jeudi 29 avril 2021

Le Tome III des " Gardiens de Bibliopolis " est arrivé !


 

















A la recherche du relieur perdu

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Dolmen de la Pierre aux Fées, au hameau de Hez, commune de Villers-Saint-Sépulcre
Photographie Eugène Durand (1891)

Après dix-sept ans de recherches aléatoires et vaines à Ixelles, à Londres, à Paris, à Reims et à Rouen, pour trouver le lieu du décès du relieur Théodore Hagué, tout indiquait néanmoins qu’il était mort en Normandie. Au matin du 15 mars 2018, après une nuit anormalement agitée, je me suis retrouvé devant une carte du département de la Seine-Maritime, qui me désignait les 708 communes dont il fallait explorer les archives de l’état civil. Même avec l’aide des tables décennales, et pour la seule année 1891, l’épreuve me parut insurmontable. C’est alors que - ne me demandez pas pourquoi - je commençais, au hasard et sans grande conviction, par une commune proche de Rouen … Le jour même du 127e anniversaire de sa mort, je découvrais ce que les historiens de la reliure cherchaient depuis autant d’années. Devrais-je croire aux forces de l’esprit ? 

En guise d’introduction

« Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, d’imiter les reliures des dix-septième et dix-huitième siècles. En admettant que l’on puisse arriver à obtenir le ton du maroquin ancien, ce qui me parait impraticable avec les peaux nouvelles, les ors ont du moins une patine déroutant les plus habiles. Puis, nos graveurs actuels ne peuvent, dans leurs reproductions, approcher de ces admirables fers à dorer qu’employaient les maîtres de l’époque.

Un homme qui ne doute de rien a voulu cependant essayer. Mais, dans une vente faite il n’y a pas longtemps, les Pompadour et les Dubarry qu’il avait préparés, énoncés comme authentiques, ont été accueillis par des éclats de rire et des enchères dérisoires, tellement la supercherie était grossière. Ce résultat a dû le guérir à tout jamais de ses velléités de contrefaçon.

On se borne à employer d’anciens fers à dorer que l’on pousse sur de vieux plats jansénistes. C’est ainsi que les fers de la reliure du Sacre de Louis XV, ayant été sauvés de la fonte, ont servi plusieurs fois à orner certains grands in-folio sur lesquels ils font une assez bonne figure. – Les fers aux armes des Rohan-Chabot, retrouvés également, sont entre les mains d’amateurs qui s’en servent pour leur usage personnel. – C’est leur droit, et, cette fois, il n’y a pas lieu de signaler ces faits à la vindicte publique.

Ne pouvant donc contrefaire, on retape, on raccommode les vieilles reliures, comme les vieux souliers. On passe au carmin et à l’encaustique les plats des maroquins usés pour effacer les traces blanchâtres du temps. Aussi il sera bon, lorsque vous achèterez un livre relié en maroquin rouge, de frictionner légèrement le dessus avec votre doigt, après l’avoir mouillé, et de regarder à son extrémité s’il ne s’est pas coloré au frottement.

* *

Pour les reliures du seizième siècle, c’est autre chose.

A cette époque, les incrustations de maroquins qui ont fait la fortune des Padeloup et des Derome étaient remplacées par des badigeonnages qui se retrouvent sur la plupart des reliures italiennes. Il est très facile de les reproduire en leur donnant un cachet d’antiquité auquel les plus habiles se sont souvent laissé prendre.

Le maître faussaire en ce genre est un nommé Hagué, longtemps employé, à Londres, par le duc d’Aumale aux restaurations de sa bibliothèque. Cet homme, qui exerce aujourd’hui en Belgique, après avoir opéré en Angleterre, a poussé l’art de l’imitation jusqu’à ses dernières limites. Il a mis une telle science dans son travail, qu’il a plus d’une fois, par ses procédés parfaits, désespéré les érudits, auxquels il est toujours arrivé à écouler ses productions étonnantes.

A la première vente Double, en 1862, tous les bibliophiles présents se disputèrent chaudement trois recueils de Chansons ou Motets, d’une fraîcheur remarquable, et pour cause.

Aux armes et aux chiffres de Diane de Poitiers et de Henri II, en or, argent et couleur, sur une magnifique reliure française du seizième siècle, dorée et gaufrée sur la tranche, ces manuscrits furent vendus 4,500, 4,600 et 5,250 francs.

Ce n’est que trois ou quatre ans plus tard que ces reliures ont été reconnues fausses. Et cependant les amateurs les plus raffinés, les libraires les plus experts assistaient à la vente, et pas une seule protestation, pas même un simple doute ne s’était élevé sur leur authenticité.

Ces trois volumes sortaient de l’officine Hagué. On prétend qu’ils appartiennent maintenant à M. Moreau, ancien syndic des agents de change de Paris, et qu’ils sont le plus bel ornement de la splendide bibliothèque du château d’Anet.

* *

Tout récemment il se fit grand bruit, dans le Landerneau des bibliophiles, autour de la découverte d’un manuscrit de Charles-Quint.

Toujours heureux dans ses rencontres, ce chercheur passionné qui s’appelle M. Quentin-Bauchart avait fait cette trouvaille. On lui en avait demandé 20,000 francs ! – un morceau de pain.

Le petit volume de format in-16, dans son vieil étui en cuir doublé de velours passé, était tout bonnement une merveille. On attribuait la conservation miraculeuse du manuscrit à cet étui adorable.

Tout ce qu’il y a de fins connaisseurs dans Paris, d’experts infaillibles et de marchands s’extasiaient sur ce merle blanc.

Feu Pottier, un pur cependant, la première fois qu’il vit le manuscrit, le regarda amoureusement comme un joli bijou. Le fermoir surtout, simulant deux C entrelacés, le plongea dans une douce extase. Il tint le livre de ses mains tremblantes d’émotion et s’écria en regardant M. Quentin-Bauchart :

“ Carolus ! le grand Carolus ! ”

M. de Ganay, un bibliophile estimé et regretté de tous, offrit en jurant un prix fantastique à son confrère, en lui montrant la place qu’il réservait à Charles-Quint dans sa belle vitrine, véritable musée des souverains.

Cependant une inspiration venue d’en haut conseilla à l’heureux propriétaire de ce trésor d’aller chez Lefebvre, l’habile ouvrier de la Bibliothèque nationale, pour éclaircir un dernier doute.

Lefebvre est un grand artiste parmi les réparateurs connus. Avec lui, il n’y a plus de maroquins anciens à coiffes brisées, plus de coins écornés, plus de plats éraillés, plus de solution de continuité dans les dorures. Le vieux père Monlien, aujourd’hui à la retraite, n’a jamais été qu’un élève à côté de lui. Bénard l’admire et n’ose, après lui, faire des retouches.

La consultation de Lefebvre ne fut pas de longue durée. Il n’hésita pas une minute. Du premier coup il s’écria :

- Encore un coup de Hagué ! Cette reliure est fausse, archifausse.

M. Quentin-Bauchart se sentit tressaillir.

 Adieu, veau, vache, cochon, couvée…

Le maroquin avait été sali avec art, les couleurs fort adroitement calquées sur une vieille reliure du temps, et les armes, empruntées à un autre volume, admirablement rapportées.

Ce fut une cruelle déception. Mais le manuscrit était si joli que, vendu trois ans plus tard dans une collection de curiosités, il atteignit encore 3,000 francs. »

(Paul Eudel. Le Truquage. Les Contrefaçons dévoilées. Paris, E. Dentu, 1884, p. 271-274)

Origines et formation




Au hameau de Hez, à un kilomètre au nord-ouest de Villers-Saint-Sépulcre [Oise], une partie des terres étaient cultivées par Jacques Hagué, comme l’avait fait son père. Il avait été baptisé le 20 janvier 1656 en l’église Saint-Martin de Villers-Saint-Sépulcre et fut inhumé au cimetière le 3 mars 1700.

Son fils Charles Hagué, né et baptisé le 1er août 1679 fut aussi laboureur et se maria deux fois : le 13 février 1703 à Montreuil-sur-Thérain [Oise], puis, devenu veuf, à Bailleul-sur-Thérain [Oise] le 8 juillet 1720. Du second mariage, Étienne Hagué fut baptisé le 23 février 1722 à Villers-Saint-Sépulcre et y mourut le 25 germinal An XI [15 avril 1803] ; devenu cordonnier à Hez, il avait épousé Catherine Legros (1725-1807), à Berthecourt [Oise], le 19 novembre 1743, qui lui donna trois fils, Jean, Pierre et Charles, cordonniers comme lui.

Charles Hagué naquit à Villers-Saint-Sépulcre le 26 mars 1766 et y épousa, le 10 fructidor An II [27 août 1794], Marie-Catherine-Victoire Destrée, née le 22 octobre 1774 au hameau de Chateaurouge, sur la commune de Cauvigny [Oise]. Leur fils Joseph-Ferdinand Hagué naquit à Villers-Saint-Sépulcre le 7 ventôse An VII [25 février 1799] : installé relieur à Beauvais [Oise], il y épousa, le 23 mai 1821, Marguerite Brille, couturière en robes, née le 20 frimaire An V [10 décembre 1796] à Crèvecœur-le-Grand [Oise].


 

Pierre-Étienne-Théodore Hagué, fils de Joseph-Ferdinand Hagué et de Marguerite Brille, est né à Beauvais, rue Saint-Pantaléon [détruite en 1918], le 2 août 1822. 

Rue de l'Echaudé. Photographie Charles Marville (1867)

Il installa son atelier de reliure à Paris [VIe], 6 rue de l’Échaudé.

En 1852, il vint se perfectionner à Reims [Marne], 25 rue Saint-Symphorien, chez le relieur Nicolas-Jean-Baptiste-Augustin Tinot, né à La Malmaison [Aisne] le 15 mars 1824, formé à Paris par Charles-François Capé (1806-1867) et dont la spécialité était la « Reproduction de Reliures Antiques de toutes les époques ».

Devenu veuf de Joséphine Pol, Hagué épousa à Paris, le 31 décembre 1853, Eugénie Coutin, née à Reims, 6 rue Féry, le 11 août 1836, fille de Jean-Nicolas-Étienne Coutin (1803-1845), fossoyeur, et de Marie-Nicole Baudart (1802-1869). Des amateurs de généalogie, qui ne lisent pas les actes de l’état civil, ont confondu l’épouse de Hagué avec une homonyme, Eugénie Coutin, née à Rethel [Ardennes] le 3 décembre 1846, qui a épousé à Rethel, le 25 février 1868, Ferdinand Razetout, né à Rethel le 27 août 1843.


 

En 1858, Hagué partit pour Londres, où il fut employé dans l’atelier du relieur Joseph Zaehnsdorf (1816-1886) : installé depuis 1842 au 30 Brydges Street, Covent Garden, Zaehnsdorf était le relieur du roi de Hanovre et réalisait des reliures « in the Monastic, Grolier, Maioli and Illuminated styles ».

Activité délictueuse

 


À Londres, Hagué rencontra le célèbre Bernard Quaritch (1819-1899), surnommé par ses collègues « le tsar des libraires antiquaires », grand spécialiste de la reliure dite « historique », qui entretenait des rapports ambigus avec le monde des faussaires. Installé depuis 1847 au 16 Castle Street, Leicester Square, Quaritch déménagea en 1860 au 15 Piccadilly. Ce fut Quaritch qui attribua à Hagué le prénom de Louis, le confondant avec le dessinateur attitré de la reine Victoria, Louis Haghe, ou Hagué (1806-1886). 

Hagué mourait presque de faim, quand il rencontra également le fameux Guillaume Libri (1802-1869) qui, poursuivi en France pour avoir soustrait frauduleusement de nombreuses pièces des dépôts publics, s’était réfugié à Londres en 1848, avait été condamné par contumace en 1850 à dix ans de réclusion et continuait néanmoins d’organiser la vente des caisses de livres qu’il avait emportées avec lui. Guidé par Libri dans la restauration des vieilles reliures authentiques, Hagué travailla pour le duc d’Aumale, exilé à Londres depuis 1848 : mais ayant mis les livres du prince en gage, il le perdit comme client. C’est alors que Hagué se mit à fabriquer des fausses reliures.

Paris, Drouot, 11 juin 2013 : 8.000 €

À la première vente Léopold Double (1812-1881), en 1863, tous les bibliophiles présents se disputèrent trois recueils de Chansons et motets [nos 389-391], aux armes et aux chiffres de Diane de Poitiers et de Henri II : ces manuscrits furent vendus 5.250 francs [n° 389] et 3.975 francs [n° 391] à Joseph Techener (1802-1873), et 4.600 francs [n° 390] à Ferdinand Moreau (1826-1884), qui était devenu propriétaire du château d’Anet en 1860. Ce n’est que trois ou quatre ans plus tard que ces reliures furent reconnues fausses, sorties de l’officine de Hagué.

 

Vers 1868, Hagué quitta l’Angleterre et vint s’installer dans le département des Yvelines, à Croissy-sur-Seine et à Chatou, 36 rue du Chemin Vert. Tandis qu’il réparait des reliures anciennes pour les amateurs et les libraires, il achetait discrètement des livres anciens dont la reliure était sans ornementation et les transformait en fausses reliures du XVIe siècle pour des personnages illustres. Il prenait les empreintes d’armoiries sur des volumes authentiques et, par les procédés nouveaux de la galvanoplastie, il fabriquait lui-même des fers armoriés absolument semblables aux anciens. Il travailla ainsi pour de grands bibliophiles : Joseph Renard (1822-1882), maire d’Écully (Rhône), l’imprimeur Ambroise-Firmin Didot (1790-1876), dont la bibliothèque renfermait 72 reliures exécutées par Hagué, dispersées au cours des six ventes publiques qui eurent lieu entre 1878 et 1884.

Signature de Théodore Hagué (1870)

Ses stratagèmes finissant par être connus à Paris, Hagué voyagea alors en Champagne, où il réussit à vendre à Eugène Deullin (1827-1897), riche banquier d’Épernay [Marne], un certain nombre de reliures soi-disant historiques du XVIe siècle. Cet amateur ne tarda pas à céder ses fausses reliures à Edwin Tross (1822-1875), libraire-éditeur, 5 rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris [Ier], qui connaissait la supercherie et qui fit disparaitre ces reliures du marché français.

Après la guerre franco-prussienne, ses créanciers obligèrent Hagué à s’enfuir en Belgique, ce qui ne l’empêcha pas de revenir périodiquement en France. Le libraire parisien Anatole Claudin (1833-1906) rapporta :

« Sa présence fut décelée par l’apparition soudaine d’un lot de reliures princières au milieu d’une de ces ventes collectives organisées par l’entrepreneur de ventes le plus renommé de Bruxelles. Un libraire de Paris, attiré par l’annonce d’armoiries de Marie-Antoinette et de princes et princesses du sang royal, entreprit le voyage. Il reconnut aussitôt que les volumes étaient falsifiés et dénonça la supercherie. Les gens honnêtes s’abstinrent ; mais, comme à Paris, des spéculateurs et des gens sans scrupule les achetètent [sic] à de petits prix, espérant les repasser avec de gros bénéfices à des passants naïfs ou à des étrangers confiants. »

(J. Verax. « Les Faussaires de livres » In Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire. Paris, Techener, 1891, p. 518)

Rue Caroly, Ixelles

Hagué était à Bruxelles sous un faux nom : « J. Caulin ». Son atelier était rue Caroly, à Ixelles, une des dix-neuf communes de la capitale. Il y réalisait des reliures rétrospectives du XVIe siècle : il se réservait le travail de décoration et confiait le lavage et le corps d’ouvrage à des artisans habiles, dont Joseph-François Dubois d’Enghien (1841-1923). Il les proposait, comme authentiques, à Quaritch, qui prenait 5 % de commission, et avec lequel il entretenait une correspondance régulière, sous forme de lettres strictement personnelles et de lettres qui pouvaient être montrées à des acheteurs potentiels.

À partir de 1882, Quaritch eut des doutes sur l’authenticité des reliures que lui fournissait Caulin : certaines avaient des couleurs trop vives pour être du XVIe siècle, d’autres présentaient des armes manifestement retouchées récemment ou dont le propriétaire était mort avant la date d’impression de l’ouvrage, d’autres encore semblaient avoir servi à un remboîtage. Quaritch contestait alors les prix trop élevés, mais Caulin continuait d’affirmer qu’il s’agissait de reliures authentiques. Parmi les clients amateurs figuraient le peintre Charles-Fairfax Murray (1849-1919), le fabricant de tapis Michael Tomkinson (1841-1921) et, « le gros client », John Blacker (1823-1896), homme d’affaires qui commerçait avec l’Amérique du Sud.

Démasqué et retrouvé

John Blacker devint le seul client à partir de décembre 1885, après qu’il eut appris la véritable identité de Caulin, lors d’un voyage en France, à Blois [Loir-et-Cher] : persuadé que Hagué voulait récupérer ses reliures à bas prix pour les revendre, il continua à acheter des reliures chez Quaritch. Celui-ci, pourtant informé de la découverte de Blacker, accepta de poursuivre les ventes, mais en dégageant sa responsabilité et en faisant passer sa commission à 10 % : il devenait ainsi complice du faussaire.

12 Sussex Square, Londres (1938)

Chaque soir après le dîner, au 12 Sussex Square [détruit], Blacker examinait seul et en secret ses chers livres. Chaque livre était placé dans un coffret en cuir tapissé intérieurement de velours, fabriqué par Leuchars, installé dans Bond Street, et dans lequel était glissé un sachet parfumé Atkinson. Le bibliopégimane gardait à portée de main un tissu de soie permettant de cacher les livres en cas de l’arrivée d’un intrus.

En 1887, ce fut au tour de l’expert de Quaritch, le bibliographe Michael Kearney, d’avoir des doutes : il renvoya à Hagué une reliure aux armes de Catherine de Médicis, qui lui paraissait de fabrication récente.

En 1890, Hagué se rendit à Londres chez Quaritch où il rencontra Blacker : malgré les aveux de contrefaçon du relieur, Blacker continua de croire à l’authenticité des reliures qu’i possédait, mais cessa alors d’en acheter. Il avait dépensé, au total, plus de 70.000 £. 


Hagué rentra en France et s’installa en Normandie, province riche en bibliophiles. Il y arriva pour mourir le dimanche 15 mars 1891, à 21 h. 30, à 3 km au nord-ouest de Rouen, à Mont-Saint-Aignan [Seine-Maritime], en son domicile du 36 route Neuve [avenue Gallieni].

Le 7 avril suivant, de Rouen, la veuve Hagué adressa une lettre à Quaritch pour lui proposer de lui céder, contre la somme de 6.000 francs, des dessins d’ornements ayant appartenu à son mari, ce que le libraire accepta.

Vente Blacker

Cinq ans plus tard, à la mort de son père, Carlos Blacker (1859-1928) apporta des reliures au British Museum : les experts annoncèrent en dix minutes qu’elles étaient fausses. 



Pour éviter le ridicule, préserver l’honnêteté de Quaritch et la crédibilité de son expert, il fit procéder à la vente publique de la collection de reliures, sans publicité, le 11 novembre 1897 : Catalogue of a remarkable collection of books in magnificent modern bindings formed by an amateur (Recently deceased) (Londres, Sotheby, Wilkinson & Hodge, 1897, in-8, 18 p. et 8 planches hors-texte, 110 lots), dont une reliure authentique [n° 16. Biblia Germanico-Latina. Wittenberg, J. Krafft, 1574] et 109 reliures de Hagué, aux armes ou devises de François Ier [14 reliures], Henri II et Diane de Poitiers [11], Jean Grolier [11], Thomas Mahieu [7], Anne de Montmorency [6], Pierre-Ernest de Mansfeldt, gouverneur de Luxembourg [4], Charles IX [4], Diane de Poitiers [4], Catherine de Médicis [4], du pape Jules III [3], Henri II [3], Charles de Lorraine [3], Henri IV [3], Henri III [3], du pape Paul III [2], Philippe II [2], Marc Lauwereins, de Bruges [2], du pape Paul IV [2], Louis de Sainte-Maure, marquis de Nesle [2], etc. L’ensemble rapporta 1.907 £ et parmi les acheteurs furent remarquées les librairies Uriah Maggs, Henry Sotheran, et même Bernard Quaritch pour 27 lots.

Chirurgia è Graeco in Latinum conversa Vido Vidio Florentino interprete. Lut., P. Galterius, 1554
Aux armes de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois



Fuchsius. Commentaires tres excellens de l'Hystoire des Plantes. Paris, J. Gazeau, 1549
Aux armes de Henri II et de Diane de Poitiers

Hieronymus (S.) Expositiones in Hebraicas questiones super Genesim. Venet., Fratres de Gregoriis, 1497
Aux armes du Pape (Paul IV ?)


Macrobius. In Somnium Scipionis lib. II. Basil., Jo. Hervagius, 1535
Aux armes de Henri IV


Officium Beatae Virginis Mariae, secundum Usum Romanae Ecclesiae. Manuscrit du XVe s.
Au nom de Th. Maioli


Seneca (L. Annaeus) Opera. Paris, J. du Puys, 1580


Thucydides. L'Histoire de la Guerre qui fut entre les Peloponnesiens et Atheniens.
Paris, M. de Vascosan, 1559. Au nom de Jo. Grolier 


Veterinariae Medicinae lib. II, Johanne Ruellio Suessionensi interprete. Paris, S. Colin., 1530
Au nom de M. Laurin

Outre les reliures des ventes Didot et Blacker, celles achetées par Tross, celles détenues par Quaritch et celles des clients de Hagué non identifiés sont susceptibles d’apparaître un jour sur le marché. L’impressionnante perfection de leur composition et de leur exécution, liées aux moyens techniques utilisés par l’habile faussaire, ne pourront alors que les trahir.

Bibliographie

Attar Karen E. « From private to public : the Durning-Lawrence library at the University of London ». The Private Library. Fifth Series, Volume 10 : 3, Autumn 2007, p.137-156.

Culot Paul. Quatre siècles de reliures en Belgique 1500-1900. Bruxelles, Speeckaert, 1989, n° 138-139.

Eudel Paul. Le Truquage. Les Contrefaçons dévoilées. Paris, E. Dentu, 1884, p. 271-274. 

Fontaine Jean-Paul. « Du nouveau sur l'énigmatique faussaire de livres Louis Hagué ». Le Bibliophile Rémois. Reims, 2001, septembre, n° 61, p. 9-11.

Fontaine Jean-Paul. « Un maître de la reliure et un escroc : Théodore Hagué ». La Nouvelle Revue des livres anciens. Reims, N° 1-2009, p. 66-69.

Fontaine Jean-Paul. « Théodore Hagué (1822-1891) ». Les Gardiens de Bibliopolis. Paris, L’Hexaèdre, 2018, t. II, p. 294-296.

Foot Mirjam M. « Double agent : M. Caulin and M. Hagué ». The Book Collector. A special number to commemorate the 150th anniversary of Bernard Quaritch Ltd. London, 1997, p. 136-150.

Foot Mirjam M. « Collector, dealer and forger : a fragment of nineteenth-century binding ». Eloquent witnesses : bookbindings and their history. London, Bibliographical Society and British Library, 2004, p. 264-281.

Laffitte Marie-Pierre. « Faux ou pastiches : quelques reliures à “ décor rétrospectif ” de la collection Barrois ». Revue de la Bibliothèque nationale de France. 2003, n° 13, p. 56-58.

Menu Henri. Reliures et Relieurs Rémois. Paris, A. Claudin, 1906, p. 21.

Nixon Howard M. « Binding Forgeries ». VIth International Congress of Bibliophiles. Vienne, 1971, p. 76-81.

Quentin-Bauchart. « Le Truquage des livres : histoire d’un manuscrit ». A travers les livres. Souvenirs d’outre-tombe. Paris, Em. Paul, L. Huard et Guillemin, 1895, p. 29-33.

Sotheby, Wilkinson & Hodge. Catalogue of a remarkable collection of books in Magnificent Modern Bindings, formed by an amateur (Recently Deceased). London, J. Davy and Sons, 1897.

Thomas Alan-Gradon. Great books and book collectors. London, Weidenfeld and Nicholson, 1975.

Verax J. [Claudin Anatole]. « Les Faussaires de livres ». Bulletin du Bibliophile et du Bibliothécaire. Paris, Techener, 1891, p. 513-524.

Winterkorn Joan. « Louis Hagué and Bernard Quaritch ». The Book Collector. A special number to commemorate the 150th anniversary of Bernard Quaritch Ltd. London, 1997, p. 134-135.

 

 

 

 

 

 

 

  

vendredi 16 avril 2021

Jules-François de Cotte (1721-1810), numismate et amateur d’éditions aldines

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Habit d'architecte, par Nicolas de L'Armessin (1695)
Photographie BnF

Jules-François de Cotte est issu d’une famille d’architectes, active à Paris depuis le début du XVIIe siècle.

Siège de La Rochelle, par Stephano Della Bella (1628)
Photographie BnF

Fremin Decotte (1591-1666), maître maçon, fut blessé au siège de La Rochelle en 1627-1628, où il servit en qualité d’ingénieur. 

Photographie BnF

Devenu architecte ordinaire du roi Louis XIII, il fut l’auteur de l’Explication facile et briefve des cinq ordres d’Architecture (Paris, chez l’Auteur, 1644, in-fol., [10] f.), dédié à Jean-Antoine de Mesmes (1598-1673), « Chevallier Seigneur dIrval Cramoyel Largery et autres lieux viconte de breuil et Vendeuil. Con.er ordinaire du Roy en Ses conseils d’Estat et privé et direction de ses Finances » [sic]. Il demeurait rue du Vertbois, près du prieuré Saint-Martin-des-Champs [IIIe].

Le pont au Change vers 1784, par Charles Meryon (1855)
Photographie BnF

Charles Decotte, architecte du Roi, décéda en sa maison sur le pont au Change et fut inhumé le 22 octobre 1662 en l’église Saint-Barthélemy [vendue et détruite en 1791], sur l’ile de la Cité.

Robert de Cotte, par Hyacinthe Rigaud (1713)
Musée du Louvre

Robert de Cotte, né à Paris le 14 janvier 1657, fut l’élève de Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), grand architecte favori de Louis XIV. Le 23 août 1682, il épousa Catherine Bodin, fille de Nicolas Bodin, Conseiller du Roi et trésorier de la prévosté de l’hostel et grande prévosté de France, et sœur de Anne Bodin († 1738), femme de Jules Hardouin-Mansart. En 1699, il fut nommé architecte ordinaire du Roi et directeur de l’Académie royale d’Architecture, où il était entré le 10 janvier 1687. 

Il fut anobli en mars 1702 et porta « D’argent à deux fasces de gueules, la première chargée de trois trèfles d’or et la seconde chargée de deux trèfles de même, et au chef d’azur chargé d’un aigle d’or ». En 1704, il fut vice-protecteur de l’Académie de Peinture et de Sculpture, et devint, après la mort de Mansart, premier architecte du Roi, intendant et ordonnateur général des bâtiments, jardins, arts et manufactures royales. Il fut reçu chevalier de l’Ordre de Saint-Michel le 21 janvier 1714. Devenu presque aveugle, il mourut à Passy, en son hôtel de la rue Raynouard, à l’angle de la rue des Vignes [XVIe], le 15 juillet 1735 et fut inhumé le lendemain dans sa chapelle de Saint-Germain-l’Auxerrois [sa tombe a disparu]. Catherine Bodin mourut le 9 juin 1740.

Jules-Robert de Cotte, par Hyacinthe Rigaud (1723)
Coll. priv.

Jules-Robert de Cotte fut reçu membre de l’Académie royale d’Architecture en 1711 et succéda à son père dans les fonctions d’intendant général des bâtiments du Roi. Son mariage, le 1er janvier 1714 avec Suzanne de Launay, fille de l’orfèvre Nicolas de Launay (1646-1727), directeur de la Monnaie des médailles depuis 1696, le rendit héritier de la charge de son beau-père. Il mourut dans la maison familiale de Passy le 8 septembre 1767 et fut inhumé le lendemain à Saint-Germain-l’Auxerrois.

Jules-François de Cotte, par Demarteau (1775)
Photographie BnF

Jules-François de Cotte, né le 19 avril 1721, baptisé le lendemain à Saint-Germain-l’Auxerrois, fut Conseiller au Parlement de Paris en 1740. 


Il fut marié à Paris, à Saint-Eustache [Ier], le 17 octobre 1741 et par contrat du 16 signé de Leurs Majestés et de la Famille royale devant Thomas-Simon Perret, notaire place de Grève, au coin de la rue du Mouton [place de l’Hôtel de Ville à partir de 1844], à Anne-Claude Mouslier.


En 1753, Jules-François de Cotte, président au Parlement de Paris depuis 1745, et Charles-Robert Boutin (1722-1810), maître des requêtes, achetèrent en bloc la bibliothèque de Claude Gros de Boze (1680-1753), pour 83.000 livres, dont le Catalogue des livres du cabinet de M. De Boze (Paris, G. Martin et H. L. Guérin et L. F. Delatour, 1753, in-8, [1]-[1 bl.]-x-552 p., 2.723 lots) devait servir à une vente publique. Ils y opérèrent des choix, dont deux reliures ayant appartenu à Grolier :

327. Matth. Bossi Disputationes de instituendo sapientia animo. Bononiæ, Plato de Benedictis, 1495, in-4, m. v. Estimé 60 liv.

924. Virgilii Opera, cum Servii Honorati grammatici commentariis, ac ejusdem Poetæ vita. Venetiis, impressa sunt per Antonium Bartolamei impressorum discipulum, 1486 mense Octob. In-fol., m. c. Estimé 150 liv. 


 

Les deux acquéreurs rétrocédèrent les incunables les plus précieux à Louis-Jean Gaignat (1697-1768) et proposèrent le restant à la vente, qui eut lieu en décembre 1754 :  le Catalogue des livres provenans de la bibliothèque de feu M. De Boze (Paris, G. Martin, 1754, in-8, [1]-[1 bl.]-[2]-viij-192 p., 1.319 lots), surnommé « le Petit Boze », est le seul catalogue authentique de la vente de la bibliothèque de De Boze. Cette vente produisit 41.898 livres et 7 sols, dont 130 liv. 10 pour :

13. Biblia Sacra Latina : Editio perantiqua absque anni, loci & Typographi indicatione. In-fol., 2 vol. dans leur ancienne reliure. Cette même édition est à la Bibliothèque du Roi ; & M. l’Abbé Sallier, qui la croit plus ancienne que celle de Mayence, en a donné la notice dans les Mémoires de l’Académie des Belles-Lettres, Tome XIV, page 238, & suiv.

Cette Bible avait été estimée 500 liv. en 1753. Prise par certains auteurs pour la Bible à 42 lignes de Gutenberg, la Bible que Claude Sallier avait acheté en 1739 pour la Bibliothèque du Roi est en réalité une Bible à 45 lignes, donnée en 3e édition à Strasbourg par Heinrich Eggestein en 1467.

Jules-François de Cotte fut président honoraire au Parlement de Paris de 1758 à 1771, maître des requêtes en 1758, intendant du commerce de 1758 à 1777, président au Grand Conseil en 1768, membre honoraire associé libre de l’Académie d’Architecture en 1777, Conseiller d’État « semestre » [qui exerçait uniquement pendant un semestre] en 1780, directeur de la Monnaie des médailles.

Plan Turgot (1739)

Anne-Claude Mouslier mourut le 27 avril 1782, dans l’appartement du premier étage de la galerie du Louvre que le couple occupait, avec de nombreuses fenêtres en façade sur le quai et, pour les pièces secondaires, sur la rue des Orties [Ier, disparue en 1800]. L’inventaire après son décès dura du 13 mai au 31 juillet 1782, en 45 vacations, quelquefois doubles. Les trois-quarts des vacations furent occupés par l’estimation de la bibliothèque occupant trois pièces, confiée au libraire Pierre-Théophile Barrois « le Jeune » ; par celle des médailles, faite par le peintre Pierre Remy ; par celle des bijoux, due à Philippe Jollivet ; et par le récolement des papiers. Dans les écuries et remises, placées dans une des vastes dépendances du Louvre, se trouvaient six chevaux de trait, deux de selle et trois voitures.

Photographie BnF

Photographie Jonathan A. Hill



La plupart des livres de De Boze, timbrés d’un écusson assez simple, reparurent à la vente de Jules-François de Cotte, qui eut lieu 12 rue des Bons-Enfants, en 30 vacations, du jeudi 22 germinal [12 avril] au jeudi 27 floréal An XII [17 mai 1804] : Catalogue des livres rares et précieux, et des manuscrits, composant la bibliothèque de M*** (Paris, G. De Bure père et fils, An XII-1804, in-8, xij-320-[4] p., 2.424 lots) [p. 195 chiffrée 19, p. 300 chiffrée 330], avec une « Table alphabétique des noms des auteurs » et une « Seconde Table, contenant les titres des livres sans noms d’auteurs », dont, parmi les imprimés, Théologie [154 lots = 6,35 %], Jurisprudence [123 lots = 5,07 %], Sciences et Arts [480 lots = 19,80 %], Belles-Lettres [521 lots = 21,49 %], Histoire [1.144 lots = 47,19 %], Articles omis [2 lots = 0,08 %].

Figurent également au catalogue :

Plusieurs corps de tablettes en chêne et en sapin. Une douzaine de peaux de maroquin rouge (p. 259).

Une « Collection de manuscrits et recueils, Provenans des Bibliothèques de plusieurs Magistrats célèbres, et qui sont relatifs à l’Histoire et au Gouvernement de la France » [824 vol. in-fol.] et le corps de bibliothèque qui la contient (p. 308-320).

Un assemblage de matériaux pouvant servir à un ouvrage sur la Jurisprudence et le Gouvernement, écrits sur des cartes rangées par ordre alphabétique, en 106 tiroirs, contenus par cases dans une espèce d’armoire en bibliothèque. Trois grands cartons contenant : le Journal du Châtelet de Paris depuis 1649 jusqu’en 1669, tenu par M. Émery, Conseiller ; le Registre de la Chambre du Conseil du Châtelet pour les assemblées, et Délibérations sur les affaires de la Compagnie, commencé le 15 janvier 1745 et fini le 11 janvier 1752 ; les Tables du Registre du trésor des chartes. Quatre grands cartons contenant des renseignements relatifs à l’Histoire et au Gouvernement. Cinquante petits cartons contenant Arrêtes, Édits, Déclarations, Remontrances, Mémoires, Pièces et Manuscrits précieux pour l’Histoire (p. 320).

« Ce fut à la célèbre vente du Comte d’Hoym, faite en 1738, que furent achetés les premiers articles de cette Bibliothèque. Elle s’est ensuite enrichie d’une grande partie de celle de M. de Boze [1753, surtout des manuscrits], et s’est toujours successivement augmentée dans toutes les ventes qui ont eu lieu depuis, soit en France, soit chez l’étranger. Quoique chaque classe renferme des articles rares et précieux, cependant c’est dans les classes des Belles-Lettres et de l’Histoire qu’il s’en trouve un plus grand nombre. La collection des Auteurs classiques grecs et latins en grand papier, est une des plus complètes que l’on ait vue depuis les Ventes de MM. Le Marié, Gouttard, Lolliée et Saint-Ceran. La partie des antiquités et des livres de médailles, etc. n’est pas moins belle. »

(« Avertissement », p. iii-iv)

Ce catalogue comporte des erreurs de transcription de titres, provoquant des difficultés d’identification.

Photographie Grolier Club de New York 

3. Sacræ Scripturæ veteris novæque omnia, Græce. Venetiis, in ædibus Aldi, 1518, in-fol., m. r. Editio princeps. 275 fr.



9. Novum Jesu Christi D. N. Testamentum. Lutetiæ, Roberti Stephani, 1550, in-fol., m. viol., l. r. 99 fr. 95.



37. La Sainte Bible, qui contient le vieux et le nouveau Testament [revue et corrigée par Samuel et Henry Des Marets]. Amsterdam, Louis et Daniel Elzevier, 1669, 2 vol. in-fol., m. r., dent., très gr. pap. Ex. Hoym. 120 fr.



41. L’Histoire du vieux et du nouveau Testament, représentée avec des figures & des explications édifiantes [par le sieur de Royaumont, prieur de Sombreval, i. e. Nicolas Fontaine]. Paris, Pierre Le Petit, 1670, in-4, m. r., doub. de m. r., dent., l. r. 112 fr.



Exemplaire de De Cotte
Photographie BnF


86. Clementis Alexandrini omnia quæ quidem extant opera. Florence, Laurentius Torrentinus, 1551, in-fol., v. antiqué. Ex. Grolier. 19 fr. 95.




163. Capitularia regum francorum [par Étienne Baluze]. Paris, François Muguet, 1677, in-4, 2 vol. in-fol., m. r., dent., chart. max. Ex. Colbert. 60 fr.

Photographie Livre Rare Book


186. Us et coustumes de la mer [par Étienne Cleirac]. Bordeaux, Jacques Mongiron Millanges, 1661, in-4, v. b. 4 fr. 65.



283. Platonis opera quæ extant omnia. Henricus Stephanus, 1578, 3 tomes en 2 vol. in-fol., v. f. 123 fr.

285. Aristotelis opera omnia, græce. Venetiis, dexteritate Aldi Manutii, 1495, 5 tomes en 6 vol. in-fol., cartonné. Prima editio. Au chiffre du roi Henri II. 600 fr.



450. Dissertation sur la génération et les transformations des insectes de Surinam [par Marie Sibille Merian]. La Haye, Pierre Gosse, 1726, 2 vol. in-fol., m. viol. 376 fr.



483. Godefridi Bidloo, Medicinæ Doctoris & Chirurgi, Anatomia humani corporis, Centum & quinque tabulis, per artificiosiss. G. de Lairesse ad vivum delineatis. Amstelodami, Viduæ Joannis à Someren, Hæredum Joannis à Dyk, Henrici & Viduæ Theodori Boom, 1685, in-fol., m. r., ch. max. 172 fr.



507. Archimedis opera quæ extant. Paris, Claude Morel, 1615, in-fol., m. r., l. r., ch. mag. 280 fr.



622. La Gallerie du Palais du Luxembourg peinte par Rubens, dessinée par les S.rs Nattier, et gravée par les plus illustres graveurs du temps. Dédiée au Roy. Paris, Duchange, 1710, in-fol. max., v. m. 750 fr.



691. Architecture françoise, ou Recueil des plans, élévations, coupes et profils […]. Par Jacques-François Blondel, professeur d’architecture. Paris, Charles-Antoine Jombert, 1752-1756, 4 vol. in-fol., fig., v. m., gr. pap. 149 fr. 95.



785. Commentariorum linguæ latinæ [par Étienne Dolet]. Lyon, Sébastien Gryphe, 1536, 2 vol. in-fol., m. viol., l. r. Ex. Hoym. 96 fr.



821. Orationes duæ & sexaginta [par Démosthène]. Venise, Alde l’Ancien et Andrea Torresanus, novembre 1504, in-fol., m. r. Édition princeps, exemplaire de premier tirage [le second tirage est d’un caractère moins neuf, l’ancre est différente, et sur chaque cahier, à gauche de la signature, est le mot « Demosth »]. 93 fr.




832. M. Tullii Ciceronis opera. Venise, Luca-Antonio Giunta, 1534-1537, 5 vol. in-fol., m. viol. antiqué. Ex. Grolier. 1.485 fr. à Firmin Didot.



862. Poetæ Græci principes heroici carminis, & alii nonnulli. Paris, Henri Étienne, 1566, in-fol., m. r. à compart., ch. mag. Aux armes et au chiffre de De Thou. 845 fr.



871. Homeri opera omnia, græce, ex recensione Demetrii Chalcondylæ. Préface en latin. Florence, Nerlius, 1488, 2 tomes en 1 vol. in-fol., m. r. Édition princeps. 3.601 fr. à Bernard-Antoine Caillard.



902. Pindari. Olympia. Pythia. Nemea. Isthmia […]. Venetiis, in ædibus Aldi et Andreæ Asulani Soceri, janvier 1513, in-8, m. v. Première édition. 99 fr. 95.



917. Callimachi hymni, epigrammata, et fragmenta. Ultrajecti, Franciscum Halmam et Guilielmum Vande Water, 1697, 2 vol. in-8, fig., v. f., ch. mag. 216 fr.



943. Aristophanis comoediæ undecim. Amstelodami, Thomæ Fritsch, 1710, in-fol., m. r., dent., ch. mag. 401 fr.



945. Opera et fragmenta veterum poetarum latinorum. Londini, J. Nicholson, B. Tooke et J. Tonson, 1713, 2 vol. in-fol., v. f., ch. mag. Ex. Hoym. 640 fr.

Photographie Librairie des Carrés

1.155. Œuvres de maitre François Rabelais, avec des remarques historiques et critiques de Mr. Le Duchat. Amsterdam, Jean Frédéric Bernard, 1741, 3 vol. in-4, cart., gr. pap. 1.005 fr.



1.240. Œuvres diverses de M. de Fontenelle, de l’Académie françoise. Nouvelle édition, augmentée & enrichie de figures gravées par Bernard Picart le Romain. La Haye, Gosse et Neaulme, 1728, 3 vol. in-fol., fig., m. cit., gr. pap. 420 fr.



1.286. Strabonis rerum geographicarum libri XVII. Amstelædami, Joannem Wolters, 1707, 2 vol. in-fol., v. m., ch. mag. 325 fr.



1.334. Voyages de Corneille Le Brun, par la Moscovie, en Perse, et aux Indes orientales. Amsterdam, Frères Wetstein, 1718, 3 tomes en 2 vol. in-fol., fig., v. m., gr. pap. 221 fr.



1.430. Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde, représentées par des figures dessinées de la main de Bernard Picart, et autres. Amsterdam, Jean Frédéric Bernard, 1723-1787, 11 tomes en 7 vol. in-fol., m. r., gr. pap. 1.050 fr.



1.461. Thucydidis de bello peloponnesiaco libri octo. Amstelædami, R. et J. Wetstenios et Gul. Smith, 1731, 2 vol. in-fol., v. f., ch. mag. 570 fr.




1.464. Xenophontis omnia, quæ extant. Venetiis, in ædibus Aldi, 1525, in-fol., m. vert. Exemplaire relié pour Marc Laurin [(1530-1581), dit le « Grolier de Bruges », seigneur de Watervliet et doyen de Saint-Donat de Bruges, ami d’Érasme et de Vivès] : la devise « Virtus in arduo » sur un plat, « M. Laurini et amicorum » sur l’autre. 175 fr.



1.568. Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile [par Jean-Claude Richard de Saint-Non]. Paris, s. n. [Jean-Baptiste Delafosse], 1781-1786, 5 vol. in-fol., fig., br. 621 fr.



1.585. Petri Bembi cardinalis historiæ Venetæ libri XII. Venetiis, [apud Aldi filios], 1551, in-fol., m. citr. Aux armes et au chiffre du roi Henri II. 120 fr.

Mausolée de Dagobert


1.611. Les Monumens de la monarchie françoise, qui comprennent l’histoire de France, avec les figures de chaque règne que l’injure des tems a épargnées [par Bernard de Montfaucon]. Paris, Julien-Michel Gandouin et Pierre-François Giffart, 1729, 5 vol. in-fol., fig., v. m., gr. pap. 365 fr.



1.722. Recherches curieuses des monoyes de France [par Claude Bouterouë]. Paris, Edme Martin, 1666, in-fol., gr. pap., fig., veau marbré. 120 fr.



1.893. Recueil de peintures antiques, imitées fidèlement pour les couleurs & pour le trait, d’après les Desseins coloriés faits par Pietre-Sante Bartoli. Paris, s. n., 1757, gr. in-fol., m. r. Avec La Mosaïque de Palestrine [sic], 1760. Tiré à 30 exemplaires. 751 fr.



1.918. La Religion des Gaulois, tirée des plus pures sources de l’Antiquité [par le R. P. Dom *** Religieux Bénédictin de la Congrégation de S. Maur, i. e. Jacques Martin]. Paris, Saugrain fils, 1727, 2 vol. in-4, m. viol., gr. pap. 31 fr.

Photographie Bayerische StaatsBibliothek


1.984. Dialogos de medallas inscriciones y otras antiguedades. Tarragone, Felipe Mey, 1587, in-4, fig., m. citr. à compartiments. Ex. De Boze [1753, n° 2.088]. 141 fr.



1.989. La Science des médailles [par le P. Louis Jobert]. Nouvelle édition, avec des remarques historiques & critiques [par Joseph de Bimard]. Paris, De Bure l’aîné, 1739, 2 vol. in-12, fig., m. r., gr. pap. 92 fr.

Exemplaire de De Cotte.
Christie's, Paris, 8 novembre 2004 : 7.050 €






2.056. Numismata ærea imperatorum, augustarum, et cæsarum, in coloniis […]. Paris, Thomas Moette, 1688, in-fol., fig., m. viol. Ex. Hoym. 50 fr. 10.



2.144. Les Ruines de Palmyre, autrement dite Tedmor, au Desert. Londres, A. Millar, 1753, in-fol., fig., br. 84 fr. 10.

Photographie BnF


2.218. Traité des pierres gravées par P. J. Mariette. Paris, Imprimerie de l’Auteur, 1750, 2 vol. in-fol., fig., m. r. 121 fr.

2.340-2.364. Catalogues de bibliothèques particulières.



2.372. Diogenis Lærtii de vitis, dogmatibus et apophthegmatibus clarorum philosophorum libri X. Græce et latine. Amstelædami, Henricum Wetstenium, 1692, 2 vol. in-4, fig., v. éc., ch. mag. 195 fr.



2.394. Histoire littéraire des troubadours [par La Curne de Saint-Palaye]. Paris, Durand neveu, 1774, 3 vol. in-12, v. m. 6 fr. 15.

Photographie Xavier Ottavi


2.419. Dictionnaire historique et critique, par MR. Pierre Bayle. Rotterdam, Michel Bohm, 1720, 4 vol. in-fol., m. r., gr. pap. 550 fr.

 

Jules-François de Cotte mourut le 22 janvier 1810, 6 rue du Doyenné, qui se trouvait entre la galerie du bord de l’eau du Louvre et la rue du Carrousel [Ier, disparue en 1850]. Aucun de ses neuf enfants ne lui avait survécu.