mettrait que 800 francs
et tout au plus 1000 francs. » (Lettre du 25 septembre 1854. In
Frédéric Saulnier. « Édouard Turquety bibliophile ». Revue de
Bretagne et de Vendée. Nantes, 1884, 1er semestre, p.
431)
Le
Bulletin
du bibliophile
compta Turquety au nombre de ses rédacteurs de 1860 à 1866 : «
Lettre sur quelques poëtes du XVIe
siècle. A Monsieur Techener » (1860, p. 1.364-1.382), « Poëtes
françois du XVIe
siècle. Olivier de Magny. 1560 » (1860, p. 1.637-1.672), «
Publications nouvelles. Poésies de Saint-Pavin, la plupart inédites,
publiées par M. Paulin Paris. 1 vol. in-8 » (1861, p. 631-640), «
Lettre de M. Ed. Turquety sur la liste en vers de livres rares,
publiée dans le numéro de mars » (1862, p. 972-976), « Lettres de
Mme de Sévigné. Nouvelle édition, revue et annotée par M. de
Sacy, de l’Académie françoise » (1862, p. 1.028-1.044), «
Poëtes françois du seizième siècle. Joachim du Bellay. 1560 »
(1864, p. 1.125-1.159), « Réponse à un reproche » (1865, p.
172-181), « Une causerie de Charles Nodier » (1866, p. 161-173), «
Bibliophile et bibliomane » (1866, p. 533-541).
Le
marquis de Clinchamp et le vicomte de Gaillon comptèrent les
premiers parmi ses meilleures relations chez les bibliophiles. Plus
tard, un hasard le rapprocha de Prosper Blanchemain : ils possédaient
l’un et l’autre des exemplaires incomplets d’un livre fort
rare, Les
Premières Amours poétiques (1598,
in-12), par Guy de Tours ; des deux on pouvait en faire un complet.
L’exemplaire de Turquety fut complété, mais entra plus tard dans
la bibliothèque de Blanchemain, souvenir offert par la veuve du
poète au fidèle ami des derniers jours.
L’admiration
que lui inspirait le mouvement littéraire du XVIe
siècle, il l’avait aussi pour l’aspect matériel des livres :
«
J’aime à voir que vous partagiez mon opinion sur la supériorité
de la typographie au XVIe
siècle : je crois en effet que jamais la poésie n’a été mieux
imprimée qu’alors. J’ai toujours été singulièrement frappé
des rapports qui existaient entre les architectes, sculpteurs,
peintres, imprimeurs de cet ère mémorable. Il y a entre ces divers
arts de secrètes affinités qui me pénètrent et m’enchantent en
même temps. Ainsi, à Fontainebleau, la salle de bal de Henri II me
rappelle, quand je m’y trouve, les beaux livres de la Renaissance,
comme les livres de la Renaissance me font penser, dès que je les
aperçois, à cette salle merveilleuse, création splendide,
multiforme, qu’on dirait éclose sous la main des génies et des
fées. » (Lettre du 27 janvier 1861, à l’imprimeur lyonnais
Perrin. Ibid.,
p. 436)
La
première partie de sa bibliothèque fut vendue du mercredi 22 au
samedi 25 janvier 1868, en 4 vacations, à 19 heures, à la Maison
Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 3 le premier jour et
salle n° 2 les autres jours : Catalogue
des livres rares et précieux formant la bibliothèque poétique de
feu M. Édouard Turquety,
chevalier
de la Légion d’honneur,
membre
de plusieurs Académies et Sociétés savantes,
composée
de poètes français,
principalement
des XVe,
XVIe
et XVIIe
siècles,
en
partie reliés par Bauzonnet,
Capé,
Duru,
Simier,
Lortic,
etc.,
etc.
(Paris, L. Potier et A. Claudin, 1868, in-8, VIII-63-[1 bl.] p.,
660-2 [nos
360 et 622 absents] + 3 bis = 661 lots), avec « Edouard Turquety,
poète et bibliophile », par Prosper Blanchemain [notice extraite du
Bulletin
du bouquiniste du
1er
décembre 1867, p. 613-615], et le signalement des livres les plus
précieux.
Poètes
français depuis les trouvères jusqu’à Clément Marot [50 lots =
7,56 %], Clément Marot et ses contemporains [32 lots = 4,84 %],
Poètes français depuis Ronsard jusqu’à Malherbe [280 lots =
42,36 %], Poètes depuis Malherbe [261 lots = 39,48 %], Poésie
dramatique [38 lots = 5,74 %].
8.
Le
Romant de la rose. Paris, Michel Le Noir, 1509, in-4, goth. à 2
col., fig. s. bois, mar. r., fil., tr. dor., doublé de moire.
Raccommodage dans le coin de la marge du haut du titre. 81 fr.
10.
Le
Romant de la rose, moralisé cler et net, translaté de rime en
prose, par vostre humble Molinet. Paris, veuve Michel Le Noir, le 17
août 1521. Pet. in-fol. goth., fig. sur bois, mar. rouge, fil., tr.
dor. (Anc. rel.). 161 fr.
29.
Ovide,
de arte amandi, translaté de latin en françoys. Genève, s. d. [fin
XVe].
Pet. in-4 goth. à 2 col., fig. s. bois, mar. vert, dent. à comp.,
tr. dor. (Niedrée). De la vente Edward Vernon Utterson [Londres,
1852]. 135 fr.
56.
Controverses
des sexes masculin et femenin (par Gratien de Pont, sieur de Drusac).
S. l. [Toulouse], 1536, 3 tomes en 1 vol. in-16, lettres rondes, fig.
sur bois, mar. vert, fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Exemplaire de
Crozet et de Chaponay. 210 fr.
61.
Marguerites
de la Marguerite des princesses, très illustre royne de Navarre.
Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 parties en 1 vol. in-8, fig. sur bois,
v. m., fil. 180 fr.
69.
Œuvres
poétiques de Jaques Peletier du Mans, intitulez Louanges. Paris, R.
Coulombel, 1581, in-4, v. fauve, fil., tr. dor. (Closs). 132 fr.
71.
Délie,
object de plus haute vertu (par Maurice Scève). Paris, Nicolas
Duchemin, 1564, in-16, mar. rouge, fil., tr. dor. (Niedrée). 125 fr.
75.
Œuvres
de Loyse Labé Lionnoise, du débat de folie et d’amour. Rouen, Jan
Garou, 1556, in-16, mar. r., fil., plats ornés et à petits fers,
tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Provient des bibliothèques du marquis
de Coislin et de A. Bertin. Le 81e
feuillet qui manquait a été refait parfaitement. 230 fr.
81.
Œuvres
poétiques de Mellin de S.-Gelais. Lyon, Antoine de Harsy, 1574,
in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Koehler). Edition originale sous cette
date. 120 fr.
87.
Les
Amours de P. de Ronsard, Vandomois, ensemble le cinquiesme de ses
Odes. Paris, veuve Maurice de la Porte, 1552, in-8, musique notée,
non relié. Quelques feuillets de la fin ont été remontés. 175 fr.
100.
Les
Œuvres de P. de Ronsard, gentilhomme Vandomois. Paris, Gabriel Buon,
1567, 6 tomes en 5 vol. in-4, réglé, portrait, mar. vert
janséniste, tr. dor. (Duru). On a relié avec le tome IV les
sixiesme et septiesme livres des Poèmes de Ronsard, Paris, Jean
Dallier, 1569, 2 part. in-4, éditions originales. Exemplaire de
Charles Giraud. 1.000 fr. à Ernest Odiot.
101.
Les
Œuvres de P. de Ronsard, gentilhomme Vandomois, rédigées en six
tomes. Paris, 1572-1573, 6 tomes en 5 vol. in-16, portr., mar. br.,
fil., tr. dor. (Lortic). 155 fr.
119.
Les
Œuvres françoises de Joachim du Bellay, gentilhomme Angevin. Paris,
Abel L’Angelier, 1584, in-12, mar. r., milieu orné, tr. dor.
(Trautz-Bauzonnet). Très grand de marges, rempli de témoins. 169
fr.
123.
Les Œuvres et Meslanges poétiques d’Estienne Jodelle, sieur du
Lymodin. Paris, 1583, in-12, mar. r., fil., tr. dor.
(Trautz-Bauzonnet). 230 fr.
129.
Les
Amours de Jan Antoine de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1572, in-8,
dem.-rel., tr. dor. 100 fr.
131.
Euvres
en rime de Jan Ant. de Baïf. Paris, L. Breyer, 1573, in-8, dem.-rel.
Titre doublé. 120 fr.
142.
Quadrins
historiques (en vers françoys, par Cl. Paradin), revuz et augmentez
d’un grand nombre de figures. Lyon, Jean de Tournes, 1555-1556, 2
tomes en 1 vol. in-8, fig. du Petit-Bernard, mar. r., fil. à riches
comp., plats à petits fers, tr. dor. (Capé). 525 fr.
145.
La
Tragédie d’Agamemnon, avec deux livres de chants de philosophie et
d’amour, par Charles Toutain. Paris, Martin le Jeune, 1557, in-4,
mar. rouge, fil., tr. dor. (Anc. rel.). Ex. de Favart. 355 fr.
146.
Les
Odes d’Olivier de Magny, de Cahors en Quercy. Paris, André Wechel,
1559, in-8, réglé, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 755
fr.
147.
Elegies
de Jan Doublet, Dieppoys. Paris, Charles Langelier, 1559, in-4,
réglé, mar. rouge, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). De la
collection d’Auffay. Raccommodage au titre. 805 fr. [aujourd'hui au Musée Condé de Chantilly].
148.
Le
Premier Livre des Odes de Charles de Rouillon. Anvers, Christophe
Plantin, 1560, in-8, v. fauve, fil., tr. dor. Ex. de Viollet-le-Duc.
250 fr.
151.
Orphéide.
Œuvre excellent et singulier, contenant plusieurs chantz royaux,
ballades, notables inventions et matières d’honneur et vertu.
Autheur frère Adrien du Hecquet, de l’ordre des Carmes du couvent
d’Arras. Anvers, Amé Tavernier, s. d. [1562], in-8, portr., v.
br., fil., tr. dor. 111 fr.
152.
Les
Chastes Amours, ensemble les Chansons d’amour de N. Renaud,
gentilhomme Provençal. Paris, Thomas Brumen, 1567, pet. in-4, réglé,
portr. gravés sur bois, mar. r., fil. à comp., tr. dor. (Koehler).
Ex. de Charles Nodier, avec la signature de Jamet, de Lunéville, au
titre. 425 fr.
165.
Œuvres
poétiques de Jean et Jacques de la Taille. Paris, Fédéric Morel,
1572-1574, in-8, 5 parties en 1 vol., mar. br., fil., milieux ornés,
tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 480 fr.
180.
Les
Poèmes de Pierre de Brach, Bourdelois, divisés en trois livres.
Bordeaux, Simon Millanges, 1576, in-4, mar. r., compart., fil., tr.
dor. 180 fr.
189.
Les
Œuvres et Meslanges poétiques de Pierre Le Loyer Angevin, ensemble
la comédie Nephelococugie ou la nuée des cocus non moins docte que
facétieuse. Paris, J. Poupy, 1579, in-12, mar. r., fil., tr. dor.
(Derome). Titre doublé. Ex. de Chaponay. 300 fr.
190.
Les
Œuvres de Claude de Pontoux, gentilhomme Chalonnois, docteur en
médecine. Lyon, Benoît Rigaud, 1579, in-16, mar. bleu, fil., tr.
dor. (Capé). 200 fr.
194.
Les
Œuvres poétiques de Jaques de Courtin de Cissé, gentilhomme
Percheron. Paris, Gilles Beys, 1591, in-12, mar. cit., fil., tr.
dor.(Trautz-Bauzonnet). Suivi des Hymnes de Synèse Cirénéan,
traduits par le même. Paris, 1591. Ex. du comte Alfred d’Auffay.
240 fr.
195.
Les
Premières Œuvres poétiques de madamoiselle Marie de Romieu
Vivaroise. Paris, Lucas Breyer, 1581, in-12, mar. r., fil., tr. dor.
(Niedrée). 190 fr.
204.
Les
Œuvres poétiques de Pierre de Cornu, Dauphinois. Lyon, J. Huguetan,
1583, in-8, mar. r., fil. à comp., doublé de mar. bl., dent. int.,
tr. dor. (Bruyère). Ex. de Chaponay. Très lavé et reliure
médiocre. 400 fr.
211.
Les
Premières Œuvres poétiques de Flaminio de Birague. Paris, Th.
Périer, 1585, in-12, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Anc. rel.).
160 fr.
222.
Trois
centuries de sonnets, par François Perrin, Autunois. Paris,
Guillaume Chaudière, 1588, in-8, mar. bleu, fil., tr. dor.
(Koehler). Ex. de Nodier, avec son « Ex Musaeo », puis de Chaponay.
250 fr.
244.
Les
Essais poétiques de Guill. Du Peyrat, gentilhomme Lyonnois. Tours,
Jamet Mettayer, 1593, in-12, mar. bl., fil., tr. dor. (Koehler).
Titre raccommodé. Ex. de Nodier et de Chaponay. 245 fr.
259.
Les
Premières Œuvres poétiques du capitaine Lasphrise à César
Monsieur. Paris, J. Gesselin, 1597, in-12, portr., bas. Les 2
feuillets d’errata manquent. 102 fr.
262.
Les
Premières Œuvres poétiques de Jehan Grisel, Rouennois. Rouen, R.
du Petit-Val, 1599, in-12, v. fauv., fil., tr. dor. (Thouvenin). 185
fr.
305.
Les
Marguerites poétiques […], par Esprit Aubert. Lyon, 1613, in-4,
titre gravé par L. Gaultier, mar. r. à comp., dos de mosaïque,
dent. int., tr. dor. (Lortic). 180 fr.
324.
Les
Poèmes divers du sieur Annibal de Lortigue, Provençal. Paris, J.
Gesselin, 1617, in-12, mar. vert, fil., tr. dor. (Petit). Ex. de
Châteaugiron. 142 fr.
358.
Les
Tragiques ci-devant donnez au public par le larcin de Prométhée et
depuis avouez et enrichis par le Sr d’Aubigné. S. l. [de
l’imprimerie particulière de d’Aubigné, dirigée par J.
Moussat], s. d. [v. 1630], in-8, v. fauve (Anc. rel.).150 fr.
405.
La
Muse chrestienne du sieur Adrian de Rocquigny. S. l., 1634, 2 part.
en 1 vol. in-4, portr., mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet).
Ex. d’Auffay. 165 fr.
408.
Les
Nouveaux Satires et Excersices de ce temps, […], par R. Angot, Sr
de l’Eperonnière. Rouen, Michel l’Allemant, 1637, in-12, réglé,
mar. r., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. d’Auffay. Très
raccommodé. 270 fr.
415.
Les
Œuvres chrestiennes du sieur Jean Gaston. Orthez, Jacques Rouyer, et
Rouen, Jacques Cailloüé, 1639, in-8, v. m. 100 fr. pour le Docteur
Payen.
621.
La
Ligue, ou Henry le Grand, poème épique, par Voltaire. Genève, J.
Mokpap [Rouen, Viret], 1723, in-8, mar. vert, fil., tr. dor. (Duru).
Edition originale de la Henriade. 260 fr.
630.
La
Tragédie d’Euripide nommée Hecuba, traduicte de grec en rythme
françoise. Paris, Robert Estienne, 1544, in-8, mar. r., fil., tr.
dor. (Capé). 150 fr.
La
deuxième partie de la bibliothèque de Turquety fut vendue en 6
vacations, du lundi 20 au samedi 25 juin 1870, à la Maison
Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 1, à 19 h. 30 :
Catalogue des livres rares et curieux, en tous genres […],
composant la deuxième partie de la bibliothèque de feu M.
Edouard Turquety, chevalier de la Légion d’honneur (Paris,
A. Claudin, 1870, in-8, [4]-96 p., 1.068 lots, absence de n° 877 et
présence d’un n° 103 bis). Théologie [74 lots = 6,92 %],
Jurisprudence [10 lots = 0,93 %], Sciences et Arts [95 lots = 8,89
%], Belles-Lettres [698 lots = 65,35 %], Histoire [191 lots = 17,88
%].
«
Une partie de la bibliothèque d’Edouard Turquety a déjà été
dispersée au feu des enchères.
Cette
portion consistait en une très-remarquable collection d’anciens
poètes français.
La
deuxième partie que nous présentons aux hasards de la vente
publique, comprend des livres de tous genres presque tous écrits en
prose, si l’on en excepte une partie du théâtre et les poètes de
ce siècle. C’est pour ainsi dire la bibliothèque de travail du
poète.
Sans
être riche en raretés bibliographiques de premier ordre comme la
première vente, ce deuxième catalogue mérite d’être lu
attentivement. On y trouvera bon nombre de livres curieux et
intéressants à divers titres, et les véritables bibliophiles
trouveront certainement à glaner, chacun dans leur spécialité.
Nous leur laisserons le plaisir de découvrir eux-mêmes ce qui
pourrait les tenter ; aussi n’avons-nous indiqué que
très-sommairement quelques-uns des principaux articles.
Nous
avions commencé nous-même la rédaction de ce catalogue, auquel
nous avions voulu conserver quelques-unes des notes écrites par Ed.
Turquety. Diverses circonstances et de nombreuses occupations ne nous
ont pas donné le loisir de continuer par nous-même ce travail. Nous
avons dû laisser à d’autres mains le soin de terminer le
catalogue et de le classer. On voudra bien en conséquence nous
pardonner les erreurs de rédaction et de classement qui ne sont pas
de notre fait, et de regrettables omissions qu’il ne nous était
plus possible de rétablir sur les épreuves.
Un
de nos confrères, avait procédé conjointement avec nous à la
première vente d’Edouard Turquety. Aujourd’hui, après quarante
années d’exercice, M. Potier se retire des affaires. Nous restons
seul chargé de cette deuxième vente ; nous ferons notre possible
pour nous acquitter au mieux de cette tâche que nous eût rendue
plus facile le concours des lumières et de l’expérience de notre
excellent et très-honorable confrère. » (p. [3-4])
On
y remarque :
12.
Exercitia
D. Joannis Thauleri piissimi super vita et passione Salvatoris nostri
Jesu Christi in gratiam sitientium salutem ex idiomate Germanico in
latinum versa per F. Laurentium Surium Carthusianum. Lyon, G.
Rouille, 1572, in-16, réglé, mar. rouge, fil. à riches
compartiments, plats et dos richement dorés à la fanfare, tr. dor.
(Armoiries). Rel. du XVIe
siècle avec feuillage et entrelacs, attribuable à Clovis Eve.
21.
Quæstiones
theologicæ et philosophicae Cæsarii, S. Gregorii Nazianzeni
fratris, gr. et lat. August. Vindel, 1626, pet. in-4, front. gr., v.
fauve (Aux armes de De Thou).
28.
Quatre
livres de l’Imitation de Jésus-Christ, par Thomas à Kempis,
chanoine régulier, traduits en françois du latin, pris sur le
manuscrit original de l’auteur de l’an 1441, avec la vie du mesme
autheur, recueillie par Héribert de Rosweyde, de la compagnie de
Jésus. Paris, Claude Grould, 1657, in-32, réglé, mar. rouge, plats
à compart., dorures à petits fers, tranche dorée et ciselée en
mosaïque, coins et fermoirs en or massif, ouvrage émaillé. Aurait
appartenu à la duchesse de La Vallière.
100.
Filosofia
naturale de M. Allessandro Piccolomini. Venise, Giorgio de Cavalli,
1565, in-8, v. fauve, pl., compart., plats et dos richement dorés,
tr. dor. Rel. française du seizième siècle.
103
bis. L.
Annei Senecæ Romani senatoris ac philosophi clarissimi libri duo de
Clementia ad Neronem Cesarem, Joannis Calvini Noviodunæi
commentariis illustrati. Paris, apud Ludovicum Cyaneum, 1532, pet.
in-4. Dérelié.
238.
Chants
et chansons populaires de la France. Paris, Delloye, 1843-44, 3 vol.
gr. in-8, fig. et musique, br., non rog.
675.
Paul
et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre. Paris, Curmer, 1836, gr.
in-8, fig., br., n. r.
918.
Nouvelle
collection de Mémoires pour servir à l’histoire de France, depuis
le XIIIe
siècle jusqu’à la fin du XVIIIe,
par Michaud et Poujoulat. Paris, 1835-39, 33 vol. gr. in-8, br.
989.
John
Smith Oppidum Batavorum, seu Noviomagum lib. singularis. Amstel.,
typ. Blaeu, 1645, pet. in-4, fig., mar. rouge, fil., tr. dor. (Rel.
anc.). Aux armes du prince Eugène de Savoie.
1.031.
Manuel
du libraire et de l’amateur de livres, par Jacq.-Charles Brunet.
Paris, Didot, 1860-65, 6 vol. en 12 tomes in-8, br.
jeudi 2 février 2017
Urbain Canel (1789-1867), oublié et rare
Urbain-Louis-François Canel est
né à Nantes, rue Dauphine [rue Jean-Jacques Rousseau], le 1er
janvier 1789, de Louise-Marie-Rose-Thérèse-Augustine Foucher et de Nicolas-Urbain-Charles
Canel, négociant. Il fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Nicolas :
on y admirait, derrière le grand autel, un superbe vitrail de 1499 qui fut
brisé en 1793, lorsque l’église devint un atelier d’armes ; détruite vers
1848, la première pierre de l’église actuelle fut posée le 1er août
1844.
Abandonnée par son mari, Madame
Canel et ses trois enfants vinrent s’installer à Paris en 1816.
Ayant fait de
bonnes études, Urbain Canel trouva un emploi de teneur de livres [comptable]
chez Madame Nattier, plumassier-fleuriste, 89 rue de Richelieu [IIe].
Depuis longtemps intéressé par la
librairie, il finit par demander un brevet de libraire à la résidence de Paris,
le 8 septembre 1822.
Sa demande fut appuyée par un
certificat attestant son attachement à la famille royale et la régularité de
ses mœurs et de sa conduite, et par un certificat attestant sa capacité pour
exercer la librairie, signé par les libraires Jacques-Frédéric Lecointe et Étienne
Durey, 49 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], Aimé-François-Louis
André, 59 quai des Augustins, Pierre-Jacques Heu, 18 rue du
Petit-Lion-Saint-Sulpice [partie de la rue Saint-Sulpice, VIe], et Alexandre-Pierre-Victoire
Crevot, 11 rue de l’École-de-Médecine [Ve].
Il reçut son brevet le 4 décembre
1822 et s’installa à l’hôtel de Fécamp, 5 rue Hautefeuille [VIe].
Jean-Marie Audin In J. Barbey d'Aurevilly. Notice sur J.-M. Audin (Paris, L. Maison, 1856, front.) |
Il s’associa alors, pour de nombreuses
éditions jusqu’en 1826, avec Jean-Marie-Vincent Audin (1793-1851), breveté le 4
décembre 1815, qui avait ouvert, 25 quai des Augustins, un humble magasin de
librairie, dont les cases furent d’abord garnies des livres de sa propre
bibliothèque.
Ils commencèrent par éditer l’Histoire de l’administration du royaume
d’Italie pendant la domination française (Paris, Audin et Urbain Canel,
1823, in-8), par Frédéric Coraccini [pseudonyme de Giuseppe Valeriani],
traduite de l’Italien par Charles-Jean Lafolie,
et le Guide du voyageur en France (Paris, Urbain Canel et Audin, et
Toulon, Bellue, 1823, in-12), par Richard [pseudonyme de J.-M.-V. Audin],
imprimés par Alexandre-Joseph-Eugène Guiraudet (1792-1860), 315 rue Saint-Honoré
[Ier], vis-à-vis Saint-Roch, breveté le 27 mars 1820.
Puis ce furent les Nouvelles méditations poétiques (Paris,
Urbain Canel et Audin, 1823, in-8) et la Lettre
de M. Alphonse de Lamartine à M. Casimir Delavigne, qui lui avait envoyé son École des vieillards (Paris, Urbain Canel
et Audin, 1824, in-18 et in-8), par Alphonse de Lamartine, imprimées par
Thomas-François Rignoux (1781-1865), 8 rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel
[partie de la rue Monsieur-le-Prince, VIe], breveté le 14 mars 1820.
Ulfrand Ponthieu, Palais-Royal,
galerie de bois [Ier], breveté le 1er décembre 1820, se
joignit à eux à la fin de l’année 1823, pour quelques éditions.
En 1824, Canel déménagea 30 place
Saint-André-des-Arts [VIe] et publia L’An 1860, ou Pline le jeune,
historien de Charles X (Paris, Audin,
Urbain Canel et Ponthieu, 1860 [i.e. 1824], in-8), par J.-M.-V. Audin, imprimé
par Marie-Jean-Christophe Lebègue, breveté le 1er avril 1811, 8 rue
des Noyers [disparue en 1855, Ve] ; avec Jean-Nicolas Barba,
breveté le 1er octobre 1812, au Palais-Royal, Fiesque, tragédie en cinq
actes et en vers (Paris, Urbain Canel, Audin, Ponthieu et Barba, 1824, in-8),
par Jacques-François Ancelot, imprimée par Joseph Tastu (1787-1849), breveté le
12 août 1822, 36 rue de Vaugirard [VIe].
L’année 1825 fut une grande année
pour Urbain Canel. Elle commença par l’édition de La Fiancée de Bénarès. Nuits indiennes (Paris, Urbain Canel et
Audin, 1825, in-12), par Philarète Chasles, imprimée par Tastu, et la Suite des chants héroïques et populaires des
soldats et matelots grecs (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-8),
traduits en vers français par Népomucène-Louis Lemercier, imprimée par Rignoux.
Demi-maroquin à coins de V. Champs Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 2.200 € |
Canel devint l’éditeur des Tablettes romantiques (Paris, Persan et
Pelicier, 1823, in-18), qui n’avaient paru qu’une année et qui prirent alors le
titre d’Annales romantiques. Recueil de morceaux choisis de littérature
contemporaine (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-18) : recueil annuel,
rival moderne de l’Almanach des muses,
qui fut imprimé par Rignoux en 1825 et 1826 et par Honoré Balzac (1799-1850) en
1828 et qui passa en 1829 chez Louis Janet (1788-1840), 59 rue Saint-Jacques [Ve],
perdant alors sa première physionomie.
Canel s’associa avec
François-Marie Maurice, breveté le 24 août 1824, 1 rue des Mathurins-Saint-Jacques
[rue Du Sommerard, Ve], pour publier Louis-Antoine-François de
Marchangy : La Gaule poétique (6 vol.
in-8), imprimée par Tastu, et Tristan le
voyageur, ou la France au XIVe
siècle (6 vol. in-8), dont les deux derniers tomes sont datés de 1826,
imprimé par Rignoux.
Le 31 mars 1825, Canel s’associa
avec Augustin Delongchamps, breveté le 20 juin 1820, 3 boulevard Bonne-Nouvelle
[IIe], pour une édition de Molière en un volume in-octavo. Le 14
avril 1825, il s’engagea à partager avec Honoré Balzac, au 5e étage
du 2 rue de Tournon [VIe], qui lui avait été présenté par le
journaliste Horace Raisson (1798-1854), les bénéfices de cette édition : en
résumé, l’entreprise fut faite pour 2/4 par Delongchamps, pour 1/4 par Canel et
pour 1/4 par Balzac ; Balzac et Canel, étant courts d’argent, empruntèrent
à un ami du père de Balzac, Jean-Louis-Henri Dassonvillez de Rougemont (°
Paris, 1788), demeurant au château de Montglas, à Cerneux [Seine-et-Marne].
Simultanément, Canel entreprit
avec Balzac, qui demeurait alors momentanément 7 rue de Berry [partie de la rue
Charlot, IIIe], mais cette fois sans Delongchamps, une édition de La
Fontaine, pour laquelle ils s’associèrent avec Charles Carron, médecin
demeurant 17 rue de l’Odéon [VIe], et Jacques-Édouard Benet de
Montcarville, officier en réforme demeurant 41 rue Meslay [IIIe].
Pour interpréter sur bois les
vignettes d’Achille Devéria (1800-1857) dans les deux ouvrages, Balzac
s’adressa au graveur Pierre-François Godard (1797-1864), 16 rue aux Sieurs, à
Alençon [Orne], qui lui avait été recommandé par Nicolas-Edme Roret
(1797-1860), libraire 10 bis rue Hautefeuille, mais qui fut rapidement remplacé
par l’anglais Charles Thompson (1789-1843), introducteur en France de la
gravure sur bois de bout.
Oeuvres complètes de Molière (1826) Reliure de Joseph Thouvenin l'Aîné Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 22.500 € |
Le Molière fut annoncé dans la Bibliographie de la France du 23 avril
1825 [n° 2.123], pour paraître en quatre livraisons. Le La Fontaine fut annoncé
dans la Bibliographie de la France du
14 mai 1825 [n° 2.799], pour paraître en huit livraisons : les six
premières livraisons furent annoncées avec les noms des éditeurs Urbain Canel
et Baudouin frères.
Le 31 décembre 1825, le Molière
était terminé : les frères Baudouin, brevetés en 1820, 17 rue de Vaugirard
[VIe], derrière l’Odéon, s’étaient joints à Canel et Delongchamps,
pour les Œuvres complètes de Molière,
ornées de trente vignettes dessinées par
Devéria et gravées par Thompson (Paris, Delongchamps, Urbain Canel et
Baudouin frères, 1826, in-8), imprimées par Rignoux.
À cette date, la 5e
livraison du La Fontaine était encore à paraître. La Société constituée pour le
La Fontaine fut dissoute le 1er mai 1826, Canel, Carron et Montcarville
cédant à Balzac seul tous les droits de propriété sur le La Fontaine, pour
l’indemniser des sommes qu’il avait servies à Canel en vue de l’entreprise :
Canel, tombé en déconfiture, était dans l’impossibilité de continuer. La
dernière livraison du La Fontaine fut enfin annoncée dans la Bibliographie de la France du 29 juillet
1826 [n° 4.901].
Les Œuvres complètes de La Fontaine, ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par
Thompson (Paris, A. Sautelet et Cie ou Baudouin frères, 1826, in-8),
imprimées par Rignoux, furent publiées par Auguste Sautelet (1800-1830),
breveté le 22 mars 1825, place de la Bourse [IIe], et les frères
Baudouin. On lit au verso du faux titre : « H. Balzac,
éditeur-propriétaire, rue des Marais-S.-Germain, n° 17 ».
L’insuccès du Molière et du La
Fontaine fut complet : on ne vendit pas vingt exemplaires en un an.
Depuis, le La Fontaine sur Chine de la vente Brivois [1920, n° 677] a fait
2.100 fr. et le Molière sur Chine de la vente Descamps-Scrive [1925, 2e
partie, n° 157] a fait 2.700 fr.
Entre-temps, Wann-Chlore (Paris, Urbain Canel et Delongchamps, 1825, 4 vol.
in-12), roman anonyme de Balzac, était paru le 3 septembre 1825. En octobre 1825, Victor Hugo et Charles
Nodier s’étaient rendus à Chamonix, aux frais d’Urbain Canel, qui espérait de
cette illustre collaboration un Voyage
poétique et pittoresque au Mont-Blanc et à la vallée de Chamouny. L’ouvrage
en question n’a jamais été écrit, mais on peut lire, dans la Revue des deux mondes (Paris, Bureau de
la Revue, 1831, t. III-IV), le « Fragment d’un voyage aux Alpes (Août 1825) »
de Hugo (p. 47-54), ainsi que « Le Mont Saint-Bernard » de Nodier (p. 571-594).
Le catalogue de Canel ne
comportait pas que des titres de littérature, mais aussi de nombreux livres
pratiques, édités avec Pierre-Adam Charlot, dit « Charles Béchet », breveté le
27 juillet 1824, 57 quai des Augustins :
Le
Vignole des ouvriers, des
propriétaires et des artistes, renfermant
les ordres d’architecture (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles
Béchet, 1825, 2 vol. in-12) ; Astronomie
enseignée en 22 leçons, ou les
Merveilles des cieux (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu, Henri,
Roux-Dufort, 1825, in-12), traduit de l’anglais par M. C. [Coulier] ;
Manuel du manufacturier (Paris, Audin,
Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826 [sic], in-12), par
Pelouze ;
L’Art de jouer et de
gagner à l’écarté, enseigné en 8
leçons (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826,
in-12), par Teyssèdre.
À la fin de l’année 1825, Canel avait
déménagé 9 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, entre la rue
Jacob et la place Saint-Germain-des-Prés, VIe], au 3e étage :
il était le locataire, pour 1.800 francs par an, du libraire Charles Gosselin (1795-1859).
Il avait édité de nouveau Jacques-François
Ancelot : Marie de Brabant, poème en six chants (Paris Urbain Canel,
Ponthieu, 1825, in-8).
Et Alphonse de Lamartine : Chant du sacre ou la Veille des armes
(Paris, Baudouin frères et Urbain Canel, 1825, in-8) ;
Épitres (Paris, Urbain Canel et Audin,
1825, in-8) ;
Frontispice t. I |
avec Jules Boquet, 8 rue Vivienne [IIe], et
Charles Gosselin, les Œuvres d’Alphonse
de Lamartine (Paris, Jules Boquet, Ch. Gosselin et Urb. Canel, 1826, 2 vol.
in-8).
Etait apparu un nouvel associé
pour certaines publications : Ambroise Dupont, breveté le 1er
février 1825, 37 quai des Augustins, qui travailla en 1825 et 1826 en
association avec Jean-Pierre Roret, sans brevet, commissionnaire en librairie,
sans lien de parenté avec Nicolas-Edme Roret :
Le Couronnement d’un roi, essai
allégorique en un acte et en prose (Paris, Urbain Canel, Dupont et Roret,
Henri Jannin, 1825, in-8), par Louis-Jérôme Gohier ;
Le Classique et le Romantique, dialogue
(Paris, Urbain Canel , Ambroise Dupont et Roret, 1825, in-8), par P.-M.-L.
Baour-Lormian ;
Les Épreuves de
Marguerite Lindsay (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1825, 4 vol.
in-12), roman traduit de l’anglais d’Allan Cuningham par Mme la
comtesse M*** [Molé] ; Encore un mot,
seconde satire (Paris, Ambroise
Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, in-8), par Baour-Lormian ;
Collection de résumés géographiques, ou Bibliothèque portative de géographie
physique, historique et politique,
ancienne et moderne (Paris, Ambroise
Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, 8 vol. in-18), sous la direction du
colonel Bory de Saint-Vincent ;
Nouveaux
essais poétiques (Paris, Urbain Canel, Ambroise Dupont et Roret, 1826,
in-18), par Delphine Gay [future épouse du publiciste Émile de Girardin].
Il avait édité aussi Alfred de
Vigny : Poèmes antiques et modernes
(Paris, Urbain Canel, 1826, in-8) ;
Librairie Camille Sourget, catalogue n° 9 : 9.500 € |
Cinq-Mars,
ou une Conjuration sous Louis XIII
(Paris, Urbain Canel, 1826, 2 vol. in-8). Et Jean-Gabriel Cappot de
Feuillide : Vendéennes et chants
hellènes (Paris, Urbain Canel, 1826, in-16) ; Le Jubilé, ode (Paris,
Urbain Canel, 1826, in-8) ; avec Thomas Potey, brevet du 1er
octobre 1812 renouvelé le 6 janvier 1820, 46 rue du Bac [VIIe], La Mort du duc Mathieu de Montmorency, chant élégiaque (Paris, Urbain Canel et
Potey, 1826, in-8). Et encore deux tragédies en cinq actes de Népomucène-Louis
Lemercier : Les Martyrs de Souli ou
l’Épire moderne (Paris, Urbain Canel, 1825, in-8) et Camille ou le Capitole sauvé (Paris, Urbain Canel et Barba, 1826,
in-8).
Frontispice |
Il avait publié Victor
Hugo : Bug-Jargal, par l’auteur de Han d’Islande (Paris,
Urbain Canel, 1826, in-12), imprimé par Alexandre Lachevardière (1795-1855),
dit « Lachevardière fils », breveté le 9 décembre 1823, 30 rue du
Colombier [partie orientale de la rue Jacob, VIe].
À partir de 1826, il utilisa
parfois une marque portant son chiffre « UC » et la devise du duc de
Bourgogne, Charles le Téméraire, « IE LAY EMPRINS. » [Je l’ai
osé] : Bonaparte et les Grecs
(Paris, Urbain Canel, 1826, in-8), par Louise Swanton-Belloc.
Honnête homme, dont la
clairvoyance lui faisait dire « Sans emphase, sans charlatanisme, rien ne se
vend », Urbain Canel fut suffisamment maladroit en affaires pour devoir déclarer
sa faillite le 13 juillet 1826. Le règlement de la faillite intervint au mois
de mars de l’année suivante, mais dès le mois de mai, Canel publia de nouveau :
Armance, ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827 (Paris, Urbain
Canel, 1827, 3 vol. in-12), anonyme par Stendhal ; L’Art de donner à dîner […] ; enseigné en douze leçons (Paris, Urbain Canel, 1828, in-18), « par
un ancien maître d’hôtel du président de la Diète de Hongrie, ex-chef d’office
de la princesse Charlotte » [Émile-Marc Hilaire] ;
Tableaux poétiques (Paris, Urbain Canel,
1828, in-8), par le comte Jules de Rességuier.
Le 20 août 1828, en l’église
Saint-Germain-des-Prés [VIe], Urbain Canel épousa Marie-Louise-Anna
Roch, née à Lainville [Lainville-en-Vexin, Yvelines], le 5 thermidor An XII [24
juillet 1804], fille de Françoise-Rosalie d’Ausbourg et de François Roch,
« vivant de son bien ».
Canel dut déménager 3 rue des
Fossés-Montmartre [partie de la rue d’Aboukir, IIe, entre la place
des Victoires et la rue Montmartre], partie de l’ancien hôtel de Rambouillet de
La Sablière ou hôtel de Clairambault :
Études
françaises et étrangères (Paris, Urbain Canel, 1828, in-8), par Émile
Deschamps ; Le Dernier Chouan ou la Bretagne en 1800 (Paris, Urbain
Canel, 1829, 4 vol. in-12), par Honoré Balzac, imprimé par Tastu.
Pour la quatrième fois, Canel déménagea
en 1829, 16 rue Jean-Jacques Rousseau [Ier].
Il s’associa avec Alphonse-Théodore-Hortensius
Levavasseur, breveté le 26 mars 1829, au Palais-Royal, qui avait acheté en 1828
une partie du fonds de Ponthieu, pour éditer : Poèmes
par M. le comte Alfred de Vigny, auteur
de Cinq-Mars ou une Conjuration sous Louis XIII (Paris, Charles Gosselin,
Levavasseur, 1829, in-8) ;
La Divine
Comédie de Dante Alighieri, traduite
en vers français par M. Antoni Deschamps (Paris, Charles Gosselin, Urbain
Canel, Levavasseur, 1829, in-8) ;
Fragoletta.
Naples et Paris en 1799 (Paris, Levavasseur, Urbain Canel, 1829, 2 vol. in-8),
anonyme par Henri de Latouche ;
Contes
d’Espagne et d’Italie par M. Alfred de Musset (Paris, A. Levavasseur et
Urbain Canel, 1830, in-8) ;
Reliure Semet et Plumelle Librairie Koegui : 770 € |
Le More
de Venise, Othello (Paris,
Levavasseur, Urbain Canel, 1830, in-8), tragédie traduite de Shakspeare en vers
français, par le comte Alfred de Vigny ; Physiologie du mariage, ou
Méditations de philosophie éclectique, sur
le bonheur et le malheur conjugal (Paris, Levavasseur et Urbain Canel,
1830, 2 vol. in-8), par un jeune célibataire [Balzac] ;
Les Sociétés secrètes de France et d’Italie
(Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8), par Jean Witt ;
Envoi de l'auteur à Alexandre Dumas Librairie Camille Sourget : 19.500 € |
Les Consolations, poésies (Paris, Urbain Canel et Levavasseur, 1830, in-16), anonyme
par Sainte-Beuve.
Pour éditer un ouvrage du célèbre
Docteur Prosper Ménière (1799-1862), qui a donné son nom à une maladie de
l’oreille interne et qui avait été le témoin de son mariage, Canel s’associa
avec Chrétien-Victor-Gustave-Charles Heideloff (1800-1879), 1 quai Malaquais
[VIe], qui avait acheté en 1828 une partie du fonds de Ponthieu :
L’Hôtel-Dieu de Paris en juillet et août
1830 (Paris, Charles Heideloff et Urbain Canel, 1830, in-8).
Canel édita les grands noms de la
littérature française et beaucoup d’écrivains célèbres, mais qui se vendirent
mal. Le Corsaire, journal des
spectacles, de la littérature, des arts, mœurs et modes, s’en fit l’écho, à sa
manière, le 21 juin 1830 :
« Pauvre
libraire romantique
Quoi, tes livres
mignons, imprimés avec soin
Presqu’au sortir de
ta boutique
Sont roulés en cornet
chez le marchand du coin !
Je les plains, c’est
mourir d’un trépas monotone
Mais je trouve
pourtant leur destin naturel
Il ne faut pas que
l’on s’étonne
De voir chez
l’épicier des livres de Canel. »
Pour la dernière fois, Canel
déménagea sa librairie en 1831, 104 rue du Bac [VIIe]. Il publia
d’abord La Peau de chagrin, roman philosophique (Paris, Charles
Gosselin, Urbain Canel, 1831, 2 vol. in-8), par M. de Balzac, imprimé par
Claude-Jacques Cosson (1789-1866), breveté le 27 juillet 1818, 9 rue
Saint-Germain-des-Prés.
Puis il s’associa avec Adolphe
Guyot, 18 place du Louvre [Ier] :
Librairie Eric Grangeon : 1.000 € |
Iambes (Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-8) par Auguste
Barbier ;
Le Saphir. Morceaux
inédits de littérature moderne (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832,
in-18) ; L’Émeraude, morceaux choisis de littérature moderne
(Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-18) ;
Contes bruns. Par une
[tête à l’envers : vignette de Tony Johannot, gravée par Thompson] (Paris,
Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832, in-8), imprimés par Adolphe-Auguste
Éverat, breveté le 1er août 1832, 16 rue du Cadran [rue Léopold
Bellan, IIe] ; La Coucaratcha
(Paris, Canel, Guyot, 1832, 2 vol. in-8), par E. Sue ;
L’Élysée-Bourbon (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1832, in-18),
anonyme par Jules Janin ; Heures du
soir. Livre des femmes (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1833, 4 vol.
in-8) ;
Le Livre rose, récits et causeries de jeunes femmes
(Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1834, 4 vol. in- 8) ; Étude sur Mirabeau (Paris, Adolphe Guyot et Urbain Canel, 1834,
in-8), par Victor Hugo ; Cécile,
par Eugène Sue (Paris, Urbain Canel
et Adolphe Guyot, 1834, in-12).
Ces volumes, élégants et imprimés
sur papier vélin, coûtaient cher et se vendaient mal. Adolphe Guyot fit
faillite le 8 novembre 1834 et fut détenu pour dettes à la nouvelle Maison
d’arrêt, 70 rue de Clichy [IXe, fermée en 1867 et démolie en 1872] :
« Une visite de quelques
heures à la Prison pour Dettes, suffit pour convaincre l’esprit le plus rebelle
de l’inutilité de la contrainte par corps. Elle n’atteint jamais le débiteur
solvable, et dès-lors, de mauvaise foi quand il ne paie pas. Elle ne frappe que
le malheur ; elle ne sert qu’à grossir la liste des frais ; elle
augmente le montant de la dette, et elle enlève les seules ressources qui
puissent la payer, le travail, la confiance et l’industrie. »
(Jules Mayret. « La Nouvelle
Prison pour dettes. » In Paris, ou le Livre des cent-et-un. Paris,
Ladvocat, 1834, t. XV, p. 363)
Urbain Canel, ruiné, dut quitter
la librairie. Il redevint teneur de livres dans une grande maison de commerce.
Après avoir sollicité en vain une place de lecteur pour le colportage auprès de
la Direction de la Librairie, l’ami de Balzac et de George Sand mourut le 17 décembre
1867, en son domicile parisien, 20 rue du Cirque [VIIIe]. Sa veuve
se retira dans sa famille maternelle, à Lainville, où elle mourut le 28 juin
1888.
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