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Monistrol en 1788 |
Fils d’un valet de ferme au village de Trevas [Haute-Loire], qui dépendait alors de la commune de Monistrol-sur-Loire et qui, depuis 1860, dépend de la commune Les Villettes, Marcellin Duplain (1670-1740) s’associa, le 20 septembre 1702, avec Claude Bachelu (1635-1716), libraire à Lyon, installé depuis 1669 grande rue Mercière [la rue Mercière se distinguait autrefois en « petite rue Mercière » au nord de la rue Dubois, et « grande rue Mercière » au sud], vis-à-vis l’église Saint-Antoine, au coin de la rue Ferrandière, plusieurs fois poursuivi pour contrefaçon.
Plan de Lyon en 1746 |
Le 24 février 1705, en l’église Saint-Nizier, Marcellin Duplain épousa la fille de son associé, Constance Bachelu (1671-1741), et reçut à cette occasion la moitié du fonds de la librairie de son beau-père, dont il acheta l’autre moitié en 1710. En 1712, il acheta le fonds de son beau-frère, Laurent Bachelu (1656-1734), libraire rue Neuve, près de l’église Saint-Nizier. Il devint syndic de la communauté en 1735.
Marcellin Duplain eut deux fils : Pierre Duplain, né le 27 septembre 1707, et Benoît Duplain, né le 11 septembre 1711, baptisés tous les deux en l’église Saint-Nizier, paroisse de la famille.
À partir de 1736, il s’associa avec ses deux fils. Après l’enterrement de Marcellin Duplain, le 30 octobre 1740, à l’âge de 70 ans, ses deux fils s’associèrent pour lui succéder, sous l’appellation « Frères Duplain ». Leur mère fut inhumée le 25 février 1741, à l’âge de 70 ans.
Pierre Duplain avait épousé, le 12 février 1738,
en l’égise Saint-Nizier, Madeleine Bruyset, née le 20 juin 1715, fille de Louis
Bruyset (1683-1762), libraire rue Mercière, et de Andrée Lions.
Benoît Duplain épousa, le 9 septembre 1742, en la
même église, Claudine Mandiot, née le 20 janvier 1716, fille de Léonard
Mandiot, plieur de soie rue des Quatre Chapeaux, et de Genette Bonnifay.
Les deux frères exercèrent dans la grande maison
des chanoines de Saint-Antoine, rue Mercière, au coin de la rue de la Monnaie.
Ils devinrent adjoints, puis syndics de la communauté : Pierre de 1754 à
1765, Benoît de 1771 à 1774. De 1759 à 1768, ils furent libraires de l’Académie
des sciences et belles lettres de la ville de Lyon. Ils possédaient des maisons
à la campagne : Pierre à Vaise, Benoît à Pierre-Bénite.
Ils furent les premiers à introduire dans leur
ville la vente de livres aux enchères :
« Nous avouons cependant avec franchise que nous ne faisons que suivre les traces de M. Gabriel Martin, qui l’a introduite dans Paris, avec un applaudissement général, & un succès avantageux pour toutes les familles. » [sic]
(Catalogue des livres de feu MR. Basset. Lyon, Frères Duplain, 1753, p. iv)
Bibliotheca
Rocheboniana, ou Catalogue de la
bibliothèque De Feu Monseigneur Charles François de Chateauneuf de Rochebonne,
Archevêque & Comte de Lyon, Pair de France (Lyon,
s. n. [Benoît Duplain], 1740, in-12, [1]-[1 bl.]-VI-114 p., 1.417 lots), dont
Theologia [622 lots = 43,89 %], Jurisprudentia [276 lots = 19,47 %], Scientiæ
et Artes [69 lots = 4,86 %], Humaniores Litteræ [103 lots = 7,26 %], Historia
[347 lots = 24,48 %].
Plus un catalogue
supplémentaire, rarement rencontré : Tractatus
Singulares circa Controversias in Ecclesia Ortas in Materia Prædestinationis
& Gratiæ, & occasione
Libri Jansenii inscripti Augustinus, &c. (S.
l. [Lyon], s. n. [Benoît Duplain], s. d. [1740], in-12, 21-[1 bl.] p., 275
lots).
Charles-François de Châteauneuf de Rochebonne est né à Lyon le 6 janvier 1671 et fut baptisé en l’église Sainte-Croix [détruite à la Révolution] le 6 février suivant.
Château de Rochebonne |
Il était le fils de Charles-François de Châteauneuf, marquis de Rochebonne [Theizé, Rhône], vicomte d’Oingt [Rhône], lieutenant pour Sa Majesté en Lyonnais, Forez et Beaujolais, et de Thérèse Adhémar de Monteil de Grignan, fille de Louis Adhémar de Monteil, comte de Grignan [Drôme].
Reçu chanoine-comte de Lyon le 22 décembre 1691,
docteur de la maison de Navarre, vicaire-général de Poitiers [Vienne], député
par la province de Bordeaux [Gironde] à l’assemblée du clergé en 1707, il fut
nommé évêque-comte de Noyon [Oise], se fit sacrer à Poitiers, et comme pair de
France, assista au sacre de Louis XV, le 22 octobre 1722.
Pourvu de l’archevêché de Lyon le 6 février 1731,
il prit possession de son nouveau siège par procureur, le 15 janvier 1732, et
fit son entrée solennelle à Lyon le 17 août suivant, par la porte de Vaise. Par
un mandement du 12 décembre 1736, il ordonna de murer les portes de la chapelle
récemment construite hors des portes de Saint-Just, auprès du tombeau de
Flavius Florentius, vénéré comme un saint par la superstition populaire ;
et par un autre, du 5 août 1738, établit, le jour de l’Assomption, une
procession générale en souvenir du vœu de Louis XIII. Abbé d’Élan [Ardennes] et
de Saint-Riquier [Somme], il mourut à Lyon le 28 février 1740 et fut inhumé le
3 mars suivant dans l’église Sainte-Croix.
Cet archevêque avait rassemblé une importante
collection d’ouvrages liturgiques et théologiques, vendue après son décès, à
partir du 26 avril 1740, pour liquider sa situation financière fort embarrassée.
Photographies B.M. Lyon |
Son ex-libris [100 x 80 mm] est à ses armes : « De gueules, à trois tours donjonnées chacune de trois tourelles d’or ».
Bibliotheca S ****** [Saviana] sive
Catalogus librorum bibliothecæ illustrissimi viri D. P. D. S ***
[Dominus Petrus De Sève] digestus & descriptus à B. Duplain, Juniore,
Bibliopola Lugdunensi (Lyon, André Périsse fils
et Frères Duplain, 1741, in-12, [1]-[1 bl.]-[8]-163-[1 bl.] p., 2.103 + 1
double [*] = 2.104 lots, lot 1.051 chiffré 1.851), dont Theologia [288 lots = 13,68 %],
Jurisprudentia [173 lots = 8,22 %], Scientiæ et Artes [205 lots = 9,74 %],
Humaniores Litteræ [386 lots = 18,34 %], Historia [1.052 lots = 50 %].
Fils de Mathieu de Sève (1633-1695), lieutenant général en la sénéchaussée en 1657, président au Présidial en 1662, conseiller au conseil d’État et privé,
Château de Fléchères |
baron de Fléchères [Fareins, Ain], trésorier de France en 1694-1695, Pierre de Sève, né le 27 janvier 1660 et baptisé le lendemain en l’église Sainte-Croix, fut baron de Fléchères, lieutenant-général en la sénéchaussée, président au Présidial en 1691, président en la Cour des Monnaies en 1705. Il mourut le 8 février 1726 et fut enterré à l’Hôtel-Dieu, auquel il avait fait un don de 20.000 livres.
Fascé d’or et de sable, à la bordure componnée de même. Photographie B.M. Lyon |
« NOus donnons au Public le Catalogue d’une
Bibliotheque assez considerable & assez bien choisie, pour mériter quelque
attention. On y trouvera bien des Livres rares, & une Collection peu
commune d’Historiens Généraux & Particuliers. L’ordre que nous avons suivis
dans l’arrangement de ce Catalogue, n’est autre que le systême de M.
Gab. Martin, Libraire de Paris, qui nous a toûjours paru le plus
clair & le plus méthodique.
Cette Bibliotheque sera venduë en détail, à l’amiable, le
quatriéme jour de Décembre de la presente année 1741. & jours
suivans, dans les Sales qu’elle occupe de la Maison où sont logés les Freres
DUPLAIN. Les Personnes qui
souhaiteront faire l’acquisition de quelques Livres pourront s’addresser à l’un
ou l’autre des Libraires nommés sur le Frontispice du Catalogue. Les prix
seront marqués dans l’interieur de chaque Livre, sur lesquels on ne fera
aucune diminution. » [sic]
(« Avis des libraires », p. [3])
Catalogus librorum
bibliothecæ Domini Joannis-Hieronymi Pestalozzi, Medici Lugdunensis celeberrimi (Lugduni, Fratres
Duplain, 1743, in-8, 104 p., 1.416 lots), dont Theologia [55 lots = 3,88 %],
Jurisprudentia [12 lots = 0,84 %], Scientiæ et Artes [973 lots = 68,71 %],
Humaniores Litteræ [130 lots = 9,18 %], Historia [246 lots = 17,37 %].
Dans le Journal des connaissances utiles, 1834, p. 141 |
Jean-Jérôme Pestalozzi, né à Venise [Italie] le 23 juin 1674, reçu docteur en médecine à Valence [Drôme], fut médecin agrégé au collège de Lyon, médecin de l’Hôtel-Dieu de 1696 à 1719 et membre de l’Académie de Lyon.
Plan de la ville de Lyon en 1740 |
Place Saint-Pierre, Lyon, 1700 Eglises Saint-Pierre à gauche et Saint-Saturnin [détruite à la Révolution] à droite Photographie B.M. Lyon |
Il est mort le 26 avril 1742, rue Saint-Pierre, à Lyon et a été inhumé le lendemain dans l’église Saint-Pierre [église Saint-Pierre-des-Terreaux]. Il avait acheté le cabinet d’histoire naturelle du célèbre voyageur Balthazar de Monconys (1611-1665). Il a laissé plusieurs ouvrages : Traité de l’eau de mille-fleurs, remède à la mode (Lyon, Veuve de J. B. Guillimin et Théodore L’Abbé, 1706), Jonas dans la baleine, dissertation critique (Lyon, s. n., 1719), Avis de précaution contre la maladie contagieuse de Marseille, qui contient une idée complette de la Peste & de ses accidens (Lyon, Frères Bruyset, 1721), Dissertation sur les causes et la nature de la peste (Bordeaux, R. Brun, 1722).
La vente de sa bibliothèque eut lieu à partir du
17 juin 1743, dans sa maison. Son riche « Cabinet de Naturalités »
[minéraux, pétrifications, métaux, végétaux, animaux] fut acheté par la ville
de Lyon.
Catalogue du cabinet de livres de M. D. F *** (Lyon, Frères Duplain, 1745, in-8, [1]-[1
bl.]-[6]-56 p., 559 lots), dont Théologie [60 lots = 10,73 %], Jurisprudence
[41 lots = 7,33 %], Sciences et Arts [64 lots = 11,44 %], Belles-Lettres [92
lots = 16,45 %], Histoire [302 lots = 54,02 %].
Choix de livres sur différentes matières, à prix marqués, vendus « en détail et à l’amiable », à partir du mercredi 1er septembre 1745, dans une salle de la maison de la veuve Tournachon, grande rue Mercière, vis-à-vis de l’église de Saint-Antoine.
Catalogue d’un cabinet de livres choisis (Lyon, Frères Duplain, 1747, in-8, [1]-[1
bl.]-[2]-64 p., 947 lots), dont Théologie [109 lots = 11,51 %], Jurisprudence
[76 lots = 8,02 %], Sciences et Arts [164 lots = 17,31 %], Belles-Lettres [188
lots = 19,85 %], Histoire [365 lots = 38,54 %], Livres acquis pendant
l’impression du Catalogue [45 lots = 4,75 %].
Choix de livres fait dans différents cabinets, auxquels ont été ajoutés beaucoup de livres neufs du fonds des libraires, à prix marqués, vendus « à l’amiable et en détail », dans la maison appelée « du Saint Esprit », grande rue Mercière, vis-à-vis l’enseigne de Saint-Thomas d’Aquin, au second étage, du lundi 27 mars au samedi 8 avril 1747.
Catalogue d’un cabinet de livres choisis et bien
conditionnés (Lyon, Frères Duplain,
1748, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-62 p., 881 lots), dont Théologie [113 lots = 12,82
%], Jurisprudence [81 lots = 9,19 %], Sciences et Arts [174 lots = 19,75 %],
Belles-Lettres [181 lots = 20,54 %], Histoire [325 lots = 36,88 %], Supplément
[7 lots = 0,79 %].
« Ce Cabinet qui est bien plus complet que celui de l’année dernière, satisfera, comme nous l’espérons, ceux qui n’ont pu jusqu’à présent avoir part au bénéfice réel que nous n’accordons qu’à cause d’une cessation de commerce, occasionnée par la continuation de la guerre. » [sic]
(« Avis des libraires », p. [3]-[4])
Les livres, à prix marqués « à vingt pour cent au-dessous de leur valeur ordinaire », furent vendus du 4 au 15 juin 1748, dans les magasins des frères Duplain, rue Mercière, maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine.
Catalogue des livres de feu MR.
Basset, président en la Cour des monnoyes, &c. (Lyon, Frères Duplain, 1753, in-8, vij-[1]-129-[1
bl.]-8 p., 2.409 + 6 doubles [*] = 2.415 lots), dont Théologie [300 lots =
12,42 %], Jurisprudence [320 lots = 13,25 %], Sciences et Arts [395 lots =
16,35 %], Belles Lettres [449 lots = 18,59 %], Histoire [697 lots = 28,86 %],
Supplément [68 lots = 2,81 %], Second supplément = Livres de musique, vendus à
partir du jeudi 26 avril [186 lots = 7,70 %].
D’une famille originaire du Forez, Jean-Baptiste Basset, naquit à Lyon le 20 juillet 1717 de Charles Basset, ancien échevin, receveur-général des étapes de la généralité de Lyon, et de Jeanne Périgny, et fut baptisé le lendemain en l’église Sainte-Croix. Dès qu’il eut fini ses études de droit, on lui acheta une charge de président à la Cour des monnaies de Lyon. Sa mort arriva le 25 juillet 1752, laissant sa femme, Marie-Louise Claret de La Tourrette, encore jeune, mère de trois fils et d’une fille. La messe d’enterrement eut lieu le lendemain en l’église Saint-Nizier. L’Académie des Sciences et Belles Lettre de Lyon l’avait reçu en 1746.
Aux livres du président Basset furent joints les
doubles de l’une des plus grandes bibliothèques de la ville et les livres d’un
savant ecclésiastique héritier d’un oncle médecin. La vente eut lieu dans une
salle de l’une des trois maisons des chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue
Mercière, au second étage, du lundi 12 mars au vendredi 13 avril 1753 ; les
jours suivants, furent vendus environ 75 numéros par séances, depuis le n°
2.071 jusqu’à la fin.
« Nous nous retenons cependant la faculté de retirer le Decameron de Bocace de la véritable édition de 1527. in-4°. au-dessous d’une enchére de 150. liv. [n° 1.292]
le corps des Historiens d’Italie & autres ouvrages de M. Muratori, en 37. vol. in-fol. au-dessous de 900. liv. [n°s 1.757-1.758-1.759]
&
l’Atlas de Blaeu 12. vol. in-fol. au-dessous de 700. liv. [n°
1.488] les possesseurs de ces trois articles aimant mieux les garder, que
de les relâcher à ces prix. » [sic]
(« Avis des libraires », p. iv)
Catalogue des livres de M. le P. de C**.
Et de feu M. l’abbé de T*** (Lyon, Frères Duplain, 1755, in-8, xii-119-[1
bl.] p., 1.560 + 12 doubles [*] + 1 triple [**] = 1.573 lots), dont Théologie
[268 lots = 17,03 %], Jurisprudence [107 lots = 6,80 %], Sciences et Arts [220
lots = 13,98 %], Belles-Lettres [371 lots = 23,58 %], Histoire [575 lots =
36,55 %], Livres oubliés pendant l’arrangement du Catalogue [32 lots = 2,03 %].
Catalogus librorum D. D. Gabrielis de Glatigny,
Regi à Consiliis in Supremâ Monetarum, Senescalli & Praesidialis Curiâ
Lugdunensis Provinciæ, Regiarum Causarum Actoris (Lugduni, Fratres Duplain, 1755, in-8, [1]-[1
bl.]-[12]-118 p., 1.538 + 1 double [*] + 1 triple[**] = 1.540 lots), dont
Theologia [132 lots = 8,57 %], Jurisprudentia [218 lots = 14,15 %], Scientiæ et
Artes [165 lots = 10,71 %], Humaniores Litteræ [431 lots = 27,98 %], Historia
[594 lots = 38,57 %].
D’une famille originaire de Bayonne et établie à Lyon au XVIe siècle, Gabriel de Glatigny, troisième du nom, fils de Gabriel de Glatigny (1648-1725), conseiller du Roi en la sénéchaussée et présidial de Lyon, et de Marie-Anne Chervin-Rivière, est né le 9 octobre 1690 et a été baptisé le lendemain en l’église Sainte-Croix. Reçu avocat général à la cour des monnaies, sénéchaussée et siège présidial de Lyon en 1717, par la démission de son père, il fut membre de l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon. Marié le 29 avril 1718 à Marie-Anne Millière, fille de Jacques Millière, secrétaire du Roi, et de Marie Giraud, il mourut le 24 mai 1755. Ses œuvres furent publiées par les soins du président J.-A. de Fleurieu, son ami intime : Œuvres posthumes de Monsieur de*** contenant ses harangues au palais, ses discours académiques, &c. (Lyon, Frères Duplain, 1757, in-8).
Photographie B. M. Lyon |
Son ex-libris porte ses armes : « De
gueules au chevron d’or, accompagné de trois roses de même, au chef d’or ».
Sa bibliothèque fut vendue du lundi 8 mars au
mardi 6 avril 1756, dans une salle située au second étage de la maison des
chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière.
« Chaque jour outre les Livres indiqués, nous exposerons en Vente des Paquets qui ne contiennent que des Livres dépareillés ou de peu de Valeur, qui ne meritoient pas place dans le Catalogue. Et à la fin de la vente, ou même dans le courant, si l’on l’éxige, nous vendrons au plus offrant deux Globes, l’un céleste suivant le système de Ticho-Brahe, & les observations du célébre Pilote Pierre Theodore, & l’autre terrestre par Jocodius Hondius. Ce dernier a besoin de quelques legères réparations, & tous les deux sont montés sur des pieds de bois d’Ebène, avec leurs couvertures de laine. » [sic]
(« Avis des libraires » [en latin et en
français], p. [4]-[5])
Vente des livres De feu M. Roviere (Lyon, Frères Duplain,
1756, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-17-[1 bl.] p., 398 lots), dont In-folio [72 lots =
18,09 %], In-quarto [68 lots = 17,08 %], In-octavo, in-douze et
in-vingt-quatre, etc. [258 lots = 64,82 %].
Lambert Rouvière [alias Rovière], trésorier de France, membre de l’Académie des sciences et belles lettres de Lyon, est né à Lyon le 20 octobre 1679 et y est mort le 14 juillet 1756. Il avait acquis une telle supériorité en numismatique que Gros de Boze même le consultait. Ce fut lui qui donna à l’Académie la devise « Athaeneum lugdunense restitutum ».
Ses livres et ceux de son frère, archidiacre de
l’Église de Marseille, dont il avait été l’héritier, furent vendus dans la
salle où fut faite la vente Glatigny, c’est-à-dire rue Mercière, maison où
demeurent les frères Duplain, du lundi 16 au samedi 21 août 1756. Faute de
temps pour préparer le catalogue, les livres furent classés par formats :
livres de théologie, d’histoire ecclésiastique et de littérature.
Catalogue
des livres de feu M. François Hugues Vercheres de Reffie, Avocat au Parlement de
Bourgogne, Juge de la Ville & Prieuré de Marcigny en Briennois. Et
de Monsieur de *** (Lyon,
Frères Duplain, 1757, in-8, [1]-[1 bl.]-[6]-119 [p. 97-98 absentes]-[1 bl.] p.,
1.525 + 3 doubles [*] = 1.528 lots), dont In-folio [231 lots = 15,11 %],
In-quarto [341 lots = 22,31 %], In-octavo, in-douze, in-24, &c. [903 lots =
59,09 %], Supplément, ou livres oubliés [53 lots = 3,46 %].
Fils de Claude Verchere [sans « è » ni « s »] (1651-1721), avocat en Parlement, et de Germaine Gaulne (1630-1726), François Verchere de Reffye [hameau de Baugy, Saône-et-Loire], né et baptisé le 24 avril 1680 à Marcigny [Saône-et-Loire], reçu avocat à Paris en 1705, épousa, le 9 février 1706 à Semur-en-Brionnais [Saône-et-Loire], Jeanne-Claude Sabbatin (1687-1729), fille de Émilian Sabbatin, avocat en Parlement, et de Claude-Barbe Coyer. Juge de Marcigny en 1717, syndic perpétuel de la ville en 1741, il mourut à Marcigny le 18 février 1755. Il avait fourni 700 articles à la nouvelle édition du Grand Dictionnaire de Louis Moreri. Une de ses filles s’établit au Canada où elle forma un établissement et un petit fort appelé Verchere, à quelques lieues de Montréal, près des îles de Richelieu.
Sa bibliothèque fut transportée à Lyon dans quatre-vingt douze tonneaux qui arrivèrent par bateau sur la Saône, ce qui eut pour conséquence le classement du catalogue par formats. La vente se déroula du mardi 1er au mardi 29 mars 1757, dans une salle située au second étage de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière.
Photographie B. M. Lyon |
Son ex-libris [109 x 78 mm] porte ses armes « De sable, à la fasce d’or, accompagné d’un croissant d’argent en chef, et de trois étoiles rayonnées d’or rangées en pointe », la devise « IN TENEBRIS LUMEN RECTIS » [D’une limpide nuit a surgi la lumière] et le distique « SIDUS UTUMQUE SUUM FELICITER IMPLEAT ORBEM CELESTEMQUE NOTET, QUO JUVAT IRE VIAM » [Que chaque astre avec bonheur fournisse sa carrière, illustrant son parcours de célestes clartés]
Catalogue
des livres de feu Monsieur Cholier de Cibeins, Président en la Cour des Monnoies, &c. (Lyon, Frères Duplain, 1758, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-101-[7] p. [p. 94 chiffrée
« 85 »], 1.026 + 12 doubles [*] + 1 triple [**] = 1.039 lots), dont
Théologie [94 lots = 9,04 %], Jurisprudence [75 lots = 7,21 %], Sciences et
Arts [111 lots = 10,68 %], Belles Lettres [277 lots = 26,66 %], Histoire [409
lots = 39,36 %], « Différens Paquets ne contenant que des Livres d’une
valeur médiocre, ou dépareillés, qui seront adjugés à la fin de chaque
Séance » [lot n° 954 = 0,09 %, mais comprenant 711 vol. en 50 paquets],
« Lirves [sic] qui nous ont eté envoyés pendant l’Impression de ce
Catalogue, ou qui ont été oubliés pendant l’arrangement » [72 lots = 6,92
%].
Louis-Hector de Cholier, fils de Pierre de Cholier (1644-1738), président en la Cour des monnaies, sénéchaussée et présidial de Lyon,
Château de Cibeins |
comte de Cibeins [Misérieux, Ain] depuis 1721, et de
Marianne Baronnat, naquit à Lyon le 12 février 1707 et fut baptisé le 14 en
l’église Sainte-Croix. Il fut président en la cour des monnaies, sénéchaussée
et présidial de Lyon, lieutenant particulier assesseur criminel, l’un des juges
de la chambre souveraine du clergé. Il épousa en 1735, Marie-Jeanne, fille
aînée de Barthélemy-Joseph Hesseler, baron de Bagnols et de Marzé, conseiller
d’honneur en la cour des monnaies, et de Marguerite Pupil de Cuzieu ; et en
1741, Antoinette Planelli, fille de Jean-Baptiste Planelli-Mascranni, seigneur
de la Valette, et de Claude de Serre. Le 3 novembre 1742, il acquit le fief de
Beaumont [Saint-Étienne-sur-Chalaronne, Ain]
Il décéda de mort subite le 19 avril 1757 sur la
paroisse Sainte-Croix.
La plus grande partie du cabinet, à laquelle
furent réunis des livres de différents particuliers, fut vendue du lundi 10 au
jeudi 27 avril 1758, dans une salle située au second étage de la maison des chanoines
réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière.
« La Polyglotte de Walton, le Davila de
l’Imprimerie Royale, Le Virgile d’Ogilvi, Le Phedre à l’usage du Prince de
Nassau, Les Capitulaires de Baluze, Les Medailles de Louis XIV. Le la Fontaine,
Le Marot, Le Crebillon & Le Moliere in-4. Les Poëtes Latins de
Londres, Le Cowper, les Ruines de Palmire, Le Joseph d’Havercamp, Le Suidas de
Cambridge, les Dapper, les Marmol, les Dutertre, les Bullards, les Tournefort,
les deux Banduri dont l’un en grand papier, les belles Editions de Glasgou
& de Coutelier, (aujourd’hui sous le nom de Barbou,) les Museum
Farnesianum, Veronense, Pisanum, Brandeburgicum ; l’Histoire des
Provinces-Unies, avec les magnifiques figures de l’Edition Hollandoise ;
le Journal des Savans in-4. quelques ad usum & variorum in-4.
peu communs ; les Histoires de Samuel Guichenon, le Miscellanea de Spon,
le beau Machiavel in-4. de Londres, & tant d’autres Livres précieux
qui font l’ornement de ce Catalogue » [sic]
(« Avis des libraires », p. [3]-[4])
Le reste de la collection fut entièrement anéantie le 26 octobre 1793, après le soulèvement de Lyon contre la Convention nationale, quand Georges Couthon (1755-1794), paralysé des membres inférieurs et porté par un jacobin, commença, le marteau à la main, ses ravages révolutionnaires par la démolition de l’hôtel de Cibeins, à l’angle de la rue des Deux Maisons [rue Paul Lintier] et de la place de l’Égalité [place Bellecour] « dont la royale magnificence insultait à la misère du peuple et à la simplicité des mœurs républicaines ».
Catalogue des livres de M. du F*** [du Four], négociant (Lyon,
Frères Duplain, 1759, in-8, [1]-[1 bl.]-86 p., 901 + 12 doubles [*] + 1 triple
[**] = 914 lots), dont Théologie [171 lots = 18,70 %], Jurisprudence [36 lots =
3,93 %], Sciences et Arts [110 lots = 12,03 %], Belles-Lettres [231 lots =
25,27 %], Histoire [366 lots = 40,04 %].
Cette bibliothèque fut vendue dans une salle de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière, du 30 avril au 12 mai 1759.
Catalogus
librorum D. Andreæ P. [Perrichon]
(Lugduni,
Fratres Duplain, 1759, in-8, [12]-140 p., 1.688 + 8 doubles [*] = 1.696 lots),
dont Théologie [162 lots = 9,55 %], Jurisprudence [137 lots = 8,07 %], Sciences
et Arts [252 lots = 14,85 %], Humaniores Litteræ [434 lots = 25,58 %], Histoire
[711 lots = 41,92 %].
André Perrichon, fils de Pierre Perrichon (1645-1721), notaire royal, et de Marguerite Severt, né à Lyon le 20 août 1681, ne sera baptisé en l’église Saint-Nizier que le 14 avril 1682. Avocat au Parlement, chevalier de l’Ordre du Roi, secrétaire de la ville de Lyon et du commerce, garde des archives et garde-scel du Consulat [institution détenant le pouvoir municipal jusqu’en 1790], de la Conservation et de la Police de ladite ville depuis 1705, il épousa, le 25 mars 1712, Agathe Estienne (1696-1776), fille de Raymond Estienne, échevin de Lyon, et de Françoise Guillet, qui lui donna 9 enfants, tous baptisés en l’église Saint-Pierre.
André Perrichon mourut le 26 décembre 1758 et fut
inhumé dans l’église Saint-Pierre. Le Consulat laissa à sa veuve la jouissance
de l’appartement qu’il avait occupé à l’Hôtel de Ville et lui octroya une
pension.
Sa bibliothèque ne tarda pas à être vendue dans
une salle de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière,
du lundi 25 février au jeudi 20 mars 1760 :
« Les Livres de Feu M. André P*** l’un des Magistrats de cette Ville, forment une partie considérable du Catalogue que nous présentons au Public ; nous y avons joint ceux qui étoient doubles dans une des plus nombreuses & des plus belles Bibliotheques du Royaume. » [sic] (« Avis des libraires », p [3])
Au cours de la vente, onze lots ont été retirés par les frères Duplain [numéros 1.097-1.100-1.323-1.521-1.523-1.536-1.545-1.551-1.552-1.612-1.626].
Catalogue d’une bibliothèque à vendre (Lyon, Frères Duplain,
1761, in-8, [1]-[1 bl.]-[10]-148 p., 1.646 + 8 doubles [*] + 1 triple [**] =
1.655 lots), dont Théologie [256 lots = 15,46 %], Jurisprudence [48 lots = 2,90
%], Sciences et Arts [220 lots = 13,29 %], Belles-Lettres [405 lots = 24,47 %],
Histoire [726 lots = 43,86 %].
Les trois quarts de ces livres furent tirés du fonds de deux librairies, celles des frères Duplain et de Jacques Deville. Ils furent vendus du mardi 31 mars au lundi 27 avril 1761, en 23 vacations, dans la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière.
Catalogue des livres, estampes, figures, bustes, &c. du cabinet de M. C *** [Clapeyron] (Lyon, Frères Duplain, 1761, in-8,
VIII-62-6-|2] p., 1.103 + [134] = 1.237 lots), dont Théologie [103 lots = 8,32
%], Jurisprudence [191 lots = 15,44 %], Sciences et Arts [140 lots = 11,31 %],
Belles-Lettres [281 lots = 22,71 %], Histoire [231 lots = 18,67 %], Supplément [101
lots = 8,16 %], Estampes [51 lots = 4,12 %], Groupes, figures et bustes [5 lots
= 0,40 %], Second Supplément [134 lots = 10,83 %].
« Etienne Clapeyron, le fils de ce Simon [député au Conseil de commerce, (1656-1724)] dont il a été parlé ici même, ressemblait trait pour trait à son père, autant par le caractère que par le visage ; l’avocat Seguin le décrit “ paillard, mais tartuffe et arrogant ”. Né à Lyon le 4 mai 1702, il s’était trouvé à 22 ans, par l’héritage paternel, à la tête d’une magnifique fortune. Après un début comme avocat, il acheta de François Michallet, qui l’avait résignée pour l’avoir préalablement engagée jusqu’au dernier sou, une charge de trésorier de France au bureau des finances de Lyon.
Grand amateur de livres rares, Clapeyron était intimement introduit
chez tous les libraires lyonnais. Ainsi put-il acheter, un jour du printemps de
1732, chez Rigollet, libraire, quai des Célestins, un exemplaire d’un livre
politique imprimé sous le manteau et recherché par la police. Avec ce goût de
la trahison qu’il tenait de son père et par l’entremise de son frère qui vivait
à Paris, il en avisa le Chancelier, lequel transmit incontinent à l’intendant
de la Généralité de Lyon l’ordre de faire perquisitionner chez Rigollet.
L’intendant fut heureux de se décharger sur Clapeyron de cette peu reluisante
corvée. Rigollet était absent ; Clapeyron se rendit en acheteur dans la
boutique du quai de Saône ; la confiance qu’on lui marquait lui rendit
aisé de tirer une confidence de la servante ; celle-ci avoua qu’il ne
restait plus qu’un exemplaire du livre interdit ; son maître,
ajoutait-elle, le cachait dans une bassinoire de sa cuisine ; mais elle ne
doutait pas qu’il acceptât de le lui vendre à son retour. Ainsi fixé, Clapeyron
n’eut plus qu’à revenir avec un greffier et un huissier pour enlever le livre
prohibé et, le délit étant flagrant, pour faire condamner son vendeur.
L’affaire fit grand bruit en ville ; il n’y eut qu’une seule voix
pour condamner Clapeyron et qualifier sa trahison. “ Il est bon d’être sur ses
gardes, conclut son collègue Michon ; il a de la finesse et de la
dextérité ». Pareil coup de maître n’était pour ce jeune homme de 30 ans,
qu’un simple début.
Il appartenait à l’intendant de la Généralité, au reçu du brevet que le
roi lui transmettait tous les ans en juillet, de répartir la taille entre les “
élus ” qui en assuraient le recouvrement. A cet effet, assisté d’un trésorier
de France, il entreprenait sa “ chevauchée ” afin de s’enquérir, la moisson
terminée, du pouvoir fiscal de chaque paroisse. L’on se rendait d’abord en
carrosse à Villefranche ; puis, à cheval cette fois, on visitait
Saint-Etienne, Montbrison et Roanne d’où l’on revenait à Lyon par la chaise de
poste. L’emploi d’adjoint de l’intendant était assez pénible ; les
trésoriers se le disputaient cependant car une prime de 800 livres y était
attachée.
Au temps où Etienne Clapeyron entrait au bureau des finances, la “
commission pour le département des tailles ” appartenait à Mathieu Gayot de la
Bussière qui était vieux et perclus. Clapeyron commença d’intriguer pour se
faire attribuer l’office dès la mort de son titulaire ; la protection du
chancelier d’Aguesseau, un ami de son père, lui assura le succès dans le temps
même où toute l’opinion publique criait “ haro ” sur lui à propos de l’affaire
Rigollet. A l’automne 1732, on s’avisa que de la Bussière était réellement hors
d’état d’entreprendre la chavauchée ; Clapeyron partit donc ; mais le
scandale fut si grand de voir l’un des plus jeunes officiers, et des plus décriés,
s’assurer d’une aussi profitable mission que l’intendant le fit promptement
rentrer sous le prétexte que, cette année-là, le “ département ” de la taille
se ferait à Lyon. “ Que ne doit-on attendre de lui dans la suite, s’écria
Michon, si Dieu lui donne longue vie ? »
Ce qu’il n’eut pas cette année-là, Clapeyron l’obtint l’année
suivante ; c’était un jeu d’enfant pour ce maître fourbe que de mettre la
main sur une commission aussi mal défendue que largement rétribuée. Dès lors sa
carrière fut régulièrement ascendante jusqu’en 1758, où il prit le titre de
Doyen du bureau des finances. Au surplus, lorsque Bertin, en 1755, fut nommé
intendant de la Généralité, c’est Clapeyron qu’il désigna pour son subdélégué,
à cause de sa “ sagacité ” et de son “ amour du bien public ”.
Alors qu’il n’était qu’au début de sa fortune, Etienne Clapeyron avait
adjoint à la maison héritée de son père (l’actuel n° 4 de la rue Juiverie) la
demeure voisine (n° 6). Dès 1734, il entreprenait de grands travaux pour donner
à l’ensemble un peu archaïque un caractère plus conforme au goût du jour. Ainsi
fut constitué le bel immeuble que l’in nomme aujourd’hui la maison de Henri IV.
Il convient de souligner la majesté de sa façade sur la rue Juiverie, avec, au
rez-de-chaussée, ses deux portes aux élégantes impostes qui font songer à ces
gracieux bandeaux décorant les livres du temps avec son haut étage noble,
largement percé de spacieuses fenêtres, avec les belles arcades de sa cour et
sa haute tour carrée.
Dans cet hôtel où il vivait fastueusement, Etienne Clapeyron, à qui
Michon admet “ de l’éducation, de l’esprit et de l’application à l’étude ”,
avait recueilli une riche bibliothèque d’un milier de volumes qui jouissait
d’une grande réputation parmi les Lyonnais érudits et lettrés ; le joyau
en était une collection presque complète et dans sa reliure d’origine des
auteurs anciens imprimés chez les Elzévirs. Son cabinet d’estampes n’était pas
moins riche ; on le disait “ recommandable par le grand nombre de celles
de Sébastien Le Clerc et par le choix de leurs épreuves ” que Clapeyron avait
achetées au propre fils du graveur.
Toute cette magnifique fortune s’écroula en août 1759, où Clapeyron fit
une banqueroute qu’on estimait à plus de 600.000 livres ; d’aucuns
disaient un million, voire un million et demi de livres. Ce fut la fin. Dès
1758 Clapeyron perdait son titre de subdélégué de l’intendant et nous savons
qu’il dut résigner sa charge de trésorier de France où il fut remplacé le 23
avril 1760 par Claude Thorel. L’année d’après, livres et estampes étaient
vendus publiquement par le libraire Duplain.
A ce moment Clapeyron disparut de Lyon et je n’ai pu apprendre quelle
fin il fit. »
(A. Audin. « Etienne Clapeyron ou Tartuffe bibliophile ».
Dans Lyon républicain, 26 juin 1935, p. 5)
La vente se déroula en 17 vacations, du lundi 1er au vendredi 19 mars 1762.
Catalogue des livres de M. C. P.******** [Camille Perrichon] (Lyon, Frères Duplain, s. d. [1762], in-8, [1]-[1 bl.]-31-[1 bl.] p., 687 lots).
Camille Perrichon, fils de Pierre Perrichon (1645-1721), notaire royal, et de Marguerite Severt, frère d’André Perrichon (1681-1758), est né le 8 février 1678 et fut baptisé le 10 février 1678 en l’église Saint-Nizier. Secrétaire de la ville de Lyon en 1696, il épousa Suzanne Ollivier, fille de David Ollivier, échevin de Lyon, et de Françoise Araison, le 3 septembre 1701.
Jeton consulaire (1739) |
Chevalier de l’Ordre de Saint-Michel en 1720, il fut nommé prévôt des marchands [premier magistrat du consulat] et commandant de la ville de Lyon en 1730 et le resta dix ans. De l’Académie de Lyon, il protégea les hommes de lettres et encouragea le poète Pierre-Joseph Bernard (1708-1775), dit « Gentil-Bernard », à suivre la carrière des lettres, à la suite du succès remporté par son « Ode sur les grandeurs humaines », qu’il lui avait dédiée et qui ne parut qu’un demi-siècle plus tard, dans le Journal de Lyon (21 juillet 1784, p. 227-231). En 1733, il décida la création du médaillier municipal.
Reliure aux armes de Camille Perrichon |
Sa bibliothèque fut dispersée du lundi 10 au mercredi 19 janvier 1763, dans une salle de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, rue Mercière. La dispersion de ses ouvrages en ville et à la campagne n’a pas permis aux Duplain d’arranger un catalogue Les six cent quatre-vingt-sept ouvrages ne sont pas classés, mais listés par ordre de repérage sur les étagères.
La mort de Camille Perrichon arriva le 7 mai
1768. Il avait eu 4 enfants, tous baptisés en l’église Saint-Pierre.
L’association des deux frères Duplain cessa en 1763 : Benoît
Duplain exerça alors sous l’enseigne d’un aigle les ailes déployées, avec la
devise « De plano in altum » [De plain-pied dans les hauteurs] qui
était une allusion à son nom et qui lui avait été fournie par Louis
Bollioud-Mermet (1709-1794), secrétaire perpétuel de l’Académie de Lyon.
Catalogus librorum bibliothecæ DD. de Meaux, in Dombarum Provinciæ
Curia Præsidis, &c., &c… (Lugduni, Benedicti Duplain, 1763, in-8, [1]-[1 bl.]-[10]-111-[1
bl.]-[2] p., 1.281 lots), dont Theologia [76 lots = 5,93 %], Jurisprudentia
[176 lots = 13,73 %], Scientiæ et Artes [185 lots = 14,44 %], Humaniores
Litteræ [282 lots = 22,01 %], Historia [552 lots = 43,09 %], Libri prætermissi
[10 lots = 0,78 %].
Jean-Étienne de Meaux, né et baptisé le 22 mai 1703 en l’église Saint-Pierre de Mâcon [Saône-et-Loire], était fils d’Étienne de Meaux, conseiller du Roi et premier président au bailliage et siège présidial de Mâcon, et de Suzanne-Marie Bernard. Devenu premier président au présidial de Mâcon en 1728 et président au mortier honoraire au Parlement de Dombes en 1750, il épousa Thomasse Leschère, le 22 mai 1753 en l’église Saint-Pierre de Mâcon, reconnaissant à cette occasion ses deux filles, baptisées en l’église de Replonges [Ain] : Marie-Thérèse, le 3 octobre 1739, et Marie-Elisabeth, le 8 août 1744.
Le président De Meaux était fort curieux de beaux livres et de
médailles antiques. Il utilisait deux ex-libris de dimensions inégales [112 x
75 et 195 x 140 mm], à ses armes : « D’azur, au chevron d’or,
accompagné en chef de deux étoiles d’or et en pointe d’un trèfle de
même ».
La vente eut lieu après son décès arrivé en 1763, du lundi 12 au samedi
31 mars 1764, en 18 vacations, dans une grande chambre, au 2e étage
de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, « rue Mercière, en
entrant par l’allée la plus prochaine de celle qui conduit à l’Eglise de ces
Messieurs ». Pierre Adamoli (1707-1769) put acquérir, à cette occasion,
une édition de Claudii
Ptolemæi Alexandrini geographicæ enarrationes ex Biblibaldi Pirckeymheri
tralatione (Lugduni, Fratres Trechsel,
1535, in-fol.) [n° 726].
Catalogue de livres françois, latins, grecs,
italiens, anglois, espagnols, &c. (Lyon, Benoît Duplain, 1765, in-8, [1]-[1 bl.]-306 p.
Vente du fonds très diversifié de Benoît Duplain : les ouvrages sont classés par ordre alphabétique d’auteurs et de titres, sans avis du libraire.
Inventaire des livres de feu Monsieur le
chamarier de Saint Paul, Selon l’ordre journalier de la Vente qui sera
faite (Lyon, Benoît Duplain, 1766, in-8, 55-[1 bl.] p.).
D’une famille originaire de Cologne établie à Lyon en 1480, Jean-Claude Croppet de Varissan [Givors, Rhône] fut baptisé en l’église Saint-Paul de Lyon le 12 février 1711, fils de Pierre Croppet, seigneur d’Irigny [Rhône], capitaine au régiment Dauphin, et de Claudine David de Fonteraine, mariés le 2 octobre 1702.
" D'or à trois quintefeuilles d'azur " |
Docteur de Sorbonne, conseiller en la Cour des Monnaies de Lyon, chamarier [chambrier] de Saint-Paul le 10 mai 1736, il avait formé un cabinet qui « n’étoit point assez considérable pour exiger un Catalogue par ordre de matière. », dont la vente eut lieu, après son décès en 1765, du lundi 17 février au samedi 1er mars 1766, rue Mercière, dans la salle de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine. Furent joints à cet inventaire les livres d’un négociant relatifs au commerce.
Inventaire des livres, tableaux, estampes,
&c. de
feu Monsieur de Gauffecourt,
Selon
l’ordre journalier de la vente qui sera faite (Lyon, Benoît Duplain, 1766, in-8, 37-[1 bl.] p.,
582 livres).
« L’on distribue chez M. Benoît Duplain, Libraire, rue Merciere, à l’Aigle, l’inventaire des Livres, Tableaux, Estampes, & autres effets concernant les Arts, qui ont appartenu à feu M. de Gauffecourt, & dont la vente commencera le Lundi 28 Avril, chez le même Libraire. Parmi les effets compris dans cette vente, l’on trouvera une Orgue à deux cylindres, très-bonne, sur laquelle on peut jouer trente airs différents ; deux Optiques avec leurs Estampes enluminées & très-belles ; un excellent Pentographe ou Singe ; plusieurs Etuis de Mathématiques ; une Machine électrique complette ; tous les Outils d’horlogerie & menuiserie ; & bien d’autres effets détaillés dans l’inventaire des Livres. L’on connoissoit le goût & les talents de feu M. de Gauffecourt, ainsi l’on ne craint point d’assurer que tout étoit travaillé avec soin. Ses Livres peu nombreux, à la vérité, sont bien choisis, & fort proprement conditionnés. Il en avoit relié lui-même une grande partie. » [sic]
(Affiches de Lyon, 23 avril 1766, p. 89-90)
Par J. Daullé (1754), d'après Nonnotte |
Fils de Pierre-Vincent Capronnier [alias Capperonnier] de Gauffecourt († 1749), horloger à Tours, puis à Paris, Jean-Vincent Capronnier de Gauffecourt est né à Paris le 19 novembre 1692. Envoyé par son père à Genève pour se perfectionner dans l’art de l’horlogerie, il entra au service de Pierre Cadiot de La Closure (1663-1748), résident du Roi à Genève, qui lui obtint la fonction de founisseur général des sels pour le canton du Valais. En 1739, il loua une maison à Montbrillant, faubourg de Genève, où il s’initia aux techniques de l’imprimerie ; il passait l’hiver à Paris. Le premier livre qui sortit de sa presse privée fut les Réflexions sur les sentimens agréables, et sur le plaisir attaché à la vertu (Monbrillant [sic], 1743, in-8, VIII-88 p., 21 ex.), par Louis-Jean Levesque de Pouilly (1691-1750). Il devint l’ami de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et de Louise d’Épinay (1726-1783).
Rétabli d’un accident vasculaire cérébral arrivé lors d’un séjour à Paris en 1757, il déménagea en 1760 dans un des appartements du château de La Motte, près de Lyon, et apprit l’art de la reliure auprès de Jean Prudhomme (1717-1766), relieur lyonnais. Il couvrait de papier bleu presque tous les livres qu’il reliait, de sorte qu’on pouvait à juste titre appeler sa bibliothèque « la bibliothèque bleue ».
Photographie BnF |
Il fut l’auteur, et
l’imprimeur, au château de La Motte, du premier ouvrage en français sur la
reliure, intitulé Traité de la relieure des livres (S. l. [Lyon],
s. n., s. d. [1763], in-8, [2]-72 p., 25 ex.), dont on ne connaît que quatre
exemplaires. Resté célibataire, il serait mort au château de La Motte au mois
de mars 1766.
La vente de sa bibliothèque et de son mobilier eut lieu du lundi 28
avril au samedi 3 mai 1766, rue Mercière, au 2e étage de la maison
des chanoines réguliers de Saint-Antoine, et produisit environ 20.000 livres.
Inventaire des livres, estampes, tableaux et
autres effets De M. de M.*** [Margnolas], Selon l’ordre journalier de la vente qui sera faite (Lyon, Benoît Duplain, 1766, in-8, [1]-[1
bl.]-[2]-60 p., 743 livres).
Louis Chappuis était seigneur de Margnolas [Beynost, Ain], de Gletin [Saint-Trivier-sur-Moignans, Ain], de Tramoyes [Ain] et autres lieux, marquis de Miribel [Ain] en 1746 ; il avait été marié en 1743 avec Françoise-Gasparde de Laffrasse de Seynas. Il était fils de Charles-Henry-Alphonse Chappuis, capitaine au Régiment de Bourbon, cavalerie, marié en 1715 avec Marguerite Fayard, qui fut veuve en 1738. La famille des Chappuis de Margnolas portait « D’azur à la fasce d’or, accompagnée de trois roses d’argent ».
Ses affaires
l’obligeant à quitter Lyon au mois de juin 1766, Louis Chappuis vendit ses
livres et autres effets, du lundi 7 au jeudi 17 juillet 1766, rue Mercière,
maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine, au 2e étage :
« Outre une Collection d’excellents Livres de Littérature & d’Histoire, convenables à un homme du monde, on y trouvera une quantité assez considérable & bien choisie d’Estampes, avec de beaux cadres sculptés & dorés & leurs verres, très-propres à orner une Gallerie. On y verra également des Microscopes de différente espece, un Telescope excellent, des Tableaux, & ce que l’on n’a point encore trouvé dans les ventes ordinaires ; deux très-belles Volieres garnies d’une assez grande quantité d’Oiseaux, conservés par les soins du R. Pere Foucault, Religieux Minime, très-connu par les attitudes naturelles qu’il donne aux différents animaux qu’il prépare. » [sic]
(« Avis pour la
vente », p. [3])
Catalogue
des livres doubles produits par la réunion de la Bibliotheque Publique de Lyon,
avec celle du Grand College de la même Ville
& autres, dont la Vente sera faite
en Détail & au plus offrant (Lyon, Benoît Duplain,
1767, in-8, [1]-[1 bl.]-[14]-132 p., 1.206 lots), dont Théologie [227 lots =
18,82 %], Jurisprudence [53 lots = 4,39 %], Sciences et Arts [241 lots = 19,98
%], Belles-Lettres [181 lots = 15 %], Histoire [504 lots = 41,79 %].
L’ancienne Bibliothèque publique de Lyon, connue aussi sous le nom de « Bibliothèque des avocats », avait été primitivement formée par l’avocat Pierre Aubert (1642-1733) qui l’avait cédée à la ville par acte du 22 mai 1731. Elle était placée, avant sa réunion à la Bibliothèque du collège de la Trinité ou Grand Collège [Lycée Ampère depuis 1888, 31 rue de Bourse], dans l’hôtel de Fléchères, près du Palais de Roanne [détruit ; sur son emplacement se trouve le Palais de Justice, quai Romain-Rolland].
Salle de lecture du Collège de la Trinité (Lycée Ampère, 1911) |
La Bibliothèque du
Grand Collège ne possédait qu’un peu plus de 40.000 volumes. Elle devint
beaucoup plus considérable par l’apport qui y fut fait des livres de la
Bibliothèque publique.
Benoît Duplain avait
été chargé par les administrateurs du collège et par les magistrats de Lyon de
la réunion des deux bibliothèques. Il avait été aussi chargé de dresser un
catalogue général par ordre de matières de tous les livres dont se composaient
ces bibliothèques réunies. Cette opération le mit dans le cas de séparer un
grand nombre de livres doubles qui devenaient inutiles et dont la vente se fit sur
le catalogue ci-dessus mentionné, dans lequel se trouvent également inscrits
différents livres provenant de bibliothèques particulières, dont celle de Claude
Ruffier († 1765), seigneur d’Attignat [Ain], trésorier de France.
La vente fut faite du lundi 16 mars au vendredi 3 avril 1767, dans une salle de l’appartement du libraire, rue Mercière, maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine.
« outre beaucoup de gros Corps qui font le fondement des grandes Bibliotheques, comme une Polyglotte, les Mémoires du Clergé, les Grævius & Gronovius, les Conciles, &c… &c… on y trouvera parmi les Livres précieux & rares, la Bible de Mortier, les Poëtes Latins de Londres, le Breviaire d’Henri III, Alvares Pelagius de Planctu Ecclesiæ, Polygamia Triumphatrix, Capitularia Baluzii, Corpus Juris Civilis Elzevir, Constant de la Cour des Monnoies, les Jonston, les Gesner, les Tournefort, l’Hortus Malabarricus, l’Aldrovandus, le Rumphius, les Machine di Ramelli, la Procession Monachale, le Sacre du Roi, les Bibliotheques de la Croix du Maine & de Duverdier, le Bouterouë des Monnoies, les Métamorphoses de Banier, le Mezerai de Guillemot, le Virgile d’Ogilvi, le Jouvenci, Pars V. Historiæ Soc. Jesu, l’Athenée François de Marolles, & une multitude d’autres qu’il seroit trop long de détailler […].
Après le dernier article des Livres de ce
Catalogue,
je mettrai en vente deux grandes & belles Volieres très-bien contournées,
vernies & dorées, fermées par de grands Verres de Boheme, qui
renferment une quantité considérable d’Oiseaux de toute espece, conservés
suivant la Méthode du Pere Foucault, Religieux Minime, dont le
Catalogue seroit trop long pour être inséré dans cet Avertissement. » [sic]
(« Avis du libraire », p. [5]-[7])
Catalogus
librorum non vulgarium, ex
variis bibliothecis collectorum, Tum quorumdam praesertim qui ex utriusque
Bibliothecae Lugdunensis conjunctione duplices supersunt. Auctio publica fiet
(Lugduni, Benedictum Duplain, 1768, in-8, [1]-[1 bl.]-[20]-271-[1 bl.] p.,
2.867 + [26] – 11 supprimés = 2.882 lots), dont Theologia [521 lots = 18,07 %],
Jurisprudentia [247 lots = 8,57 %], Scientiæ et Artes [423 lots = 14,67 %],
Humaniores Litteræ [737 lots = 25,57 %], Historia [928 lots = 32,19 %], Effets
de Physique, de Mathématique et autres [26 lots = 0,90 %].
Deuxième vente des livres doubles produits par la réunion de la Bibliothèque publique à celle du Collège de la Trinité. On y a joint un cabinet de livres choisis. Cette vente, du lundi 2 mai au jeudi 16 juin 1768, en 37 vacations, se fit rue Mercière, dans la salle de la maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine.
Les articles numérotés
161, 382, 385, 518, 520, 521, 558, 1.436, 1.870, 2.034 et 2.035 ont été
supprimés, comme ne devant pas être vendus.
Inventaire
des livres doubles, produits
par la réunion des deux bibliotheques publiques et autres
(Lyon, Benoît Duplain, 1769, in-8, iv-60 p.).
Troisième et dernière vente des livres doubles produits par la réunion des deux bibliothèques publiques. Il ne s’agit pas d’un catalogue par ordre de matières, mais d’un inventaire qui comprend aussi des livres provenant de plusieurs cabinets particuliers et qui ne consiste qu’en 13 numéros.
La vente se déroula du
lundi 17 au lundi 31 juillet 1769, en 13 vacations, dans la salle de la rue
Mercière, à l’Aigle, maison des chanoines réguliers de Saint-Antoine.
Cabinet
de livres choisis à vendre (Lyon, Benoît Duplain,
1769, in-8, 48 p.).
C’est le catalogue du cabinet d’un particulier qui se retire à la campagne :
« M. Benoît Duplain, Libraire, rue Merciere, mettra en vente, au plus offrant & en détail, le Lundi 22 Janvier 1770, les Livres qui composoient le Cabinet d’un Particulier qui se retire à la campagne. Ce n’est point une Bibliotheque savante, mais un Recueil de Livres choisis, à l’usage des personnes qui ne veulent que s’amuser & s’instruire. On y trouvera les Poëtes, les Théatres, beaucoup d’excellents Historiens, & d’autres Livres de Belles-Lettres. Tous sont en général bien conditionnés & très-proprement reliés. Le Particulier qui les a rassemblés y a joint plusieurs Porte-feuilles, contenant beaucoup d’excellentes Estampes, de différents Maîtres, & des meilleures épreuves. Il en est même plusieurs qui sont très-rares. On distribue, chez le même Libraire, l’Inventaire imprimé de ces Livres & de ces Estampes. » [sic]
(Affiches de Lyon,
29 novembre 1769, p. 243)
« Cabinet de Livres choisis, à vendre en détail & au plus offrant. Cette vente commencera le Lundi 22 du mois de Janvier 1770, & continuera les jours suivants à la même heure jusqu’à sa fin [jeudi 1er février], dans une salle occupée par M. Benoît Duplain, Libraire, rue Merciere, à l’Aigle. Le Catalogue, par forme d’inventaire, se distribue chez le même Libraire. » [sic]
(Affiches de Lyon,
29 décembre 1769, p. 258)
La vente se fit en 9 vacations pour les 827 livres, non numérotés, suivies d’une vacation pour 57 lots d’estampes numérotés.
Pierre Duplain mourut le 3 septembre 1768, Benoît Duplain le 17 octobre
1774. Comme
leurs pères, les deux cousins germains, Pierre-Jacques Duplain et Joseph-Benoît
Duplain, se livrèrent au commerce de livres illicites, avec la complicité de la
Société typographique de Neuchâtel [Suisse].
Pierre-Jacques Duplain, né le 15 septembre 1742, était entré en apprentissage chez Pierre Bruyset en 1761 et avait succédé à son père, rue de la Monnaie :
Catalogue
des livres de la bibliotheque de M. le comte de F***
[Fautrières] (Lyon, Pierre J. Duplain aîné, 1771, in-8, [1]-[1 bl.]-[4]-74 p.,
754 – 6 retirés = 748 lots), dont Théologie [107 lots = 14,30 %], Jurisprudence
[45 lots = 6,01 %], Sciences et Arts [130 lots = 17,37 %], Histoire [208 lots =
27,80 %], Géographie, Voyages [84 lots = 11,22 %], Romans, Poésies, Théâtres
[112 lots = 14,97 %], Histoire littéraire [54 lots = 7,21 %], Musique [8 lots =
1,06 %].
« M. Michel de
Faultrieres, Comte de Faultrieres [Fautrières, commune réunie à Palinges en
1823, Saône-et-Loire], Seigneur de Courcheval [Corcheval, Beaubery,
Saône-et-Loire], Beaubry [Beaubery, Saône-et-Loire], Sally [Sailly,
Saône-et-Loire], Cherisey [Chérizet, la plus petite commune de Saône-et-Loire],
la Mothe & autres lieux, ancien Exempt [officier qui commande en l’absence
du capitaine et des lieutenants] des Gardes du Roi, Mestre-de-Camp de
Cavalerie, & ancien Commandant de la Province de Charolois, est mort à
Lyon, sur la Paroisse de St. Martin d’Ainai, le 15 [i.e 14] du présent mois de
Novembre 1771, des suites d’une attaque d’apoplexie & d’une chûte violente
qu’elle lui occasionna, le 13 du même mois ; il étoit âgé de 78 ans
accomplis. » [sic]
(Affiches de Lyon,
27 novembre 1771, p. 224)
Michel de Fautrières, fils de Claude-Marie de Fautrières, gouverneur du Charolais, et de Élisabeth Perraut, est né à Pont-de-Vaux [Ain] le 15 novembre 1698 et fut baptisé le 30 novembre en l’église collégiale et paroissiale Notre-Dame de Pont-de-Vaux. Il épousa à Paris, dans l’église de Saint-Jean-en-Grève, le 5 septembre 1724, Laure Taxis, fille de Pierre Taxis, receveur des tailles à Paris, et d’Antoinette Jacot mariés en l’église de Sainte-Croix de Lyon le 25 mai 1706. Ses infirmités le forcèrent de quitter le service militaire, ayant eu une épaule et une jambe cassées d’une chute de cheval. Il mourut à Lyon le 14 novembre 1771 et fut inhumé le 16 novembre dans le tombeau de la chapelle de la Sainte Vierge de l’église Saint-Martin d’Ainay.
Photographie B. M. Lyon |
Son ex-libris [100 x 65
mm], gravé par François Ferrand, porte ses armes « Écartelé : aux 1
et 4 d’argent, au sautoir de sable chargé de 5 coquilles d’or [Fautrières] ; au
2 de gueules, à 3 pals de vair, au chef d’or [Chatillon] ; au 3 d’or, à 3
tourteaux de gueules [Courtenay] », sa devise « TENDRE ET FEAL »
et la mention « Michel Comte de Faultrieres Exempt des Gardes du Corps
Mestre de Camp de Cavalerie et Lieutenant de Roy de la Province de Charollois
1730 ».
La vente eut lieu du jeudi 5 au mercredi 19 décembre 1771 [le lundi 9 était fêté], en 12 vacations. Les numéros 64, 80, 113, 124, 280 et 281, s’étant trouvés imparfaits, furent retirés de la vente.
Dès 1772, Pierre-Jacques Duplain fut décrété d’arrestation pour importation d’ouvrages interdits. Il se réfugia à Genève, puis aux Pays-Bas ; il quitta Saint-Pétersbourg en 1775 pour rejoindre Paris, où il exerça d’abord comme commissionnaire et agent littéraire pour la librairie clandestine, avant d’entrer en 1777 une nouvelle fois en apprentissage chez André-François Knapen (1728-1803), rue Saint-André-des-Arcs [VIe], pour être reçu officiellement libraire en 1784. Il se déclara en faillite en 1790.
Vue vers la rue de l'Ecole de Médecine Photographie Marville (1866) |
Il demeurait cour du Commerce [cour du Commerce Saint-André, VIe].
Joseph-Benoît Duplain, né le 12 mars 1747, était entré en apprentissage chez Delaroche en 1763 et avait travaillé avec son père avant de lui succéder, rue Mercière. Le 11 mars 1777, en l’église Saint-Pierre de Lyon, il épousa Catherine-Sophie Terrasse, fille d’Antoine Terrasse, écuyer conseiller secrétaire du Roi, et de Jeanne Pitra. Le 27 septembre 1777, il fut condamné pour avoir vendu des livres contrefaits. Il abandonna alors le commerce de la librairie et se lança dans l’édition de l’Encyclopédie in-4 de Genève et de Neuchâtel (1777-1779), associé avec Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), la Société typographique de Neuchâtel, Clément Plomteux (° 1737) de Liège et Gabriel Regnault (° 1744) de Lyon : Linguet la surnomma « l’Édition du Lac » ; elle fut « l’Édition Pellet », du nom de l’imprimeur de Genève, tirée à 4.000 exemplaires, en 32 volumes, dont la vente se fit uniquement sous le nom de Pellet. A cette occasion, il se révéla malhonnête, volant plus de 170.000 livres à ses associés. Devenu riche, Joseph-Benoît Duplain acheta la charge de maître d’hôtel du Roi, ce qui lui conféra un titre de noblesse : Duplain de Sainte-Albine.
Veuf depuis le 3 septembre 1780, il épousa Marie-Jeanne
Allier de Hauteroche, fille de Benoît Allier de Hauteroche, chevalier, et de
Jeanne-Marie-Rose Perron, le 2 septembre 1783, en l’église paroissiale d’Oullins
[Rhône] et quitta définitivement Lyon pour Paris.
Ayant abandonné sa charge de maître d’hôtel du Roi, Joseph-Benoît Duplain devint journaliste.
Il fit paraitre un journal, du 12 juillet 1789 au 28 mars 1790 [51 numéros en 7 vol. in-8], sous le titre Lettres à Monsieur le comte de B***, continué, du 3 mars 1790 au 11 août 1792 [10 vol. in-8], par le Courrier extraordinaire ou le premier arrivé qui, par un courrier spécial, arrivait en province vingt-quatre heures avant les autres journaux. Joseph-Benoît Duplain demeurait alors rue du Paon [disparue en 1876], dans l’hôtel des archevêques de Tours, complété par d’importantes dépendances, un jardin, des remises, des écuries où les gens du quartier plaçaient leurs chevaux et leurs voitures.
Les deux cousins, par
les croisées des façades intérieures de leurs maisons, pouvaient voir ce qui se
passait dans leur intérieur.
Avant 1789, Paris était partagé en 21 quartiers. Le 23 avril 1789, Paris fut divisée en 16 quartiers et 60 districts. Le 27 juin 1790, l’Assemblée constituante substitua aux 60 districts 48 sections.
Le district des
Cordeliers, qui s’étendait de la rue Saint-André-des-Arcs à la rue de
Vaugirard, devint la section du Théâtre français, puis, après le 10 août 1792,
la section de Marseille, afin d’honorer la mémoire des Marseillais. Cette
section, la plus illustre et la plus violente de toutes, avait l’avocat
Georges-Jacques Danton (1759-1794), l’infirmier Pierre-Gaspard Chaumette
(1763-1794), l’avocat et journaliste Camille Desmoulins (1760-1794), le
journaliste Louis-Marie-Stanislas Fréron (1754-1802), l’acteur Philippe Fabre dit
« d’Églantine » (1750-1794), l’avocat Jacques-Nicolas Billaud dit
« Billaud-Varenne » (1756-1819) ; le secrétaire François-Nicolas
Vincent (1767-1794) et le militaire Charles-Philippe Ronsin (1751-1794) ;
les imprimeurs Guillaume Brune (1763-1815) et Antoine-François Momoro
(1755-1794) ; le libraire Pierre-Jacques Duplain (1742-1820) et le graveur
Antoine Sergent dit « Sergent-Marceau » (1751-1847), signataires de
l’adresse envoyée le 3 septembre à toutes les municipalités pour inviter les
départements à imiter Paris et à égorger les suspects ; l’ancien colon à
Saint-Domingue Claude Fournier dit « l’Américain » (1745-1825), qui a
présidé au massacre des prisonniers d’Orléans ; le médecin Jean-Paul Marat
dit « l’ami du peuple » (1743-1793).
Le Défenseur de la Constitution. Prospectus, p. 4 |
Le 17 mai 1792 parut
le premier numéro du journal hebdomadaire de Robespierre, Le Défenseur de la Constitution :
on souscrivait à Paris, chez Pierre-Jacques Duplain, cour du Commerce, rue de
l’Ancienne Comédie française, et chez tous les principaux libraires de
l’Europe.
Le 12 août 1792, les
presses de Joseph-Benoît Duplain furent brisées et sa maison pillée : il
fut enfermé dans le redoutable couvent des Carmes, rue de Vaugirard.
Pierre-Jacques Duplain obtint difficilement de Robespierre une exception pour
son cousin, alors qu’il avait signé la circulaire suivante :
« […] La
commune de Paris se hâte d’informer ses frères de tous les départemens,
qu’une partie des conspirateurs féroces, détenus dans les prisons, a été
mise à mort par le peuple ; actes de justice qui lui ont paru
indispensables pour retenir, par la terreur, ces légions de traitres cachés
dans ses murs, au moment où il alloit marcher à l’ennemi ; et sans
doute la nation entière, après la longue suite de trahisons qui l’ont
conduite sur les bords de l’abyme, sempressera d’adopter ce moyen si
nécessaire de salut public, et tous les François s’écrieront comme les
Parisiens : Nous marchons à l’ennemi, mais nous ne laisserons pas
derrière nous ces brigands, pour égorger nos enfans et nos femmes.
[…]
Les administrateurs du
comité de salut public, et les administrateurs adjoints réunis.
Signés, Pierre Duplain, Panis,
Sergent, Lenfant, Jourdeuil, Marat, l’ami du peuple, de Forgues,
Leclerc, Dufort, Cally, constitués par la commune, et séants à la
mairie.
A Paris, ce 3
septembre 1792. »
(La Chronique du
mois ou les Cahiers patriotiques. Paris, Imprimerie du Cercle social,
novembre 1792, p. 77-78)
Absous par le peuple le 2 septembre 1792, Duplain de Sainte-Albine ne voulut tenir sa liberté que d’une instruction régulière : il obtint sa réintégration dans les prisons, ne fut relâché que le 17 septembre après avoir été entendu par les administrateurs de police et sortit de Paris.
En octobre 1792 parut
la première des Lettres de Maximilien Robespierre, membre de la
Convention nationale de France, à ses commettans, qui furent
publiées par Pierre-Jacques Duplain.
Revenu dans la capitale, Duplain de Sainte-Albine se logea cour neuve du Palais-Marchand, maison Gibert, sur l’île de la Cité [Ier], et, royaliste incorrigible, recommença un journal, le Courrier universel, ou l’écho de Paris, des départemens et de l’étranger le 31 décembre 1792, sous un prête-nom, Husson. Il se crut hors d’atteinte, son cousin étant alors nommé membre du Tribunal révolutionnaire. Réemprisonné en 1793, puis le 13 floréal An II [2 mai 1794],
[Exécution de Robespierre le 28 juillet 1794] |
il fut condamné à mort le 21 messidor An II [9 juillet 1794] par le tribunal révolutionnaire, comme complice de la conspiration de la prison du Luxembourg où il était détenu.
En 1793, Pierre-Jacques
Duplain n’occupa que quelques jours la place importante d’administrateur
général des Postes, accusé dans le Journal de la Montagne
d’être « calomniateur de profession, détracteur des meilleurs patriotes,
et d’avoir été le défenseur ardent de Dumouriez ». Il finit par être
sanctionné et emprisonné en 1794, quand Robespierre découvrit comment les deux
cousins avaient bénéficié de la confusion qui avait existé entre Duplain le
septembrisé et Duplain le septembriseur.
« Pierre Duplain fut mis en liberté au 9 thermidor [An II, 27 juillet 1794], il se chargea des deux enfans de son cousin. L’année suivante, il fut réduit lui-même à vivre des bienfaits de ceux à qui il avait sauvé la vie au 2 septembre 1792. Sous Buonaparte, il fut arrêté comme une tête volcanisée [terroriste] ; en 1812, il appelait les Bourbons de toutes ses forces ; à leur retour en France, il appela la république et Buonaparte ; en 1815, il recommença ses folies de 1792, fut arrêté, relaxé, abandonné de tout le monde ; il vient de mourir dans la plus profonde misère, n’ayant d’autres vices que l’insouciance, l’amour irréfléchi d’une liberté déraisonnable. »
(L.-A. Pitou. Une vie orageuse et des matériaux pour l’histoire.
Paris, L.-A. Pitou, 1820, Première partie, Tome premier, p. 73-74)