D’une famille originaire de Billy-sous-Mangiennes
[Meuse], Nicolas-Damase Marchand, dit « Nicolas-Damas Marchant » [a
prétendu, à tort, que ses ancêtres avaient indifféremment pris ou adopté le
« d » ou le « t » pour terminer leur patronyme], est né à
Pierrepont [Meurthe-et-Moselle], le 11 décembre 1767, troisième enfant de
Hubert Marchand († Metz, Moselle, 10 février 1808), ancien médecin des armées, médecin
de l’hôpital de Longwy [Meurthe-et-Moselle], et de Marguerite Arnould, qui
s’étaient mariés à Pierrepont, le 19 juin 1764.
Aujourd'hui 16 quai Paul Wiltzer |
Dès ses plus jeunes années, il se prépara à
suivre la même carrière que son père, devenu médecin en chef de l’hôpital
militaire de Metz, et fut reçu, en 1784, docteur en médecine à l’Université de
Nancy [Meurthe-et-Moselle].
En 1788, Marchant entra dans les hôpitaux
militaires, fit la campagne de 1792 en Belgique et obtint l’année suivante la
place de médecin en second à l’hôpital militaire de Metz, où il resta jusqu’en
1816. Il porta le secours de son expérience dans l’épidémie qui ravagea le
canton de Sierck [Moselle], plus tard la banlieue de Sarrelouis [Sarre,
Allemagne] et le village de Brettnach [Moselle]. Il prit les mesures pour
préserver la ville de Metz de l’invasion du typhus. Il avait étudié avec un tel
soin les signes fournis par le pouls, que ses amis l’avaient surnommé « le
médecin sphygmique ».
Royaliste constitutionnel de 1789 à 1793, Marchant
fut membre de la première réunion politique de la ville de Metz, capitaine de
la première garde nationale, secrétaire du conseil d’administration de cette
garde, et prit la part la plus active à tous les actes remarquables de ce
temps.
Marchant faisait partie du Conseil municipal de
Metz depuis quelques années, lorsqu’il fut nommé maire par décret impérial du
10 brumaire an XIV [1er novembre 1805]. La promenade publique,
l’hippodrome de la porte de France, le jardin des plantes, la bibliothèque, les
bureaux du mont-de-piété au profit de l’hospice général, la maison de charité,
la maison des dames de la charité-maternelle, les rues neuves de Goussaud, de
la Grande Armée et de l’Esplanade, la création de la Compagnie des
sapeurs-pompiers datent de son administration.
Coll. BM Metz |
Côté sud de la chapelle des Petits Carmes en 1903 photographie coll. BM Metz |
Aujourd'hui |
La Bibliothèque municipale, installée en 1803
dans l’ancienne chapelle des Carmes, 2 rue du Haut Poirier, fut ouverte au
public en 1811 [remplacée par la Médiathèque en 1977].
En 1810, Marchant reçut des lettres de baron et,
en 1814, le grade d’officier de la Légion d’honneur.
Le baron Marchant se démit de ses fonctions le 7
février 1816, après avoir été destitué pendant les Cent jours, - du 6 mai au 5
août 1815 -, et reçut alors la décoration de l’Ordre de Saint-Michel pour
récompense des éminents services qu’il avait rendus à la ville de Metz.
En 1819, il présida le conseil général de la
Société d’Assurance mutuelle de Metz contre l’incendie.
En 1820, il fut nommé conseiller de préfecture du
département de la Moselle, et en 1831, il accepta le poste de sous-préfet de
l’arrondissement de Briey [Meurthe-et-Moselle].
Divorcé le 28 messidor an VI [16 juillet 1798] de
Anne-Marie-Catherine Poirey, qu’il avait épousée en premières noces, à
Vernéville [Moselle], le 6 décembre 1785, Marchant avait épousé, en secondes
noces, Agnès de Guerschin (1765-1847), qui lui apporta le château de Logne [Rurange-lès-Thionville,
Moselle] et qui lui donna deux fils : Hubert-Philippe-Damas, né à Logne, le
9 thermidor an VII [27 juillet 1799], capitaine-commandant au 6e
régiment de Lanciers, mourut à Logne, le 23 août 1856, sans avoir été
marié ; Édouard, né le 26 mars 1804, officier des haras royaux, marié en
premières noces avec Émilie Bouquet, et en secondes noces avec Julie Rousseaux,
n’eut pas d’enfant de ces mariages et mourut à Metz le 7 août 1887.
Le baron Marchant était membre de l’Académie des
sciences, lettres et arts de Metz, et correspondant de l’Académie de médecine
de Paris. Lorsque les affaires politiques et administratives lui laissèrent des
loisirs, il les consacra spécialement à la numismatique, et particulièrement à
la numismatique byzantine :
« Ses savantes investigations rectifièrent
des erreurs historiques, précisèrent des dates incertaines, évoquèrent de
l’oubli où l’histoire les avait laissés ensevelis, des événemens importans, des
princes, des dynasties entières. Ses opinions devinrent des autorités, et furent
souvent adoptées par les érudits les plus célèbres, tels que MM. Sylvestre de
Sacy et Mionnet en France, Cattaneo à Milan, Münter à Copenhague, et surtout
l’abbé Sestini, de Florence, qui, depuis long-temps en possession du sceptre
numismatique, le proclama le prince des
numismates pour les médailles latines et bysantines. » [sic]
(Charles Dosquet. Notice sur M. le baron Marchant. Metz, S. Lamort, 1834, p. 8)
Son principal ouvrage est Mélanges de numismatique et d’histoire, ou Correspondance sur les médailles et monnaies des empereurs d’Orient,
des princes croisés d’Asie, des barons français établis dans la Grèce,
des premiers califes de Damas, etc. (Paris, F. J. Fournier le Jeune, et
Metz, L. de Villy, 1818, in-8, [3]-[1 bl.]-122-[6] p., 4 pl. et 19 vign.,
tirage à petit nombre) ; depuis sa publication, jusqu’en 1829 inclus,
Marchant a publié 14 suites sous forme de lettres. L’extrême rareté de cette
publication donna l’idée d’en former une nouvelle édition : Lettres du baron Marchant sur la
numismatique et l’histoire (Paris, Leleux, 1851, in-8, [3]-[1
bl.]-VIII-567-[1 bl.] p., 30 pl.).
Outre un grand nombre d’articles insérés dans les
journaux de la Moselle, on doit aussi au baron Marchant différents écrits
sur des matières politiques et économiques :
Discours
prononcé à la Société populaire de Metz, en faveur
de la liberté de la presse (Metz, Lamort, 13 vendémiaire an III [octobre
1794], in-4, 4 p.).
Lettre de M*
à M**
[Wendel], membre de la chambre pour le
département de la *** [Moselle], sur
le système électif le plus convenable à la monarchie française (Metz, Lamort,
26 décembre 1815, in-8, 22 p.).
Rapport
fait au Conseil général du département de la Moselle, sur la destination ultérieure du dépôt de mendicité de Gorze (Metz,
Verronnais, 1818, in-8, 20 p. et 2 tableaux).
Des
réunions des communes formant une seule mairie. Opinion émise au Conseil
général du département de la Moselle dans la session de 1818 (Metz, Verronnais,
juillet 1818, in-8, 20 p.).
Société d’Assurance
mutuelle et gratuite de Metz. Réponse à la dernière note officielle de M.
Chedeaux,
fondé de pouvoir d’une des compagnies
d’assurances à prime (Metz, Lamort, 15 octobre 1819, in-8, 12 p.).
Statuts de
la Société anonyme d’Assurances mutuelles contre l’incendie pour la ville de
Metz (Metz,
Collignon, 1820, in-8).
Photographie Marc de Metz |
Le 30 juin 1833, le baron Marchant mourut d’une
cardiopathie, en son domicile, 11 rue des Grands Carmes [rue Marchant, par arrêté
municipal du 9 février 1835], maison du XVIe siècle [dite aujourd’hui « Îlot
Trésor »], qui avait appartenu à ses parents et à ses grands-parents.
En 1833, la ville de Metz acheta aux héritiers du
baron Marchant une partie de son cabinet, - qui renfermait une collection
naturaliste originale par la présence d’oiseaux albinos, dont une partie
provenait du cabinet du prince des Deux-Ponts et du cabinet de Dupré de Genest
-, et quelques manuscrits, parmi lesquels les Mémoires du notaire Baltus sur
l’Histoire de Metz, des travaux de Nicolas Dilange sur les Coutumes et de Dupré de Genest sur la Numismatique, un recueil des Coutumes des Juifs de Metz en 1744 et
une copie du XIIIe siècle du roman des Quatre fils Aimon.
La magnifique collection de minéralogie qu’il
avait formée fut vendue à l’étranger, malgré les offres désintéressées de ses
héritiers pour en faciliter l’acquisition par la ville.
La bibliothèque du baron Marchant fut vendue, du
mercredi 26 février au vendredi 7 mars 1834, en 9 vacations, dans la salle
haute de la Maison Silvestre, 30 rue des Bons-Enfants, à Paris : Catalogue des livres de la bibliothèque de
feu M. le baron N.-D. Marchant, officier
de la Légion d’honneur et de l’Université royale de France, chevalier de Saint-Michel, membre de plusieurs Sociétés savantes, nationales et étrangères. Collection
curieuse de livres sur les diverses branches des sciences, de la littérature et de l’histoire, dans laquelle on remarque des éditions
aldines et d’autres éditions anciennes d’une grande rareté, une suite nombreuse d’Elzeviers, dont partie d’une belle conservation, la collection byzantine du Louvre, les mémoires de l’Académie des inscriptions,
etc. (Paris, Merlin, 1834, in-8,
[3]-[1 bl.]-84 p., 850 + 11 doubles [bis] = 861 lots), dont Théologie [94 lots
= 10,91 %], Jurisprudence [25 lots = 2,90 %], Sciences et Arts [134 lots =
15,56 %], Belles Lettres [349 lots = 40,53 %], Histoire [223 lots = 25,90 %],
Supplément [36 lots = 4,18 %].
53. Œuvres de Bossuet.
Paris, 1743-1753, 20 vol. in-4, v. m. – Sermons du même. Paris, Boudet, 1772,
in-4, v. m. (3 tomes). 40 fr.
125. Aristotelis Opera,
gr. ; Theophrastus de historia plantarum et de causis plantarum. Venetiis,
Aldus Manutius, 1495-1498, 5 vol. in-fol. 70 fr. 05.
145 bis. Les Essais de Michel de
Montaigne. Bruxelles, Fr. Foppens (Holl., Elzev.), 1659, in-12, 3 vol. v. br.
60 fr.
181. Les Vrayes Centuries et
prophéties de Michel Nostradamus. Amst., J. Jansson, 1668, pet. in-12, mar.
bl., dent., tr. dor. (Simier). 50 fr.
246. Belisarius Aquivivus
Aragoneus, de venatione et de aucupio, de re militari et singulari certamine.
Neapoli, Joa. Pasquet de Sallo, 1519, in-fol., v. br. 50 fr.
261. Dictionarium græcum, cum
interpretatione latina. Venetiis, in ædibus Aldi et Andr. Soceri, 1524,
in-fol., mar. vert, fil., d. de tabis et gardes de vélin. Ex. de Renouard. 45
fr.
278. Quintiliani institutionum
oratoriarum Libri XII. Lugd.-Bat., ex offic. Hackiana, 1663 et 1665, 2 vol.
in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Derome). 61 fr. 95.
343. Les Odes d’Horace en
vers burlesques. Leyde, J. Sambix (Elzevier), pet. in-12, vél., dent. 60 fr.
95.
394. Deliciæ poetarum hujus
superiorisque ævi illustrium. 1608-1693, 20 tomes en 19 vol. pet. in-12. Rel.
en vélin et 3 vol. en mar. vert (Derome). 137 fr. 05.
436. L’Art de régner, ou le
Sage Gouverneur, tragi-comédie, par Gillet. Suivant la
copie imprimée à Paris, 1649 (Holl., à la Sphère), pet. in-12, mar. bl.,
dent., gardes de vin, tr. dor. (Simier). 66 fr. 95.
437. L’Eschole de Salerne, en
vers burlesques (par Martin), et duo poemata macaronica de bello huguenotico. Suivant
la copie imprimée à Paris (Holl., Elzevir), 1651, pet. in-12, mar. bl., fil.
d’or. et dent. à froid, d. de moire, tr. dor. (Simier). 64 fr. 55.
438. Le même, et à la
suite : L’Ovide en belle humeur de M. Dassoucy. Suivant la copie imprimée
à Paris (Holl., Elzev.), 1651, pet. in-12, mar. bl., larges dent., d. de moire
avec gardes de vélin, tr. dor. (Derome). 201 fr. 05.
492. Les Œuvres de Fr. Rabelais
(Holl., Elzevier), 1663, 2 vol. pet. in-12, mar. r., dent., doublé de moire
blanche avec dent., tr. dor. 52 fr.
553. Ciceronis Opera, cum
optimis exemplar. collata accurate. Lugd.-Bat., ex offic. Elzevir, 1642, 10
vol. pet. in-12, v. f., fil., tr. dor. 51 fr.
581. Collection des œuvres de
Balzac, imprimées par les Elzeviers, pet. in-12, 7 vol. mar. bleu, fil., tr.
dor. (Simier). 105 fr. 95.
637. Histoire des Juifs
écrite sous le titre d’antiquités judaïques et Histoire de la guerre des Juifs
contre les Romains, trad. du grec de Flav. Joseph par Arnauld d’Andilly.
Bruxelles, Frick, 1701-1703, 5 vol. pet. in-8, fig., mar. r., tr. dor.
(Padeloup). 60 fr.
640. Thucydidis de Bello
Peloponnesiaco Libri VIII, cum adnotationibus Henr. Stephani et J. Hudsoni. Amst.,
Wetstenii, 1731, in-fol., v. m., fil. 56 fr.
668. C. Sallustius Crispus,
cum veterum historicorum fragmentis. Lugd.-Batav., ex offic. Elzev., 1634, pet.
in-12, vél. 40 fr. 05.
712. Histoire de Henry le
Grand, par Hardouin de Péréfixe. Amst., D. Elzevier, 1664, pet. in-12, mar.
bl., fil., gardes de vél., tr. dor. (Simier). 52 fr.
779. Histoire et Mémoires de
l’Académie des inscriptions et belles-lettres, de 1701 à 1779. Paris, I. R.,
1780-1786, 42 vol. in-4, fig. v. m., 2 br. en cart. 180 fr.
813. Collection publiée par
J.-B. Gail en 1794, gr. pap. vél., 10 vol. in-18, rel. vél. blanc, dent.,
doublés de tabis, tr. dor. 47 fr.
829. Theocriti Eglogæ XXX,
Genus Theocriti et de inventione bucolicorum. Venetiis, characteribus ac studio
Aldi Manutii, 1495, in-fol., v. br. 71 fr. 95.
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