vendredi 24 mars 2023

Marie-Joseph Savalète de Buchelay (1727-1764), ou les humbles origines d’un roi de la finance

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Originaire du Béarn, le patronyme « Savalète » est parfois écrit « Savalette », comme s’il avait subi une transcription phonétique.


 

« Ce Savalette [Charles Savalète (1683-1756)] était de la plus basse extraction, ce qui ne l’empêcha pas de marier ses filles au marquis de Courteilles-Pernon et au comte de Revel-Broglie. L’aïeul de ces nobles dames était un pauvre homme qui vendait dans les rues de Paris du vinaigre dans une brouette. Le fils de ce “ camelot ” était entré chez un procureur, puis avait pu acheter sur ses gains une petite étude qu’il avait dirigée si habilement qu’il y avait fait fortune. Le fils du procureur sut si bien faire fructifier les écus paternels dans d’heureuses spéculations, qu’en peu de temps il gagna beaucoup d’argent, entra dans les finances, se maria avantageusement et devint enfin Fermier général en 1724. C’est lui qui créa Magnanville. Mais il vit trop grand, alla trop vite et se cassa le cou. Obligé de renoncer aux Fermes en 1752, il mourut en 1755, garde du Trésor Royal.

Son fils Charles-Pierre de Savalette, avait été Maître des Requêtes en 1738, Intendant de Touraine en 1745, démissionnaire en 1756 pour prendre l’office de Garde du Trésor Royal, vacant par la mort de son père.

Les prodigalités du père obligèrent le fils à restreindre ses dépenses et probablement à fermer Magnanville. Mais cela ne l’empêchait pas d’ailleurs, de continuer à bien vivre, lui et les siens. Nous le voyons, en effet, en 1763, lors de la destitution de M. d’Epinay comme Fermier général, succéder à M. de Préninville comme locataire du beau château de la Chevrette et y mener une existence de plaisir avec ses deux charmantes filles et son aimable nièce la marquise de Gléon. On y jouait la comédie avec passion et on y donnait des pièces de M. de Savalette lui-même ou de son fils, Savalette de Buchelay, lequel était en même temps grand amateur d’objets d’art.

Cependant il fallut se résigner à sacrifier Magnanville, et c’est alors que ce beau domaine fut, comme nous l’avons vu, acheté en 1767 par Boullongne de Préninville. » [sic]

(Le Comte de Caix de Saint-Aymour. Les Boullongne. Paris, Henri Laurens, 1919, p. 176)

Par Jean-Baptiste Poisson (1774). Musée Carnavalet

Fils d’un marchand installé à Bordeaux [Gironde], Paul Savalète, marchand vinaigrier à Paris, fut le premier à rendre les vinaigres aromatisés avec des infusions de fleurs plus parfaits qu’ils ne l’avaient été jusqu’à lui et inventa les moutardes fines. Dit « le moutardier du Pape », il gagna une fortune considérable et inspira à Louis-Sébastien Mercier (1740-1814) le drame en trois actes intitulé La Brouette du vinaigrier (Londres, Libraires Associés, 1775). Le 24 août 1633, Paul Savalète épousa la fille d’un maître charron, Jeanne Dameron, et mourut rue du Petit Lion [rue Tiquetonne, IIe], paroisse Saint-Sauveur, le 28 mars 1668.

Pierre Savalète, né le 24 mars 1641, acquit un office de notaire au Châtelet le 24 mai 1670, puis devint échevin de Paris (1690) et capitoul de Toulouse (1710). Le 10 mai 1671, il épousa Marie Bonneau, née en 1646, fille d’un bourgeois de Meulan-en-Yvelines [Yvelines]. 

Hôtel de Beauvais en 1660

Le 18 juillet 1686, il acheta 95.000 livres l’hôtel de Beauvais, rue Saint-Antoine [68 rue François Miron, Paris IVe], à Catherine Bellier, criblée de dettes, veuve de Pierre de Beauvais, conseiller du Roi. Le prix, bien inférieur à la valeur réelle de l’hôtel, trahit le caractère fictif de cette vente : Madame de Beauvais, alors âgée de 72 ans, ne quitta pas son hôtel et son fils vint s’y établir auprès d’elle. En 1706, Pierre Savalète revendit l’hôtel de Beauvais à Jean Orry, président à mortier au Parlement de Metz. Anobli par ses charges, Pierre de Savalète mourut le 12 avril 1722.

Charles de Savalète, par H. Rigaud (1727). Coll. priv.

Charles de Savalète est né le 15 février 1683. D’abord simple commis chez l’intendant des Finances Louis Fagon (1680-1744), puis dans plusieurs Traites, il devint directeur de la Compagnie des Indes en 1718, puis fermier général de 1718 à 1748 et garde du Trésor royal en 1749.

Le 15 avril 1712, il épousa Anne-Geneviève Gilbert de Nozières [Ardèche], fille d’un commissaire des guerres, décédée à Paris, rue Saint-Honoré, le 24 janvier 1774, à l’âge de 89 ans, dont les obsèques eurent lieu le 25 janvier à Saint-Roch.

Carte de Cassini

Le 28 janvier 1720, Charles de Savalète fit l’acquisition du fief de Magnanville pour 900.000 livres, puis de ceux de Auffreville [Auffreville-Brasseuil], de Boinvilliers, de Buchelay, de Favrieux, de Flacourt, de Fontenay-Mauvoisin, de Jouy-Mauvoisin, de Le Tertre-Saint-Denis, de Rosay, de Soindres, de Vert et de Villette, tous à environ une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Mantes-la-Jolie [Yvelines], pour environ 7 millions de livres.

Château de Magnanville actuel, formé d'une aile de l'ancien

Le 12 septembre 1750 fut posée la première pierre du château qu’il fit rebâtir, pour 2.400.000 livres, à Magnanville, où il étala un luxe de souverain, avant de mourir le 5 mai 1756.

« Ce château, un des plus beaux & des mieux distribués qui ayant été construits de nos jours, est situé sur une montagne à onze lieues de Paris, sur la route de cette capitale à Rouen. Il a la forme d’un carré long, flanqué de pavillons, & élevé de deux étages avec un attique. Sa façade sur la cour a dix-neuf croisées, & est décorée de corps & avant corps : celui du milieu offre un grand ordre d’architecture faisant les deux étages. Il est composé de quatre colonnes d’ordre Ionique, & couronné d’un entablement qui règne dans le pourtour des faces. Cet avant-corps est terminé par un fronton & une calotte avec une terrasse au-dessus. Du côté du jardin la façade plus simple n’est ornée que de pilastres, d’un attique & de vases. Tout l’édifice est construit en belles pierres de taille, & d’un appareil recherché, surtout dans les escaliers & dans les voutes plates & à compartimens.

L’intérieur du château renferme dans son rez de chaussée quatre grands appartemens de maître. La décoration du salon boisé consiste en huit trophées relatifs aux arts & à l’Agriculture, & en quatre dessus de portes peints par Oudry. D’un côté est la salle à manger que MM. Brunetti ont décorée d’ornemens & d’architecture. De l’autre est le salon de musique, où Boucher a peint les quatre Saisons. On voit des ouvrages de Challe dans un cabinet d’assemblée qui suit.

Vingt-deux appartemens complets font la distribution du premier & du second étage. La chapelle placée de la manière la plus commode, est ornée d’un ordre Dorique en pilastres. Ce château construit en 1753, sur les dessins de M. Franque, pour M. Savalette, Garde du Trésor Royal, a été vendu à M. de Boullongne, Trésorier général de l’Extraordinaire des Guerres.

A l’extrémité d’un vaste parterre on découvre une grande pièce d’eau, terminée par une terrasse ornée de grouppes & de Figures. La rivière de Seine se présente en face, & sur les côtés Rosny & la ville de Mantes. Le parc qui peut contenir deux cens arpens, compris les potagers & avenues, est planté en quinconces, en bosquets & en allées, auxquelles de beaux points de vue servent de perspective. » [sic]

(Voyage pittoresque des environs de Paris. Par M. D*** [Antoine-Nicolas Dezallier d’Argenville (1723-1796)]. Paris, Debure l’aîné, 1779, 4e édition, p. 215-217)

 

Hôtel Savalète, rue Saint-Honoré

Charles-Pierre de Savalète, né le 10 novembre 1713, conseiller du Roi et maître des Requêtes en 1738, épousa, le 1er septembre 1744, en l’église Saint-Jacques de Magnanville, Marie-Émilie de Joly, née le 12 septembre 1726 à Bourg-en-Bresse [Ain], fille du marquis de Choin [Lapeyrouse, Ain] et baron de Langes [Cras-sur-Reyssouze, Ain]. Intendant de la généralité de Tours en 1745, puis garde du Trésor royal en 1756, il revendit le château de Magnanville en 1767, pour 800.000 livres et 100.000 livres pour les meubles, au fermier général Philippe-Guillaume Tavernier de Boullongne de Préninville (1712-1789) : ses enfants vendirent le château en 1791 au vicomte de Morel-Vindé (1759-1842), qui s’en sépara en 1803 pour être démoli. Charles-Pierre de Savalète mourut à Paris le 4 ventôse An V [22 février 1797], dans la maison lui appartenant, 320 rue Saint-Honoré, laissant une fortune s’élevant à plus de trois millions.

Charles-Pierre-Paul de Savalète, né à Tours [Indre-et-Loire] le 21 septembre 1746, baptisé le 24 en l’église Saint-Venant [détruite en 1791], fut nommé aussi garde du Trésor royal en 1774 ; il remplit cette fonction, concurremment avec son père, jusqu’en 1790. Étant un des grands dignitaires de la Franc-Maçonnerie, il fut l’un des organisateurs du mouvement révolutionnaire. En 1791, il fut nommé commissaire du Trésor national. 

Adieux de Barère [à droite] à Savalète de Langes [à gauche], par Jacques-Louis David (1795)
Musée de la Franc- Maçonnerie, Paris

Son ami Bertrand Barère de Vieuzac (1755-1841), auquel il avait donné l’hospitalité, fut arrêté dans sa maison de la rue Saint-Honoré le 1er avril 1795. Savalète mourut dans l’exercice de ses fonctions le 21 frimaire An VI [11 décembre 1797], 69 rue Royale, laissant une fortune évaluée à 375.000 francs, qui revint à ses quatre enfants, qu’il avait eus de Geneviève-Louise Hatry, née à Paris le 31 octobre 1767 : Augustin-Charles-Théophile, né le 12 mai 1790, devenu conseiller maître à la Cour des Comptes, mort à Montmorency [Val-d’Oise] le 1er novembre 1865 ; Louis-Ange-Dieudonné, né le 17 février 1792, devenu inspecteur général des Finances, chef d’escadron de la garde nationale à cheval et chevalier de la Légion d’honneur, mort célibataire à Paris le 28 juillet 1832 ; Louise-Loni [sic], née en 1795, mariée avec Antoine Desboeufs (1793-1862), graveur de médailles et statuaire, morte à Paris [XVIe] le 5 octobre 1871 ; Isidore-Paulin, né le 4 juillet 1797, devenu courtier en marchandises, puis entrepreneur du nettoiement des rues de Paris, mort le 9 mai 1860, chez lequel décéda sa mère, le 6 août 1832, quand il habitait à Neuilly-sur-Seine [Hauts-de-Seine].

Aucune des explications données jusqu’à ce jour, sur l’existence de l’individu qui se faisait appeler « Henriette-Genny Savalette Delange » [sic] (1786-1858), et dont le véritable sexe n’a été découvert qu’après sa mort, arrivée le 6 mai 1858 à Versailles [Yvelines], ne peut s’appliquer à l’un des enfants de Charles-Pierre-Paul de Savalète de Langes.

 

Marie-Joseph de Savalète de Buchelay, par Saint-Aubin, d'après Cochin

Marie-Joseph de Savalète, seigneur de Buchelay, est né rue Saint-Honoré le 15 juillet 1727 et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Roch. Il succéda à son père comme fermier général en 1749.

Marie-Joseph de Savalète, par Carmontelle (1758). Musée Condé, Chantilly

Sa passion pour les sciences naturelles le poussa à collectionner les minéraux et à installer un cabinet de curiosités dans son hôtel particulier de la rue Saint-Honoré.

« On trouvoit chez feu M. Savalette de Buchelay, Fermier général, une pièce en galerie ornée de plusieurs modeles de sculpture & de mécanique, rangés sur des tablettes entre de gros morceaux d’histoire naturelle. Le regne animal s’annonçoit par deux corps desséchés d’homme & de femme, dont tous les muscles & les autres parties se découvroient très-bien : on avoit mis en rouge les arteres, en bleu les veines, & les nerfs en blanc ; les principaux visceres y paraissoient, ainsi que les dents & les ongles. On y voyoit quelques poissons desséchés, l’oiseau de paradis & d’autres oiseaux de France. Les minéraux étoient des plus complets ; il y en avoit beaucoup d’étrangers, avec des suites de pierres fines montées en épingles : des dendrites, de beaux cristaux, dont un plein de pailles & d’une goutte d’eau ambulante. Les bois pétrifiés, agatifiés, minéralisés, les coralloïdes, les fruits étrangers, & tout un droguier, fourni de différens bocaux, formoient le regne végétal. Le bon goût du possesseur pouvoit faire espérer que la partie des coquillages y seroit jointe quelque jour. » [sic]

(La Conchyliologie, ou Histoire naturelle des coquilles. Par M. Desallier d’Argenville. Paris, Guillaume De Bure fils aîné, 1780, 3e édition, t. I, p. 223-224)

 

Photographie BnF

Pour compléter sa collection, il constitua une bibliothèque. Nombre de ses livres portaient ses armes : « D’azur, au sphinx d’or, accompagné en chef d’une étoile de même » ; au-dessous du sphinx, une lettre « B » est sa marque personnelle.

À la fin de 1763, Claude-Henri Watelet (1718-1786), receveur général des Finances et graveur à ses moments perdus, fit un voyage d’agrément en Italie avec la pastelliste Marguerite Le Comte (1717-1800), l’abbé Ponce-François Coppette (1711-1781), son ancien précepteur, le graveur Franz-Edmund Weirotter (1733-1771) et Savalète de Buchelay, nouvellement décoré d’une charge de Gentilhomme Ordinaire du Roi. Peu après son arrivée à Rome, ce dernier tomba gravement malade et empêcha le départ pour Naples de ses compagnons de voyage, qui demeurèrent pour le soigner. Savalète de Buchelay mourut prématurément dans sa 37e année, le 18 janvier 1764. 

Eglise de la Trinité-des-Monts, par Bernardo Bellotto (1745)

Watelet lui fit élever dans l’église de la Trinita del Monte [Trinité-des-Monts], église française dont l’entretien est assuré par l’État français, un monument dont Hubert Robert fit une jolie eau-forte :



« Dans une niche ronde évidée dans le marbre qui couvre tout le fond de la planche, on voit une urne cinéraire, sur laquelle sont sculptés un animal couché et une étoile surmontée d’une couronne. Au-dessous, en saillie, est placé un cénotaphe, sur le bandeau duquel sont gravées les trois lettres D. O. M., et au milieu, entre deux pilastres, l’épitaphe en latin de Mr Savalette de Buchelai, terminée par le millésime de 1764.

Au bas, au-dessous du trait carré, on lit en quatre lignes : H ROBERTI INVEN, INCID, ET IN ECCLES, - MONTIS TRINIT. EX MARMORE EXEQUEDUM CURAVIT – DEFUNCTI Q. PARENTIBUS ET AMICIS DESEQUIOSISSIMUS – DICAT.

Hauteur : 197 millim., dont 17 millim. de marge. Largeur : 122 millim. »

(Prosper de Baudicour. Le Peintre-Graveur français continué. Paris, Mme Bouchard-Huzard, 1859, t. I, p. 182)


 

Son cabinet de curiosités fut dispersé le lundi 25 juin 1764 et les jours suivants, rue Saint-Honoré, dans la maison de Monsieur de Magnanville, au Trésor Royal : Catalogue raisonné Des Minéraux, Cristallisations, Cailloux, Jaspes, Agates arborisées, Pierres fines, montées & non montées, Pierres gravées, Tabatieres, Montres & autres Bijoux ; Pieces de Méchanique & de Physique, Cabinet de Pharmacie, Figures & Vases de terre cuite ; Porcelaines & autres Effets Curieux de la Succession de M. Savalete de Buchelay, Gentilhomme Ordinaire du Roi, & l’un des Fermiers Généraux de Sa Majesté (Paris, Didot l’aîné, 1764, in-12, [1 bl.]-[1]-[1]-[1 bl.]-[3]-[1 bl.]-[6]-91-[1 bl.] p., 686 lots), par Pierre Remy (1715-1797), marchand d’art. Le même frontispice, par Augustin de Saint-Aubin (1736-1807), qui représente un cabinet de curiosités, a été utilisé pour le catalogue de Dezallier d’Argenville en 1766.


 

Ses livres furent vendus du lundi 16 au jeudi 19 juillet 1764, en 4 vacations, dans la maison de la rue Saint-Honoré, au Trésor royal : Catalogue des livres Du Cabinet de feu Monsieur Savalete de Buchelay, Gentilhomme Ordinaire du Roi, & et l’un des Fermiers Généraux de Sa Majesté (Paris, Davidts, 1764, in-12, [1]-[1 bl.]-50 p., avec erreurs de pagination, 408 + 3 doubles [*] – 19 manquants = 392 lots), dont Théologie [9 lots = 2,29 %], Jurisprudence [8 lots = 2,04 %], Sciences et Arts [181 lots = 46,17 %], Belles-Lettres [75 lots = 19,13 %], Histoire [119 lots = 30,35 %]. La plupart des livres se sont donnés à un grand tiers au-dessous des prix ordinaires.

 


1. Discours historiques, critiques, theologiques, et moraux, sur les evenemens les plus memorables du Vieux et du Nouveau Testament. Par MR. Jaques Saurin. Avec des Figures gravées sur les desseins de Mrs. Hoet, Houbraken & Picart. La Haye, Pierre de Hondt, 1728, 4 vol. in-fol., pap. Royal. 45 l.



17. Mémoire pour le Sieur Dupleix. Contre la Compagnie des Indes. Paris, Imprimerie de P. Al. Le Prieur, 1759, in-4, gr. pap. 2 l.



25. Dictionnaire universel de commerce. Ouvrage posthume du Sieur Jacques Savary des Bruslons. Continué sur les Mémoires de l’Auteur Par M. Philemon-Louis Savary. Nouvelle édition. Paris, Veuve Estienne et Fils, 1748, 3 vol. in-fol. 53 l. 19.



44. Observations périodiques, sur la Physique, l’Histoire naturelle, et les Beaux Arts. Avec des planches imprimées en couleur. Par Monsieur Gautier. Paris, Cailleau et Gautier fils, 1756, in-4. 6 l. 12.



48. Histoire naturelle, generale et particuliere, avec la description du Cabinet du Roy. Paris, Imprimerie royale, 1749-1761, 9 vol. in-4. 119 l. 1.



58. Essai sur l’histoire naturelle des corallines. Par Jean Ellis. Traduit de l’Anglois. La Haye, Pierre de Hondt, 1756, in-4, fig. enlum., m. r. 19 l. 5.



69. Traité des pierres précieuses ou de la manière de les employer en Parure. Par Pouget fils. Paris, Tilliard, 1762, in-4, br. 8 l. 1.



79. Traité des arbres et arbustes qui se cultivent en France en pleine terre. Par M. Duhamel du Monceau. Paris, H. L. Guérin et L. F. Delatour, 1755, 2 vol. in-4, fig. 27 l.



90. Herbarum vivæ ei cones ad nature imitationem […] per Oth. Brunf. Argentorati, Ioannem Schott, 1530, in-fol., fig. 2 l.



99. A Curious Herbal, Containing Five Hundred Cuts, of the most useful Plants which are now used in the Practice of Physick. By Elizabeth Blackwell. London, John Nourse, 1739, 2 vol. in-fol., fig. 37 l. 1.



106. Phytanthoza iconographia, Sive Conspectus Aliquot millium, tam Indigenarum quam Exoticarum, ex quatuor mundi partibus […] à Joanne Guilielmo Weinmanno. Ratisbonæ, Hieronymum Lenzium, 1737-1745, 4 vol. in-fol., c. m. 441 l.



114. Conradi Gesneri medici Tigurini Historiæ Animalium. Tiguri, Christoph. Froschoverum, 1558, 3 vol. in-fol., fig. 25 l. 19.

Photographie BnF


118. Histoire naturelle des oiseaux, ornée De 306. Estampes, qui les représentent parfaitement au Naturel, Dessinées & gravées par Eleazar Albin, et augmentée de Notes & de Remarques curieuses, par W. Derham. Traduite de l’Anglois. La Haye, Pierre de Hondt, 1750, 3 vol. in-4, m. r., fig. enlum. 240 l. 10.



123. L’Histoire entiere des poissons, Composée premierement en Latin par maistre Guilaume [sic] Rondelet […]. Maintenant Traduite en François. Avec leurs pourtraits au naïf. Lion, Mace Bonhome [sic], 1558, in-fol., fig. 4 l.



138. Traité anatomique de la chenille, qui ronge le bois de saule. Par Pierre Lyonet. La Haye, Pierre de Hondt, 1760, in-4, 18 pl. 14 l.



148. The Natural History of Carolina, Florida and the Bahama Islands : Containing the Figures of Birds, Beats, Fishes, Serpents, Insects, and Plants […]. Together with their Descriptions in English and French. By Mark Catesby. London, 1731, 2 vol. in-fol., fig. enlum., v. f. t. f. 300 l. 2.



154. Deliciæ naturæ selectæ oder auserlesenes Naturalien Cabinet […] von Georg Wolffgang Knorr. Nürnberg, 1754, in-fol., gr. pap., fig. enlum., br. 19 l. 19.

Photographie BnF


157. Dictionnaire universel de medecine. Traduit de l’Anglois de M. James. Paris, Briasson, David l’aîné et Durand, 1746-1748, 6 vol. in-fol., fig. 120 l. 2.



188. Caminologie, ou Traité des cheminées. Dijon, F. Desventes, 1756, in-12. 3 l.



215. Les Metamorphoses d’Ovide, en Latin et François, divisées en XV. livres. De la traduction de MR. Pierre Du-Ryer Parisien. Bruxelles, François Foppens, 1677, in-fol., m. avec dent. 13 l. 19.



221. L’Art de peindre. Poëme. Par M. Watelet. Paris, Imprimerie de H. L. Guérin et L. F. Delatour, 1760, in-4, gr. pap., m. r. 16 l. 4.



225. Œuvres de Moliere. Nouvelle édition. Paris, 1734, 6 vol. in-4, v. f., d. s. t. 71 l. 19.


Exemplaire de Savalète de Buchelay
Photographies BnF


281. Atlas géographique. Paris, Beaurain, 1749, 16 vol. in-fol., 1.398 cartes. 800 l.



283. Description du Danube, depuis la montagne de Kalenberg en Autriche, jusqu’au confluent de la rivière Jantra dans la Bulgarie. Par MR. le Comte Louis Ferd. De Marsigli. Traduite du Latin. La Haye, Jean Swart, 1744, 6 vol. in-fol., fig., gr. pap., v. éc., t. f. 112 l.



296. Voyages du SR. A. de La Motraye, en Europe, Asie & Afrique. La Haye, T. Johnson et J. Van Duren, 1727, 3 vol. in-fol., gr. pap. 28 l. 3.

Photographie BnF


326. Histoire de France, Par M. de Cordemoy. Paris, Jean Baptiste Coignard, 1685, 2 vol. in-fol., gr. pap., m. r. 5 l. 19.



364. Histoire militaire du prince Eugene de Savoye, du prince et duc de Marlborough, et du prince de Nassau-Frise. Par M. Dumont. La Haye, Isaac van der Kloot, 1729, 3 vol. in-fol., gr. pap., fig., v. éc., t. f. 89 l.



383. L’Antiquité expliquée, et représentée en figures. Par Dom Bernard de Montfaucon. Paris, Florentin Delaulne [et 6 autres], 1719-1724, 15 vol. in-fol., gr. pap., v. f., t. f. 260 l.



Traité de l'athéisme et de la superstition, par feu MR. Jean-François Buddeus
Amsterdam, Pierre Mortier, 1740, in-8, front., v. havane, tr. r., armes
[ne figure pas au catalogue de 1764]
Paris, Drouot, 7 mai 2021 : 200 €





 

 

   

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




mardi 14 mars 2023

La Bibliophilie selon Hilaire Grésy (1834-1912)

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Les Grésy sont originaires de Samer [Pas-de-Calais], à 17 km au sud-est de Boulogne-sur-Mer. Leur généalogie remonte au XVIe siècle.


 

À Samer, Antoine [I] Grésy mourut le 23 novembre 1675, âgé de 57 à 60 ans ; il avait épousé, en secondes noces, le 28 janvier 1669, Antoinette Guiot, décédée le 11 mai 1697 à l’âge de 70 ans. François Grésy mourut le 21 janvier 1749, à environ 80 ans ; il avait épousé, le 20 février 1696, Marie Flahault.

Antoine [II] Grésy est né le 2 novembre 1697 et est décédé le 10 novembre 1745 ; il épousa, le 21 février 1729, Marie-Françoise Grebet, baptisée le 8 janvier 1699 et décédée le 26 octobre 1763.

Jean-Marie-Antoine Grésy, notaire, né et décédé à Samer, les 26 août 1732 et 22 ventôse An VIII [13 mars 1800], épousa à Questinghen [Pas-de-Calais], le 20 octobre 1767, Marie-Claude-Joseph Marcadé, née à Bergues [Nord] et décédée à Samer, rue de Neufchâtel, le 8 octobre 1824, à l’âge de 77 ans.

Louis-Marie-Eustache Grésy, notaire à Melun [Seine-et-Marne] de 1807 à 1840, né à Samer le 9 novembre 1780, décéda à Melun, 14 boulevard Saint-Jean [boulevard Gambetta], le 23 janvier 1858. Le 20 germinal An XII [10 avril 1804], en l’église Saint-Thomas-d’Aquin de Paris [VIIe], il avait épousé Adélaïde-Sophie Boudet, née à Paris et décédée 14 boulevard Saint-Jean à Melun, le 12 septembre 1832, à l’âge de 49 ans, probablement victime du choléra. Tous deux furent membres du conseil municipal de Melun.

Eugène Grésy est né à Melun, le 14 septembre 1806. Destiné au barreau, il suivit les cours de l’École de droit, mais sa position de fortune lui permit de se livrer entièrement à ses goûts pour les beaux-arts et les études historiques.

Archéologue distingué, correspondant du ministère de l’Instruction publique pour les travaux historiques en 1845, membre de la Société impériale des Antiquaires de France en 1846 et membre fondateur de la Société d’archéologie, sciences, lettres et arts du département de Seine-et-Marne en 1864, il fut l’auteur de nombreuses publications : Recherches sur les sépultures récemment découvertes en l’église Notre-Dame de Melun (1845), La Chasse de Sainte Jule à Jouarre (1848), Notice généalogique sur Jean des Barres, chevalier, mort avant 1289 et inhumé avec ses deux femmes en l’église d’Oissery (1850), Description historique du château royal de Melun, figuré sur un sceau du XVe siècle (1852), Notice sur trois crosses historiées du XIIe siècle (1852), Ancien Hôtel-Dieu Saint-Nicolas de Melun (1854), Les Sandales de Chelles (1855), Notice sur l’abbaye de Preuilly (1857), Catalogue raisonné de l’œuvre de Langot, graveur melunois (1858), Sceaux et blasons de la ville de Melun (1863), Notice sur un carrelage émaillé du XIIIe siècle, découvert en octobre 1861 près de Milly (1863), Notice sur une statue gauloise découverte à Melun en 1861 (1863), Le Calice de Chelles, œuvre de Saint Éloi (1864), Observations sur les monuments d’antiquité trouvés à Melun en février 1864 (1865), Étude historique et paléographique sur le rouleau mortuaire de Guillaume des Barres (1865), Notice sur l’ancien fief et hôtel Le Cocq, logis des ducs d’Orléans-Longueville à Melun (1866), Iconographie de Saint-Loup (1867).

Eugène Grésy épousa, le 31 janvier 1832 à Paris, Marie-Charlotte-Joséphine-Alexandrine-Sophie Desprez, née à Besançon, qui décéda le 18 décembre 1882, 5 boulevard Montmartre [IIe], à l’âge de 75 ans. 

Tombe de Eugène Grésy, à Melun
Photographie Stéphane Asseline

Lui-même mourut à Paris, 3 rue de Grammont [« Gramont » depuis 1930, IIe], le 16 novembre 1867, et fut inhumé au cimetière Nord de Melun.


Ses collections d’objets d’art furent vendues à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 5 rue Drouot, salle n° 4, au premier étage, du lundi 17 au mercredi 19 février 1868 : Miniatures du XVe siècle, Tableaux anciens, Dessins, Estampes. Collection des plus intéressantes sur le département de Seine-&-Marne, Fontainebleau, Meaux, Melun, etc., se composant de : Topographie, Pièces Historiques, Portraits (Paris, Delbergue-Cormont et Rochoux, 1868, in-8, 50 p., 549 lots).


 
(p. 50)

Sa bibliothèque fut dispersée du jeudi 12 au samedi 14 mars 1868, en 3 vacations, 28 rue des Bons Enfants, Maison Silvestre, salle n° 3, au rez-de-chaussée : Catalogue des livres, documents, manuscrits & imprimés, autographes, 370 bois gravés des Armoiries des Villes de France, la plupart relatifs au département de Seine-et-Marne, composant la bibliothèque De feu M. Eugène Grésy, Membre de la Société des Antiquaires de France, Correspondant du Ministère de l’Instruction Publique, pour les Travaux Historiques, etc. (Paris, Auguste Aubry, 1868, in-8, 49-[2]-[1 bl.] p., 434 lots), dont Théologie [46 lots = 10,59 %], Sciences et Arts [63 lots = 14,51 %], Belles-Lettres [38 lots = 8,75 %], Histoire [287 lots = 66,12 %].


 

23.  Vita et processus sancti Thome cantuariensis martyris super libertate ecclesiastica. - Libellus de iruisdictione ecclesiastica. 2 partes en 1 vol. Paris, Johannem Philippi, 27 mars et 2 avril 1495, pet. in-4 goth. à 2 col., rel. anc. en v. gauf.



30. La Vie de Saincte Fare. Paris, Robert Sara, 1629, in-8, front., parch.



38. La Vie excellente de Sainte Bathilde Royne de France, Fondatrice & Religieuse de Chelles. Par le R. P. Estienne Binet. Paris, Sebastien Chappelet, 1624, in-12, fig., bas.




75. Le Gouvernail d’Ambroise Bachot. Paris, 1598, in-fol., titre et pl. gravés, rel. vélin. Imprimé à Melun.



136. Discours en forme de comparaison sur les vies de Moyse & d’Homere. Paris, Jean Gesselin, 1604, pet. in-12, parch.



142. La Défense des femmes, contre l’alphabet de leur pretendue malice & imperfection. Paris, Pierre Chevalier, 1617, pet. in-12, fil., veau fauve.



153. Les Antiquitez et Recherches des villes, chasteaux, et places plus remarquables de France. Paris, Michel Bobin et Nicolas Le Gras, 1668, 2 vol. in-12, v. gr.



155. Recherche des connestables, mareschaux, et Admiraux de France. Paris, François Julliot, 1623, in-12, cart.



163. Discours sur la mort de Monsieur le President Brisson. Paris, Claude de Montr’œil et Iean Richer, 1595, pet. in-8, v. fauve, fil., tr. dor. (Koehler).



188. Histoire de Melun par M. H. G. Nicolet. Melun, Desrues, 1845, in-8, br., fig.



220. Vues de Provins, dessinées et lithographiées, en 1822, par plusieurs artistes avec un texte par M. D. Paris, Gide, et Provins, Lebeau, 1822, in-4, en feuilles.



359. Étude historique et paléographique sur le rouleau mortuaire de Guillaume des Barres, comte de Rochefort, grand sénéchal du roi Philippe-Auguste, décédé au couvent de Fontaine-les-Nonains (près Meaux) le XXII mars MCCXXXIII. Par Eugène Grésy. Meaux, A. Le Blondel, et Paris, Auguste Aubry, 1865, in-fol., 1 pl. chromolithographiée et 3 dessins sur bois, cart.

Sous-préfecture de La Tour-du-Pin (1907)

Marie-Hilaire-Abel Grésy est né à Paris le 15 janvier 1834. Sous-préfet [Civray (Vienne), Neufchâtel-en-Bray (Seine-Maritime), La Tour-du-Pin (Isère)], puis percepteur [Le Mesnil-Esnard (Seine-Maritime), Blosseville-Bonsecours (Bonsecours, Seine-Maritime), Peuplingues (Pas-de-Calais), Le Petit-Quevilly (Seine-Maritime), Bouillancourt-en-Séry (Somme), Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), Nice (Alpes-Maritimes), Beaujeu (Rhône), Bray-sur-Seine (Seine-et-Marne)], il fut fait chevalier de la Légion d’honneur le 15 août 1868.

Hilaire Grésy voulut former l’une des plus importantes collections de livres qui ait jamais été faite relativement au XVIIIe siècle : on y trouvait Les Œuvres de maitre François Rabelais en grand papier, payé 3.700 francs à la vente Brunet, Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé de la même vente, les Fables choisies de La Fontaine en grand papier avec les figures d’Oudry ; la perle était, sans contredit, la collection des dessins originaux que composa Charles-Nicolas Cochin (1715-1790) pour La Gerusalemme liberata, di Torquato Tasso.

Photographie BnF

En 1868, il fit graver sur acier son ex-libris par Auguste-François Alès (1798-1878), formé à Paris auprès de Antoine-François Tardieu (1757-1822) et de Augustin-Félix Fortin (1763-1832).

 


À peine commencée, sa bibliothèque fut mise aux enchères les vendredi 14 et samedi 15 mai 1869, en l’Hôtel des commissaires-priseurs, rue Drouot, salle n° 3, au premier étage : Catalogue des livres précieux composant la bibliothèque de M. Hilaire Grésy, Chevalier de la Légion d’Honneur (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1869, in-8, [4]-VII-[1 bl.]-80 p., 405 + 4 doubles [bis] – 7 manquants = 394 lots), dont Théologie [1 lot = 0,25 %], Sciences et Arts [25 lots = 6,34 %], Belles-Lettres [341 lots = 86,54 %], Histoire [17 lots = 4,31 %], Catalogues de ventes – Mélanges [17 lots = 4,31 %], avec une préface par Jules Janin (1804-1874), reproduite dans le Journal des Débats politiques et littéraires du 12 mai 1869.

« Rarement collection plus charmante et plus aimable, avec tant d’ornements précieux, fut exposée au feu des enchères ! Ex libris Hilarii Grésy. On dirait que ce joli cartouche est dessiné par Martin [!?] Eisen lui-même. Or le propriétaire ambitieux de ces gaîtés poétiques s’est bien gardé d’ajouter ce vieux mensonge : et amicorum. Ces belles choses ne se prêtent guère, même aux amis les plus intimes ; en revanche, on les montre à tout le monde avec le juste orgueil du collectionneur riche et content. » (p. I)

Même s’il y avait plusieurs très beaux livres, la collection ne répondait pas aux merveilles imaginaires vantées par Jules Janin. La vente rapporta au total 44.500 francs.

 

Photographie British Museum

6. Recueil de 82 dessins originaux de Cochin, payés 40.000 fr. à l’artiste par le comte de Provence, pour La Gerusalemme liberata, di Torquato Tasso ; stampata d’ordine di Monsieur. Parigi, Presso Franc. Ambr. Didot l’Aîné, 1784, 2 vol. gr. in-4, mar. orange, mos. comp. de coul., dent. à petits fers sur les dos et sur les plats, doublés de mar. vert à larges dent., gardes de moire antique verte, tr. dor., étuis (Lortic). De la bibliothèque de L. Double. 5.150 fr. à Heredia.




38. Quinti Horatii Flacci opera. Londini, Iohannes Pine, 1733-1737, 2 vol. gr. in-8, mar. vert anglais, dent. à petits fers sur les plats, dos ornés, dent. int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 260 fr.



66. Les Saisons, poëme. Septième édition. Amsterdam, 1775, in-8, fig. de Moreau avant la lettre, pap. de Hollande, mar. vert angl., dos orné à petits fers, plats à la Duseuil, dent. int., tr. dor. (Lortic). 135 fr.



72. Œuvres complètes de Grécourt, enrichies de gravures ; nouvelle édition. Paris, Imprimerie de Chaignieau Aîné, An V. 1796, 4 vol. in-8, pap. vélin, fig. de Fragonard avant la lettre, veau marb., dent., tr. dor. 215 fr.



79. Recueil d’Héroïdes, 12 vol. in-8, premières épreuves des figures, d.-rel., dos ornés et coins de mar. violet, fil., tr. dor. (Allô). 155 fr.



88. Le Temple de Gnide. Nouvelle Édition, Avec Figures Gravées par N. le Mire. Paris, le Mire, 1772, gr. in-8, gr. pap., rel. dite « à la fanfare », mar. r., large dent., fil., tr. dor. (Derome). 265 fr. à Bauchard.



120. Phædri, Aug. liberti fabularum Æsopiarum libri V. Amstelædami, Ex typographia Francisci Halmæ, 1701, in-4, gr. pap., fig., lettres ornées, cul-de-lampes, têtes de pages, sujets tirés du texte, mar. bleu, fil., tr. dor. (Padeloup). 180 fr. à Heredia.



123. Fables choisies, mises en vers par J. de La Fontaine. Paris, Desaint et Saillant, et Durand, 1755-1759, 4 vol. gr. in-fol., très grand pap., fig. Oudry, mar. r., dos ornés, plats à la Duseuil, fil., tr. dor. (Hardy-Mennil). Ex. de Montesquiou-Fezensac. 1.100 fr.



129. Fables nouvelles. La Haye, Et se trouve à Paris, Delalain, 1773, 2 t. en 1 vol. in-8, gr. pap., fig. de Marillier en premières épreuves, mar. r., dos orné, large dent. à petits fers sur les plats, doublé de moire antique verte, mors de mar., tr. sup. dor., non rogn. (Lortic). Lettre autographe de Dorat jointe. 455 fr.



134. Recueil des meilleurs contes en vers. Londres [Liège], s. n. [faux Cazin], 1778, 4 vol. in-18, fig. à mi-page, mar. r., fil., tr. dor. (Rel. anc.). 255 fr.

Photographie BnF


137. Contes et nouvelles en vers, Par M. de La Fontaine. Amsterdam [Paris], s. n. [Barbou], 1762, 2 vol. in-8, fig. d’Eisen et de Choffard, mar. r., fil., tr. dor. Les deux fig. du Cas de conscience et du Diable de Papefiguière sont découvertes. Édition dite « des fermiers généraux ». 350 fr.

Photographie BnF


138. Contes et nouvelles en vers, Par M. de La Fontaine. Amsterdam [Paris], s. n. [Barbou], 1762, 2 vol. in-8, fig. d’Eisen et de Choffard, mar. r., dent. sur les plats, tr. dor. (Derome). Les deux fig. du Cas de conscience et du Diable de Papefiguière sont découvertes. Édition dite « des fermiers généraux ». 315 fr.



155. Choix de chansons mises en musique par M. de La Borde, ornées d’estampes par J. M. Moreau. Paris, De Lormel, 1773, 4 t. en 2 vol. gr. in-8, non rogn., mar. r., dos ornés, large dent. à petits fers sur les plats, doublés de moire verte, dent. int., mors en mar., tr. sup. dor. (Hardy-Mennil). 700 fr.




185. Œuvres de Moliere. Nouvelle edition. Paris, s. n., 1734, fig. de Boucher, 6 vol. in-4, mar. r., dos ornés, plats à la Duseuil, dent. int., tr. dor. (David). Premier tirage portant « comteese » au lieu de « comtesse » à la 12e ligne de la page 360 du vol. VI. 600 fr. à Heredia.



Exemplaire Hilaire Grésy


186. Œuvres de Moliere. Nouvelle edition, Augmentée de la Vie de l’Auteur & des Remarques Historiques & Critiques Par M. de Voltaire. Amsterdam et Leipzig, Arkstee et Merkus, 1765, 6 vol. in-18, fig. de Punt, mar. r., dos ornés, au chiffre de Hilaire Grésy, fil., dent. int., tr. sup. dor., non rogn. (Lortic).



187. Œuvres de Moliere, avec des remarques grammaticales ; Des Avertissemens Et des Observations sur chaque Piéce, par M. Bret. Paris, Compagnie des Libraires associés, 1773, 6 vol. in-8, fig. de Moreau, mar. r., dent., tabis, mors de mar., tr. dor. (Bozerian). Ex. de Brunet. 530 fr.



194. Œuvres de Jean Racine, avec des commentaires, Par M. Luneau de Boisjermain. Paris, Imprimerie de Louis Cellot, 1768, 7 vol. in-8, gr. pap. de Hollande, fig. de Gravelot avant la lettre, mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Aux armes de la comtesse du Barry. 315 fr.



200. Œuvres complettes de Crébillon, nouvelle édition, Augmentée & ornée de belles Gravures. Paris, Libraires associés, 1785, 3 vol. in-8, mar. bleu, larges dent., doublés de tabis, fil., tr. dor. (Bradel, successeur de Derome). Pap. fort de Renouard, doubles fig. avant et avec la lettre. 300 fr.



203. La Folle Journée, ou le Mariage de Figaro, comédie en cinq actes, en prose. Par M. de Beaumarchais. Imprimerie de la Société littéraire-typographique ; Et se trouve à Paris, Ruault, 1785, in-8, très gr. pap. vélin, fig., mar. bleu, dos orné, riches ornem. sur les plats, dent. int., dor. en tête, non rogn. (Lortic). Trois suites de fig., portr., lettre autographe de l’auteur ajoutés. 256 fr.


Exemplaire Hilaire Grésy

210. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. S. l., s. n., 1718, pet. in-8, fig. du Régent, gravées par Audran, mar. r., larges dent. à petits fers, tabis, tr. dor. (Derome le Jeune). La planche des « petits pieds » [gravée en 1728], qui ne fait pas partie de cette édition, a été jointe. Ex. Brunet (1868), Mosbourg (1893), Montgermont (1911), Rahir (1930), Léon Mercier, Paul May (1949), Gérard Hupin, Michel Wittock (2004). 850 fr. à Gonzalès. [Paris, Christie’s, 8 novembre 2004 : 37.600 €]



229. Les Avantures [sic] de Telemaque fils d’Ulysse. Par feu Messire François de Salignac de la Motte Fenelon. Premiere edition conforme au Manuscrit original. Paris, Florentin Delaulne, 1717, 2 vol. in-12, 24 fig. de Bonnard, mar. r., fil., dos à petits fers, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 400 fr.


Exemplaire Hilaire Grésy

240. Le Roman comique, Par Scarron. Édition ornée de Figures dessinées par Le Barbier. Paris, Imprimerie de Didot Jeune, Chez Janet et Hubert, An IV, 3 vol. in-8, fig. avant la lettre, mar. r., dos ornés, au chiffre de Hilaire Grésy, fil., dent. int., tr. sup. dor., non rogn. (Lortic). [Paris, Sotheby’s, 6 novembre 2014 : 2.250 €]



243. Histoire de Gil Blas de Santillane. Par M. Le Sage. Dernière Edition revue, & corrigée. Paris, Les Libraires associés, 1747, 4 vol. in-12, 32 fig. par Dubercelle, mar. r., riche dent. à petits fers, dos ornés, tr. dor., non rogn. (Belz-Niedrée). 640 fr.



249. Histoire du chevalier des Grieux, et de Manon Lescaut. Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, 1753, 2 vol. pet. in-12, gr. pap. fort, 8 fig. de Gravelot et de Pasquier, mar. orange, dos ornés, fil., tr. dor. (Hardy). Ex. Pixerécourt, provenant antérieurement des bibliothèques de Bonnemet, de La Vallière, de Naigeon et de F. Didot. 385 fr. à Heredia.



250. Histoire de Manon Lescaut et du chevalier des Grieux, par l’abbé Prevost. Paris, Imprimerie de P. Didot l’Aîné, An V. 1797, 2 vol. in-18, gr. pap. vélin, fig. de Moreau avant la lettre, mar. violet, fil., tr. dor. (Simier). Ex. Brunet. 435 fr.

Photographie BnF


260. Paul et Virginie, par Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre. Avec figures. Paris, Imprimerie de Monsieur, 1789, in-18, pap. vél., fig. de Moreau, mar. r., comp., doubl. mar. vert, dos à petits fers, tr. dor. Ex. de J.-J. De Bure. 185 fr.



281. Les Amours du chevalier de Faublas ; Par J.-B. Louvet. Troisième édition. Paris, Chez l’Auteur et chez les marchands de nouveautés, An VI, 4 vol. in-8, gr. pap. vélin, fig., reliés sur brochure en veau fauve, dent., tr. dor. (Bozerian). 235 fr.



284. Les Cent Nouvelles nouvelles. Suivent les cent nouvelles contenant. Les Cent Histoires Nouveaux, Qui sont moult plaisans a raconter, En toutes bonnes Compagnies ; par manière de joyeuseté. Cologne, Pierre Gaillard, 1701, 2 vol. pet. in-8, mar. noir, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. Nodier et Brunet. 430 fr. à Marquis.



285. Contes et nouvelles de Marguerite de Valois, reine de Navarre. Amsterdam, George [sic] Gallet, 1708, 2 vol. pet. in-8, fig. de Harrevyn, mar. r., dos ornés de petits fers représentant des reines-marguerites (Derome). Ex. Nodier. 500 fr. à Marquis.



286. Les Nouvelles de Marguerite, reine de Navarre. Berne, Nouvelle Société Typographique, 1780-1781, 3 vol. in-8, fig. de Freudenberg et front. et fleurons par Dunker, mar. r., fil., tr. dor., rel. sur brochure (Bozerian). Ex. Brunet. 515 fr.



288. Le Decameron de Jean Boccace. Londres, 1757-1761, 5 vol. in-8, gr. pap., fig. de Gravelot et de Cochin, avec la suite complète des figures doubles, mar. amar., dos orn., large dent. sur les plats, tr. dor. (Petit-Simier). 425 fr. à Calluaud.


Exemplaire Hilaire Grésy


303. L’Histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle, causées par la lecture des livres qui traitent de la Magie, du Grimoire, des Démoniaques, Sorciers, Loups-garoux […], & d’autres superstitieuses pratiques. Paris, Nicolas Gosselin et Charles Le Clerc, 1710, 2 vol. in-12, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Derome). [Paris, Drouot, 14 février 2018 : 3.760 €]  

Photographie BnF

340. Les Œuvres de maitre François Rabelais, avec des remarques historiques et critiques De Mr. Le Duchat. Nouvelle edition, Ornée de Figures de B. Picart &c. Amsterdam, Jean Frederic Bernard, 1741, 3 vol. in-4, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Padeloup). Ex. en gr. pap. de Girardot de Préfond, de Mac-Carthy et de Brunet. 4.110 fr. à Gonzalès.



342. Fables de La Fontaine. Paris, Pierre Didot l’Aîné, An VII, 2 t. en 4 vol. in-18, pap. vél., portr. et fig. – Contes et nouvelles en vers, par Jean de La Fontaine. Paris, P. Didot l’Aîné, An III. 1795, 4 vol. in-18, pap. vél., fig. d’Eisen et culs-de-lampe par Choffard. – Œuvres diverses. Paris, Nyon, 1758, 4 vol. pet. in-12, 3 portr. d’après Rigault. Ensemble 12 vol., mar. bleu, dent., tr. dor. (Bozerian). Fig. ajoutées. 350 fr.



349. Œuvres de M. Boileau Despréaux. Nouvelle Édition, Avec des Eclaircissemens Historiques donnés par lui-même, & rédigés par M. Brossette. Par M. de Saint-Marc. Paris, David et Durand, 1747, 5 vol. pet. in-8, fig., mar. noir, doublé de tabis rouge, fil., tr. dor. (Padeloup). 590 fr. à Gonzalès.



352. Œuvres diverses de M. de Fontenelle, de l’Academie françoise. Nouvelle edition, Augmentée & enrichie de Figures gravées Par Bernard Picart le Romain. La Haye, Gosse et Neaulme, 1728-1729, 3 vol. in-fol., mar. r., fil., tr. dor. (Derome). 300 fr.



357. Œuvres complettes en vers, et en prose. Par M. Dorat. Paris, Sébastien Jorry, 1766-1780, 14 vol. gr. in-8, gr. pap., mar. r., dos ornés, large dent. à petits fers sur les plats, doublés de moire antique verte, tr. dor. (Lortic). 1.900 fr.



368. Œuvres de Salomon Gessner. Paris, Antoine-Augustin Renouard, An VII, 4 vol. in-8, fig., mar. r., dent., tab., mors de mar. tr. dor. (Bozerian). Un des 20 ex. en gr. pap. vélin, avec les fig. de Moreau avant la lettre. Ex. Brunet. 420 fr.

Un incident regrettable eut lieu au cours de l’été 1869 :

« M. Grésy, qui a été sous-préfet de la Tour-du-Pin du 4 août 1869 au 19 septembre 1870, a acheté et fait installer à la sous-préfecture pour l’ameublement de son cabinet, sous prétexte de délabrement de l’ancien mobilier, des meubles de luxe dont le prix s’élèverait à 4,297 fr. 85 c., et de plus, pour mettre le comble à l’irrégularité, il a fait disparaître une partie du mobilier qui existait, de telle sorte que le conseil d’arrondissement, dans sa session de 1870, a déclaré qu’il lui était impossible de constater en parfaite connaissance de cause le degré de nécessité qu’il y avait à faire ces acquisitions. […]

M. Grésy a compris ce qu’il y avait de grave et d’illicite dans cette acquisition de mobilier qui ne pouvait, en aucun cas, engager le département. Il a offert de contribuer lui-même au paiement, à concurrence de 1,500 fr., et il s’en est remis, en un mot, à la décision du conseil général. »

(Conseil général du département de l’Isère. Session de 1871. Tome II. Procès-verbal des délibérations. Grenoble, F. Allier Père et Fils, 1872, p. 420)

Le 9 novembre 1878, à Blosseville-Bonsecours, Hilaire Grésy épousa une ancienne modiste parisienne, Marie-Geneviève Gaudry, née le 1er janvier 1842 à Tronville [Meuse]. Ils légitimèrent alors leurs six enfants : Edmond-Hilaire, né le 23 février 1863 à Poitiers [Vienne], boulevard du Pont Achard ; Marie-Hélène, née le 30 avril 1864 à Angoulême [Charente], au domicile de la sage-femme, 28 rue du Soleil ; Joseph-François, né le 15 janvier 1866 à Paris [IIIe], 32 rue Charton ; Élise, née le 2 avril 1867 à Paris [XIe], 1 passage Saint Sébastien ; Bathilde-Yolande-Françoise, née le 18 mai 1871 à La Tour-du-Pin, rue des Jardins ; Odile-Françoise-Bathilde, née le 21 janvier 1875 à Blosseville-Bonsecours, 103 Grande Route.

Hilaire Grésy et Francisque Sarcey (1827-1899) échangèrent souvent leurs avis sur la passion des livres et leur collection.

« J’ai pour ami de collège, et cela ne le rajeunit point, bien qu’il fût dans la cour des petits, quand j’étais déjà un grand, j’ai donc pour ami un des bibliomanes les plus intelligents et les plus passionnés de ce temps. Avec une fortune relativement fort modeste, il avait fini, grâce à un goût très éclairé, à une curiosité toujours en éveil, à une patience et une adresse de mohican sur la piste d’une proie, par se constituer une des bibliothèques les plus riches en livres précieux qu’il y eût à Paris. Son ex libris était connu sur le marché. Ex libris Hilarii Grésy. Cette marque donnait du prix à tout volume qui le portait.

Des malheurs de famille le contraignit, il y a quelques années, à vendre une partie de ses beaux livres, collectionnés avec tant d’amour et de soin. Ce fut un gros crève-cœur pour lui, et je crois pourtant qu’il s’en consola par la maligne pensée que tel millionnaire achèterait quinze cents francs un volume qui lui avait coûté à lui, pauvre diable, mais homme de goût, cent écus. Ce sont les spirituelles revanches de l’amateur vrai, de l’amateur qui aime, sur le faux amateur, sur l’amateur financier qui finance.

Nous avons souvent avec Grésy de grandes discussions sur le livre et la passion qu’il excite. Nous ne nous entendons guère. Ce qu’il estime dans un volume, c’est le précieux et le rare. De quoi traite l’ouvrage ? est-il bon ou mauvais ? est-on bien aise de le lire ou jamais ne sera-t-on sollicité à en prendre connaissance ? Ce sont là questions dont il ne s’inquiète guère. Ce qui le préoccupe et l’attire, c’est la perfection de la reliure et le nom dont elle est signée ; c’est la beauté typographique du texte, la grandeur des marges, le bon état de conservation du volume, les armoiries ou l’ex libris dont il est estampillé, c’est le fini des gravures, s’il y en a, et la mention suprême : Avant la lettre ; c’est surtout, c’est avant tout la rareté de l’exemplaire. – Il n’y en a que trois pareils en Europe, et encore le sien n’est-il pas coupé. Merveilleux avantage ! »

(Francisque Sarcey. « Les Bibliomanes ». Le XIXe Siècle, 5 mai 1880, p. 1)

« Je reçois, en réponse au dernier article qui portait ce titre, une bien jolie lettre de mon ami Grésy (Hilarius Grésy). Grésy est percepteur en province. Eh bien, on n’a pas seulement le goût bibliomane dans les finances, on y a de l’esprit, et cela ne gâte jamais rien. Je détache de cette lettre quelques lignes amusantes :

Quelle jolie réplique il y aurait à vous faire ! une réplique en action.

Supposez que vous receviez demain, richement reliés et soigneusement enveloppés dans du papier de soie, deux volumes in-8°, portant pour titre : Contes et Nouvelles de la Fontaine.

Vous feuilletez les deux tomes : - Oui, c’est bien là l’édition des fermiers généraux. Voilà les charmantes compositions d’Eisen, le portrait de l’auteur gravé par Fiquet. Les deux figures du Cas de conscience et de Diable de Papefiguière sont découvertes… peste !

Deux mois plus tard, après m’avoir adressé un petit autographe de remerciement, vous montrez votre exemplaire à un des amateurs que vous qualifiez gaiement de bibliomanes, - un malin, celui-là – qui l’examine avec le respect que l’on doit aux beaux livres, et qui tout à coup s’écrie :

-          Mais, monsieur, vous êtes volé ! C’est la contrefaçon des fermiers généraux que vous a envoyée Grésy. Voyez, les figures sont retournées ! D’ailleurs, cherchez à la page 66 du second volume ; au lieu de :

“ Taille, non pas de quelque mingrelet ”, vous devez lire :

“ Taille, non pas de quelque mégrelet. ”

Le papier de cette contrefaçon est tout aussi beau ; l’impression, faite en Allemagne, est très soignée, et il faut un œil bien exercé pour s’apercevoir de la différence qui existe entre les figures des deux éditions. L’une pourtant vaut mille écus, et l’autre…, mon Dieu ! la vôtre, comme la reliure est superbe et sans défaut… Oui, c’est un exemplaire dont vous trouveriez peut-être quatre cents francs.

Avouez, mon cher Sarcey, que cette découverte vous laisserait quelque peu rêveur, que la plaisanterie vous semblerait médiocre, et qu’à par vous, tout bas, vous me traiteriez de joli farceur.

Et cependant, avec votre théorie !

Eh ! sans doute, la convention entre pour beaucoup dans le prix des choses. »

(Francisque Sarcey. « Bibliomanes ». Le XIXe Siècle, 11 mai 1880, p. 1)

« Nos lecteurs se souviennent peut-être de quelques articles que j’ai adressés à mon ami Grésy – hilarius Grésy, pour les amateurs de beaux livres ; - je l’y avais traité de bibliomane !

-          Moi, bibliomane ! s’est-il écrié. Jamais ; c’est une injure, une grave injure. Bibliophile, à la bonne heure.

-          Où est la différence ? avais-je demandé. Et Grésy me répond en m’envoyant cette définition du bibliophile. Personne n’est plus que lui compétent sur la question.

Oyez donc, ou plutôt lisez :

“ Le vrai bibliophile est, à mon sens, un homme de goût et d’un luxe érudit - erudito luxu, comme dit Tacite – qui se propose pour but, en composant une bibliothèque, d’élever un monument à la gloire de ses auteurs favoris.

Je reprends, un à un, les termes de ma définition.

Est(ce qu’en effet il ne faut pas un goût très sûr, très épuré, très éclairé pour faire un bon choix parmi tant d’écrivains, et n’ouvrir la porte du tabernacle qu’à ceux dont la postérité a définitivement consacré la renommée ? Vous avez admis Regnard. Admettrez-vous également Destouches ? Accepterez-vous toute l’œuvre de l’abbé Prévost ou n’accueillerez-vous que Manon Lescaut ? Je veux toutes les lettres de Mme de Sévigné ; un admirateur moins enthousiaste se contentera des Lettres choisies. Veuillez remarquer en passant qu’un bibliophile ne saurait accorder droit de cité à des auteurs vivants. Leur place est marquée dans un corps de bibliothèque à part, qui est à l’autre comme le musée du Luxembourg est au Louvre.

Je pose aussi en principe qu’il est indispensable, pour être sacré bibliophile, d’allier l’opulence avec l’érudition. Eh ! mon Dieu ! oui ! Un pauvre drille a beau aimer passionnément Rabelais, jamais il n’aura assez d’argent de poche pour s’offrir, surtout par le temps qui court, un exemplaire sortable de Le Duchat, la seule édition qui soit vraiment digne du maître, la seule dans laquelle l’étincelant railleur se gaudira de se relire, au jour du jugement dernier.

Quant aux connaissances nécessaires à un ami des livres, et qui veut que les livres le paient de retour, elles sont assez multiples. Non-seulement les archaïsmes et les locutions de notre vieux langage doivent lui être entièrement familiers, mais il lui faut encore posséder sur le bout du doigt les dates des éditions et celles des contrefaçons. Il doit avoir des notions exactes sur leur valeur commerciale, n’être étranger ni à l’art de la gravure ni à celui de la reliure, savoir discerner du premier coup d’œil les qualités qui constituent un bel exemplaire et les défauts qui le déprécient, dépister toutes les fraudes, être au fait de toutes les supercheries littéraires et bibliographiques.

Un imperceptible sourire a passé sur vos lèvres quand j’ai dit : “ Le but du bibliophile est d’élever un monument à la gloire de ses auteurs favoris.” Un peu bien ambitieuse vous a paru la phrase. Vous trouvez que nous nous exagérons furieusement l’importance de notre rôle, et qu’il ne suffit pas d’avoir passé trente ans de sa vie à réunir de beaux livres pour avoir bien mérité des Lettres françaises. Pourtant, quelle manière plus délicate de rendre hommage à la mémoire d’un écrivain illustre et populaire que de réimprimer son livre dans une édition magnifique ! Les commentaires dont il est enrichi sont dûs à la plume d’un grand critique, Janin ou Sainte-Beuve ; les figures (si le sujet en comporte) sont l’œuvre d’un burin célèbre ; le papier semble défier l’outrage du temps ; jusqu’au format qui est solennel. Peste ! voilà qui vaut autant pour la gloire de l’auteur qu’une statue au milieu d’un carrefour. Eh bien, c’est à nous que vous la devez, cette édition monumentale, et si nos souscriptions n’en couvraient pas les frais, elle ne verrait jamais le jour. Et ne venez pas dire que c’est l’attrait de la curiosité qui nous pousse. Ce livre, dont nous allons payer au poids de l’or un exemplaire de luxe, nous l’avons lu et relu dix fois, nous le savons pour ainsi dire par cœur. Nous l’avons prêté à des amis qui ont oublié de nous le rendre ; c’est dans ce volume que notre dernier né a appris à épeler ; il voyage avec nous en chemin de fer, il est à l’entrée de notre bibliothèque de campagne ; le voici encore sur notre table de nuit, mais qu’importe ! On ne se lasse pas de contempler les traits d’un ami sincère ; nous ne possédions de lui que des cartes photographiques, des épreuves que le soleil pâlit et efface : On nous propose son buste en marbre, nous n’hésitons pas à l’acquérir, même au prix de privations sérieuses. C’est notre façon, à nous, d’honorer son génie, de lui prouver notre admiration, de lui rendre notre culte.

Je suis, comme vous savez, fanatique de La Fontaine. Je crois, Dieu me pardonne ! que je lui donnerais le pas sur Molière. En retour des ineffables délices que me fait goûter, depuis ma jeunesse, le plus aimable des philosophes, est-ce donc trop que de conserver pieusement les cinq ou six plus belles éditions de ses œuvres ? Pourvu qu’après moi elles n’aillent pas à des mains profanes ! Pourvu que nos petits enfants les transmettent à leurs descendants aussi immaculées que les ont léguées à leurs héritiers les d’Hoym, les Bonnemet, les Naigeon, les Lavallière ! Ah ! mon ami, quelle jouissance de manier ces Fables, éditées en 1755 par les libraires Desaint et Saillant ! Il s’exhale des quatre nobles in-folio un parfum de vieux maroquin qui rappelle celui de l’encens, et qui sied bien aux mains d’un humble thuriféraire. Notre exemplaire est en grand papier de Hollande, s’il vous plaît ! et les figures sont avant le léopard.

Daignez feuilleter avec moi les admirables compositions d’Oudry placées en regard de chaque fable, et, si le temps vous manque, arrêtez-vous au moins sur le Rat de ville et le Rat des champs, la Mort et le Bûcheron, le Renard et la Cigogne. Il est impossible, n’est-il pas vrai ? d’interpréter d’un crayon plus grandiose la pensée de l’immortel moraliste, et l’on peut dire sans hyperbole que l’artiste se tient constamment à la hauteur de l’écrivain.

Pour compléter l’oblation, j’ai inséré une lettre autographe de mon idole, en face du beau portrait de La Fontaine gravé par Cochin, et il me semble qu’ainsi il revit tout entier : il respire, il parle, il me sourit. Je vois, en même temps que son visage, son génie, son cœur et son âme.

Cependant ma passion pour La Fontaine n’est point exclusive. Elle ne saurait attiédir la ferveur de ma dévotion à Molière. Aussi, envié-je l’heureuse fortune qu’a M. Paillet de posséder un des rares spécimens de l’édition de Bret où se trouvent les délicieuses vignettes de Moreau le Jeune avant toute lettre. Mais, à défaut de ce fin joyau, j’ai encore de quoi me régaler avec la splendide édition de 1734, ornée des charmantes scènes de Boucher. Il est difficile de rencontrer les gravures de Laurent Cars en brillantes épreuves, et celles du second tirage sont presque toujours grises ou baveuses. Les nôtres, veloutées comme des ailes de papillon, portent avec elles la garantie de leur supériorité ; à la page 360 du sixième volume, on lit en effet “ comteese ” au lieu de “ comtesse ”.

Ah ! Ah ! la faute, la fameuse faute, nous y voilà ! Sont-ils assez maniaques ces amateurs ! Dire qu’ils poussent l’absurdité jusqu’à préférer l’exemplaire où est la faute ! – Tel est le grand cheval de bataille sur lequel caracolent depuis bien des années les loustics de la bibliographie. Quand ils ont réédité cette plaisanterie de commis-voyageur, ils pensent nous avoir couverts de ridicule. Pourtant, j’imagine que notre préférence est parfaitement raisonnable et logique. Dans un livre à figures, il est assez naturel, n’est-ce pas ? de tenir compte de l’état des figures, et tout le monde sait que le jeu des rouleaux finit par user le cuivre d’une planche. D’autre part, il va de soi qu’aux premiers volumes imprimés ont été jointes les premières épreuves tirées, celles qui ont le flou et la fleur. Or, ces premiers exemplaires se reconnaissent précisément à la faute qui subsiste, et qui n’est échappée à l’œil du correcteur qu’au début du tirage.

De même pour l’estampe : Le Singe et le Léopard. Le graveur avait omis représenter un petit Léopard sur l’enseigne du bateleur carnassier. On lui signala cet oubli, et quelques touches à la pointe sèche l’eurent vite réparée. Mais dans l’intervalle, un certain nombre d’exemplaires avaient déjà été livrés au libraire ; ceux-ci gardèrent la pancarte blanche. On les appela, pour cela, exemplaires de remarque, et comme on est sûr qu’ils contiennent les meilleures planches, on les prise naturellement plus que les autres.

Eh ! parbleu oui, nous préférons le livre avec la faute ! Parbleu oui, nous cherchons la petite bête… pour nous en garer, quand nous achetons les Fables de 1755. Et vous, mon maître ? Est-ce que vous n’aimez pas mieux un tableau bien conservé, sans craquelures, qu’une toile marouflée et pleine de repeints.

Tout doucement, et sans avoir l’air d’y toucher, je crois avoir fait justice de certains préjugés qu’accueille un peu trop à la légère le monde des profanes.

Je me résume donc.

Les beaux livres veulent être traités avec beaucoup d’égards. Le bibliophile ne les lit pas par l’excellente raison qu’il en connaît déjà à fond le contenu, au moment où il leur ouvre les portes de sa bibliothèque. Il ne les lit pas, parce qu’à ses yeux ce sont de véritables objets d’art, aussi peu faits pour subir les attouchements d’une main droite, d’un pouce habitueux, ou les injures d’un ongle trop long, qu’une soupière en ancienne pâte tendre de Sèvres est peu faite pour qu’on y trempe le pot-au-feu.

Les livres précieux ne sont point destinés à être prêtés, et si Grolier ressuscitait en notre égoïste dix-neuvième siècle, il commencerait par supprimer, de sa devise, le célèbre et amicorum. Je le soupçonne d’ailleurs de n’avoir pris cet ex-libris que pour faire une malicieuse antiphrase. Sous quel prétexte prêterait-on ses livres plutôt que son éponge ou sa brosse à dents ? L’ami qui vous les demande à emprunter est un indiscret et mérite d’être traité comme tel.

Enfin, ce n’est jamais par pure manie qu’un bibliophile se décide pour un exemplaire plutôt que pour un autre. Il est évident, par exemple, que la grandeur des marges ajoute à la beauté d’un livre, comme la longueur des cheveux ajoute aux attraits d’une jolie femme. ” »

(« Bibliophile et Bibliomane ». Le XIXe Siècle, 8 septembre 1880, p. 2)

« Ah ! ces gens du monde ! pas journalistes pour deux sous. Voilà mon ami Grésy. Je lui demande comment il distingue le bibliophile du bibliomane. Il m’écrit sur le bibliophile et les caractères qui le distinguent une lettre que vous avez lue dans le XIXe Siècle. Elle était charmante, cette lettre, et faisait un excellent article de journal.

Eh bien, et le bibliomane à présent ?

Ah ! bien oui ! Grésy n’est plus en train. Le journal, ce n’est pas son affaire. Il me répond tout bonnement par cette boutade :

“ Nous autres, nous appelons bibliomane tout ce qui n’est pas bibliophile.”

Et voilà !

Le type du bibliomane, ajoute-t-il, c’est cet Anglais, M. Hankey, réunissant pour deux millions de livres érotiques, et disant à son médecin, dans le délire de la fièvre typhoïde :

-          M’apportez-vous Justine en grand papier ?

Voilà quarante ans qu’il cherche le roman du marquis de Sade dans cette condition.

C’est encore M. Wolfenbütel, possédant 4,751 éditions différentes de la Bible, et espérant toujours en découvrir une 4,752e.

C’est aussi M. Marquis, le chocolatier, poussant à 10,000 francs un exemplaire non rogné du Pâtissier français, petit in-12, elzévir 1655.

Le volume, orné d’un bois grossier, est mal imprimé ; la justification des pages est trop grande pour le format ; l’ouvrage, comme vous pensez, n’offre aucun intérêt. Son seul mérite est d’être rarissime en cette condition. Et la raison en est facile à deviner : c’est que fort peu d’exemplaires ont échappé aux mains grasses des gâtes-sauces et des cordons bleus du temps.

Le bibliophile recherche les livres précieux ; le bibliomane, les livres rares, sans tenir compte de la valeur intrinsèque de l’ouvrage.

Etc., etc.

Oui, mais ce sont précisément ces et cœtera que j’aurais voulu que Grésy nous développât, en les accompagnant de commentaires passionnés, en les relevant d’anecdotes. Il en sait tant, et de si curieuses !

Et cet enragé bibliophile est percepteur.

Après cela, les receveurs généraux aimaient, eux aussi les belles éditions ; à preuve, Lafontaine ! Et je crois bien que mon ami Grésy aimerait assez, lui aussi, passer receveur général. »

(Francisque Sarcey. « Bibliophile et Bibliomane ». Le XIXe Siècle, 16 septembre 1880, p. 3)

Veuf de Marie-Geneviève Gaudry depuis le 15 mai 1887, décédée à Paris [XVIIIe], Hilaire Grésy, alors attaché au cabinet du préfet de la Seine et demeurant 10 rue Gros à Paris [XVIe], épousa, le 29 avril 1899, Victoire-Marie-Louise Boudrillet, née le 6 mai 1861 à Arceau [Côte-d’Or] : ils légitimèrent alors leur fils Hilaire-Marie-Georges, né au 135 rue Mozart à Paris [XVIe], le 6 novembre 1893.

Photographie Archives de la Seine

Hilaire Grésy mourut à Cesson [Seine-et-Marne], le 7 octobre 1912.