mardi 26 avril 2016

Le Magazine du bibliophile. Numéro 124-125. Spécial Grand Palais 2016








TRANSCRIPTION

Jean-Paul Fontaine, nos lecteurs vous connaissent bien, car nous avons déjà réalisé deux entretiens avec vous en 2010 et 2013 (n° 82 et 106). Vous avez aussi été un des collaborateurs de cette revue de février 2005 à novembre 2012, avant d’animer un blog bibliophilique très érudit et documenté depuis le 13 décembre 2012 (http://histoire-bibliophilie.blogspot.fr/), où vous vous définissez comme « "collecteur" de "physiologies bibliophiles" », vivant « en permanence avec ceux qui ont été nos prédécesseurs » et utilisant « sur les bibliophiles anciens des techniques équivalentes à celles qu'utilise mon confrère Philippe Charlier sur les restes d'Agnès Sorel ou de Diane de Poitiers. Mon maître en histoire fut le Dr. Cabanès, c'est tout dire. » Vous venez de publier un imposant volume, Les Gardiens de Bibliopolis, consistant en 160 portraits-notices de bibliophiles du XVIe au XIXe siècle, qui apparaît comme une émanation directe, non seulement de votre blog ou de vos articles, mais de votre démarche de collecteur de "physiologies bibliophiles". C’est donc une sorte d’aboutissement ?

Profondément intéressé par l'histoire réelle, non romancée, des bibliophiles et de la bibliophilie, j'ai essayé de faire vivre tous ces amateurs dont on connait les noms, mais qui ne sont que des fantômes.
Après un peu plus de sept années de rédaction dans le Magazine du bibliophile, j'ai regretté l'impossibilité, dans un magazine papier, de corriger les erreurs commises ou d'ajouter de nouvelles découvertes. La formule du « blog » le permettait. Mais le bibliophile ne peut se passer de livre : d'où le retour vers l'édition. L'enthousiasme et la détermination de Remy Bellenger, qui avait déjà pris le risque d'éditer Cazin, l'éponyme galvaudé, en 2012, ont permis la publication de ce travail, depuis longtemps commencé.

160 portraits (parmi lesquels trois femmes seulement), c’est beaucoup : nous ne pourrons pas tous les citer dans notre entretien. Évoquer votre livre, c’est parler de son sujet. Mais une question pour commencer : avez-vous des favoris et pour quelles raisons ? Ou bien n’établissez-vous aucune hiérarchie, par principe, entre les personnages retenus ?

La liste initiale des personnages retenus comprenait 268 noms, couvrant les quatre siècles qui suivirent celui de la découverte de l'imprimerie. Je les avais choisis selon des critères de sélection obligatoires : état civil vérifiable aux sources, catalogue de bibliothèque disponible avec les résultats de la vente, existence d'un ex-libris ou d'un portrait. Un critère supplémentaire, technique, s'est alors imposé : pour un seul volume, le nombre de pages ne pouvait être supérieur à environ 600. Une nouvelle sélection, plus rigoureuse, limita le nombre des candidats à 160.

Ce livre et vos articles procèdent à chaque fois d’enquêtes et de recherches approfondies. Quelles sont vos méthodes de travail ? Faites-vous des recherches généalogiques, des enquête de terrain, collectez-vous des informations dans les ouvrages de référence, collectionnez-vous les catalogues de vente ?

Pendant plus de trente ans, j'ai constitué plus de 800 dossiers de bibliophiles, qu'ils soient amateurs ou professionnels du livre : ils contiennent des notes de lectures et des pièces originales, photographies, gravures, ex-libris, coupures de presse d'époque, quelques lettres autographes et catalogues de bibliothèque, ces derniers prenant trop de place pour être systématiquement conservés. Ces dossiers sont le point de départ de mon travail, avec l'obligation de vérifier, aux sources, toutes les informations, évitant ainsi de recopier les erreurs de mes prédécesseurs, voire les miennes : je pense à l'accent aigu sur le premier « e » de Pixerécourt, que j'avais copié chez le Bibliophile Jacob !
Je vérifie l'état civil de tous les bibliophiles aux Archives et j'établis leur généalogie sur au moins trois générations, quand c'est possible. C'est ainsi que j'ai découvert le lieu d'inhumation et la date officielle du décès d'Étienne Psaume, les racines de la famille Beraldi à Pesaro, en Italie, et la scandaleuse reprise administrative de la sépulture des Brunet au cimetière du Montparnasse.
Je lis entièrement les catalogues des bibliothèques et relève les résultats significatifs, avec le prix d'adjudication et parfois le nom des adjudicataires.

Quelle est votre bibliothèque de travail, celle qui vous sert dans vos recherches quotidiennes ? Autrement dit, quelle est, ou devrait être, la documentation de base d'un bibliophile d'aujourd'hui ?

Hormis le Manuel de bibliophilie (Paris, Éditions des Cendres, 1997, 2 vol.), par Christian Galantaris, les ouvrages de référence en matière d'histoire de la bibliophilie et des bibliophiles n'existent pas.
Certaines publications sont néanmoins incontournables : Dictionnaire de bibliologie catholique (Paris, J.-P. Migne, 1860), par Gustave Brunet ; Armorial du bibliophile (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1870), par Joannis Guigard ; « Livres rares et pratiques bibliophiliques » et « Les Nouvelles Bibliophilies » (in Histoire de l'édition française. Paris, Promodis, 1984), par Jean Viardot ; L'Amour des livres au siècle des Lumières. Pierre Adamoli et ses collections (Paris, École des chartes, 2001) et « Bibliophilie » (in Dictionnaire encyclopédique du livre. Paris, Cercle de la Librairie, 2002), par Yann Sordet.
Outre les notices biographiques données parfois en tête des catalogues, la consultation d'autres ouvrages est indispensable : le Bulletin du Bibliophile, la Bibliographie de la France, la Biographie Michaud, La France littéraire de Quérard, la Revue biblio-iconogaphique, L'Hôtel Drouot de Paul Eudel, Le Livre-Bibliographie rétrospective, La Bibliophilie du baron de Claye, etc., les journaux contemporains et les innombrables travaux des sociétés savantes. D'autres informations sont dispersées dans de nombreuses revues françaises et étrangères, notamment artistiques.

Les portraits que vous avez sélectionnés montrent des personnages très divers. On pourrait établir d’autres hiérarchies entre les bibliophiles : les plus grandes (ou les plus petites) collections, les plus rares, les plus chères, mais les résultats n’auraient que peu de valeur dans cet ensemble quelque peu disparate, à cause de l’écart temporel qui sépare les uns des autres. Finalement, ne peut-on pas dire que ces collectionneurs n’ont que peu de points communs, en dehors d’un état d’esprit qui les a fait se lancer dans cette quête du livre rare. Pouvez-vous nous décrire en quelques mots cet « état d’esprit » du bibliophile « parfait » ou « idéal » ? Est-ce que tous les personnages retenus partagent cet état d’esprit, ou y a-t-il d’autres motivations possibles ?

La définition de la bibliophilie ne peut pas être limitée à sa définition étymologique : « amour des livres ». On peut assimiler la bibliophilie à une maladie congénitale, donc incurable. Elle se révèle le plus souvent à l'adolescence. Elle touche plus souvent le sexe masculin que le sexe féminin. Elle se manifeste par un état d'esprit particulier vis-à-vis du livre, associant goût, compétences et pratiques spécifiques mis au service de la collection de livres rares, singuliers, curieux ou précieux, dans le but de construire une bibliothèque. Touchant toutes les catégories sociales, cette maladie contraint le bibliophile à adapter ses désirs à ses moyens financiers. Enfin, le bibliophile est en général fort peu démonstratif.
Tous les amateurs ne partagent pas totalement cet état d'esprit particulier vis-à-vis du livre : c'est bien là une des difficultés rencontrées pour définir le bibliophile. En outre, les variations de la mode peuvent influencer le contenu des bibliothèques : il y a eu la mode des incunables, des Elzévirs, des reliures rétrospectives, des romans de chevalerie, des provenances, des préfaçons, etc.

On peut nommer les trois femmes bibliophiles que vous avez retenues, qui sont également des personnages historiques : la comtesse du Barry, la duchesse de Berry, la comtesse de Verrue. Ont-elles une approche similaire, ou divergente, de la bibliophilie de celle de leurs confrères masculins ? Y aurait-il, pourrait-on dire une bibliophile spécifiquement « féminine » ou non ? Les romancières ou femmes de lettres (telles Mme de Staël, George Sand, etc.) n’ont-elles pas particulièrement développé de propension à la bibliophilie ?

La comtesse de Verrue fut l'une des plus grandes femmes bibliophiles de l'Ancien Régime. Il y a effectivement moins de femmes bibliophiles que d'hommes, et elles sont moins nombreuses aujourd'hui qu'autrefois. Mais il ne faut pas oublier que, dans un certain nombre de cas, la bibliothèque est celle du couple ; à l'inverse, Madame de Chateaubriand n'aimait pas plus les livres que son illustre époux. La bibliophilie des femmes est comme celle des hommes : comme chez les hommes, il y a des femmes qui collectionnent les livres pour l'effet produit, ignorant ce qu'ils contiennent ; mais la bibliothèque de la comtesse d'Yve était l'une des plus riches d'Europe. Quant à George Sand, elle est la seule femme de lettres qui se soit déclarée « bibliophobe », dans une lettre au vicomte Spoelberch de Lovenjoul.

La quête bibliophilique peut-elle avoir une fin ? Cela dépend pour partie de la motivation, ou du type de collection poursuivi ou de l’étendue du domaine concerné. Mais y a-t-il, dans votre corpus, des bibliophiles qui ont eu l’impression, pour une raison ou pour une autre, d’avoir achevé leur collection ?

La quête bibliophilique ne peut pas connaître de fin. Le Bibliophile Jacob a écrit : « le feu sacré de la bibliomanie ne meurt qu'avec le bibliomane ». Antoine Boulard mourut sur le « champ de bataille », après avoir accumulé environ 500.000 volumes. Après que le comte de La Bédoyère, à l'âge de 54 ans, eut vendu les livres rares et précieux de sa bibliothèque en 1837, il passa le reste de sa vie à retrouver les volumes qu'il avait vendus, et les paya parfois très cher.

Plusieurs ont dû se séparer de leurs collections, pour des raisons financières, notamment. Certains ont-ils arrêté par lassitude, par exemple ? Le bibliophile peut-il connaître l’ennui ? Auriez-vous des exemples de ce cas sans doute un peu extraordinaire ?

Plusieurs bibliophiles ont effectivement dû vendre leur bibliothèque par nécessité. Souvent gêné, le journaliste gastronome Charles Monselet se résigna à se séparer de ses livres, en 1871 et en 1885. Pour payer ses dettes, le professeur Charles Giraud dut se séparer de sa collection en 1855. Même le riche Cailhava, trop dépensier, fut obligé de se défaire de sa magnifique collection, par deux fois, en 1845 et en 1862. Quant à Charles Motteley, il avoua vivre du produit des ventes successives de ses livres, ce qui lui valut d'être traité d' « industriel en librairie » par Brunet.
À l'inverse, Jules Chenu préféra mourir pauvre, au milieu de ses livres, plutôt que les vendre pour augmenter ses maigres ressources de typographe.
« Dernière passion de l'être intelligent », la bibliophilie ne peut donc engendrer l'ennui. C'est de ne plus acheter de livres qui provoque l'ennui du bibliophile ! Seul Nicolas Yemeniz fut un jour dégoûté de tout et n'ouvrit plus ses livres : mais c'était à cause de la mort de sa femme.

Un des personnages les plus étonnants de votre galerie est Boulard, sans doute le particulier qui a amassé le plus grand nombre de livres (voir Le Magazine du bibliophile n°44, 2005). On raconte que lors de la vente de sa bibliothèque, pendant plusieurs années, le marché du livre s’est effondré, tant il a été noyé sous le nombre… N’aurait-il pas servi de modèle à certain bibliomane de fiction ? Quelle était le sens de son action ?

Charles Nodier a effectivement connu Antoine Boulard, qu'il appelle, dans « L'Amateur de livres », son « cher et honorable maître » et dont il dit, qu'après avoir « été un bibliophile délicat et difficile », il est devenu bibliomane, quand son esprit a diminué. Dix ans auparavant, dans « Le Bibliomane », Nodier avait regretté le temps où « le vénérable Boulard » enlevait chaque jour un mètre linéaire de raretés chez les bouquinistes des quais de la Seine.
En réalité, Boulard était un homme généreux qui voulut sauver les vieux livres que la Révolution avait jetés sur les trottoirs : mais rapidement, il fut pris par une obsession qui provoqua des achats désordonnés. À la vente, ses acquisitions n'attirèrent donc pas spécialement les amateurs, et le nombre inhabituel de livres remis sur le marché fit effectivement baisser les prix.

Sans citer tous les personnages dont vous traitez, nous remarquons qu’il en est d’obscurs ou du moins connus, d’autres célèbres, parfois dans d’autres domaines. Cela influe sur la longueur de certaines notices, parfois assez courtes. Vous avez ainsi inclus plusieurs littérateurs notoires, comme Jules Claretie, Anatole France, Jules Janin (Le Magazine du bibliophile n° 46, 2005), Charles Monselet (n° 56, 2006), Charles Nodier, Pixerécourt (n° 60, 2007), choix intéressant car ce n’est pas toujours leur activité bibliophilique que l’on retient d’eux, ainsi que P. L. Jacob (Paul Lacroix), plus connu sous le nom de Bibliophile Jacob (n° 59, 2006), et Octave Uzanne (n° 98, 2011), ce qui fera plaisir à Bertrand Hugonnard-Roche, libraire d’Alise-Sainte-Reine. Vous n’oubliez aucun des grands bibliographes du XIXe siècle : Antoine Barbier, Jules Brivois, Jacques Charles Brunet, Gustave Brunet, Henry Cohen, Léopold Derome, Antoine Laporte, ainsi que le premier d’entre eux, Quérard, dont vous rappelez qu’une association en sa mémoire a été créée en 2005 (voir n° 47). Il y a aussi des éditeurs, comme Firmin-Didot, Armand Bertin (directeur du Journal des débats), Curmer, Poulet-Malassis, ou La Mésangère, directeur du Journal des dames et des modes. Des libraires comme Aubry (n° 58, 2006), Barbier (n° 52, 2006), Renouard (n° 88, 2010), Rouveyre, Techener… Des érudits, Beraldi (n° 57, 2006), Bouchot (n° 91, 2011), Peignot, Klaproth, Silvestre de Sacy… Ou bien le singulier Félix Solar…
Comment s’est opéré le choix des personnages que vous traitez ? Y a-t-il des bibliophiles que vous auriez aimé inclure et sur lesquels vous n’aviez pas assez d’élément ou d’autres que vous avez exclus car ils avaient déjà été traités ailleurs ? Pouvez-vous nous citer des noms dans l’une ou l’autre catégorie ?

Nous avons vu comment les critères de sélection choisis et les contraintes éditoriales avaient limité le nombre des personnages retenus.
Parmi les bibliophiles que j'aurais aimé raconter et qui n'ont pas été retenus à cause d'insuffisance d'informations vérifiables : Jean-Baptiste Bearzi, Édouard Bocher, Michel Brochard, Léopold Carteret, Fernand Drujon, Bernard Gausseron, Girardot de Préfond, Joseph-Louis d'Heiss, Jules Le Petit, le baron de Longepierre, Firmin Maillard, Damascène Morgand, Léon d'Ourches, Diane de Poitiers, la marquise de Pompadour, le baron Portalis, Jules Richard, le marquis du Roure, le baron Taylor, Fernand Vandérem, Georges Vicaire, etc.
D'autres, déjà traités ailleurs, auraient pu faire partie de la liste : Jean Grolier, Pierre Adamoli, Jules Mazarin, Catherine de Médicis, le marquis de Méjanes, le marquis de Paulmy, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Jean-Joseph Rive, etc. Mais je ne pouvais pas ne pas inclure le « roi des bibliophiles », Charles Nodier, pourtant déjà traité par de nombreux historiens.

Vous avez précisé que chacune de vos notices est constituée de l’état civil précis du personnage, d’éléments biographiques, notamment de ses publications, d’une reproduction de son ex-libris, de citations à son sujet, et d’informations sur sa collection, recueillies notamment à travers les catalogues de vente de sa bibliothèque. Ce dernier élément a-t-il été un critère essentiel pour le choix des personnages à traiter ?

Ce critère fut l'un des deux critères indispensables, avec l'état civil vérifiable. Si la biographie d'un bibliophile, comme celle de tout personnage, doit commencer par un acte de naissance, sa personnalité doit être recherchée dans le catalogue de sa bibliothèque.

Qu’en est-il de l’élargissement des centres d’intérêt bibliophilique au fil du temps ? Constatez-vous une évolution du « critère de bibliophilie », autrement dit de livres qui seraient exclus ou non de l’univers de la bibliophilie selon les époques ? Car en quatre ou cinq siècles la bibliophilie a beaucoup évolué, du simple fait de l’expansion de la production. Comment tenir compte de ces écarts ou de cette évolution inévitables dans un ouvrage panoramique comme le vôtre ? Un des fils conducteurs de votre travail est la « traçabilité » de certains livres, de certains exemplaires d’une collection à l’autre, dans la suite des ventes et des successions. Les collectionneurs s’intéressent-ils aux mêmes livres d’un siècle à l’autre ? Ou bien y a-t-il des livres qui « disparaissent » ou que l’on ne parvient plus à trouver ou retrouver ? Les « fondamentaux » de la bibliophilie ont-ils évolué durant cette période, et dans quel sens ?

Jusqu'au Premier Empire, les bibliophiles ont recherché les mêmes livres : les manuscrits, les premiers monuments de l'imprimerie, les classiques des XVIe et XVIIe siècles, de préférence sur grand papier et reliés en maroquin. Ce n'est qu'à la Restauration que la bibliophilie connut sa renaissance. La vulgarisation des connaissances sur les livres rares provoqua l'augmentation du nombre des acheteurs éclairés, donc la concurrence et la hausse des prix. Nodier lança la bibliophilie dans la recherche de nouvelles catégories de livres. Après l'inauguration de l'Hôtel Drouot en 1852, la hausse des prix s'accentua. Les amateurs firent preuve de plus d'exigences vis-à-vis de la rareté, de la condition ou des particularités distinctives. Puis ce fut la mode des livres à gravures du XVIIIe siècle, suivie par celle des livres romantiques, des livres à vignettes du XVIIIe, etc., enfin des livres illustrés contemporains et des publications de bibliophiles. Ces différentes catégories nouvelles favorisèrent l'arrivée de nouveaux amateurs. Mais ces derniers, écartés par le prix élevé atteint par les livres anciens, les négligèrent, et vers la fin du XIXe siècle, les prix de vente s'en ressentirent : c'est ce qui se passa à la vente Lignerolles.

Quelles sont les collections les plus curieuses ou les plus étonnantes que vous avez rencontrées dans vos recherches ?

J'aime bien la personnalité de Motteley, dont la bibliothèque se composait de 2.000 volumes remarquables par leur reliure, leur rareté comme impression ou pour avoir appartenu à de grands personnages ; léguée à la Bibliothèque du Louvre en 1853, elle fut détruite dans l'incendie allumé par les communards en 1871.
Tous les bibliophiles sont fascinés par les trois grandes bibliothèques françaises de l'entre-deux guerres : Beraldi, Descamps-Scrive et Barthou.

Y aura-t-il une suite, un tome II, consacré au XXe siècle ?

Il est plus difficile d'appliquer les critères de sélection retenus aux bibliophiles du XXe siècle, qu'à ceux des siècles précédents. Par contre, alors qu'existent une Histoire de l'édition française, une Histoire des bibliothèques et une Histoire de la librairie, il n'y a pas encore d'Histoire de la bibliophilie. J'aimerais réussir à rassembler une équipe capable de rédiger cette vaste et complexe histoire : là serait l'aboutissement.

Propos recueillis par Jean-Etienne Huret



lundi 25 avril 2016

L'Ami de Sylvestre Bonnard : Honoré Champion (1846-1913)

Honoré Champion (1906)
5 quai Malaquais 
D'une famille originaire de Bourgogne, Jean-Baptiste-Honoré Champion est né le 13 janvier 1846, dans l'ancien Ve arrondissement [aujourd'hui IIe et Xe] de Paris : son père était marchand de vin à l'entrepôt de Bercy.
Honoré Champion quitta le collège Turgot [IIIe] pour entrer, en 1860, comme apprenti chez Jean-Baptiste-André Dumoulin (1808-1885), libraire 13 quai des Grands-Augustins [VIe] :

« Pas commode le père Dumoulin, sanglé dans sa redingote, petit, maigre et sec, qui fumait entre les piles de livres son cigare à deux sous ! »
(Pierre Champion. Mon vieux quartier. Paris, Bernard Grasset, 1932, p. 11)

Marque du libraire Dumoulin
Originaire de Normandie, Dumoulin avait ouvert, en 1834, une librairie historique, archéologique, ancienne et moderne. Il était libraire de la Société impériale des Chartes et publia la Bibliothèque de l’École des chartes de 1844 à 1862 ; il était aussi libraire de la Société nationale des Antiquaires de France, dont il publia les Mémoires de 1846 à 1883. Antiquaires et chartistes se retrouvaient dans sa boutique. De temps à autres, il publiait un livre d’érudition : Essai historique et archéologique sur l'église cathédrale de Notre-Dame de Laon, par Jules Marion (1843) ; Histoire des guerres de religion dans la Manche, par A. Delalande (1844) ; La Noblesse de France aux Croisades, par P. Roger (1845) ; Preuves de l'état civil des personnes et de la condition des terres dans les Gaules, par C.-J. Perreciot (1845) ; Histoire de l'Hôtel de Ville de Paris, par Le Roux de Lincy (1846) ; Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France, par Ph. de Pointel (1847) ; Histoire des grands panetiers de Normandie, par le marquis de Belbeuf (1856) ; Les Écoles épiscopales et monastiques de l'Occident, par Léon Maitre (1866) ; Napoléon, Joseph et Lucien Bonaparte au collège d'Autun en Bourgogne, par Harold de Fontenay (1869).


Préparant le mince catalogue que publiait Dumoulin, Champion faisait des fiches, rédigeait des notes, corrigeait les épreuves, taillait les bandes de papier jaune sur lesquelles il recopiait les adresses, affranchissait les catalogues et portait les ballots à la Poste. Le dimanche, il allait ranger les livres dans la maison de Sainte-Beuve (1804-1869), 11 rue du Montparnasse [VIe], pour dix sous.

Conséquence de lectures quotidiennes, Champion publia très tôt : « Les Abbesses de Longchamps » (In Revue nobiliaire historique et biographique. Paris, J. B. Dumoulin, 1867, t. III, p. 415-423), suivies par une Notice historique sur l'abbaye de Longchamps (Paris, J. B. Dumoulin, 1869).

La guerre de 1870 interrompit un temps ses activités. Après un séjour à Strasbourg et à Metz, où il acheta pour Dumoulin la bibliothèque de l'École d'artillerie qui contenait les manuscrits de Vauban, il épousa, en 1872, Henriette-Émélie-Antoinette Gérard, fille d'un cordonnier de Clermont-en-Argonne [Meuse], née le 17 novembre 1851.

Petit hôtel de Chimay, 15 quai Malaquais
En 1874, il racheta le fonds de la veuve Suzanne, à laquelle il fit un premier versement de 10.000 francs payé par son commanditaire, Jean-Marie Passier, et s'établit à son compte, 15 quai Malaquais [VIe], dans le « petit hôtel de Chimay », auparavant appelé « petit hôtel de Bouillon » : librairie au rez-de-chaussée et appartement au-dessus. C'est à cette adresse que François-Noël Thibault, dit « France », avait installé sa librairie de 1844 à 1853. 

Plan de Paris de Braun (1572)
Champion plaça comme enseigne, au-dessus de sa « Librairie spéciale pour l'Histoire de France », le plan de Paris au XVIe siècle par Braun, dans un cadre noir, et débuta par le commerce des livres d'occasion :

« Dans la petite boutique du 15, Honoré avait commencé de vendre des livres anciens et des documents, comme son patron Dumoulin. Des profits de cette vente, Honoré tire une autre mouture, ses éditions. Il se lie avec de jeunes chartistes, des romanistes qu'il admire de toute sa foi et de son enthousiasme, Léopold Delisle, Gaston Paris, Paul Meyer, d'Arbois de Jubainville, Siméon Luce, Courajod, Mistral, Auguste Longnon, tous des fidèles et des amis. La librairie, proche de l'Institut, en fut parfois l'antichambre. Le jeudi, où siègent les membres de l'Académie Française, on ne rencontre pas dans la boutique les mêmes personnages que le vendredi. Français vivant et aimable, le jeune Honoré a des amis à l'étranger comme Suchier à Halle, Forster à Bonn, Bocher aux Etats-Unis, Monaci à Rome, lord Rosebery à Londres et Loutchisky en Russie.
C'est vraiment un commerce d'amitié qu'il a su créer autour de lui, et dès sa jeunesse. Honoré, sans aucun capital, court son aventure. Mais il a la foi, comme ceux qui regardent seulement devant eux. Il crée, parce qu'il travaille, et suivant son instinct. Honoré a fait sortir de la vente des vieux livres les éditions qu'il aime, sans rechercher les affaires lucratives, mais celles qui répondent à ses goûts. Imprimer Léopold Delisle, Siméon Luce, Longnon est pour ce libraire une satisfaction d'auteur. Il relit toutes les épreuves des beaux livres qu'il imprime à 500 exemplaires, et qui sont tirés sur papier inaltérable. Que de sacrifices il dut alors s'imposer ! Ma mère vivait parfois dans les transes, car la facture de Daupeley, qui imprime si bien, peut coïncider avec le terme d'un loyer. La chose devenait parfois dramatique. Mais l'optimisme d'Honoré, sa jeunesse désarmaient tout le monde. Je dois dire aussi qu'il n'aimait pas trop à faire des calculs et ne s'embarrassait pas de cette vaine science, l'arithmétique. Longtemps, il ignora la comptabilité ; mais toujours il sortait d'embarras, ayant la foi. Ses intuitions, en matière de trouvailles de bouquins ou d'auteurs, l'ont servi admirablement. »
(Pierre Champion. Ibid., p. 37-38)

Il édita ensuite des publications à compte d'auteur, des collections de Sociétés savantes, les catalogues de la Bibliothèque nationale, et assura la diffusion d'éditions provinciales confidentielles.


Dès son installation en 1874, Champion participa à la fondation de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France, dont il devint le libraire, éditeur du Bulletin, à partir de 1874, puis des Mémoires, à partir de 1875. À partir de 1883, il édita la Revue de l'Art chrétien.
Il se chargea de la diffusion du Dictionnaire historique de l'ancien langage françois (Niort, L. Favre, 1875-1882, 10 vol. in-4), par La Curne de Sainte-Palaye, puis de Lou Tresor dou Felibrige ou Dictionnaire provençal-français (Aix-en-Provence, Veuve Remondet-Aubin, 1879-1886, 2 vol. in-4), par Frédéric Mistral.
Dans la clientèle composite qui fréquentait sa librairie, se trouvaient de grands bibliophiles : le duc d'Aumale, le baron Pichon, Mareuse, Auguste Lesouef, le duc de La Tremoille, le duc de Broglie, les marquis de Vogüé, de Pange, de Pimodan, de Brémond d'Ars.

C'est à cette adresse que naquirent cinq des six enfants Champion : Pauline-Marie-Antoinette le 10 juin 1875, Maurice-Auguste-Joseph le 3 octobre 1877, Pierre-Jean-Baptiste-Honoré le 27 février 1880, Édouard-Jean-Marie le 10 octobre 1882 et Julie-Jeanne-Yvonne le 6 juin 1886. C'est à cette époque que Champion devint l'ami intime de deux de ses confrères, installés rue Bonaparte [VIe] : Alphonse-Gabriel-François Picard (1833-1906) et Victor Lecoffre (° 1841).

Mais dès 1884, l'État acquit l'hôtel de Chimay, 17 quai Malaquais, et le petit hôtel de Chimay, pour agrandir l'École des Beaux-Arts. 

9 quai Voltaire
En 1890, à l'expiration de son bail, Champion dut s'installer un peu plus loin, 9 quai Voltaire [VIIe] : ce magasin avait été loué, lui aussi, par le père d'Anatole France, de 1858 à 1866 [Dominique-Vivant Denon (1747-1825), premier directeur du Louvre, est mort au 5 quai Voltaire (Institut royal de France. Paris, Firmin Didot, 1818, p. 57) et non pas au 9 (selon Anatole France), ni au 7 (selon la plaque apposée sur la façade)].

La Librairie Champion, par Henri Buron (1880-1969)
Musée Carnavalet
« La boutique du 9 quai Voltaire consistait en un grand rez-de-chaussée, avec une vitrine assez vaste. […]
Des rayons, un casier où étaient rangés les gros registres verts où les membres de la Société de l'Histoire de Paris venaient, plusieurs fois l'an, donner une signature en retirant les publications auxquelles ils avaient droit, une table avec un tapis vert où Honoré Champion exposait ses récentes éditions savantes, une cheminée de marbre blanc. La belle tête de la Niké antique, don de M. de Laborde, le plus noble morceau de la statuaire grecque, présidait aux réunions. Les chaises cannées, qui garnissaient la librairie à se toucher et se prolongeaient jusqu'au petit bureau d'Honoré, formaient le seul luxe de la pièce. […]
La librairie Champion, comme celle du père d'Anatole France, était une librairie à chaises. Les habitués y avaient leur place, comme à l'Académie on a son fauteuil. […]
La librairie du quai Voltaire demeurait enfin, pour les vieilles familles provinciales de France, un centre de réunion et d'études généalogiques. »
(Pierre Champion. Ibid., p. 44-47)

Expert près le tribunal civil de la Seine, Champion fut choisi pour rédiger le catalogue et procéder à la vente de nombreuses bibliothèques, parmi lesquelles furent celles de Charles Giraud (1802-1881), professeur de droit et membre de l'Institut ; de Jules Desnoyers (1800-1887), géologue ; du baron Jean de Witte (1808-1889), archéologue ; de l'écrivain Marcel Schwob (1867-1905), maître et intime ami de son fils Pierre.
À partir de 1903, il édita la Revue des études rabelaisiennes.

En 1905, en pleine publication de l'Atlas linguistique de la France (Paris, Champion, 1902-1910, 9 vol. gr. in-8), par Edmond Edmont et Jules Gilliéron, Champion acquit le fonds de la librairie d'Émile Bouillon, 67 rue Richelieu [IIe], qui avait succédé en 1887 à son beau-père Friedrich Vieweg, lui-même successeur de Albert Franck.
Champion joignit à ses revues celles de Vieweg-Bouillon : Romania, recueil trimestriel consacré à l'étude des langues et des littératures romanes ; Revue celtique ; Le Moyen Age, revue d'histoire & de philologie ; Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes ; Revue des bibliothèques

Marque du libraire Vieweg

Marque du libraire Champion

Il conserva la marque de Vieweg et sa devise, « NUNQUAM RETRORSUM » [jamais en arrière], remplaçant seulement les initiales F. V. par les siennes.

Hôtel de Châteauneuf, 5 quai Malaquais
Pour s'agrandir, il emménagea alors au rez-de-chaussée du 5 quai Malaquais, dans l'hôtel de Châteauneuf, auparavant appelé hôtel de Garsaulan, occupé jusque là par la librairie de Auguste Duplenne, et associa son fils Édouard à la librairie.

Librairie Duplenne, 5 quai Malaquais (1904)
« Ce n'était plus la librairie à chaises du quai Malaquais où se reposaient en causant les flâneurs. La pièce d'où l'on découvre la statue de Voltaire est pleine de livres d'érudition, de brochures aux couvertures claires : sur la longue table on prépare de nombreuses expéditions. Il n'y a plus que quelques chaises dans la chambre où mon frère Edouard, à son bureau, dirige juvénilement l'entreprise. Il défend, si l'on veut, le sanctuaire, où ceux qui ont l'habitude de le voir peuvent seuls trouver Honoré.
Mon père travaille à sa table d'acajou, dans un petit cabinet couleur du temps. Des reliures de maroquin rouge garnissent les vitrines, des incunables, des livres enchaînés forment le fond d'un tableau préparé pour un petit maître Hollandais. Des photographies, les portraits des savants qu'il avait connus, tiennent compagnie à mon père. Là, il accueille toujours les visiteurs d'un sourire, conte une anecdote sur les disparus. Il regarde, indulgent, les choses et le monde. Un pétale des roses de son jardin d'Aulnay tombe parfois sur la page d'un livre ouvert. Penché sur son bureau, alourdi par l'âge, il relève sa tête forte pour fixer de ses yeux clairs un visiteur. Il déplace, d'un geste machinal, la calotte de soie noire et souple, que lui faisait ma mère, et qui couvre son front dénudé encadré de longues boucles de cheveux gris. Sa bouche sourit sous sa moustache courte. […]
Il sort de sa boutique avec son large chapeau de feutre, sa houppelande à collet, sa cravate Lavallière à pois. Il donne un instant un regard au quai, au Louvre et à l'Institut. Il va prendre le chemin de fer de Sceaux qui le ramènera à la Vallée aux Loups, où il copie la correspondance de Chateaubriand. […] Mon père, qui a eu la chance de recueillir, à la vente Récamier, la dictée à Pilorge des Mémoires d'Outre-Tombe, a la passion de Chateaubriand. […] Ce culte l'a attaché à Aulnay, où dans sa maison de la Vallée aux Loups, Honoré est devenu le voisin du grand écrivain romantique. »
(Pierre Champion. Ibid., p. 51-53)


En 1910, au moment des inondations, la statue de Voltaire, réalisée par le sculpteur Joseph-Michel Caillé en 1885 [fondue en 1941], préserva sa librairie, en détournant les eaux vers la rue de Seine [VIe] et la rue Bonaparte.

Rue Jacob, les pavés de bois, qui flottent sur l'eau lors des inondations de 1910,
ont été pris par certains pour les livres de la Bibliothèque de la Faculté de médecine voisine
Dans son article intitulé « Portraits de libraires. Les frères Garnier » et signé « H.C. Libraire-expert au Tribunal de la Seine », que Champion publia dans le Bulletin de l’Association amicale professionnelle des commis-libraires français (Paris, A. Fleury, 1913), les légendes des portraits en photographie des deux frères Garnier ont été inversées.

Honoré Champion, 5 quai Malaquais (1911)

Honoré Champion mourut subitement d'une embolie, le 8 avril 1913, vers six heures du matin, dans son appartement du 30 de la rue Jacob [VIe] :

30 rue Jacob
(aujourd'hui Galerie Frédéric Castaing)
« Une partie de la nuit il avait corrigé ses épreuves, et fumé des cigarettes. Dans sa petite chambre fleurdelysée, il avait gagné son lit de bois noir, près du coffre qui servait de socle à un buste de Rembrandt, don de Stanislas Lami, où nous nous plaisions à le reconnaître. Il reposait sous l'effigie de Jérome [sic] Coignard, libraire du roi, et le dessin d'oiseaux de Giacomelli où François Coppée, son ami, avait écrit des vers. Mon père se leva à l'aube et alla s'asseoir sur un vieux fauteuil de peluche rouge dans la chambre de ma mère : “ Je ne me sens pas bien.” Il gagna de nouveau son lit et reprit la lecture de ses épreuves. Il revint dans la chambre de ma mère, quelques instants après, et dit : “ Je me sens mal ...” Il eut à peine la force de regagner son lit : “ J'étouffe !...” »
(Pierre Champion. Ibid., p. 55-56)

Les obsèques furent célébrées le 11 avril, à 11 heures, en l'église Saint-Germain-des-Prés. 

(Photo. Remy Bellenger)
L'inhumation eut lieu au cimetière du Montparnasse. Des discours furent prononcés par Émile Chatelain, vice-président de l'Institut, conservateur en chef à la bibliothèque de l'Université de Paris ; Abel Lefranc, professeur au Collège de France ; Édouard Rahir, libraire, au nom de ses confrères de la Librairie ancienne, et Jérôme Tharaud, au nom de ses « jeunes amis ».

Edouard et Honoré Champion (1909)
Par Louis-Edouard Fournier (1857-1917)
En 1914, les deux frères, Pierre et Édouard, furent mobilisés ; la librairie resta ouverte grâce à leur sœur, Marie. Après la Première Guerre mondiale, Édouard Champion, successeur de son père, agrandit les locaux en louant la boutique voisine, 7 quai Malaquais. 

Librairie Champion, 7 quai Malaquais
Cette dernière fut le seul local que la librairie occupa pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les activités s'arrêtèrent progressivement.

Points de localisation : bleu (9 quai Voltaire), rouge (15 quai Malaquais), jaune (7 quai Malaquais),
vert (5 quai Malaquais), violet (30 rue Jacob)






mardi 19 avril 2016

Prix de bibliographie du S.L.A.M. 2016


Aujourd'hui, cela s'annonce sur Facebook




Des Rime d’Amomo (1535) aux oraisons funèbres sur la mort de Henri IV (1610), les imprimeurs-libraires parisiens publient une centaine d’ouvrages en langue italienne. Cette production, élaborée pour l’essentiel par des Italiens de l’entourage royal et des italianisants français, illustre la protection que les rois de France, depuis François Ier, portaient aux lettres italiennes et la contribution de celles-ci à la célébration monarchique, à l’agrément de la vie mondaine, à l’élaboration des savoirs et des arts. Par ses auteurs, ses textes et ses thèmes, elle se distingue des livres en langue italienne publiés tant en Italie que dans d’autres centres éditoriaux, mettant en évidence l’originalité de l’italianisme de la cour de France au XVIe siècle. Cette production est recensée et décrite en détail pour la première fois, dans le cadre du projet de recherche franco-allemand Eurolab, consacré au développement et à la confrontation des langues vernaculaires au début de l’époque moderne. 

Table des matières

Avant-propos

Introduction
Le livre italien à Paris (1535-1610)
Des livres en leur temps
Un livre de cour
Un livre italien ou un livre français en italien ?
Abel L’Angelier libraire italianisant
La curiosité en matière de livre italien

Avertissement

Première partie
Les livres des Italiens : livres en italien (Paris-Tours, 1535-1611)

Deuxième partie
Les livres des Italiens : livres en latin et en français (Paris, 1553-1609)

Troisième partie
Les livres des italianisants (Paris, 1582-1602) 

Quatrième partie
Textes officiels ou politiques (Paris, 1560-1595) 

Cinquième partie
≪ Pour le plaisir de ceux qui se délectent en l’une et l’autre langue ≫. Editions bilingues à vocation didactique, français-italien et italien-français (Paris, 1546-1609)

Annexes
Liste sommaire des livres en italien imprimés sous une fausse adresse parisienne (1534-1609).
Table chronologique
Table des imprimeurs et des libraires
Table chronologique des privilèges et des approbations
Table des incipit 

Index général 

Bibliographie
Ouvrages de référence
Catalogues anciens
Etudes


lundi 11 avril 2016

Sous le regard du marquis de Paulmy

Petit souvenir pour un grand moment

Conférence de Christian Galantaris
Expertise & Bibliophilie
Bibliothèque de l'Arsenal, Paris, 4 avril 2016



vendredi 1 avril 2016

Vente d'un Livre d'Heures à l'usage de Reims (XVe siècle), dimanche 3 avril 2016 (Guizzetti-Collet, commissaires-priseurs)

Estimation : 25.000 / 30.000 €







On connaît un autre Livre d'Heures manuscrit, écrit par Mariette Person, épouse d'écrivain rémois et écrivain elle-même, qui est à la Bibliothèque de l'Arsenal :


15 h. 40 : 1 seule enchère au téléphone, 25.000 € au marteau.