Né en 1729 près de Saint-Flour [Cantal], Pierre
Vallat-la-Chapelle, fils d’un tailleur, fut, à Paris, le secrétaire de
Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes (1721-1794), alors directeur de
la librairie (1750), avant son apprentissage chez Pierre Prault (1685-1768),
libraire depuis 1711 à l’entrée du quai de Gesvres [IVe], du côté du
Pont au Change, à l’enseigne du Paradis. Il fut reçu libraire en 1759 :
« Nous, Syndic et Adjoints de la Communauté
des Libraires et Imprimeurs Jurés de l’Université de Paris, soussignés :
Certifions à tous qu’il appartiendra, avoir cejourd’hui reçu Libraire en notre
Communauté, le sieur PIERRE VALLAT LA CHAPELLE,
Après qu’il Nous est apparu de son âge au-dessus
de vingt ans ; Qu’il nous a remis : le Certificat de Profession de la
Religion Catholique, Apostolique et Romaine, en date du 17 février 1759, signé N. Godelart, prêtre ; Celui de vie
et Mœurs en date du 17 février 1759, signé Prault
père, Saugrain père, Prault fils, et Le Clère fils ; la Lettre testimoniale de Monsieur le Recteur
de l’Université de Paris donnée en présence du sieur Savoye, Adjoint, dont mention sur ladite Lettre en date du 23
janvier 1759, signée Vicaire,
Recteur, portant que ledit Sr P. VALLAT LA CHAPELLE est congru en
Langue Latine et sçait lire le Grec ; et qu’il nous est apparu de sa
capacité dans la connoissance des Livres par l’Examen qu’il a subi en notre
présence, le 16 février 1759, conformément au Règlement du vingt-huit février
mil sept cent vingt-trois ; en vertu duquel, Nous l’avons reçu pour
exercer l’Art et la Profession de la Librairie ; A la charge par ledit Sr
P. VALLAT LA CHAPELLE d’observer ledit Règlement, qu’il a dit bien sçavoir et
promis de l’exécuter selon sa forme et teneur. En foi de quoi il a, conjointement
avec Nous et Messieurs les Anciens Syndics et Adjoints présens à sa Réception,
signé sur le Livre de notre Communauté. Et ensuite, Nous lui avons délivré la
présente ; et lui avons déclaré qu’il ne pourra s’en servir qu’après avoir
été par l’un de Nous présenté au Tribunal de l’Université pour prêter serment in Loco Majorum à l’effet d’obtenir
Lettres d’Immatriculation de Membre et Suppôt de ladite Université,
conformément à ce qui est ordonné par les articles V et VI de l’Arrêt en forme
de Règlement du dixième décembre mil sept cent vingt-cinq ; et encore
après avoir prêté, en notre présence, le Serment accoutumé à Monsieur le
Lieutenant Général de Police.
Fait en notre Chambre Royale et Syndicale, le 19e
jour de février 1759.
P. G. LE MERCIER, Syndic. SAILLAUD, Adjoint.
Ledit Sieur VALLAT LA CHAPELLE a mis ès mains de
moi, Syndic de la Librairie de Paris pour les affaires de la Communauté, la
somme de mille livres. P. G. LE
MERCIER, Syndic.
Il a pareillement mis entre les mains de Nous
Adjoint et premier Administrateur de la Confrérie de Saint-Jean l’Évangéliste la somme de vingt-quatre livres.
Enregistré, etc. SAILLAUD, Adjoint. » [sic]
(Extrait des Registres
de la Chambre Royale et Syndicale de la Communauté des Libraires et Imprimeurs
Jurés de l’Université de Paris)
Le Pont au Change, vu du quai de Gesvres, par Camille Corot (1830) |
Dès 1759, Vallat-la-Chapelle ouvrit sa librairie
chez Prault, quai de Gesvres. En 1763, il épousa la fille d’un vendeur de bois,
Marie-Catherine Bardé,
Détail du plan de l'abbé Delagrive (1754) |
Perron construit devant l'aile qui réunissait la Sainte-Chapelle du Palais de Justice à la Grand'salle |
Château de Champlâtreux |
et s’installa au Palais de Justice, sur le perron de la
Sainte-Chapelle [Ier] et au château de Champlâtreux [Épinay-Champlâtreux,
Val-d’Oise], résidence de campagne du magistrat Mathieu-François Molé
(1705-1793).
.
Il fut l’auteur du Calendrier des réglemens, ou
Notice des édits, déclarations, lettres-patentes, ordonnances, réglemens &
arrêts […], qui ont paru pendant
l’année […]. Par M.
Vallat-la-Chapelle (Paris, Vallat-la-Chapelle, 1763-1770, 7 vol. in-16) :
« Voilà déja plusieurs années que M.
Vallat-la-Chapelle nous donne ce Calendrier, qui se perfectionne & se
complette de plus en plus, à mesure qu’il s’éloigne de son origine. C’est un
répertoire infiniment utile, & qu’il serait à désirer qu’on eût imaginé
plutôt, surtout pour les habitans des Provinces, qui ne sont pas à portée de se
procurer facilement les nouveaux Réglemens, qu’on publie journellement dans la
Capitale. Ce Recueil est distribué par ordre de matiéres, avec une Table des
subdivisions ; & l’on trouve ordinairement à la tête des Réglemens un
petit préambule qui annonce dans quelles circonstances ils ont été
rendus. » [sic]
(L’Avantcoureur.
Paris, Lacombe, 1767, N° 52, lundi 28 décembre, p. 832)
Pierre Vallat-la-Chapelle mourut le 12 décembre
1772, à 43 ans, et fut inhumé dans la basse Sainte-Chapelle., qui servait de
paroisse aux gens du Roi et des chanoines [la haute Sainte-Chapelle contenait
les reliques].
Détail du plan de l'abbé Delagrive (1754) |
Nouveau régime pour les haras, frontispice |
La Veuve Vallat-la-Chapelle lui succéda au Palais
de Justice jusqu’en 1792 : libraire dans la Grande salle, puis, à partir
de 1791, imprimeur-libraire dans la salle Dauphine, associée avec l’Imprimerie
de la Jussienne, 38 rue Montmartre [Ier].
Portrait de Jean-Baptiste Huzard (1755-1838) par Julien-Léopold Boilly (Musée Carnavalet) |
Leur fille Marie-Rosalie Vallat-la-Chapelle, née à
Paris le 21 mai 1766, épousa, le 31 mars 1792, Jean-Baptiste Huzard, veuf de
Rosalie Barthélemy : né à Paris le 3 novembre 1755, « artiste vétérinaire »,
il avait succédé à son père, maréchal-ferrant, 38 rue Montmartre, où il avait ouvert
une Librairie vétérinaire et l’Imprimerie de la Jussienne.
Dès lors, la librairie et l’imprimerie,
consacrées aux sciences agricoles et vétérinaires, furent tenues par « M. R.
Huzard » [Marie Rosalie Huzard] ou « Madame Huzard (née
Vallat-la-Chapelle) », d’après les conseils de son mari, membre de
l’Institut [Académie des sciences], du Conseil supérieur d’agriculture, de
l’Académie de médecine, du Conseil de salubrité de la ville de Paris, de la
Société centrale d’agriculture, de celles d’encouragement pour l’industrie
nationale, d’horticulture, philanthropique, etc., inspecteur général des écoles
vétérinaires,
auteur de l’ Instruction
sur les soins à donner aux chevaux (Paris, Imprimerie vétérinaire, An II),
etc.,
éditeur de Le Théâtre d’agriculture
et mesnage des champs, d’Olivier de
Serres, seigneur du Pradel
(Paris, Madame Huzard, An XII-An XIV [1804-1805], 2 vol.), décoré de l’Ordre royal
de la Légion d’honneur en 1819, chevalier de l’Ordre royal de Saint-Michel, qui
décéda le 1er décembre 1838 [voir Les Gardiens de Bibliopolis. Paris, L’Hexaèdre, 2015, t. I, p.
319-321].
Plus tard, elle profita aussi des conseils de ses
trois enfants.
Jean-Baptiste Huzard, né le 4 janvier 1793,
vétérinaire, membre et trésorier perpétuel de la Société impériale et centrale
d’agriculture de France, membre de l’Académie de médecine, du Conseil général
d’hygiène et de salubrité publiques, des Sociétés philomathique,
d’horticulture, d’encouragement pour l’industrie nationale, etc., chevalier de
la Légion d’honneur en 1831 et officier en 1864,
auteur de Des haras domestiques en France (Paris, Mme Huzard, 1829),
de l’ Esquisse de nosographie vétérinaire
(Paris, Madame Huzard et Deterville, 1820), etc., qui épousa le 7 juin 1828, à
Versailles [Yvelines], Clémence-Pauline-Marie de Boigneville, née à Paris le 13
mai 1804, fille d’un négociant, et qui, veuf depuis le 18 mai 1855, décéda le 5
avril 1878.
Démophile Huzard, dit
« Huzard-Courcier », né le 22 fructidor An II [8 septembre 1794] et
portant un prénom dit « révolutionnaire » issu de la Grèce antique,
épousa, le 11 février 1820, Angélina-Félicité-Clémence Courcier, née le 13
nivôse An X [3 janvier 1802], fille de Jean Courcier (1755-1811),
12 rue du Jardinet |
imprimeur 12
rue du Jardinet [VIe].
Breveté le 14 mars 1820, Démophile Huzard
dirigea alors l’imprimerie de sa belle-mère, Victoire-Félicité Lemaire,
« Mme Ve Courcier ». Il serait mort dans
l’incendie de son imprimerie, lors de la révolution de 1830 : on ne
retrouva pas son corps parmi les cendres. Sa femme mourut le 30 décembre 1850.
Adèle-Joséphine Huzard, née le 25 brumaire An V
[15 novembre 1796], épousa, le 20 décembre 1823, Louis Bouchard, né à
Tréauville [Manche] le 4 septembre 1784.
Rue de l'Eperon, vers la rue Saint-André-des-Arts, entre la rue Serpente et la rue Suger Photographie Charles Marville (1866) |
Marie-Rosalie Huzard déménagea ses entreprises 11
rue de l’Éperon [VIe] en 1795, puis 7 rue de l’Éperon en 1805. Brevetée
imprimeur le 1er avril 1811, elle confia, dès 1824, la gérance de
ses établissements à son gendre, avant de les lui céder en 1839.
Propriétaire-agriculteur, Louis Bouchard avait été professeur à Pontlevoy
[Loir-et-Cher] et Orléans [Loiret], puis principal du collège de
Nogent-le-Rotrou [Eure-et-Loir] ; il fut membre de la Société
d’horticulture, de celle d’encouragement pour l’industrie nationale, etc.,
directeur des Annales de l’agriculture
française, officier de l’Université et chevalier de la Légion d’honneur en
1838.
En décembre 1839, Marie-Rosalie Huzard publia une
Notice sur la bibliothèque de J.-B.
Huzard (Paris, Imprimerie de L. Bouchard-Huzard, 1839, in-8, 16 p.), dans
l’espoir que cette Notice pourrait déterminer quelque établissement public ou
quelque riche amateur à acheter en masse cette immense et précieuse collection.
Cet appel étant resté sans effet, la famille se décida à faire dresser un
catalogue, dont elle a confié la rédaction à Pierre Leblanc, ancien
imprimeur-libraire, dit « Le Bibliophile voyageur » :
Catalogue des livres, dessins et estampes de la bibliothèque de
feu M. J.-B. Huzard (Paris, Mme Ve Bouchard-Huzard,
1842, 3 vol. in-8).
« L. Bouchard-Huzard » mourut
prématurément le 12 décembre 1841, et sa belle-mère le suivit dans la tombe le
23 janvier 1842.
Adèle-Joséphine Bouchard, « Mme Ve
Bouchard-Huzard », succéda à son mari.
Dans le courant de l’année 1848,
son adresse devint 5 rue de l’Éperon. Elle continua sa spécialité des ouvrages
d’agriculture et d’horticulture, imprimant le Bulletin de la Société centrale et impériale d’agriculture, les Annales de l’agriculture française, les Annales de la Société impériale
d’horticulture de Paris et centrale de France, le Bulletin d’encouragement pour l’industrie nationale, les Mémoires de la Société impériale et centrale
d’agriculture, le Catalogue des
brevets d’invention, la Description
des brevets d’invention, les Annales
de l’Institut agronomique.
Brevetée imprimeur le 21 janvier 1842, elle fut
aidée par son fils Jean-Baptiste-Louis-Honoré Bouchard, dit « Louis
Bouchard », né en 1824, secrétaire-général de la Société impériale et
centrale d’horticulture de France, lauréat de la Société impériale et centrale
d’agriculture de France, de la Société d’encouragement pour l’industrie
nationale, de la Société protectrice des animaux, etc., correspondant des
Sociétés d’agriculture de Lyon, Rouen, etc., secrétaire du jury du IXe
groupe [horticulture] à l’Exposition universelle de 1867, membre de la Société
impériale zoologique d’acclimatation, de la Société des agriculteurs de France,
de l’Institut des provinces de France, etc., l’un des rédacteurs des Annales de l’agriculture française,
auteur du Traité des constructions
rurales et de leur disposition (Paris,
Mme Ve Bouchard-Huzard, 1869, 2e éd., 2 vol.gr.
in-8, 180 pl.), mort célibataire le 23 novembre 1873, en son domicile du 5 rue
de l’Éperon.
La mort de Adèle-Joséphine Bouchard, le 14
octobre 1876, en son domicile du 5 rue de l’Éperon,
mit son gendre Jules-Pierre
Tremblay dans l’obligation de prendre la direction de l’imprimerie et de la
librairie le 20 octobre 1876. Il était né le 23 mars 1816 à
Ballancourt-sur-Essonne [Essonne], fils d’un meunier du hameau de Paillot, et était
devenu attaché au ministère de l’Agriculture, puis rédacteur au bureau des
brevets d’invention. Il avait épousé, le 30 juin 1851, Adèle-Rosalie Bouchard,
née le 19 avril 1826.
Entré dans l’imprimerie à l’âge ou d’autres la
quittent, il n’a pas cherché à développer la maison Bouchard-Huzard, mais il
l’a maintenue.
85 boulevard du Montparnasse Photographie Eugène Atget |
À la mort de « Jules Tremblay, gendre et
successeur », arrivée le 26 avril 1884 à son domicile, 85 boulevard du
Montparnasse [VIe], ancienne maison du peintre Hyacinthe Rigaud (1659-1743),
« Madame Veuve Tremblay, née Bouchard-Huzard » lui succéda, jusqu’à
son décès le 4 juin 1887, 85 boulevard du Montparnasse.
Adèle-Joséphine Bouchard, son fils
Jean-Baptiste-Louis-Honoré Bouchard et le couple Tremblay furent inhumés au
cimetière du Montparnasse [11e division].
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