lundi 24 février 2020

Alphonse Pinart (1852-1911), explorateur américaniste

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Eglise Saint-Martin d'Esmery-Hallon
Avant sa destruction lors de la Première Guerre mondiale

Descendant d’une famille de commerçants exerçant à Esmery-Hallon [Somme], installée à Paris sous la Révolution, puis à Marquise [Pas-de-Calais] en 1835, Louis-Alphonse Pinart est né à Marquise, le 25 février 1852.

Son père, François-Léon Pinart, né à Paris le 12 avril 1809, fit ses études au lycée Charlemagne et fut attaché pendant trois ans à la banque Delamarre. 


Attiré par les perspectives qu’offrait la découverte des mines de charbon et de minerai de fer dans le Boulonnais, il devint, ainsi que ses deux frères, Jean-Louis-Prosper Pinart (1802-1853) et Alexandre-François Pinart (1800-1878), maître de forges à Marquise. Les trois frères y fondèrent, en 1839, au lieu-dit Bouquinghen, des usines qui, au point de vue de la fabrication des fontes moulées, devinrent les plus importantes usines françaises. Ces usines n’eurent d’abord qu’un seul fourneau, affecté exclusivement à la production des fontes brutes en gueuses, pour moulages et pour forges. Deux autres hauts-fourneaux furent construits de 1843 à 1846, pour travailler au coke comme le premier. Après 1848, la Société Pinart frères, se rendit acquéreur d’une usine voisine des siennes, qui comprenait deux hauts-fourneaux. Situées sur le littoral, à portée du canal de Guines, entre les ports de Calais et de Boulogne, se rattachant par le chemin de fer du Nord à toutes les grandes lignes françaises, les fonderies de Marquise étaient admirablement placées pour trouver des débouchés à leurs produits, mais furent mises en liquidation en 1879. 


François-Léon Pinart avait épousé, à Saint-Quentin [Aisne], le 26 juillet 1841, Louise-Joséphine-Céline Livorel, née le 21 juin 1816, fille d’un négociant. Conseiller général du canton de Marquise en 1848, chevalier de la Légion d’honneur en 1853 pour services rendus à l’industrie, François-Léon Pinart était mort à Amélie-les-Bains-Palalda [Pyrénées-Orientales], le 24 février 1859 ; son épouse lui avait survécu, à Paris [XIe], jusqu’au 9 mai 1872.

Alphonse Pinart (1885)
Photographie BnF
Pendant ses études, à Lille et à Paris, Alphonse Pinart fut particulièrement intéressé par les langues. À l’Exposition universelle de 1867, à Paris, il rencontra l’abbé Charles-Étienne Brasseur (1814-1874), dit « Brasseur de Bourbourg », du nom du lieu de sa naissance [Nord], l’un des pionniers de l’archéologie et de l’histoire précolombiennes, qui l’encouragea à étudier les origines des Amérindiens [Indiens de l’Amérique du Nord].
Héritier, avec ses quatre frères, de la fortune de son père, il habitait alors chez sa mère, 58 boulevard Voltaire [XIe]. Il visita la Californie [États-Unis] dès 1869. Mais son projet était de partir en Alaska [États-Unis], pour y étudier les langues autochtones et prouver que le peuplement initial du Nouveau Monde s’était fait à partir de la Sibérie [Russie].

 Carte de l'Alaska
Nushagak (point bleu), Unalaska (rouge), Unga (jaune), Kodiak (vert), Sitka (violet)

Baie de Nushagak (1900)

Le 27 avril 1871, à San Francisco [Californie, États-Unis], il embarqua sur la goélette « Amanda Ager » en direction des îles Aléoutiennes [Alaska, États-Unis], puis il navigua de Nushagak à la rivière Yukon à bord de la goélette « John Bright ». 

Un kayak et deux umiaks (1875)

Plus tard, le voyage d’Unalaska à l’île Kodiak dura deux mois et fut effectué en umiak [type de grand canoë traditionnel utilisé par les Eskimos]. Il rentra, via Sitka, à San Francisco le 21 mai 1872. 

Masque d'Aknanh
Il en rapporta soixante-dix masques du peuple Sugpiaq [peuple originaire de l’archipel de Kodiak], provenant de l’archipel de Kodiak [aujourd’hui au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer], et sept masques trouvés dans une sépulture de la caverne d’Aknañh, sur l’île d’Ounga [Unga], dans les îles Aléoutiennes [aujourd’hui au Musée du quai Branly]. Il avait non seulement recueilli les explications des Sugpiak concernant l’origine des masques, mais il avait aussi décrit une cérémonie avec masques et chants à laquelle il assista dans le village d’Uyak, de l’île de Kodiak, en février 1872 : sa contribution dans l’ethnographie des masques de Kodiak lui valut, en 1874, la médaille d’or de la Société de géographie, pour voyages d’étude, missions et travaux de reconnaissance.
En 1873 et en 1874, il visita des collections alaskiennes en Europe : Musée ethnographique de Copenhague [Danemark], Musée de Dorpta [aujourd’hui Tarpu, Estonie], Musée et Archives de l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg [Russie], Musée de l’Université d’Helsinki [Finlande], Musée public de Moscou [Russie]. Pinart avait intérêt à visiter les musées russes : une trentaine d’années avant lui, le naturaliste russe Ilia Voznessenski (1816-1871) avait rapporté une collection de masques et d’objets rituels de Kodiak.


De retour en France, il acheta la presque totalité de la bibliothèque mexico-guatémalienne de Brasseur de Bourbourg, mort à Nice [Alpes-Maritimes], le 8 janvier 1874 :

« Elle est insignifiante, quant au nombre des volumes ; elle est d’une grande valeur, si l’on considère leur rareté, en particulier, pour ce qui concerne la linguistique du Mexique du sud et de l’Amérique centrale. Sous ce rapport, je puis dire qu’elle est unique. Plus de quatre-vingts volumes ou traités, manuscrits, dans des langues, dont les noms sont à peine connus des bibliographes ; plus de soixante grammaires, vocabulaires, traités profanes et religieux, imprimés, dont quelques-uns n’ont jamais été catalogués et dont je possède les uniques exemplaires ; d’autres qui ne sont encore connus que par de vagues indications, voilà, en quelques mots, pour ce qui concerne la philologie américaine, ce que présente ma Bibliothèque. Quant à l’histoire, antérieure à la conquête ou postérieure à la soumission des races indigènes, elle s’y trouve représentée par plus de quatre-vingts autres documents manuscrits, introuvables ailleurs, pour la plupart, et d’une importance non moins grande que les précédents. […]
Quelques autres parties de l’Amérique y sont également représentées avec avantage. […]
A côté de ceux-ci, il y en a un petit nombre qui, bien que modernes, sont de ceux qu’on trouve difficilement et qui, presque jamais, ne se rencontrent en librairie. »
(Brasseur de Bourbourg. « Avant-propos ». In Bibliothèque mexico-guatémalienne. Paris, Maisonneuve & Cie, 1871, p. I-III)  

En 1875, il fit l’acquisition, auprès de Eugène Boban (1834-1908), antiquaire 35 rue du Sommerard [Paris Ve], d’une collection de 1.463 pièces mexicaines, 

Masque de Xipe Totec
dont le masque de Xipe Totec [qui est un faux, aujourd’hui au Louvre], 

Crâne de cristal
un crâne de cristal [qui est un faux, aujourd’hui au Musée du quai Branly], 

Statue de Quetzalcoatl
la statue de Quetzalcoatl [aujourd’hui au Musée du quai Branly], et de quelques centaines d’objets d’Amérique centrale et du Sud.  

Masque de Mortlock
De 1875 à 1900, Alphonse Pinart s’intéressa successivement aux Indiens des États-Unis, à l’Océanie – d’où il rapporta notamment un masque des îles Mortlock [aujourd’hui au Château-Musée de Boulogne-sur-Mer] - 

Pinart rencontre la reine de l'île de Pâques (1877)
et à l’île de Pâques. Il voyagea, en particulier, avec le géologue Léon de Cessac (1841-1891), en Californie.
En 1878, pour pouvoir poursuivre ses explorations, Alphonse Pinart fut dans l’obligation de demander une aide financière au ministère de l’Instruction publique, contre le don de ses collections à l’État.

Zelia Nuttall (1875)
À San Francisco, le 10 mai 1880, il épousa Zelia-Maria-Magdalena Nuttall, née le 6 septembre 1857 à San Francisco, fille du Docteur Robert-Kennedy Nuttall, originaire d’Irlande, et de Magdalena Parrot, fille de banquier. Ils eurent une fille, Nadine, en 1882, mais se séparèrent dès 1884 et divorcèrent, à San Francisco, le 28 septembre 1888 [le jugement fut transcrit aux registres de l’État civil de Marquise le 28 juillet 1906].


Face à ses problèmes financiers, il mit en vente sa bibliothèque à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons-Enfants, salle 1, du lundi 28 janvier au mardi 5 février 1884, en 8 vacations : Catalogue de livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, principalement sur l’Amérique et sur les langues du monde entier, composant la bibliothèque de M. Alph.-L. Pinart, et comprenant en totalité la bibliothèque mexico-guatémalienne de M. l’Abbé Brasseur de Bourbourg (Paris, VVE Adolphe Labitte, 1883, in-8, VIII-248 p., 1.440 + 23 doubles [bis] – 1 [n° 100 absent] = 1.462 lots), dont Amérique [975 lots = 66,68 %], Europe [97 lots = 6,63 %], Asie [120 lots = 8,20 %], Afrique [51 lots = 3,48 %], Océanie [93 lots = 6,36 %], Généralités – Divers [109 lots = 7,45 %], Livres en nombre [17 lots = 1,16%].

La collection avait la particularité de comprendre la quasi-totalité des ouvrages ayant appartenu à Brasseur de Bourbourg, qui avait vendu sa bibliothèque en 1873 et 1874. Alphonse Pinart a considérablement augmenté cette bibliothèque. 

Emblème de la Société de l'Athénée oriental


Photographie BnF
Son ex-libris [50 x 45 mm], souvent collé au-dessous de celui de Brasseur de Bourbourg, avait été inspiré de la marque utilisée par la Société de l’Athénée oriental pour ses publications : imprimé sur papier bleu, vert ou mauve, il porte la mention « ALPH.  PINART », surmontant un écu au soleil levant sur mer ondée, avec la devise « SOL ORIENS DISCUTIT UMBRAS » [le soleil levant chasse les ombres].

La Bibliothèque nationale de France acheta plus de 35 manuscrits, par l’intermédiaire de la Librairie Labitte, qui furent enregistrés par la Bibliothèque à la date du 18 mai 1884. Dans leur grande majorité, ces documents furent placés dans le fonds américain sous les numéros 38 à 71 et 73, à l’exception de deux pièces [n° 613 A et B], qui rejoignirent le fonds mexicain : « Compendio facil de la lengua mexicana y letras especiales et idioma » [mexicain 397] et « Fuente de los verbos mexicanos, seguida de la fuente de los nombres mexicanos » [mexicain 398].


7. Acuña (El P. Christobal). Nuevo descubrimiento del gran rio de las Amazonas. Madrid, 1641, in-4, mar. rouge, dos orné, fil., tr. dor. 400 fr. à Quaritch.


101. Beristain de Souza (Dr D. José Mariano). Biblioteca hispano-americana septentrional. Mexico, 1816-1821, 3 vol. pet. in-fol., demi-rel. bas. bleue. 1.100 fr. à Quaritch.


106. Bertonio (El P. Ludovico). Vocabulario de la lengua Aymara. Juli Pueblo [Pérou], 1612, in-4, parchemin. 720 fr. à Quaritch.


108. Beschrijvinghe van Virginia, Nieuw Nederlandt. Amsterdam, 1651, pet. in-4 goth., non relié. 310 fr. à Quaritch.


113. Bible. The Holy Bible : containing the Old Testament and the New. Translated into the indian language. Cambridge, 1663, in-4, 2 col., mar. La Vallière, fil. à froid et or, milieu sur les plats, tr. dor., étui en mar. bleu. 2.700 fr. à Quaritch.


151. Popol Vuh. Le Livre sacré et les Mythes de l’antiquité américaine, avec les livres héroïques et historiques des Quichés. Paris, Arthus Bertrand, 1861, gr. in-8, fig. et carte, demi-rel. chagr. citr., tr. peigné. 31 fr. à Douet.

Frontispice


174. Burgoa (Fr. Francisco de). Palestra historial de virtudes, y exemplares apostolicos. Mexico, Juan Ribera, 1670, in-fol., demi-rel. bas., front., incomplet du titre et de quelques feuillets de la table. 118 fr.  

Frontispice


175. Burgoa (Fr. Francisco de). Geografica descripcion de la parte septentrional, del polo artico de la America, y nueva iglesia de las indias occidentales, y sitio astronomico de esta provincia de predicadores de antequera valle de Oaxaca. Mexico, Juan Ruyz, 1674, 2 vol. in-fol., front., vélin. 495 fr. à Maisonneuve.


199. Carochi (El P. Horacio). Compendio del arte de la lengua mexicana. Mexico, 1759, pet. in-4, front. gravé, vél. 42 fr. à Robinat.

Photographie John Carter Brown Library 
221. Champlain (Samuel). Brief discours des choses plus remarquables que Samuel Champlain de Brouage a reconnues aux Indes occidentales. Manuscrit original et autographe orné de 62 dessins en couleur. In-4, chagr. violet. Provient du cabinet de l’archéologue Pierre-Jacques Feret (1794-1873), maire de Dieppe [Seine-Maritime] en 1848. 5.600 fr. à Morgand.

Photographie BnF
233. Claude d’Abbeville (Le R. P.). Histoire de la mission des Pères Capucins en l’isle de Maragnan et terres circonvoisines. Paris, François Huby, 1614, in-8, titre gravé et fig. par Léonard Gaultier, v. ant. 155 fr. à Maisonneuve.


262. La Preclara Narratione di Ferdinando Cortese della Nuova Hispagna del Mare Oceano. Venise, 1524, in-4, mar. viol., fil., tr. dor. 300 fr. à Morgand.


374. Flores (P. F. Ildefonso Joseph). Arte de la lengua metropolitana del Reyno cakchiquel, o Guatemalico. Guatemala [Antigua], 1753, pet. in-4, bas. 425 fr. à Le Soudier.


425. Grijalva (Ioan de). Cronica de la orden de N. P. S. Augustin en las provincias de la Nueva España. Mexico, Juan Ruiz, 1724 [i.e. 1624], in-fol., titre gravé, demi-rel. bas. r. Titre rogné dans le bas. 305 fr. à Groux.

Christie's, New York, 5 décembre 2008 : 21.250 $
630. Molina (El P. Fray Alonso de). Vocabulario en lengua castellana y mexicana. Mexico, Antonio Spinosa, 1571, in-fol., vél. 500 fr. à Groux.


808. Ruiz de Montoya (El P. Antonio). Arte de la lengua Guarani. En el pueblo de S. Maria la Mayor [Paraguay], 1724, in-4, parch. 340 fr. à Le Soudier.


880. Tauste (El Fray Francisco de). Arte y bocabulario de la lengua de los indios Chaymas, Cumanagotos, Cores, Parias y otros diversos. Madrid, 1680, in-4, cuir de Russie, tr. marbrée. 250 fr. à Le Soudier.


1.361. The Principal Navigations, voyages, traffiques and dicoveries of the English Nation. Londres, George Bishop, 1599, 3 vol. in-fol. goth., ciur de Russie, dent. à froid. 560 fr. à Quaritch.


Célèbre carte de Virginie, de Smith

Carte de Briggs
Première carte montrant la Californie comme une île
et nommant le Nouveau-Mexique, la rivière Hudson et la baie d'Hudson
1.391 bis. Purchas (Samuel). Hakluytus Posthumus or Puchas his pilgrimes, contayning a history of the world. Londres, 1625-1626, 5 vol. in-fol., fig. et cartes, chag. r., dos orné, fil. tr. dor. (Bedford). 1.720 fr. à Morgand.

Demeurant alors à Marquise, Alphonse Pinart se remaria à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines], le 26 février 1907, avec Jeanne-Andrée-Lucie Combret (1879-1949), institutrice, née à Paris VIe le 7 avril 1879, fille du Docteur Raymond-Jacques-Pierre Combret et de Marie Sauvaget. Il mourut, ruiné et oublié, le 13 février 1911, en son domicile, à Boulogne-Billancourt [Hauts-de-Seine], 3 rue Saint-Denis.























jeudi 13 février 2020

Léon Rattier (1824-1902), sous-préfet et riche héritier

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Descendant d’une famille de cordonniers, Joseph-Charles-Thomas Rattier (1762-1821), fils d’un négociant et fabricant de point d’Alençon [Orne], épousa à Paris, vers 1785, Marie-Angélique Labitte, dont le père était marchand de draps, 52 rue Saint-Honoré [Ier, détruit], au coin de celle des Prouvaires, à l’enseigne de la Croix d’Or, fournisseur de tous les régiments étrangers au service de France. 

Magasin de Labitte, marchand de draps, auquel succéda un marchand de vin (1908)
Devenu successeur de son beau-père, Joseph-Charles-Thomas Rattier fut nommé fournisseur ordinaire de la maison de Napoléon en 1804, avec le titre de « marchand de draps de Sa Majesté l’Empereur et Roi », qui fut inscrit pendant dix ans au-dessus de la porte de son magasin. De 1815 à 1817, il eut le jeune peintre Camille Corot (1796-1875) comme commis coursier.

Son fils Adrien-Joseph Rattier, né à Paris le 27 avril 1789, lui succéda avant de s’associer avec Jean-Louis Guibal, né le 25 juin 1789, fils d’un manufacturier de draps à Castres [Tarn], pour installer à la plaine Saint-Denis, en 1828, une usine de fabrication de tissus caoutchoutés, et un magasin de vente au 4 rue des Fossés-Montmartre [rue d’Aboukir, IIe].
Le premier emploi réellement industriel du caoutchouc, pour rendre imperméables les vêtements, datait de 1791 : les premiers essais, faits sur une très petite échelle, n’avaient pas donné de grands résultats. Ce n’est qu’en 1823 que cette industrie commença à se développer d’une façon sérieuse, grâce aux procédés du chimiste écossais Charles Macintosh (1766-1843), dit « Mackintosh ». Rattier et Guibal importèrent en France ces procédés, auxquels ils apportèrent des perfectionnements : ils obtinrent, par ordonnance du 31 mars 1830, un brevet d’invention pour l’art de réduire le caoutchouc en fil et d’en former des tissus élastiques (bretelles, jarretières, ceintures, lacets, étoffes à corsets, etc.). 


Usine des Ternes
In L'Illustration, 26 avril 1856, p. 273
En 1847, leur fabrique déménagea aux Ternes, rue de la Chaumière [rue Laugier, Paris XVIIe] : Rattier demeurait alors au 98 rue Neuve-des-Mathurins [42 ter rue des Mathurins, VIIIe], Guibal rue de l’Arcade, aux Ternes [rue Bayen à partir de 1863, XVIIe].
Après la mort des deux manufacturiers en 1854 – Adrien-Joseph Rattier le 31 mars, Jean-Louis Guibal le 16 septembre -, leurs fils formèrent une usine, chacun de leur côté : Jean-Joseph-Paul Rattier (1819-1890) à Bezons [Val-d’Oise], avec un dépôt 4 rue des Fossés-Montmartre ; Charles Guibal (1824-1905) à Ivry-sur-Seine [Val-de-Marne], avec un dépôt 40 rue Vivienne [IIe]. En même temps qu’il fondait en France l’industrie des câbles souterrains, Rattier était appelé en 1859 à fabriquer, pour le compte de l’Administration française, les câbles sous-marins nécessaires à la construction du réseau sémaphorique des côtes de France.

Adrien-Joseph Rattier avait épousé, en 1814, Françoise-Victoire Deterville, née à Paris en 1797, unique héritière du libraire Jean-François-Pierre Deterville (1766-1842) et de Anne Garnery (1773-1842). 

Château de Verveine

Veuve depuis quatre ans, Françoise-Victoire Deterville mourut le 13 novembre 1858, au château de Verveine [Condé-sur-Sarthe, Orne], qu’elle laissa à ses trois enfants, ainsi qu’une maison, 8 rue Hautefeuille [VIe], au coin de la rue des Poitevins, en face de l’hôtel de Fécamp, et la ferme de Maisonville [Maisons-Alfort, Val-de-Marne ; rasée en 1920].
Les enfants vendirent la maison de la rue Hautefeuille et les collections de leur père en 1859, et la ferme de Maisonville en 1862.


La collection d’objets d’art d’Adrien-Joseph Rattier fut dispersée à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 5 rue Drouot, salle n° 5, au 1er, du lundi 21 au jeudi 24 mars 1859 : Catalogue des objets d’art et de haute curiosité composant la collection de feu M. Rattier (Paris, Mannheim et Rollin, 1859, in-8, 84 p., 479 lots), dont Argent et Bijoux antiques, Armes, Bijoux et matières précieuses, Bronzes, Émaux de Limoges, Faïences dites de Henri II, Fers ciselés, Grès de Flandre, Manuscrits [de la collection Debruge Duménil, 1847], Médailles, Porcelaines de Sèvres et autres, Sculptures, Terres cuites, Verres et Vitraux. 


Ses estampes furent vendues au même lieu, le vendredi 25 mars 1859 : Catalogue des estampes, dessins, aquarelles, tableaux anciens et modernes faisant partie de la collection de feu M. Rattier (Paris, Ferdinand Laneuville et Blaisot, 1859, in-8, 12 p., 80 + 1 double [bis] = 81 lots). Les ventes rapportèrent 383.683 francs, dont 30.000 pour les estampes, dessins, aquarelles et tableaux ; la collection n’avait pas coûté plus de 100.000 francs.


L’ainée des enfants de Adrien-Joseph Rattier et de Françoise-Victoire Deterville, Anne-Clémentine Rattier, était née le 15 juillet 1815. Le 18 août 1836, à Paris, elle épousa Roch-Romain Ledoux, négociant, né le 11 frimaire An VI [1er décembre 1797], à Paris, rue de Buci [VIe], fils de Louis-Thomas-Romain Ledoux, papetier, et de Anne-Marie Collemberg. Veuve depuis le 5 juin 1849, Anne-Clémentine Rattier épousa, en secondes noces, le 18 décembre 1851, à Paris, Charles-Jean Crapelet, imprimeur, né le 12 septembre 1819, fils de Georges-Adrien Crapelet (1789-1842), imprimeur, et de Madeleine-Fortunée Mérault. Le couple habita d’abord 98 rue Neuve-des-Mathurins, puis 74 boulevard Maillot, à Neuilly-sur-Seine [Hauts-de-Seine]. Associé depuis 1842 avec son beau-frère Charles-Auguste Lahure (1809-1887), Charles-Jean Crapelet renonça en 1855 à sa profession, pour travailler avec son autre beau-frère, Jean-Joseph-Paul Rattier : ce fut Crapelet qui, le 1er décembre 1855, représentant les sieurs Rattier et Compagnie, déposa au secrétariat de la préfecture du département de la Seine une demande de brevet d’invention de quinze ans pour la fabrication d’une matière dite « éléocomme ».
Fille de Roch-Romain Ledoux et de Anne-Clémentine Rattier, Marthe Ledoux, née le 2 août 1837, épousa, le 29 juin 1858 à Paris, le banquier Adolphe-Ernest Fould (1824-1875), d’une famille originaire de Metz [Moselle], fils de Achille-Marcus Fould (1800-1867), ministre d’État, et de Henriette Goldschmidt (1800-1870). Elle mourut prématurément, à l’âge de 26 ans, le 10 janvier 1864, en son domicile du 133 rue du Faubourg-Saint-Honoré [VIIIe].
Anne-Clémentine Rattier décéda le 12 avril 1869, en son domicile de Neuilly-sur-Seine.  

Jean-Joseph-Paul Rattier
Son frère cadet, Jean-Joseph-Paul Rattier, était né le 10 mai 1819. Le 20 décembre 1855, à Paris, il épousa Marie-Charlotte-Élisabeth Damaison, veuve en premières noces de Jean-Jacques-Édouard Valentin. Le couple demeura 56 rue Bayen. Jean-Joseph-Paul Rattier devint conseiller municipal du XVIIe arrondissement de Paris en 1859. Veuf, il décéda en son domicile, le 9 juin 1890. 


Ses collections d’objets d’art furent vendues à l’Hôtel Drouot, salle n° 2, les lundi 13 et mardi 14 avril 1891 : Catalogue des objets d’art et de curiosité, monnaies antiques, médailles de la Renaissance et du XVIIe siècle, miniatures et tableaux, bas-reliefs des Della Robbia, armes, bronzes du XVIe siècle, porcelaines du Japon, couteaux en porcelaines tendres et de Saxe, meubles, dépendant de la succession de M. Paul Rattier (Paris, Rollin et Feuardent, Charles Mannheim, B. Lasquin, 1891, in-8, 71-[1 bl.] p., 207 lots).  
  
Le benjamin des enfants de Adrien-Joseph Rattier et de Françoise-Victoire Deterville, Victor-Léon Rattier, était né le 21 juin 1824. 


Il fut nommé sous-préfet à Doullens [Somme], le 8 décembre 1849. Le 3 septembre 1851, à Neufchâteau [Vosges], il épousa Émelie-Bathilde-Fédora Henrys, née le 11 mai 1827 à Bourg-Sainte-Marie [Haute-Marne], fille de Émile-François Henrys (1799-1875), inspecteur des forêts, et de Eugénie-Louise-Constance Labille (1807-1876) ; parmi les témoins se trouvait Pierre-Antoine-Victor Huot (1783-1857), député des Vosges, oncle de l’épouse et des frères Goncourt.


Dès 1858, Léon Rattier et Fédora Henrys devinrent propriétaires du château de Jeand’heurs [L’Isle-en-Rigault, Meuse].
Jeand’heurs avait été d’abord une abbaye de l’Ordre des chanoines réguliers de Prémontré, qui datait du XIIe siècle. En 1791, Mathieu, maître de forges à Bayard-sur-Marne [Haute-Marne], l’avait achetée comme bien national. Pour 100.000 livres, Nicolas-Charles Oudinot (1767-1847), maréchal d’Empire et duc de Reggio, l’avait acquise en 1808. Il y avait fait des aménagements considérables, avait reboisé les côteaux, avait entouré tout le domaine d’un mur de 9 km de long et avait régularisé le cours de la Saulx. Une bibliothèque riche de trois mille volumes, dont un grand nombre d’éditions de luxe, formée par le maréchal lui-même, fervent bibliophile, avait été la gloire d’une partie du premier étage. En 1839, nommé grand chancelier de la Légion d’honneur, Oudinot s’était établi à Paris et n’était plus venu à Jeand’heurs que par congé. Après la mort du maréchal, la bibliothèque avait été dispersée le 26 septembre 1851 et le domaine avait été vendu en plusieurs lots. La papeterie, qui avait été fondée en 1826 sur le site de l’un des premiers moulins à papier lorrain du XIVe siècle et où avait été installée une des deux premières machines à papier en continu conçues par Léger Didot (1767-1829) [25 rue Henri Chevalier, L’Isle-en-Rigault, mise en liquidation en 2001], fut acquise par Gabriel Varin-Bernier, banquier à Bar-le-Duc. La Vieille-Forge avait été acquise par Jules Deschamps, de Paris, la ferme par Pérardel et les bois par de Benoist. Le château avait été acheté par Morel-Quentin, négociant de Versailles, qui l’avait cédé peu après à Émile-François Henrys (1799-1875), beau-père de Léon Rattier.
Celui-ci, dont les goûts étaient servis par une fortune considérable, embellit le château et le parc, ajouta une aile, combla les douves et les remplaça par une balustrade, orna une des façades de balcons et de pilastres, décora l’intérieur, construisit une orangerie et agrandit un pavillon du parc.
À partir de 1877, Edmond de Goncourt (1822-1896) fit chaque année, à la fin de l’été, un séjour au château de Jeand’heurs :

« Un parc qui rappelle en grand le Petit Trianon, et dans lequel coule une vraie rivière, une cour d’honneur digne d’un Marly, des amas de curiosités, parmi lesquelles il y a une collection de livres et de reliures qui vaut plus d’un million, des armoires toutes pleines de vieilles dentelles »
(Journal des Goncourt. Paris, Charpentier, 1891, t. V, p. 337)

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
Photographie B.M. Lyon
Pour ses livres, Léon Rattier utilisait deux types – polylobé ou triangulaire - d’un ex-libris [23 x 27 mm] doré sur cuir rouge, portant deux écus accolés : à dextre, aux armes de l’abbé François, abbé de Jeand’heurs [« D’azur à la fasce d’argent accompagnée en chef de deux roses de même et en pointe d’un Agnus Dei d’argent »] ; à sénestre, les armes de l’abbaye [« De gueules à une Vierge Mère d’argent couronnée d’un diadème d’or, ayant à sa main droite une croix et sur le bras gauche l’enfant Jésus couronné de même »] ; le premier type porte au-dessous, un listel avec « ABBATIA  JANDURIARUM », et au-dessus, un listel avec « EX  LIBRIS  LEON  RATTIER » : c’est l’inverse sur le second type.

Fédora Henrys mourut au château de Jeand’heurs, le 8 février 1902, avant son mari. Léon Rattier, décéda au même château, le 29 octobre suivant. Son héritage, comprenant aussi le château de Verveine, échut à son petit-neveu, Charles-Achille Fould (1861-1926), député des Hautes-Pyrénées.

Charles-Achille Fould
Né à Paris [VIIIe], 129 rue du Faubourg-Saint-Honoré, le 10 août 1861, Charles-Achille Fould avait épousé, à Saint-Julien-Beychevelle [Gironde], le 22 janvier 1890, Claire-Blanche-Marie-Louise Heine, née à Paris [IIe], 12 rue de la Paix, le 12 août 1865, fille de Armand Heine, banquier, et de Marie-Amélie Kohn.
Il mit en vente une première partie de la bibliothèque du château de Jeand’heurs, du mardi 3 au jeudi 5 juin 1913, en 3 vacations, à l’Hôtel Drouot, salles 8 et 10 : Livres anciens rares et précieux provenant de la bibliothèque de feu M. R*** [Rattier] (Paris, Henri Leclerc, 1913, in-8, 359 lots). La vente rapporta au total 114.837 francs.


1. Columna (Franciscus). Hypnerotomachia Poliphili, Venise, Alde Manuce, décembre 1499, in-fol., mar. bleu (Bozerian Jeune), première édition. Exemplaire Yemeniz [1867, n° 2.249]. 4.500 fr. [Christie’s New York, 23 avril 2001 : 358.000 $]
3. Chronique de Saint-Denis (1514). 2.020 fr.


13. Doni (Anton Francesco). Les Mondes, célestes, terrestres et infernaux. Lyon, Barthelemy Honorat, 1578, in-8, 14 fig., mar. bleu nuit, dos à nerfs orné, triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées or, dent. int., tr. dor. sur marbrures (Duru). Ex. Yemeniz [1867, n° 2.201]. 61 fr. [Drouot, 16 décembre 2016 : 3.384 €] 
31. Rabelais (François), Œuvres, fig. de B. Picart, Amsterdam, 1741, 3 vol. in-4 (Rel. anc.), exemplaire sur grand papier, dans une reliure de Bradel aîné. 6.055 fr.
41. Tasse (Le), Jérusalem délivrée, traduit par Le Brun, Paris, An XI-1803, 2 tomes en 1 vol. in-8 (Thouvenin), exemplaire contenant les dessins originaux de Le Barbier et Chasselat. 3.305 fr.


44. Billaut (Adam). Le Vilebrequin de Me Adam, menuisier de Nevers. Paris, Guillaume de Luyne, 1663. In-12, maroquin bleu, triple filet doré, dos orné, filets sur les coupes, dentelle intérieure, tranches dorées (Capé). 17 fr. [Paris, salle Rossini, 16 octobre 2015]


58. Desportes (Philippe), Les Premières Œuvres, Paris, Mamert Patisson, 1600, in-8, mar. rouge, décor à la fanfare avec au centre motif dit « à la rose », dos à nerfs orné, roulette et filets dorés intérieurs, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). 2.210 fr. [Paris, Salle Rossini, 3 novembre 2010 : 6.000 €]
71. Marguerites de la Marguerite des princesses, très illustre royne de Navarre, Lyon, 1547, 2 tomes en 1 vol. in-8 (Niedrée, 1848). 2.500 fr.
93. Le Grant Testament Villon entre 1495 et 1500, gr. in-8 goth. (Niedrée, 1846). 3.600 fr.


106. La Mort de Pompée. Paris, Antoine de Sommaville et Augustin Courbé, 1644, in-4, mar. rouge janséniste, dent. int., tr. dor. (Belz-Niedrée). 265 fr. [Drouot, 14 juin 2019 : non vendu]
124. Sertorius, tragédie. Rouen et Paris, Augustin Courbé, Guillaume de Luyne, 1662. In-12, maroquin janséniste rouge, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrure (Allô). Seconde édition, parue à la même date que l’originale. 50 fr. [Drouot, 16 mai 2009 : 600 €]
162. Psiché, tragédie-ballet par J.-B.-P. Molière (en collaboration avec P. Corneille et Quinault). Et se vend pour l’autheur à Paris, chez Pierre Le Monnier, 1671, in-12 (Trautz-Bauzonnet), édition originale. 2.420 fr.


168. Molière. Le Malade imaginaire. Cologne, Jean Sambix, 1674, in-12, mar. rouge, filet doré en encadrement, dos à nerfs orné de fleurons dorés, roulette sur les coupes et roulette int., tr. dor. (Masson-Debonnelle). 25 fr. [Sotheby’s, Paris, 21 novembre 2018, 1.125 €]


178. Racine (Jean). La Thebayde ou les Frères ennemis. Paris, Gabriel Quinet, 1664, in-12, mar. rouge jans., dos à nerfs, double filet doré sur les coupes, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). [Drouot, 20 février 2020]
211. Nouvelles en vers, tirée [sic] de Bocace et de l’Arioste, par M. de L. F. ; à Paris, chez Claude Barbin, 1665 (Trautz-Bauzonnet). 2.060 fr.
212. Contes et nouvelles en vers de M. de La Fontaine ; à Paris, chez Claude Barbin, 1665. Deuxiesme partie des Contes et nouvelles en vers de M. de La Fontaine ; à Paris, chez Louis Billaine, 1646 [i.e. 1666], (Trautz-Bauzonnet), édition originale. 2.500 fr.
229. Elégie (Lortic), édition originale de cette Elégie aux Nymphes de Vaux ; cet exemplaire a appartenu au fameux surintendant ; au haut de la première page, on lit : M. Fouquet, envoi écrit de la main même du grand poète ; on a ajouté un précieux autographe de La Fontaine ; c’est le brouillon de son Ode pour la paix, qui a paru pour la première fois en 1671. 2.380 fr.


276. Marivaux. L’Ecole des mères. Paris, Pierre Prault, 1732, in-12, mar. rouge jans., dos à nerfs, dent. dorée int., double filet doré sur les coupes, tr. dor. sur marbrure (Thivet). Edition originale. 60 fr. [Paris, hôtel Ambassador, 18 octobre 2019 : 450 €]


277. Marivaux. Le Legs. Paris, Prault fils, 1736, in-12, mar. vert jans., dent. int., tr. dor. sur marbrure (Allô). Edition originale. 271 fr. [Paris, salle Rossini, 16 octobre 2015 : 400 €]
345. Libri de re rustica, M. Catonis, Terentii Varronis, Columellae, 1533, rel. anc. 3.052 fr. 


Une deuxième vente se déroula du jeudi 17 au mercredi 23 juin 1920, en 6 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 9 : Bibliothèques de MM. Achille Fould et Léon Rattier. Première partie. Livres anciens. Très beaux livres illustrés du XVIIIe siècle et du début du XIXe. Dessins originaux de Cochin, Le Barbier, Marillier, Monnet, Moreau, etc., etc. Très beaux livres illustrés de l’époque romantique et contemporains. Riches reliures de Allo, Capé, Chambolle-Duru, Cuzin, David, Duru, Gruel, Marius Michel, Niédrée, Trautz-Bauzonnet, etc., etc. (Paris, Henri Leclerc, 1920, in-4, [3]-[1 bl.]-215-[1] p., 915 + 4 doubles [bis] = 919 lots), dont Livres anciens dans tous les genres [252 lots = 27,42 %], Livres illustrés des XVIe et XVIIe siècles [16 lots = 1,74 %], Livres illustrés du XVIIIe et du début du XIXe [278 lots = 30,25 %], Collections [58 lots = 6,31 %], Livres illustrés de l’époque romantique et du milieu du XIXe siècle [60 lots = 6,52 %], Livres illustrés contemporains [255 lots = 27,74 %]. 


Le catalogue était accompagné d’un album portant le même titre et renfermant 20 héliogravures par Léon-Victor Marotte. La vente rapporta au total 771.757 francs.


26. Choisy. La Vie de Mr l’abbé de Choisy de l’Académie françoise. Lausanne & Genève, Marc-Michel Bousquet & Cie, 1742, in-8, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Cuzin). Deux dessins originaux ajoutés. 100 fr.


85. Jodelle (Étienne). Œuvres et meslanges poétiques. Paris, Robert Le Fizelier, 1583, pet. in-12, mar. citron, plats entièrement couverts de compart. à la Grolier de mar. noir entrelacés, remplis de petits fers dorés, dos orné de même, doublé de mar. rouge, encadrement de filets avec chiffre de Rattier aux angles, doubles gardes, tr. dor. (Rel. moderne). 2.020 fr.


88. La Fontaine. Fables. Paris, Didot l’Aîné, 1789, 2 vol. in-8, mar. rouge, large encadr. orné, dos orné, dent. int., doubl. et gardes de tabis bleu, tr. dor. (Bradel). Un des 6 ex. sur peau de vélin. 2.100 fr. [Paris, Christie’s, 21 mai 2003 : 18.212 €]


106. Marivaux. La Voiture embourbée. Paris, Prault, 1714, in-12, mar. violet foncé à longs grains, fil. à froid, dent. int., tr. dor. Edition originale. 110 fr. [Paris, hôtel Ambassador, 25 novembre 2015 : 400 €]
117. Molière. Œuvres. Paris, Denys Thierry & Claude Barbin, 1674, 7 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, pet. dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. Léopold Double (1881). 6.950 fr. 


142. Quinault. Théâtre. Suivant la copie imprimée à Paris (Amsterdam, Wolfgang), 1663, 2 vol. pet. in-12, front. gravés, mar. citron, dos et plats entièrement couverts de compartiments de filets droits et courbes remplis de petits fers au pointillé et de parties de mar. rouge et noir, dent. int., tr. dor. (Capé). 1.300 fr.


146. Recueil de diverses pièces comiques, gaillardes et amoureuses. Suivant la copie imprimée à Paris, [Bruxelles], Jean-Baptiste Loyson, 1671, pet. in-12, mar. citron, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). 255 fr. [Librairie Amélie Sourget : 2.900 €]
152. Rousseau (Jean-Jacques). Du contrat social ou Principes du droit politique. Paris, Impr. Didot Jeune, An IV (1795), in-fol., mar. rouge, encadr. à la grecque, dos orné à petits fers, doubl. et gardes de tabis bleu ciel avec guirlande dorée formant encadrement, tr. dor. (Bozerian). Sur peau de vélin. Portrait et lettre autographe ajoutés. 6.100 fr.


244. Irène, tragédie de M. de Voltaire représentée pour la 1re fois le 16 mars 1778. Paris, s. n., 1779, in-8, mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. (David). 2e édition. 35 fr.


255. Gilles (Nicole). Les Très Élégantes et Copieuses Annales des très preux, très nobles, très chrestiens et excellens modérateurs des belliqueuses Gaulles. On les vend à Paris, en la rue Neufve Nostre-Dame, à l’enseigne Sainct Jehan Baptiste, 1541, 2 tomes en 1 vol. in-fol. goth., titres dans un encadr. gravé sur bois, mar. La Vallière, compart. de bandes de mar. noir à la Grolier serties de fil. dor., titre et date sur cartouches de mar. noir au centre des plats, dos orné et mosaïqué, dent. int., tr. dor. (Capé). Nombreuses fig. gravées sur bois. 2.510 fr.



256. Lorris (G. de) et Jean de Meung. Le Rommant de la Roze. Paris, s. d. [v. 1497], in-fol. goth. à 2 col., mar. rouge, plats entièrement recouverts de riches compartiments de fil. droits et courbes avec entrelacs et ornements de feuillages, dos orné à petits fers, dent. int., tr. dor. (Capé). Nombreuses figures sur bois. Incomplet des feuillets a1, a4, a5 et z6, dont le premier et le dernier, ornés de la marque de Jehan Petit et du portr. de Jehan de Meung, ont été refaits en fac-similés. 2.050 fr.
277. Basan. Dictionnaire des graveurs anciens et modernes depuis l’origine de la gravure. Seconde édition. Paris, J. J. Blaise, 1809, 2 tomes en 4 vol. in-8, remontés in-4, dos et coins de mar. La Vallière, non rognés, 210 fig. Portrait et lettre autographe ajoutés. 12.450 fr.


286. Bessa (P.). Fleurs et fruits, in-4, mar. rouge, dos et plats entièrement couverts de compart. de filets droits et courbes, d’entrelacs, ornements de feuillage, et arabesques au pointillé, doublé de mar. vert foncé, très large dent. à petits fers, gardes de tabis vert, tr. dor. (Capé). Recueil de 68 petites aquarelles exécutées sur peau de vélin et montées sur bristol. 1.350 fr.
289. Bitaubé (Joseph). 4e édition. Paris, Impr. Didot l’Aîné, 1786, 2 vol. pet. in-8, mar. rouge, cadre de fil. pleins et au pointillé, motif à petits fers aux angles, dos orné, doublés de mar. rouge, large dent. à petits fers, doubles gardes, tr. dor. (Cuzin). Impr. sur peau de vélin. Dessins, fig., gouaches, portr. et lettre autographe ajoutés. Ex. des bibliothèques Renouard, Léopold Double et Benzon, relié depuis par Cuzin. 8.100 fr.


311. Chateaubriand. Atala. René. Paris, Le Normant, 1805, in-12, mar. rouge, filets, dos orné, dent. int. tr. dor. (Chambolle-Duru). Première édition des deux ouvrages réunis. Portrait, dessins originaux, gravure, note autographe ajoutés. 980 fr. [Drouot, 8 novembre 2016 : 3.133 €]


313. Colardeau. Le Temple de Gnide. Paris, Lejay, 1773, in-8, mar. bleu, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Petit). Dessin original de Monnet ajouté. 690 fr. [Paris, hôtel Ambassador, 17 juin 2019 : 3.500 €]
324. Demoustier (C.-A.). Œuvres. Paris, Antoine-Auguste Renouard, 1804-1809, 11 vol. in-12, mar. rouge à longs grains, dent. de fers à froid et dor., dos orné de petits fers et semis de petits points dorés, dent. int., doubl. et gardes de moire violette, non rognés (Bozerian). Ex. de Renouard, le seul imprimé sur peau de vélin. Dessins originaux de Monnet et de Huber, fig. et lettre autographe ajoutés. 15.000 fr.



340. Fabliaux ou contes, fables et romans du XIIe et XIIIe siècle, traduits ou extraits par Legrand d’Aussy, 3e édition. Paris, Renouard, 1829, 5 vol. gr. in-8, mar. bleu foncé, fil., milieu orné de compart. de fil. entrelacés et fers azurés, dos ornés, dent. int., doubl. et gardes de moire cerise, tr. dor. (Allô). Seul exemplaire sur pap. de Chine. Dessin original et figures ajoutés. 2.300 fr. [Paris, Sotheby’s, 18 juin 2019 : 2.250 €]  


343. Fénelon. Les Aventures de Télémaque fils d’Ulysse. Paris, Didot l’Aîné, 1781, 4 vol. in-18, mar. bleu, plats entièrement couverts de filets formant de petits losanges avec pet. fers au milieu, le tout compris dans un encad. d’une guirlande de vigne et de grappes de raisin, dos orné au pointillé, pet. dent. int., doubl. et gardes de tabis jaune serin, tr. dor. (Bozerian). Suite des 24 fig. de Queverdo, celle du portrait gravé par Delvaux d’après Vivien, et des 24 fig. de Lefebvre. 6.900 fr.
357. Gessner (Salomon). Œuvres. Paris, Veuve Hérissant et Barrois l’Aîné, s. d. [1786-1793], 3 vol. gr. in-fol., mar. rouge, encadr. de 7 fil. et d’une petite dent., dos ornés, doublés de mar. bleu, dent., grande marguerite aux angles, doubles gardes, tr. dor. (Cuzin). Gr. pap. Dessins originaux, fig., portr. ajoutés. 8.100 fr.  


360. Grafigny (Mme de). Lettres péruviennes. Paris, Didot l’Aîné, 1781, 2 vol. in-18, mar. bleu à longs grains, plats entièrement couverts de filets vermiculés au pointillé dor., encadr. de feuillages, dos orné à la rose, dent. int., doubl. et gardes de moire vieux rose, tr. dor. (Bozerian). Deux portraits, 8 figures et 1 pièce de vers autographe de l’auteur ajoutés. 11.100 fr.
375. Laborde (Benjamin de). Choix de chansons mises en musique, ornées d’estampes par J. M. Moreau. Paris, de Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. gr. in-8, mar. vert, large dent. à petits fers, dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). Portr. de Laborde par Moreau ajouté. 12.000 fr.
388. La Fontaine. Contes et nouvelles. Paris, Paris, P. Didot l’Aîné, 1795, 2 vol. in-4, mar. vert, large dent. à petits fers, dos ornés, large dent. int., doubl. et gardes d’étoffe brochée, tr. dor. (Marius Michel). Ex. imprimé sur pap. vélin contenant la figure de La Fiancée du roi de Garbe avant le numéro. Dessins, estampes, figures et gravures ajoutés. 6.100 fr.
389. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Paris, Tillard, 1809, 2 vol. gr. in-4, mar. vert, encadr. de deux bandes de mar. bleu et de mar. rouge sur les plats et les dos, bordure int. de mar. avec dent., doubl. et gardes de soie brochée, doubles gardes, tr. dor. (Marius Michel et fils). Estampes, dessins originaux, gravures et figures ajoutés. 7.000 fr.


407. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé (traduites du grec par Amyot) avec figures. S. l. [Paris, Quillau], 1718, pet. in-8, mar. rouge, large dent. à petits fers, dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). Edition dite « du Régent », front. et 28 fig., avec celle des « petits pieds ». Exemplaire de Viollet-le-Duc. 7.600 fr.

Distraction du doreur ...



408. Longus. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé. S. l. s. n. [Paris, Coustelier], 1731, in-12, mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. (Marius Michel), non rogné. 135 fr. 
441. Ovide. Métamorphoses. Paris, Gay, Guestard, 1806, 4 vol. gr. in-4, mar. rouge, fil., dos ornés, dent. int., tr. dor. (Cuzin). Gr. pap. vélin. Figures et dessins originaux ajoutés. 9.700 fr.



443. Perrault (Charles). Histoires ou Contes du tems passé, avec des moralités. La Haye, 1742, in-18, mar. vert, fil., fleur aux angles, dos orné, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Billet autographe de l’auteur ajouté. 680 fr. [Librairie Faustroll, 2020 : 10.000 €]
455. Prévost (Abbé). Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux. Paris, Didot l’Aîné, An V [1797], 2 vol. in-12, mar. bleu, large dent. aux petits fers et au pointillé encadrant les plats, dos ornés, doublés de mar. rouge, semis du chiffre de L. Rattier, gardes de tabis rouge, non rognés (Capé). Impr. sur peau de vélin, 8 dessins à la sépia ajoutés. 7.700 fr.



470. Rousseau (J.-J.). Œuvres. Paris, Defer de Maisonneuve, Didot le Jeune, 1793-1800, 18 vol. gr. in-4, mar. rouge, large dent. à petits fers, dos ornés, chiffre de L. Rattier aux angles des plats, dent. int., tr. dor. (Capé). 35 fig., 24 pl. de musique et 1 fac-similé d’autographe. Ex. sur papier vélin, auquel on a ajouté les 35 dessins originaux des fig., autres fig. et dessins, lettre autographe. 61.000 fr.
471. Sacre de Louis XV (Le) roy de France & de Navarre, dans l’église de Reims, le dimanche XXV octobre 1722 (Paris, 1723), gr. in-fol., mar. bleu foncé, large dent. et armes royales sur les plats, chiffre de Louis XV aux angles et sur le dos, dent. int., tr. dor. (Padeloup). 7.800 fr.   


476. Saint-Pierre (Bernardin de). Paul et Virginie. Paris, P. Didot l’Aîné, 1806, gr. in-fol., mar. bleu vert, plats entièrement couverts d’une riche composition d’ornements et de rinceaux de mar. de diverses couleurs et de serpents, en cuir imitant la peau de ces reptiles, le tout serti de fil. dorés, dos orné de rinceaux de couleurs diverses, doublé de mar. rouge, entièrement couvert de compart. de fil. entrelacés, de clochettes et de motifs en fers azurés, gardes de moire marron clair, tr. dor. et ciselée, boîte de mar. rouge, ornée de 9 fil., dos orné de fil., fermoirs (Rel. de Petit, dorée par Wangflug). Fig. ajoutées, lettre autographe de l’auteur. 4.080 fr.
494. Vadé. Œuvres poissardes, suivies de celles de L’Écluse. Paris, Defer de Maisonneuve, Impr. Didot le Jeune, 1796, in-4, mar. rouge à longs grains, pet. dent., dos orné, bordure int. à la grecque, tr. dor. (Rel. anc.). Un des 100 impr. sur pap. vélin, avec les ill. avant les numéros. Lettre de Vadé ajoutée. 12.010 fr.
504. Voltaire. Œuvres complètes. Kehl, Société littéraire typographique, 1785, 92 vol. gr. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Capé). Impr. sur pap. vélin. Fig., portr., dessins originaux ajoutés. 22.200 fr.
558. Cazin (Collection) & éditions similaires. 213 vol. in-18 et 1 album, dont 206 reliés en mar. bleu foncé, compart. de filets à la Duseuil, dos ornés au pointillé, dent. int., tr. dor. (Allô), 5 en mar. rouge, filets, dos ornés au pointillé, dent. int., tr. dor. (Arnaud) et 2 en mar. bleu, filets, dos ornés, dent. int., tr. dor. (Cuzin). 6.750 fr.


583. La Fontaine. Fables. Paris, Didot, 1813, 2 vol. in-18, mar. vert, fil., dos ornés, doublés de mar. rouge, dent., milieux et coins ornés, doubles gardes, tr. dor. (David, rel. – Domont, dor.). Impr. sur peau de vélin. 662 fr. [Paris, Christie’s, 28 avril 2008 : 7.450 €]


593. Montesquieu. Considérations sur les causes de la grandeur des Romains, et de leur décadence. Paris, Didot, An XI [1803], in-18, mar. grenat, fil., dos orné, doublé de mar. tête de nègre, large dent. à petits fers, tr. dor. (Marius Michel). Impr. sur peau de vélin. 400 fr. [Paris, Christie’s, 30 avril 2014 : 4.000 €]   


642. Moreau (Hégésippe). Le Myosotis, petits contes et petits vers. Paris, Desessart, 1838, gr. in-8, mar. brun, premier plat orné d’un grand encadr. de fleurs et de rinceaux mosaïqués, une composition en veau ciselé : branche de laurier entourant une lyre ; le second plat orné d’un cadre de 2 fil. avec motif d’angle mosaïqué, dos orné et mosaïqué, doublé de mar. bleu, compart. de 11 fil., gardes de soie brochée, tr. dor. sur témoins, couverture, étui (Gruel). Enrichi de 24 aquarelles originales de A. Robaudi. 1.850 fr. 


645. Nodier (Charles). Journal de l’expédition des Portes de fer. Imprimerie royale, 1844, gr. in-8, mar. rouge, les plats recouverts de caissons de fil. et de pet. fers dor. renfermant des fleurs de lis mosaïquées en mar. vert ou bleu sur le fond de mar. rouge, doublé de mar. bleu, semé de fleurs de lis et bordé de feuillages laurés, gardes de moire bleue, tr. dor. et ciselées (Lortic). Armes de la famille d’Orléans. 4.020 fr.



646. Papon (Loys). Œuvres du chanoine Loys Papon, poète forésien du XVIe siècle. – Supplément aux œuvres du chanoine Loys Papon. Lyon, Perrin, 1857-1860, 2 vol. in-8, mar. rouge, riches compart. de fil. entrelacés à la Grolier, couvrant entièrement les plats, dos ornés, tr. dor., fermoirs au premier volume (Trautz-Bauzonnet). Tiré à petit nombre, H. C. Impr. sur peau de vélin, reliés au chiffre de Yemeniz. 5.000 fr.


671. Aumale (Duc d’). La Bataille de Rocroy. Paris, Rahir et Cie, 1899, pet. in-4, mar. bleu, grande composition de bandes de mar. violet foncé, branches de laurier en mar. mosaïqué, armes du duc d’Aumale sur mar. bleu clair avec son chiffre répété 6 fois, dos orné et mosaïqué, doublé de mar. citron, semé de fleurs de lis dor., gardes de soie citron, doubles gardes, tr. dor., couverture (Marius Michel). Publié par les Bibliophiles françois à 144 ex. 1.300 fr.


708. Chateaubriand. Les Aventures du dernier Abencérage. Paris, Pelletan, 1897, in-4, mar. vert foncé, large cadre de rinceaux et fleurons mosaïqués et sertis à froid, dos orné, riche doublure couverte de compart. de bandes de mar. de diverses couleurs, de petits médaillons et de petits fers à répétition dor. et mosaïqués, gardes de faille [étoffe de soie à gros grain] brune, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Chambolle-Duru). Un des 15 ex. sur pap. ancien du Japon, au nom de L. Rattier. Aquarelle de D. Vierge et lettre autographe de l’auteur ajoutées. 3.900 fr.


725. Daudet (Alphonse). Sapho, mœurs parisiennes. Paris, Quantin, 1888, gr. in-8, mar. rouge, double encadr. de 2 fil. avec pet. fers au milieu, fleurons aux angles, dos orné, fil. int. avec fleurons aux angles, doubl. et gardes de soie jaune, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Un des 50 ex. sur pap. du Japon. Lettre autographe de Daudet ajoutée. 410 fr. [Fontainebleau, 18 mai 2019 : 500 €]


801. Lamartine. Raphaël, pages de la vingtième année. Paris, Quantin, s. d. [1887], pet. in-4, mar. bleu, double encadr. de 4 fil. contenant de petits fers au milieu, fleurons aux angles, dos orné, fil. int. avec fleurons aux angles, doubl. et gardes d’étoffe brochée, doubles gardes, tr. dor., couverture (Marius Michel). Un des 50 ex. sur Japon. Lettre autographe ajoutée. 455 fr.


819. Maupassant (Guy de). Le Rosier de Madame Husson. Paris, Quantin, 1888, pet. in-4, mar. vert, encadr. de fil. avec roses aux angles, dos orné, dent. int., tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Edition originale. Ex. sur pap. du Japon. 220 fr. 


868. Sand (George). Mauprat. Dix compositions par Le Blant, gravées à l’eau-forte par H. Toussaint. Paris, Quantin, 1886, pet. in-4, mar. rouge, double encadr. de fil. ornés de petits fers au milieu, fleurons aux angles, dos orné, fil. int. avec fleurons aux angles, doubl. et gardes de faille vert foncé, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Un des 100 ex. sur pap. du Japon. Lettre autographe ajoutée. 340 fr.


869. Sand (Maurice). L’Augusta. Compositions de Georges Rochegrosse, gravées à l’eau-forte par Champollion. Paris, Floury, 1900, in-8, mar. bleu, encadr. de 12 filets droits et courbes, entrelacés, dos orné, doublé de mar. rouge, large bordure mosaïquée en mar. bleu foncé et vert clair, gardes de moire bleu foncé, doubles gardes, tr. dor. sur témoins, couverture (Cuzin). Un des 100 ex. sur pap. du Japon. 750 fr.


888. Théocrite. Les Syracusaines, texte grec avec une traduction nouvelle et un avant-propos de M. André Bellesort. Paris, Pelletan, 1900, in-4, mar. tête de nègre, riche décor de bandes de mar. formant cadre et motifs mosaïqués en mar. de diverses couleurs, dos mosaïqué, doublé de mar. bleu, encadr. de 7 filets dorés, gardes de faille vieux rouge, tr. dor. sur témoins, couverture (Gruel). Ex. n° 3 pour L. Rattier sur Japon ancien. Aquarelle originale de Marcel Pille. 2.000 fr.


898. Types de Paris (Les). Paris, Plon, Nourrit et Cie, s. d. [1889], in-4, cartonn. de mar. bleu jans., ébarbé, couvertures ill. des livraisons et couverture générale (Champs). Un des 40 ex. sur pap. du Japon. Dessin original et eau-forte ajoutés. 360 fr. [Librairie Victor Aizenman, Buenos Aires, 2020 : 3.900 $]


904. Vigny (Alfred de). Stello, avec une introduction de Jules Case. Paris, Société artistique du livre illustré, 1901, in-4, mar. bleu, grand cadre formé de fil. et fers dorés, refermant sur le premier plat une grande composition en veau ciselé : harpe et branche de gui, dos orné, 7 fil. int. servant de cadre à une décoration peinte sur vélin, gardes de soie bleue, tr. dor. (Gruel). Un des 20 ex. sur pap. du Japon. Aquarelle de G. Scott et deux dessins ajoutés. 4.000 fr.


906. Villon (François). Les Ballades. Soixante-dix illustrations de A. Gérardin gravées par Julien Tynaire. Paris, Pelletan, 1896, in-4, mar. vert olive, plats couverts d’une grande composition de bandes de mar. de diverses couleurs et de chardons sertis à froid ; sur le premier plat, titre de l’ouvrage en lettres gothiques, doublé de mar. rouge, entièrement couvert d’une grande composition de fil. à froid et dorés, gardes de faille vert foncé, tr. dor. sur témoins, couverture (Marius Michel). Ex. n° 3 au nom de L. Rattier sur pap. du Japon ancien. 4.300 fr.
915. Bibliothèque elzévirienne. 151 vol. in-16, publiés chez Jannet et Frank de 1853 à 1878, mar. rouge, compart. de fil. à la Duseuil, fleurons aux angles, dos ornés au pointillé, dent. int., tr. dor. (Masson-Debonnelle). Impr. sur pap. de Chine. 6.800 fr.

La troisième vente de la bibliothèque du château de Jeand’heurs eut lieu à l’Hôtel Drouot, salle 7, du samedi 8 au jeudi 13 avril 1922 : Bibliothèques de MM. Achille Fould et Léon Rattier. Deuxième partie. Livres anciens […]. Livres modernes […]. Bibliographie. Reliures […] (Paris, Henri Leclerc, 1922, in-4, 187-[1] p., 1.152 lots chiffrés 916 à 2.067). La vente rapporta au total 153.128 francs.

« Enfin, comme dans toute vente un peu importante, il y a eu à signaler, dans celle-ci, des surprises, j’entends des surprises en plus ou en moins.
C’est ainsi que personne ne comprendra jamais pourquoi le Télégraphe de Victor Hugo qui, à la vente Claretie, atteignait péniblement cent francs, a dépassé, dans la vente Rattier, près de deux mille francs ; pourquoi un amateur a payé deux cent cinquante francs César Birotteau, un des ouvrages les plus communs de Balzac, tandis que des romans bien plus rares comme une Fille d’Ève, Pierrette, Les Deux Frères s’adjugeaient entre trente et soixante-quinze francs ; pourquoi Paris de Vigny, qui se rencontre dans toutes les ventes, a fait sept cents francs, tandis que la Bouteille à la mer, plaquette quasi introuvable, un des plus beaux poèmes de l’auteur et orné en sus d’une dédicace autographe, n’obtenait preneur qu’à six cents francs, et ainsi de suite.
Mais, sans contredit, la plus grosse surprise des vacations, c’est la Carmen de Mérimée qui nous l’a fournie. Cet exemplaire était manifestement, avec le Conservateur littéraire, le grand numéro, la perle de la vente. Il avait pour lui la haute valeur littéraire du texte, Carmen n’étant pas seulement un des chefs-d’œuvre de notre roman mais le livre capital de l’auteur, le seul même peut-être, par lequel Mérimée durera. Il offrait en outre cette précieuse particularité de se présenter sous forme d’une édition inconnue à tous les bibliographes, n’ayant jamais paru dans aucune vente, et constituant la véritable originale de l’ouvrage. Enfin il était rehaussé de la plus savoureuse dédicace adressée en grec au célèbre helléniste Boissonnade. Bref, le type du livre unique, de ce que l’on nomme le livre sans prix et au sujet duquel toute enchère eût semblé possible, aucune absurde.
L’exemplaire, cependant, n’a atteint que huit cents francs nets, cent francs de moins que, quelques numéros plus loin, Cinq Mars, roman plutôt médiocre et dont l’originale court les rues.
Il faut croire qu’il y a des jours comme cela, où les Mériméens ne sont pas très lucides et les bibliophiles pas très réveillés. » [sic]
(Fernand Vandérem. « La Collection Fould-Rattier ». In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Henri Leclerc, 1922, p. 116-117)


  
Charles-Achille Fould décéda à Paris [XVIe], le 15 février 1926, Claire-Blanche-Marie-Louise Heine, le 11 avril 1940, au château Beychevelle, à Saint-Julien-Beychevelle : ils furent inhumés au cimetière du Père-Lachaise [4e division].

Des exemplaires provenant de la bibliothèque de Léon Rattier furent vendus à la Galerie des ventes de Morlaix [Finistère], le lundi 19 novembre 1979 : éditions rares, reliures de maîtres, illustrations originales, livres anciens.