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Provincia. La Provence. Amstelodami, Joannem Janssonium, 1630 [détail] |
Son arrière-grand-père, Pierre Vignaud, né à Nîmes [Gard], avait épousé Marguerite Fortier, née à Arles [Bouches-du-Rhône]. Ils passèrent à La Nouvelle-Orléans [Louisiane, États-Unis] à la fin du XVIIIe siècle, avec leur fils Jean Vignaud, né lui-même à Arles. Celui-ci épousa, à La Nouvelle-Orléans, le 4 mars 1793, Marianne-Désirée Fouque, née à Marseille. Les sept enfants de Jean Vignaud naquirent tous à La Nouvelle-Orléans : du second, Jean-Lucien Vignaud, horloger, né le 14 novembre 1801, mort le 4 juillet 1850, marié à Clémence Godefroy, de La Nouvelle-Orléans, naquirent six enfants, dont l’aîné fut Jean-Héliodore Vignaud.
La Nouvelle-Orléans (1852)
Il fréquenta les écoles de sa
ville natale et apprit de bonne heure à écrire en français. En 1851, il
produisit sa première pièce, « Jane Grey », sur le théâtre français
de La Nouvelle-Orléans. L’année suivante, il obtint un poste de professeur de
français dans les écoles publiques de la ville. Sa seconde pièce, « Vieillesse
des mousquetaires », fut jouée en 1853.
Il continua à enseigner et à
fournir des articles dans les journaux locaux, dont Le Courrier de la
Louisiane, jusqu’en 1856, époque à laquelle il quitta La Nouvelle-Orléans
pour la petite ville de Thibodaux, à 75 km au sud-ouest : il y dirigea L’Union
de Lafourche pendant quatre ans, puis revint à La Nouvelle-Orléans pour
lancer un nouvel hebdomadaire français, La Renaissance louisianaise, qui
parut le 5 mai 1861, alors que la guerre de Sécession avait débuté depuis trois
semaines.
La Guerre de Sécession
Ronald F. Maxwell, Gods and Generals, 2003
Sans moyens pour rentrer en Amérique, Vignaud collabora dès 1863 au journal hebdomadaire Le Mémorial diplomatique, fut rédacteur pour la politique étrangère au quotidien L’Écho de Paris et le correspondant parisien de L’Estafette de La Nouvelle-Orléans, de The Cosmopolitan de Londres et de The Index, journal hebdomadaire publié à Londres dans l’intérêt de la cause de la Confédération du Sud. Il devint chancelier de l’Agence diplomatique roumaine à Paris en 1869, puis, bénéficiant de l’amnistie accordée aux Sécessionistes, secrétaire en 1871 de l’ambassadeur des États-Unis Élihu-Benjamin Washburne (1815-1887), attaché en 1872 à la Commission des réclamations de l’ « Alabama », relatives aux actes commis par un certain nombre de vaisseaux de la Grande-Bretagne pendant l’insurrection du Sud, commissaire honoraire des États-Unis à l’Exposition universelle de Vienne [Autriche] en 1873. Fait chevalier de la Légion d’honneur en 1874, il fut délégué des États-Unis à la Conférence diplomatique du mètre, à l’hôtel du ministère des Affaires étrangères à Paris en 1875.
Le 14 décembre 1875, contre toute attente, il fut nommé par le président Ulysses Grant (1822-1885), sur la proposition de Washburne, second secrétaire de la Légation des États-Unis d’Amérique à Paris, installée alors 95 rue de Chaillot [XVIe].
Domicilié 21 avenue d’Antin [avenue
Franklin D. Roosevelt, VIIIe], Vignaud épousa, le 24 juillet
1879, Marie-Louise Comte, née le 3 novembre 1843 au 3 boulevard Saint-Martin [IIIe],
fille de Pierre Comte, rentier, et de Joséphine Bailly, domiciliés rue du Clos
de l’Hospice [avenue de la République] à Ivry-sur-Seine [Val-de-Marne].
Le 11 avril 1882, il devint
premier secrétaire de la Légation des États-Unis d’Amérique, déménagée 3 place
des États-Unis [XVIe], puis 18 avenue Kléber [XVIe].
Officier de la Légion d’honneur en 1884, commandeur le 13 juillet 1889, Vignaud
prit sa retraite le 7 mai 1909 et fut nommé grand officier de la Légion
d’honneur le 11 mai. D’autres décorations avaient récompensé les services qu’il
avait rendus à des gouvernements étrangers : officier de l’Étoile de
Roumanie, grand commandeur d’Isabelle la Catholique, Ordre du Christ du Portugal,
grand-croix du Dragon d’Annam.
Vignaud faisait partie de nombreuses Sociétés savantes : Société des Américanistes de Paris (1895), dont il devint le président en 1908 ; American Antiquarian Society, de Worcester [Massachusetts] (1896) ; Société de Géographie de Paris (1898) ; Sociedad geografica de Lima (1902) ; American Historical Association, de Washington (1906) ; Hakluyt Society, de Londres (1908) ; Maine Historical Society, de Portland (1909) ; Comité France-Amérique (1910) ; Institut français d’Anthropologie (1910). Le 6 mai 1909, il fut fait docteur en droit par la Tulane University d’Orléans. En 1918, il fut nommé correspondant de l’Institut [Académie des Inscriptions et Belles-Lettres].
Henry Vignaud dans sa bibliothèque
Coll. University of Michigan
Sa bibliothèque avait pris de
telles proportions qu’il la déménagea de son appartement parisien pour une
maison qu’il avait achetée à Bagneux [Hauts-de-Seine], 2 rue de la Mairie
[détruite], où elle occupa tout le second étage.
Il s’était fait graver un ex-libris à son chiffre, avec la tête de la Liberté portant une couronne à sept branches et la devise « SE TAIRE ET FAIRE ».
Ami de l’historien américaniste Henry Harrisse (1829-1910) et de l’historien péruvien Manuel Gonzalez de la Rosa (1841-1912), Vignaud poursuivit des études historiques relatives à l’Amérique : La Lettre et la Carte de Toscanelli sur la route des Indes par l’Ouest, adressées en 1474 au Portugais Fernam Martins et transmises plus tard à Christophe Colomb (Paris, Ernest Leroux, 1901, 2 pl.) ; Études critiques sur la vie de Colomb, avant ses découvertes (Paris, H. Welter, 1905). Prix Loubat, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1907 ; Histoire critique de la grande entreprise de Christophe Colomb (Paris, H. Welter, 1911, 2 vol.) ; Americ Vespuce, 1451-1512. Sa biographie. – Sa vie, ses voyages. – Ses découvertes, l’attribution de son nom à l’Amérique, ses relations authentiques et contestées (Paris, Ernest Leroux, 1917). Prix Loubat, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1917 ; Le Vrai Christophe Colomb et la légende (Paris, Auguste Picard, 1921).
Son dernier travail parut dans le
Journal de la Société des américanistes de Paris (1922, t. XIV, p.
1-63) : « Le Problème du peuplement initial de l’Amérique et de
l’origine ethnique de sa population indigène ».
Après avoir pris sa retraite, Vignaud se retira définitivement à Bagneux, où il mourut, sans postérité, le 16 septembre 1922, des suites d’une chute dans laquelle il s’était brisé le col du fémur. Ses obsèques eurent lieu le jeudi 21 septembre en l’église Saint-Hermeland et il fut inhumé au cimetière de Bagneux. Sa veuve lui survécut à Bagneux jusqu’au 7 février 1929.
La bibliothèque de Henry Vignaud fut
achetée en 1923 à sa veuve par l’Université du Michigan, située à Ann Arbor
[Michigan]. Les collections de livres, atlas, plus
de 1.200 cartes, brochures et autres publications ont été réparties entre la
bibliothèque William L. Clements, la bibliothèque Stephen S. Clark, la
bibliothèque des collections spéciales et la bibliothèque d’études supérieures
Harlan Hatcher.
L’Université du Michigan créa un ex-libris pour marquer tous les éléments de la bibliothèque d’Henry Vignaud.
Exposition Vignaud (2018) |
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