D’une famille
originaire de Champagne installée à Paris, trésorier des Chevau-Légers et Mousquetaires
de la Garde du Roi depuis 1656, anoblie par la charge de secrétaire du Roi en
1739, Charles-Antoine-Jacques de Bourgevin
est né à Paris, le 18 mars 1680. Il était fils de Charles de Bourgevin
(1647-1708), seigneur de Norville et de Moligny, lieutenant d’Infanterie en
1672, puis trésorier des Chevau-Légers et Mousquetaires de la Garde du Roi, et
d’Anne Huby (1649-1701), fille de Jacques Huby, descendant de conseillers au
Parlement de Bretagne.
D’abord conseiller du
Roi, trésorier général des Chevau-Légers et Mousquetaires de la Garde du Roi,
il fut pourvu en 1719 de la charge de conseiller du Roi, trésorier général des
Maréchaussées de France, et en 1739 de l’office de conseiller-secrétaire du Roi,
Maison, Couronne de France et de ses Finances.
De son premier mariage,
avec Jeanne-Françoise Plançon, fille de Jean Plançon, maréchal des logis du
Roi, et d’Élisabeth de Lacoré, il n’eut pas d’enfant. De son second mariage, en
1712, avec Catherine-Thérèse Boucher († 8 décembre 1768), fille de Louis-Paul
Boucher, secrétaire du Roi, et de Marie-Anne Le Gallois, il eut Charles-Paul de
Bourgevin de Moligny et Louis-Paul de Bourgevin de Norville [La Norville,
Essonne], auteur du rameau de Linas [Essonne].
Il mourut le 29 juin
1764.
Bibliophile, il
utilisait un ex-libris [70 x 55 mm.] portant ses armes « D’azur à la fasce
d’hermines, accompagnée de trois coquilles d’or posées deux en chef et une en
pointe », surmontées d’une couronne de marquis.
Sa bibliothèque fut
vendue en sa maison, rue Chapon [IIIe], les 7 et 8 mai 1765 : Catalogue des livres de feu M. de Bourgevin
(Paris, Gueffier fils, 1765, in-8, 15 p., 179 lots).
Par C. H. Letellier (détail) |
Charles-Paul de Bourgevin de Moligny naquit à Paris le 5
mars 1713, devint commissaire des Gardes du corps du Roi en 1735 et chevalier
de l’Ordre de Saint-Louis en 1759. Il épousa, le 21 janvier 1740, Marie-Élisabeth-Jean-Baptiste
Guyard de Saint-Clair (1721-1765), fille de Jean Guyard de Saint-Clair,
gendarme de la Garde du Roi, et de Marguerite-Élisabeth de Vialart : il
s’engagea à joindre à son nom celui de Vialart et d’en porter les armes,
« D’azur à un sautoir d’or, cantonné de quatre croix potencées de
même », pour soutenir et faire revivre le nom de la famille Vialart, dont
il ne restait plus que la grand-mère de sa femme.
De ce mariage sont
issus Charles-Paul-Jean-Baptiste de Bourgevin de Vialart et
Charles-Jean-Baptiste de Bourgevin de Vialart.
Il mourut en messidor
an II [juin 1794], et c’est sa bibliothèque qui fut vendue le 22 floréal an III
[11 mai 1795] : Catalogue des livres
rares et curieux du citoyen *** (Paris, De Bure l’aîné, an III, in-8, 32
p.). La vente produisit 86.433 livres et 2 sols.
Dictionnaire portatif de cuisine, d'office et de distillation (Paris, Lottin, 1772, in-12) Saumur, 13 mars 2013 |
Depuis l’erreur de Joannis
Guigard [In Le Livre. Bibliographie
rétrospective. Paris, A. Quantin, 1880, p. 341-342], tous les auteurs ont
attribué à son fils, Charles-Paul-Jean-Baptiste de Bourgevin de Vialart, le
catalogue de la vente de sa bibliothèque et son ex-libris [70 x 52 mm.],
portant les armes « Ecartelé au 1 et 4 d’azur, à un sautoir d’or, cantonné
de quatre croix potencées de même, qui est de Vialart ; au 2 et 3 d’azur,
à une fasce d’argent, chargée de trois roses de gueules, accompagnée de trois
fleurs de lis d’or, posées deux en chef et une en pointe, qui est de
Guyard ; sur le tout d’azur, à une fasce d’hermines, accompagnée de trois
coquilles d’or, qui est de Bourgevin. »
L’erreur est attestée
par la présence de ces armes sur son portrait, dessiné et gravé par C. H.
Letellier, et sur celui de sa femme, gravé par Stéphane [i.e. Étienne] Fessard
d’après F. Martin.
Louis-Paul de Bourgevin de Norville naquit à Paris le 4
mars 1717 et épousa, le 23 août 1756, Marie-Charlotte Pillet, fille de
Jean-André Pillet, receveur général des Postes et Relais de France, et de
Marie-Jeanne-Charlotte Poan. Trésorier général des Maréchaussées de France en
1764, sa banqueroute de 1769 provoqua son suicide, se brûlant la cervelle d’un
coup de pistolet le 29 décembre 1769. Sa bibliothèque fut vendue le 15 mars
1770, en sa maison, rue du Grand Chantier [portion de la rue des Archives,
IIIe] : Catalogue (Paris,
Mérigot, 1770, in-8, 23 p., 290 lots).
Par J.-B. Greuze (Musée des Beaux-Arts, Nantes) |
Charles-Paul-Jean-Baptiste de Bourgevin de Vialart, comte de Saint-Morys,
est né à Paris le 11 juillet 1743. Mousquetaire, puis conseiller au Parlement de
Paris, il épousa, le 29 juillet 1769, Éléonore-Élisabeth-Angélique de Beauterne
de Jauville qui lui apporta une grande fortune et lui donna un fils, Charles-Étienne
de Bourgevin de Vialart.
Il demeurait à Paris, 8
rue Vivienne [IIe]. En 1780, il acheta la terre d’Hondainville
[Oise], où il fit construire un nouveau manoir sur l’emplacement du Châteauvert,
vieux fort qui avait joué un rôle important au temps de la Ligue. Il y
transporta son cabinet d’histoire naturelle et sa galerie de tableaux, et s’occupa
d’agriculture : c’est à lui qu’on doit l’introduction de la pomme-de-terre
dans le canton de Mouy en 1784.
La Révolution chassa le
comte de son domaine. Il émigra en 1790, divorça le 3 décembre 1794
Combat de Quiberon, par Jean Sorieul (1850) |
et participa comme intendant général des troupes
royales à la tentative de débarquement de Quiberon [Morbihan] : il mourut
à l’île de Houat [Morbihan], le 28 thermidor an III [15 août 1795], où il avait
été débarqué. Ses biens furent confisqués. On envoya ses collections
artistiques, dont plus de 12.600 dessins, dans les musées nationaux : la
collection Saint-Morys, aujourd’hui au cabinet des dessins du Musée du Louvre,
est l’une des trois plus importantes collections constituées en France au xviiie siècle, avec celles de
Crozat et de Mariette. Le château fut transformé en prison, puis rasé, les
terres furent vendues. Une partie de ces biens fut acquise par le colonel Guillaume-Michel
Barbier-Dufay (1769-1834).
Charles-Etienne de Bourgevin de Vialart enfant, par Jean-Baptiste Greuze (Musée d'Arts, Nantes) |
Charles-Étienne de Bourgevin de Vialart, comte de Saint-Morys,
est né à Paris le 17 janvier 1772. Il suivit son père dans l’émigration de 1790
et épousa, le 21 novembre 1791, à Coblence [Allemagne], Marie-Anne-Charlotte de
Valicourt, fille de Maximilien de Valicourt et de Marie-Madeleine de Calonne,
et nièce du ministre Calonne.
Il servit comme simple
volontaire dans la légion de Mirabeau. Il fit la campagne de 1792, en qualité
d’aide-de-camp du maréchal de Broglie, puis continua à servir dans l’armée de
Condé.
Après la dissolution
des armées royales, il se consacra à l’étude des sciences et des arts, et
voyagea dans le nord de l’Europe. Il a gravé pour son amusement, à Londres, un
grand nombre d’estampes et publia un cahier de 24 vues exécutées par
l’aquatintiste J. Mérigot, d’après les dessins de L. Belanger, intitulé
Stockholm |
Voyage pittoresque de Scandinavie
(Londres, 1802, in-4).
Rentré en France en
1803, il fut compromis dans la conspiration de Georges Cadoudal en 1804, fut
emprisonné à la Force, puis mis en surveillance à Hondainville, où il ne put
récupérer qu’une partie des terres de son père. Il s’intéressa particulièrement
aux arbres, importa dans la région le pin de Corse, et publia divers mémoires
politiques, archéologiques et d’histoire naturelle. Membre depuis 1807 de
l’Académie celtique [nom sous lequel fut fondée en 1804 la Société des
Antiquaires de France], il
publia la « Description d’un monument trouvé en
avril 1806, rue Vivienne, dans la maison de Madame de St-Morys » (In Mémoires de l’Académie celtique. Paris,
L.-P. Dubray, 1808, t. II, p. 113-117).
Membre du Conseil
général de l’Oise sous l’Empire, il fut nommé maire d’Hondainville sous la
première Restauration, puis lieutenant des Gardes du corps du Roi et maréchal
de camp. Dans ses Aperçus sur la
politique de l’Europe, et sur
l’administration intérieure de la France (Paris, L. G. Michaud, Delaunay et
Dentu, février 1815), il produisit un chapitre abolitionniste sous le titre
« Traite et Esclavage des Nègres » (p.37-88). Au mois de mars
suivant, lors des Cent-Jours, il fut obligé de suivre le roi Louis XVIII dans
son exil à Gand.
Château de Saint-Aignan, reconstruit à la fin du XIXe siècle |
Il avait fait
construire à Hondainville le château de Saint-Aignan, dans le style gothique du
xve siècle [aujourd’hui
disparu], pour y loger ses collections d’histoire naturelle, d’objets du Moyen
Âge et sa bibliothèque. Il réunit dans le parc de son château, au lieu-dit
« l’Élysée », des monuments funéraires de diverses époques, la statue
du maréchal Schomberg, un chapiteau gothique provenant de l’église de l’abbaye Saint-Lucien
de Beauvais, etc.
L’animosité du colonel
Barbier-Dufay, qui avait suivi l’Empereur pendant les Cent-Jours, contre le
comte de Saint-Morys se traduisit par une provocation, obligeant le comte à un
duel avec le colonel, qui le tua le 21 juillet 1817.
Il fut inhumé au cimetière
du Père-Lachaise [22e div.].
Sa bibliothèque fut
vendue en sa maison, 10 rue de Seine [VIe], située à l’emplacement
du palais de la reine Margot, du lundi 12 au jeudi 22 janvier 1818, en 9
vacations, :
Notice des principaux
articles de la bibliothèque de feu M. le comte de Saint Morys, maréchal de camp, lieutenant des Gardes du corps du Roi, chevalier de Saint-Louis et officier de la Légion d’honneur.
(Paris, De Bure frères, 1818, in-8, [2]-43-[3] p., 3.550 vol. et 36 cartes de géographie
en 69 lots). La vente produisit 9.823 livres et 70 sols.
Débuta ensuite la vente
de ses tableaux, le 26 janvier 1818, chez Charles Paillet, commissaire-priseur :
Catalogue de tableaux des Écoles d’Italie,
de Hollande et de France, dessins et estampes en recueils, bustes, figures et bas-reliefs en bronze et en marbre, ancien laque, ivoire sculptés
[…] provenant
du cabinet de feu Mr. le comte de Saint-Morys (Paris, 1818,
in-8, 30 p.).
La comtesse de
Saint-Morys voulut venger son mari et réclama, en vain, la condamnation du
colonel. Le domaine d’Hondainville devint la propriété du gendre du comte,
Engelbert Schillings, ancien officier prussien, second mari de Joséphine depuis
1832.
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