jeudi 29 décembre 2022

Joseph-François Mahérault (1795-1879), passionné de théâtre et collectionneur d’art

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Le Mans (1867)


Fils de Jean-François Mahérault, maître boulanger au Mans [Sarthe], et de Françoise-Jacquine Montsallier, Jean-François-René Mahérault est né le 3 mars 1764 et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Vincent. Il commença ses études au collège de l’Oratoire du Mans et les termina à Paris, au collège Louis-le-Grand. Brillant élève, il se destinait à l’enseignement.

Professeur de rhétorique au collège de La Marche, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve], avant la Révolution, il fut nommé en 1790 professeur d’humanités au collège de Montaigu, rue des Sept-Voies [rue Valette, Ve], qui prit à cette époque le nom de collège du Panthéon-Français. Il travailla avec Pierre Crouzet (1753-1811), principal du même collège, à l’élaboration d’un Plan d’études provisoires (Paris, Imprimerie Ballard, An II). Il participa à l’organisation de l’École militaire de Liancourt [Oise] en 1795, et à celle de l’Institution nationale des colonies, au collège de La Marche, consacrée à l’éducation des enfants noirs, en 1796.

En frimaire An V, il fut nommé professeur de langues anciennes à l’École centrale du Panthéon, où il occupa la chaire de rhétorique lorsque cette école devint en 1804 le lycée Napoléon [lycée Henri IV, 23 rue Clovis, Ve].

Le Théâtre Français, par Antoine Meunier (1792)

Nommé en 1799 commissaire du gouvernement près le Théâtre-Français [Comédie française], rue de Richelieu, il réussit à opérer la réunion à ce théâtre de tous les artistes emprisonnés en 1793 et depuis divisés et dispersés : il fut le véritable créateur de la Comédie française.

Une maladie neurologique, qui le paralysa du côté gauche, le força de renoncer, en 1809, à sa chaire de professeur, et en 1813, à sa place de commissaire près le Théâtre Français. 


Il mourut à Paris, 27 rue Tivoli [rue d’Athènes, IXe], le 25 août 1846, et fut inhumé au cimetière de Montmartre [14e division, ligne 2, tombe 15]. Il était veuf depuis le 30 septembre 1824 de Marie-Françoise-Dorothée Prévost, née le 26 juin 1767 à Marseille-en-Beauvaisis [Oise], qu’il avait épousée à Paris le 6 pluviôse An II [25 janvier 1794].

Joseph-François Mahérault
[L'Oeuvre de Moreau le Jeune. Paris, A. Labitte, 1880, front.]

Leur fils Marie-Joseph-François Mahérault était né le 19 fructidor An III [5 septembre 1795], au 28 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Il avait été présenté à l’état civil par deux témoins : un acteur tragique, Marie-Joseph Chénier (1764-1811), frère cadet du poète, et une tragédienne, Françoise-Rose Gourgaud, femme Vestris (1743-1804).

Ministère de la Guerre, par Eugène Atget. Musée Carnavalet

Ses études terminées au collège de Navarre, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, il entra en 1812 au ministère de la Guerre, à l’hôtel de Brienne, 14 rue Saint-Dominique [VIIe], où sa carrière dura 36 ans. Appelé sous les drapeaux en 1814, il fit partie du 2e régiment d’infanterie légère jusqu’en septembre 1815 et reprit sa place au ministère en 1816. Il s’éleva successivement aux postes les plus importants : sous-chef du bureau de l’infanterie (1820), chef du bureau de l’état-major général (1829), chef du bureau de l’infanterie (1830), chef des bureaux de l’infanterie et de la cavalerie (1833), chef du bureau des états-majors (1834), chef du bureau des écoles militaires (1835), maître des requêtes en service extraordinaire (1835), chef de division (1836), directeur adjoint du personnel et des opérations militaires (1844), secrétaire général du ministère de la Guerre (1847). IL fut admis à la retraite le 20 mai 1848.

Le 18 avril 1849, il fut élu conseiller d’État par l’Assemblée nationale et attaché au Comité des finances, de la guerre et de la marine. Il rentra dans la vie privée après le coup d’État du 2 décembre 1851.

Il avait reçu la décoration de la Légion d’honneur en 1831, avait été promu au grade d’officier en 1838 et avait reçu le cordon de commandeur en 1845.

Après avoir quitté la carrière administrative, cet ami et conseiller dramatique de l’académicien Eugène Scribe (1791-1861) se livra à ses goûts de collectionneur, avec la seule fortune de sa place.

« Il recueillit avec passion les dessins et les gravures du XVIIIe siècle et en forma une réunion justement célèbre. Il avait aussi le goût des autographes ; il avait trouvé dans la correspondance de son père des lettres fort curieuses des acteurs de l’époque de la Révolution et de l’Empire. Il augmenta ce fonds de collection, recherchant surtout les autographes d’artistes. Il ne manquait jamais de venir aux expositions de la rue des Bons-Enfants et de l’hôtel Drouot examiner les pièces qu’il avait remarquées en lisant les catalogues. »

(Étienne Charavay. L’Amateur d’autographes, N° 313, Octobre 1879, p. 163)

Gavarni [L'Oeuvre de Gavarni. Paris, Jouaust, 1873, front.]

 

Il publia, avec Emmanuel Bocher (1835-1919), L’Œuvre de GavarniLithographies originales et essais d’eau-forte et de procédés nouveauxCatalogue raisonné par J. Armelhault [anagramme de Mahérault] et E. Bocher, orné d’un portrait inédit de Gavarni dessiné par lui-même et de deux lithographies et une eau-forte de cet artiste, également inédites (Paris, Librairie des Bibliophiles, 1873, in-8, 300 ex. numérotés : 12 Chine, 40 Hollande et 248 vélin).


 
49 rue Laffitte [point rouge]
Photographies Charles Marville (1866)

Après une courte maladie, Mahérault mourut le 5 juin 1879, en son domicile parisien du 49 rue Laffitte [détruit, IXe], à l’angle de la rue Ollivier [rue de Châteaudun], donnant sur l’église Notre-Dame-de-Lorette. Il fut inhumé dans le caveau de son père, au cimetière de Montmartre. Il était veuf de Françoise Kastner, fille de cordonnier, née à Charleville [Ardennes] le 18 fructidor An III [4 septembre 1795], qu’il avait épousée à Paris [Ier] le 24 octobre 1825 et qui avait donné naissance à Élisabeth Mahérault, 27 rue Tivoli, le 10 mars 1834.


 

Sa bibliothèque fut vendue du mardi 9 au samedi 13 décembre 1879, en 5 vacations, à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 1 : Catalogue des livres, principalement sur les beaux-arts & la bibliographie, composant la bibliothèque de feu M. J.-F. Mahérault, ancien conseiller d’État (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, [3]-[1 bl.]-122-[1]-[1 bl.] p., 944 + 1 double [bis] = 945 lots), dont Beaux-Arts [403 lots = 42,64 %], Sciences et Arts [61 lots = 6,45 %], Belles-Lettres [221 lots = 23,38 %], Histoire [89 lots = 9,41 %], Bibliographie [171 lots = 18,09 %].

 


21. L’Artistaire. – Livre des principales initiations aux beaux-arts, la peinture, la sculpture, l’architecture, la poésie, la musique, la mimique et la gymnastique ; par Paillot de Montabert, auteur du Traité complet de la peinture. Paris, Alexandre Johanneau, 1855, in-8, portr., br.



56. Galerie du Musée Napoléon, Publiée par Filhol, graveur, & rédigée par Lavallée (Joseph). Paris, Filhol, An XII-1804-1808, 11 vol. gr. in-8, pl., demi-rel. avec coins, mar. r., non rogn. (Purgold).



94. Description sommaire des ouvrages de peinture, sculpture et gravure exposés dans les salles de l’Académie royale, Par M. D ***. Paris, de Bure père, 1781, in-12, front. gr., veau marb., fil.



120. Catalogue raisonné des différens objets de curiosités dans les sciences et arts, qui composoient le Cabinet de feu Mr Mariette. Par F. Basan, Graveur. Paris, Chez l’Auteur et G. Desprez, 1775, in-8, front. gr. par Choffard, titre gr. par Moreau le Jeune, fig., veau granit. Avec les prix.



168. Catalogue de la collection d’estampes anciennes provenant Du Cabinet de M. H. de L. [His de La Salle]. Paris, P. Defer, 1856, gr. in-8, demi-rel. chag. La Vallière, non rogn. Avec les prix et un envoi de H. de L. à Mahérault.



274. Prud’hon – Sa vie, ses œuvres et sa correspondance, par Charles Clément. Paris, Didier et Cie, 1872, in-8, portr., 30 fig., br. Avec envoi de l’auteur à Mahérault.



304. Gavarni, l’homme et l’œuvre, par Edmond & Jules de Goncourt. Paris, Henri Plon, 1873, in-8, portr. gravé à l’eau-forte par Flameng, fac-similé d’autographe, 30 ex. sur pap. vergé, cart. en perc. bl., non rogn. Avec envoi à Mahérault.



324. Le Vignole moderne, ou Traité élémentaire d’architecture. Où sont expliqués les principes des cinq Ordres de J. B. de Vignole : Composés & gravés par J. R. Lucotte, Architecte & Graveur. Paris, Quillau, l’Auteur et Buldet, 1772, 2 part. en 1 vol. in-4, titre gravé, pl., demi-rel. v. f., tr. marbrées.



351. Traicté des manieres de graver en taille douce sur l’airin [sic]. Par A. Bosse. Paris, Bosse, 1645, pet. in-8, fig., vélin.

Photographie Library of Congress


385. Gynæceum, Sive Theatrum mulierum. Francoforti, Sigismundi Feyrabendij, 1586, pet. in-4, 122 gravures en bois, demi-rel. bas. antique.



387. Le Tableau des riches inventions Couvertes du voile des feintes Amoureuses, qui sont representees dans le Songe de Poliphile Desvoilees des ombres du Songe, & subtilement exposees Par Beroalde. Paris, Matthieu Guillemot, 1600, in-4, titre gravé, fig. sur bois, veau antique.



432. Anatomie du gladiateur combattant, applicable aux beaux arts. Par Jean-Galbert Salvage. Paris, Chez l’Auteur, Imprimerie de Mame, 1812, in-fol., 22 pl., demi-rel. bas. ant., non rogn.

Photographie BnF

461. La Locomotion – Histoire des chars, carrosses, omnibus et voitures de tous genres, par D. Ramée. Paris, Amyot, 1856, in-12, fig., cart., non rogn.



507. La Colombiade, ou la Foi portée au Nouveau Monde. Poëme, Par Madame Duboccage. Paris, Desaint & Saillant, et Durand, 1756, in-8, fig., veau marbr.



531. L’Atlantide ou Le Géant De la Montagne bleue, Poëme en quatre Chants, Recueilli et Publié par M. Baour de Lormian. Paris, Brunot Labbe, s. d. [1812], in-12, fig., demi-rel. bas. ant.



565. Œuvres complètes de M. Eugène Scribe. Paris, A. Tétot, 1858, 17 tomes en 9 vol. in-8, fig., demi-rel. chag. r., tr. jaspées.



613. Œuvres illustrées de Champfleury – Les Aventures de Mademoiselle Mariette, avec quatre eaux-fortes dessinées et gravées par Morin. Paris, Poulet-Malassis er De Broise, 1862, in-12, fig., broché.



619. Tom Jones, ou Histoire d’un enfant trouvé, Par Fielding. Paris, Firmin Didot Frères, 1833, 4 vol. in-8, fig. de Moreau le Jeune, br.



632. Les Colloques d’Erasme. Nouvelle traduction, Par Monsr. Gueudeville. Leide, Pierre vander Aa et Boudouin Jansson vander Aa, 1720, 4 tomes en 3 vol. in-12, front., vign., v. f. ant.



683. Œuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, mises en ordre et précédées de la vie de l’auteur, par L. Aimé-Martin. Paris, Lequien Fils et J. Pinard, 1830-1831, 12 vol. in-8, fig., demi-rel. v. f., tr. marb.



731. Le Costume des peuples de l’Antiquité, prouvé par les Monuments. Par André Lens, Peintre. Dresde, Frères Walther, 1785, in-4, 57 pl., cart., non rogné.



747. Les Nains célèbres depuis l’Antiquité et jusques et y compris Tom-Pouce, par A. d’Albanès et Georges Fath, illustrés par Édouard de Beaumont. Paris, Gustave Havard, s. d. [1845], in-8, gr. sur bois, cart., non rogn.



760. Bibliothèque originale – Petrus Borel, le Lycanthrope, sa vie – ses écrits – sa correspondance, poésies et documents inédits, par Jules Claretie. Paris, René Pincebourde, 1865, in-12, front. à l’eau-forte avec portrait de Ulm, broché.



775. Iean Gutenberg, premier maitre imprimeur, Ses faits & discours les plus dignes d’admiration, & sa mort. Genève, Jules Guillaume Fick, 1858, gr. in-8, pap. vélin fort, fig. à l’eau-forte, demi-rel. v. f., tête jasp., non rogn.



809. Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique – Par Charles Asselineau. Paris, René Pincebourde, 1866, in-8, front. à l’eau-forte de Célestin Nanteuil, 300 ex., demi-rel. chag. vert, tête jasp., non rogn. 1 des 50 ex. sur gr. pap. de Hollande.



938. Réponse à une incroyable attaque de la Bibliothèque nationale touchant une lettre de Michel de Montaigne, par F. Feuillet de Conches. Paris, Laverdet, 1851, in-8, cart., non rogn. Ex. sur gr. pap. de Hollande.

Trois autres ventes suivirent en 1880 :

. Le jeudi 4 mars 1880, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 2 : Catalogue de l’intéressante collection de lettres autographes composant le cabinet de feu M. J. F. Mahérault, ancien conseiller d’État (Paris, Charavay Frères, 1880, in-8, 36 p., 253 lots). 



. Du mardi 18 au mardi 25 mai 1880, en 7 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 4 : Catalogue d’estampes anciennes et modernes, vignettes du XVIIIe et du XIXe siècle, œuvres de J.-M. Moreau le Jeune et de Gavarni, composant la collection De feu Marie-Joseph-François Mahérault, ancien conseiller d’État (Paris, Charles Pillet, Maurice Delestre et Clément, 1880, in-8, [2]-189-[1 bl.] p., 1.817 lots).



. Du jeudi 27 au samedi 29 mai 1880, en 3 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle n° 2 : Catalogue des dessins, anciens et modernes, œuvres de : Moreau le Jeune, Clodion, Fragonard, Gravelot, Marillé, Gavarni, Deveria, Desenne, Johannot, Prud’hon, etc., formant la collection De feu M. M.-J.-F. Mahérault, Ancien Conseiller d’État (Paris, Charles Pillet, Maurice Delestre et Féral, 1880, in-8, 160 p., 540 lots).

Photographie Librairie du Cardinal

 

Dans sa jeunesse, Joseph-François Mahérault avait été l’élève du graveur, peintre et illustrateur Jean-Michel Moreau, dit « le Jeune » (1741-1814), et voulut réaliser un monument à sa mémoire : L’Œuvre de Moreau le JeuneCatalogue raisonné et descriptif, avec notes iconographiques et bibliographiques, par M.-J.-F. Mahérault, ancien conseiller d’État, orné d’un portrait de l’auteur par Le Rat, et précédé d’une notice biographique par Émile de Najac (Paris, Adolphe Labitte, 1880, in-8), qui ne fut publié qu’après la mort de son auteur, par son gendre, le comte Émile-Fernand de Najac, né le 17 décembre 1828 à Lorient [Morbihan].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


samedi 24 décembre 2022

Le Comte de Belderbusch (1749-1826), administrateur opportuniste

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Château de Terworm (2014)

D’une ancienne et noble famille du pays de Cologne [Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne], Charles-Théodore-Léopold-Antoine von der Heyden, dit « baron de Belderbusch », est né le 11 octobre 1749 au château de Terworm [Heerlen, province du Limbourg, Pays-Bas], à 20 km à l’est de Maastricht, qui appartenait à son grand-père depuis 1738.

De gauche à droite : Maximilien-François, Louis XVI et Marie-Antoinette. 
Par J. Hauzinger (1776)

Il fit ses études à Cologne et entra au service de l’archiduc Maximilien-François d’Autriche (1756-1801), frère de la reine de France Marie-Antoinette (1755-1793), grand-maître de l’Ordre Teutonique et archevêque-électeur de Cologne.



Le 2 mai 1772, à Ollheim [Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Allemagne], il épousa Maria-Francesca Ulner von Dieburg, née à Dieburg [Hesse, Allemagne] en 1756.

En 1785, l’électeur de Cologne l’envoya comme chargé d’affaires à Paris, auprès du gouvernement de Louis XVI.

Belderbusch dut quitter Paris lorsque l’Assemblée législative déclara la guerre à l’Autriche en 1792. Il résida alors tour à tour au château de Terworm, à Cologne et en Suisse. Devenu citoyen français par l’annexion de la Belgique en 1795, il retourna à Paris. Il fut nommé membre du Conseil général du département de la Meuse-Inférieure [chef-lieu Maastricht], puis préfet du département de l’Oise, à Beauvais, le 23 germinal An X [13 avril 1802], succédant au Breton Jacques Cambry (1749-1807), premier préfet de ce département.

Ancien évêché de Beauvais

Les services de la préfecture étaient alors installés dans l’ancien Palais épiscopal [Musée départemental de l’Oise].

Belderbusch. Archives de Bonn [Allemagne]

Pendant son administration, Belderbusch donna tous ses soins à l’organisation de l’enseignement public, s’attacha à la lutte contre la mendicité et à l’organisation de comités de bienfaisance ; il se signala par la constante protection qu’il accorda aux Jésuites. En récompense de son dévouement éclairé, Napoléon le nomma chevalier de la Légion d’honneur en 1804, sénateur et comte de l’empire en 1810. Remplacé cette dernière année à la préfecture de l’Oise par le baron Claude-Louis Bruslé de Valsuzenay (1766-1825), Belderbusch fut nommé officier de la Légion d’honneur en 1813.

Abdication de Napoléon, par François Bouchot (1843)

En 1814, Belderbusch oublia la bienveillance de l’empereur et manifesta sa reconnaissance en votant la déchéance de Napoléon. Cet acte lui valut de la part de Louis XVIII des lettres de grande naturalisation : jusqu’en 1814, la naturalisation attribuait la qualité de français avec toutes les prérogatives qui en découlent ; l’ordonnance du 4 juin 1814 limita les effets de la naturalisation et exigea, pour être éligible, des lettres de grande naturalisation. Toutefois, Belderbusch ne fut pas appelé, comme plusieurs de ses collègues, à prendre place dans la Chambre des pairs.

Le comte Belderbusch avait publié, sous le voile de l’anonyme, cinq écrits politiques et une comédie, de peu d’intérêt et introuvables aujourd’hui : Observations sur les affaires du temps (Cologne, s. n., 1794), Modification du status quo ou Impromptu de paix, Avec quelques observations sur les intérêts des Puissances (En Suisse, s. n., s. d. [1795]), Lettres sur la paix (Paris, Desenne, s. d. [1797]), La Paix du continent comme acheminement à la paix générale, seul moyen de conserver l’équilibre de l’Europe (En Suisse, s. n., 1797), Le Cri public (S. l. [Paris], Imprimerie de Patris, s. d. [1815]), Adolphe et Caroline (Paris, A. Boucher, 1824).

 

1 rue Neuve-des-Mathurins [point rouge]

Rentré dans la vie privée en 1815, il passa l’été au château de Terworm et l’hiver à Paris, où, séparé de son épouse, il mourut le 22 janvier 1826, en son hôtel, 1 rue Neuve-des-Mathurins [détruit, rue des Mathurins, IXe], au coin de celle de la Chaussée-d’Antin.

Il laissait une fortune immobilière de près de deux millions de francs. Lors de la levée des scellés, apposés sur ses papiers et effets, on découvrit un testament olographe portant la date du 20 janvier 1819, qui instituait pour son héritier universel le baron Charles de Boeselager de Heessen, sous la condition de prendre son nom et ses armes, et de remplir d’autres charges. Cet acte était lacéré au milieu et aux extrémités, preuve de la révocation faite par le défunt de la disposition testamentaire. L’institué ayant été informé de ces circonstances, renonça au testament. Les héritiers du sang acceptèrent, sous bénéfice d’inventaire, la succession. Le partage en fut ordonné de commun accord. Des ventes, des liquidations eurent lieu. Charles de Boeselager de Heessen y concourut en sa qualité d’héritier « ab intestat ».


Sa bibliothèque fut vendue en son hôtel, du mercredi 6 au samedi 23 décembre 1826 : Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. le comte de Belderbusch (Paris, De Bure frères, 1826, in-8, viij-120 p., 1.383 lots), dont Théologie [50 lots = 3,97 %], Jurisprudence [53 lots = 3,83 %], Sciences et Arts [242 lots = 17,49 %], Belles-Lettres [314 lots = 22,70 %], Histoire [669 lots = 48,37 %], Addition [50 lots = 3,61 %].

 

Photographie Library of Congress

10. Biblia. Nuremberg, Anton Koberger, 17 février 1483, 2 vol. in-fol. goth., dem. rel., fig. en bois color. 21 fr. 10.



131. La Doctrine des mœurs. Tiree de la philosophie Des Stoiques [sic] : representee en cent tableaux. Et expliquee en cent discours pour l’instruction de la ieunesse. Paris, Pierre Daret, 1646, in-fol., fig., v. b. 4 fr. 50 c.



222. Phytanthoza iconographia, Sive Conspectus Aliquot millium, tam Indigenarum quam Exoticarum. Ratisbonæ, per Hyeronimum Lenzium, 1737, 4 vol. in-fol., fig. coloriées, cart. 51 fr. 50 c.



264. Godefridi Bidloo, Medicinæ Doctoris & Chirurgi, Anatomia humani corporis. Amstelodami, Viduæ Joannis à Someren, Hæredum Joannis à Dyck, Henrici & Viduæ Theodori Boom, 1685, in-fol., fig., vél., Ch. Mag. 12 fr. 50 c.



280. Architecture hydraulique, ou l’Art de conduire, d’elever et de menager les eaux pour les différens [sic] besoins de la vie. Par M. Belidor. Paris, Charles-Antoine Jombert, 1737, 4 vol. in-4, fig., bas. 44 fr.



288. Essai sur la physiognomonie, destiné A faire Connoître l’Homme & à le faire Aimer. Par Jean Gaspard Lavater. La Haye, Imprimé chez Jaques [sic] van Karnebeek, s. d. [1781], 4 vol. gr. in-4, fig., cart. 60 fr.  



330. Les Dix Livres d’architecture de Vitruve. Par M. Perrault. Paris, Jean Baptiste Coignard, 1684, in-fol., fig., v. b. 48 fr.



348. Le Nouveau Parfait Maréchal, ou la Connoissance générale et universelle du cheval. Par M. Fr. A. de Garsault. Paris, Delalain, 1770, in-4, fig., v. m. 9 fr.



444. Les Comedies de Plaute, nouvellement traduites en Stile Libre, Naturel & Naif [sic]. Par Monsr. Gueudeville. Leide, Pierre van Der Aa, 1719, 10 vol. in-12, fig., v. b. 3 fr. 55 c.



495. Adolphe et Caroline, ou le Danger des divisions politiques dans l’intérieur des familles ; comédie [par Belderbusch]. Paris, Anthe. Boucher, 1824, in-8, br. Toute l’édition, soit environ 500 ex. 111 fr. 95 c.

Photographie BnF


502. Les A Propos de societé [sic] ou Chansons de M. L…. [par Pierre Laujon]. S. l., s. n., 1776, 3 vol. in-8, fig., v. porph. 2 fr. 30 c.



509. Orlando furioso di Lodovico Ariosto. Parigi, P. Plassan, An III (1795), 4 vol. in-4, fig., dem. rel. dos de m., gr. pap. vélin. 20 fr.



543. Œuvres de Maitre François Rabelais, avec des remarques historiques et critiques De Mr. Le Duchat. Nouvelle edition, Ornée de Figures de B. Picart. Amsterdam, Jean Frederic Bernard, 1741, 3 vol. in-4, v. f., gr. pap. 75 fr. 95 c.



556. Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile, Deduisant comme Amour le combat a l’occasion de Polia. Nouvellement traduict de langage Italien en Francois. Paris, Iaques Kerver, 1546, in-fol., fig., v. b. 6 fr. 10 c.



559. Histoire de l’admirable Don Quichotte de la Manche, Traduite de l’Espagnol de Michel de Cervantes, 6 vol. – Nouvelles de Michel de Cervantes, 2 vol. Amsterdam et Leipzig, Arkstée et Merkus, 1768, ensemble 8 vol. in-12, fig., bas. 15 fr. 5 c.



564. Les Liaisons dangereuses. Lettres recueillies dans une société, Et publiées pour l’instruction de quelques autres. Par C ***. de L ***. Londres, 1796, 2 vol. in-8, fig., v. éc. 7 fr. 50 c.

Photographie BnF


643. Collection complete des œuvres de J. J. Rousseau. Genève, 1782, 12 vol. in-4, m. r., gr. pap. 35 fr. 5 c.  

Photographie BnF


666. Atlas historique, ou Nouvelle Introduction A l’Histoire, à la Chronologie & à la Geographie Ancienne & Moderne. Par Mr. Gueudeville. Amsterdam, L’Honoré et Châtelain, 1718-1721, 7 vol. in-fol., fig., v. b. 19 fr. 50 c.



715. Discours et histoire veritable des navigations, peregrinations et voyages, faicts en la Turquie par Nicolas de Nicolay Daulphinoys. Anvers, Arnould Coninx, 1586, in-4, fig., v. b. 7 fr. 95 c.



724. Voyage dans le Finistère, ou Etat de ce département en 1794 et 1795. [Par Jacques Cambry]. Paris, Imprimerie-Librairie du Cercle Social, An VII, 3 vol. in-8, fig., br. 8 fr.



738. Voyages de Mr. le chevalier Chardin, en Perse, et autres lieux de l’Orient. Paris, Denys Hortemels, 1723, 10 tomes en 5 vol. in-12, fig., vel. 12 fr. 80 c.



878. Histoire romaine, depuis la fondation de Rome. Par les RR. PP. Catrou & Rouillé de la Compagnie de Jésus. Paris, Rollin, Delespine, Coignard et Genneau, 1725-1737, 20 vol. in-12, fig., v. m. 10 fr. 5 c.



914. Les Monumens [sic] de ma monarchie françoise. Par le R. P. Dom Bernard de Montfaucon. Paris, Julien-Michel Gandouin et Pierre-François Giffart, 1729, 5 vol. in-fol., fig., v. b., gr. pap. 320 fr.

Photographie BnF


951. Planches de la Description du département de l’Oise [par Jacques Cambry]. [Paris, P. Didot l’Aîné, 1803], in-fol. oblong, cart. 16 fr.

Photographie BnF


963. Description des festes données par la ville de Paris, A l’occasion du Mariage de Madame Louise-Elisabeth de France, & de Dom Philippe, Infant & Grand Amiral d’Espagne, le vingt-neuviéme [sic] & trentiéme [sic] Août mil sept cent trente-neuf. Paris, Imprimerie de P. G. Le Mercier, 1740, in-fol. atlant., fig., m. r., dent. 5 fr.



1.068. Description de touts [sic] les Pays-Bas, autrement appellez la Germanie Inferieure, ou Basse Allemagne ; par Messire Loys Guicciardin gentil-homme Florentin. [Amstelodami, Ioannem Ianssonium, 1609], in-fol., fig., vel. 1 fr. 60 c.



1.072. Histoire des Provinces-Unies des Pays Bas, Par MR Le Clerc. Amsterdam, L’Honoré et Châtelain, 1723, 3 vol. in-fol., fig., v. m. 6 fr. 55 c.



1.090. Le Miroir De la Cruelle, et horrible Tyrannie Espagnole perpetree au Pays Bas, par le Tyran Duc de Albe, & aultres Cõmandeurs de par le Roy Philippe le deuxiesme. Amsterdam, Ian Everts Cloppenburg, 1620, in-4, fig., vel. 6 fr. 50 c.



1.114. Angleterre ancienne, ou Tableau des mœurs, usages, armes, habillemens [sic], &c. des anciens Habitans [sic] de l’Angleterre. Ouvrage traduit de l’Anglois de M. Joseph Strutt, par M. B***. Paris, Maradan, 1789, 2 tomes en 1 vol. in-4, fig., v. m. 5 fr. 95 c.  



1.165. Histoire naturelle et morale des iles Antilles de l’Amerique. Roterdam, Arnout Leers, 1665, in-4, fig., vel. 2 fr.



1.166. Histoire de l’isle espagnole ou de S. Domingue. Par le P. Pierre-François-Xavier de Charlevoix. Amsterdam, François L’Honoré, 1733, 4 vol. in-12, fig., v. b. 6 fr. 15 c.



1.167. Le Vray Theatre d’honneur et de chevalerie, ou le Miroir heroique de la noblesse. Par Marc de Wlson [sic], Sieur de la Colombiere. Paris, Augustin Courbé, 1648, 2 vol. in-fol., fig., v. b. 15 fr. 50 c.



1.185. L’Antiquité expliquée et représentée en figures [avec le Supplément]. Par Dom Bernard de Montfaucon. Paris, Delaulne, Foucault, Clousier, Jean-Geoffroy Nyon, Etienne Ganeau, Nicolas Gosselin et Pierre-François Giffart, 1722-1724, 15 vol. in-fol., fig., v. m. gr. pap. 220 fr.



1.213. Romanæ et Græcæ Antiquitatis monumenta. Antverpiæ, ex officina Plantiniana Balthasaris Moreti, 1645, 5 vol. in-fol., fig., vel. 29 fr. 95 c.

Photographie BnF


1.259. Le Cabinet de la Bibliotheque de Sainte Genevieve. Par le R. P. Claude du Molinet. Paris, Antoine Dezallier, 1692, in-fol., fig., v. b. 10 fr. 50 c.



1.317.
Illustrium iureconsultorum imagines quæ inveniri potuerunt ad vivam effigiem expressæ. Romæ, Ant. Lafrorij, 1566, in-4, fig., v. b. 24 fr.

Photographie Camille Sourget


1.337. Les Pigeons, par Madame Knip, née Pauline de Courcelles, premier peintre d’histoire naturelle de S. M. l’impératrice reine Marie-Louise. Le Texte par C. J. Themminck. Paris, Mme Knip et Garnery, [1808]-1811, gr. in-fol., br., fig. color. 120 fr.

Ex-libris


Carte de visite, en guise d'ex-libris
Photographie Bibliothèque de l'Institut de France
Ex-libris [?], avec la devise " Fidei commissum familiae ",
appartenant à Maximilian-Wilhelm von der Heyden-Belderbusch et Maria-Johanna von Satzenhofen

La veuve de Belderbusch mourut le 22 mai 1832, à Aschaffenburg [Bavière, Allemagne].