mardi 2 février 2021

Damascène Morgand (1840-1898), le Napoléon de la librairie

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Vue générale de Sommery

D’une famille picarde installée à Abbeville [Somme], passée en Normandie à la fin du XVIIIe siècle, Louis-Damascène Morgand est né à Sommery [Seine-Maritime] le 29 avril 1840.


Il était l’un des enfants de Pierre-François Morgand, né le 1er pluviôse An VII [20 janvier 1799] à Fallencourt [Seine-Maritime], et de Marie-Eugénie Philippe, née le 7 pluviôse An XIII [27 janvier 1805] à Sommery, tous deux journaliers, mariés le 7 janvier 1824 à Sommery. Veuf depuis le 13 août 1841, Pierre-François Morgand épousa une veuve, le 4 février 1842 à Sommery, Marie-Angélique Dorchy, née le 30 frimaire An II [20 décembre 1793] à Beaubec-la-Rosière [Seine-Maritime], qui décéda le 21 décembre 1857 à Buchy [Seine-Maritime]. Pierre-François Morgand mourut le 10 avril 1863 à Bosc-Bordel [Seine-Maritime], au hameau « Les Maisonnettes », où il était devenu cultivateur après son second mariage.

Le grand-père paternel de Damascène Morgand, Jacques-François-Louis Morgand, était né à Abbeville, sur la paroisse Saint-Georges, le 30 août 1777, de Jean-Baptiste-Louis-Marc Morgand, maître serrurier, et de Marie-Madeleine-Françoise Garet, mariés à Abbeville le 13 septembre 1775. Le 12 floréal An V [1er mai 1797], il avait épousé, à Fallencourt, Marie-Madeleine Baurin, qui y était née le 15 février 1779, et était devenu armurier, après avoir exercé la même profession que celle de son père.

 

Rue Beauvoisine, Rouen (juillet 2017)

Après être passé chez les Frères des Écoles chrétiennes, Damascène Morgand fut placé dès 1852 chez Charles-Édouard Dubust (1822-1896), bachelier ès-lettres et libraire depuis 1849, 9 rue Beauvoisine, à Rouen [Seine-Maritime]. 

Passage des Panoramas, 10 rue Saint-Marc (Atget, 1907)

En 1857, Morgand vint à Paris et entra comme commis chez Auguste Fontaine (1813-1882), le libraire bien connu du 35 passage des Panoramas [IIe]. Il y rencontra en particulier le baron de La Roche Lacarelle (1816-1887) et Paul Lacroix (1806-1884), qui lui transmirent leur passion pour les livres anciens.

Le 4 février 1864, Morgand épousa Marie-Louise-Victorine Énault, née le 28 décembre 1844 à Carentan [Manche], fille de Louis-Auguste Énault, aubergiste, et de Thérèse-Monique Hervieu. 

Passage des Panoramas, 11 boulevard Montmartre (A.-P. Martial, 1877)

Passage des Panoramas, 11 boulevard Montmartre (aout 2020)

Le couple demeura alors 11 boulevard Montmartre [IIe], où naquit Maurice-Louis-Damascène, le 14 avril 1869.

 

55 passage des Panoramas (2020)

En 1875, Morgand se rendit acquéreur du fonds de Ernest Caen, établi depuis 1854 au 55 passage des Panoramas et s’associa à son ancien commis, Charles Fatout.

« Caen était un type de libraire très particulier. Je le vois encore dans son magasin du Passage des Panoramas, raide dans son faux-col, caressant ses longs favoris, toujours debout, un livre à la main et lisant ; avec l’air d’un gentlemen qui daignait de temps en temps interrompre sa lecture pour vous céder un livre. Quand on le connaissait, il était de relations fort agréables, mais l’abord était froid, et ce n’est pas lui qui se serait accommodé des causeries quotidiennes de bibliophiles. »

(Henri Beraldi. Mes estampes. Lille, L. Danel, p. 84)

Fils de cultivateur, Charles-Léon Fatout était né le 31 octobre 1839 au réage [hameau] de La Sorière, commune de Montsurvent [Manche], et était arrivé très jeune à Paris pour être commis à la Librairie nouvelle, 15 boulevard des Italiens, à l’angle de la rue de Gramont [IIe]. Entré chez Caen, il s’était livré à l’étude de la librairie ancienne.

Place de la Bourse (1890)

Les Morgand déménagèrent du 2 rue de la Poterie [Ier] au 7 place de la Bourse [IIe], où Marguerite-Marie-Thérèse, qui y est née le 23 juin 1877, décéda le 30 juillet 1878, dans son 14e mois. Cette année 1878, Édouard Rahir (1862-1924) entra à la librairie comme commis.

Le frère aîné de Damascène Morgand, Théodore-Maximilien Morgand, qui était né le 8 juin 1833 à Sommery, qui tenait la Librairie scientifique et artistique du 5 rue Bonaparte [VIe] depuis une vingtaine d’années, breveté le 7 décembre 1863, fut déclaré en faillite en 1880 et se retira à L’Isle-Adam [Val-d’Oise].

Les Morgand changèrent une nouvelle fois de domicile, 25 boulevard de Bonne Nouvelle [IIe], où naquit leur troisième enfant, Marie-Louise-Marguerite, le 1er mars 1882. Charles Fatout décéda prématurément chez lui, 13 rue des Martyrs [IXe], le 16 juin 1882, dans sa 43e année.

« Mlle Marie-Valentine Neyron de Saint-Julien [1851-1903] a épousé [le 13 mai 1878] M. le comte de Nadaillac [Léon-François-Bertrand du Pouget (1847-1900)], fils de l’ancien préfet [Jean-François-Albert du Pouget (1818-1904), marquis de Nadaillac].

M. le comte de Nadaillac est un bibliophile émérite qui a la passion des belles reliures et des éditions rares. Il possédait déjà une superbe bibliothèque qu’il a complétée dans ces dernières années par les ouvrages les plus curieux. C’est ainsi qu’il a acheté à MM. Morgand et Fatout, les libraires bien connus du passage des Panoramas, pour plus de 100,000 francs de livres, et entre autres, la collection complète des pièces originales de Molière, dans un coffret, portant les dates de 1674 et de 1675, vendue 40,000 francs.

Dernièrement Mme de Nadaillac a obtenu sa séparation de biens, et la bibliothèque de son mari lui a été attribuée en payement de ses reprises.

M. de Nadaillac était resté débiteur vis-à-vis MM. Morgand et Fatout d’une somme de 74,512 fr. 95 sur le prix de son acquisition, et les libraires ont consenti à reprendre pour pareille somme de bons livres.

Mais, sur les entrefaites, M. Fatout est décédé [16 juin 1882], et M. Morgand a été chargé de la liquidation de la société qui avait existé entre eux.

M. Morgand a pensé qu’il pourrait faire vendre à l’hôtel Drouot les livres repris à Mme de Nadaillac, comme provenant de la bibliothèque de son mari.

En conséquence, il a annoncé cette vente pour le 30 novembre, par le ministère de Me Delestre, commissaire-priseur, et il a fait dresser un catalogue comprenant cent huit numéros et portant comme titre : Catalogue des livres provenant de la bibliothèque de M. le comte de Nadaillac.

On y trouve des exemplaires curieux et rares, des éditions “ princeps ”, des ouvrages du plus haut intérêt […].

Mme de Nadaillac a pensé que M. Morgand n’avait pas le droit de se servir du nom de son mari dans l’intérêt de sa vente, et qu’il y avait là une atteinte portée à la propriété du nom.

Elle a donc assigné M. Morgand en référé, pour lui faire défense de faire usage du nom de Nadaillac dans son catalogue et comme sanction, dire que le commissaire-priseur chargé de la vente devrait donner connaissance au public avant la vente de l’ordonnance à intervenir.

Après avoir entendu les observations de Me Denormandie, avoué de Mme de Nadaillac, et de Me Wandevalle, avoué de M. Morgand, M. le président a ordonné, conformément à la demande, que la réclamation de Mme de Nadaillac serait portée à la connaissance des amateurs avant la vente, par la lecture de l’ordonnance du référé que devra faire le commissaire-priseur. »

(In Le Livre […] Bibliographie moderne. Paris, A. Quantin et Octave Uzanne, 1883, p. 62-63)

Morgand, par Charles Jouas (1896)

 

Morgand [à droite], 55 passage des Panoramas.
[Son associé, Charles Fatout, étant mort à 43 ans en 1882, ce n'est pas lui à gauche, mais un amateur, apparemment plus âgé]. Gravure de Henri Paillard d'après Charles Jouas.
In Emile Goudeau. Poèmes parisiens. Paris, Imprimé pour Henri Beraldi, 1897, in-8, p. 303.
Photographie BnF

« Elle [la boutique du « Quaritch français »] a quelque chose d’archaïque qui saisit et qui charme. Les noms et titres de Damascène Morgand, libraire de la Société des bibliophiles français s’y étalent en lettres d’or sur un fond noir et en écriture gothique ! Derrière les grandes glaces, d’innombrables volumes en magnifiques reliures anciennes ou modernes, des livres ouverts, laissant voir les plus curieuses illustrations, des estampes, des gravures, des images coloriées, le tout ayant une riche valeur, soit au point de vue de l’art, soit comme rareté. […]

Les réunions de bibliophiles avaient lieu chez Morgand. Le baron Pichon y fréquentait et le duc d’Aumale ne dédaignait pas d’y venir.

-          Combien ce livre, Morgand ? demandait M. le comte de Mausbourg [i.e. Mosbourg].

-          Cinq mille.

Et M. de Mausbourg rejetait le livre – l’ancien diplomate n’achetait qu’au-dessus de quinze mille.

Plus judicieux, M. Bocher, M. de Villeneuve, le duc de La Trémoïlle, M. Germain Bapst, Louis Teste, de Claye, le prince Roland Bonaparte, le duc de Chartres, M. Sommier et bien d’autres, examinent avec soin avant de conclure.

Van der Bilt [George-Washington Vanderbilt (1862-1914)] vint un jour acheter pour cent vingt mille francs de livres, qu’il choisit d’ailleurs avec un discernement extraordinaire ! »

(« Le Roi des libraires ». In Le Gaulois, mardi 1er février 1898, p. 1)

Damascène Morgand
In Bulletin de la librairie Damascène Morgand, t. VIII

Devenu veuf le 11 juin 1887, Morgand se retira prématurément des affaires dix ans plus tard, gravement malade :

« A qui n’est point bibliophile ces trois mots ne diront rien : Morgand se retire ! Mais pour ceux qui ont pratiqué activement la bibliophilie depuis trente ans, ils marquent la fin définitive d’un monde, du monde des “ bibliophiles de 1875 ” ; la fin d’une époque, de l’époque des prix frénétiques sur le livre ancien : époque héroïque, comme on l’a appelée ; époque incomparable dans l’histoire de la bibliophilie et du commerce des livres.

Damascène Morgand a été, dans sa partie, un homme unique, et un colosse. Il a appliqué à la librairie les talents d’un conquérant. Son génie fut de sentir qu’il fallait à un temps nouveau des allures nouvelles, qu’un libraire n’avait pas à faire du dilettantisme, de l’amour du livre, à continuer Techener ou Potier, à se piquer essentiellement de bibliographie et de bibliophilie. Non, pour lui, un libraire était avant tout un vendeur de livres, dont le talent spécifique devait consister à bien vendre. Il osa concevoir, dans la librairie rétrospective, la matière d’immenses affaires. Il vendit grand. Avant lui, les libraires vendaient petit, exécutant dans les ventes les commissions des bibliophiles, achetant “ bourgeoisement ” de la main à la main, au moins cher possible, surtout “ faisant des coups ”, c’est-à-dire acquérant à vil prix, de possesseurs ignorants ou d’héritiers imbéciles, et n’en revendant guère mieux pour cela. Damascène, commis du libraire Fontaine, fut écœuré de ce rôle subordonné ou louche, lui qui n’aimait que l’emploi de la force et l’attaque bien en face. Pourquoi acheter bon marché et vendre bon marché ? Pour ne rien gagner ? Revendre deux cents francs un livre de cent vingt : le bel horizon ! Tandis que si ce même livre pouvait être porté à douze mille francs d’achat, on le revendrait vingt mille !

Cette poussée invraisemblable des prix, Morgand la réalisa. Il se fit un tempérament formidable de haussier. Tout de suite l’homme d’autorité et de lutte apparut. Il refusa d’acheter par commission, et, tout net, fit défense aux bibliophiles d’opérer directement dans les ventes, sous peine d’être broyés. Il alla de sa personne au feu, prenant position sous le bureau du commissaire-priseur Delbergue-Cormont, face au public, en sanglier qui fait tête. Une fois lancé sur un livre, il allait jusqu’au bout, toujours : rien à faire contre lui. Quelquefois cependant, il le lâchait ; mais alors il le “ collait sur le dos ” à l’adversaire, dans des prix à la Pyrrhus. Le comte de Mosbourg en sut quelque chose. Exemple entre mille : un Office de la Toussaint de la bibliothèque Lacarelle, mosaïque à répétition du XVIIIe siècle, fraîcheur exquise. Avant la vente, le devis de Morgand était fait : six mille. A la vente, il sent une résistance, une concurrence et même deux ; il pousse l’objet, puis l’abandonne à propos … à vingt-deux mille.

Les amateurs, frémissants mais matés, s’inclinèrent. Damascène, en vrai “ premier commis ”, devint tout-puissant. Il y avait, à cette époque, dans la bibliophilie, une demi-douzaine de barons, tous fameux. Le plus redoutable d’entre eux, la veille d’une vente célèbre, lui criait, furieux : “ Damascène ! Ne vous mettez pas en travers de moi dans cette affaire ou je vous passe dessus ! ” Damascène répondit : “ Monsieur le baron, je m’en …..” Il dit le mot, lui d’habitude si mesureur de ses termes. Et il passa sur le baron.

Et la reliure de Trautz ? De quel droit les bibliophiles en avaient-ils le privilège exclusif ? Elle pouvait être une valeur, un élément considérable d’affaires : donc elle ressortissait au libraire. Damascène pria le baron de Laroche-Lacarelle de l’introduire chez l’illustre relieur. La réponse négligemment dédaigneuse du baron est restée célèbre : Jamais Trautz ne reliera pour les passages ! Le lendemain, Morgand l’irrésistible, Morgand-coup-de-force, Morgand-Pactole, débauchait Trautz à prix d’or, l’accaparait. Ce fut pour les Lacarelle et les bibliophiles que Trautz ne relia plus !

Damascène, général en chef pour le compte ce Fontaine était devenu le Bonaparte du genre. Il voulut l’empire du livre ancien, et s’établit passage des Panoramas, d’abord associé en un double consulat avec Fatout, puis enfin seul, Damascène devint Morgand. Derrière lui, la plus puissante clientèle qui se soit jamais vue : tous les bibliophiles passionnés, les Lacarelle, les Lignerolles, les James de Rothschild, les Paillet, les Bauchart, les Louis Rœderer, et tous les bibliophiles gros payeurs, acheteurs mystérieux, lutteurs masqués qu’on appelait en librairie “ les barons Alfreds ”, et l’Angleterre, et l’Amérique. Alors ce fut l’ère colossale du livre ancien, remué à coups de millions. Le libraire disposait personnellement de crédits illimités ; lui-même en ouvrait de tels. Le tour de force en permanence : tel ce million de livres vendu en trois ans à un client ; telle l’acquisition en bloc de la bibliothèque Paillet, et sa revente immédiate en détail : sept cent mille francs….. etc..

De sa personne, Morgand fut irrésistible. Bauchart l’appelait le Serpent tentateur ; et avec l’accent de Bauchart, la qualification prenait un relief extraordinaire. Entendez cependant par ceci que Morgand n’était point le plus rusé des libraires, mais bien le plus audacieux et le plus loyal. Sa force de séduction fut ceci : comme acheteur, se transformer en pluie d’or, payer les livres plus que tout autre ; comme vendeur, mettre le client en face de tels livres, que celui-ci n’eût plus que le choix de son supplice : ou mourir de regret, ou se saigner aux quatre veines.

Un rêve ! Réunir en une exposition tout ce que Morgand a fait passer de merveilles par ses mains en vingt-cinq ans. Ce serait féérique, paradisiaque ; un étincellement immense ! Là il y aurait tout ! Manuscrits ? les plus beaux. Incunables ? les plus précieux. Editions originales ? dans le plus bel état. Reliures de Grolier et des Valois ? des merveilles : sans parler de Boyer, de Padeloup et de Derome. Dessins originaux de l’école française du XVIIIe siècle ? le dessus du panier. Et tout à l’avenant. Morgand a tout embrassé en librairie, et, d’une main puissante, tout porté à des hauteurs de prix inconnues.

Mais dans “ tout ”, il y a forcément nos classiques. Etrangeté des destinées ! Il a appartenu à ce libraire de donner à nos grands écrivains une gloire spéciale : la gloire de la grande cote. Ronsard ! Marot ! Montaigne ! Saluez Morgand : jamais vous ne fûtes, et probablement jamais vous ne serez achetés et vendus comme par lui. Rabelais, saluez : Morgand a tiré de vous le fin fond de la substantifique moelle : dix mille votre édition de Le Duchat ; oh là ! Corneille, saluez : c’est Morgand qui vendit sept mille cinq cents votre Illustre Théâtre elzévir. Molière, saluez, saluez : ce que Morgand a exalté de Molières est incalculable : Molières “ de soixante-six ” (1666), Molières “ de soixante-treize ”, Molières “ de quatre-vingt-deux ” à dix-huit mille (avec le carton !), Molières “ de quatre-vingt-huit ” ; Molières avec figures de Boucher, en reliure ancienne, à huit mille ; Molières de Bret, figures de Moreau avant la lettre, à douze mille ! Oui, saluez Morgand : auprès de lui Trabouillet et Barbin ne furent que pygmées. La Fontaine, saluez, et ne dites pas qu’on a souvent besoin d’un plus petit que soi : encore une fois Morgand fut grand ; c’est lui qui vendit vos Fables avec les dessins originaux d’Oudry ; lui qui vendit cinquante mille vos Contes avec dessins originaux de Fragonard ; et depuis il rêva de les racheter cent mille, pour les revendre cent vingt. Et vous, Elzévirs, saluez : c’est Morgand qui, sur un de ses derniers catalogues, annonçait des elzévirs par cent mille francs à la fois. Et toi, marmiton anonyme et célèbre qui rédigeas le Pastissier françoys, salue : dix mille ! Et vous Voltaire, saluez, sans ricaner : c’est Morgand qui, vous ayant truffé de vignettes et de portraits, dans une édition Beuchot en grand papier, vous vendit trente-cinq mille, avec cinq ans pour payer… Et toi, Restif, salue Morgand, tu lui dois tout ; un autre eût-il jamais amené tes “ œuvres complètes ” à vingt mille et fait cent mille d’affaires avec ton “ papier à chandelle et tes têtes de clous…” ?

Ah, par exemple, il n’aimait pas le XIXe siècle ! “ Il est contraire à mes intérêts,” disait-il. Il le haïssait, comme un ennemi direct, personnel, discourtois, venu pour se mettre en travers de ses “ opérations ”, et nuire au livre ancien. Cependant, les romantiques étant devenus un champ relatif d’affaires, Morgand, bon prince, ne refusait pas à Victor Hugo, à Théophile Gautier ou à George Sand de faire quelque chose pour eux : généreux, il leur tendait un doigt pour les tirer des bas prix. Il n’eût pas supporté qu’une édition originale de Notre-Dame, de Mademoiselle de Maupin ou d’Indiana fût achetée ou vendue par un autre plus cher que par lui. Mais pour les contemporains, pour toutes les choses d’aujourd’hui même, livres, illustrations, reliures, toute cette production actuelle, vivante, c’était le mépris pur et simple. Pour la première fois, il ne pouvait venir à bout d’un adversaire : le XIXe siècle lui résistait, et impossible de l’assassiner ! A l’occasion, il en tira du moins ce qu’il put.

Là il se trompa, prenant l’effet pour la cause. Sa philosophie, sa connaissance inouïe du marché furent en défaut. La faiblesse ne venait pas sur le livre ancien parce que les bibliophiles se détournaient vers le livre actuel ; mais les bibliophiles se réfugiaient dans le livre moderne parce que le livre ancien était devenu inabordable et tortionnaire. Morgand avait tout haussé, mais aussi tout surmené. Comme maint despote, il laisse après lui de très grandes choses, et bien des ruines. Mais ce qu’il laissera surtout dans la bibliophilie, c’est l’éternel souvenir d’une physionomie de libraire unique, violent, aimable, ardent, poussant sans pitié le client, les comptes de cent mille francs dans les reins, l’accablant à coups de merveilles, et absolu, au point de souffrir pour le plus mince article qui allait à un confrère. Il aimait donc l’argent ? Pas du tout. Cet homme qui a remué les millions n’a point thésaurisé, ni acheté de propriétés dans sa Normandie ; il a mis son bénéfice en livres, dans son magasin du passage des Panoramas, seul endroit où il put vivre et respirer, et où il a ruiné sa santé par une activité comburante dans un local confiné. – Ce qu’il aimait, c’était l’ostentation de la force, la lutte, les affaires, le succès, et, pour l’appeler par son nom, la gloire ! A présent il lui faut le repos.

Nous tous qui l’avons beaucoup connu, pratiqué – et aimé, bien qu’il nous ait fait crier parfois ! – nous envoyons nos meilleures amitiés à ce parfait galant homme, à ce libraire terrible, mais sûr, qui eut l’horreur du livre médiocre et douteux, et un admirable instinct, une singulière fierté du morceau pur et vraiment beau ! Morgand est irremplaçable !

Il est irremplaçable, et pourtant il sera remplacé. On est toujours remplacé ; pas identiquement, mais autrement. Édouard Rahir, qui prend la suite, a déjà pour lui de posséder une extraordinaire érudition bibliographique, et d’être, lui aussi, un homme sûr ; le voici maintenant en présence du côté délicat, pratique, et, si l’on peut dire, “ clinique ”, de la librairie : le maniement du client. Il faut y être le serpent tentateur… » [sic]               

(Henri Beraldi. « Propos de bibliophile ». In La Revue de l’art ancien et moderne. Paris, 1re Année, N° 8, 10 novembre 1897, p. 369-372)

123 rue du Faubourg Poissonnière

La belle-mère de Morgand décéda chez lui le 28 décembre 1890, âgée de 82 ans. Lui-même mourut le 29 janvier 1898, âgé de 57 ans, en son domicile, 123 rue du Faubourg Poissonnière [IXe]. Ses obsèques furent célébrées le 1er février en l’église Saint-Vincent-de-Paul [Xe]. Son ancien commis, Édouard Rahir, devenu son collaborateur et ami, reprit aussitôt la librairie.

« Au bibliophile de 1875, il fallait un libraire d’allure spéciale et de grande envergure : il l’eut, ce fut Morgand.

En ce temps-là, Damascène Morgand était le commis de Fontaine, et nous ne jurions tous que par lui. Avez-vous vu Damascène aujourd’hui ? Je vais chez Damascène. M’accompagnez-vous chez Damascène ? C’est un livre que je viens d’acheter à Damascène. Damascène par-ci, Damascène par-là, Damascène toujours. Il trônait dans la librairie de Fontaine au premier étage, c’est-à-dire dans le département des livres précieux, et en était une manière de vice-roi absolu. Il administrait du reste les intérêts de son patron avec le même zèle que s’il se fût agi des siens propres. Et comme c’était le bon temps, comme on n’avait pas encore surmené les livres, il y avait là de bien belles occasions. (Je me rappelle, notamment, une certaine malle pleine de vignettes avant la lettre, qui fut une mine inépuisable). De plus, bien qu’il n’ait jamais eu de goût aux petites affaires (c’est peut-être son seul défaut), Damascène alors se donnait parfaitement du mal pour vendre un livre modeste à un prix modéré. Cela ne pouvait durer ; bientôt on s’aperçut du changement. Au bout d’un an ou deux, les prix montaient sensiblement, nous sortions de l’âge d’or : et puis,

 

….déjà Morgand perçait sous Damascène,

 

et se révélait l’homme des énormes affaires. Les plus grosses opérations n’étaient pour lui qu’un jeu. Acheter des bibliothèques entières et les revendre d’un coup ; découvrir, former, surexciter et entretenir de nouveaux et formidables clients ; ramener les amateurs dissidents, dompter les récalcitrants, mater les rebelles ; terrasser tous ses adversaires dans les ventes sans rester accablé du poids de ses victoires, tel fut son génie.

Intérieurement, pour préparer, peser, mûrir une affaire à longue portée, le sang-froid méthodique, raisonné, calculateur, le flegme de l’anglais, (auquel il ressemble physiquement). Extérieurement, pour en tirer parti, la flamme française, l’art de trouver à point nommé et au commandement un enthousiasme éloquent, communicatif, entraînant, irrésistible, (et demeuré célèbre). Sous ce bouillonnement de surface un calme absolu, et le tact suprême de dire toujours tout ce qu’il faut, et de ne dire que ce qu’il faut, avec une expérience consommée du client. Causeur avec le bibliophile d’occasion qu’il faut étourdir, enlever malgré lui ; avec le véritable connaisseur, se bornant à placer le mot nécessaire pour déterminer, corroborer sa conviction déjà plus qu’à demi-formée ou la raffermir en cas d’hésitation ; mieux encore, muet avec le bibliophile de haute marque dans les mains duquel il place un joyau, sachant bien que le livre parlera tout seul et que tout essai de pression ne serait que nuisible. Dédaignant l’ancien et primitif procédé qui consiste à revendre tout naïvement contre espèces les livres qu’on vient d’acheter ; se plaisant aux affaires complexes et à long terme, aux achats greffés sur des échanges, aux opérations combinées qui multiplient les transactions, les répercutent les unes sur les autres et finissent par déterminer une cascade de bénéfices ; vendeur séduisant, ayant gagné sous ce rapport le surnom terrible de Serpent tentateur ; acheteur comme on n’en verra plus, et comme on n’en a pas vu depuis le jour où Jupiter séduisit Danaé par la métamorphose que l’on sait ; incomparable, inouï pour la vente des livres extraordinaires, inapte à la vente des livres médiocres (lorsqu’il entame leur éloge, les mots lui restent dans la gorge) ; capable de noyer sans merci un client sous un flot de livres précieux, incapable de le pousser dans une fausse voie et de lui conseiller l’achat d’un objet de second ordre ; d’ailleurs, ennemi de toutes les ficelles du vieux jeu, de toutes les roueries de bouquiniste et de tous les boniments surannés ; audacieux et prudent, habile et loyal, raide et cassant parfois, mais d’une droiture et d’une sûreté de parole à toute épreuve. Voilà l’homme.

Après avoir imprimé à la librairie de Fontaine un essor inouï, Morgand s’établit à son compte. Il amena dès lors les livres à une hauteur vertigineuse. Tout à l’heure, nous lui appliquions le ver du poète, appliquons-lui maintenant les paroles de l’historien : “ Maigre, il prend peu à peu confiance en lui-même, il devient plus ouvert, plus serein, se met à parler, perd sa maigreur excessive, se dilate en un mot, et, ne se contenant plus, il ose tout, entreprend tout, s’épanouit complètement, et quand on le croirait moins actif, s’élance plus impétueux que jamais ! ” Et, en effet, quitte à le faire rougir, je l’appellerais le Napoléon de la librairie. N’a-t-il pas bouleversé l’ancienne tactique ? Que dis-je ? N’a-t-il pas réalisé le rêve du conquérant, la descente en Angleterre ? Et même une descente périodique, qu’il effectue tous les ans et d’où chaque fois il rapporte des trophées arrachés aux libraires anglais sur le champ de bataille des ventes. Cela n’est pas pour nous étonner : Morgand est normand, et chacun a appris par la chanson que

 

C’est les Normands qu’a conquis l’Angleterre !

 

Et voyez sa force et son empire sur lui-même. Lui, glorieux ; lui, roi incontesté des ventes ; lui, grand vainqueur, ayant tombé tous ses rivaux, y compris le Terrible Fifi (dit le Rempart du Boulevard Poissonnière) et le Colosse de l’Aveyron, lorsqu’il s’installa dans sa propre librairie, il eut l’admirable sang-froid de s’interdire toute possibilité d’entraînement d’amour-propre : il ne mit plus le pied à l’hôtel Drouot, déléguant le soin d’acheter à son associé, le sage Fatout !

Le comble, le dernier degré du flair, c’est qu’aujourd’hui, en homme habile, il modifie son jeu. Il avait autrefois découvert ce principe si simple, que c’est sur les livres chers que l’on gagne beaucoup d’argent. Les temps sont devenus difficiles, eh bien ! il a émis la prétention de vendre jusqu’à nouvel ordre des livres bon marché. Et il le fait comme il le dit. Il y a maintenant chez lui des occasions magnifiques. Que le moment serait admirablement choisi pour commencer une bibliothèque de vrais beaux livres !

A son tour, il a maintenant pour commis un jeune sous-Morgand, qu’on appelle encore familièrement par son prénom d’Edouard, et qui, déjà, vous manipule un client avec une assurance extraordinaire. Je vous donne mon billet qu’Edouard ira loin. »

([Henri Beraldi]. 1865-1885. Bibliothèque d’un bibliophile. Lille, Imprimerie L. Danel, 1885, p. 68-69)



 

Dès janvier 1876, la librairie Morgand et Fatout avait commencé à publier un Bulletin mensuel.

Les principales publications qui suivirent furent :


 


Bibliographie de Manon Lescaut et notes pour servir à l’histoire du livre. Par M. Henry Harrisse. Seconde édition, revue et augmentée (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1877, in-8, 300 ex.)


 

1864-1874. Mes livres [Ernest Quentin-Bauchart] (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1877, in-12, 2e édition, 100 ex.).

 


Les Dessinateurs d’illustrations au dix-huitième siècle. Par le baron Roger Portalis (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1877, 2 vol. in-8, pl., 570 ex.). 


 

Les Caffiéri, sculpteurs et fondeurs-ciseleurs. Étude sur la statuaire et sur l’art du bronze en France au XVIIe et au XVIIIe siècle. Par Jules Guiffrey (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1877, in-8, gravures et fac-similés, 311 ex.).


 



En 1878 fut publié le premier Répertoire [général et méthodique] de la librairie Morgand et Fatout.


 

Voyage dans un grenier. Par Charles C…… De la Société des Amis des Livres (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1878, gr. in-8, pl. h-t., 620 ex.)

Photographie Librairie La Jument verte

 

L’Instrument de Molière. Traduction du traité De clysteribus de Regnier de Graaf (1668) (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1878, in-8, portrait et vignettes).


 

Essai sur la décoration extérieure des livres, par MM. Marius Michel, relieurs-doreurs (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1878, in-8, 27 fig. sur bois).


 

Pierre Gringore et les Comédiens italiens, par Émile Picot (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1878, in-8, fig.).

 




Noelz de Jehan Chaperon, dit le Lassé de repos, publiés d’après l’exemplaire unique de la Bibliothèque de Wolfenbüttel, par Émile Picot (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1878 [1879 sur la couv.], pet. in-12).

 

Photographie Librairie Bertran

Catalogue des livres manuscrits et imprimés, anciens et modernes, composant la collection de feu M. E. Rouard, bibliothécaire de la ville d’Aix-en-Provence (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1879, in-8).


 

Oraison funèbre du Grand Condé par J.-B. Bossuet, évêque de Meaux (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1879, gr. in-4, ill., 451 ex.). Un des ouvrages illustrés les plus remarquables du XIXe siècle.

Photographie Julien Mannoni

 

Poètes & bibliophiles. Les Devises des vieux poètes. Étude littéraire et bibliographique par M. Gustave Mouravit (Paris, D. Morgand et C. Fatout, 1879, in-4, 100 ex.).

 


Charles-Étienne Gaucher, graveur. Notice et catalogue par le baron Roger Portalis et Henri Draibel [Beraldi] (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1879, in-8, portr., 190 ex.).

 


Notice sur Jehan Chaponneau, Docteur de l’Église réformée, metteur en scène du Mistère des actes des Apostres joué à Bourges, en 1536, par Émile Picot (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1879, in-12).


 


Les Gravures françaises du XVIIIe siècle ou Catalogue raisonné des estampes, vignettes, eaux-fortes, pièces en couleur au bistre et au lavis, de 1700 à 1800. Par Emmanuel Bocher (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1879-1882, fascicules 5 et 6, in-4, ill., 475 et 525 ex.) [Les fascicules 1 à 4 ont été édités par Jouaust et Rapilly, 1875-1877].

 


Nouveau recueil de farces françaises des XVe & XVIe siècles, publié, d’après un volume unique appartenant à la Bibliothèque royale de Copenhague, par Émile Picot et Christophe Nyrop (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1880, pet. in-12).


 

Joseph de Longueil. Sa vie – Son œuvre. Par F. Panhard (Paris, Morgand et Fatout, 1880, gr. in-8, portrait et gravures, 200 ex.).

 


La Reliure française depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Par MM. Marius Michel, relieurs-doreurs (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1880, gr. in-8, pl., rel. et motifs).


 

Les Graveurs du dix-huitième siècle. Par MM. le baron Roger Portalis et Henri Béraldi [sic] (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1880-1882, 3 vol. in-8, 570 ex.).   


 

La Reliure française, commerciale et industrielle, depuis l’invention de l’imprimerie jusqu’à nos jours. Par MM. Marius Michel, relieurs-doreurs (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1881, gr. in-8, pl., rel. et motifs).


 

Étude bibliographique sur le VE livre de Rabelais. Par le Bibliophile Jacob (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1881, pet. in-8, 130 ex.).


 

Les Continuateurs de Loret. Lettres en vers de La Gravette de Mayolas, Robinet, Boursault, Perdou de Subligny, Laurent et autres (1665-1689), recueillies et publiées par le baron James de Rothschild (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1881-1882, 2 vol. in-8, 600 ex.).

Photographie BnF

 

Les Portraits du duc de La Rochefoucauld, auteur des Maximes. Notice et catalogue par le marquis de Granges de Surgères (Paris, Damascène Morgand et Charles Fatout, 1882, in-8 carré, portraits, 500 ex.).


 

Théâtre mystique de Pierre du Val et des libertins spirituels de Rouen, au XVIe siècle ; publié avec une introduction par Émile Picot (Paris, Damascène Morgand, 1882, in-12).

 




Maximes de La Rochefoucauld. Premier texte imprimé à La Haye en 1664. Collationné sur le Ms. autographe et sur les éditions de 1665 et 1678. Précédé d’une préface par Alphonse Pauly, conservateur sous-directeur adjoint à la Bibliothèque nationale (Paris, Damascène Morgand, 1883, in-8, reproductions).

 


Illustrations pour les Œuvres de Alfred de Musset. Aquarelles par Eugène Lami. Eaux fortes par Adolphe Lalauze (Paris, Damascène Morgand, 1883, 59 estampes et 1 fac-similé). Ces figures peuvent parfaitement s’intercaler dans les éditions des Œuvres de Musset publiées par Charpentier et Lemerre, dans les formats in-8 et in-4.


 

Bibliothèque de la reine Marie-Antoinette au château des Tuileries. Catalogue authentique publié d’après le manuscrit de la Bibliothèque nationale. Par E. Q. B. [Ernest Quentin Bauchart] (Paris, Damascène Morgand, 1884, in-12, 300 ex.).


 

Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron James de Rothschild (Paris, Damascène Morgand, 1884-1887-1893, 3 vol. in-8, portr. et reproductions, 400 ex. et un petit nombre sur vélin).

Photographie Librairie Trois Plumes




Les Femmes bibliophiles de France (XVIe, XVIIe & XVIIIe siècles). Par Ernest Quentin Bauchart (Paris, Damascène Morgand, 1886, 2 vol. gr. in-8, 43 pl. d’armoiries et 25 reproductions, 350 ex.).


Catalogue des livres de la bibliothèque de M. Eugène Paillet (Paris, Damascène Morgand, 1887, pet. in-8, reproductions, 200 ex.).

 


Illustrations pour le théâtre de Molière, dessinées et gravées à l’eau-forte par Edmond Hédouin (Paris, Damascène Morgand, 1888, 36 estampes). Peut s’ajouter à toutes les éditions de Molière publiées dans les formats in-8 et in-4.


 

Catalogue des livres relatifs à l’histoire de la ville de Paris et de ses environs, composant la bibliothèque de M. l’Abbé L. A. N. Bossuet, curé de Saint-Louis en l’Isle (Paris, Damascène Morgand, 1888, in-8).

Photographie Librairie Le Bateau ivre

Publications de la Société des Bibliophiles français : Roti-Cochon ou Méthode tres-facile pour bien apprendre les enfans à lire en Latin & en François (Paris, Morgand, 1890, pet. in-8, 330 ex.), Les Pineau, sculpteurs, dessinateurs des bâtiments du Roy, graveurs, architectes (1652-1886) (Paris, Morgand, 1892, in-4, 280 ex.), Inventaire des meubles du château de Pau. 1561-1562 (Paris, Morgand, 1892, in-4, 130 ex.). 


 

Catalogue de livres rares et précieux composant la bibliothèque de M. Hippolyte Destailleur, architecte du gouvernement (Paris, Damascène Morgand, 1891, gr. in-8).


 

Catalogue des livres rares et précieux, manuscrits et imprimés, composant la bibliothèque de feu M. Émile Müller, notaire à Bruxelles (Paris, Damascène Morgand, 1892, in-8).

Photographie BnF

Les Meuttes et Véneries de Jean de Ligniville, chevalier, comte de Bey. Introduction et notes par Ernest Jullien et Henri Gallice (Paris, Damascène Morgand, 1892, 2 vol. pet. in-4, fac-similés, 100 ex.).

Photographie Librairie Le Livre à venir

Dessins, gouaches, estampes et tableaux du dix-huitième siècle. Guide de l’amateur, par Gustave Bourcard, membre d’honneur de la Société de peintres-graveurs français (Paris, Damascène Morgand, 1893, in-8, 600 ex.).

 


Catalogue de dessins originaux réunis en recueils. Œuvres importantes des Saint-Aubin composant la collection de M. Hippolyte Destailleur, architecte du gouvernement (Paris, Damascène Morgand, 1893, in-8).

Photographie BnF

Catalogue de livres et estampes relatifs à l’histoire de la ville de Paris et de ses environs, provenant de la bibliothèque de feu M. Hippolyte Destailleur, architecte du gouvernement (Paris, Damascène Morgand, 1894, in-8).

 


Catalogue de livres et estampes relatifs aux Beaux-Arts (Architecture, Peinture, Gravure, Ornementation, etc.), provenant de la bibliothèque de feu M. Hippolyte Destailleur, architecte du gouvernement (Paris, Damascène Morgand, 1895, in-8).


Catalogue de dessins et tableaux provenant de la collection de feu M. Hippolyte Destailleur. Dessins d’architecture et de décoration. Vues de Paris et des environs. Dessins de différents genres (Paris, Damascène Morgand, 1896, in-8).


Catalogue d’une collection unique de volumes imprimés par les Elzevier et divers typographes hollandais du XVIIe siècle. Rédigé par Édouard Rahir. Précédé d’un avant-propos par M. Ferdinand Brunetière, de l’Académie française, et d’une lettre de M. Alphonse Willems, professeur à l’Université de Bruxelles (Paris, Damascène Morgand, 1896, gr. in-8, ill.).

 


Bibliothèque des Goncourt. XVIIIe siècle. Livres, manuscrits, autographes, affiches, placards (Paris, Georges Duchesne et D. Morgand, 1897, in-8).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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