Passage du Pertuis de Clamecy Photographie Nièvre Tourisme |
Plusieurs Girardot, protestants et originaires de
la région de Clamecy [Nièvre], capitale du flottage de bois, montèrent à Paris,
vers le milieu du XVIIe siècle, comme marchands
de bois.
Plan Félibien (1734) |
Ils demeurèrent sur le quai de la Tournelle et sur le quai
Saint-Bernard, quartier Saint-Victor et paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet [Ve].
Toutes parentes, ces familles Girardot étaient
différenciées par l’attribution d’un lieu. Mais leur distinction les uns des
autres est rendue difficile par l’existence de mariages entre eux,
l’utilisation des mêmes prénoms et l’absence d’archives de l’état-civil antérieures
à 1667 à Clamecy et à 1860 à Paris.
François Girardot de Préfond [Préfonds, commune
de La Chapelle-Saint-André, Nièvre] épousa en juillet 1645, au temple de
Charenton [Val-de-Marne], Marie Cuper, née le 3 janvier 1629 et baptisée au
temple de Blois [Loir-et-Cher], fille de Sulpice Cuper (1589-1670), conseiller
du Roi et contrôleur des rentes en Guyenne, et de Marie Masnier (1606-1670).
Leur fils Paul Girardot naquit le 2 avril 1651 et
épousa, le 28 juillet 1679 à Charenton, Madeleine Panou, fille de Jean Panou,
chirurgien de la duchesse d’Orléans, et d’Élisabeth Girardot.
Leur fille Marie Girardot épousa en 1664, à
Charenton, son cousin germain François Girardot, fils de Jean Girardot de Sozay
[Sauzay, commune de Corvol-l’Orgueilleux, Nièvre] et de Jacqueline de
Buissières, mariés le 4 janvier 1629 à Clamecy.
André Girardot de Chancourt
[Champcourt, commune de Moulins-Engilbert, Nièvre] épousa Catherine de
Buissières, à Clamecy, le même 4 janvier 1629.
En 1679, leur fils Jean Girardot épousa, en
secondes noces, sa nièce Jeanne Girardot, fille de Paul Girardot, marchand de
bois à Château-Chinon [Nièvre], et de Jeanne Boutin. Leurs deux fils, Paul
Girardot de Chancourt et Jacques Girardot de Chancourt, épousèrent leurs
cousines germaines, respectivement Marguerite Foissin (1701-1735) et
Marie-Louise Foissin (1699-1778), filles du banquier Paul Foissin († 1735) et
de Louise Girardot († 1748).
Intérieur du temple de Charenton Détruit en novembre 1685 Photographie Musée protestant |
Ces familles furent persécutées après la
révocation de l’édit de Nantes [18 octobre 1685], qui supprima les avantages
accordés aux protestants par Henri IV lors de l’édit de Nantes [13 avril 1598].
Elles résistèrent aux menaces, à la dragonnade, à la prison et à l’exil :
c’est ainsi que Jacques Girardot de Chancourt, baptisé le 8 septembre 1685 à
Charenton, fit si mal son devoir de catholique, qu’il mourut le 26 octobre 1731
dans la religion prétendue réformée.
Fils de Jacques Girardot de Chancourt et de
Marie-Louise Foissin, Paul Girardot de Préfond est né à Paris, le 18 septembre
1722 et fut baptisé le surlendemain en l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Il acquit une belle fortune dans le commerce du
bois flotté à Paris. Quand il tomba malade, il dut s’astreindre au repos et
commença alors à déprimer. Il demeurait alors rue de Touraine [rue de
Saintonge, IIIe], après avoir vécu dans le quartier Saint-Victor,
chez ses parents. Son médecin, Hyacinthe-Théodore Baron (1686-1758), ardent
bibliophile, lui donna le conseil de se créer une occupation en achetant des
livres.
Ce conseil fut suivi avec tant d’ardeur que
Girardot de Préfond fut contraint, en 1757, de vendre environ la moitié de sa
riche bibliothèque, dans le but de former une seconde bibliothèque mieux
choisie et mieux reliée. La vente eut lieu du 25 avril au 9 mai 1757, dans une
des salles du couvent des Grands Augustins [détruit à la Révolution, 55 quai
des Grands Augustins, VIe].
Couvent des Grands Augustins In Aubin-Louis Millin. Antiquités Nationales. Paris, Drouhin, 1791, t. 3, p.10 |
Il n’existait pas encore, au XVIIIe siècle, d’espace fixe
dévolu aux ventes publiques, comme ce fut le cas ensuite avec les hôtels
d’Aligre et de Bullion, puis l’hôtel Drouot. Les ventes se déroulaient alors
dans trois lieux différents : la boutique du libraire, le domicile du
défunt ou dans le couvent des Grands Augustins. Outre de nombreuses maisons
d’habitation et boutiques, dont certaines se trouvaient dans l’enceinte même du
couvent, les moines louaient à des particuliers des salles, parmi lesquelles un
local attenant à la porterie, la salle de la grande cour du couvent, la salle
royale dans la première cour du couvent, la grande salle au bout du réfectoire,
le bâtiment au fond du jardin et quatre salles dans le bâtiment neuf au
rez-de-chaussée dans la seconde cour. Gersaint fut le premier à organiser des
ventes publiques au couvent des Grands Augustins. Un arrêt de la Cour du
Parlement, en date du 17 juin 1777, fit « défenses aux huissiers-priseurs
de faire aucune vente dans les lieux autres que les salles des couvents des
Grands Augustins, de la Merci, et de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, rue des
Billettes ».
Page [3] |
Catalogue des livres du cabinet de MR.
G…D…P…
[Girardot De Préfond] (Paris, Guillaume-François De Bure, le Jeune, 1757, in-8,
[1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[2]-lv-[1]-241-[1 bl.] p., 1.428 lots), dont Théologie [188
lots = 13,16 %], Jurisprudence [56 lots = 3,92 %], Sciences et Arts [315 lots =
22,05 %], Belles-Lettres [488 lots = 34,17 %], Histoire [381 lots = 26,68 %].
Avec des « Eclaircissemens et remarques sur
quelques Articles précieux de ce Catalogue », 9 lots de « Machines de
Physique, &c. », une « Liste des Auteurs dits de VARIORUM in-8.,
compris dans ce Catalogue, selon leur rang », une « Liste
alphabétique des Auteurs illustrés de Commentaires & de Tables, pour
l’usage de M. le Dauphin » et une « Table des auteurs ».
La vente rapporta 40.400 livres : ces
ouvrages avaient coûté 259.691 livres à son possesseur.
Le rédacteur de ce catalogue, Guillaume-François
De Bure (1732-1782), dit « Le Jeune », se montre un piètre
bibliographe : les titres des ouvrages sont trop souvent inexacts,
tronqués, voire inventés, nous obligeant à en restituer quelques-uns.
1. Biblia Sacra Polyglotta [Bible polyglotte dite
« Bible de Complute »]. Alcala, Brocar, 1514-1517, 6 vol. in-fol.,
mar. rouge. 499 l. 19 s.
21. La Biblia, que es, los sacros libros del vieio y
nuevo Testamento. Trasladada en Español, [dite « Bible de l’ours »].
S. l. [Bâla], s. n. [T. Guarinus], 1569, in-4, mar. rouge. 31 l.
38. Missa latina, quæ olim ante Romanam, circa annum
700 in usu fuit. Argentinæ, Mylius, 1557, in-8, mar. r. 207 l.
49. De Conciliis Sinodia Ugonia episcopi
phamaugustani. Venetiis, 1563, in-fol., veau fauve. 48 l.
61. Ludovici Molinæ Concordia liberi Arbitrii cum
Gratiæ donis. Olyssipone, Riberius, 1588. Appendix ad Concordiam liberi
Arbitrii Lud. Molinæ. Olyssipone, de Lyra, 1589. In-4, mar. bleu. 24 l. 5.
73. De Inferno, et statu Dæmonum ante mundi exitium,
libri quinque. Mediolani, Ex Collegij Ambrosiani Typographia, 1621, in-4, mar.
vert. 53 l.
75. Francisci Collii Collegii Ambrosiani Doctoris De
Animabus Paganorum libri quinque. Mediolani, Ex Collegij Ambrosiani
Typographia, 1622 et 1633, 2 vol. in-4, mar. r. 80 l.
141. De Trinitatis erroribus libri septem. Per Michælem
Serveto, 1531. - Dialogorum de Trinitate libri duo. De Justicia regni Christi, Capitula
Quatuor. Per Michælem Serveto, 1532. In-8, mar. bleu. 321 l. 1.
152. De Duplici statu, officio, et cognitione
Christi, Videlicet, secundum carnem, & secundum Spiritum, 1546, in-8, mar.
r. 181 l. 19.
166. Spaccio de la Bestia trionfante, proposto da
Giove. Paris, 1584, in-8, mar. r. 219 l.
168. La Cena de le Ceneri. Descritta in cinque
dialogi, per quattro interlocutori, 1584, in-8, veau fauve. 120 l.
184. Réflexions curieuses d’un Esprit des-Interressé
sur les matières les plus importantes au salut, tant Public que Particulier.
Cologne [Amsterdam], Claude Emanuel, 1678, in-12, mar. bleu. 6 l. 4.
189. Ant. Augustini, Archiep. Tarraconensis, de
emendatione Gratiani Dialogorum libri duo. Tarracone, Philippe Mey, 1587, in-4,
mar. r. 43 l. 12.
198. Antonii Sanctarelli, ex Societate Jesu, Tractatus,
de hæresi, schismate, apostasia, sollicitatione in sacramento Poenitentiæ.
Rome, Zannetti, 1625, in-4, mar. bleu. 20 l.
203. Statuta ordinis cartusiensis a domno Guigone
priore cartusie edita. Bâle, Johannes Amerbach, 1510, in-fol., veau fauve. [Illustration
attribuée à l’artiste bâlois Urs Graf, comprenant 5 grandes compositions
gravées sur bois et 33 petits portraits répétés de papes et d’évêques dans la
dernière partie]. 48 l.
204. Regulæ Societatis Jesu. Rome, 1582, in-12, mar.
r. 150 l.
213. Teatro Jesuitico apologetico. Coimbra, 1654,
in-4, mar. bleu. 800 l.
229. Sebast. Ximenès Concordantiæ. Toleti, Rodericus,
1596, et Rodriguez, 1619, 2 vol. in-fol., mar. r. 24 l.
230. Digestorum, seu Pandectarum, libri quinquaginta.
Florence, Torrentinus, 1553, 3 vol. in-fol., Carta Magna, mar. r., lavé, réglé.
73 l. 19.
Photographie Université de Liège |
276. Speculum vitæ humanæ. Lyon, Guillaume Le Roy,
1477, in-4, mar. r. 79 l. 19.
283. Ioannis Marianæ […] de rege et regis institutione
Libri III. Toleti, Petrum Rodericum, 1599, in-4, mar. bleu. 101 l. 19.
Photographie Librairie Gaelle Cambon |
287. De la puissance légitime du Prince sur le
peuple, et du peuple sur le Prince. 1581, in-8, mar. bleu. 12 l. 5. [Librairie
Gaelle Cambon, Tours, novembre 2018 : 3.000 €]
289. Question royalle et sa décision [par l’abbé de
Saint-Cyran]. Paris, Du Bray, 1606 [i.e. 1609], in-12, mar. bleu. Édition
originale. 10 l.
Photographie BnF |
290. Considérations politiques sur les coups d’Estat.
Par G. N. P. [Gabriel Naudé Parisien]. Rome, 1639, in-4, gr. pap., mar. r. avec
initiales P. G. D. P. au bas du dos. 30 l. [Sotheby’s, Paris, 12 octobre
2010 : 51.150 €]
Photographie B.M. Lyon |
306. Manuel ou, Enchiridion de prières. Contenant les
Sept Pseaumes penitentiaux diverses oraisons de Leon Pape, & plusieurs
autres oraisons contre les perils du Monde. Lyon, 1584, in-24, mar. bleu. 27 l.
19.
308. Henrici Cornelii Agrippæ Opera omnia. Lugd.,
Peringos Fratres, 1550, 3 vol. in-8, mar. vert. 26 l. 10.
378. Phytanthoza-iconographia, Sive Conspectus
Aliquot millium, Tam Indigenarum quam Exoticarum. Ratisbonne, 1737-1745, 4 vol.
in-fol., fig., « reliés en écaille du Pays ». 563 l.
391. Traité de l’Adianton, ou cheveu de Vénus,
contenant la description […] de cette Plante. Par Pierre Formi. Montpellier, Du
Buisson, 1644, in-8, mar. vert. 15 l.
405. Tratado de las langostas muy util y necessario.
Madrid, Luis Sanchez, 1620, mar. vert. 20 l.
485. Le Diverse & Artificiose Machine del
capitano Agostino Ramelli. Paris, 1588, in-fol., fig., mar. bleu. 40 l.
Photographie BnF |
544. La Méthode nouvelle et Invention extraordinaire
de dresser les chevaux. Anvers, Jacques Van Meurs, 1658, in-fol., gr. pap.,
fig., mar. citron. 100 l.
560. Etymologicum magnum græcum [en grec]. Venise,
Zacharias Callierges et Nicolaos Blastos, 8 juillet 1499, in-fol., carta magna,
mar. citron [Chef-d’œuvre de la prototypographie grecque en Occident]. 69 l.
19.
567. Joannis de Janua, ordinis fratrum prædicatorum,
summa, quæ vocatur Catholicon. Moguntiæ, P. Schoeffer, 1460, 2 vol. in-fol.,
mar. r. 200 l.
568. Stephani Doleti Commentariorum linguæ latinæ
volumina duo. Lyon, Gryphius, 1536, in-fol., veau fauve. 126 l.
Exemplaire de Girardot de Préfond Paris, Piasa, 19 oct 2016 : 10.652 € |
710. Le Rommant de la Rose. Paris, Galliot du Pré,
1529, in-8, fig., mar. rouge, lettres rondes. 25 l. [Provient de la
bibliothèque de la comtesse de Verrue (1670-1736) : alors relié en mar. bleu
à ses armes, Maximilien-Louis de Clinchamp l’aurait fait relier par
Trautz-Bauzonnet. Piasa, 19 octobre 2016 : 10.652 €. Librairie Amélie
Sourget, automne 2018 : 25.000 €]
Exemplaire de Girardot de Préfond Drouot, 11 décembre 2015 : 202.532 € |
714. Les fais maistre alain Chartier notaire et secretaire
du Roy charles vie. Paris, Pierre le Caron, 1484, in-fol., veau
fauve [rel. attribuée à Boyet par Eugène Paillet]. 23 l. 19. [Drouot, 11
décembre 2015 : 202.532 €]
768. Orlando innamorato composto. Venise, 1545, in-4,
mar. bleu. 93 l. 19.
883. Hypnerotomachia Poliphili. 1545, in-fol., fig.,
mar. r. 30 l.
961. Le recueil des histoires troIennes contenans
troys livres. Paris, Vérard, s. d. [1494], in-fol., goth., sur vélin,
miniatures, gr. pap., veau marbré. 621 l.
Photographie BnF |
1.011. Les Œuvres de Bernard de Bluet d’Arberes, comte
de Permission. 1601, 2 vol. in-12, mar. r. 96 l. 19.
1.042. Francisci Philelphi Epistolarum familiarium
libri XXXVII. Venise, De Gregoriis, 1502, in-fol., mar. bleu. 180 l.
1.060. Collectionnes Peregrinationum in Indiam
Orientalem et Indiam Occidentalem, XXV partibus comprehensæ, opus illustratum
figuris Fratrum de Bry et Meriani. Francfort, 1590-1634, 12 vol. in-fol., mar.
bleu. 985 l.
1.065. Historia del Gran Tamorlan. Sevilla, Pescioni,
1582, in-fol., mar. r. 144 l.
1.211. Histoire de France, depuis Faramond iusqu’à
maintenant. Par F. E. du Mezeray. Paris, Guillemot, 1643 et suiv., 3 vol.
in-fol., fig., mar. r. 159 l. 19.
1.258. Figures des monnoyes de France. S. l., s. n., 1619,
in-4, mar. citron. 120 l.
1.259. Recherches curieuses des monoyes de France. Par
Claude Bouterouë. Paris, Edme Martin, 1666, in-fol., gr. pap., fig., veau
marbré. 80 l.
1.282. Nuevo descubrimiento del gran rio de las
Amazonas. Madrid, 1641, in-4, mar. r. 252 l.
« C’est un des premiers catalogues où l’on
rencontre des notes et des éclaircissemens bibliographiques. Mais ce catalogue
ne contient pas les beaux livres de Girardot de Préfond, qui portaient la
plupart, à la première garde, un écusson doré sur maroquin vert, bleu ou rouge,
que certains acquéreurs de ces livres provenant de sa seconde bibliothèque ont
enlevé, pour ne paraître pas enrichir la leur aux dépens de ce riche marchand
de bois, qui avait un goût délicat de bibliophile. Cette seconde bibliothèque
de Girardot de Préfond, où pas un article n’était ordinaire, fut achetée en
bloc par le comte de Mac-Carthy, qui la réunit à la sienne. » [sic]
(Bibliothèque de M. G. de Pixerécourt.
Paris, 1838, p. 326, n° 2.199)
Girardot de Préfond utilisa deux ex-libris :
Photographie Librairie Gaelle Cambon |
-
avant
1757 : un ex-libris gravé [86 x 62 mm], qui porte ses armes,
« Ecartelé : aux 1 et 4, d’argent au lion de sable ; aux 2 et 3,
de gueules au chevron d’argent », sous une couronne de comte. Accompagné ou
non d’une bande de maroquin portant « GIRARDOT DE PREFOND ».
-
après
1757 : un ex-libris ovale [30 x 27 mm], orné d’une guirlande de feuillage
en dorure, sur maroquin de couleur, portant « EX MUSÆO PAULI GIRARDOT DE
PREFOND » ; cet ex-libris sera copié par le relieur Joseph Thouvenin
(1791-1834), pour son super ex-libris, et par La Roche Lacarelle (1816-1887).
La seconde bibliothèque de Girardot de Préfond fut
plus grande et plus rare que la première. Le 17 janvier 1768, Pierre-Antoine
Soyer, secrétaire et bibliothécaire du marquis de Paulmy (1722-1787),
écrivit :
« J’ay l’honneur d’envoyer à Monseigneur la
note des livres que je luy ay acquis cette semaine, à la vente de M. de La
Vallière. Dans tout ce qui étoit sur le catalogue, il n’y a eu que la Bible de
Mayence que je n’ay point eue. Mon oncle [Capperonnier, de la Bibliothèque du
Roi] l’avoit portée à 600 livres, parce qu’elle étoit sur papier. Cependant, il
s’est trouvé là un M. Girardot de Préfonds qui l’a payée 2,500 livres. Il avoit
pour concurrent un homme chargé d’une commission pour un évêque portugais, qui
la luy a fait payer ce prix. Quelle folie ! M. de La Vallière gagne sur
cet article 700 livres, parce qu’on m’a dit qu’il ne l’avoit payée que 1,800
livres aux Jésuites. M. Girardot de Préfonds vient d’hériter de 100,000 livres.
Il est dangereux qu’il veuille un livre qu’on désire. » [sic]
(Henry Martin. Histoire de la Bibliothèque de
l’Arsenal. Paris, Plon, 1900, p. 54)
Girardot de Préfond acheta, au mois d’avril 1769,
à la vente des livres du cabinet de Louis-Jean Gaignat (1697-1768), des articles
de la plus grande rareté, dont
Photographie British Library |
une Bible de Gutenberg imprimée sur vélin (2
vol. in-fol., mar. r.), pour 2.100 livres [adjugée 6.260 francs à Thomas Grenville (1755-1846) lors de la vente
Mac-Carthy en 1817, aujourd’hui à la British Library],
Photographie BnF |
et un Psautier de 1457
imprimé sur vélin (in-fol., mar. r.), pour 1.340 livres [adjugé 12.000 francs
lors de la vente Mac-Carthy en 1817, aujourd’hui à la BnF].
La même année 1769, sous la pression de ses
créanciers, Girardot de Préfond dut se résoudre à vendre en bloc la majeure partie
de cette seconde collection au comte de Mac-Carthy Reagh (1744-1811), pour la
somme de 50.000 francs.
Paul Girardot de Préfond déménagea bientôt dans
le IIe arrondissement actuel, rue du Sentier, puis rue Beauregard. Resté
célibataire, il mourut très vraisemblablement à Paris, dans les premières
années du XIXe siècle - probablement
vers 1808 -, dans l’indifférence générale.
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