dimanche 22 août 2021

L’Athéisme et les Livres : les deux grandes passions de Jacques-André Naigeon (1735-1810)

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D’une famille originaire de La Bussière-sur-Ouche [Côte-d’Or], où son grand-père était chirurgien, Jacques-André Naigeon est né le 15 juillet 1735 à Paris, cul-de-sac du Coq [rue de Marengo à partir de 1854, I
er]. Ses parents, Claude Naigeon, garde-magasin du Roi au vieux Louvre, et Louise-Françoise Michelin, fille d’un marchand de Troyes [Aube], avaient signé leur contrat de mariage le 7 mai 1730 ; en 1765, ils habitaient « rue Champfleury [Ier, rue de la Bibliothèque à partir de 1801, disparue à l’ouverture de la rue de Rivoli en 1855], chez le menuisier du Roi, au premier ».

Plan de Paris, dit "de Turgot" (1739)

La date de naissance de Jacques-André Naigeon est connue depuis près de deux siècles, mais les historiens ne lisent pas plus les publications de la Société de l’Histoire de France (Annuaire historique pour l’année 1839. Paris, Jules Renouard et CIE, 1838, p. 23 et 51), que les archives de l’état civil.

Après Sylvain Maréchal qui s’était contenté de signaler que Naigeon était « né à Paris, en 1739 » (Dictionnaire des athées anciens et modernes. Paris, Grabit, An VIII, p. 299), après Alexandre Choron et François Fayolle qui avaient noté que Naigeon était « né à Paris en 1737, mort en 1810 » (Dictionnaire historique des musiciens. Paris, Valade, novembre 1811, t. II, p. 81), après Gabriel Peignot qui avait prétendu que Naigeon était « né à Beaune en Bourgogne, en 1738, où il m. en 1810 » (Dictionnaire historique et bibliographique. Paris, Haut-Cœur et Gayet, 1822, t. III, p. 3), après la huitième édition augmentée du Dictionnaire historique, par François-Xavier de Feller, qui avait affirmé que Naigeon « naquit le 15 juillet 1738 à Dijon, (d’autres disent, mais à tort, à Paris) d’un riche marchand de moutarde » (Lille, L. Lefort, 1833, t. IX, p. 390) et après la Nouvelle biographie générale, publiée sous la direction du Docteur Hoefer, qui avait hésité sur le lieu de naissance de Naigeon qui « naquit en 1738, à Paris ou à Dijon, et mourut à Paris, le 28 février 1810 » (Paris, Firmin Didot Frères, Fils et CIE, 1863, t. XXXVII, col. 133), Emmanuel Boussuge et Françoise Launay redécouvrirent enfin la vérité (« Du nouveau sur Jacques-André Naigeon (1735-1810) et sur ses livres et manuscrits », dans Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 2018, n° 53, p. 145-192).

Naigeon commença par être dessinateur, sculpteur et peintre :

« Vous savez que Naigeon a dessiné plusieurs années à l’académie, modelé chez Le Moine, peint chez Vanloo, et passé, comme Socrate, de l’atelier des beaux-arts dans l’école de la philosophie. » (« Le Salon de 1767, à mon ami M. Grimm ». In Œuvres de Denis Diderot. Paris, Desray et Deterville, An VI-1798, t. XIV, p. 138)

La lecture chez Diderot, par Louis Monzies, d'après Ernest Meissonier (1888)

Il se lia avec Denis Diderot (1713-1784), dont il devint le disciple, l’admirateur et l’imitateur :

« M. N**. est un homme assez singulier. Il a de l’érudition et il en fait métier ; mais il a dans ce siècle les ridicules des savans en us, dont Molière s’est si bien moqué. Il est le singe de Diderot, dont il répète sans cesse la conversation, comme il copie son ton et ses manières. Il joint d’ailleurs à la gravité d’un savant la coîffure d’un petit-maître, et les précautions d’une mauvaise santé, avec l’air de la force. C’est ce qui a donné lieu au couplet suivant qui est assez plaisant.

 

Je suis savant, je m’en pique,

Et tout le monde le sait.

Je vis de métaphysique,

De légumes et de lait.

J’ai reçu de la nature

Une figure à bonbon ;

Ajoutez-y ma frisure,

Et je suis monsieur N**.

 

Cela n’empêche pas que ce ne soit un bibliographe instruit, et qu’il n’ait mis des articles dans l’encyclopédie, entr’autres l’article Unitaires [Encyclopédie. Neufchastel, Samuel Faulche et Compagnie, t. XVII, p. 387], qui prouvent des connaissances. »

(Jean-François La Harpe. Correspondance littéraire. Paris, Migneret et Dupont, An IX-1801, t. II, Lettre LXXXVI, p. 235-236)

Le baron d'Holbach, par Alexander Roslin (1785)

Introduit par Diderot auprès du baron d’Holbach (1723-1789), Naigeon devint un des collaborateurs les plus actifs de ce dernier, revoyant ses manuscrits, se chargeant de les faire copier par son frère cadet, Charles-Claude Naigeon (1737-1816), et de les faire imprimer et distribuer, sans que le baron eût à s’en occuper et souvent même à le savoir :

« J’étais alors contrôleur des vivres à Sedan. Comme j’avais la permission d’aller tous les ans passer six mois, soit l’été, soit l’hiver, à Paris, où je suis né et où demeurait toute ma famille, lorsque j’y étais, je copiais les manuscrits qui étaient ou achevés ou en train ; quand je n’y étais pas, mon frère me les faisait passer à Sedan par la poste, au moyen de son ami Bron, qui était taxateur et en même temps inspecteur général du bureau du départ.

Mon emploi ne me donnait rien à faire : étant né travailleur, aimant et cultivant aussi, en raison de mon intelligence, les belles-lettres et la philosophie, attachant un prix infini à la confiance de mon frère, et extrêmement curieux de lire, de copier ces sortes d’ouvrages, j’y travaillais avec un zèle et une exactitude incroyables. Quand j’avais le manuscrit entier, j’en faisais un paquet couvert en double toile cirée ; je l’adressais à Liège, à madame Loncin, correspondante de Marc-Michel Rey, auquel elle le faisait passer : quand le manuscrit n’était pas complet, ou que mon frère le croyait susceptible d’être relu et corrigé encore par lui, je lui faisais passer et minute et copie sous le couvert de l’intendant général des postes ou d’un administrateur, pour le remettre à Bron, et celui-ci à mon frère, qui réunissait tout le manuscrit corrigé, et l’envoyait à madame Loncin, ou à Rey même, par la diligence ou par des voyageurs. »

(Barbier. Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes. Paris, Barrois l’Aîné, 1822, 2e édition, t. I, p. xxxiij-xxxiv)

Naigeon altérait tous les ouvrages dont il se faisait le traducteur, le compilateur ou l’éditeur : selon l’expression de son frère, il les « athéisait ». 

Naigeon fut également auteur et éditeur pour lui-même : 

Photographie BnF

Les Chinois, comédie en un acte (Paris, Veuve Delormel et Fils, et Prault Fils, 1756, in-8) ; 



Éloge de La Fontaine (Bouillon, Société typographique, 1775, in-8) ; 



Discours préliminaire pour servir d’introduction à la morale de Séneque. Par M. N. [t. III] ; 



Morale de Séneque, extraite de ses œuvres par M. N. [t. IV et V] ; 

Photographie Dacart Livres rares & manuscrits (Brossard, QC, Canada)


Manuel d’Epictete, traduit par M. N. [t. VII], dans la Collection des moralistes anciens (Paris, Didot l’Aîné et De Bure l’Aîné, 1782, in-18) ; 

Photographie BnF


Notice sur la vie et les ouvrages de Racine, dans les Œuvres de Jean Racine (Paris, Franç. Ambr. Didot l’Aîné, 1783, 3 vol. in-4, in-8 et in-18, t. I) ; 



Adresse à l’Assemblée nationale sur la liberté des opinions (Paris, Volland, 1790, in-8) ; 



Encyclopédie méthodique. Philosophie ancienne et moderne (Paris, Panckoucke et H. Agasse, 1791-An II, 3 vol. in-4) ; 



Notice sur la vie de La Fontaine (Paris, Ant. Aug. Renouard, 1795, in-8) ; 



Œuvres de Denis Diderot (Paris, Desray et Deterville, An VI-1798, 15 vol. in-8) ; 



Théâtre de Voltaire (Paris, Pierre Didot l’Aîné et Firmin Didot, An IX-1801, 12 vol. in-12) ; 



Essais de Michel seigneur de Montaigne (Paris, Pierre Didot l’Aîné et Firmin Didot, An X-1802, 4 vol. in-12) ; 



Mémoires historiques et philosophiques sur la vie et les ouvrages de Diderot (Paris, J. L. J. Brière, 1821, in-8, posthume).   

Naigeon, par Carmontelle (1782)

En 1795, Naigeon devint membre résidant à Paris de l’Institut national des sciences et des arts, section de morale de la seconde classe [sciences morales et politiques] : il habitait alors « cul-de-sac Thomas-du-Louvre [cul-de-sac Saint-Thomas-du-Louvre, Ier], n° 304 ». Il habita ensuite successivement : « rue de l’Université [VIIe], n° 373, la première porte après le corps-de-garde » [An VI] ; « rue de l’Oratoire [Ier] » [An VIII] ; « rue de l’Oratoire, n°. 4 » [1806] ; « rue de l’Université, n°. 48 » [1807] ; « rue du Bacq [rue du Bac, VIIe], n°. 86 » [1809].



« Bourru, de difficile humeur, de manières peu agréables, sans grands avantages extérieurs, quoiqu’il ne négligeât rien de ceux qu’il pouvait avoir, toujours fort préoccupé, préoccupé jusqu’à la manie de ses pensées d’athéisme, […] il devait peu plaire aux femmes et il les recherchait peu. Il ne se maria pas, il aimait ailleurs, il aimait ses livres, sa plus grande passion, après celle de l’athéisme. »

(Ph. Damiron. Mémoires pour servir à l’histoire de la philosophie au XVIIIe siècle. Paris, Ladrange, 1838, t. II, p. 407)

« Les Anglois ont eu plus que les François, et même plus que les Hollandois, l’usage de tirer quelques grands papiers de leurs éditions grecques et latines, in-8., des anciens auteurs. […]

Quelques amateurs françois ont recherché avec empressement ces exemplaires en grand papier des éditions d’Oxford, Cambridge, Londres, etc. ; et cependant avec beaucoup de temps et de dépenses, ils n’ont pu former que des collections très secondaires. MM. Gouttatd, D’Hangard, et plus récemment M. Caillard, avoient rassemblé un certain nombre de ces rares volumes ; mais le plus obstiné à poursuivre cette collection, et surtout à en choisir les plus beaux exemplaires, fut sans contredit Naigeon. On sait que toute sa vie il fut passionné pour les beaux livres, et qu’il avoit rassemblé une bibliothèque de classiques grecs et latins, non pas la plus nombreuse, mais la plus éminemment belle de toutes celles que des particuliers ayent formées en France dans ces derniers temps. Il poussoit, à cet égard, sa manie à un point vraiment excessif. On raconte de lui des traits qui suffiroient pour immoler au ridicule l’homme que, sous tous autres rapports, on considéreroit le plus. Une ligne de marge, un maroquin un peu plus brillant le faisoient pâlir et pâmer d’aise quand le livre lui appartenoit, de chagrin et de mécontentement quand un autre étoit l’heureux possesseur. Chez lui, nul n’avoit le droit d’ouvrir un livre. Morose et peu accessible, si parfois il vous faisoit la grâce de vous montrer ses raretés littéraires, il tiroit les volumes de leur place, les ouvroit lui-même, vous faisoit considérer leurs belles marges, l’élégance de leur reliure, la manière dont ils étoient battus. Si vous vouliez prendre le livre pour le mieux considérer, ou plutôt si par courtoisie vous vouliez joindre quelques témoignages d’admiration à l’enthousiasme de la sienne, il étoit rare qu’il vous donnât la faculté de palper ces précieux joyaux, tant il craignoit qu’on ne brisât le dos de quelque volume. Il faut cependant ajouter que cet homme, si maniaque pour les belles reliures, n’étoit personnellement pas leur esclave ; il se servoit et beaucoup de tous ses livres ; et l’in-folio en grand papier, habillé du plus beau maroquin, étoit étalé et ouvert sur son bureau, comme le livre le plus indifférent. »

(Catalogue de la bibliothèque d’un amateur. Paris, Antoine-Augustin Renouard, 1819, t. I, p. 53-54)

Mérard de Saint-Just (1742-1812) se moqua de ses travers de bibliomane (Mélange de vers et de prose. Hambourg, Malpigi, 1799, p. 71) :

 

« Naigeon, si renommé pour sa bibliothèque,

Dont, le pied à la main, on sait qu’il fit l’achat. »

 

Il ajouta en note : « Tout le monde sait que Naigeon n’arrive jamais chez un libraire et dans une vente publique que son pied à la main. S’il manque à l’exemplaire qu’il désire acheter un cinquantième de ligne à la marge d’en haut, ou d’en bas, ou de côté, il le rejette comme indigne d’entrer dans sa bibliothèque. »

Afin de parvenir à avoir des exemplaires parfaits, Naigeon les rechercha avec obstination et en changea plusieurs fois, particulièrement à l’aide de deux ventes.

La première eut lieu dès 1770 : Catalogue des livres de M. N.*** [Naigeon], distribué par ordre alphabétique des noms d’auteurs [par Gibert l’Aîné] (Paris, Didot Aîné, 1770, in-12, 20 ex.). Comme en témoigne cette lettre du 4 décembre 1782 à Dincourt d’Hangard (1743-1811), Naigeon s’employa ensuite à recouvrer quelques livres d’affection, au nombre desquels se trouvait un exemplaire relié par Derome du Bayle de 1740 :

« Je compte toujours, Monsieur, sur la promesse que vous m’avez faite de me donner, à la nouvelle année, un sac de 1.200 livres. Cela vous liquidera toujours d’autant, et moi, cela me fera arranger mes petites affaires et me donnera le temps d’attendre la recette de mon petit revenu que je ne touche que tous les ans au quinze de may. Quelque important qu’il soit pour moi, vu ma position, d’avoir ces 1.200 livres vers la nouvelle année, ce n’est pourtant pas là, Monsieur, l’objet de ma lettre, car, comme vous m’avez promis formellement de me faire ce payement, j’y comptois, et ne vous aurois pas importuné d’une lettre pour une affaire que je regardois comme arrangée entre nous. Mais l’objet de ma missive est de vous prier de me céder au même prix le Bayle de 1740. J’ai à tout moment besoin de ce livre. Ce ne peut être pour vous un sacrifice, puisqu’on trouve en feuilles ce livre tant qu’on veut, et que, ne travaillant pas dessus comme moi, vous pouvez vous donner le loisir de le faire relier de même par Derome ; il sera même plus frais que le mien, dont je me suis uniquement servi pendant huit ans. Considérez, Monsieur, que la vie est un commerce réciproque de services rendus et reçus. Si ce livre étoit un ouvrage un peu rare, ou même difficile à trouver, je ne serois pas assez indiscret pour vous prier de me le céder, vous ayant vendu une fois ma bibliothèque. Pour moi qui travaille et qui ai besoin trois ou quatre fois par jour de ce livre, jugez si j’ai comme vous le temps d’attendre que Derome ou Chamon me relie cet ouvrage. Tout ce qui a pu vous faire plaisir et qui a dépendu de moi, je l’ai fait ; je vous ai prévenu et j’ai devancé vos désirs en vous promettant mes trois volumes de Sévigné sans cartons ; je vous les ai donnés avec plaisir pour un exemplaire cartonné. Je serai encore dans le cas de vous obliger de la même manière, et il me semble que ma conduite avec vous mérite de votre part quelque égard. J’ai même été plus loin : je vous ai offert de vous donner en troc, et comme un bon à compte, le Montesquieu, gr. p., relié magnifiquement par Baumgarten [le plus célèbre des relieurs anglais] : c’est le plus grand sacrifice que je puisse faire en ce moment, car j’aime ce livre comme mes yeux, et d’autant plus que le relieur est mort et n’en fera plus. Enfin, Monsieur, voilà le plaisir que je vous demande. Si vous me refusez, je ne vous cache pas que j’en serai profondément blessé, car je verrai alors que vous vous souciez fort peu de me faire de la peine. Encore un coup, je ne vous demande rien qui puisse être pour vous un sacrifice, et moi j’en ai fait un grand en vous offrant mon Montesquieu, qui est le livre le mieux relié que vous ayez dans toute votre bibliothèque. » [sic]

(Robert Luzarche. « Une lettre inédite de Naigeon. » Dans Le Chasseur bibliographe. Paris, François, 1863, novembre, n° 11, p. 7-10)

Lors de la seconde, qui eut lieu en 1785, Naigeon céda à Dincourt d’Hangard les plus beaux livres de sa bibliothèque, qui furent revendus par leur acquéreur quatre ans plus tard, à partir du lundi 9 mars 1789, en l’une des salles de l’hôtel Bullion : Catalogue des livres choisis et bien conditionnés du cabinet de M *** [Dincourt d’Hangard] (Paris, Née de La Rochelle et Belin Junior, 1789, in-8, ix-11 [chiffrées 10-20]-270-[2] p., 2.499 lots) ; cette vente rapporta 75.000 francs.

Firmin Didot, par Charles-Alexandre Debacq (1823)

Le 2 juin 1808, les infirmités de la vieillesse et le besoin d’argent forcèrent Naigeon à vendre sa riche bibliothèque à Firmin Didot (1764-1836), pour la somme de 83.841 francs et 47 centimes. Celui-ci fit alors une réforme dans sa propre bibliothèque : il choisit les plus beaux exemplaires de Naigeon, et vendit les doubles et quelques livres de sa collection. La vente, dont le produit s’éleva à environ 40.000 francs, eut lieu en l’une des salles de Silvestre, 30 rue des Bons-Enfants, du lundi 12 au vendredi 30 décembre 1808, en 15 vacations : Catalogue des livres rares, précieux, et très-bien conditionnés, provenant du cabinet de M. F. D. [Firmin Didot] (Paris, De Bure Père et Fils, 1808, in-8, [1]-[1 bl.]-vj-124-[2] p., 1.235 lots).

Depuis 1808, Naigeon habitait 86 rue du Bac, dans l’appartement de sa sœur Catherine-Françoise (1734-1820), qui avait épousé l’architecte Jean-Baptiste Dufour (° 1725), le 23 janvier 1751, en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Naigeon recommença sa collection de livres comme il put et mourut le 28 février 1810. Ses funérailles eurent lieu le 2 mars 1810. On ignore le lieu de sa sépulture.

Photographie Jonathan A. Hill

La vente de ses estampes eut lieu à partir du 23 mars 1810, à son domicile : Catalogue d’une collection d’estampes rares et précieuses, composant le cabinet de M. Naigeon, Membre de l’Institut et Chevalier de l’Empire (Paris, Bénard et Narjot, 1810, in-8, 12 p., 54 lots).

« VENTE après le décès de M. Naigeon, membre de l’Institut, chevalier de l’Empire, rue du Bacq, n.° 86, à côté du ministère des relations extérieures, le vendredi 23 mars 1810, dix heures du matin, & jours suivans, consistant en belles Gravures & Estampes des meilleurs maîtres, tels que Marc Antoine, Edelinck & Nanteuil, superbes Meubles de salon & Corps de Bibliothèques en acajou plein, très-belles Tables d’acajou & Guéridons avec dessus de marbre précieux, tels que porphyre, granit & vert antique ; belles Chaises en bois d’amaranthe, couvertes de velours noir, & autres d’acajou ; Secrétaire en bois d’acajou roncé, Chiffoniers, Forté-Piano, Couchette d’acajou ; belles Pendules, du nom de Ferdinand Berthoud, dont une astronomique, ayant servi à M. de Courtanveaux pour essayer divers instrumens de longitude, avec sa boëte d’acajou ; belles Glaces, très-beaux Bronzes & Bustes avec colonnes de marbre granit ; 64 Médailles rares, tant en argent que bronzes ; superbes Porcelaines de Saxe, Japon & Sèvres, Verres, Bocaux & Déjeûner en cristal de roche ; beaux Matelats, Traversins, Couvertures d’édredon, Garderobe d’homme, Habit de costume de membre de l’Institut, très-beaux Rideaux en soie & mousseline ; & autres Effets.

L’exposition publique desdits Effets aura lieu même rue du Bacq, n.° 86, les mercredi & jeudi 21 & 22 mars, depuis 11 heures du matin jusqu’à 3.

Le Catalogue des Gravures & Estampes se distribue chez M.e Narjot, commissaire-priseur, rue de Lulli, n.° 3, au coin de celle de Louvois, près l’Opéra ; et M. Benard, marchand d’estampes, rue Froidmanteau, n.° 12.

Celui des Livres rédigé par M. Debure, libraire de la Bibliothèque impériale, sera annoncé par une affiche particulière. »

(Journal de Paris, 18 mars 1810)


La vente de sa bibliothèque se déroula aussi en l’appartement du 86 rue du Bac, du mercredi 25 avril au mercredi 2 mai 1810, en 7 vacations : Catalogue des livres très-bien conditionnés, du cabinet de feu M. J. A. Naigeon, Membre de l’Institut de France, et chevalier de l’Empire (Paris, De Bure Père et Fils, 1810, in-8, IV-70-[2] p., 610 + 1 double [bis] = 611 lots), dont Théologie [20 lots = 3,27 %], Jurisprudence [6 lots = 0,98 %], Sciences et Arts [182 lots = 29,78 %], Belles-Lettres [197 lots = 32,24 %], Histoire [206 lots = 33,71 %]. La vente produisit 12.751 fr. 85 c.    

« VENTE DE LIVRES très-bien conditionnés du Cabinet de feu M NAIGEON, membre de l’institut [sic], rue du Bacq, n.° 86, le mercredi 25 avril 1810, 6h de relevée & jours suivans. Le Catalogue se trouve chez MM. DEBURE, libraires, rue Serpente, n.° 7, & NARJOT, commissaire-priseur, rue de Lulli, n.° 3, au coin de celle Louvois.

A la fin de la dernière seance, on vendra un beau Meuble de salon.

L’APPARTEMENT où se fera la vente est A LOUER presentement. »

(Journal de Paris, 23 avril 1810)


 

13. Traité de l’Athéisme et de la Superstition, par J. Fr. Buddeus, trad. par J. Chret. Fischer. Amsterdam, Mortier, 1740, in-8, v. m.



20. Systême de la Nature [par d’Holbach]. Lond., 1770, 2 vol. in-8, v. éc.




23. Les Devoirs de l’homme et du citoyen, trad. du latin de Puffendorff, par Barbeyrac. Amst., Arkstée, 1756, 2 vol. in-12, v. f.



33. Platonis Opera, gr. et lat. ex interpretat. et cum notis Joan. Serrani. Excudebat Henr. Stephanus, 1578, 3 tom. rel. en 2 vol. in-fol., mar. bl.  



37. Le Premier Alcibiade, de Platon, trad. par Lefevre. Amst., Rey, 1766, in-8, v. f.



42. Les Œuvres de Sénèque le Philopsophe, trad. en françois par M. de Lagrange. Paris, De Bure, 1778, 7 vol. in-12, m. viol., dent., tab.




51. Pensées philosophiques [par Diderot]. La Haye, 1746, in-12, m. r.



62. Eléments de la morale universelle, ou Catéchisme de la Nature, par le baron d’Holbach. Paris, De Bure, 1790, in-18, br., pap. vél.



72. Du Contrat social, par J. J. Rousseau. Amst., Rey, 1762, in-8, m. r., pap. de Holl.

Photographie H. Picard et Fils


77. L’Horloge des Princes, avec l’Histoire de Marc-Aurèle, par Don Ant. de Guevare, trad. du castillan en françois par R. B. de Grise. Paris, Gautier, 1572, pet. in-12, v. b.



80. Essais de Théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l’homme, etc., par Leibnitz. Amst., Troyel, 1712, in-8, m. r. Ex. Hoym.




96. Dissertation sur la glace, par de Mairan. Paris, Imp. royale, 1749, in-12, fig., v. f.




116. Essai sur l’histoire naturelle des corallines, par Ellis, trad. de l’anglois. La Haye, de Hondt, 1756, in-4, fig., bas.



138. Recherches sur la cause de la pulsation des artères, sur les mouvements du cerveau dans l’homme et les animaux trépanés, par de Lamure. Montpellier, Rochard, 1769, in-8, v. f.



164. Recherches anatomiques sur la position des glandes, et sur leur action, par Bordeu. Paris, Quillau, 1751, in-12, v. f.



190. Connoissance des temps, pour les années VII, VIII, X, XI, XII, XIII ; 1808, 1809 et 1810. Paris, de l’Imp. de la République, 1797 et ann. suiv., 9 vol. in-8, cart.



192. Histoire de la mesure du temps par les horloges, par Ferd. Berthoud. Paris, de l’Imp. de la République, 1802, 2 vol. in-4, fig., cart.



222. Trésor de la langue française tant ancienne que moderne, par Jean Nicot. Paris, Douceur, 1606, in-fol., v. b.



272. Phaedri Fabularum Æsopiarum lib. quinque, cum not. var. Edente Joan. Laurentio. Amst., Jansson, 1667, in-8, fig., vél.




300. Œuvres de François de Malherbe, avec les Observations de Menage. Paris, Barbou, 1723, 4 vol. in-12, v. f.



366. Défense du Paganisme, de l’Empereur Julien, en grec et en françois, avec des dissertations et des notes, par le marquis d’Argens. Berlin, Voss, 1767, in-8, br.



411. Troisième voyage de Cook, ou Voyage à l’Océan Pacifique, trad. de l’anglois, par M. Demeunier. Paris, hôtel de Thou, 1785, 4 vol. in-4, fig., v. m.



438. Recherches et Dissertations sur Hérodote, par le président Bouhier. Dijon, De Saint, 1746, in-4, v. m.



468. Tibère, discours politiques sur Tacite, trad. par de la Mothe-Josseval. Amsterd., les héritiers de Dan. Elzevier, 1683, in-4, m. r. Ex. Hoym.



514. Essai sur les Hiéroglyphes des Egyptiens, trad. de l’angl. de Warburton [par Marc-Antoine Léonard des Malpeines]. Paris, Guérin, 1744, 2 vol. in-12, fig., v. f.



542. Notice d’un Livre imprimé à Bamberg, en 1462, par Camus. Paris, Baudouin, An 7, in-4, fig., br., très grand pap. de Holl.



558. Bibliothèque françoise, par Goujet. Paris, Mariette, 1741, 18 vol. in-12, v. m.     

 

La plus belle partie de la bibliothèque de Naigeon fut donc vendue, avec les livres de Firmin Didot, du vendredi 5 au lundi 29 avril 1811, en 16 vacations, dans la salle haute du 30 rue des Bons-Enfants : Catalogue des livres rares, précieux, et très-bien conditionnés du cabinet de M. Firmin Didot (Paris, De Bure Père et Fils, 1810, in-8, xvj-184-[2] p., 1.018 lots). Cette vente rapporta 97.800 francs.

On trouve d’autres exemplaires ayant appartenu à Naigeon dans la seconde bibliothèque de Dincourt d’Hangard qui fut vendue après sa mort, en sa maison du 21 rue de l’Odéon [VIe], du mercredi 1er au mardi 14 avril 1812, en 12 vacations : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Dincourt d’Hangard, la plupart rares, singuliers et d’une belle condition (Paris, Bleuet, successeur de Jombert, fils aîné, 1812, in-8, [4]-255-[1 bl.] p., 1.703 lots).