Dans « Le Bibliomane » (in Paris, ou Le Livre des cent-et-un. Paris, Ladvocat, 1831, t. I, p. 99-100), Théodore, alias l’auteur, Charles Nodier (1780-1844), est obsédé par les reliures en maroquin et la hauteur des marges de ses Elzévirs, pour lesquels il a imaginé un « elzéviriomètre » [avec deux « i »] :
« Théodore avait cessé d’écouter. Il venait de mettre la main sur un volume d’assez bonne apparence, auquel il s’était empressé d’appliquer son elzéviriomètre, c’est-à-dire, le demi-pied divisé presque à l’infini sur lequel il réglait le prix, hélas ! et le mérite intrinsèque de ses livres. Il le rapprocha dix fois du livre maudit, vérifia dix fois l’accablant calcul, murmura quelques mots que je n’entendis pas, changea de couleur encore une fois, et défaillit dans mes bras. […]
Je continuais à l’interroger. Il parut céder à un mouvement d’expansion. “ Voyez en moi, me dit-il, le plus malheureux des hommes ! Ce volume, c’est le Virgile de 1676, en grand papier, dont je pensais avoir l’exemplaire géant, et il l’emporte sur le mien d’un tiers de ligne en hauteur. Des esprits ennemis ou prévenus pourraient même y trouver la demi-ligne. Un tiers de ligne, grand Dieu ! ” –
Je fus foudroyé. Je compris que le délire le gagnait. »
Cet elzéviriomètre a bien existé.
En 1848, le libraire Joseph Techener (1802-1873) passa une annonce dans le Bulletin du bibliophile (N° 22-23-24, octobre-novembre-décembre 1848, p. 146) :
On doit à Maurice Leloir (1851-1940), illustrateur de Le Bibliomane (Paris, L. Conquet, 1893, p. 15), la seule représentation connue d’un elzéviriomètre :
Enfin, un elzéviriomètre semble avoir servi de marque page lors de la photocopie d’un exemplaire du Bulletin du bibliophile de 1847 :
Un billet qui a un mois de retard ? :D
RépondreSupprimerComprends pas...j'ai raté quelque chose ?
SupprimerPour le 1er avril :)
SupprimerL'elzeviriomètre n'est pas la version bibliophile de la poudre à serrer les noeuds ?
Ah oui ! bonne réflexion ...
Supprimermais c'est une histoire que je crois sérieuse : Techener n'était pas du genre à faire une blague !
Cela me semble quand même trop fantasque pour être vrai, d'autant que l'annonce de Techener est postérieure au Bibliomane de Nodier qui avait dû amuser toute la sphère bibliophile de l'époque.
SupprimerLes premières relations entre Nodier et Techener ne datent que de 1834 (fondation du Bulletin du bibliophile)et leur amitié "solide" que beaucoup plus tard. Le temps d'en parler, de concevoir le projet et de faire fabriquer les elzéviriomètres peut expliquer leur mise tardive sur le marché. J'y crois : je vous préviendrai ici dès que quelqu'un m'aura mis sur une piste, autre que celles déjà explorées ...
Supprimer