dimanche 11 décembre 2022

Aux origines de la Librairie Auguste Blaizot (1828-1928)

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164 rue du Faubourg Saint Honoré, Paris VIII

L’histoire du fonds de la Librairie Auguste Blaizot débuta en 1828, douze ans avant la date officiellement admise.

 

Passage du Grand Cerf, rue des Deux Portes, par Léon Lemonnerye (1875)
Musée Carnavalet

À Paris, Marie-Louise-Victoire Boisselle, née le 12 mars 1793, installa un cabinet de lecture au 40 passage du Grand Cerf, du côté de la rue des Deux Portes [rue Dussoubs depuis 1881], ouvert en 1825 entre les rues des Deux Portes et Saint-Denis [IIe] et qui ne sera couvert qu’en 1845. Elle obtint un brevet de libraire le 21 mars 1828. 

Passage du Saumon (1840)

Elle déménagea dès 1835 au 2 passage du Saumon, ouvert depuis 1763 entre les rues Montorgueil et Montmartre, à l’emplacement de la rue Bachaumont [IIe], couvert d’une verrière en 1828, démoli en 1899.

En 1844, Mademoiselle Boisselle prit comme associé François-Hippolyte Nicolas, dit « Gabriel Jeune », né le 12 novembre 1814, breveté le 29 novembre 1844, qui lui succéda en 1847. C’est lui qui baptisa la librairie « Librairie universelle ». En 1851, Nicolas fut condamné à deux mois de prison et 300 francs d’amende, pour la mise en vente de nombreux ouvrages interdits.

En 1853, Aimable-Jacques Joubert succéda à Nicolas, prématurément décédé ; né le 23 avril 1822, il fut breveté le 25 avril 1853.

Charles-Adolphe Denoix succéda à Joubert en 1874.


 

D’une famille originaire de La Feuillie [Manche], Émile-Ambroise Lecampion était né à Blainville-sur-Mer [Manche] le 27 octobre 1842. Son père, Isidore-Pierre-Ambroise Lecampion, né à La Feuillie le 17 novembre 1807, était marin pêcheur ; il avait épousé à Blainville-sur-Mer, le 27 janvier 1835, Anatolie-Joséphine Laroque, blanchisseuse, née et décédée à Blainville-sur-Mer, respectivement le 16 juin 1814 et le 26 mars 1891 ; le corps d’Isidore-Pierre-Ambroise Lecampion fut retrouvé sur la plage de Blainville-sur-Mer le 19 janvier 1851, au lendemain du naufrage de son bateau « Les Quatre Frères ».

Monté à Paris, Émile-Ambroise Lecampion habitait 164 rue de Rivoli [Ier] et était devenu l’ami de Charles Boivin, né à Blainville-sur-Mer le 6 mars 1820, marchand d’estampes au 3 rue de Valois ; ce dernier fut son témoin à son mariage, le 19 mai 1866 [IXe], avec Eugénie-Caroline Renauld, née à Paris le 30 avril 1847, fille non reconnue de Françoise Renauld.

Passage du Saumon, rue Montorgueil (1899)
 Photographie André Barry, Musée Carnavalet

Le 16 juin 1877, Émile-Ambroise Lecampion acheta la librairie du passage du Saumon pour 14.000 francs : la déclaration de remplacement du sieur Denoix date du 24 juin suivant. 

 Librairie Lecampion, par Henri Boutet (1851-1919)

En 1899, les travaux l’obligèrent à transporter le magasin au 22 rue Le Peletier [IXe].

La sœur aînée d’Émile-Ambroise Lecampion, Marie-Alexandrine, blanchisseuse, née le 27 août 1840 à Blainville-sur-Mer, y avait épousé, le 23 septembre 1873, Michel-Honoré Blaizot, maréchal-ferrant, né à Blainville-sur-Mer le 16 mai 1847. Michel-Honoré Blaizot descendait d’une famille de maréchaux-ferrants originaire de Servigny [Manche] : son père, Jacques-Antoine Blaizot était né à Servigny le 10 mars 1815 et avait épousé, le 25 novembre 1845 à Blainville-sur-Mer, Marie-Hersilie Leclerc, cultivatrice, née à Blainville-sur-Mer le 29 mars 1827 ; 

Vianfrie [point rouge]. Carte de Cassini

son grand-père, Jean-Baptiste-François Blaizot, né le 26 octobre 1791 à Servigny, s’y était marié, le 11 février 1813, avec Marie-Magdelaine Guillemin, née le 17 octobre 1783 à Blainville-sur-Mer, et décéda le 14 novembre 1872 au village de Vianfrie, sur la commune de Servigny [devenu La Blanfrie, sur la commune de Blainville-sur-Mer], veuf depuis le 19 décembre 1867 ; son arrière-grand-père, Jacques-Antoine Blaizot, né le 13 décembre 1754 et mort le 5 messidor An XIII [23 juin 1805] à Servigny, avait épousé Marie-Charlotte Lecaudey le 2 février 1789 à Brainville [Manche], où elle était née le 26 mai 1762 et qui mourut à Servigny le 24 février 1843.

 

Auguste Blaizot. Coll. Librairie Blaizot

Neveu d’Émile-Ambroise Lecampion, Auguste-Charles Blaizot naquit le 24 juin 1874 au village de la Rue de Bas, sur la commune de Blainville-sur-Mer. Commis chez son oncle à Paris, il épousa, le 8 mai 1899 à Coutances [Manche], Henriette-Adèle-Joseph Lecampion, née à Coutances, 7 rue Fontaine-Jouan, le 21 avril 1878, fille de Léopold-Désiré Lecampion, plafonneur, né à Blainville le 3 juillet 1840, et de Philomène-Joséphine-Joseph Coquelle, née le 27 janvier 1843 à Ruyaulcourt [Pas-de-Calais]. 

Librairie A. Blaizot, 22 rue Le Peletier, par Pierre Vidal (1849-1913)

Devenu associé de son oncle en mars 1902, Auguste-Charles Blaizot lui succéda, après sa mort arrivée le 30 juillet 1902.


Très épris de bibliophilie contemporaine, Auguste Blaizot se lança dans l’édition dès 1905, avec Les Aphorismes de Brillat Savarin (Paris, A. Blaizot, s. d. [1905], gr. in-8, 20 ill. A. Robida, 54 ex. dont 7 sur Chine, 42 sur Japon et 5 sur Vélin H. C.). 

Librairie A. Blaizot, 26 rue Le Peletier, par Adolphe Willette (1857-1926)

Il déménagea la librairie au 26 rue Le Peletier en 1908, au 21 boulevard Haussmann [IXe] en 1913. Il fut mobilisé du 13 avril 1915 au 13 avril 1918 et reçut la Croix de guerre. 


De 1920 à 1926, il fit construire la villa « Le Clos des Pommiers » à Blainville-sur-Mer, 5 rue de Bas, dite depuis « rue des Libraires ».

Président du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne en 1922, il fut fait chevalier de la Légion d’honneur le 25 mars de l’année suivante. 


En 1928, il effectua un dernier déménagement de la librairie au 164 rue du Faubourg Saint Honoré [VIIIe] et prit comme associé son fils Georges-Louis-Léopold-Auguste Blaizot, né le 21 février 1901 à Coutances. 

Auguste et Georges Blaizot à la vente Louis Barthou (1935)
Coll. Librairie Blaizot


 






2 commentaires:

  1. Je viens de lire l'importante étude consacrée à la Librairie Blaizot. J'y ai découvert beaucoup de renseignements que j'ignorais et je suis impressionné par le nombre de documents qui ont été trouvés. Il me serait très agréable de m'entretenir par téléphone avec le rédacteur de ce texte, d'abord pour le féliciter, mais aussi pour lui demander s'il me serait possible de publier la notice sur le site de la librairie. Très cordialement, avec toutes mes félicitations. Claude Blaizot.

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    1. Grand merci pour vos compliments et pour le très agréable entretien téléphonique, qui m'a rappelé les jours heureux passés à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, au siècle précédent.

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