jeudi 21 juin 2018

De la formation continue de certains libraires d'ancien

Certains libraires d'ancien auraient bien besoin d'une formation continue ....

Lu dans le dernier catalogue (juin 2018) d'une librairie du sud de la France :




Le Cohen date un peu, pas seulement sur les éditions de Cazin : cela n'a rien d'extraordinaire, certains ont travaillé depuis 1912 !



vendredi 15 juin 2018

La Bibliothèque de Faujas de Saint-Fond (1741-1819), ami de Buffon




Barthélemy Faujas, dit « de Saint-Fond », naquit à Montélimar [Drôme], le 19 mai 1741, aîné des quatre fils de Barthélemy Faujas (° 1702), greffier en l’élection de la ville, et de Marie Boisset (1710-1789), mariés à Montélimar le 27 novembre 1736. Sa maison natale était située dans la Grande-Rue [rue Pierre Julien], en face du couvent des Récollets [ancien collège, détruit et remplacé par la Poste]. Il fut envoyé au collège des Jésuites de Lyon [Rhône], où il manifesta un goût très vif pour la poésie, puis, à Grenoble [Isère], où il fut reçu avocat en Parlement. Son goût pour la géologie se développa tandis qu’il explorait les montagnes environnantes et qu’il recherchait les ouvrages relatifs aux sciences, aux antiquités et aux belles-lettres.
Il fut rappelé en 1765 à Montélimar, par ses parents qui avaient acquis pour lui l’office de « conseiller du Roi, visénéchal, lieutenant général civil et criminel, commissaire enquêteur et examinateur en la sénéchaussée royale et ducale de Montélimar », et épousa une riche héritière de Taulignan [Drôme], Marguerite Richon. 

Paris, Sotheby's, 5 octobre 2016 : 3.250 €

Consacrant tous ses instants de loisir à l’étude de la nature, son Mémoire sur des bois de cerfs fossiles, trouvés en creusant un puits, dans les environs de Montélimar en Dauphiné (Grenoble, J. Cuchet, et Paris, Ruault, 1776, in-4, viij-24-[1]-[1 bl.] p., 3 vignettes in-texte et 1 pl. h.-t.) le mit en relations épistolaires avec le comte de Buffon (1707-1788). Il finit par revendre sa charge, pour aller à Paris occuper l’emploi d’adjoint aux travaux du Jardin royal des plantes, ou Jardin du Roi, que son ami Buffon lui avait obtenu le 8 novembre 1778.


Il partagea alors son temps entre son habitation de Paris, 25 rue de Seine-Saint-Victor [rue Cuvier, Ve], 


et sa maison de campagne de Saint-Fond, sur la commune de Loriol-sur-Drôme [Drôme], héritée d’un oncle paternel qui l’avait acquise en 1762 et dont il ajouta le nom à son nom patronymique.


Il fit graver son ex-libris [72 x 45 mm] par Jacques Demeuve de Villeparc, professeur de dessin à Grenoble, montrant un écu aux armes « D’azur au chevron d’or, accompagné de trois étoiles d’argent, 2 en chef, 1 en pointe », surmonté d’une couronne de marquis et placé sur un socle portant « Ex Bibliothecâ B. FAUJAS. ».

Pour payer les frais d’impression de ses ouvrages et ceux de ses voyages, il dressa en 1782 le catalogue des livres de sa bibliothèque qu’il voulut vendre et l’adressa à ses amis de Grenoble et au libraire lyonnais François de Los-Rios.


Coll. BnF

Pour l’expérience des frères Montgolfier du 27 août 1783, Faujas ouvrit une souscription nationale, qui donna lieu à l’émission d’une médaille et provoqua l’édition d’une caricature, « Le Volomaniste », où il est représenté avec deux ballons à son cou et portant sur le dos son ouvrage sur les volcans éteints du Vivarais, attaqué par un rat.
Le 1er mai 1785, Faujas ajouta à son emploi celui de commissaire du Roi pour les mines.

 « Buffon étant mort au Jardin du Roi, dans la nuit du 15 au 16 avril 1788, à une heure du matin, les chirurgiens Portal, Betz et Girardeau procédèrent à l’ouverture du corps et à son embaumement dans la matinée du 16. Buffon, qui avait trouvé, dans les dernières années de sa vie, près du géologue Faujas de Saint-Fond, une amitié vraie et un dévouement sans bornes, avait, en mourant, manifesté le désir que son cœur lui fût remis ; mais le fils de Buffon ne voulut jamais consentir à se séparer de cette chère dépouille, et offrit à Faujas le cerveau de son père que celui-ci accepta. Le cœur de Buffon a disparu dans la tourmente révolutionnaire. Il est probable qu’il fut compris, sans qu’on ait pris la peine de s’enquérir de son contenu, dans la vente publique faite à Montbard et à Paris au profit de la nation, au mois d’août 1791, après la fin tragique de son fils unique. Mais si on a perdu aujourd’hui toute trace du cœur de Buffon, son cerveau du moins a été pieusement conservé par les descendants de Faujas de Saint-Fond. Toutefois, en 1829, le fils du géologue fut sur le point de se voir dépouillé du legs fait à son père. En effet, sur la demande d’un sieur du Barroux, qui se piquait à la fois de science et de littérature, il avait laissé entre ses mains, à Paris, le cerveau de Buffon que du Barroux “ considérait comme un moyen utile pour entrer en liaison et faire connaissance avec des savants. ” Du Barroux étant mort, son frère, qui se trouvait être son seul héritier, manifesta l’intention de conserver le cerveau de Buffon qu’il avait trouvé dans la bibliothèque du défunt ; mais Faujas de Saint-Fond insista pour rentrer en possession de ce précieux reste, et, après bien des retards, sa juste réclamation finit par être écoutée. Lorsque la caisse qui renfermait le cerveau de notre grand naturaliste arriva en Provence [sic], à Taulignan, dans la famille de Faujas, les autorités de la ville, ainsi que les notables des environs, furent convoqués pour dresser procès-verbal de son ouverture. Vers 1820, Cuvier avait vainement demandé que le cerveau de Buffon lui fût remis pour être placé au Muséum d’histoire naturelle, au pied de la statue de ce grand homme. Depuis ce jour, des sommes importantes furent, à différentes fois, offertes, mais sans succès, à M. de Faujas, pour l’engager à se dessaisir du cerveau de Buffon. En 1866, l’administration du nouveau Musée parisien, oubliant que les restes d’un grand homme doivent être une sorte de relique et non un objet de curiosité, s’adressa à M. de Faujas pour acquérir le cerveau de Buffon qu’elle destinait à ses collections. Vers la même époque, la Russie se mit, de son côté, sur les rangs ; mais, à la sollicitation de M. Henri Nadault de Buffon, éditeur et annotateur de la correspondance inédite de Buffon, lequel a le culte de la mémoire de son arrière-grand-oncle, M. de Faujas, désireux, de son côté, de soustraire le cerveau de Buffon aux incertitudes de l’avenir et aux hasards d’un partage, finit par consentir à en faire la remise à l’Etat. […]
Le cerveau de Buffon, que les chirurgiens chargés de l’autopsie ont trouvé d’une capacité plus grande que les cerveaux ordinaires, est renfermé dans une petite urne de cristal, à couvercle mobile fixé par un ruban de soie noire. Sur une des faces, on lit gravé en creux : Cervelet de Buffon préparé à la manière égyptienne. Le cerveau, entièrement desséché, a la couleur du parchemin. Ce n’en est, à vrai dire, que l’enveloppe, dont la matière cérébrale a été retirée. »
(Pierre Larousse. Grand dictionnaire universel du XIXe siècle. Paris, 1869, t. IV, p. 542)         


Le cervelet de Buffon sera déposé, le 17 octobre 1870, dans le socle de la statue en marbre de Buffon, réalisée par Augustin Pajou (1730-1809) et conservée dans la Grande Galerie de l’Évolution du Muséum national d’histoire naturelle, 57 rue Cuvier, à Paris.

Faujas entra dans le mouvement révolutionnaire à Loriol-sur-Drôme et son influence s’étendit rapidement dans les villages voisins : il fut nommé inspecteur des Gardes nationales de Loriol-sur-Drôme, Livron-sur-Drôme et Cliousclat.
Le 10 juin 1793, la Convention vota la réorganisation du Jardin des plantes et la création du Muséum d’histoire naturelle : le poste d’intendant, qui avait été tenu par Buffon de 1739 à 1788, fut remplacé par la fonction de directeur ; douze postes de professeurs assurèrent l’administration du Muséum. Faujas fut nommé professeur de géologie. Il s’attacha à augmenter les collections, et c’est pour l’indemniser que le Conseil des Cinq-Cents lui vota, le 17 octobre 1797, une somme de 25.000 francs.
Devenu veuf, il épousa sa cousine, Valériane Boisset.


Il vendit, anonymement, sa bibliothèque parisienne, du lundi 1er au jeudi 11 juin 1812, en 10 vacations, 30 rue des Bons-Enfants : Catalogue d’un cabinet de livres, plus particulièrement sur les sciences naturelles et sur les arts, les belles-lettres, les voyages, l’histoire, les antiquités, etc. (Paris, Tilliard frères, avril 1812, in-8, [1]-[1 bl.]-iij-[3]-80 p., 783 lots), dont Théologie-Jurisprudence [8 lots = 1,02 %], Sciences et Arts [511 lots = 65,26 %], Belles-Lettres [50 lots = 6,38 %], Histoire [214 lots = 27,33 %].

« DEPUIS la vente de la bibliothèque des livres d’histoire naturelle de feu M. Ventenat, en avril 1809, et celle de feu M. le Comte de Fourcroy, en novembre 1810, il n’a point paru de catalogue réunissant un aussi grand nombre de livres de choix, dans ce même genre, que celui que nous présentons au public.
M. Ventenat, en formant sa bibliothèque, donna toujours la préférence aux ouvrages qui traitaient des plantes, parce que la botanique était l’objet de son étude favorite.
M. de Fourcroy avait principalement enrichi la sienne des livres qui avaient rapport à la chimie et à la médecine.
La nomenclature de ce catalogue offre une plus grande variété de livres relatifs aux diverses branches des connaissances humaines.
On y trouvera une collection suivie et méthodique de bons ouvrages anciens et modernes, tant français qu’étrangers, sur ce qui a rapport à la physique, à la chimie, à la métallurgie, à la connaissance des minéraux, des fossiles, à celle des corps organisés ou pétrifiés, à la géologie et aux divers systèmes sur l’organisation et la théorie du globe ;
Divers voyages modernes, choisis parmi ceux qui ont eu pour objet la recherche des nombreuses productions de la nature, tant dans les pays lointains que dans les diverses contrées de l’Europe, ainsi que ceux qui appartiennent aux voyages de long cours ; c’est-à-dire, à la navigation autour du monde.
Pour ajouter à l’intérêt que présentait déjà cet ensemble, on y avait réuni aussi divers grands ouvrages d’histoire naturelle, sur les plus beaux papiers, avec des figures coloriées, représentant les plantes et les animaux, particulièrement les quadrupèdes, les amphibies, les oiseaux, les poissons, cétacées, insectes, mollusques et autres productions marines. Plusieurs de ces ouvrages sont exemplaires d’amateur, et reliés avec soin et élégance par Bozerian, aîné.
Ce catalogue eut été bien plus considérable et volumineux, si le propriétaire de cette collection y avait joint une seconde bibliothèque du même genre, qu’il a à sa campagne, mais qu’il conserve pour ses études particulières, ne se séparant qu’à regret des livres qui, dans son habitation à Paris, occupaient un appartement auquel il donne une autre destination.
C’est ce motif qui a déterminé la vente dont nous annonçons le catalogue, dans lequel on remarquera, à chaque classe, d’excellens [sic] ouvrages et généralement d’une condition satisfaisante. »
(« Avertissement », p. i-iij)


Chevalier de la Légion d’honneur depuis l’Empire, il s’éteignit le 18 juillet 1819, dans sa maison de campagne de Saint-Fond. C’est là qu’il repose, conformément au désir qu’il en avait manifesté avant de mourir.
Il avait parcouru le Dauphiné, la Bourgogne, la Provence, l’Auvergne, le Bourbonnais, et aussi l’Italie, le Piémont, la Carinthie, la Bohême, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Angleterre, les îles Hébrides [Écosse] : 

Pic de Chenavari (507 m)

au cours de ces voyages d’exploration, il découvrit une mine de pouzzolane sur le pic de Chenavari [Rochemaure, Ardèche], la mine de fer de La Voulte-sur-Rhône [Ardèche] et les basaltes et la grotte de Fingal, de l’île déserte de Staffa, une des Hébrides. 
Il a fourni 36 mémoires aux Annales du Muséum d’histoire naturelle et aux Mémoires du Muséum d’histoire naturelle, et a publié 48 ouvrages, dont les principaux sont :

Œuvres de Bernard Palissy, revues sur les exemplaires de la Bibliothèque du Roi, avec des notes ; par M. Faujas de Saint Fond, et des additions par M. Gobet (Paris, Ruault, 1777, in-4, lxxvj-734 p.).


Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay (Grenoble, Joseph Cuchet ; Paris, Nyon Aîné, Née et Masquelier, 1778, in-fol., [1]-[1 bl.]-[6]-xviij-[2]-460 p., 3 vignettes, 20 pl. h.-t. dont 1 double).

Aux armes d'Antoine de Sartine

Recherches sur la pouzzolane, sur la théorie de la chaux et sur la cause de la dureté du mortier (Grenoble, J. Cuchet, et Paris, Nyon l’Aîné, 1778, in-8, [3]-[1 bl.]-[4]-x-125-[1 bl.] p.). Traité extrait du précédent ouvrage.

Mémoire sur la manière de reconnoitre les différentes espèces de pouzzolane, et de les employer dans les constructions sous l’eau et hors de l’eau ; pour servir de suite & de supplément aux Recherches sur la pouzzolane de M. Faujas de Saint-Fond (Amsterdam, et se trouve à Paris, Nyon, 1780, in-8, 52-[3]-[1 bl.]-[2] p., 2 pl. h.-t.).

Histoire naturelle de la province de Dauphiné (Grenoble, Veuve Giroud, et Paris, Nyon et J. Cuchet, 1781, in-8, [1]-[1 bl.]-lxviij-[2]-464-[2] p., 6 pl. h.-t.). Tome Ier seul paru.


Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier, et de celles auxquelles cette découverte a donné lieu (Paris, Cuchet, 1783, in-8, xl-299-[7] p., 9 pl. h.-t.).

Première suite de la Description des expériences aérostatiques de MM. de Montgolfier, et de celles auxquelles cette découverte a donné lieu […]. Tome second (Paris, Cuchet, 1784, in-8, [2]-366-[1]-[1 bl.] p., 5 pl. h.-t.).

Minéralogie des volcans, ou Description de toutes les substances produites ou rejetées par les feux souterrains (Paris, Cuchet, 1784, in-8, 18 [i.e. xviij]-511-[1 bl.] p., 3 pl. h.-t.).

Essai sur l’histoire naturelle des roches de trapp, contenant leur analyse, & des recherches sur leurs caractères distinctifs (Paris, s. n., 1788, in-12, [3]-[1 bl.]-159-[1] p.).

Essai sur le goudron du charbon de terre ; sur la manière de l’employer pour caréner les vaisseaux, & celle d’en faire usage dans plusieurs arts (Paris, Imprimerie royale, 1790, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-134 p.).



Voyage en Angleterre, en Écosse et aux îles Hébrides ; ayant pour objet les sciences, les arts, l’histoire naturelle et les mœurs (Paris, H. J. Jansen, 1797, 2 vol. in-8, 430-[1]-[1 bl.] et 434-[1]-[1 bl.] p., 7 pl. h.-t.).

Histoire naturelle de la montagne de Saint-Pierre de Maestricht (Paris, H. J. Jansen, An 7 [1799], in-4, 263-[1 bl.] p., 1 plan et 54 pl. h.-t.).

Voyages dans les Deux Siciles et dans quelques parties des Apennins, par Spallanzani […]. Traduits de l’italien par G. Toscan […] avec des notes du cit. Faujas-de-St.-Fond (Paris, Maradan, An VIII, 6 vol. in-8, 7 pl. h.-t.).


Essai de géologie, ou Mémoires pour servir à l’histoire naturelle du globe […]. Tome premier (Paris, C. F. Patris, 1803-An XI, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-493-[1], 17 pl. h.-t.) et (Paris, Levrault, Schoell et Compagnie, 1805, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-493-[1], 17 pl. h.-t.).


Essai de géologie, ou Mémoires pour servir à l’histoire naturelle du globe […]. Tome second, première partie […]. Minéraux (Paris, Gabriel Dufour et Compagnie, 1809, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-400-[2] p., 5 pl. h.-t. en couleurs [chiffrées XVIII-XIX-XX-XXbis-XXI]).


Essai de géologie, ou Mémoires pour servir à l’histoire naturelle du globe […]. Tome second, seconde partie […]. Volcans (Paris, Gabriel Dufour et Compagnie, 1809, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-331 [chiffrées 401-731]-[1 bl.]-[2] p., 8 pl. h.-t. [chiffrées XXII à XXIX]).


Sa bibliothèque dauphinoise fut vendue du mardi 7 au samedi 11 mars 1820, en 5 vacations, à l’hôtel Bullion, salle vitrée, 3 rue Jean-Jacques Rousseau : Catalogue des livres de feu M. B. Faujas de Saint-Fond, professeur, administrateur du Jardin du Roi, du Musée d’histoire naturelle, et chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur (Paris, Tilliard frères, janvier 1820, in-8, [1]-[1 bl.]-30 p., 255 lots et « Ouvrages divers de M. Faujas, en nombre »), dont Théologie-Sciences et Arts [153 lots], Belles-Lettres [31 lots], Histoire [71 lots], Ouvrages divers de M. Faujas [15 lots].

« LA majeure partie des Livres de feu M. FAUJAS étant à sa Terre de Saint-Fond, il nous a fallu, pour accélérer sa vente, rédiger le Catalogue, sans avoir les Livres sous les yeux. D’après la communication de l’inventaire, nous en avons extrait quelques titres de Livres ; le surplus se compose d’un bon choix sur les Sciences, la Littérature et l’Histoire ; mais, faute des dates et des conditions, etc. suffisamment énoncées, nous n’avons pu insérer ces Livres au Catalogue. On vendra chaque article à sa classe, dans le cours des vacations. » (p. 1)

Ses biens furent vendus judiciairement et le domaine de Saint-Fond fut acquis en 1822, pour le prix de 70.500 francs, par le capitaine Henri-Alexandre de Fontbonne (1788-1850).






vendredi 8 juin 2018

La Collection Alphonse Parran (1826-1903)


Saint-Hippolyte-du-Fort et son viaduc
D’une famille de protestants cévenols, Jean-Antoine-Alphonse Parran est né le 26 juillet 1826, à Saint-Hippolyte-du-Fort [Gard], porte des Cévennes, fils de Jean-Paul Parran et de Célina-Louise-Françoise Lacombe de Mandiargues. Orphelin de père le 21 février 1827, sa mère vint à Montpellier [Hérault] pour élever ses deux enfants. Sur les conseils d’un cousin parisien, Charles Combes (1801-1872), alors professeur à l’École des Mines de Paris, Alphonse Parran fut envoyé dans la capitale au collège Sainte-Barbe, rue Valette [Ve], puis entra à l’École polytechnique, rue Descartes [Ve], en octobre 1846.


Ecole des Mines de Saint-Etienne
Le 7 décembre 1852, ingénieur ordinaire des Mines, il devint professeur de géologie et de minéralogie à l’École des Mines de Saint-Étienne [Loire]. Passant ses vacances à Alès [Gard], il y épousa, le 28 mars 1853, Jeanne-Théonie Serre, née à Alès le 17 février 1830, fille du docteur Auguste Serre, ancien maire.
En janvier 1857, il fut chargé du sous-arrondissement minéralogique d’Alès. 

L'Illustration, 2 novembre 1861, p. 284
À la suite de l’inondation et du sauvetage aux houillères du hameau de Lalle [Bordezac, puis, à partir de 1864, Bessèges, Gard], il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur le 20 octobre 1862.


Le 2 juin 1865, il quitta le service de l’État pour entrer dans l’industrie privée et prit la direction de la Compagnie des minerais de fer magnétique de Mokta-el-Hadid [Algérie].
Avec le chimiste et minéralogiste Charles Friedel (1832-1899), alors conservateur des collections de l’École des Mines de Paris, il fut des fondateurs en 1873 d’une école libre, l’École alsacienne, dont il présida le Conseil d’administration pendant trente ans.
En 1879, il participa à la création du port de Béni Saf [Algérie] et des exploitations des minerais de fer à la Tafna [Algérie]. Le 1er janvier 1881, il fut nommé ingénieur en chef des Mines. La même année 1881, il organisa la Société des minerais de fer de Krivoï-Rog [Ukraine]. En 1897, après avoir étudié l’année précédente les gisements de phosphate de chaux de la région de Gafsa [Tunisie], il coopéra à la fondation de la Société des phosphates et du chemin de fer de Gafsa.

Dès 1865, Parran habita définitivement Paris. 


En 1882, il déménagea du 3 rue du Regard [VIe], pour l’hôtel de Cossé, dit « de La Meilleraye », 56 rue des Saints-Pères [VIIe, occupé par l’E.N.A. de 1946 à 1978, depuis par Sciences Po]. En province, il préféra séjourner dans la grande maison où il était né, près du viaduc, à Saint-Hippolyte-du-Fort ; il rassembla le surplus de ses collections dans la maison d’Alès, rue d’Avéjan, et des meubles anciens dans le domaine de la Liquière [Servas, Gard], deux propriétés héritées de son beau-père.

Membre depuis 1855 de la Société géologique de France, qu’il présida en 1884, et de la Société de géographie depuis 1875, Parran fut membre de la Société des Amis des livres à partir de 1880, année de sa fondation, et son vice-président à partir de 1883.

Alphonse Parran
In Revue cévenole. Alais, Imprimerie J. Brabo, 1906, VIII, p. 159

Homme de science et d’érudition, Parran eut pour but de collectionner les livres anciens dans leurs reliures anciennes, et les provenances. Érudit et fin lettré, il se créa une seconde bibliothèque, moins importante, de romantiques et de littérature contemporaine.

En 1900, il vendit sa collection de livres anciens à Édouard Rahir (1862-1924), successeur de Damascène Morgand (1840-1898), 55 passage des Panoramas [IIe] : le n° 54 – décembre 1901 du Bulletin mensuel de la Librairie Damascène Morgand est le catalogue des 681 articles [chiffrés 4.1191 à 4.1871], à prix marqués, composant cette bibliothèque ; la valeur de l’ensemble de ces articles est de 389.755 francs.

« Pour représenter le livre manuscrit, la Vie de Jésus-Christ, morceau admirable exécuté pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Dans le XVIe siècle, par exemple, le Perionii de linguæ gallicæ origine, exemplaire d’Henri II. Dans le XVIIIe siècle, le Daphnis et Chloé de 1757, aux armes de Mme de Pompadour, et dans une flamboyante reliure à dentelle rendue ultra-célèbre vers 1875 par une description ultra-flamboyante de Quentin-Bauchart (ah ! quel temps !).
Les livres à figures du XVIIIe, Décaméron de Gravelot, Baisers et Fables de Dorat, Chansons de La Borde, Molière de Bret, Origine des Grâces, Zélis au bain, etc., etc., forment une série remarquable en condition ancienne.
Puis – nous citons dans ce désordre qui est l’aspect vrai des bibliothèques – Parran accumule les provenances piquantes ou savoureuses. Sa Muse Chresthienne est d’Henri III, son Livre contre Luther par Henri VIII est l’exemplaire de Marguerite de Valois femme d’Henri IV, son Apocalypse de Bossuet appartint à Julie d’Angennes et au Duc de Montausier, et sa Conférence avec le ministre Claude, du même, est l’exemplaire de Mme de Maintenon, et voisine avec un Bréviaire romain de Mazarin, le Commines du Cardinal Dubois, les Commentaires de César du Prince Eugène et le Corneille de Mme de Chamillart. Son Denys Aréopagite est de Marie de Médicis. Il possède les Psaumes de David de Mme de Montespan et la Semaine Sainte de Mme de Pompadour, près de l’Éloge de la Folie de la Du Barry. Ses Fables de l’abbé Aubert et son Déserteur sont de Marie-Antoinette, ses Mémoires de Mme de Motteville sont de la Comtesse de Provence, son Narcisse dans l’Ile de Vénus de la Comtesse d’Artois, ses Quatres [sic] heures de la Toilette des Dames, de la Duchesse d’Orléans … »
(Henri Beraldi. « Alphonse Parran ». In Société des Amis des livres. Annuaire. XXVe année. Paris, 1904, p. 40-43)


4.1216. Aubert. Fables et œuvres diverses de M. l’Abbé Aubert. Nouvelle édition. Paris, Moutard, 1774, 2 vol. in-8, front., mar. rouge, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de la reine Marie-Antoinette. 3.000 fr.


4.1260. Boucher (N.). Caroli Lotharingi card. et Francisci ducis Guysii, literæ et arma, in funebri oratione habita Nancij a N. Bocherio theologo, & ab eodem postea latine plenius explicata. Lutetiæ, Federici Morelli, 1577, in-4, réglé, portr. et pl., vélin blanc, dos orné, fil., ornements aux angles des plats, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de Charles de Lorraine. 2.500 fr.


4.1309. Cérémonies et prières de divers sacrements : baptême, communion, extrême-onction et mariage. S. l. n. d., in-8, mar. rouge, riches dorures, tr. dor. (Rel. anc.). Manuscrit du XVIIe siècle sur vélin. Rel. de Le Gascon. Aux initiales de Claire Clémentine de Maillé, femme du Grand Condé. De la bibliothèque de R. S. Turner. 2.500 fr.
4.1342. Corneille (P. et Th.). Le Théâtre de P. Corneille. – Poemes dramatiques de T. Corneille. Paris, G. Cavelier, 1706, 10 vol. in-12, réglés, mar. vert, dent., doublés de mar. rouge, dent. tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de madame de Chamillart. Des bibliothèques de Soleinne, J.-Ch. Brunet, comte Roger du Nord et comte de Lignerolles. 6.000 fr.

Armes de madame de Montespan
In Catalogue n° 17 de Patrick Sourget, Chartres

4.1356. Pseaumes de David, traduis [sic] en françois selon l’hebreu. Loudun, René Billault, imprimeur du Roy et de la Ville, par l’ordre de madame de Montespan, 1697, un tome en 7 vol. pet. in-8, mar. rouge, fil. à froid, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de madame de Montespan. De la bibliothèque du comte de La Béraudière [1883, n° 4 : 3.000 fr. à Parran]. 5.000 fr.


4.1358. Denys Areopagite (St). Les Œuvres du divin St Denys Areopagite evesque d’Athènes et du depuis apostre de France et premier evesque de Paris. Traduites du grec en françois par Fr. Jean de St-François. Avec une Apologie pour les œuvres du mesme auteur. Paris, Jean de Heuqueville, 1608, 2 part. en 1 vol. pet. in-8, réglé, titre gravé par L. Gaultier, mar. rouge, dos et plats fleurdelisés, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de la reine Marie de Médicis. De la bibliothèque du comte de Lignerolles. 2.500 fr.
4.1372. Dorat. Les Baisers, précédés du Mois de Mai, poëme. La Haye et Paris, Lambert et Delalain, 1770, in-8, front. et fig. d’Eisen, mar. rouge, dent., tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Grand papier. Armoiries au centre. Des bibliothèques de Sieurin et Delbergue-Cormont. 6.000 fr.
4.1373. Dorat. Fables nouvelles. La Haye et Paris, Delalain, 1773, 2 tomes en 1 vol. in-8, fig. de Marillier, mar. rouge, fil. et dent., tr. dor. (Rel. anc.). Premier tirage en grand papier. 4.000 fr.


4.1398. Erasme. Eloge de la folie, traduit du latin par M. Gueudeville. S. l. [Paris], 1751, in-4, front. et fig., mar. rouge, fil. tr. dor. (Rel. anc.). Grand papier aux armes de la comtesse Du Barry. 3.500 fr.


4.1423. Fêtes publiques données par la ville de Paris, à l’occasion du mariage de Mgr. le Dauphin [avec Marie-Thérèse infante d’Espagne], les 23 et 26 février 1745. S. l. [Paris], 1745, in-fol., mar. rouge, large dent., tabis, tr. dor. (Padeloup). Aux armes en mosaïque de madame Victoire de France, fille du roi Louis XV. 3.500 fr.
4.1440. Garnier (Cl.). Les Royales Couches ou les Naissances de monsieur le Dauphin et de madame. Composées en vers françois par Claude Garnier Parisien. Paris, Abel l’Angelier, 1604, pet. in-8, réglé, portr., vélin, semis de fleurs de lis sur le dos et les plats, coins ornés de feuillages, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du roi Henri IV. 3.500 fr.
4.1476. Hénault (le président). Nouvel abrégé chronologique de l’histoire de France, contenant les événemens de notre histoire, depuis Clovis jusqu’à la mort de Louis XIV. Paris, Prault, 1768, in-8, vignettes en têtes, mar. rouge, large dent., tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Rel. molle aux armes de Marie-Antoinette, Dauphine. De la bibliothèque du comte de La Béraudière. 2.500 fr.
4.1478. Henri VIII. Assertio septem sacramentorum adversus Mart. Lutherum, Henrico VIII Angliæ rege auctore. Parisiis, Gulielmum Desboys, 1562, pet. in-12, réglé, mar. rouge, comp. de feuillages et d’arabesques, tr. dor. (Rel. anc.). Devise et insignes de Marguerite de Valois, première femme de Henri IV, sur le dos et les plats. 2.500 fr.
4.1481. Heures de Tournay. Faictes pour Symon Vostre. S. d. [calendrier 1502-1520], in-8 goth., fig., mar. vert, semis de fleurs de lis, coins et milieux de feuillages, tr. dor. (Rel. anc.). Marque de Pigouchet sur le titre. Armoiries sur les plats. De la bibliothèque de La Roche Lacarelle. 3.000 fr.
4.1482. Horæ Beatæ Marie Virginis secundum usum Rothomagensis. S. l. n. d. [XVIe], in-8, velours vert, milieux et fermoirs argentés, tr. dor. (Rel. anc.). Manuscrit. 3.500 fr.


4.1513. La Borde (J. B. de). Choix de chansons, mises en musique par M. de La Borde, ornées d’estampes par J. M. Moreau. Paris, de Lormel, 1773, 4 tomes en 2 vol. in-8, front., fig., texte et musique gravés, mar. rouge, fil., tr. dor. (Rel. anc.). Rel. signée Derome le Jeune. Ex-libris de madame de La Borde. 7.500 fr.
4.1527. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. in-8, portr. de Ficquet, fig. d’Eisen et culs-de-lampe de Choffard, mar. vert, dos orné de lyres, de colombes et de feuillages, dent., doublés de tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Rel. dite « de présent », exécutée par Derome. 3.000 fr.


4.1532. Fables choisies, mises en vers par J. de La Fontaine. Paris, Desaint, Saillant et Durand, 1755-1759, 4 vol. in-fol., front. et fig. de J.-B. Oudry, mar. rouge, dos orné, larges dent., tr. dor. (Rel. anc.). Premier tirage sur grand papier de Hollande. 10.000 fr.


4.1572. Lesfargues. David, poëme héroïque. Paris, P. Lamy, 1660, in-12, réglé, front. et fig., mar. rouge, fil., tr. dor., ciselée et peinte (Rel. anc.). Armoiries et chiffres de Marie-Anne-Louise d’Orléans, duchesse de Montpensier, dite « la Grande Mademoiselle », sur les plats, le dos et les tranches. De la bibliothèque du comte de La Béraudière. 3.500 fr.


4.1585. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé, par Longus. Double traduction du grec en françois, par M. Amiot et d’un Anonime [sic], mises en parallèle. Paris, imprimées pour les curieux, 1757, in-4, front. et fig., mar. rouge, dos orné, larges dent., tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Édition dite « des Curieux », ornée de fig. dessinées par le Régent, gravées par Audran. Aux armes de madame de Pompadour. Étiquette du relieur Dubuisson. Des bibliothèques de Quentin-Bauchart et de La Roche Lacarelle. 12.000 fr.


4.1602. M. Manilii astronomicon libri quinque. Jos. Scaliger Jul. Cæs. F. recensuit, ac pristino ordini suo restituit. Ejusdem Jos. Scaligeri commentarius in eosdem libros, et castigationem explicationes. Lutetiæ, apud Mamertum Patissonium, 1579, 2 part. en 1 vol. pet. in-8, vélin blanc à recouvrements, fil., semis de fleurs de lis sur le dos et les plats, tr. dor (Rel. anc.). Aux armes du roi Henri III. De la bibliothèque du docteur Desbarreaux-Bernard. 2.500 fr.
4.1618. Maximi (S.) scholia in eos B. Dionysii libros qui extant. Michælis Syngeli laudatio ejusdem (græce). Parisiis, apud Guil. Morelium, 1562, in-8, mar. vert, dos orné, comp. de fil. et semis de fleurs de lis, tr. dor. et ciselée (Rel. anc.). Aux armes et chiffre du roi Charles IX. 2.500 fr.
4.1646. Montaigne. Les Essais de Michel seigneur de Montaigne. Édition nouvelle trouvée après le deceds de l’autheur, reveue et augmentée par luy d’un tiers plus, qu’aux precedentes impressions. Paris, Abel L’Angelier, 1595, in-fol., mar. brun, dos et plats richement ornés de branches de feuillages, doublé de mar. rouge, dent., garde de moire rouge, tr. dor. et ciselée, étui (Lortic). 2.500 fr.




4.1652. Montesquieu. Le Temple de Gnide. Nouvelle édition avec fig. gravées par N. Le Mire, d’après les dessins de Ch. Eisen, en double état, avec et avant la lettre. Paris, Le Mire, 1772, in-8, front. et fig., texte gravé, mar. orange, comp. en mosaïque de mar. bleu et vert avec dorures au pointillé, alternant avec d’autres comp. renfermant des roses en mosaïque de mar. rouge et citron et feuillage en mar. vert, doublé de mar. bleu, larges dent. et milieux, gardes en soie, tr. dor. et mosaïquée, étui (Lortic). Reliure exécutée pour l’Exposition de Vienne en 1873, dont un trautzolâtre dira : « Ce n’est pas de la reliure, c’est le foyer du nouvel Opéra ! ». 5.000 fr.
4.1662. La Muse chrestienne, ou Recueil de poésies chrestiennes tirées des principaux poëtes françois. Paris, G. Malot, 1582, in-12, réglé, mar. vert, riches comp. de fil. entrelacés sur le dos et les plats, tr. dor. (Rel. anc.). Armes du roi Henri III, sa devise « Spes mea Deus » et tête de mort sur le dos, Crucifixion au centre des plats. De la bibliothèque de La Roche Lacarelle. 3.000 fr.


4.1678. Ovide. Les Métamorphoses d’Ovide en latin et en français, de la traduction de l’abbé Banier, avec des explications historiques. Paris, Le Clerc, 1767-1771, 4 vol. in-4, front., fig. et vign., mar. vert, dos orné à la grotesque, petite dent., tr. dor. (Rel. anc.). Rel. de Padeloup. De la bibliothèque de Le Normand du Coudray. 6.000 fr.
4.1696. Perionii (Joachimi) dialogorum de linguæ gallicæ origine, ejusque cum græca cognatione, libri quatuor. Parisiis, apud Séb. Nivellium, 1554, pet. in-8, réglé, mar. fauve, dos et plats recouverts de fil. droits et courbes entrelacés avec fleurons, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du roi Henri II. Des bibliothèques de Anquetil-Duperron, Caussin de Perceval, Larcher de Saint-Vincent, J.-Ch. Brunet et La Roche Lacarelle. 12.000 fr.


4.1766. Rossant (A. de). Remonstrance au peuple de Flandres, de se tenir sous la puissance et authorité de Monsieur, fils, et frère du Roy, duc de Brabant, etc. Tirée d’un admirable et fatal anagramme du nom de Son Altesse, qui est, Fransoys de Valoys. Par André de Rossant, lyonnoys. Paris, P. Chevillot, 1582, in-4, réglé, portr., vélin blanc, plats recouverts de comp. d’arabesques et de feuillages, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes de François de Valois, duc de Brabant. Des bibliothèques de L. Double et de Lignerolles. 2.500 fr.
4.1856. Vie (La) de Jésus-Christ traduite du latin en françois. S. l., 1461, in-fol., veau, tr. rouge (Rel. anc.). Manuscrit sur vélin provenant de la bibliothèque de Philippe le Bon, duc de Bourgogne. 30.000 fr.
4.1871. Zacharie. Les Quatre Parties du jour. Poëme en vers libres, imité de l’allemand de M. Zacharie, par M. l’abbé Aleaume. Paris, imprimerie de P. Alex. Le Prieur, 1773, in-8, front. et fig., mar. rouge, large dent., tabis, tr. dor. (Rel. anc.). Aux armes du comte de Provence. 5.000 fr.

Le 30 mars 1903, après être rentré chez lui, Parran fut brutalement frappé d’une attaque d’apoplexie. Il mourut le 1er avril 1903, sans avoir repris connaissance.

« Parran n’avait pas seulement une culture scientifique. C’était un esprit délicat en toutes choses, un fin connaisseur en matière artistique. De bonne heure il s’était plu à recueillir, avec un goût très sûr, les vieilles faïences de Moustiers et de Marseille et les beaux meubles anciens dont il avait garni sa campagne de la Liquière et son domicile à Paris. Ces meubles rares et si purs, ces gravures délicieuses, en état si merveilleux, n’étaient que l’ornement et le charme de son domicile. Sa vraie passion, c’étaient les livres, qui avaient fait de lui un bibliophile de marque. Il avait d’abord réuni des raretés classiques, spécialement avec reliure ancienne ; puis il avait été des premiers à former une collection des éditions originale de nos romantiques, dont la vogue, un instant si poussée, mais déjà un peu tombée, ne cadre pas toujours avec la beauté des caractères ou la qualité du papier. Lorsque sa collection lui parut avoir atteint un assez grand développement, il songea, comme tout bibliophile qui se respecte, à procéder à une vente pour entreprendre une autre série. Fuyant toujours le bruit et l’éclat, il ne voulut pas d’une de ces ventes publiques, qui classe cependant un amateur dans la grande notoriété, toujours avec profit pour lui ; il se défit simplement à l’amiable de ces premières richesses en les cédant à leurs prix d’achat. Il se mit à former une nouvelle collection avec un programme original et intéressant. Il recherchait les livres postérieurs à 1830, qui se distinguaient par quelque particularité faisant d’eux des exemplaires uniques, qu’il conservait précieusement dans l’état, dans la reliure, même si elle était négligée, de leurs créateurs ou détenteurs originaires. Et ce lui était une joie, le soir, après sa journée industrielle terminée, de montrer à quelques intimes ses trouvailles, d’en faire valoir les particularités et de conter comment il les avait acquises : tels cette Manette Salomon, en grand papier, sur les plats de laquelle les de Goncourt avaient fait insérer deux émaux originaux de Claudius Popelin, représentant Manette, en sa superbe nudité, dans deux poses différentes sur la table à modèle ; et ces Fleurs du mal que l’éditeur Poulet-Malassis avait eu l’ingénieuse idée de constituer avec les “ bons à tirer ” encore remplis de corrections et de variantes curieuses de la main de Baudelaire ; et ces volumes ayant dans leurs feuillets de garde des dédicaces avec pièces d’envoi de Victor Hugo et de tant d’autres. Il n’aimait pas ses livres en simple collectionneur que la valeur commerciale du jour pique souvent plus que l’intérêt littéraire ; il les aimait en lettré et il savait les utiliser. Toujours rempli de sollicitude pour les choses du Gard, de sa “ petite patrie ”, il s’était plu à enrichir le Bulletin de la Société scientifique et littéraire d’Alais de Notes bibliographiques sur une collection de livres relatifs à cette localité et à ses environs [Bulletin, t. VI, 1874 ; t. VIII, 1876]. Il y publia des Études biographiques sur plusieurs des romantiques [Victor Hugo, Bulletin, t. III, 1875 ; Pétrus Borel, Alexandre Dumas, Bulletin, t. XII, 1880], au moment où il s’occupait plus spécialement de réunir leurs œuvres. Il avait complété ces essais par deux plaquettes, d’une érudition très complète et très sûre, sur la bibliographie de Victor Hugo et de Balzac [Romantiques. Éditions originales, vignettes, documents inédits ou peu connus. Victor Hugo, par un bibliophile cévenol. Alais, Imprimerie J. Martin, 1880, in-8 ; Romantiques. Éditions originales, vignettes, documents inédits ou peu connus, avec une figure de Tony Johannot, gravée par Porret. Honoré de Balzac. Paris, P. Rouquette, 1881, gr. in-8]. »
(L. Aguillon. « Notice sur M. A. Parran, ingénieur en chef des Mines ». In Annales des Mines. Paris, Vve Ch. Dunod, 1904, Dixième série, Mémoires-Tome V, p. 255-257)

Il y avait longtemps que Parran était mort quand sa collection de livres modernes, conservée par sa fille, fut dispersée à l’hôtel Drouot, salle 8, du 22 au 26 novembre 1921 : Catalogue de livres modernes et quelques livres anciens provenant de la bibliothèque de feu M. Parran (Paris, Henri Leclerc, 1921, in-8, 995 lots). La vente produisit 361.400 francs.

8. Brumoy (Le P.). Le Théâtre des Grecs. Paris, Vve Cussac, 1820-1825, 16 vol. gr. in-8, cuir de Russie La Vallière (Purgold). 4.000 fr.


36. Monument du costume physique et moral de la fin du dix-huitième siècle (texte de N. E. Rétif de la Bretonne), fig. dessinées et gravées par Moreau le Jeune. A Neuwied sur le Rhin, 1789, rel. ancienne. 7.500 fr.


43. Rétif de la Bretonne. Le Paysan perverti ou les Dangers de la ville. Paris, 1776, 8 parties en 4 vol., 8 front. et 74 fig. par Binet, gravés par Berthet et Le Roy ; La Paysanne pervertie. Paris, 1784, 8 part. en 4 vol., 8 front. et 30 fig. de Binet ; les Figures du Paysan et de la Paysanne perverti. S. l. n. d. [1784-1785]. Ensemble 9 vol. in-12, veau marb., rel. ancienne, édition originale de La Paysanne pervertie. 2.400 fr.
73. Balzac (H. de). Physiologie du mariage. Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, 2 vol. gr. in-8, demi-veau rouge, édition originale. Exemplaire de Balzac, sur papier jonquille, annoté de corrections autographes. 7.020 fr.
80. Balzac (H. de). Les Cent Contes drolatiques. Paris, Gosselin, 1832-1833, et Werdet, 1837, 3 vol. in-8, mar. rouge (Cuzin), édition originale. 4.000 fr.
90. Balzac (H. de). Le Père Goriot. Paris, Werdet et Spachmann, 1835, 2 vol. in-8, demi-rel. de l’époque. 2.450 fr.
113. Banville (Théodore de). Odes funambulesques, avec un front. gravé à l’eau-forte par Bracquemond, d’après un dessin de Voillemot. Alençon, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, in-12, mar. vert foncé (Lortic), édition originale. 1.900 fr.


137. Baudelaire (Charles). Les Fleurs du mal. Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, in-12, mar. rouge (Amand). Très précieux exemplaire d’épreuves dont les feuilles portent le bon à tirer et la signature de Charles Baudelaire. 35.950 fr. Adjugé à Henri Leclerc. [250 fr. à la vente Poulet-Malassis].
138. Baudelaire (Charles). Les Fleurs du mal. Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, in-12, demi-rel. mar. citron (Lortic). Edition originale. Précieux exemplaire sur Hollande ayant appartenu à Poulet-Malassis. 10.100 fr.
139. Baudelaire (Charles). Les Fleurs du mal. Seconde édition. Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1861, in-12, mar. La Vallière foncé (Capé, Masson-Debonnelle, successeur). Un des 4 exemplaires sur Chine. 3.600 fr. [37 fr. à la vente Asselineau].
140.  Baudelaire (Charles). Les Epaves (avec une eau-forte frontispice de Félicien Rops). Amsterdam [Bruxelles, Poulet-Malassis], 1866, in-8, demi-mar. rouge (Amand). Edition en partie originale. Exemplaire d’épreuves des Epaves formé par A. Poulet-Malassis. 9.850 fr.
141. Baudelaire (Charles). Les Epaves (avec une eau-forte front. de Félicien Rops). Amsterdam [Bruxelles, Poulet-Malassis], 1866, in-12, papier vergé, demi-rel. mar. rouge (Amand). Edition originale. Avec le dessin de l’eau-forte de Rops ajouté. 3.000 fr.
154. Borel (Petrus). Madame Putiphar. Paris, Ollivier, 1839, 2 vol. in-8, vignettes-frontispices tirées sur Chine, mar. bleu (Marius-Michel). Edition originale. Portr. par Célestin Nanteuil ajouté. Envoi autographe « à la vicomtesse Hugo ». 1.400 fr. [350 fr. vente Noilly].
211. Madame Desbordes-Valmore. Les Pleurs, poésies nouvelles. Paris, Charpentier, 1833, in-8, front. d’Alfred Johannot, demi-rel. veau rouge de l’époque. Edition originale. Exemplaire de Balzac. 3.060 fr.
254. Dumas (Alexandre). Le Comte de Monte-Christo [sic]. Paris, Baudry et Pétion, 1845, 18 tomes en 9 vol. in-8, cartonnage. Edition originale. 1.600 fr.
316. Flaubert (Gustave). Madame Bovary. Paris, Michel Lévy Frères, 1857, 2 vol. in-18, dos et coins de mar. brun de l’époque. Edition originale. Envoi à Alfred de Vigny. 7.700 fr.
317. Flaubert (Gustave). Salammbô. Paris, Michel Lévy Frères, 1863, gr. in-8, papier cuir japonais brun gaufré de dessins à froid. Edition originale. Note autographe d’Edmond de Goncourt. 6.180 fr.
318. Flaubert (Gustave). Salammbô. Paris, Michel Lévy Frères, 1863, gr. in-8, dos et coins de mar. vert (R. Petit). Edition originale. 5.005 fr.
320. Flaubert (Gustave). La Tentation de Saint Antoine. Paris, Charpentier et Cie, 1874, in-8, broché. Edition originale. 1.855 fr.
321. Flaubert (Gustave). Trois contes. Un cœur simple. La Légende de Saint-Julien l’Hospitalier. Herodias. Paris, G. Charpentier, 1877, in-18, cartonnage vélin blanc (Henry-Joseph). Edition originale. 2.065 fr.
332. Gaillardet (Frédéric). La Tour de Nesle, drame en cinq actes et en neuf tableaux. Paris, J. N. Barba, 1832, in-8, mar. violet. Edition originale. 1.510 fr.
359. Goncourt (Edmond et Jules de). Germinie Lacerteux. Paris, Charpentier, 1864, in-18, mar. rouge (Capé). Edition originale. 1.400 fr.
361. Goncourt (Edmond et Jules de). Manette Salomon. Paris, Librairie internationale, 1867, 2 tomes en 1 vol. in-12, mar. grenat avec deux émaux encastrés dans la reliure (R. Petit). Edition originale. Exemplaire des frères de Goncourt imprimé sur papier de Hollande, avec une note autographe. 5.800 fr.
373. Goncourt (Edmond et Jules de). Journal des Goncourt. Mémoires de la vie littéraire, première, deuxième et troisième séries. Paris, G. Charpentier et Cie, 1887-1896, 9 vol. in-12, brochés. Edition originale. 1.500 fr.
410. Hugo (Victor). Notre-Dame de Paris. Huitième édition. Paris, Renduel, 1832, 3 vol. in-8, dos et coins de mar. orange. Exemplaire unique sur Chine. Envoi à mademoiselle Bertin. 6.000 fr.
412. Hugo (Victor). Les Feuilles d’Automne. Paris, Renduel, 1832, in-8, demi-rel. mar. brun (Thouvenin). Edition originale. Exemplaire unique sur Chine. Envoi autographe de Victor Hugo « à son ami Jules Janin ». 7.650 fr.
413. Hugo (Victor). Les Feuilles d’Automne. Paris, Renduel, 1832, in-8 (Pagnant). Edition originale. Porte l’envoi autographe « A mon frère Charles Nodier, Victor Hugo ». 5.350 fr.
421. Hugo (Victor). Les Voix intérieures. Paris, 1837, in-8, veau La Vallière d’époque. Edition originale. 1.915 fr.
434. Hugo (Victor). Les Contemplations. Paris, Michel Lévy et Pagnerre, 1856, 2 vol. in-18, mar. vert mousse (Duru). Edition originale. Exemplaire de Jules Janin. 5.000 fr.
435. Hugo (Victor). La Légende des siècles. Première série. Histoire. Les Petites Epopées. Paris, Michel Lévy et Hetzel, 1859, 2 vol. in-8, mar. rouge (Duru). Edition originale. Envoi autographe à Jules Janin et une aquarelle par Victor Hugo. 7.850 fr.
587. Musset (Alfred de). Un spectacle dans un fauteuil. Paris, Renduel, 1833, 1 vol. Un spectacle dans un fauteuil. Prose. Paris et Londres, 1834, 2 vol. Ensemble 3 vol. in-8, demi-rel. cuir de Russie rouge de l’époque. Editions originales. 3.050 fr.


690. Vigny (Alfred de). La Maréchale d’Ancre, drame. Paris, Gosselin et Barba, 1831, in-8, mar. vert d’époque. Edition originale ornée d’un frontispice de Tony Johannot. 1.920 fr.
695. Vigny (Alfred de). Servitude et grandeur militaires. Paris, Bonnaire et Magen, 1835, in-8, dos et coins de cuir de Russie rouge (Champs). Edition originale. Envoi autographe « A ma Lydia ». 7.510 fr.


746. Balzac (Honoré de). Les Contes drolatiques. Cinquiesme édition illustrée de 425 dessins par Gustave Doré. Paris, Société générale de librairie, 1855, in-8 (Petit, successeur de Simier). Premier tirage des illustrations de Gustave Doré. 12.105 fr.


750. Baudelaire (Charles). Quinze histoires d’Edgar Poe. Illustrations de Louis Legrand. Paris, Chamerot et Renouard pour les Amis des livres, 1897, gr. in-8, 15 pl. hors-texte, broché. 2.720 fr.
752. Béranger (P.-J. de). Œuvres complètes. Ensemble 8 vol. in-8, mar. rouge (Cuzin). 2.000 fr.


886. Voltaire. Zadig, ou la Destinée, histoire orientale. Paris, Imprimé pour les Amis des livres, 1893, gr. in-8, fig. en couleurs, broché. 2.300 fr.