D’une famille originaire de
Pesaro, dans les Marches [Italie], Angelo-Ferdinand Beraldi, dit
« Henri Beraldi »
4 rue de l’Arcade [VIIIe] |
[à partir de 1880, sauf à l’État civil] naquit
à Paris, le 6 février 1849, 4 rue de l’Arcade [VIIIe], de
Suzanne-Mathilde Mazzoli (1823-1909) et de Pierre-Louis Beraldi (1821-1903),
commis au Ministère de la Marine [retraité, il devint sénateur du département de
l’Aude de 1876 à 1885].
Pierre-Louis Beraldi. In Mes estampes (1887) |
En dépit de toutes les
conjectures, son nom doit s’écrire sans accent aigu sur le
« e » : venant d’Italie, son grand-père, naturalisé français, avait
francisé son nom en arrivant à la Martinique en 1802 ; son père conserva
son nom francisé ; Henri Beraldi a voulu reprendre son patronyme
d’origine.
Son parrain, Angelo-Ferdinand
Mazzoli (1821-1893), illustrateur des rues et des monuments de Toulouse, où sa
famille s’était installée en 1832, était son oncle maternel. La famille de sa
grand-mère paternelle, née Majorel, était originaire de Castelnaudary [Aude] et
avait acheté le château de Montauriol, à 13 km. de la ville.
D’abord élève au lycée Bonaparte
[aujourd’hui lycée Condorcet, IXe], Beraldi fut, à partir de 1861,
au lycée impérial de Toulouse [aujourd’hui lycée Pierre de Fermat], où il obtiendra
son baccalauréat en 1865. Revenu l’année suivante chez ses parents, 68 rue
Blanche à Paris [IXe], il fut nommé surnuméraire au Ministère de la
Marine et des Colonies, et poursuivit des études de droit jusqu’à la licence,
obtenue en 1869. Commis dans le même Ministère (1868), commis principal (1876),
sous-chef de bureau (1882), il termina sa carrière en 1890 [et non en 1884 ou
en 1886] comme chef de bureau ; il fut fait chevalier (1884), puis officier
de la Légion d’honneur (1900).
Sinature de Beraldi (Acte de mariage, 1880) |
Il épousa, le 4 décembre 1880, à
Paris [IXe], Cécile-Félicie-Jeanne-Mathilde Gavet (1857-1940), fille
de Pierre-Auguste-Bienaimé Gavet (1824-1881), agent de change, et de
Alexandrine-Félicie Bornot (1833-1886). Ils eurent cinq enfants : Pierre-Louis-Marie,
né le 23 septembre 1881 à Paris [XVIe], Jacques, né le 12 juin 1884 à
Boulogne-sur-Seine [Boulogne-Billancourt depuis 1926, Hauts-de-Seine], Cécile-Louise-Marie,
André-Fernand-Marie et Hélène-Marie-Mathilde, nés à Paris [VIIIe],
respectivement le 23 mai 1887, le 15 novembre 1889 et le 10 juillet 1891.
Il résida successivement :
86 boulevard Haussmann [VIIIe] en 1881, chalet de Longchamp (Bois de
Boulogne) à Boulogne-sur-Seine en 1884, 65 rue d’Anjou [VIIIe] en
1887, 10 avenue de Messine [VIIIe] en 1894.
Beraldi acheta ses premiers
volumes en 1872, chez Damascène Morgand, pour 1.500 francs : Œuvres Complètes de Voltaire (Paris,
Antoine-Augustin Renouard, 1819-1825, 66 vol. in-8, demi-reliure à coins de
Purgold).
C’est alors que voyant son fils
entrer dans le collectionnisme et la bibliophilie, l’idée vint à son père de
s’y mettre aussi, et de rechercher, de son côté, les portraits
d’illustration :
« Chaque jour, pendant les
instants que lui laissaient le ministère ou le Sénat, M. Beraldi, d’une
activité dévorante, faisait les quais
et rues voisines, allant de Danlos au timide Rapilly père, de Clément à la face
de dogue à Mme Loizelet, fouillant chez Lechevalier, fouillant chez
Tinardon, fouillant chez Gosselin, fouillant chez la mère Antony, livrant
combat à Vignères le récalcitrant pour le décider à laisser compulser un de ses
cartons, poussant une pointe chez Lacroix – d’abord rue du Cherche-Midi,
ensuite quai Voltaire, où son magasin était toujours plein de dessins et
d’estampes superbes, matière collectionnable qui, par sa profusion et son
renouvellement, alors, donnaient l’illusion de ne jamais devoir
s’épuiser ; – de là, rue de Rivoli chez Blaisot ; de là, pour
renseignements et contrôle des pièces, au Cabinet des Estampes, où Pierre Vidal
malicieusement croquait son profil ; de là, pour achat de quelque
portrait-vignette de grand prix, chez le libraire Morgand, passage des
Panoramas ; de là, chez Sieurin, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, pour
conversation sur les portraits d’illustrations. Et les visites aux libraires
voyageurs : Gouin rapportant de province ou de Hollande des lots
inexplorés, et Bihn, d’Angleterre ou d’Allemagne, des gravures de l’école
française et des portraits de femmes de l’école anglaise encore dédaignée –
mais oui. Jules Bouillon, à l’air doux qui n’excluait pas la finesse, mettait
de côté pour lui la fleur de ses marchés bourgeois. Que de fois n’avons-nous
pas entendu prononcer cet arrêt sans appel : “ C’est mis de côté pour M.
Beraldi ! ” Après quoi, chez le même Bouillon, commençait l’étude de la
prochaine vente publique ; trois ou quatre amateurs, chacun examinant
mystérieusement pour son compte, chacun assis à côté d’un des meubles en X et
plongeant silencieusement dans un carton auquel il semblait se confesser !
D’ailleurs, notre collectionneur n’aimait pas les ventes publiques : la
longue attente, l’aléa, l’incertitude du résultat, “ monter à l’arbre ”, les
cahots et les surmenages des prix, l’outrance de certains ponteurs, tout lui
déplaisait. Il aimait l’affaire certaine, et à prix loyalement demandé une
bonne fois. »
(Baron Roger Portalis. « Une
collection de portraits français ». In La
Revue de l’art ancien et moderne. Paris, N° 72, mars 1903, p. 164)
Quelques années plus tard, Beraldi mit de l’ordre dans sa collection d’estampes et dans celle de son père, lors d’une vente qui se déroula dans une salle de l’hôtel Drouot, en trois vacations, du 1er au 3 mai 1879, et qui rapporta un peu plus de 8.000 francs : Catalogue d’une jolie collection de portraits pour illustrations […]. Estampes et vignettes. Œuvre de Moreau le jeune […] (Paris, Vignères, 1879, in-8, 63-[1] p., 791 lots).
En 1880, il rejoignit, avec d’autres, le petit groupe d’amateurs – Jules Andrieux, Ernest Gallien, Camille Grellet, Ferdinand Lemaire et le vicomte Philippe de Saint-Albin –, qui se réunissaient depuis 1874, pour fonder légalement la Société des Amis des livres, sous la présidence d’Eugène Paillet (1829-1901), conseiller à la Cour d’appel de Paris, auquel il succéda en 1901.
En 1887, il acheta une bonne
partie de la bibliothèque que son maître, Eugène Paillet, avait vendue à
Morgand :
pour 50.000 francs, il devint propriétaire de l’incomparable
manuscrit calligraphié sur papier vélin des Contes
de La Fontaine, en deux volumes in-4 reliés en maroquin rouge par Derome,
contenant 57 dessins originaux à la sépia réalisés en 1773-1774 par Jean-Honoré
Fragonard (1732-1806), pour son mécène, Pierre-Jacques-Onézyme Bergeret de
Grancourt (1715-1785), receveur général des finances de Montauban, pendant le
voyage qu’ils firent en Italie ; 22 seulement furent gravés pour illustrer
la fameuse édition des Contes publiée
par Pierre Didot en 1795.
Le Gascon puni par Fragonard |
Le Gascon puni par Martial |
(Anatole de Montaiglon.
« Les Sources et les Illustrations des Contes ». In Contes de La Fontaine avec illustrations de
Fragonard. Réimpression de l’édition de Didot, 1795. Paris, A. Le Vasseur, 1884, t. I, p. XXXIX-XL)
Beraldi devint également membre fondateur en 1889 de la Société des Bibliophiles contemporains, présidée par Octave Uzanne (1851-1931),
et de la Société Les Cent Bibliophiles, fondée en 1895 et présidée par Alfred Piat (1826-1896), notaire, puis par Eugène Rodrigues (1853-1928), avocat.
Sa bibliothèque devint l’une des
grandes bibliothèques françaises de l’entre-deux guerres, avec celles de René
Descamps-Scrive (1853-1924) et de Louis Barthou (1862-1934).
Il fut le premier à faire
exécuter des reliures d’un goût contemporain, le premier à les mettre en valeur
et à les faire adopter par les bibliophiles ; la reliure française moderne
est sortie du mouvement qu’il a créé.
In Henri Beraldi. La Reliure du XIXe siècle (Paris, L. Conquet, 1896, t. III, p. 230) |
Photographie Antiquariat Inlibris, Vienne, Autriche |
« M. Henri Beraldi, dans la
première partie de sa carrière de bibliophile, où il a acheté des livres tout
reliés, a employé un Ex-libris […], genre fer à dorer, puis, s’étant mis à
faire relier et toujours en reliure doublée,
il a fait apposer d’abord un petit monogramme H B sur la doublure, c’était un
retour à la marque de provenance des anciens. Sur les livres écrits par lui, il
a employé ce monogramme H B en le répétant inséré dans une dentelle intérieure.
Ce genre de monogramme a été
aussitôt adopté par plusieurs bibliophiles, notamment par M. Robert Hoe.
Postérieurement, M. Beraldi a fait apposer sur le bas des doublures et en
toutes lettres la mention : Ex-libris Henri Beraldi ; c’est son Ex-libris
actuel. »
(Archives de la Société française des Collectionneurs d’ex-libris.
Paris, 1897, p. 41)
Beraldi fut l’auteur de nombreux travaux : L’Œuvre de Moreau le jeune (Paris, P. Rouquette, 1874, in-8, portrait gravé d’après Cochin, 200 ex.), sous le pseudonyme anagramme de Henri Draibel,
Charles-Étienne Gaucher, graveur (Paris, D. Morgand et C. Fatout, 1879, in-8, portrait), sous le même pseudonyme et avec le baron Roger Portalis,
Les Graveurs du dix-huitième siècle (Paris, D. Morgand et C. Fatout, 1880-1882, 3 vol. in-8), avec le baron Portalis,
Tome IX |
Tome VI Beraldi dans sa bibliothèque, par Georges Garen (1887) |
et Les
Graveurs du xixe siècle
(Paris, L. Conquet, 1885-1892, 12 vol. in-8, 38 frontispices, sur pap. vélin et
75 ex. sur Hollande), où il proclame :
« Quant à la photogravure, il n’y a pas à en parler. Elle donne
des indications de dessin utiles et exactes, mais, comme le dit Victor Hugo
(non pas, il est vrai, à propos de gravure ; c’est de la pieuvre qu’il
parle : il n’importe !) : “ Chose horrible : c’est
mou ! ” En ce qui concerne particulièrement l’illustration des livres,
elle doit être rigoureusement écartée ; un volume qui est orné de
photogravures doit être proscrit de la bibliothèque de quiconque se proclame
bibliophile. » (t. I, p. 69)
Dreweatts & Bloomsbury, 28 novembre 2013 Reliure signée David : £ 450 |
Dans La Reliure du xixe siècle (Paris, L. Conquet, 1895-1897, 4 vol. in-8, 285 gravures et 10 fac-similés d’autographes h.-t., 295 ex.), il affirme :
« Mais la bibliophilie ne
s’apprend pas en allant à l’école : elle s’apprend en faisant des écoles,
ce qui est bien différent. On devient bibliophile sur le champ de bataille, au
feu des achats, au contact journalier des bibliophiles, des libraires et des
livres. » (Quatrième partie, p. 16)
D’autres ouvrages furent
consacrés à ses collections : Mes
estampes (Lille, impr. L. Danel, 1884, in-8, 100 ex. sur papier teinté et
50 ex. sur Hollande ; id., 1887, seconde édition, 100 ex. sur Hollande),
Bibliothèque d’un bibliophile (Lille, impr. L. Danel, 1885, in-8, 200 ex. sur Hollande), consacrée à l’admirable collection d’Eugène Paillet
et Estampes et livres (Paris, L. Conquet, 1892, gr. in-8, front. et 41 pl., portrait de Cuzin en cul-de-lampe, 390 ex., 1 ex. sur Japon et 1 ex. sur Chine), où il précise :
Bibliothèque d’un bibliophile (Lille, impr. L. Danel, 1885, in-8, 200 ex. sur Hollande), consacrée à l’admirable collection d’Eugène Paillet
Paris, Alde, 18 avril 2009 Reliure doublée de Mercier Exemplaire Solacroup |
et Estampes et livres (Paris, L. Conquet, 1892, gr. in-8, front. et 41 pl., portrait de Cuzin en cul-de-lampe, 390 ex., 1 ex. sur Japon et 1 ex. sur Chine), où il précise :
« Le titre de bibliophile ne
devient intéressant que s’il désigne un homme qui, dans la mesure de ses
forces, soit un des facteurs actifs du maintien et du renouvellement des quatre
arts : la Typographie, l’Illustration, la Gravure, la Reliure. »
Suivirent : Propos de bibliophile. Voyage d’un livre à travers la Bibliothèque nationale (Paris, G. Masson, 1893, in-4, 2 pl. h.-t., pap. ordinaire et 95 ex. sur Whatman), extrait de La Nature, 17 juin, 1er et 29 juillet, 16 septembre 1893,
Paris, Sotheby's, 19 novembre 2012 Reliure de Mercier Exemplaire A. Bordes |
Beraldi se rendit presque chaque
été dans les Pyrénées, qu’il a connues pendant ses années toulousaines, le plus
souvent à Bagnères-de-Luchon [Haute-Garonne], où il résida d’abord à l’emblématique
hôtel Sacaron [aujourd’hui Résidence Sacaron],
puis au château Champsaurel [aujourd’hui à vendre : 16 pièces, 10 chambres, 700 m2, 695.000 €]. Il effectua quelques ascensions, dont celle du pic d’Aneto, ou Néthou, le plus haut sommet de toutes les Pyrénées (3.404 m.), et fut l’inventeur du mot « pyrénéisme » en 1898. Il publia plusieurs ouvrages sur cette région, dont l’irremplaçable Cent ans aux Pyrénées (Lille, L. Danel, 1898-1904, 7 vol. in-8, 300 ex.). Les montagnards reconnaissants ont donné son nom, en 1905, à un pic, autrement appelé pic Eriste Norte (3.025 m.), dans le massif des Posets.
puis au château Champsaurel [aujourd’hui à vendre : 16 pièces, 10 chambres, 700 m2, 695.000 €]. Il effectua quelques ascensions, dont celle du pic d’Aneto, ou Néthou, le plus haut sommet de toutes les Pyrénées (3.404 m.), et fut l’inventeur du mot « pyrénéisme » en 1898. Il publia plusieurs ouvrages sur cette région, dont l’irremplaçable Cent ans aux Pyrénées (Lille, L. Danel, 1898-1904, 7 vol. in-8, 300 ex.). Les montagnards reconnaissants ont donné son nom, en 1905, à un pic, autrement appelé pic Eriste Norte (3.025 m.), dans le massif des Posets.
Pendant la Première Guerre
mondiale, il fut un administrateur actif de l’hôpital de la Croix-Rouge,
installé dans le lycée Louis-le-Grand, à Paris.
Vers la fin de sa vie, Beraldi
organisa la vente de ses estampes, qui débuta à la galerie Georges Petit, rue
de Sèze [IXe, aujourd’hui détruite] :
Catalogue des très belles estampes du
xviiie siècle composant la collection de Monsieur H. B. (Paris,
s. n., 1927, in-8, 80 p., 266 lots).
Pour la première vacation du
lundi 12 décembre 1927, des collectionneurs connus étaient présents : le
baron Henri de Rothschild, Seymour de Ricci, Fix Massan, Vever, Docteur Braud,
Trabucco, Mirault, Carteret, Lenseigne, Stern, Mathey, Stettiner, Lefrançois,
Meynial, etc. Parmi les adjudications les plus brillantes : une admirable
épreuve avant le titre de Le Couché de la
mariée, gravée par Moreau d’après Baudoin, 42.000 francs ;
une superbe épreuve, avec la planche de blanc, de Tête de Flore, par Bonnet d’après Boucher, 82.000 francs, sur demande de 30.000 francs. Cette première vacation produisit 650.000 francs.
une superbe épreuve, avec la planche de blanc, de Tête de Flore, par Bonnet d’après Boucher, 82.000 francs, sur demande de 30.000 francs. Cette première vacation produisit 650.000 francs.
La deuxième vacation, le
lendemain, a eu lieu au milieu d’une affluence considérable, et dès 14 heures,
la galerie était archicomble. Les enchères ont été très brillantes, certaines
même sensationnelles : deux magnifiques épreuves de Le Compliment et Les Bouquets, par de Bucourt, 31.000 francs à Heucqueville ;
une remarquable épreuve de la planche en noir du premier état, la seule connue
en cet état de Les Bouquets ou la fête de
la grand’maman, par de Bucourt, 69.000 francs à Rousseau ; une superbe
épreuve du deuxième état de L’Indiscrétion,
par Janinet d’après Lavreince, 33.000 francs à Devilder ; une magnifique
épreuve du troisième état de La Promenade
publique, par de Bucourt, 37.000 francs ; deux magnifiques épreuves de
On la tire aujourd’hui et La Douce Résistance, par Tresca d’après
Boilly, 35.000 francs ;
deux superbes épreuves du deuxième état de La Rose et La Main, par de Bucourt, 120.000 francs à Houtacker. La vacation produisit 940.000 francs.
deux superbes épreuves du deuxième état de La Rose et La Main, par de Bucourt, 120.000 francs à Houtacker. La vacation produisit 940.000 francs.
Catalogue des très beaux portraits des
xviie, xviiie et xixe siècles composant la
collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1928, in-8, 112 p., 329 lots).
La première vacation, du vendredi
30 novembre 1928, produisit 564.000 francs. Des enchères superbes furent
obtenues, notamment par une superbe épreuve de Mademoiselle Bertin, par Janinet, qui atteignit 70.000 francs sur
départ de 35.000 francs, par une très belle épreuve de Madame du Barry, par Gautier d’Agoty, qui fut poussée jusqu’à
33.100 francs, et par une superbe épreuve de Frédérique Sophie de Prusse, par Janinet, qui fut payée 30.000
francs, sur départ de 15.000 francs. La vacation du samedi 1er
décembre 1928 produisit 370.000 francs.
Catalogue des très belles gravures et lithographies xixe siècle composant la
collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1929, in-8, 56 p., 200 lots).
La troisième vente se déroula à
la salle 8 de l’hôtel Drouot, le vendredi 31 mai 1929. Une lithographie par
Géricault, Deux chevaux gris pommelé se
battant dans une écurie, fut payée 12.610 francs ; une lithographie
par Delacroix, Cheval sauvage terrassé
par un tigre, 10.000 francs ; une eau-forte par Lepère, La Cathédrale d’Amiens, 5.100 francs.
Catalogue des très beaux portraits du
xvie au xixe
siècle composant la collection de Monsieur H. B. (Paris, s. n., 1930,
in-8, 132 p., 360 lots).
À la salle 10, Jehan Luillier, par Thomas de Leu, fut
payé 4.100 francs ; Guido
Bentivoglio, par Jean Morin, 2.520 francs ; Jules Mazarin, par Robert Nanteuil, 3.150 francs ; Jean Loret, par Robert Nanteuil, 3.050
francs ; Jean-Baptiste Colbert,
par Robert Nanteuil, 4.500 francs ; Messire
Nicolas Foucquet, par Robert Nanteuil, 8.550 francs ; Louis II, prince de Condé, par Robert Nanteuil, 5.300 francs ; Nicolas Boileau-Despréaux, par Drevet,
3.800 francs, et Ortance Manchini,
par Gérard Valck, 2.700 francs.
Henri Beraldi mourut le 31 mars
1931, à 82 ans, après une courte maladie :
« Il avait présidé, le mois
précédent, le dîner mensuel de la Société des Amis des livres et continué à
recevoir ses amis et les membres de la Société à ses réceptions intimes du
lundi : ces lundis de l’avenue
de Messine connus et renommés de tous les bibliophiles. Nombreux étaient ceux
qui se réunissaient autour de lui, chaque lundi, dans cette hospitalière
bibliothèque où il accueillait, de façon si affable, tous ceux qui partageaient
sa passion pour le livre. Il aimait à
les montrer, ces livres et ces belles reliures patinées par le temps, ces
admirables suites des originaux de Fragonard, de Moreau le Jeune, d’Eisen, de
Cochin ; il aimait qu’on lui demandât à voir spécialement tel ou tel de
ses trésors et ceux qui l’on bien connu ne pourront oublier la grâce naturelle
avec laquelle, en vous remettant la clé de la vitrine où habitait le livre
demandé, il vous indiquait le rayon et la place. […] Sur une table étaient
posées les dernières acquisitions, livres rares ou reliures – le plat du jour – disait-il, chacun
pouvait, à son aise, toucher et examiner. Il était heureux d’entendre et de
discuter les observations, de raconter, avec une mémoire toujours infaillible,
l’histoire de chaque volume, de chaque reliure, ancienne, très ancienne,
moderne ou faite par ses soins – et avec quel goût, sûr et délicat, faisait-il
exécuter ses reliures ! – et aussi des gens, très nombreux, qu’il avait
connus, des artistes et des amateurs. »
(Charles Maumené. « M. Henri
Béraldi [sic] ». In L’Amateur
d’estampes. Paris, N° 3, mai 1931, p. 65-66)
Ses obsèques furent célébrées le mardi
7 avril 1931, à 10 h. 30, en l’église Saint-Augustin [VIIIe]. Les
fils du défunt ont conduit le deuil. La cérémonie était présidée par Mgr
Crépin, évêque auxiliaire de Paris, qui a donné l’absoute.
La levée du corps a été faite par Mgr Jouin, curé de la paroisse, et l’inhumation a eu lieu au Père-Lachaise.
La levée du corps a été faite par Mgr Jouin, curé de la paroisse, et l’inhumation a eu lieu au Père-Lachaise.
Sa bibliothèque fut dispersée à Paris, à la galerie Jean Charpentier [salle des ventes Sotheby’s, depuis 1988], 76 rue du Faubourg Saint-Honoré [VIIIe], face au palais de l’Élysée, puis à l’hôtel Drouot : Bibliothèque Henri Beraldi (Paris, Ader et Carteret, 1934-1935, 5 vol. in-4, [4]-III-39-[5] p., 52 pl., 78 lots ; [8]-152-[4] p., 105 pl., 277 lots ; [4]-IV-252-[4] p., 145 pl., 511 lots ; [4]-IV-112-[4] p., 67 pl., 209 lots ; [4]-162-[4] p., 40 pl., 424 lots).
« Pour le xvie siècle : splendides reliures (la plupart des Éve), recouvrant, soit des chefs-d’œuvre littéraires de Baif, Des Portes, Commines ou Ronsard, soit des livres rares, à gravures sur bois (Heures de Simon Vostre, sur papier, reliées comme le plus beau des Grolier), soit enfin quelque précieuse édition (Gesner, Historiae animalium, avec figures coloriées, exemplaire de Diane de Poitiers, provenant du château d’Anet), dans une reliure aux armes, richement ornée et mosaïquée. Somptueux volumes justifiant presque toujours d’origines illustres et, souvent même, royales (Henri III, Catherine de MÉdicis, Charles IX) !
Pour le xviie siècle : remarquable collection
d’exemplaires aux armes d’Anne d’Autriche,
de Louis XIII et de Louis XIV, habillés par les maîtres
relieurs du grand siècle : Boyet,
Le Gascon, Antoine Ruette, et provenant de bibliothèques non moins
illustres que les ouvrages du siècle précédent : De Thou, Brunet,
J.-J. De Bure, Charles Nodier, Baron Pichon, Destailleur,
Delbergue-Cormont, etc. »
(Léopold Carteret.
« Avant-propos ». In Bibliothèque
Henri Beraldi. Première partie.
Paris, Ader et Carteret, 1934, p. I-II)
La première des quatre journées
de gala consacrées à la dispersion de cette admirable bibliothèque eut lieu mardi
29 mai 1934 à la galerie du Faubourg Saint-Honoré, sous la direction de Me
Étienne Ader, assisté de Léopold Carteret. Dès l’ouverture des portes,
une foule nombreuse se précipita pour occuper les places réservées : la
princesse d’Arenberg, la comtesse de Béhague, Madame de Gama Ochoa, Madame
Patenôtre, Madame Georges Prade, Madame de Villemorin, Madame Yves Ledoux-Lebard,
le général Willems, le baron Henri de Rothschild, Henri Vever, Julien Cain,
Raymond Escholier, Miguel Zamacoïs, M. de Billy, le comte de Rosambo, M. de
Marinis, le baron Vitta, Christian Lazard, M. de Poliné, le comte Niel, M.
Hoeplé, Arthur Weisweiler, M. Dubois, Paul-André Lemoisne, Seymour de Ricci,
Mathieu Goudchaux, M. Gruel, M. de Samblaux, M. Burrus, M. Rassat, le comte
Edmond de Contades, le colonel Hauët, Maurice Escoffier, etc.
La vacation comprenait les
ouvrages du xvie siècle
et une partie de ceux du xviiie :
Euvres en Rime de Ian Antoine de Baïf (1557), dans une reliure du xvie attribuée à Nicolas Ève,
48.000 francs, sur départ à 5.000 francs ; les Mémoires de messire Philippe de Commines (1581), exemplaire ayant
servi au prince Philippe d’Autriche, dans une reliure exécutée par les Ève,
19.000 francs ; Orazioni de
Dampierre, manuscrit dans une reliure du xvie,
au chiffre du poète Des Portes, 16.500 francs ; Conradi Gesneri medici Tigurini (1550) dans une reliure exécutée
pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, 210.000 francs ; Heures de Simon Vostre, 29.000
francs ; De Fausto Caroli, de
Masson (1570), 24.000 francs ; Officium
Mariae Virginis, 20.000 francs ; cinq dessins originaux de Cochin pour
les Œuvres de Belloy, 15.000 francs ;
les Idylles de Berquin (1775-1776),
avec la suite complète des 32 dessins originaux de Marillier, dans une reliure
de Bozerian, 82.000 francs ; la suite des vignettes et culs-de-lampe de
Boccace pour le Décaméron, 11.850
francs ; les Œuvres de Boileau (1798),
avec la suite complète des 8 dessins originaux de Monsiau et le dessin original
de Forty pour le portrait de Boileau, 17.000 francs ; les Principales Avantures de Don Quichotte
(1746), dans un maroquin de Padeloup, 28.100 francs
et les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1796), avec la suite complète des 15 dessins originaux de Monnet, 111.000 francs.
Paris, Sotheby's, bibliothèque de Charles Hayoit, 30 novembre 2005 : 86.400 € Reliure de Koehler |
et les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (1796), avec la suite complète des 15 dessins originaux de Monnet, 111.000 francs.
Le dernier lot adjugé,
l’assistance allait abandonner la salle, lorsque Étienne Ader frappa sa tribune
de son marteau d’ivoire et donna lecture de la déclaration suivante :
« Mesdames, Messieurs.
Sous le haut patronage de M.
Albert Lebrun, président de la République, de M. Gaston Doumergue, président du
Conseil et de M. Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, un certain
nombre d’amateurs d’art, de bibliophiles, d’érudits, parmi lesquels le
directeur des Beaux-Arts et l’administrateur général de la Bibliothèque
nationale, ont associé leurs efforts à ceux de la Fondation Dutuit afin de
sauvegarder ce monument de la collection Henri Beraldi : Le manuscrit
contenant les 57 dessins originaux de Fragonard pour illustrer les Contes de La Fontaine. Soucieuse
également de conserver à notre pays cette merveille nationale, la famille
d’Henri Beraldi, ce grand bibliophile qui, par ses dons généreux, a contribué à
enrichir plusieurs de nos musées et bibliothèques, a répondu favorablement à
l’appel qui lui était adressé. Les Contes
de La Fontaine, illustrés par Fragonard, sont retirés de la vente. Ce
trésor français reste à la France et à Paris. » [payé 2 millions de francs
par le Musée du Petit Palais]
Cette nouvelle fut accueillie au
milieu des bravos. Ce fut l’événement marquant de cette séance qui eut,
pourtant, tout entière un puissant attrait par l’importance des enchères qui
furent réalisées et qui atteignirent au total un million de francs.
« Pour le xviiie siècle, Henri Beraldi fut encore plus attentif à ne rechercher que des ouvrages exceptionnels, uniques. Pour ce siècle de sa prédilection, il ne lui suffira point de posséder de magnifiques exemplaires, reliés en maroquin ancien, ornés de dentelles, contenant les illustrations du livre dans leur état habituel, que tout amateur, possesseur du nerf de la guerre, aurait la possibilité d’acquérir, par exemple :
Le
Daphnis et Chloé du Régent (1718), en maroquin ancien à dentelle, aux
armes de la Duchesse de
Montmorency-Luxembourg.
Le
Molière de Boucher (1734), en même extraordinaire condition, avec très
riche dentelle, également aux armes de la Duchesse
de Montmorency, c’est-à-dire le plus bel exemplaire connu.
Les
Contes de La Fontaine (1762), édition des Fermiers généraux, admirable
exemplaire en maroquin ancien à large dentelle, aux armes mosaïquées de la Marquise de Pompadour.
Non ! Il ne lui suffira pas
de posséder de tels exemplaires dont la perfection ne satisfait point encore
ses insatiables exigences d’amateur passionné du
xviiie siècle ! Il lui faut mieux encore ; et
voici, prise dans son ouvrage Estampes et
Livres, une véritable profession de foi : “ Quant à collectionner du vieux maroquin pour du vieux maroquin, à
subordonner la belle épreuve à l’habit et à accepter des épreuves usées dans
des reliures de Derome, non ! ”
Il s’appliquera donc, avec une
persévérance et un bonheur inouïs, non seulement à réunir ces premiers états
des gravures, ces eaux-fortes en
épreuves d’artiste, ces tirages à part de graveurs célèbres (Eisen, Fessard, de
Longueil, Marillier, Lemire, etc.) qui forment les documents essentiels de
l’histoire d’un livre d’art, mais encore à retrouver, puis acquérir les dessins
originaux qui avaient servi à l’établissement de ces belles gravures : dessins
rarissimes de Fragonard, Cochin, Eisen, Gravelot, Choffard, Marillier, Monsiau, Monnet, Mlle Gérard, etc., etc.
Tels sont les admirables
exemplaires (presque tous signalés dans le Guide
de Cohen) qui représentent
le xviiie siècle dans
la collection Henri Beraldi et nous offrent les raretés les plus insignes, les
chefs-d’œuvre les plus extraordinaires de l’art du livre. Par exemple, pour une
œuvre illustre entre toutes, les Contes
de La Fontaine, nous trouvons côte à côte dans cette merveilleuse
collection :
1° L’exemplaire unique des Contes
de La Fontaine de 1795 contenant les eaux-fortes
(sauf une figure) et l’eau-forte inconnue de FÉronde.
2° Le sensationnel recueil, reliÉ à l’Époque par Derome, contenant, en deux
volumes, les Contes, calligraphiés et
ornementés, avec, en regard, une illustration de cinquante-sept dessins originaux de Fragonard, à la sépia, exécutés
vers 1780. Originaux d’autant plus précieux que les gravures de la fameuse
édition de 1795 ne nous en offraient qu’une infime partie.
Autre rareté non moins
magnifique : un exemplaire, unique également, des Métamorphoses d’Ovide, de l’abbé Banier, 1767-1771,
renfermant dans une reliure ancienne, en maroquin bleu-vert de Derome (avec insignes de Blondel
d’Azincourt), non seulement la collection complète des avant-lettre, mais aussi
toutes les eaux-fortes et les 5
figures doubles découvertes. Pures
merveilles !
On trouvera plus loin la liste,
éloquente dans sa simplicité, de la surprenante réunion de dessins originaux
pour des livres célèbres : Pucelle
d’Orléans, Liaisons Dangereuses,
Faublas, etc.
Quant aux provenances, il nous
suffira de citer les noms de : Morel
de VindÉ, Brunet, Charles
Nodier, PixerÉcourt, De
Bure, Feuillet de Conches, Turner, Renouard,
La Roche-Lacarelle, Lignerolles, Mahérault, Portalis,
Guyot de Villeneuve, EugÈne
Paillet, Robert Hoe, etc.,
etc.
Exemplaires non moins complets et
non moins richement illustrés d’épreuves d’état de tous les autres grands livres du xviiie
siècle : AnacrÉon, Boccace,
Dorat (Baisers et Fables), La Borde (Chansons), etc.
Toutes ces conditions réunies
font de la collection de livres illustrés du xviiie
siècle, formée par Henri Beraldi, la réunion la plus parfaite et la plus
choisie qu’un amateur ait jamais possédée. Il a eu de nombreux
imitateurs : pas un instant il n’a connu un rival. »
(Léopold Carteret.
« Avant-propos ». In Bibliothèque
Henri Beraldi. Première partie.
Paris, Ader et Carteret, 1934, p. II-IV)
La deuxième séance consacrée aux
livres du xviie siècle
et à une partie des illustrés merveilleux du xviiie
siècle, avait attiré le mercredi 30 mai 1934, Faubourg Saint-Honoré, une
assemblée aussi nombreuse que la veille. Dans la salle, comble avant l’heure,
on reconnaissait : la comtesse de Béhague, le général Willems, le comte de
Billy, Jean Robiquet, Jean Guiffrey, M. Joubin, M. Dubois, Georges Prade, le
docteur Viaud, le docteur Brand, Miguel Zamacoïs, M. Tannery, M. de Bormans, M.
de Samblaux, Georges Vaudoyer, M. Fauchier-Magnan, Henri Verez, M. Promanger,
M. Perreau, Mademoiselle Ed. Giard, Mademoiselle Dubourg, Maître Edmond Petit,
Jules Féral, Auguste Blaizot, Albert Besombes, M. Lardanchet, etc.
Le prix le plus élevé de la
vacation fut obtenu par un recueil unique, contenant la suite complète des 44
dessins originaux de Gravelot, dont un inédit, pour les Œuvres de Voltaire (1768) ; cette série, considérée très
justement par Beraldi comme le morceau capital de Gravelot, atteignit 105.500
francs et devint la propriété d’un collectionneur parisien très connu.
Carteret poussa jusqu’à 64.100
francs un unique exemplaire des Aventures
de Télémaque (1796) contenant la suite complète des 25 dessins originaux de
Quéverdo, et jusqu’à 75.000 francs un superbe exemplaire des Baisers de Dorat (1770), contenant la
rarissime suite des en-têtes et culs-de-lampe par Eisen, en épreuves d’artistes,
tirées hors-texte ; il n’existe, paraît-il, qu’une seule autre suite
complète de ces hors-texte.
Citons encore un prix de 60.000
francs en faveur d’un exemplaire sur grand papier, à toutes marges, des Fables de Dorat (1773), contenant
également l’introuvable suite des hors-texte ; un prix de 76.000 francs
pour un exemplaire unique des Lettres à Émilie
sur la mythologie, par Demoustier (1809), contenant les 36 dessins
originaux de Moreau, 24 autres dessins de cet artiste et 14 dessins de Le
Barbier, et enfin un prix de 51.000 francs que consentit M. Dubois pour un
superbe exemplaire de La Mort d’Abel par
Gessner (1793), contenant les 5 admirables dessins originaux en couleurs de
Monsiau, dans une élégante reliure de Mercier.
La troisième journée, jeudi 31
mai 1934, dépassa deux millions.
Paris, Drouot, 2014 : 5.600 € |
Le plus bel exemplaire aux armes de Molière, de Boucher (1734), ayant figuré dans une vente, aux armes de la duchesse de Montmorency-Luxembourg, fut acquis moyennant 300.000 francs, sur départ à 50.000, par Maggs de Londres. Le Choix de chansons de La Borde, renfermant les rarissimes eaux-fortes des figures pour les 4 volumes et de nombreuses pièces supplémentaires, parmi lesquelles l’épreuve d’essai qui porte, au lieu des armes de la Dauphine, le portrait de Marie-Antoinette, exemplaire qui se compléta dans les mains de ses propriétaires successifs : Renouard, Aguillon, Grésy, Gonzalès, Paillet et Henri Beraldi, atteignit la somme respectable de 232.000 francs.
Aujourd'hui dans la bibliothèque de Jean Bonna |
La dernière journée, vendredi 1er
juin 1934, comprenait la fin des illustrés du
xviiie siècle. La dispersion de la première partie de la
bibliothèque Beraldi s’est terminée sur un total de 4.784.450 francs ; si
on y ajoute les 2 millions représentant le prix d’acquisition pour l’État des
sépias de Fragonard pour les Contes
de La Fontaine, on arriva à près de 7 millions.
L’enchère la plus brillante de la
journée et la plus élevée de la vente fut obtenue en faveur du rarissime
exemplaire des Métamorphoses d’Ovide
(1767-1771), contenant les eaux-fortes et les avant-lettre en condition
ancienne [deux autres exemplaires seuls sont connus dans cet état :
celui qui disparut depuis 1862 et qui provenait de la vente La Bédoyère et
celui que possédait Édouard Rahir] ; on y joignit les vignettes de
Choffard en tirage hors-texte (1 vol.) : mises sur la table à 50.000
francs, ces deux merveilles atteignirent 305.000 francs. Un recueil
considérable, formé des états introuvables, dont 43 eaux-fortes des illustrations
de Moreau le Jeune et Le Barbier, pour illustrer les Œuvres de Jean-Jacques Rousseau, fut adjugé 140.000 francs à
Charles Bosse, ainsi d’ailleurs que, moyennant 62.000 francs, la suite complète
des 18 dessins originaux de Cochin, pour les Œuvres de Virgile (1743). Carteret poussa jusqu’à 78.100 francs la
suite complète de 27 dessins originaux de Marillier, pour la Nouvelle Héloïse, l’Émile et les Œuvres
diverses de Rousseau, et la Bibliothèque nationale, représentée par son
éminent administrateur général Julien Cain, acquit pour la somme raisonnable de
13.800 francs un exemplaire unique des Saisons
de Saint-Lambert (1796) enrichi des 4 croquis originaux de Choffard, ayant
servi pour l’illustration des vignettes de l’édition de 1769.
« Si nous examinons les livres de la période romantique, nous nous trouvons devant un ensemble qui dépasse en richesse tout ce que l’on peut imaginer. Henri Beraldi se passionna pour cette époque fertile en grands relieurs et, dans son ouvrage “ La Reliure au xixe siÈcle ”, il consacra des articles du plus vivant intérêt à BozÉrian, Lefebvre, Simier, Thouvenin, Purgold, Vogel, Duplanil, Bauzonnet et à tant d’autres dont il recherchera pour sa collection les plus beaux spécimens de leur art. »
(Léopold Carteret. « Avant-propos ».
In Bibliothèque Henri Beraldi. Première partie. Paris, Ader et
Carteret, 1934, p. IV-V)
La bibliothèque romantique Henri
Beraldi, consacrée aux ouvrages publiés de 1801 à 1875, ne le céda en rien aux
deux premières parties dont la dispersion fut effectuée au mois de mai 1934.
Des fauteuils avaient été retenus dans la salle par la princesse Amédée de
Broglie, la princesse d’Arenberg, la comtesse de Béhague, Madame Pratt, Madame
Patenôtre, le marquis de Sayse, le comte de Bary, le baron Henri de Rothschild,
le baron Le Guay, le baron Vitta, M. de Bormans, M. de La Ters, M. Horvilleur,
M. Fribourg, Henri Vever, M. Tauber, M. Groukowsky, M. Rassa, M. Vigne, M. de
Samblaux, M. Lardanchet, M. Miguet, etc.
Les Maggs, revenus de Londres le
17 décembre 1934 au soir, ramenant triomphalement les lettres de Napoléon à
Marie-Louise, acquises par le gouvernement français, étaient également
présents. Parmi les adjudications les plus brillantes prononcées au cours du
mercredi 18 décembre 1934 : Antigone,
par Ballanche (1819), avec les 6 dessins originaux de Bouillon, dans une
superbe reliure de Simier, atteignit 15.700 francs ;
les Chansons de Béranger (1825) et le Supplément (1829) contenant une suite des figures de Johannot et les eaux-fortes pures, dans de magnifiques reliures mosaïquées de Vogel, 15.000 francs ; La Caricature, collection complète, avec les lithographies sur Chine, mais sans la Mensuelle, 12.200 francs ; l’originale d’Adolphe, de Benjamin Constant, dans une reliure de l’époque, 6.600 francs ; Les Cythères parisiennes, de Delvau (Dentu, 1864), avec les eaux-fortes en tirage à part, des croquis de Rops, dans une belle reliure mosaïquée de Mercier, 18.000 francs, et les 35 dessins originaux de Desenne, pour les Œuvres d’Étienne de Jouy (1812-1824), 11.000 francs.
les Chansons de Béranger (1825) et le Supplément (1829) contenant une suite des figures de Johannot et les eaux-fortes pures, dans de magnifiques reliures mosaïquées de Vogel, 15.000 francs ; La Caricature, collection complète, avec les lithographies sur Chine, mais sans la Mensuelle, 12.200 francs ; l’originale d’Adolphe, de Benjamin Constant, dans une reliure de l’époque, 6.600 francs ; Les Cythères parisiennes, de Delvau (Dentu, 1864), avec les eaux-fortes en tirage à part, des croquis de Rops, dans une belle reliure mosaïquée de Mercier, 18.000 francs, et les 35 dessins originaux de Desenne, pour les Œuvres d’Étienne de Jouy (1812-1824), 11.000 francs.
La séance du jeudi 19 décembre
1934 attira un public aussi nombreux que la veille. Quelques personnalités
avaient négligé la première réunion : Madame Lazare Weiler, le comte Balny
d’Avricourt, le comte de Flers, le général Lannoy, M. Pibilat, le comte de
Grammont, M. Lacour-Gayet, M. Gruel, M. Schulsmann, député de Metz, Miguel
Zamacoïs, etc.
Après la mise en vente de
quelques albums remarquables par leur composition et leur état de fraîcheur,
parmi lesquels : un Album amicorum,
ayant appartenu à Madame Rosa de Parron d’Arquinvilliers, contenant des
dessins, des aquarelles et des autographes de Devéria, Charles Nodier,
Chasselat, Lamartine, Victor Hugo, Gustave Doré, Grandville, Charlet, Amable
Tastu, Henri Monnier, Cham, A. Karr, Alfred de Musset, Géricault, qui atteignit
5.000 francs, la série des volumes commença, brillante, déchaînant
l’enthousiasme.
Carteret fit monter à 21.320
francs un recueil de 421 aquarelles originales de Garnerey, pour l’Ouvrage sur
les costumes de théâtre publié par Vizentini, comédien du Roi ;
Madame Davis acquit, moyennant 20.000 francs, l’édition originale d’Albertus, de Th. Gautier, enrichie de cette dédicace à une amie [Lucile Damarin] : « Aimez-moi comme je vous aime » ; M. Rau paya 11.500 francs l’originale de Mademoiselle de Maupin, avec cet envoi à Eugène de Nully : « A mon très cher Eugène » ; Carteret emporta encore, moyennant 16.300 francs 13 beaux dessins de Devéria pour Les Mille et un jours ; M. Petitot paya 9.200 francs les 58 dessins originaux de Duplessis-Bertaux pour les Différents cris de Paris ; M. de Samblaux, 9.500 francs les Œuvres de Florian (1805) avec 8 dessins originaux de Marillier ; M. Lefrançois, 10.000 francs pour Tipoo-Saïb, de Gobert et Dubois, avec 3 dessins originaux de Garnerey, et 14.500 francs les Poésies de Gresset (1802), dans une admirable reliure empire au vernis sans odeur ; enfin, Camille Bloch poussa à 9.000 francs la 8e édition de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, avec dédicace autographe à Mademoiselle George.
Madame Davis acquit, moyennant 20.000 francs, l’édition originale d’Albertus, de Th. Gautier, enrichie de cette dédicace à une amie [Lucile Damarin] : « Aimez-moi comme je vous aime » ; M. Rau paya 11.500 francs l’originale de Mademoiselle de Maupin, avec cet envoi à Eugène de Nully : « A mon très cher Eugène » ; Carteret emporta encore, moyennant 16.300 francs 13 beaux dessins de Devéria pour Les Mille et un jours ; M. Petitot paya 9.200 francs les 58 dessins originaux de Duplessis-Bertaux pour les Différents cris de Paris ; M. de Samblaux, 9.500 francs les Œuvres de Florian (1805) avec 8 dessins originaux de Marillier ; M. Lefrançois, 10.000 francs pour Tipoo-Saïb, de Gobert et Dubois, avec 3 dessins originaux de Garnerey, et 14.500 francs les Poésies de Gresset (1802), dans une admirable reliure empire au vernis sans odeur ; enfin, Camille Bloch poussa à 9.000 francs la 8e édition de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, avec dédicace autographe à Mademoiselle George.
Les deux premières journées de
vente des ouvrages romantiques ont pris fin sur le total, plus que
satisfaisant, de 685.000 francs.
La troisième séance consacrée à
cette dispersion, le vendredi 20 décembre 1934, produisit 325.000 francs. Le
prix le plus important le fut en faveur d’un exemplaire unique des Œuvres de Molière (1804), enrichi de 33
aquarelles originales de Auguste Garnerey ; ce monument superbe, qui fut
offert par l’impératrice Joséphine et qui porte sur les plats de sa reliure
signée Simier le chiffre de Nicolas Corvisart, le célèbre médecin de l’empereur
Napoléon Ier, fut poussé à 36.100 francs, sur départ à 5.000 francs,
par M. Petitot.
Citons encore les Œuvres de Molière (1825), avec 12
dessins de Chasselat, adjugées 8.600 francs à Madame Pratt, ainsi que les Œuvres de Molière (1826), comprenant les
20 dessins de Desenne pour l’édition des œuvres de 1822, adjugées 12.200
francs.
Un album de dessins originaux par
Tony Johannot fit 5.400 francs ; 17 dessins originaux de Louis Laffitte,
représentant les uniformes de cérémonie de la cour de Louis XVIII, 11.000
francs ; les Œuvres de La Fontaine
(1814), dans de belles reliures de Simier, 6.600 francs ; 17 aquarelles
originales de Eugène Lami et Chasselat, pour Étrennes à Terpsichore (1821), 7.900 francs ; le Mémorial de Sainte-Hélène, sur papier de
Chine, 6.800 francs ; Les Poésies de
Malherbe (1824), dans une reliure de Vogel, 7.000 francs ; 69 dessins
originaux de Monnet pour l’Histoire de
France par David (1809-1813), 9.300 francs.
La dernière séance, du samedi 21
décembre 1934, se termina sur la somme de 480.000 francs.
Le clou de cette journée fut un exemplaire des Satires de Perse, dans une admirable reliure de Simier, avec son étiquette, exécutée en mosaïque pour l’Exposition de 1827 ; sur départ à 10.000 francs, cette pièce unique atteignit en quelques secondes 51.100 francs, pour Carteret. Parmi les plus brillantes enchères : l’originale d’Un spectacle dans un fauteuil, en reliure d’époque, 11.000 francs ;
les Œuvres choisies de Parny (1827), en reliure mosaïquée de Vogel, 11.000 francs ; Les Œuvres de Rabelais (1823), en reliure de Simier, aux armes de la duchesse de Berry, 12.000 francs ; les aquarelles originales de Raffet, pour les Œuvres de Paul de Kock (1834-1840), 20.350 francs ; un très bel exemplaire sur Chine de La Sainte Bible (Mame, 1886), dans une reliure mosaïquée avec décor Renaissance, signée Hardy-Marius Michel, 12.000 francs ; Paul et Virginie (1806), relié par Mairet, 14.600 francs ; Paul et Virginie (1838), exemplaire sur Chine, relié par Capé, 15.000 francs ; Sonnets et eaux-fortes, exemplaire de Burty, avec dessin original de Victor Hugo, dans une reliure somptueuse de Marius Michel, 16.800 francs ; les dessins originaux pour les Fastes de la Nation (1804-1813), 19.000 francs ; Jardin de Malmaison, par Ventenat (1803), 15.500 francs, et un précieux exemplaire de l’originale de Servitude et grandeurs militaires, de Vigny, dédicacé à Marie Dorval, et superbement relié par Spachman, 29.000 francs.
Le clou de cette journée fut un exemplaire des Satires de Perse, dans une admirable reliure de Simier, avec son étiquette, exécutée en mosaïque pour l’Exposition de 1827 ; sur départ à 10.000 francs, cette pièce unique atteignit en quelques secondes 51.100 francs, pour Carteret. Parmi les plus brillantes enchères : l’originale d’Un spectacle dans un fauteuil, en reliure d’époque, 11.000 francs ;
les Œuvres choisies de Parny (1827), en reliure mosaïquée de Vogel, 11.000 francs ; Les Œuvres de Rabelais (1823), en reliure de Simier, aux armes de la duchesse de Berry, 12.000 francs ; les aquarelles originales de Raffet, pour les Œuvres de Paul de Kock (1834-1840), 20.350 francs ; un très bel exemplaire sur Chine de La Sainte Bible (Mame, 1886), dans une reliure mosaïquée avec décor Renaissance, signée Hardy-Marius Michel, 12.000 francs ; Paul et Virginie (1806), relié par Mairet, 14.600 francs ; Paul et Virginie (1838), exemplaire sur Chine, relié par Capé, 15.000 francs ; Sonnets et eaux-fortes, exemplaire de Burty, avec dessin original de Victor Hugo, dans une reliure somptueuse de Marius Michel, 16.800 francs ; les dessins originaux pour les Fastes de la Nation (1804-1813), 19.000 francs ; Jardin de Malmaison, par Ventenat (1803), 15.500 francs, et un précieux exemplaire de l’originale de Servitude et grandeurs militaires, de Vigny, dédicacé à Marie Dorval, et superbement relié par Spachman, 29.000 francs.
« Enfin, pour couronner ce monument de la Bibliophilie, viendra la série des livres modernes, ces livres modernes qui furent la grande préoccupation de la vie de Henri Beraldi. Président de la Société des Amis des Livres, n’est-ce pas lui qui, plus et mieux que tout autre, rechercha, découvrit les talents naissants et les encouragea si bien, que des artistes comme Daniel Vierge, Lepère et Legrand, obtinrent très vite, grâce à l’apostolat infatigable de cet animateur enthousiaste, la place glorieuse qu’ils occupent dans l’illustration moderne.
Mais que dirons-nous de la
reliure ! N’est-ce pas de Henri Beraldi, que les Cuzin, les Mercier et les
Marius Michel reçurent, tout d’abord, ce soutien et ces encouragements qui leur
permirent de conduire à la perfection et à la consécration par le succès,
l’effort artistique qu’ils avaient entrepris ? »
(Léopold Carteret.
« Avant-propos ». In Bibliothèque
Henri Beraldi. Première partie.
Paris, Ader et Carteret, 1934, p. V)
À l’exposition de la première
vacation de la 4e partie de la collection Beraldi, le lundi 17 juin
1935, on reconnaissait : la princesse de Broglie, Georges Prade, M.
Jousselin, Madame Étienne Ader, le marquis de Sayve, A. de Saint-André, Henri
Dubois, M. Vever, le baron Vitta, M. Avril, M. David-Weill, le général Cadiot,
Jacques Guérin, Frédéric Sabatier d’Espeyron, le baron Henri de Rothschild, M.
Miguel, M. de Barmans, Madame Demogé, le comte du Bourg de Bozas, M. de
Samblaux, le général Lannoy, M. Sibillat, etc.
L’exemplaire unique de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo
(1889), enrichi des 41 dessins originaux
de Luc-Olivier Merson pour les vignettes, et de ses 12 magnifiques
compositions pour les hors-texte, fut acquis moyennant 40.000 francs, sur
départ à 10.000 francs, par Henri Dubois, qui triompha de M. Gaillandre.
Quinze histoires d’Edgar Poe (Amis des livres, 1897), avec 10 dessins originaux de Louis Legrand, 16.000 francs. Cent cinquante-sept études ou croquis originaux d’Édouard de Beaumont, 23.000 francs. La Physiologie du goût, de Brillat-Savarin (1879), avec les dessins originaux de Lalauze, 19.500 francs. Les Œuvres poétiques de André Chénier (1923), avec 37 dessins originaux de Maurice Ray, 23.000 francs. Paysages parisiens de Goudeau (1892), avec les 51 dessins originaux de Lepère, 33.300 francs. À rebours, de Huysmans (1903), avec les fumés des bois de Lepère, 20.100 francs. Les Contes de La Fontaine (1885), avec les dessins originaux d’Édouard de Beaumont, 30.100 francs.
Quinze histoires d’Edgar Poe (Amis des livres, 1897), avec 10 dessins originaux de Louis Legrand, 16.000 francs. Cent cinquante-sept études ou croquis originaux d’Édouard de Beaumont, 23.000 francs. La Physiologie du goût, de Brillat-Savarin (1879), avec les dessins originaux de Lalauze, 19.500 francs. Les Œuvres poétiques de André Chénier (1923), avec 37 dessins originaux de Maurice Ray, 23.000 francs. Paysages parisiens de Goudeau (1892), avec les 51 dessins originaux de Lepère, 33.300 francs. À rebours, de Huysmans (1903), avec les fumés des bois de Lepère, 20.100 francs. Les Contes de La Fontaine (1885), avec les dessins originaux d’Édouard de Beaumont, 30.100 francs.
Cette première réunion produisit
550.000 francs.
La vente de la 4e
partie de l’incomparable bibliothèque d’Henri Beraldi prit fin le mardi 18 juin 1935 à la galerie
Charpentier, sur le total de 1.273.460 francs. Ce quatrième épisode obtint un
succès considérable, qui dénote, de la part des amateurs, un goût des plus
avisés. C’est, une fois encore, le triomphe du beau livre, réunissant ces
collaborations si magnifiquement choisies, de l’auteur, de l’illustrateur, de
l’éditeur et du relieur. C’est la consécration définitive des Lepère, des
Legrand, des Édouard de Beaumont, des Edmond Morin, des Steinlen et celle aussi
des Marius Michel, des Mercier et des grands artisans contemporains.
Les honneurs de la journée du
mardi 18 juin 1935 revinrent à M. et Madame Léon Cotnareanu, propriétaires du
journal Le Figaro depuis l’année
précédente : ils acquirent, moyennant 80.000 francs, sur départ à 10.000, un
exemplaire des Lettres persanes (Jouaust,
1885), enrichi des 8 superbes dessins originaux d’Édouard de Beaumont ;
puis encore, moyennant 70.000 francs, Les
Contes de Perrault (1887), avec les 67 croquis, dessins et aquarelles d’Édouard
de Beaumont ; ils poussèrent encore à 30.000 francs le Cours de danse fin de siècle de Louis
Legrand, contenant les 13 dessins originaux en couleurs ; à 15.000 francs,
La Faune parisienne, de Louis
Legrand, avec 2 aquarelles originales de l’artiste ; à 9.000 francs, L’Initiation vénitienne, d’Henri de
Régnier, contenant la suite des dessins originaux de Lepape, et à 8.500 francs,
Rosette en paradis, de Vicaire, avec
les 15 charmants dessins originaux de Louis Morin.
Mentionnons encore, parmi les
adjudications principales : La Faune
parisienne, de Louis Legrand (1901), contenant les 31 dessins de Louis
Legrand, 63.000 francs ; Paris au
hasard, de G. Montorgueil (1895), avec les dessins de Lepère et les fumés
des bois, 16.300 francs ; Fêtes
foraines de Paris, de G. Mourey (1906), avec les 106 originaux de Chahine,
17.500 francs ; L’Histoire de Joseph
(1878), dans un maroquin de Marius Michel, 20.500 francs ; Vingt dessins
originaux de Steinlen : Autour du
trottoir, 23.300 francs ; La Vie
rustique, de Theuriet (1888), avec 130 aquarelles originales de Giacomelli,
40.100 francs, et Les Heures de la femme
à Paris, d’Uzanne (1903), avec les 103 aquarelles originales de Pierre
Vidal, 14.400 francs.
Bien que l’intérêt des ouvrages
inscrits au catalogue de la 5e partie de la bibliothèque Beraldi ne
puisse être comparé à celui de ceux des quatre séances antérieures, il
constitue néanmoins un ensemble dont la qualité, l’état et surtout le choix des
reliures, eût satisfait un bibliophile raffiné. Parmi les amateurs présents le lundi
28 octobre 1935, dans une salle de l’hôtel Drouot : le comte de Billy, le
général Braconnier, le comte du Bourg de Bozas, M. Vever, M. Tauber, M. Miguet,
M. de Bormans, M. Lafont, M. Rassat, etc.
Parmi les adjudications les plus
importantes : l’originale de Francisci
Valesii Gallorum (1539), en reliure ancienne restaurée, 3.000 francs ;
De sui temporis scriptoribus, de
Sibinius (1501), dans une reliure de Derome, 3.100 francs ;
Documenti d’amore, de Barberino (1640), dans un maroquin à dentelle à l’oiseau de Derome, 3.100 francs ; l’originales des Réflexions de La Rochefoucauld (1665), dans une reliure de Bauzonnet, 2.250 francs ; Les Satyres de Régnier (1652), dans une reliure mosaïquée de Simier, 2.360 francs ; L’Affaire du collier, album composé de portraits de personnages ayant joué un rôle dans cette affaire, reliure de Chambolle-Duru, 2.100 francs ; Le Cabinet des fées (1785), en reliure ancienne, 2.500 francs ; La Collection d’auteurs italiens (1767-1768), en reliure ancienne, 2.020 francs ; Les Contes moraux de Gessner (1773-1777), dans une riche reliure de Bozerian, 7.300 francs ; un exemplaire sur vélin des Œuvres de Gessner (1799), avec un dessin original par Goldenstadt, 4.650 francs ; un exemplaire sur vélin des Amours de Psyché et de Cupidon de La Fontaine (1795), 3.630 francs, et le Recueil de lettres de Madame la marquise de Sévigné (1734), en maroquin ancien, 2.600 francs. Cette première vacation a produit 124.000 francs.
Documenti d’amore, de Barberino (1640), dans un maroquin à dentelle à l’oiseau de Derome, 3.100 francs ; l’originales des Réflexions de La Rochefoucauld (1665), dans une reliure de Bauzonnet, 2.250 francs ; Les Satyres de Régnier (1652), dans une reliure mosaïquée de Simier, 2.360 francs ; L’Affaire du collier, album composé de portraits de personnages ayant joué un rôle dans cette affaire, reliure de Chambolle-Duru, 2.100 francs ; Le Cabinet des fées (1785), en reliure ancienne, 2.500 francs ; La Collection d’auteurs italiens (1767-1768), en reliure ancienne, 2.020 francs ; Les Contes moraux de Gessner (1773-1777), dans une riche reliure de Bozerian, 7.300 francs ; un exemplaire sur vélin des Œuvres de Gessner (1799), avec un dessin original par Goldenstadt, 4.650 francs ; un exemplaire sur vélin des Amours de Psyché et de Cupidon de La Fontaine (1795), 3.630 francs, et le Recueil de lettres de Madame la marquise de Sévigné (1734), en maroquin ancien, 2.600 francs. Cette première vacation a produit 124.000 francs.
Le mardi 29 octobre 1935, le prix le plus important fut obtenu par la suite très rare et complète des 47 planches en couleurs de Lanté pour les Costumes des ouvrières de Paris : sur départ à 800 francs, ces superbes épreuves atteignirent 6.100 francs. La collection La Mésangère (1812-1824 et an VII à 1832), soit 8 volumes renfermant 610 planches par Horace Vernet, Lanté, Gatine, Delvaux, fut adjugée 3.120 francs. Les Camées parisiens, de Banville (1866), dans un superbe maroquin doublé de Mercier père, 1.050 francs ; l’exemplaire aux armes de Napoléon Ier de la Relation de la bataille de Marengo (1806), avec un dessin original représentant l’empereur sur le champ de bataille, 2.210 francs ; un superbe recueil des 117 planches de Finden pour illustrer La Vie de Byron (1833), 2.700 francs ; les Méditations poétiques et les Nouvelles méditations de Lamartine (1823), dans d’exquises reliures de Thouvenin Jeune, 1.750 francs, et La Reliure par Lesné (1827), dans une reliure doublée de Dewatines, 1.550 francs. La séance a produit 67.000 francs.
La dernière vacation du mercredi
30 octobre 1935 a fourni l’agréable occasion d’apprécier quelques cartonnages
d’éditeurs d’un état invraisemblable et quelques œuvres des mieux choisies
signées Thouvenin, Lortic, Bauzonnet et Marius Michel. Parmi les adjudications
les plus importantes : Les Œuvres de
Molière (1835-1836), dans une reliure d’éditeur éblouissante, 1.020
francs ; Le Journal de l’expédition
des Portes de fer, de Charles Nodier (1844), dans une admirable reliure de
Lortic aux armes de la maison d’Orléans, dont un « Trautzolâtre »
disait « Ça, une reliure ? C’est le foyer de l’Opéra ! »,
6.500 francs ; les Œuvres complètes
de Racine (1811), avec les figures de Moreau en trois états, dans une
reliure d’époque, 3.000 francs ; le Catalogue
de la bibliothèque de Rosny (1837), exemplaire au chiffre couronné de
Marie-Caroline, duchesse de Berry, 1.800 francs ; Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre (1838), dans
une riche reliure ornée de la plaque orientale, 1.390 francs.
Parmi les livres modernes : un
bel exemplaire des Pantins de Paris,
de G. Coquiot (1920), enrichi d’un important dessin original de Forain, 2.960
francs ; un exemplaire unique de Fleurs
de Paris, d’Albert Flament (1909), au nom d’Henri Beraldi, dans une
somptueuse reliure de Mercier fils, 2.750 francs ; l’édition originale de La Maison Tellier, de Guy de Maupassant
(1881), avec dédicace de Maupassant à « sa chère cousine Lucie Le
Poittevin », 3.650 francs ; un album d’eaux-fortes de Meissonnier,
dans un maroquin doublé de Marius Michel, 3.650 francs, et un recueil de
dessins de Daniel Vierge (1870-1887), relié par Chambolle-Duru, 2.000 francs.
La 5e vente Henri
Beraldi a produit 280.000 francs.
Le total des cinq ventes Beraldi
s’élèva à 9.827.160 francs.
Les trois quarts de la collection
pyrénéenne de Beraldi ont été offerts par ses héritiers, en 1939, à la Bibliothèque
municipale de Toulouse.
Très bel article qui domme des repéres aux jeuens générations qui veulent s'initier à l'art de la Bibliophile!
RépondreSupprimerPassionnant
RépondreSupprimerPatrick C.
Billet qui mériterait d'être édité sous forme d'une belle plaquette... Je peux ? Encore bravo pour la qualité de vos articles. Pierre
RépondreSupprimerMerci Pierre, et joyeux anniversaire !
SupprimerJe vous signale cependant une erreur de dates dans l'arbre généalogique : vous indiquez sous Henri Beraldi : 1850 - 1867 ! ou ces dates correspondent à autre chose que ses dates de naissance et de mort.
RépondreSupprimerPatrick C.
Je voulais dire :1854 mais ça ne change pas le fond de la question.
RépondreSupprimerPatrick C.
Elève Patrick C. : 1er prix de lecture du blog !
SupprimerProbable "glissement informatique" lors de l'enregistrement de l'arbre.
Erreur corrigée. Merci !
Puisqu'il semble que je sois "l'inventeur" de la date de naissance du grand-père de Beraldi, je dois répondre (tardivement) à la question qui m' été maintes fois posée : quelle source ?
RépondreSupprimerLouis-Raphaël Beraldi est né le 24 octobre 1790 à Pesaro (Italie), selon le Bulletin des lois de la République française. Partie supplémentaire. N° 243, 1855, p. 1052.
Il faut penser à lire le Bulletin des lois quand il s'agit d'un naturalisé français.
Exceptionnelle cette étude sur Béraldi. Jusqu'à présent je ne m'intéressais " vivement" qu'à la troisième partie, les Romantiques, mais cette masse d'acquisitions plus merveilleuses les unes que les autres est impressionnante.
RépondreSupprimerMerci Jean-Paul.
Bernard.
Merci Bernard ! Ces compliments me vont droit au coeur, quand on sait que la plupart des lecteurs (et ils sont nombreux : plus de 6.000 pages par mois) restent silencieux, au lieu de partager (ce qui est mon but), et que plusieurs (surtout Français) me "pillent" sans me citer ...
SupprimerEffectivement, s'il fallait garder un seul volume des 5 catalogues de sa vente, il faut conserver le troisième !
J'habite dans la maison du campagne/maison du maitre de PIERRE LOUIS BERALDI (1822-1903) Senateur de L’Aude et son fils HENRI qui avait été élevé par sa grand-mère maternelle, veuve ROSE DÉSIRÉE FERMY, 1775-ap.1840 "qui rentrera en France en 1835 où elle achètera le château de Montauriol dans l'Aude" et la propriété qu'il a du élevé sur la colline a 350 m, Las Brougues, a cote de l'ancien métairie avec une vue superbe sur les Pyrénées. La cadette, sa soeur décédé a 12 ans est inhumé dans la cimetière a Montauriol (SUZANNE ADÉLAÏDE DITE MATHILDE BÉRALDI, 1854-1867). PW4307-4308 1821-1913 Archives Départmentales a Carcassonne
RépondreSupprimerL'Acte GOUNON A BERALDI 1866
Las Brougues acheté de JACQUES GOUNAN 1866 –
1866-1907 LAS BROUGUES APPARTENAIT A BERALDI, MAIRE DE MONTAURIOL
SON PERE, PIERRE LOUIS BERALDI est décédé a Paris 1903. Las Brougues était ‘vendu’ 1907 a LAPASSET VALENTINE et LAPASSET JEANNE (filles du General Lapasset).
ANGELO FERDINAND DIT HENRI BERALDI epouse 1880 EPOUSE Cécile Félicie Jeanne ‘MATHILDE’ GAVET - cinq enfants
Retraité, il devint sénateur du département de l’Aude.
Je cherche ses memoires de cet epoque, gravures ou photos.
Sheri Laizer (Las Brougues)