mercredi 28 février 2024

Les Débuts d’Henri Floury (1862-1961), éditeur d’art

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Marque de Floury

La famille Floury est originaire de Fontaine-Saint-Lucien, à 9 km. au nord-est de Beauvais [Oise], où François Floury était maçon et dont l’épouse, Marie-Catherine Vérité, mourut le 19 août 1806, en leur maison sise dans la Grande Rue. Leur fils François-Augustin Floury y était également maçon, né le 10 février 1775, époux d’une cultivatrice et décédé le 30 mai 1818 en sa maison située vis-à-vis l’église.


 

François-Mathieu Floury, menuisier, né à Fontaine-Saint-Lucien le 21 septembre 1807, épousa Victoire-Ernestine Clément le 29 décembre 1829 à Beauvais où il s’installa, 22 Petite Rue Saint-Martin [rue Saint-Laurent] ; son épouse, repasseuse, était née à Beauvais le 20 thermidor An VI [7 août 1798] et y mourut le 7 mai 1850.

 


Pierre-Augustin-Ernest Floury naquit à Beauvais le 20 mars 1831. Menuisier, il épousa, à Bailleul-sur-Thérain [Oise], le 12 juillet 1854, Adeline-Anaïse-Séraphine Martin, sous-maîtresse chez Madame Anselin, maîtresse de pension Grande Rue Saint-Laurent [rue Gambetta] à Beauvais, qui était née le 25 juillet 1826 à Bailleul-sur-Thérain et qui décéda le 2 juin 1863 à Fresneaux-Montchevreuil [Oise]. Pierre-Augustin-Ernest Floury, domicilié alors à Paris, 42 rue Mademoiselle [XVe], y épousa en secondes noces Marie-Henriette Rousselet, confectionneuse, le 19 août 1876. Demeurant 47 rue de la Croix Nivert [XVe], il mourut le 11 mars 1884 à l’hôpital Bicêtre, 78 rue du Kremlin, à Gentilly [depuis 1896 : 78 rue du Général Leclerc, Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne].

Henri Floury

 

Paul-Henri-Joseph Floury était né à Fresneaux-Montchevreuil le 12 mai 1862.

En 1881, il entra comme employé de librairie chez Charles Marpon (1838-1890) et Ernest Flammarion (1846-1936), associés depuis 1875, 1 à 7 galeries de l’Odéon [VIe]. Le 6 juin 1888, demeurant 28 rue Feydeau [IIe], il épousa, à Paris [Xe], Blanche-Marie-Augustine Bagnard, sans profession, née à Paris [XIe] le 3 novembre 1863, domiciliée chez ses parents, 7 rue Saint-Vincent-de-Paul [Xe], Antoine Bagnard (1826-1879), maçon, et Marie-Françoise, dite « Maria », Sauvanet (1835-1909) : parmi les témoins, l’éditeur Charles Marpon. Le couple Floury aura trois enfants : Madeleine, née et morte à Paris [Ier] les 19 et 24 août 1889 ; Yvonne, née à Paris [Ier] le 23 décembre 1891, décédée à Paris [XVIIe] le 2 mars 1922 ; Jean-Joseph, né à Paris [IXe] le 4 mars 1894, décédé le 24 février 1984 à La Celle-Saint-Cloud [Yvelines].

Après la mort d’Édouard Dentu (1830-1884), sa veuve, Louise-Léonie Faure (1842-1914), lui avait succédé. Dans la situation désastreuse créée par les abus de pouvoir de Louis Sauvaitre (1828-1909), premier commis de son mari, nommé administrateur provisoire de la librairie, et l’incurie des liquidateurs, elle avait renvoyé Sauvaitre et confié, en 1887, le fonds de la « Librairie de la Société des Gens de Lettres », 3 place de Valois [Ier], à Lucien Curel (1850-1934), peintre à ses heures, et à Henri Gougis (1854-1939), avec lesquels elle s’était associée sous la raison sociale « Curel, Gougis & Cie ».

En 1888, la veuve Dentu confia la direction et la gérance de la « Succursale de la maison Dentu », 36 bis avenue de l’Opéra [IIe], à Henri Floury, 


Menu du dîner célébrant la publication du livre Henri Boutet Graveur et Pastelliste
 Rijks Museum, Amsterdam  


qui inaugura la collection « Études sur quelques Artistes originaux » avec le premier tome de Henri Boutet, Graveur et Pastelliste, par Léon Maillard (1894). 

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche

 
Coll. priv.

En 1895, la faillite de la maison Dentu ne put être évitée : Henri Floury s’installa au 1, boulevard des Capucines, à l’angle de la rue Louis le Grand [IIe], en face le Vaudeville, le 1er avril 1895 ; 

Le Vaudeville et le boulevard des Capucines, par Jean Béraud (1889). Coll. priv.


Joseph-Arthème Fayard (1866-1936) racheta une partie des fonds de « Curel, Gougis & Cie », donnant naissance à une nouvelle librairie, « Curel & Fayard Frères », le 1er avril 1896 ; les magasins de vente et les bureaux de la Librairie Dentu furent transférés au 78 boulevard Saint-Michel le 1er août 1896. 


 

« Une remarque que nous avons tous faite, c’est que les magasins de librairie, si nombreux entre la Porte St-Martin et le Crédit Lyonnais, font complètement défaut entre ce dernier établissement et la Madelaine. Sur toute cette partie des boulevards, si brillante et si animée, le cœur du Paris vivant par excellence, on ne rencontrait pas une seule boutique où se débitât le livre. Cette lacune a cessé d’exister, car M. Floury, l’ancien directeur de la succursale de la maison Dentu de l’avenue de l’Opéra, vient d’ouvrir, au n° 1 du boulevard des Capucines, un élégant magasin où amateurs et passants pourront satisfaire à loisir leurs besoins intellectuels.

Désireux d’offrir aux premiers un petit centre où ils puissent échanger leurs idées, M. Floury compte mettre à leur disposition une pièce spécialement disposée à leur usage, où ils pourront se rencontrer dans l’après-midi et tenir une petite parlotte, une sorte de five-o’clock bibliophilique.

L’aimable bibliopole qui leur offre ainsi l’hospitalité n’est pas complètement sans arrière-pensée. Nous lui supposons l’ambition de marcher sur les traces des Conquet, des Rouquette et des Ferroud, et de continuer la série d’éditions artistiques de luxe, tirées à petit nombre, qu’il avait déjà inaugurée dans sa gestion précédente, et dont nous avons un prototype dans la description de l’œuvre de Boutet par M. Maillard. Il cherche évidemment à créer, à ses côtés, une sorte de conseil consultatif à la critique duquel il puisse soumettre les idées très originales dont il nous a fait la confidence sous le sceau d’un secret que nous nous empressons de violer, avec l’impudence qui caractérise le publiciste moderne.

Quoiqu’il arrive, nous lui souhaitons prompt succès et nous ne doutons pas qu’il n’arrive à se faire rapidement sa place dans le monde du livre et de l’estampe. »

(« Une nouvelle librairie parisienne ». In Répertoire des ventes, n° 25, samedi 13 avril 1895, col. 391-392)

Floury poursuivit la publication de la collection « Études sur quelques Artistes originaux » : 



Henri Boutet, Graveur et Pastelliste, par Léon Maillard (1895, t. II, 560 ex.) ; Auguste Rodin, Statuaire, par Léon Maillard (1899) ; Félicien Rops, par Érastène Ramiro (1905), avec Gustave Pellet, 51 rue Le Peletier [IXe] ; Maufra, peintre et graveur, par Victor-Émile Michelet (1908) ; Louis Legrand, peintre et graveur, par Camille Mauclair (1910), avec Pellet ; Alexandre Lunois, peintre, graveur et lithographe, par Édouard André (1914).

Dès sa fondation par Octave Uzanne (1851-1931), le 14 mars 1896, Floury devint le libraire de la Société des Bibliophiles indépendants, successeurs des Bibliophiles contemporains : 



Badauderies parisiennes. Les Rassemblements. Physiologies de la rue (1896, ill. Félix Vallotton et François Courboin, 220 ex.) ; Voyage autour de Sa Chambre, par Octave Uzanne (1896, - Henry [sic] Floury, 1897, sur la couv. -, ill. Henri Caruchet, 210 ex.) ; La Leçon bien apprise, conte par Anatole France (1898, ill. Léon Lebègue, 210 ex.) ; La Porte des rêves, par Marcel Schwob (1899, Henry [sic] Floury, ill. Georges de Feure, 220 ex.) ; Figures de Paris. Ceux qu’on rencontre et celles qu’on frôle (1901, ill. de Victor Mignot, 218 ex.) ; Chansons de l’ancienne France imagées par W. Graham Robertson (1905, 150 ex.).

 




De décembre 1896 à décembre 1897, Floury édita L’Image, revue mensuelle littéraire et artistique, fondée par la Société corporative française des graveurs sur bois, «  pour la conservation d’un art que les procédés mécaniques tendent à faire disparaitre », qui réunit les œuvres de 106 graveurs et de dizaines d’écrivains : Jules Rais, Léon Ruffe, Auguste Lepère, Tony Beltrand, Maurice Barrès, Pierre Louÿs, Jules Renard, Lucien Descaves, Joris-Karl Huysmans, Émile Zola, Alfons Mucha, Henri de Toulouse-Lautrec, Victor-Émile Prouvé, Bellery-Desfontaines, Félix Vallotton, Georges Auriol, Pierre Puvis de Chavannes, Maurice Denis, Auguste Rodin, Eugène Grasset, Eugène Carrière, Jules Chéret, Paul-César Helleu, etc.


 

Floury publia encore Octave Uzanne : L’École des faunes, fantaisies [comédies sur la couv.] muliéresques, Contes De la Vingtième Année (1896, décorations en camaïeu par Eugène Courboin, frontispice de Daniel Vierge gravé à l’eau-forte par Frédéric Massé) ; 



Les Évolutions du bouquin. La Nouvelle Bibliopolis (1897, lithographies en couleurs et marges décoratives de Henri-Patrice Dillon, front. à l’eau-forte par Henri Manesse d’après Félicien Rops) ; Types de Londres (1898, pl. en couleurs de William Nicholson), réédité par Payot sous le titre Instantanés d’Angleterre (1914) ; Visions de notre heure. Choses et gens qui passent, notations d’art, de littérature et de vie pittoresque (1899), rassemblant les chroniques publiées dans L’Écho de Paris sous le pseudonyme de « La Cagoule » ; La Panacée du capitaine Hauteroche (1899, ill. par Eugène Courboin), repris dans les Contes à Mariani (1902), où chaque auteur s’est attaché à faire allusion au vin tonique à la coca du Pérou mis au point par Angelo Mariani (1838-1914).

D’autres éditions portent l’adresse de Floury : Supplément au catalogue de l’Œuvre gravé de Félicien Rops, par Erastène Ramiro (1895, ill. de Félicen Rops) ; Explication, par Jules Claretie. Illustrée par A. Robida (1896) ; F. Mistral. Les Secrets des Bestes (1896, 30 compositions de A. Robida) ; La Plante enchantée, par Armand Silvestre (1896, ill. de A. Robida) ; L’Année féminine (1895). Les Deshabillés au théâtre. Texte de Georges Montorgueil. Illustrations de Henri Boutet (1896) ; L’Année féminine (1896). Les Parisiennes d’à présent. Texte de Georges Montorgueil. Illustrations de Henri Boutet (1897, 810 ex.) ; Paul Arène. Le Secret de Polichinelle (1897, ill. A. Robida, 500 ex.) ; La Vie artistique, par Gustave Geffroy (1897-1903, 4 dernières séries, les 4 premières ayant été editées par la maison Dentu, 3 place de Valois, de 1892 à 1895) ; 

Photographie BnF


Georges Clemenceau. Au pied du Sinaï (1898, ill. Henri de Toulouse Lautrec, 380 ex.) ; Jules Renard. Histoires Naturelles (1899, ill. H. de Toulouse-Lautrec) ; Un chapitre inédit de Don Quichotte, par Jules Claretie (1899, ill. Atalaya) ; 



Maurice Montégut. Trois Filles et Trois Garçons (1899, dessins de Louis Morin) ; Entr’actes de Pierres, par Maurice Guillemot (1899, eaux-fortes d’Eugène Béjot, 325 ex.) ; Jean-Louis Renaud. L’Homme aux poupées (1899, dessins de Jean Veber, 225 ex.) ; 

Photographie BnF


Pervenche. Conte par M. Bouchor (1900, ill. L. Lebègue, 500 ex.) ; Histoire des Peintres Impressionnistes, par Théodore Duret (1906) ; Daniel Vierge, sa vie, son œuvre, par Jules de Marthold (1906) ; La Bijouterie française au XIXe siècle, par Henri Vever (1906-1908, 3 vol.) ; Georges Toudouze. Henri Rivière, Peintre et Imagier (1907) ; Jean-François Raffaelli, peintre, graveur et sculpteur, par Arsène Alexandre (1909) ; Marcel Guérin. Forain lithographe (1910) ; Paul Signac. D’Eugène Delacroix au Néo-Impressionnisme (1911) ; Paul Helleu, peintre et graveur, par Robert de Montesquiou (1913) ; Paul Lafond. Degas (1918) ; Feu Pierrot, 1857-19 ?, par A. Willette (1919) ; Paul Sérusier. A B C de la Peinture (1921), avec La Douce France, 251 boulevard Raspail [XIVe].

Président de la Chambre syndicale des Libraires de France de 1903 à 1908, Floury participa aux expositions de Paris en 1900 (médaille d’argent), de Saint-Louis (médaille d’or), de Liège (médaille d’or), de Londres (diplôme d’honneur), de Bruxelles (diplôme d’honneur), de Buenos Aires (diplôme d’honneur), de Turin (grand prix).



Il créa la collection « Les Maîtres de l’Art moderne » : Gustave Courbet, peintre, par Georges Riat (1906) ; Eugène Carrière, peintre et lithographe, par Élie Faure (1908).

Les Quais. In Biblio-Sonnets, p. 45

 

Pierre Dauze (1852-1913), rédacteur en chef de la Revue biblio-iconographique, avait fait la connaissance de Paul Verlaine (1844-1896) en 1895 et lui avait commandé 24 sonnets sur des thèmes liés à la bibliophilie. La mort du poète interrompit ce travail, et seuls 13 sonnets parurent chez Floury, sous le titre de Biblio-Sonnets. Poèmes inédits (1913), illustrés par Richard Ranft (1862-1931) ; un tirage spécial fut réservé aux membres de la Société Les Vingt.

De 1913 à 1919, Floury édita une série d’albums patriotiques pour la jeunesse : 



Professor Knatschké. Œuvres choisies du grand Savant allemand et de sa fille Elsa. Recueillies et illustrées par Hansi (1912) ; 



L’Histoire d’Alsace racontée aux petits enfants par l’oncle Hansi (1913) ; Mon village. Ceux qui n’oublient pas. Images et commentaires par l’Oncle Hansi (1913) ; Le Paradis tricolore. Par l’oncle Hansi (1918) ; L’Alsace heureuse. Par l’oncle Hansi (1919).

En 1921, il déménagea au 2 rue Saint-Sulpice et 4 rue de Condé [VIe], à l’angle des deux rues, et acheta le fonds des éditeurs Michel Manzi (1849-1915) et Maurice Joyant (1864-1930), associés depuis 1888, 24 boulevard des Capucines, constituant momentanément la raison sociale « Librairies Henri Floury et Manzi-Joyant Réunies ».

On lui doit les éditions suivantes : Georges Rivière. Renoir et ses amis (1921) ; Le Voyage d’Erika en Alsace française. Communiqué et illustré par Hansi (1921) ; 

Photographie La 25e Heure, Maxéville


Les Sources d’Ubu-Roi, par Charles Chassé (1921) ; Charles Chassé. Gauguin et le groupe de Pont-Aven (1921) ; Clément-Janin. La Curieuse Vie de Marcellin Desboutin, PeintreGraveur - Poète (1922) ; Comte de La Vaulx, Paul Tissandier, Charles Dollfus. L’Aéronautique, des origines à 1922 (1922) ; André Lebey. Jean de Tinan (1922) ; Odilon Redon. A soi-même. Journal (1867-1915) (1922) ; Carlos Fischer. Colmar en France. Cent dix Aquarelles, Eaux-Fortes et Dessins par Hansi (1923) ; Georges Rivière. Le Maître Paul Cézanne (1923) ; 



Anders Zorn, par A. Romdahl (1923) ; Charles Müller. Cinq Mois aux Indes, de Bombay à Colombo (1924) ; 



La Merveilleuse Histoire du bon St. Florentin d’Alsace. Racontée aux petits enfants par l’Oncle Hansi (1925) ; Guillaume Janneau. Le Verre et L’Art de Marinot (1925) ; Maurice Joyant. Henri de Toulouse-Lautrec, 1864-1901, Peintre (1926) ; Gustave Geffroy. Charles Meryon (1926) ; Henry Nocq. Le Poinçon de Paris (1926-1928, t. I-III) ; La Maison des aïeules, Suivie de Mademoiselle Anna, très humble poupée, par Pierre Loti (1927) ; 



Bonnard. Texte de Charles Terrasse (1927) ; François Fosca. H.-H. Newton (1928) ; 



Vincent Van Gogh. Texte de Florent Fels (1928) ; 



Hansi. Les Clochers dans les Vignes (1929).  

Floury créa une nouvelle collection, « La Vie et l’Art Romantiques » : 



Daumier, Peintre et Lithographe, par Raymond Escholier (1923) ; Gavarni, Peintre et Lithographe, par Paul-André Lemoisne (1924) ; Célestin Nanteuil, Peintre, Aquafortiste et Lithographe, par Aristide Marie (1924) ; Le Peintre Poète Louis Boulanger, par Aristide Marie (1925) ; Achille et Eugène Devéria, par Maximilien Gauthier (1925) ; Delacroix, Peintre, Graveur, Écrivain, par Raymond Escholier (1927).


 

En 1929, son local de la rue de Condé étant devenu trop exigu, il emménagea 136 boulevard Saint-Germain [VIe].



Blanche Bagnard mourut le 27 janvier 1933, 166 rue de l’Université [VIIe]. Chevalier de la Légion d’honneur en 1911, promu officier en 1926, Henri Floury décéda à Condat-sur-Trincou [Dordogne] le 15 avril 1961. Tous les membres de la famille Floury furent inhumés au cimetière de Malesherbes [Loiret], où ils avaient une maison de campagne, dans le caveau d’Antoine Bagnard [les années de naissance de Floury et de sa femme y sont erronées].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

jeudi 22 février 2024

Le Comte André-Pierre Abrial (1783-1840), amateur d’ésotérisme

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L'expérience des frères Montgolfier, le 5 juin 1783,  à Annonay

La famille Abrial, originaire du Haut-Vivarais, qui appartenait à la bourgeoisie de la ville d’Annonay [Ardèche], remonte jusqu’au XVIe siècle : Jean Abrial, apothicaire, vivait en 1590 et mourut en 1657. 

Le chirurgien de village, par Pieter Jansz Quast (1606-1647)

Pierre Abrial, apothicaire, 2e consul de cette ville en 1623, décédé le 13 octobre 1660, époux le 30 août 1648 de Étiennette Panatier, inhumée le 13 décembre 1693, fut le père d’Antoine Abrial, maître chirurgien, 2e consul d’Annonay en 1700, époux de Marie-Anne Peyron le 4 août 1680 et décédé le 29 juin 1707, et le grand-père d’André Abrial, aussi maître chirurgien, baptisé le 16 octobre 1699, aussi 2e consul d’Annonay en 1722,  et décédé le 27 mars 1755, inhumé dans la chapelle des Pénitents le lendemain, époux le 18 août 1719 de Jeanne Ravel, morte le 17 mars 1778 et inhumée le lendemain. 



Le fils de ces derniers, Jean-Pierre Abrial, également maître chirurgien, fut baptisé le 17 mars 1720 et mourut le 22 septembre 1765 ; il était l’époux, le 5 novembre 1748 à Saint-Victor [Ardèche], de Marie-Catherine Murol, qui lui survécut jusqu’au 18 avril 1783.


 

La descendance a été illustrée par André-Joseph Abrial, né à Annonay le 19 mars 1750. Elevé à partir de 1762 à l’école de Sorèze [Tarn], il fit ensuite ses études au collège Louis-le-Grand, puis fut reçu avocat au Parlement en 1771. Handicapé par un bégaiement, il n’exerça guère son métier avant la Révolution. En outre, la réforme du système judiciaire menée par le garde des sceaux René-Charles de Maupeou (1714-1792) et l’exil des parlementaires l’éloignèrent momentanément du barreau : il dirigea un comptoir au Sénégal, mais, malade, il dut rentrer en France. En 1790, il demeurait 16 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie [IVe]. En 1791, il obtint l’emploi de commissaire du Roi au Tribunal du VIe arrondissement, puis près le Tribunal de cassation. Ministre de la Justice en 1799, envoyé à Naples en 1800 pour y organiser le gouvernement républicain, sénateur en 1802, grand officier de la Légion d’honneur en 1804, comte de l’Empire en 1808, il n’en vota pas moins la déchéance de l’Empereur en 1814. Pair de France héréditaire en 1814, il vota la mort du maréchal Ney. Vers la fin de 1819, atteint d’une cécité presque absolue, il n’aborda plus la tribune jusqu’à sa mort, qui arriva le 13 novembre 1828 ; il fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [division 28]. Il avait épousé en premières noces, le 7 janvier 1782, en l’église Saint-Médard de Paris [Ve], Henriette-Denise Regnard, qui décéda rue Garancière [VIe] le 8 thermidor An VII [26 juillet 1799], et en secondes noces, le 18 juillet 1811, Marie Abrial, sa cousine germaine, née à Boulieu-lès-Annonay [Ardèche] le 9 septembre 1769 et décédée à Paris le 2 juillet 1814. 



Abrial portait « D’argent, à l’arbre terrassé de sinople, au chef d’azur, chargé d’un soleil d’or ».

Du premier mariage du comte André-Joseph Abrial, le comte André-Pierre-Étienne Abrial est né à Paris, rue des Juifs [rue Ferdinand Duval à partir de 1900, IVe], le 5 décembre 1783, et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Gervais. Il entra de bonne heure dans la carrière politique et fut nommé, successivement, auditeur près le ministre de la Justice en 1804, auditeur au Conseil d’État de 1804 à 1814, commissaire-général de police à Lyon [Rhône] en 1810, préfet du Finistère en 1813, maître des requêtes honoraire en 1814-1815, préfet du Gers en 1815, maître des requêtes en service extraordinaire en 1818-1819. Chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur en 1821, il succéda à son père dans la dignité héréditaire de la pairie le 14 février 1829 et fut promu officier de la Légion d’honneur en 1837.

Il avait épousé, le 3 nivôse An XIII [24 décembre 1804], Élisabeth-Augustine-Edme Treilhard, née à Paris le 21 octobre 1783, fille du conseiller d’État Jean-Baptiste Treilhard et de Edme-Élisabeth Boudot, qui lui avait donné quatre enfants : André-Achille, né à Paris, 18 rue Plumet, le 14 vendémiaire An XIV [6 octobre 1805] et décédé à Smyrne [Izmir, Turquie] le 26 avril 1853 ; Jeanne-Rosalie-Edme-Henriette, née à Paris en 1806 et décédée chez son gendre, à Saint-Étienne [Loire], 6 place Marengo, le 11 janvier 1868 ; Edme-Félicité, née à Lyon le 19 septembre 1811, décédée à Paris [XVe], 58 boulevard du Montparnasse, le 1er décembre 1883 ; Jules-Étienne, né à Paris, 18 rue Plumet, le 12 janvier 1817 et décédé à Paris [VIIe], 6 rue Éblé, le 4 mai 1891.


André-Pierre-Étienne Abrial mourut dans son hôtel parisien du 18 rue Plumet [XVe, détruit] le 26 décembre 1840 et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise [division 28].

 


Sa bibliothèque fut dispersée au cours d’une vente qui eut lieu à son domicile, 18 rue Plumet, du lundi 7 juin au mercredi 7 juillet 1841, en 27 vacations : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le CTE Abrial, pair de France (Paris, Edouard Garnot, 1841, in-8, [12]-194 p., 3.035 + 8 doubles [bis] = 3.043 lots), avec un « Ordre des vacations » et une « Table des divisions », dont Théologie [317 lots = 10,41 %], Jurisprudence [413 lots = 13,57 %], Sciences et Arts + Addition [765 lots = 25,13 %], Belles-Lettres [675 lots = 22,18 %], Histoire [872 lots = 28,65 %], 1 globe céleste et 1 globe terrestre. Nombreux titres incomplets, ou mal transcrits, ou avec des coquilles [n° 1.752 : « Audri » pour Oudry], erreurs dans la numérotation.

Photographie BnF

 

37. Physique sacrée, ou Histoire-Naturelle de la Bible. Traduite du Latin de MR. Jean-Jaques [sic] Scheuchzer. Enrichie de Figures en Taille-douce, gravées par les soins de Jean-André Pfeffel. Amsterdam, Pierre Schenk et Pierre Mortier, 1732-1737, 8 vol. in-fol., fig., v. m., tr. d.



158. Théologie des Insectes, ou Démonstration des perfections de Dieu Dans tout ce qui concerne les Insectes. Traduit de l’Allemand de MR. Lesser. La Haye, Jean Swart, 1742, 2 vol. in-8.

Photographie BnF


171. Génie du christianisme, ou Beautés de la religion chrétienne ; par François-Auguste Chateaubriand. Paris, Migneret, An X. – 1802, 4 vol. in-8.

Photographie Pierre Brillard


252. Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre : Traduit en François. Par M. Anquetil du Perron. Paris, N. M. Tilliard, 1771, 3 vol. in-4, pl., bas., fil.



302. La Fable du Christ dévoilée, ou Lettre du muphti de Constantinople, à Jean Ange Braschy, muphti de Rome. Paris, Imprimerie de Franklin, Desenne, An II, in-8, front.



521. Le Grand Coutumier du pays et duché de Normendie [sic]. Imprimé à Rouen par Nicolas Le Roux, pour Françoys Regnault à Paris, Jehan Mallard à Rouen et Girard Anger à Caen, 1539, in-fol. goth.



667. Code criminel de l’empereur Charles V. vulgairement appellé [sic] la Caroline. Paris, Imprimerie de Claude Simon, 1734, in-4.

Photographie BnF


779. Discours de la Méthode pour bien conduire sa raison, & chercher la vérité dans les sciences. Plus la Dioptrique, les Météores, la Méchanique, et la Musique, Qui sont des essais de cette Méthode, par René Descartes. Paris, Charles Angot, 1668, in-4.



882. Entretiens du sage Pétrarque Sur les plus beaux sujets de la Morale. Paris, Pierre Trabouillet, 1678, 2 vol. in-12.



996. P. Gasparis Schotti Magia universalis naturæ et artis, Sive Recondita Naturalium & Artificialium rerum Scientia. Bambergæ, Joh. Martini Schönwetteri, 1677, 4 vol. in-4.



1.017. La Physique occulte, ou Traité de la baguette divinatoire. La Haye, Adrien Moetjens, 1762, 2 vol. in-12, fig.

Photographie Camille Sourget


1.063. Discours admirables de la nature des eaux et fonteines [sic]. Par M. Bernard Palissy. Paris, Martin le Ieune, 1580, in-8.



1.138. Histoire naturelle des coquilles. Par L. A. G. Bosc. Paris, Deterville, An X, 5 vol. in-18, pap. vélin, fig. color., v. f., fil., tr. dor.



1.170. Des satyres, brutes, monstres et démons. Par F. Hedelin. Paris, Nicolas Buon, 1627, in-8.



1.203. Antigigantologie, ou Contre-discours de la grandeur des geans [sic]. Par Nicolas Habicot. Paris, Iean Corrozet, 1618, in-8.



1.204. Gaspari Bauhini Basileensis De hermaphroditorum monstrosorumq; partuum Natura ex Theologorum, Jureconsultorum, Medicorum, Philosophorum, & Rabbinorum sententia Libri Duo hactenus non editi. Oppenheimii, Typis Hieronymi Galleri, 1614, in-8.



1.272. Nouveau Traité de navigation, contenant la théorie et la pratique du pilotage. Par M. Bouguer. Paris, Hippolyte-Louis Guérin et Louis-François Delatour, 1753, in-4, pl., bas.



1.291. Le Véritable Dragon rouge. S. l., 1521 [v. 1800], in-16.



1.304 bis. Le Monde enchanté. Divisé en quatre Livres par Balthazar Bekker. Traduit de l’Hollandois. Amsterdam, Pierre Rotterdam, 1694, 4 vol. in-12, fig. – Idée générale de la théologie payenne [sic], Servant de Réfutation au Système de Mr. Bekker. Par Mr. B. ***. Amsterdam, Jean du Fresne, 1699, in-12.



1.324. Le Comte de Gabalis, ou Entretiens sur les sciences secrètes. Par l’Abbé de Villars. Londres, Frères Vaillant, 1742, 2 vol. in-12.



1.340. Histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle. Causées par la lecture des livres qui traitent de la magie. Paris, Prault père, 1753, 2 vol. in-12, fig.



1.352. Histoires, disputes et discours, des illusions et impostures des diables. Le tout comprins en six livres par Iean Wier. [Genève], Iaques Chouet, 1579, in-8.

Photographie Librairie Koegui


1.378. La Chyromantie naturelle de Ronphile. Lyon, Antoine Iullieron, 1653, in-8, fig.



1.437. Les Propheties de M. Michel Nostradamus. Lyon, 1698, in-12.

Photographie David Brass, Calabasas, Californie


1.483. Histoire générale de la danse. Par M. Bonnet. Paris, D’Houry fils, 1723, in-12.



1.514. Thesaurus linguæ latinæ. Lugduni, s. n., 1573, 4 tomes en 2 vol. in-fol., v. f., fil.



1.640. La Pharsale de Lucain, Traduite en François Par M. Marmontel. Paris, Merlin, 1766, 2 vol. in-8, fig.

Photographie Librairie Le Feu Follet


1.682. Les triũphes de la Noble et amoureuse Dame. Paris, Hodin Petit, 1541, in-8 goth.



1.706. Œuvres de Nicolas Boileau Despréaux. La Haye, P. Gosse et J. Neaulme, 1729, 2 vol. in-fol., fig. de B. Picart, dent., tr. dor.



1.752. Fables choisies, mises en vers par J. de La Fontaine. Paris, Desaint & Saillant, et Durand, 1755-1759, 4 vol. in-fol., fig. d’après les dessins d’Oudry, v. éc., dent., tr. dor. (Bozerian).



1.862. Opere del signor abate Pietro Metastasio. In Parigi, Vedova Herissant, 1780-1782, 12 vol. in-8, fig., mar. violet, dent., tr. dor.



1.943. Contes et nouvelles de Bocace Florentin. Seconde édition. Cologne, Jacques Gaillard, 1702, 2 vol. in-12, fig. d’après les dessins de Romain de Hooge, v. m.



1.992. L’Eloge de la Folie, par Erasme, traduit par Mr. Gueudeville. Nouvelle édition. Amsterdam, François L’Honoré, 1731, in-12, fig. de Holbein, v. m.



2.056. Orus Apollo de Ægypte de la signification des notes Hieroglyphiques des Aegyptiens. Paris, Iacques Kerver, 1543, in-8, 197 bois.



2.104. Œuvres de M. le marquis de Pompignan. Paris, Nyon l’aîné, 1784, 7 vol. in-8.



2.115. Recueil de pièces galantes, de Madame la comtesse de La Suze, et de Monsieur Pelisson. Nouvelle édition. Trévoux, La Compagnie, 1748, 5 vol. in-12.



2.147. I dilettevoli dialogi le vere narrationi, le facete epistole di Luciano Philosopho. Vineggia, Nicolo di Aristotile, 1529, in-12, fig. en bois.

Photographie Arader Books, New York


2.188. Nouveau voyage autour du monde. Par Guillaume Dampier. Rouen Jean-Baptiste Machuel, 1723, 5 vol. in-12, cartes et fig.



2.270. Voyage dans l’intérieur de l’Afrique, par M. Mungo Park. Traduit de l’anglais sur la seconde édition, par J. Castéra. Paris, Dentu et Carteret, An VIII, 2 vol. in-8, front., fig. et cartes.

Photographie BnF


2.374. La Piété Affligée ou Discours Historique & Théologique de la Possession des Religieuses dites de Sainte Elizabeth de Louviers. Par le R. P. Esprist du Bosroger. Amsterdam, Pierre Schaier, 1700, in-12.



2.428. C. Iulii Cæsaris Commentarii. Venetiis, Apud Aldum, 1575, in-8, fig., 2 cartes.

Photographie BnF


2.559. Description de Paris, de Versailles, de Marly, de Meudon, de S. Cloud, de Fontainebleau, Et de toutes les autres belles Maisons & Châteaux des Environs de Paris. Par M. Piganiol de la Force. Nouvelle Edition. Paris, Charles-Nicolas Poirion, 1742, 8 vol. in-12, fig.



2.803. Le Miroir De la Cruelle, & horrible Tyrannie Espagnole. Amsterdam, Ian Evertss Cloppenburg, 1620, in-4, fig.



3.031. Mêlanges [sic] tirés d’une grande bibliothèque [Bibliothèque du marquis de Paulmy]. Paris, Moutard, 1779-1788, 70 tomes en 69 vol. in-8, v. m.

L’épouse du comte André-Pierre Abrial décéda à Paris le 17 mars 1877, chez son fils Jules-Étienne Abrial, 22 rue Oudinot [VIIe].