Fils de Gaspard Rigaud et de Mélanie-Geneviève Musnier, mariés depuis 1818, Jacques-Amédée Rigaud est né à Paris, le 5 mars 1819. En 1846, il épousa Marie-Léonie Moisant et succéda à son oncle, agent de change. Il se démit de sa charge en 1866, peu de temps après la mort de son père.
Il commença à se créer une bibliothèque en 1852.
« A cette époque, on trouvait encore des occasions : il sut en
profiter et s’enrichir de beaux et bons ouvrages sur mille sujets divers ;
des livres de choix et des livres utiles. Car Rigaud n’était pas seulement un
amateur, un curieux, il fut un lecteur assidu, acharné ; ses livres, il
les lisait, il les relisait sans cesse. Il était parvenu, grâce à leur
fréquentation, à connaître à fond l’histoire et la littérature des trois
derniers siècles. Lorsque la mort vint le surprendre, il préparait un catalogue
raisonné de sa bibliothèque, qu’il nous a été permis de voir, et qui est un
modèle d’érudition critique et de
science bibliographique. »
(P. L. Jacob, bibliophile. In Catalogue
[…] de feu Amédée Rigaud. Paris,
A. Aubry, 1874, p. XV)
Il plaça son ex-libris circulaire sur le contreplat supérieur de tous ses
ouvrages : sur papier noir, avec, en lettres dorées, l’initiale
« R » entourée de la devise de l’imprimeur lyonnais Benoit Rigaud (†
1597), « BONA FIDE SINE FRAVDE » [De bonne foi sans dommage].
Certains volumes portent en outre le
monogramme « AR » sur les plats, poussé en or ou à froid.
En 1869, Amédée Rigaud fut reçu membre de la Société de l’Histoire de
France.
Il mourut brutalement en son domicile parisien, 12 rue Fortin [VIIIe],
le 28 janvier 1874.
La première partie de sa bibliothèque fut vendue à l’Hôtel Drouot, du 28
avril au 6 mai 1874, en 8 vacations : Catalogue
des livres composant la bibliothèque de feu M. Amédée Rigaud agent de change
honoraire, bibliophile (Paris,
Auguste Aubry, 1874, in-8, XIX-[1 bl.]-188 p., 1.489 lots).
« La bibliothèque de feu Amédée Rigaud, qui va, comme tant d’autres,
comme les plus belles et les plus précieuses, tomber et se dissiper sous le
terrible marteau du commissaire-priseur, avait été formée ou commencée depuis
plus de vingt ans, et elle représente cependant le goût des livres actuels, le
dernier goût, le bon goût de la bibliophilie. Ce goût-là, Amédée Rigaud l’avait
ressenti et pressenti, quinze ou vingt ans avant les bibliophiles ou
bibliomanes (l’un et l’autre se disent en très-bonne part) de l’an de grâce
1874 ; goût délicat, raffiné, élégant, qui ne sent pas le moins du monde sa
République.
C’est le goût des belles et charmantes éditions françaises du
dix-huitième siècle, avec leurs estampes magistrales d’après Coypel, Cochin, de
Sève, le Barbier, etc., leurs intéressantes suites de figures d’après Gravelot,
Boucher, Moreau, Marillier, Monnet, etc. ; leurs exquises vignettes
d’après Eisen, etc. ; avec leurs superbes portraits gravés par Fessard,
Ficquet, Savard, Grateloup, Odieuvre, etc. Peut-on comprendre aujourd’hui que,
pendant trois quarts de siècle au moins, ces merveilles du dessin, de la
gravure, de la typographie, aient été négligées, dédaignées, abandonnées ?
[…]
Il y a vingt ans que notre regretté Amédée Rigaud avait ouvert à ces
pauvres déshérités l’asile de ses armoires d’acajou ; il y a vingt ans
qu’il se préoccupait de choisir et de faire soigneusement relier de bons
exemplaires de tous ces livres, aujourd’hui si recherchés, et qui le seront
encore davantage. […]
La bibliothèque de feu Amédée Rigaud est donc, avant tout, une petite,
une gracieuse bibliothèque du dix-huitième siècle. On peut donc appliquer au
Catalogue de cette bibliothèque le titre que le libraire Mérigot l’aîné
donnait, en 1782, au Catalogue anonyme de la bibliothèque d’un aimable et
intelligent financier, nommé Desbrière : Catalogue de livres singuliers, facétieux,
choisis et amusants. On ne trouve
pas, en effet, dans la bibliothèque d’Amédée Rigaud, beaucoup d’ouvrages du
genre ennuyeux, de ce genre redouté, qui a produit tant et tant de volumes
remarquables, qu’on respecte et qu’on ne touche jamais. Dans cette
bibliothèque, la Théologie n’offre que quarante-huit numéros, et encore ce ne
sont que de beaux livres d’heures manuscrits ou imprimés, des volumes en vieux
maroquin aux armes, des raretés ou plutôt des singularités. La Jurisprudence
n’a que huit numéros, dont la Charte constitutionnelle avec les figures de
Monnet. La classe des Sciences et arts est beaucoup plus riche, et les livres,
les grands livres à figures, n’y font pas défaut. Mais la véritable richesse de
la bibliothèque est dans la classe des Belles-lettres, et c’est bien là le
dix-huitième siècle : poésies, romans, contes, théâtre, facéties,
polygraphes. Puis, surtout et partout, des estampes et des vignettes du plus
beau choix. […]
Les ouvrages que Amédée Rigaud a réunis de préférence ne sont pas encore
les plus rares, mais ils sont déjà les plus estimés et les plus recherchés.
Leur prix augmente tous les jours, et l’on ne sait pas où s’arrêtera cette
hausse qui n’a rien de factice, car ce ne sont pas les libraires qui l’ont
faite ; ce sont les amateurs qui se disputent entre eux les beaux livres à
figures, que la librairie ancienne et moderne a trop longtemps laissés dans
l’oubli. Amédée Rigaud, comme je l’ai déjà dit, connaissait bien ses
livres ; il les avait tous lus, et, s’il eût vécu plus longtemps, il
n’aurait pas manqué de les relire encore. Les livres sont des amis ;
l’affection qu’on a pour eux se mesure au plaisir qu’on prend à les relire.
Amédée Rigaud a si bien lu les siens, qu’il en a fait un Catalogue raisonné,
très-étudié, très-détaillé, qui eût mérité peut-être d’être publié, si les
bibliophiles savaient se borner dans les catalogues qu’ils font de leurs
livres. [sic]
(Ibid., p. V-XIV)
Théologie [48 lots = 3,2 %], Jurisprudence [8 lots = 0,5 %], Sciences et
Arts [172 lots = 11,6 %], Belles-Lettres [871 lots = 58,5 %], Histoire [390
lots = 26,2 %].
Drouot, 18 mars 2010 : 2.900 € |
120. Ouvrage de Pénélope ; ou Machiavel en
médecine. Par Aletheius Demetrius (La Mettrie). Berlin, 1748, 3 vol. in-12,
mar. r., fil. tr. dor. (Rel. anc.). Édition originale, bien complète des
cartons signalés par Stoddard.
Londres, 14 mai 2013 : 2.500 £ Antiquariat In Libris, Vienne (Autriche), 2015 : 12.500 € |
157. La Vénerie de Jacques du Fouilloux, seigneur
dudit lieu, gentil-homme du pays de Gastine en Poictou. Paris, en la boutique
de L’Angelier, chez Claude Cramoisy, 1624, in-4, mar. noir à comp. semé de
lions, doublé de mar. r. à large dent. (monogramme au milieu), gardes en soie
cerise. (57 fig. sur bois). Rel. par Cuyls. Timbre humide des princes de
Öttingen-Wallerstein sur la page de titre.
Rouen, 16 décembre 2010 : 300 € Librairie Dechaud, 2015 : 1.500 € |
240. Les Iliades d’Homère, prince des poëtes,
traduict de grec en vers françoys, par Hugues Salel, abbé de Saint-Chéron.
L’augmentation outre les précédentes impressions, l’umbre dudict Salel, par
Olivier de Magny. [… ] Autres poésies par P. de Ronsard, gentil-homme. Paris,
Claude Gautier, 1571. [À la suite :] Premier et second livre de l’Odissée
d’Homère. Par Jacques Peletier du Mans. Paris, Claude Gautier, 1570. In-8, v.
viol., fil., tr. dor. (Purgold).
Drouot, 15 mars 2007 |
739. Splendeurs et misères des courtisanes, par M.
de Balzac. Paris, L. de Potter, 1845, 3 vol. in-8, cart. n. rog. Édition
originale de la seconde partie.
Paris, 21 mars 2012 : 1.500 € |
1.015. Lettres de Marie Rabutin-Chantal, marquise de
Sévigné, à madame la comtesse de Grignan, sa fille. S. l., s. n., 1726, 2
vol. in-12, mar. bleu, tr. dor. Portraits ajoutés de Mme de Sévigné et de Mme de Grignan. Seconde édition
originale, dite « de Rouen ». Exemplaire réglé. Complet des feuillets
d’errata.
Morel de Westgaver : 100 € |
1.262. Mémoires de Madame la marquise de Pompadour, […].
Écrits par elle-même, et publiés par R. P. Paris, Ve Lepetit, 1808,
5 vol. in-12, demi-rel. mar. vert, 2 portraits.
Librairie Bertran, 2015 : 1.200 € |
1.369. L’Histoire de Chelidonius Tigurinus sur
l’institution des princes chrestiens, & origine des royaumes, traduite de
Latin en François, par Pierre Boistuau, surnommé Launay, natif de Bretaigne.
Paris, Vincent Norment et Jeanne Bruneau, 1564, pet. in-8, mar. br., tr. dor.,
monogramme.
Paris, 28 mai 2004 : 2.800 € |
1.401. Histoire de Charles VII roy de France, par
Jean Chartier, sous-chantre de Saint-Denys, Jacques Le Bouvier, dit Berry, roy
d’armes, Mathieu de Coucy, et autres autheurs du temps. […], par Denys Godefroy.
Paris, Imprimerie royale, 1661, in-fol., mar. bleu du Levant, tr. dor., semé de
fleurs de lis d’or sur le dos et les plats. (Rel. mod.).
La vente
de la seconde partie, beaucoup moins importante, eut lieu les vendredi 5 et
samedi 6 juin 1874 : Catalogue des
livres anciens et modernes composant la seconde partie de la bibliothèque de
feu M. Amédée Rigaud (Paris,
J.-B. Dumoulin, 1874, in-12, 37 p.).
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