Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Bouillon s’émancipe ! Le duché emboîte le pas à l’esprit des Lumières qui brille à Paris et illumine le monde. Sans en estimer sa réelle portée, l’encyclopédiste Pierre Rousseau, et sa manufacture littéraire installée rue du Moulin, dote ses lecteurs d’un moyen d’action redoutable : la liberté de penser par soi-même ! Bien que semée d’embûches, l’imprimerie se révèle en effet une voie de communication efficace dans le voyage des idées.
Près de trois décennies avant la grande Révolution, et la petite révolution bouillonnaise qui s’inscrit dans son sillage, l’émulation typographique gagne le duché. Des artisans cantonnés essentiellement à l’impression de documents officiels. Mais pas que. Car les nouveaux concepts de société véhiculés avec habileté par les imprimeurs ont aussi généré des frustrés plein de rancune, exclus des débats.
Avec une écriture presque cinématographique, le roman "Se perdre dans la lumière" transporte véritablement le lecteur au cœur de ce Bouillon du XVIIIe où vivent en plutôt bonne intelligence aristocrates, bourgeois et petit peuple. Sans appartenir à l’une de ces franges de la société, Hyacinthe Piette, homme instruit, empreint d’idéalisme, et de pondération, est le protagoniste attachant de cette "vision" de l'histoire locale, glorieuse puis décadente.
Accompagnée de magnifiques planches des illustrateurs Palix, David Caryn, et de Jean-Claude Servais en participation, cette publication constitue une singulière opportunité pour découvrir et s’interroger sur les dernières années de ce siècle bouillonnant qui fit route à marche forcée vers un nouveau monde.
Complétée par un volet historique très instructif, largement illustrée par les collections du Musée ducal, cette publication inédite mérite d’être saluée.
Soyons pratiques
"Se perdre dans la lumière"
Jacques Nicolas, Roger Nicolas (auteurs)
David Caryn, Palix, Jean-Claude Servais (illustrateurs)
Edition Weyrich, 25 €
Point de vente au Musée ducal (à partir du 9 septembre 2017)