Walter Tiemann, 1923 |
J’ai toujours été très étonné de
ne lire que des références à Roger Laufer (Introduction à la textologie.
Paris, Larousse, 1974) - agrégé d’anglais, comme par hasard -, et à l’école
anglo-saxonne, quand on parle de bibliographie matérielle.
Il est évident que la place
manque ici pour développer un sujet qui n’est pas simple, et sur lequel, outre
les anciens, de nombreux contemporains écrivent encore aujourd’hui. Je ne peux
que rappeler quelques jalons, qui montrent néanmoins que les Français, et
particulièrement les bibliophiles français, furent en avance sur le
sujet : ils n’ont eu que le tort de ne pas publier suffisamment.
Seule la seconde partie de l’Introduction
à la textologie de Laufer traite de bibliographie matérielle : Laufer
avait traité le sujet dans un article publié en Australie dès 1966.
Les Anglo-Saxons, menés par
Pollard, abordèrent le sujet peu avant la Première Guerre mondiale, à propos
des éditions de Shakespeare, au sein de la Bibliographical Society, fondée en
1892.
Constantin, dans son Manuel
de bibliothéconomie (1841), fait bien la différence entre
« bibliographie littéraire », qui traite du mérite des ouvrages, et
« bibliographie matérielle », qui fait « connaître le matériel
des livres ».
Peignot, dans son Répertoire
bibliographique universel (1812), traite du « matériel des
livres », qu’il place dans la « bibliographie élémentaire ».
Achard, dans son Cours
élémentaire de bibliographie (1806), écrit qu’il connaît des bibliopoles
qui se distinguent « dans la partie matérielle des livres » et qui
peuvent nous apprendre que pendant l’impression d’un ouvrage, un désordre dans
les lettres d’un mot n’a été rétabli qu’après le tirage de plusieurs
exemplaires.
Enfin, cessons de nous battre
pour une terminologie, qui serait bien plus explicite avec l’utilisation de la
paraphrase « analyse matérielle du livre », puisqu’il semble que
l’expression « bibliographie matérielle » est incompréhensible pour
certains.
C’est volontairement que j’ai
séparé les « théoriciens », qui utilisent des données statistiques ou
des mauvais exemples pour leurs démonstrations, des « praticiens
bibliophiles ». Même si leurs travaux de bibliographie matérielle peuvent
sembler manquer aujourd’hui de précision, ceux de Paul Lacroix, concernant les
œuvres de Rétif de la Bretonne et de Molière, et ceux de Antoine-Augustin
Renouard, pour ses célèbres catalogues, son néanmoins très antérieurs aux
premiers travaux similaires anglo-saxons.
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