lundi 31 mai 2021

Firmin Maillard (1832-1908), bibliophile anecdotier

 La reproduction des articles est autorisée à la condition que l'origine en soit citée.

Guide pittoresque du voyageur en France. Paris, Firmin Didot frères et L. Hachette, 1834, 94e livraison

Arrière-petit-fils de marchand épicier, petit-fils de négociant et fils de pharmacien, tous installés à Gray [Haute-Saône], Jean-François-Firmin Maillard y est né le 24 septembre 1832.


 Après avoir fait une année d’études à l’École préparatoire de médecine et de pharmacie de Besançon [Doubs], Firmin Maillard abandonna cette orientation pour se lancer dans le journalisme et débuta à L’Impartial de Besançon et de la Franche-Comté.

En 1851, il vint à Paris, où il collabora à L’Effronté, à La Balançoire pour tous, Le Diogène, Le Rabelais, Le Dimanche, à la Gazette de Paris, à La Discussion, Le Diable boiteux, avant de devenir rédacteur au Figaro.

Pour le fondateur de ce dernier journal, son ancien collaborateur était « un de ces rares écrivains consciencieux et érudits, sachant dire beaucoup de choses en peu de mots. » (Mémoires d’un journaliste par H. de Villemessant. Quatrième série. Derrière le rideau. Paris, E. Dentu, 1875, p. 164).


« Quand il n’est pas à la Bibliothèque impériale (ce qui est rare) en train de guetter un in-8° quelconque, il est à Clamart, ou à la Morgue, ou à l’École pratique. Il visite assez souvent les hôpitaux, et regarde la salle des Morts de l’Hôtel-Dieu comme une des plus jolies choses qu’il ait vues. Bicêtre, Charenton, les établissements de ce genre, se partagent ses visites pendant la belle saison : il appelle cela aller à la campagne. – Quand il est en gaîté, il va flâner dans les cimetières de la capitale.

Il assiste à toutes les exécutions, et le bourreau pourrait répéter aux gendarmes ce mot bien connu : “ Laissez approcher monsieur ; c’est un amateur.” – Les suicidés ont aussi toutes ses tendresses ; il sait son pendu sur le bout du doigt ; le noyé n’a pour lui aucun mystère. Naturellement, sa bibliothèque se ressent de cela, et il a une jolie collection de bouquins dont la Mort fait principalement les frais : on parle même d’une certaine reliure en peau humaine !... […]

Tout cet attirail lugubre ne paraît pas l’affecter beaucoup. Il est gai et souriant. Son ami Duchesne [Alphonse Duchesne (1825-1870)] a dit de lui : “ Ce carnassier, ce critique fauve est doué d’une physionomie ouverte et franche où respirent l’innocuité, la bonne humeur et le contentement de vivre : il vous a de grands yeux noirs dont le regard doux et vague rappelle celui du bœuf enfoui jusqu’au ventre dans les herbages de son choix.” Alphonse Daudet prétend qu’il a une tête de loup qui serait bon. »

(J.-F. Vaudin. Gazetiers et gazettes. Paris, 1860, p. 198-200)

Outre ses articles de fantaisie, ses chroniques et ses articles littéraires, les livres de Firmin Maillard, qui se qualifie lui-même de « bibliogratte » (Le Tintamarre, 22 août 1858, p. 7), sont une mine de renseignements.

On lui doit un avant-propos pour Coupe d’Amour (Paris, Chez les principaux libraires, 1856, in-18), par Brocard de Meuvy fils :

« Certes, ce n’est pas là une poésie nuageuse et vague, où la pensée ne peut s’arrêter, fatiguée qu’elle est du chatoiement continuel d’un style cadencé ; non, c’est l’irradiation d’un amour grand et élevé comme tout ce qui dépasse le terre-à-terre des appétits vulgaires. Fille de l’antiquité, la muse de la Coupe d’Amour a toute la grâce attique de ces filles de Milet, affranchies, peut-être un peu tôt, des lois du gynécée. » (p. 13)


 

Son Histoire anecdotique et critique des 159 journaux parus en l’an de grâce 1856Avec une table par ordre alphabétique des 386 personnes citées, commentées et turlupinées dans le présent volume (Paris, Au Dépôt, 1857, in-18) forme la première partie d’une Histoire anecdotique et critique de la presse parisienne 2e et 3e années (Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1859, in-12) qui débute avec la mention « Pas de préface, la vie est courte ».

Photographie BnF

En 1858, Firmin Maillard devint l’éditeur d’un journal périodique, que le Figaro inséra dans ses pages, intitulé La Casquette de Loutre, qui « renie et répudie comme siens tous ces enfants [petits journaux] qui encombrent la voie littéraire de leurs corps rachitiques et souffreteux » (Figaro, dimanche 6 juin 1858, p. 4).

En 1859, Firmin Maillard entra à la Société des Gens de Lettres. Après avoir flagellé les petits journaux qui pullulaient depuis quelques années comme la mauvaise herbe, le 1er septembre 1860 Maillard laissa son fouet à un ami, le journaliste Jean-François Vaudin (1826-1869) :

« Je relis votre lettre ; quoi ! vous voulez que j’explique au public pourquoi je ne continue plus mon HISTOIRE DE LA PRESSE PARISIENNE, et pourquoi c’est vous, mon ami, qui la continuez. – Entre nous, le public ne tient peut-être pas beaucoup à cette explication, et puis, il y tiendrait, que je ne me sens pas d’humeur à le satisfaire. C’est notre plaisir est ma devise. – C’était mon plaisir lorsque j’ai commencé, aujourd’hui c’est mon plaisir de m’arrêter… d’abdiquer, dirais-je orgueilleusement, si le mot n’était pas si Fontainebleau.

Un grand journal a dit de mon HISTOIRE DE LA PRESSE PARISIENNE : “ En effet, le livre est l’antagoniste du petit journal ; il n’en est pas l’ami, il en est le juge impitoyable ; s’il le sauve de l’oubli, c’est pour le clouer au pilori de l’opinion publique. Et comme ce livre – qui, après tout, pourrait bien n’être qu’un pamphlet – leur dit en plissant les lèvres dédaigneusement : “ Ainsi meurent les feuilles légères, qui n’ont ni esprit, ni talent, ni foi, ni croyance, qui sont rédigées par des ex-bottiers, ex-perruquiers, peut-être aussi par les perruquiers et les bottiers de l’avenir…”

Ce journal avait raison et comprenait parfaitement l’esprit de mon livre ; j’ai crié avec bonheur sur tous les toits possibles, ce que je pensais de la petite presse d’aujourd’hui, afin, surtout, de ne pas être accusé de complicité. Je considérais cet acte comme un devoir ; – j’y ai satisfait.

Comme Jérémie, je leur ai montré l’abîme dans lequel les entraînaient leurs iniquités ; comme Jérémie, ma voix s’est perdue dans le désert. Tartinet, du Mouton enragé, Copinot de la Chandelle humanitaire, et Tirlipiton de la Casquette de Loutre, m’on répondu crânement : “ ET DU PAIN !...” et je me suis retiré sur la montagne, tellement dégoûté des vivants que j’ai fait une Histoire de la Morgue, et qu’aujourd’hui je puis dire, comme François Chevillard, – un poète d’avant Malherbe – :

Je me plais aux lieux mortuaires ;

Les gibets et les cimetières

Me sont d’agréables séjours,

Car ces lieux jonchés de cadavres,

Sont autant de ports et de havres

Où l’on prend terre pour toujours. »

(« Les Adieux de Firmin Maillard » In J.-F. Vaudin. Gazetiers et gazettes. Paris, 1860, p. [3])


 

Ses Recherches historiques et critiques sur la Morgue (Paris, Adolphe Delahays, 1860, in-18) contiennent : la basse geôle du Grand Châtelet, description de la Morgue, administration, statistique, erreurs et préjugés, la légende de la Morgue, les filets de Saint-Cloud.

Bureau du journal Le Sans le Sou. In Paris qui s'en va, 23e livr., nov. 1860
 On reconnait Charles Baudelaire à l'extrême gauche

On doit aussi à Firmin Maillard le chapitre sur « Le Petit Journal » pour Paris qui s’en va et Paris qui vient (Paris, Alfred Cadart, 1860, in-fol., pl.), par Léopold Flameng, et celui sur « Le Figaro » pour Les Grands Journaux de France (Paris, Bureau, 1862, in-4), par Jules Brisson et Félix Ribeyre.


 

Le Gibet de Montfaucon (Paris, Auguste Aubry, 1863, in-18, pl.) contient : gibets, échelles piloris, marques de haute justice, droit d’asile, les fourches patibulaires de Montfaucon, des documents historiques et la description du gibet, son abandon et sa destruction. Maillard a profité des travaux de Arthur de Lavillegille (Des anciennes fourches patibulaires de Montfaucon. Paris, Techener, 1836, in-8, pl.).

Études psychologiques. N° 1. Quatre heures d’angoisses. (S.l. [Gray], s. n. [impr. A. Roux], 1869, in-16, H.C.). Récit des sensations éveillées par une imprudence qui met l’auteur entre la vie et la mort. Études psychologiques. N° 2. Quand j’étais petit. (S.l. [Gray], s. n. [impr. A. Roux], 1869, in-16, H.C.). Tableau d’impressions enfantines délicates et mesurées.


 

L’Histoire des journaux publiés à Paris pendant le siège et sous la Commune (Paris, E. Dentu, 1871, in-18), du 4 septembre 1870 au 28 mai 1871, « est à coup sûr un des côtés les plus intéressants de ces temps malheureux dont elle représente pour ainsi dire un des aspects psychologiques. »


Élections des 26 mars au 16 avril 1871. Affiches, professions de foi – documents officiels, clubs et comités pendant la Commune (Paris, E. Dentu, 1871, in-18).


Les Publications de la rue pendant le siège et la Commune (Paris, Auguste Aubry, 1874, in-18, pl.) sont « le complément d’un travail qui embrasse dans son ensemble tout ce qui, pendant le Siège et sous la Commune, a eu, au point de vue de la publicité, ce cachet de popularité auquel ne peuvent atteindre des publications plus sérieuses et plus réfléchies.

Ce dernier volume, peut-être le plus curieux des trois, comprend les satires, complaintes, canards, chansons, placards, pamphlets, etc. ; “ petits écrits éphémères, papiers qui vont de main en main et parlent aux gens d’à-présent des faits, des choses d’aujourd’hui ”, toutes pièces ayant au plus huit ou dix pages et n’entrant pas dans une bibliothèque, mais qui ont été tirées à un nombre considérable d’exemplaires et vendues à grand renfort de cris sur la voie publique, pièces dont la plupart sont déjà à peu près introuvables aujourd’hui. »

Photographie Librairie Le Feu Follet

Les Derniers Bohêmes – Henri Murger et son temps (Paris, Librairie Sartorius, 1874, in-18).

Pendant dix ans, la Brasserie des Martyrs, située au bas de la rue des Martyrs, près de l’église Notre-Dame-de-Lorette, fut l’établissement à la mode, quand régnait Henri Murger : on y rencontrait toute la bohême, celle qui mourra dans la misère et celle qui finira à l’Académie française.


Firmin Maillard partit alors pour l’Algérie, y épousa Elmire-Zénaïde Legorgeu, de douze ans sa cadette, et devint viticulteur à Birmandreis.


Dans La Légende de la femme émancipée (Paris, Librairie illustrée, s.d. [1886], in-18), ouvrage très bien documenté, Maillard dénonce les prétentions des femmes désireuses de s’émanciper.

 


Rentré à Paris, Firmin Maillard appartint, à partir de 1894, en qualité de sous-bibliothécaire de 1ère classe, à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.


Sur une sorte de « Bibliophiliana » intitulée Les Passionnés du livre (Paris, Émile Rondeau, 1896, in-16, 225 ex.), Georges Vicaire écrivit :

« Voici un livre de belle humeur, je vous engage à le lire et souhaite que sa lecture vous cause autant de plaisir qu’elle m’en a procuré. Vous y trouverez contés avec infiniment de verve les tribulations, les désespoirs et les joies dont est faite la vie du bibliophile. M. Firmin Maillard ne paraît pas animé d’une excessive tendresse à l’égard des amis des livres, quoiqu’il soit lui-même de “ la partie”. Il est du bâtiment sur lequel nous voguons à travers l’océan des livres et, s’il n’a pas arboré au mât de misaine le pavillon de l’amiral, il a, du moins, pris rang parmi les principaux du bord. Les bibliophiles sont “ irritables, violents, égoïstes ” écrit M. Maillard ; consolons-nous de ces affreux défauts qu’il nous impute en songeant que sa qualité de bibliophile les lui fait partager avec nous. Et, après tout, pouvons-nous même lui en vouloir quelqu’instant de ses amusantes boutades et de ses fines railleries ? l’esprit qu’il met à les traduire est si naturel, si spontané que l’on se trouve sans peine désarmé. Il ne nous reste plus qu’à ne nous pas reconnaître dans les portraits qu’il esquisse et à imaginer – humanum est – que c’est notre voisin qui s’est placé devant son chevalet. Rions donc avec lui, de bon cœur, de nos petits travers et de nos innocentes manies, manies qui, pour dire vrai, ne sont pas toujours innocentes ; l’exemple de Libri et de Chavin de Malan dont M. Maillard retrace à grands traits la triste odyssée en est une preuve ; mais passons sur ces navrants épisodes de l’histoire bibliophilique.

Bibliophiles et savants du temps jadis, la Chevauchée des bibliophiles, Chinoiseries de savants, Bibliophiles mal avisés, Peines de travail perdues, Écumeurs de bibliothèques, Ils se sont endormis dans l’amour du livre, tels sont les chapitres qui composent l’ouvrage et dans lesquels l’auteur nous conte mainte et mainte anecdote plaisante sur nos anciens confrères. Certes, M. Maillard n’est pas très tendre pour ce pauvre bibliophile Jacob dont il rappelle les nombreuses mésaventures bibliographiques, mais personne cependant ne pourra nier la ressemblance du portrait. Les querelles épiques de Brunet et de Quérard, les lettres sans fin de Paulin Paris et de Kervyn de Lettenhove, la mystification dont fut victime l’abbé Domenech avec son fameux Livre des Sauvages, les étourderies de Jules Janin, la naïveté de l’académicien Chasles encombrant ses cartons des faux autographes de Vrain Lucas, bien d’autres historiettes encore relatives à des bibliophiles moins connus, tout cela est narré en un style alerte et pimpant.

Les Passionnés du livre évoquent en moi le souvenir d’un autre livre bien charmant de M. Firmin Maillard, je veux parler de ses Derniers Bohêmes dont je vois encore la couverture jaune, ornée du mélancolique portrait de Mimi, et dont j’ai lu et relu les pages tour à tour joyeuses et poignantes.

Cette fois, ce n’est plus sur l’affreux papier à chandelle, employé par Sartorius pour les Derniers Bohêmes, que sont imprimés les Passionnés du livre ; M. Émile Rondeau, mieux avisé, les a revêtus de l’habit qui leur convenait et en a fait un petit volume élégant et coquet. On me dit que l’édition est, dès maintenant, entièrement épuisée, je n’en suis nullement surpris, car les pages si vécues, si observées, écrites par le délicat de lettres qu’est M. Firmin Maillard resteront parmi les meilleures et les plus intéressantes que nous ayons sur les bibliophiles de notre siècle. »

(Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Techener, 15 mai 1896, p. 275-276)  

Photographie Librairie Cardinal

Trois ans plus tard, lors de la publication de la seconde édition de Le Salon de la vieille dame à la tête de bois (Paris, J.-Olivier Affolter, 1899, in-8, 225 ex.), « pour servir à l’histoire de l’Académie française sous le second Empire », paru pour la première fois l’année précédente chez Rondeau, le même Georges Vicaire en donna l’analyse suivante :

« M. Firmin Maillard nous apprend que les anglais se plaisent à appeler l’Académie française : La Vieille dame à la tête de bois. Cette irrévérencieuse qualification a lieu de surprendre de la part de gens aussi rigoristes, aussi à cheval sur l’étiquette que le sont nos voisins d’Outre-Manche et je regrette que notre sympathique confrère ait cru devoir, dans l’intitulé de son livre, imiter leur exemple.

Je sais bien que ce n’est point un panégyrique de l’Académie qu’a entendu écrire M. Firmin Maillard ; son étude “ pour servir à l’histoire de l’Académie française sous le second Empire, 1852-1870 ” aurait plutôt, si le mot n’était un peu gros, l’allure d’un pamphlet. Ecrite avec une verve toute naturelle, les réflexions malicieuses y foisonnent ; peu d’académiciens trouvent grâce sous la plume alerte et mordante de l’écrivain qui me semble n’avoir pas toujours respecté une rigoureuse impartialité. Ce ne sont pas seulement les “ Immortels ” pris individuellement qui sont en butte à ses railleries, c’est aussi l’Institut, dans son ensemble, dans son organisme, qui tombe sous le coup de ses critiques. M. Firmin Maillard manie l’ironie avec une incontestable virtuosité et son feu roulant d’anecdotes force le rire du lecteur, même le moins disposé à s’associer à ses idées.

La première élection académique dont s’occupe notre confrère est celle d’Alfred de Musset, la dernière, celle de Xavier Marmier, qui eut lieu le 19 mai 1870. “ Je suis arrivé au terme de la tâche que je m’étais assignée, écrit-il ; l’Académie française est une curieuse et amusante institution …mais à la condition de n’en pas abuser ”. Quelques lignes encore sur les séances de réception et, avant de quitter la plume, M. Maillard trace un petit tableau des divers salons où se préparaient les élections des candidats à l’honneur, justement envié, d’être admis dans le “ Salon de la Vieile [sic] dame à la tête de bois ”, tels ceux du comte Molé, du duc Pasquier, du duc de Broglie, de MM. Guizot, de Montalembert, de Sacy, Lebrun, de Lamartine, Philarète Chasles, de la princesse Belgiojoso, de  Mmesmes  d’Agoult, d’Haussonville, Lenormant, Bixio, de Blocqueville, Ch. Didier, Reybaud et Ancelot. »

(Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Techener, 15 mai 1899, p. 253-254)  


Bernard-Henry Gausseron a lu Le Requiem des gens de lettres. Comment meurent ceux qui vivent du livre (Paris, Henri Daragon, 1901, in-12, 382 ex.) :

« Ce volume, de la “ collection du Bibliophile parisien ”, est comme un glas posthume sonné sur des gloires, des vanités, des jouissances, des douleurs, des désirs et des désespoirs dont l’histoire reconstituerait la vie littéraire intime de notre pays depuis cinquante ou soixante ans. M. Firmin Maillard, bibliophile anecdotier et érudit spirituel, sait rendre intéressante et piquante la fin des hommes de lettres de tout talent et de tout ordre, sur lesquels il a des renseignements personnels ou peu connus : ceux qui sont morts dans leur lit, en voyage, à l’hôpital, dans la rue, défilent en ces pages, comme une galerie de figures que l’esprit, le dédain, soit haut idéal, soit dégoût, empêchent d’être macabres. M. Maillard insiste sur les hypocrisies dont les familles et les amis entourent parfois la mort des hommes célèbres : il note avec soin ceux à qui l’on a, d’après ce qu’il sait, imposé les dehors de la “ mort chrétienne ”, lorsqu’ils auraient voulu mourir tranquilles. D’autres, avec la même bonne foi, accumulent les exemples de moribonds du chevet desquels leur entourage a éloigné le prêtre lorsqu’ils en demandaient un. J’aurais aimé plus de légèreté dans le traitement de cette question qui prête tant à la controverse et qui, tout bien considéré, n’a qu’une médiocre importance, car, si la mort peut corroborer les enseignements de la vie, elle est impuissante à les infirmer.

Quoi qu’il en soit, ce Requiem – mot bien liturgique sous la plume de ce libre penseur militant – est une mine d’historiettes qu’on peut accepter pour authentiques et qui feront, au mépris des convenances, tout le long de cette revue mortuaire, la joie des curieux. »

(Revue universelle. Paris, Larousse, 1902, p. 553) 

 

La Cité des intellectuels. Scènes cruelles et plaisantes de la vie littéraire des gens de lettres au xixe siècle (Paris, H. Daragon, s.d. [1905], in-16) est un « tableau bien posé, très vivant, qui caractérise avec une bonhomie quelque peu malicieuse les relations des écrivains avec leurs éditeurs, les démêlés entre confrères, parfois aussi les petites faiblesses des grands hommes. Toutes les célébrités littéraires défilent devant le lecteur, qui se demande comment M. F. Maillard a pu recueillir ces milliers d’informations, souvent piquantes »

(Revue critique d’histoire et de littérature. Paris, Leroux, 1906, t. LXI, p. 236)

 

187 avenue de Clichy, Paris XVII (août 2020)

Firmin Maillard mourut en son domicile parisien du 187 avenue de Clichy [XVIIe], le 26 janvier 1908. Sa bibliothèque avait été dispersée en partie de son vivant, puis entre divers libraires et amateurs, sans catalogue de vente.

 

 


mardi 25 mai 2021

François Garde (1818-1878), collectionneur de livres illustrés

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Beau patronyme pour un « gardien de Bibliopolis » …

Roquemaure (septembre 2016)

D’une famille de tonneliers originaire de Condrieu [Rhône], berceau du cépage « viognier » - seul cru des côtes-du-rhône septentrionales à être exclusivement produit en blanc -, François Garde est né à Roquemaure [Gard] le 5 octobre 1818.



Il était fils de François Garde, tonnelier à L’Ardoise [Laudun-L’Ardoise, Gard], petit port en bordure du Rhône, qui servait de débouché aux vins de la contrée, où il est né le 22 janvier 1774, et de Jeanne Reboul, née à Châteauneuf-du-Pape [Vaucluse] le 22 septembre 1778, mariés à Orange [Vaucluse], le 13 fructidor An XI [31 août 1803].

François Garde, « le Jeune », fut d’abord employé à Lyon, comme secrétaire de Sébastien-Louis Rosaz (1777-1849), expert-arbitre de commerce et collectionneur, 4 place Neuve-Saint-Jean, puis entra comme apprenti chez Hyacinthe Charvin (° 1787), imprimeur 2 rue Chalamont [rue Dubois]. Pour se perfectionner dans son état, François Garde s’en alla à Paris. 

Photographie BnF


En 1841, il participa à la fondation du journal communiste L’Humanitaire, dont seuls deux numéros parurent, autour des frères Jean Charavay (1816-1883) et Gabriel Charavay (1818-1879), de l’agronome Jean-Joseph May (1816-1842) et du cordonnier Jean Sans. 



Il fut employé dans l’Imprimerie centrale des chemins de fer, que Napoléon Chaix (1807-1865) avait fondée en 1845 au 7 rue Neuve-des-Bons-Enfants [Ier] et qu’il transféra en 1847 au 20 rue Bergère [IXe], dans l’ancien hôtel du fermier général Lenormand de Mézières, puis dans l’Imprimerie de Théophile Renou (1805-1871) et de Charles Maulde (1796-1858), installée depuis 1852 au 144 rue de Rivoli, au coin de celle de l’Arbre-sec [Ier] et enfin à l’Imprimerie nationale, installée depuis 1808 dans l’ancien hôtel de Rohan, rue Vieille-du-Temple [IIIe].

Quai du Marché Neuf vers 1850,. avec l'ancienne morgue
Photographie Henri Le Secq

 

Demeurant alors 40 quai du Marché Neuf [IVe], François Garde épousa, le 15 janvier 1848, Marie-Joséphine Prothaix, née à Saint-André-Farivillers [Oise] le 21 août 1824, fille de Cyr-Ambroise Prothaix, charpentier, et de Marie-Anne-Adélaïde Gueudet : ces derniers étaient nés respectivement le 12 nivôse An IV et le 9 vendémiaire An VII au hameau de Hédencourt, sur la même commune.

Ayant pris rang parmi les ouvriers les plus habiles, François Garde devint un membre influent de plusieurs sociétés professionnelles et fut délégué officiel de la ville de Paris et du ministre du Commerce à l’Exposition universelle de Londres en 1851.


 

La carrière industrielle de François Garde commença en 1858, quand Alexandre Lefranc (1830-1894) lui confia la direction de sa maison de fabrication d’encres d’imprimerie, 4 rue de l’Abbaye [VIe].

Photographie BnF


François Garde fut le principal collaborateur de L’Imprimerie, journal de la typographie et de la lithographie, fondé par Gabriel Charavay en 1864, auquel il a fourni de nombreux articles techniques.


 

François Garde avait réuni la collection la plus complète des livres illustrés de son siècle et utilisait un ex-libris [28 x 22 mm], qui montre une presse d’imprimeur devant un livre ouvert, portant les initiales F et G, une médaille avec le profil des trois premiers imprimeurs et un tonneau d’encre, avec, au-dessus, sur une banderole, la légende « JE LUI DOIS TOUT ». 


 

Intéressé aussi par l’agriculture, François Garde voulut acquérir une propriété dans son pays natal et mit alors en vente une partie de sa bibliothèque en l’hôtel des commissaires-priseurs, rue Drouot, salle n° 3, du lundi 13 au samedi 18 octobre 1869, en 6 vacations : Catalogue de la bibliothèque illustrée de M. F. Garde, Rédacteur principal du journal l’Imprimerie (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1869, in-8, VIII-200 p., 1.097 + 9 doubles [bis] = 1.106 lots), dont Théologie [39 lots = 3,52 %], Jurisprudence [10 lots = 0,90 %], Sciences et Arts [282 lots = 25,49 %], Belles Lettres [519 lots = 46,92 %], Histoire [249 lots = 22,51 %], Articles omis [7 lots = 0,63 %], et 4 corps de bibliothèque en acajou. La vente produisit 57.555 francs et 50 centimes.

« Il n’a pas fallu moins de trente ans à M. Garde pour former cette magnifique bibliothèque, qui est unique, assurément, en son genre.

Nul autre que lui n’y fût peut-être parvenu, car il fallait réunir, tout à la fois, les connaissances spéciales, le goût dans le choix, l’ardeur et la persévérance dans les recherches, et l’avantage des relations journalières avec les Imprimeurs et les Éditeurs. Enfin, il fallait être, comme lui, à l’affût de toutes les publications nouvelles et posséder tous les petits secrets du métier. On comprend dès lors la présence, dans cette bibliothèque, de ces exemplaires uniques ou exceptionnels, si purs d’impression, sur chine ou sur papiers de choix.

Notre infatigable amateur a voulu avoir sa collection de livres illustrés au grand complet, et il y est parvenu. Aux chefs-d’œuvre de Marillier, d’Eisen, de Fiquet, de Moreau, etc., pour le XVIIIe siècle, s’ajoutent, dans cette précieuse galerie, ceux de David, Tony Johannot, Raffet, Charvet, Grandville, Gigoux, Staal, Monnier, Gustave Doré et tant d’autres. On y trouve toute la série des beaux tirages des Didot, les impressions si recherchées d’Everat, de Crapelet, de Lacrampe, de Schneider et Langrand, Rignoux, Silbermann, Charles Lahure, Jules Claye, Béthune et Plon, etc., les somptueuses publications de Curmer, de Serré, de Mame, Paulin, Bourdin, Warée, Coquebert, Barbier, Armand-Aubrée, Hachette, Hetzel, etc.

Cette collection d’éditions épuisées, et la plupart introuvables aujourd’hui, est un véritable musée des arts graphiques, où l’artiste, l’imprimeur, le fondeur en caractères, le fabricant de papiers, le relieur, tous les industriels qui concourent à la confection du livre, peuvent trouver les meilleurs modèles et les plus fécondes inspirations.

Tous ces livres sont reliés avec luxe par Capé, Hardy, Raparlier, etc. Inutile de dire qu’aucun exemplaire n’est rogné, et qu’il n’y en a pas un seul qui n’ait été soigneusement collectionné par le possesseur lui-même, qui se plaisait à y ajouter de nombreuses figures. »

(« Préface », p. VI-VII)

Photographie Camille Sourget

 

8. Le Livre d’Heures de la reine Anne de Bretagne, traduit du latin et accompagné de notices inédites par M. l’Abbé Delaunay, chanoine de Meaux et curé du diocèse de Paris. Paris, L. Curmer, 1841 [i. e. 1861], 2 vol. in-4, tirage 850 ex., monté sur onglets, mar. du Levant semé de fleurs de lys d’or (Guislain-Romain Raparlier, né à Paris, 45 rue de la Grande Truanderie [Ier], le 13 octobre 1821, mort à Paris, 7 rue des Canettes [VIe], le 19 janvier 1880, relieur 7 rue des Canettes).



12. L’Imitation de Jésus-Christ. Paris, L. Curmer, 1856-1858, 2 vol. in-4, demi-rel. mar. Lavallière, avec coins, dos à petits fers, dor. en tête, non rog. (Raparlier). Un des chefs-d’œuvre de la chromolithographie française.



16. La Légende de Sainte Ursule, princesse britannique, et de ses onze mille vierges. Paris, F. Kellerhoven, 1863, gr. in-4, demi-rel. mar. r. du Levant, avec coins, dor. en tête, non rogné.



82. Le Jardin des plantes. Description complète historique et pittoresque du Muséum d’histoire naturelle, de la ménagerie, des serres, des galeries de minéralogie et d’anatomie, et de la vallée suisse […]. Par MM. P. Bernard, L. Couailhac, Gervais et Emm. Lemaout. Paris, L. Curmer, 1842, 2 vol. in-8, demi-rel. mar. brun avec coins, dos à petits fers, têtes dor., non rognés.  

Photographie Librairie Giard


90. L’Oiseau par J. Michelet. Paris, L. Hachette et Cie, 1867, 8e édition illustrée de 210 vignettes sur bois, dessinées par H. Giacomelli, in-4 cart., façon de Hollande, n. rog. (Frédérick-Nielsen Behrends, né au Danemark le 6 septembre 1841, relieur 15 rue d'Argenteuil [Ier], puis 8 rue Gît-le-Cœur [VIe]). Un des plus beaux livres moderne, la fine fleur de la librairie Hachette. 




107. Les Trésors de l’art. Par M. J. G. D. Armengaud. Paris, Ch. Lahure, 1859, in-fol., 46 pl. gravées sur acier, demi-rel. mar. r., plats maroquinés et ornés, tr. dor. (Martin Heldt).


Photographies Librairie Pierre Adrien Yvinec, Paris


125. Galeries historiques de Versailles publiées par l’ordre du Roi, et dédiées à S. M. la Reine des Français, par Ch. Gavard, capitaine au corps royal d’état-major, inventeur du diagraphe. Paris, 1837 et suivantes, 19 vol. gr. in-fol., demi-rel. mar. r. du Levant, dos et coins, doré en tête, non rogné (Niedrée). Ex. en premières épreuves, avec annotations autographes du roi Louis-Philippe et une lettre du Roi à M. de Beaumont du 15 novembre 1839.



132. The Life of Man, symbolised by the months of the year. London, Longmans, Green, Reader, and Dyer, 1866, gr. in-4, carton. anglais à compart. de diverses couleurs, tr. dor. Texte par Richard Pigot, ill. par John Leighton. Un des plus beaux livres produits par l’Angleterre.  

Photographie BnF


133. Arthur Mangin. Les Jardins, histoire et description. Dessins par Anastasi, Daubigny, V. Foulquier, Français, W. Freeman, H. Giacomelli, Lancelot. Tours, Alfred Mame et fils, 1867, in-fol., demi-rel. mar. bleu du Levant, avec coins, dos à petits fers, doré en tête, non rogné (Raparlier). Rare ex. sur pap. surfin teinté du premier tirage. Digne pendant de la Touraine.



149. Le Diable à Paris. Paris […], précédé d’une Histoire de Paris par Théophile Lavallée. Paris, J. Hetzel, 1845, 2 forts vol. très gr. in-8 Jésus, demi-rel. mar. marron, dos à petits fers, tête dor., non rogné (Hardy). Illustrations par Gavarni. Fig. ajoutées.

Photographie BnF


153. Un autre monde […], par Grandville. Paris, H. Fournier, 1844, in-4, titre rouge, fig. coloriées, demi-rel. mar. marron, dos orné, tête dor., non rogné (Hardy). La plus excentrique et la plus originale des compositions de notre grand dessinateur. Modèle d’impression, tiré par le célèbre Aristide Derniame, inventeur de la mise en train mécanique.

Photographie Librairie KPMA, Paris


159. Les Fleurs animées par J.-J. Grandville, Introduction Par Alph. Karr, Texte Par Taxile Delord. Paris, Gabriel de Gonet, s. d., 2 vol. gr. in-8, demi-rel. mar. r., non rogné. Fig. coloriées de premier état.



295. Le Miroir de fauconnerie […]. Par Pierre Harmont dit Mercure, Fauconnier de la Chambre. Rouen, Clément Malassis, 1650, in-4, fig. sur bois, veau jaspé. Exemplaire de Huzard.



383.
Le Pegme de Pierre Coustau, avec les narrations philosophiques, mis de Latin en Françoys par Lanteaume de Romieu Gentilhome [sic] d’Arles. Lyon, Barthelemy Molin, 1560, pet. in-8, demi-rel. mar. r. Texte encadré et entouré de bordures sur bois.



403. La Henriade, poëme épique en dix chants, par François-Marie Arouet de Voltaire. Paris, Firmin Didot, 1819, gr. in-4, gr. pap. vélin, demi-rel. mar. du Levant, avec coins, dos fleurdelisé, doré en tête, non rogn. (Raparlier). Avec 3 portraits ajoutés et suite des 10 fig. de Moreau gravées en 1782.



453. Fables causides de La Fontaine en bers gascouns. Bayoune, Paul Fauvet Duhard, 1776, in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Avec l’ex-libris de M. de Cangey, gentilhomme ordinaire de la chambre de monseigneur le comte d’Artois.

Photographie BnF


455. Les Amours de Psyché et de Cupidon, suivies d’Adonis, poëme, par Jean de La Fontaine. Edition ornée de [5] gravures d’après les desseins de Gérard, peintre. Paris, P. Didot l’Aîné, An V. 1797, gr. in-4 en pap. vélin, demi-rel. mar. r. du Levant, dos à petits fers, coins, dor. en tête, non rogn. (Raparlier). Avec portrait-médaillon de P. Didot l’Aîné et 63 fig. lithographiées ou gravées à l’eau-forte.



461. Les Contes rémois par M. le Cte Louis de Chevigné. Dessins de E. Meissonier. Paris, Michel Lévy frères, 1861, 5e édition, in-8 Jésus, demi-rel. mar. orange du Levant, avec coins, dos à petits fers, imitation de Derome (Raparlier).



472. Contes et nouvelles de La Fontaine. Edition illustrée par Tony Johannot, Cam, Roqueplan, Déveria, C. Boulanger, Fragonard père, Janet-Lange, Français, Laville, Ed Vattier et Adrien Féart. Paris, Armand Aubrée, s. d. [1839], gr. in-8, demi-rel. mar. Lavallière du Levant, avec coins, dos mosaïque, dor. en tête, non rogn. (Raparlier). Avec la suite des fig. des Fermiers généraux [réimpression] sur Chine à 5 exemplaires, la suite des fig. d’après Desenne sur Chine et 4 portraits de La Fontaine.



481. Œuvres complètes de P.-J. de Béranger. Edition illustrée par J. J. Grandville. Paris, H. Fournier Aîné et Perrotin, 1836, 3 vol. in-8 Jésus, demi-rel. v. rose. Avec suite des fig. de Grandville sur Chine, portr. de l’auteur par Hopwood



482. Œuvres complètes de P.-J. de Béranger. Nouvelle édition revue par l’auteur, illustrée de cinquante-deux belles gravures sur acier, entièrement inédites. Paris, Perrotin, 1847, 2 vol. in-8 Jésus, demi-rel. mar. brun. La plus brillante et la mieux illustrée des nombreuses éditions de notre immortel chansonnier.



508. Schillers Gedichte. Jubiläums – Ausgabe. Stuttgart, Cotta’scher Verlag, 1859-1862, gr. in-4, rel. mar. violet, à biseaux, tr. dor., avec le portrait de Schiller en bronze doré sur le premier plat, date 1859 en bronze doré au dos, gardes en moire blanche. Un des plus beaux spécimens de l’art typographique allemand.  

Photographie Librairie Le Feu Follet


535. Œuvres complètes de Molière […]. Précédée de l’histoire de sa vie et de ses ouvrages par M. J. Taschereau. Paris, Furne et CIE, 1863, 6 vol. gr. in-8, mar. r. du Levant, dent., tr. dor., à l’imitation des rel. dites « à l’oiseau » de Derome (Belz-Niedrée). Un des 100 sur pap. vergé de Hollande, avec 6 portr. de Molière avant la lettre, 1 eau-forte de Flameng, 1 vign. de Desenne avant la lettre, suite des fig. de Moreau pour Renouard, suite avant la lettre des fig. de Desenne gravées par Larcher. 

Photographie Librairie Hérodote, Paris


560. Les Cent Nouvelles Nouvelles. Suivent les cent nouvelles contenant Les Cent Histoires Nouveaux, qui sont moult plaisant à raconter, en toutes bonnes Compagnies ; par manière de joyeuseté. Cologne, Pierre Gaillard, 1701, 2 vol. pet. in-8, fig., mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Fig. gravées d’après Romain de Hooghe, tirées à part du texte, ce qui est peu commun et préférable.

Photographie BnF


598. Balzac illustré. La Peau de chagrin. Etudes sociales. Paris, H. Delloye et Victor Lecou, 1838, gr. in-8, demi-rel. mar. bleu avec coins, tête dor., non rogn. (David). Vignettes in-texte gravées sur acier, tirées en taille-douce après l’impression typographique. Fig. sur Chine hors-texte.



602. Paul et Virginie par J.-H. Bernardin de Saint-Pierre. Paris, L. Curmer, 1838, gr. in-8, mar. plein du Levant, fil., dent. int., tr. dor., rel. à petits fers, à l’imitation de celles dites « à la Rose » de Derome (Raparlier). Premier tirage [25 rue Sainte-Anne], exemplaire « à la bonne femme » [portrait de Madame Curmer p. 418].

Photographie BnF


633. Victor Hugo. Notre-Dame de Paris. Edition illustrée d’après les dessins de MM. E. de Beaumont, L. Boulanger, Daubigny, T. Johannot, de Lemud, Meissonnier, de Rudder, C. Roqueplan, Steinheil. Paris, Perrotin et Garnier frères, 1844, gr. in-8, demi-rel. mar. vert clair du Levant, avec coins, dos à petits fers, dor. en tête, non rogn. (Raparlier). Ex. de premier tirage avec un portrait de l’auteur ajouté.



766. Les Contes drolatiques colligez ez abbayes de Touraine et mis en lumière par le sieur de Balzac […]. Cinquiesme édition illustrée de 425 dessins par Gustave Doré. Paris, Société générale de librairie, 1855, in-8, demi-rel. mar. r. du Levant, avec coins, dos à petits fers, dor. en tête, non rogné (Raparlier). Un des 3 ex. sur pap. de Chine, avec une lettre autographe de Gustave Doré et son portrait photographié par Pierre Petit.



802. Œuvres de M. Boileau Despréaux. Paris, David et Durand, 1747, 5 vol. in-8, mar. r., fil., tr. dor. (Derome).



813.
Œuvres diverses de M. de Fontenelle. La Haye, Gosse & Néaulme, 1728-1729, 3 vol. in-fol., mar. r., fil., tr. dor. (Derome). Fig. gravées par Bernard Picart.



822. Œuvres de François Rabelais, contenant la vie de Gargantua et celle de Pantagruel […]. Illustrations par Gustave Doré. Paris, J. Bry Aîné, 1854, gr. in-8, fig. dans le texte et front. gravé, demi-rel. mar. brun. Première édition. Début de Gustave Doré.  



850. La Russie historique, monumentale et pittoresque par Piotre Artamof [pseudonyme du comte Vladimir de La Fite de Pelleport (1818-1870)], avec la collaboration de M. J.-G.-D. Armengaud. Paris, Ch. Lahure et CIE, 1862, 2 vol. pet. in-fol., fig., demi-rel. mar. du Levant Lavallière, avec coins, dor. en tête, non rogné (Raparlier). Ex. de premier tirage.




914. Histoire de France, depuis Faramond [sic] iusqu’à maintenant […]. Par F. E. du Mezeray. Paris, Mathieu Guillemot, 1643-1646-1651, 3 vol. in-fol., mar. citr., fil., tr. dor. (Derome). Aux armes de Mesdames de France. Ex. bien complet, difficile à trouver.



1.038. Statuts de l’Ordre du Saint-Esprit, au droit désir ou du nœud, institué à Naples en 1352, par Louis d’Anjou, premier du nom […]. Manuscrit du XIVME siècle […], par M. le comte Horace de Viel-Castel. Paris, Engelmann et Graf, 1853, in-fol., tiré à très petit nombre, mar. du Levant, dent. et compart. à froid, semé de fleurs de lis, écussons, armoiries, insignes de l’Ordre (Gruel). Chef-d’œuvre de chromolithographie en or et en couleurs. 


 

Séparé de Lefranc en 1871, François Garde vendit le reste de sa bibliothèque en l’hôtel des commissaires-priseurs, rue Drouot, salle n° 4, du mardi 11 au samedi 15 juin 1872, en 5 vacations : Catalogue de la bibliothèque illustrée de M. F. Garde […]. Deuxième partie (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1872, in-12, [4]-151-[1 bl.] p., 1.095 + 5 doubles [bis] = 1.100 lots), dont Théologie [74 lots = 6,72 %], Sciences et Arts [177 lots = 16,09 %], Belles Lettres [523 lots = 47,54 %], Histoire [229 lots = 20,81 %], Collection de raretés bibliographiques publiée par J. Gay [81 lots = 7,36 %], Autographes [5 lots = 0,45 %], Supplément [11 lots = 1 %].


 

16. I Salmi di David. Tradotti dalla lingua Hebrea nella Italiana. Paris, Jamet Mettayer, 1588, in-16, mar., fil., ornements de marguerites sur les plats, tr. dor. A sans doute appartenu à Marguerite de Valois. Sur le feuillet de garde de la fin, deux lignes de la main de Catherine de Médicis.



19 bis. Œuvre de Jehan Foucquet. Heures de maistre Estienne Chevalier. Paris, L. Curmer, 1866-1867, 2 vol. in-4, mar. br., tr. dor. (Belz-Niedrée).

Photographie BnF


127. Histoire artistique, industrielle et commerciale de la porcelaine […], par Albert Jacquemart & Edmond Le Blant, enrichie de vingt-six planches gravées à l’eau-forte par Jules Jacquemart. Paris, J. Techener, 1862, in-fol., mar., fil., comp., tr. dor. (Belz-Niedrée).

Photographie Librairie Le Feu Follet


265. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère, traduites en françois, avec des remarques. Par Madame Dacier. Paris, G. Martin, H. L. Guérin, A. Boudet, & L. F. Delatour, 1756, 8 vol. in-12, fig., mar. vert, fil., tr. dor. (Derome). Fig. de l’édition de 1711 ajoutées.



382. Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine. Paris, Denys Thierry et Claude Barbin, 1678-1694, 5 tomes en 3 vol. in-12, fig. de Chauveau, mar. n., tr. dor. (Rel. anc.). Ex. réglé.



811. C. Corn. Tacitus ex I. Lipsii Editione cum. Not. et Emend. H. Grotii. Lugduni Batavorum, Ex Officina Elzeviriana, 1640, 2 vol. in-12, mar. r., fil., doublé de mar. r., dent., tr. dor. (Boyet).

Photographie Camille Sourget



1.087. Œuvres diverses Du Sieur D *** avec le Traité du sublime ou du merveilleux dans le discours. Paris, Denys Thierry, 1674, in-4, front. et fig. de Chauveau, mar. r., fil., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Première édition de Boileau sous le titre Œuvres.





1.089. Le Théâtre de P. Corneille, Reveu & corrigé, & augmenté de diverses pièces nouvelles. Suivant la Copie imprimée à Paris, 1664, 5 tomes en 4 vol. – Les Tragédies et Comédies de Th. Corneille, Reveues & corrigées, & augmentées de diverses pièces nouvelles. Suivant la Copie imprimée à Paris, 1665, 1670 et 1678, 5 vol. Ensemble 10 tomes en 9 vol. pet. in-12, fig., mar. r., tr. dor. (Lortic).



1.093. Idylles, par M.r Berquin. Paris, Ruault, 1775 – Romances, par M.r Berquin. Paris, Ruault, 1776. Ensemble 3 vol. in-8, mar. vert, dent., fil., tr. dor., tabis (Bozerian). Ex. de Renouard avec les 32 dessins originaux de Marillier et trois suites.

Photographie Getty Images

1.095. Les Amours pastorales de Daphnis et de Chloé. Paris, Lamy, Imprimerie de Monsieur, 1787, gr. in-4, mar. viol., comp., doublé de mar. olive, gardes de mar. olive, tr. dor. (Thouvenin). Ex. du prince d’Essling, sur peau de vélin, avec les gravures peintes.     

In Album illustré de l'Almanach Didot-Bottin (1878, p. 193)


 

François Garde acquit alors une ancienne usine à Aubervilliers [Seine-Saint-Denis] et devint lui-même fabricant. En 1876, il céda son établissement, en pleine prospérité, à Émile Cauderon, expert en comptabilité, mais en s’en réservant la direction. En novembre 1877, il se fit remplacer par son beau-frère, Pierre-Léonard-Alphrède Prothaix, né le 10 janvier 1840 au hameau de Hédencourt.

4 rue de Savoie, Paris VI (avril 2019)


Ruiné par la perte de sa propriété gardoise détruite par le phylloxera, François Garde fit brutalement un accident vasculaire cérébral et, après trois jours d’agonie, succomba le 20 novembre 1878 à son domicile du 4 rue de Savoie [VIe]. Ses funérailles eurent lieu le 22 novembre suivant.