Cliché Robert Frank |
Critique dramatique dont
l’autorité, souvent contestée, fut considérable, qui était devenu populaire
dans le monde des lettres sous le nom familier de « l’Oncle » -
surnom que lui aurait donné Rodolphe Salis (1851-1897), fondateur en 1881 du
célèbre cabaret du Chat Noir [84 boulevard de Rochechouart, XVIIIe]
-, François Sarcey, dit « Francisque Sarcey » est mort en son
domicile, 59 rue de Douai [Paris IXe], le mardi 16 mai 1899 :
« Hélas ! oui, c’est
seulement jeudi qu’il a dû s’aliter… La veille encore, toute la journée du
mercredi, il était allé à ses occupations habituelles. Vous savez si ces
journées étaient remplies : celle-là, qui devait être sa dernière journée
de labeur, fut une des plus occupées.
Après avoir travaillé toute la
matinée, il avait assisté à la première communion de son fils au collège
Stanislas, déjeuné chez M. Jules Claretie, puis il avait écrit un de ses “
Grains de bon sens ” qu’il était allé lui-même, vers six heures, porter au Figaro. Il était rentré ensuite dîner
chez lui, et, quoique se sentant un peu fatigué, il n’avait pas manqué, selon
sa coutume, d’aller passer sa soirée au théâtre.
Il commit malheureusement
l’imprudence, en rentrant, de prendre une voiture découverte. Il fut saisi par
le froid, et dans la nuit une congestion pulmonaire se déclara, que les soins
les plus dévoués et les plus éclairés furent impuissants à combattre. Vendredi
matin, cependant, une légère amélioration se produisit, mais elle fut de très
courte durée. Dans l’après-midi eut lieu une consultation des médecins qui ne
laissa plus d’espoir ; l’agonie commença dans la soirée, et la mort est
bientôt venue, très rapide, mais très douce : Francisque Sarcey ne s’est
pas vu mourir… »
(Adolphe Brisson. In Le Figaro, mercredi 17 mai 1899, p. 1)
In Revue illustrée, 1er juin 1899 |
Les obsèques eurent lieu le 18
mai en l’église de la Trinité, sa paroisse. Au cimetière Montmartre [Paris
XVIIIe], des discours furent prononcés par Georges Leygues, ministre
de l’Instruction publique, Jules Claretie, de l’Académie française, Gaston
Jollivet, de l’Assemblée des journalistes parisiens, Camille Le Senne,
président du Cercle de la critique, Gustave Larroumet, secrétaire perpétuel de
l’Académie des beaux-arts, Adrien Hébrard, directeur du Temps et le poète Gaston Habrekorn.
Le samedi 20 mai, selon sa
volonté, il fut incinéré au Père-Lachaise et ses cendres furent déposées dans
le caveau familial du cimetière Montmartre [Division 2], où on lit ces simples mots :
« Francisque Sarcey, professeur et journaliste ».
Maison natale, à Dourdan |
D’une famille qui tire son nom
d’un village du Beaujolais, appelé Sarcey [Rhône], François Sarcey était né le
lundi 8 octobre 1827, à Dourdan [Essonne], rue Neuve [30 rue Debertrand], où
son père, Jean-Benoît Sarcey, né à Lyon, le 9 messidor An IV [27 juin 1796], onzième
enfant d’un canut, d’abord canut, puis soldat, était devenu maître de pension. Sa
mère, Odile-Constance de Brunel, était née le 21 mars 1808 à Serbonnes [Yonne]
– village natal de Jacques Clément, l’assassin du roi Henri III en 1589 -, et
s’y était mariée le 19 juillet 1826 ; elle était la dernière fille de Alexandrine-Thérèse
Berthelin et de François-Maximilien de Brunel, seigneur de Serbonnes, juge de
paix du canton de Sergines, descendant d’une famille originaire de Guyenne et
fixée à Serbonnes au XVIe
siècle.
Arbre généalogique simplifié |
Quelques biographes, notamment
Pierre Larousse dans son Grand
Dictionnaire universel du XIXe siècle, le font naître à
Suttières, une commune qui n’existe pas, le confondant avec un écrivain du XVIIIe siècle, André Sarcey de
Sutières [avec un seul « t »], né à Lyon le 16 mars 1738, fondateur,
en 1771, de la première ferme expérimentale, à Annel [Longueil-Annel, Oise].
« Je dois, en effet,
m’appeler Sarcey de Sutières. Mon père me l’a toujours dit, et il le tenait de
son père. Mais ni mon acte de naissance, ni celui de mon père, ni celui de mon
grand-père ne portent ce nom.
Je possède des liasses de lettres
de famille, où des oncles, signant Sarcey de Suttières, ou plus simplement
Sutières, écrivent à mon grand-père. Mais je ne me suis jamais donné la peine
de débrouiller cette généalogie, qui est restée obscure pour moi.
Il y a eu, en effet, un de
Sutières établi en Beauce, qui a laissé quelques ouvrages sur l’agronomie. J’en
ai un dans ma bibliothèque.
Dans un autre volume qui a pour
titre : Almanach de Paris pour
l’année 1789, à Paris, chez Lesclapart, libraire de Monsieur, à la Sainte
Famille, rue du Roule, n° 11 (c’était le Bottin
du temps), je trouve un : de Sutières-Sarcey, professeur d’agriculture,
rue de Tournon, 5. Peut-être était-ce le même.
Mais les de Sutières-Sarcey ne
sont pas originaires de la Beauce. Mon père est né à Lyon, et les de
Sutières-Sarcey viennent de la Savoie, où, m’a-t-on dit, le nom est encore
porté par plusieurs personnes. Mais jamais le hasard ne m’a mis en relations
avec aucune d’elles. Il y en avait de fort riches : j’appartenais à une
branche tombée dans la misère.
C’était encore une tradition dans
ma famille que nous étions cousins du grand Ampère. J’ai vu avec plaisir, en
lisant la Correspondance d’Ampère (c’est un délicieux volume), que cela était
vrai.
Quand je suis entré dans les
journaux, j’ai été obligé de prendre un pseudonyme, puisque je relevais encore
de l’Université. J’ai pris naturellement le nom que mon père m’avait dit être à
moi, et j’ai signé Sutières.
Le jour où j’ai eu donné ma
démission, j’ai repris devant le public le seul nom que j’aie, de par les actes
civils, le droit de porter : Francisque Sarcey. »
(Francisque Sarcey. In L’Intermédiaire des chercheurs et curieux,
25 mars 1885, col. 177-178)
Son père, qui aimait lire des
pièces de théâtre et qui chantait volontiers, rêvait de faire de son fils
unique un artiste, peintre ou musicien. Vers 1838, il céda son pensionnat et
acheta la charge de greffier près le Tribunal de commerce de Dourdan. En 1852,
il partit cacher la misère de sa famille à Paris et mourut à Neuilly-sur-Seine
[Hauts-de-Seine], le 21 novembre 1857. Sa mère se cassa un bras en 1888 et
décéda le 10 août 1889, à Villers-sur-Mer [Calvados], où elle s’était installée
pour l’été.
En 1839, François Sarcey entra à l’internat
de la célèbre Institution Barbet-Massin, 12 rue des Minimes [Paris IIIe].
À cinq heures du matin, le tambour le réveillait, hiver comme été ; après
la chapelle et deux heures d’études, il avalait une assiettée de soupe et se
rendait pour 8 h. au lycée Charlemagne, lycée d’externes qui était la pépinière
de l’École normale supérieure ; en classe de huit à dix heures, il
retournait à l’Institution pour trois heures d’étude, puis déjeuner et
récréation ; de nouveau en classe de 14 à 16 h., puis retour à
l’Institution, goûter et récréation de vingt minutes, étude jusqu’à 22 h., avec
interruption d’un quart d’heure pour le dîner.
C’est au lycée Charlemagne qu’il fit
la connaissance d’Edmond About (1828-1885), qui était à l’Institution Jauffret,
29 rue Culture-Sainte-Catherine [rue de Sévigné, IIIe], et qu’il
prit le prénom de « Francisque ».
En 1848, il entra à l’École normale
supérieure, installée 45 rue d’Ulm [Paris Ve] depuis le 4 novembre
1847, le cinquième de « la grande promotion », dont les quatre
premiers étaient Hippolyte Taine (1828-1893), Adam Libert (1827-1858), Edmond
About et Auguste Lamm (1828-1853). Dans ce milieu, Sarcey se montra un élève
studieux, un joyeux camarade, se passionna pour les écrivains du XVIIIe siècle et devint un fervent
disciple de Voltaire.
Sarcey est le premier, à droite, debout. In Journal de jeunesse de Francisque Sarcey (frontispice) |
En 1851, il fut nommé professeur
de troisième au lycée de Chaumont [Haute-Marne], ancien collège des Jésuites, rue
de Buxereuilles [rue Victoire de la Marne], où il arriva le 16 octobre 1852. L’administration,
issue du coup d’État de décembre 1851, voulait alors étouffer dans le corps
enseignant tout esprit d’indépendance et de libéralisme, et rendit la vie
impossible aux professeurs, par d’intolérables tracasseries :
« Parmi les nombreuses
circulaires qui nous tombaient régulièrement sur la tête, comme feuilles sèches
au vent d’automne, il s’en trouva une un peu plus inepte encore et plus
tracassière que les autres. Il y était dit que certains professeurs menaçaient
par la longueur de leur barbe la sécurité de l’empire ; on nous enjoignait
de la couper et d’expliquer Virgile en menton ras.
Vous imaginez aisément les quolibets
que souleva cette circulaire. Il n’en fallait pas moins obéir. On nous donna
huit jours pour nous mettre en règle. Je ne m’étais jamais rasé et je sentais
un vif dépit d’être obligé de le faire. Il me vint à l’idée d’écrire une
pétition à mon recteur dans le style de Paul-Louis, pour lui demander la
permission de garder une barbe qui avait rendu plus respectables les mentons
des illustres universitaires d’autrefois. La pétition était vraiment drôle et
c’est le premier article de petit journal qui soit jamais sorti de ma plume.
Si j’avais eu pour recteur un
homme d’esprit, il eût ri sans aucun doute de cette boutade, […]. Mais ce dévôt
[sic] personnage était doublé d’un sot. Il blémit [sic] de fureur à lire cette
gaminerie et l’expédiant au ministère, il demanda net ma destitution ;
rien que cela ! »
(Francisque Sarcey. Souvenirs de jeunesse. Paris, Paul
Ollendorff, 1892, p. 209-210)
Sarcey fut alors déporté au collège
communal de Lesneven [Finistère], rue des Récollets, « bergerie cléricale » tenue
par des ecclésiastiques, où il arriva le 17 mars 1853, comme professeur de
rhétorique. Il y mena une existence tellement agréable qu’il demanda, à la fin
de l’année scolaire, de rester à Lesneven.
En réponse, il fut envoyé, sous
prétexte d’avancement, au lycée de Rodez [Aveyron], ancien collège des
Jésuites, rue Louis Blanc, comme professeur de quatrième.
Ayant passé son agrégation de
lettres en 1854, il fut nommé au lycée de Grenoble [Isère], ancien collège des
Jésuites, rue Raoul Blanchard, où il fut professeur de seconde, puis de
philosophie, au commencement de l’année scolaire 1855-1856. La veille de son
retour d’un voyage à Paris, il écrivit un article sur la vie de province, qu’il
donna à lire à Edmond About : son ami signa l’article du pseudonyme « Satané
Binet », y ajouta « Prière de lire » avec sa signature, et le
lui rendit en disant « Jette cela dans la boîte du Figaro, c’est comme si c’était imprimé. » Ce premier article de
Sarcey, intitulé « La Première aux Parisiens. Lettres d’un provincial »,
parut effectivement dans le Figaro du
dimanche 1er novembre 1857 [p. 2-3].
Sarcey envoya au Figaro d’autres articles, dont les trois
premiers seulement furent publiés [19 novembre 1857, 10 décembre 1857, 27
décembre 1857] : le secrétaire de rédaction avait su qu’il l’avait traité
de « crétin qui ne sait pas un mot de français » …
Sous le pseudonyme de
« Jean », il donna alors des chroniques en vers et en prose à La Revue des Alpes, hebdomadaire de
Grenoble, qui furent remarquées par le rédacteur en chef du Salut public de Lyon. Décidé alors à
abandonner le professorat pour le journalisme, il demanda, sa mise en
disponibilité et revint à Paris au mois d’août 1858.
Il devint, à partir du 3 octobre
1858, un des rédacteurs attitrés du Figaro,
d’abord sous le pseudonyme de « S. de Suttières », puis sous les noms
de « Sarcey de Suttières » et enfin de Francisque Sarcey, et publia
ses « Grains de bon sens » Il resta, pendant quelques mois, le
correspondant du Salut public.
Le 4 septembre 1859, il publia
son premier article dans L’Opinion
nationale, qui venait d’être fondé par Adolphe Guéroult (1810-1872) et
quelques amis. Il ne tarda pas à s’y faire remarquer, en introduisant un genre
nouveau, la critique dramatique expérimentale, et en soutenant de vives
polémiques, dont l’une lui valut un duel avec Clément Duvernois, de La Liberté.
Le Temps, lundi 3 juin 1867 |
Il réussit si bien qu’en 1867, il
fut chargé de remplir le même office dans Le
Temps : chaque lundi, il y écrivit son « Feuilleton »,
intitulé « Chronique théâtrale », sans interruption du 3 juin 1867 au
8 mai 1899, et les « Fagots », sous le pseudonyme de
« Sganarelle », à partir du 3 août 1896.
En 1871, il quitta Le Gaulois, où il était entré en 1868,
pour la sortie du premier numéro de Le XIXe
Siècle, le 17 novembre, qui annonçait : « MM. Jules Noriac et
Francisque Sarcey feront, alternativement, un article quotidien à la première
page du journal. »
Il collabora encore à un grand
nombre d’autres revues et journaux : Revue
européenne, Le Nain jaune, L’Illustration, Le Gagne-Petit, L’Estafette,
La France, Le Rappel, Le Radical, Le Parti national, Le Matin, Le Petit Journal,
L’Écho de Paris, Les Annales politiques & littéraires, Revue bleue, Journal de Paris,
Revue encyclopédique, Revue des lettres et des arts, Revue illustrée, Le Soleil, Le Drapeau
tricolore – qu’il fonda en 1871 -, Cosmopolis,
La Dépêche, etc.
A partir de 1859, Sarcey n’a
jamais passé une seule soirée sans aller au théâtre, et souvent, il y allait,
de plus, en matinée : il aurait assisté à plus de quinze mille
représentations théâtrales ! Pendant quarante ans, il écrivit deux ou
trois articles par jour : ses œuvres complètes formeraient cinq ou six
cents volumes ! Si ses jugements témoignaient toujours d’une grande
honnêteté, ses goûts très conformistes le rendaient beaucoup plus sensible à
l’habileté de la composition qu’à l’originalité ; il a toutefois été la
providence des jeunes auteurs, tant qu’ils n’enfreignaient pas les lois
académiques. Toute son esthétique tenait dans cette phrase de La Bruyère :
« […] vous voulez m’apprendre
qu’il pleut ou qu’il neige ; dites, il pleut, il neige : vous me trouvez bon
visage, & vous désirez de m’en féliciter, dites, je vous trouve bon visage
; […] est-ce un si grand malheur d’être entendu quand on parle, & de parler
comme tout le monde ? »
(Les Caractères de Théophraste traduits du grec. Paris, Estienne
Michallet, 1691, 6e édition, p. 162-163)
Sarcey remporta en outre de
grands succès comme conférencier, à Paris – aux théâtres de l’Athénée, de la
Gaité, puis de la Porte-Saint-Martin [« Matinées Ballande »], de l’Odéon,
de la Bodinière, des Capucines -, en Angleterre, en Belgique et en Hollande. Sa
première conférence eut lieu à Sceaux [Hauts-de-Seine], en 1864. Il fut
toujours un improvisateur, avouant ne pas avoir de mémoire et étant trop myope
pour consulter des notes.
59 rue de Douai, Paris IXe |
« En 1872, Sarcey avait
acheté, rue de Douai, un petit hôtel habité avant lui par un peintre. Son
intime ami, l’architecte Charles Garnier, se chargea de transformer en cabinet
de travail le vaste atelier qui occupait presque tout le second étage. Une
immense bibliothèque couvrait de haut en bas les parois de ce cabinet. C’est là
que, chaque matin, vers huit heures et demie, en quittant sa chambre à coucher,
Sarcey venait s’asseoir devant sa table de travail. Il écrivait un ou deux articles
et ne voulait voir personne. Vers onze heures, la consigne était levée. Il
recevait alors jusqu’à l’heure du déjeuner des solliciteurs de toutes
conditions, pour lesquels il était, soit un conseiller, soit une sorte de confesseur
laïque, soit une providence. Le petit hôtel de la rue de Douai a vu passer
presque tout ce que le monde des lettres et surtout du théâtre a compté
d’hommes et de femmes de talent. Chaque mardi, Sarcey recevait à déjeuner ses
amis, les personnes qu’ils amenaient, et même des visiteurs fortuits. »
(Henri Castets. « Francisque
Sarcey ». In Revue encyclopédique.
Paris, Librairie Larousse, 1899, p. 484)
Sarcey dans son cabinet de travail (1888) Cliché Dornac & Cie |
« Aucun luxe, en ce domicile
grave de travailleur : au sous-sol, les cuisines ; au
rez-de-chaussée, la salle à manger et un salon-bibliothèque ; au premier
étage, la chambre à coucher, avec un mobilier artistique, mais sévère ; au
second, le cabinet de travail. C’est dans cette pièce, qui occupe tout l’étage
supérieur de l’hôtel, que le maître critique passait la plus grande partie de
sa vie laborieuse. […]
Cette pièce est très vaste ;
la lumière tombe à flots par une large baie d’atelier ; les lambris sont
garnis d’une bibliothèque vitrée, à deux étages, que dessert à mi-hauteur une
légère galerie en balcon ; le bureau, immense, est chargé de brochures, de
manuscrits, de cahiers de notes ; sur la cheminée, un buste du maître, par
Crauch [i.e. Crauk] ; çà et là, des aquarelles, des dessins, un paysage,
un portrait de Sarcey jeune par Amaury Duval, un pastel de Sarcey septuagénaire
par Marcel Baschet, des fusains, des plâtres, des bibelots… et encore et
partout, des livres.
Sarcey était un bibliophile
passionné. Il soignait avec amour sa bibliothèque et se montrait jaloux des
trésors qu’elle renfermait. Chaque année, il grevait son budget d’une somme
importante pour faire relier proprement les innombrables volumes qu’il
recevait. Il a souvent parlé “ du frisson de plaisir qui vous saisit à
insérer le couteau entre les pages d’une belle impression à grandes marges,
fleurant l’encre d’imprimerie toute fraîche ”. Mais il détestait
cordialement les gens qui ont coutume d’emprunter des livres à leurs amis et…
oublient toujours de les rendre.
Ces livres n’étaient pas, d’ailleurs,
pour le critique, des armes ou des outils de parade. Il les maniait
journellement, et l’échelle mobile, qui permettait d’atteindre aux rayons
supérieurs, ne cessait pas de circuler. »
(Sergines [i.e. Adolphe Brisson].
« Francisque Sarcey. L’Homme privé » In Les Annales politiques et littéraires, 21 mai 1899, p. 326)
A Viroflay [Yvelines], chez Jules Claretie De gauche à droite : Claretie, sa femme, Adolphe Brisson, Sarcey |
Rue de Douai, Sarcey avait comme
voisins Edmond About au n° 6, Ludovic Halévy (1834-1908) au n° 22 et Jules
Claretie (1840-1913) au n° 50.
Villa " Les Flots ", à Malo-les-Bains, aujourd'hui |
En 1880, Sarcey fit construire, à
Rosendaël [Malo-les-Bains, Nord], sur la Digue [entrée 41 avenue About], une villa,
qu’il nomma « Les Flots », par Charles Garnier 1825-1898), le célèbre
architecte de l’Opéra de Paris. Elle était séparée de celle d’Edmond About,
nommée « La Marmaille » [détruite en 1900, emplacement occupé par le
restaurant « La Potinière », aujourd’hui « Le Bistrot de la plage »], également
construite par Charles Garnier, par la villa [détruite] du journaliste Henry
Bauër (1851-1915).
Villa, à Nanterre, aujourd'hui |
Sarcey dans le jardin de Nanterre, avec son dernier fils, Raoul, et le chien " Trac " (1895) |
C’est vers 1880 que Sarcey adopta
Nanterre [Hauts-de-Seine] pour sa maison de campagne, durant la belle
saison : sa maison, gardée par son chien baptisé « Trac », était
boulevard du Couchant [6 rue Francisque Sarcey].
« La modeste maison de campagne de
Nanterre était une succursale de l’hôtel-bibliothèque de la rue de Douai. Elle
était bondée de livres. Sarcey y empilait de préférence les volumes précieux,
pour les soustraire sans doute aux regards indiscrets des emprunteurs. Il s’y
trouve un exemplaire des Souvenirs de
jeunesse sur lequel on peut lire cette belle dédicace, écrite par le maître
à l’intention de sa fille, la femme si charmante, si distinguée, de notre
rédacteur en chef et ami Adolphe Brisson :
“ Il y a une leçon que tu
emporteras, je le souhaite, de cette lecture. J’ai beaucoup travaillé, mon
enfant, et je travaille encore énormément. Il faut travailler dans la vie, il
n’y a que cela au monde de bon et de vrai. Le travail m’a épargné bien des
sottises et m’a consolé de celles que j’avais faites. Voltaire a enfermé dans
un livre que tu liras plus tard le mot où se trouve le secret du bonheur :
« Il faut cultiver son jardin. » ” (Ibid.)
L’existence des deux résidences
de villégiature n’ont jamais empêché la famille Sarcey de se réunir, chaque 25
août, à Serbonnes, au château du Petit-Varennes [62 rue du Maréchal Leclerc].
C’est à Nanterre que Sarcey avait
enfin épousé, le 26 mars 1891, Julie-Thérèse Carbonari, de trente ans sa
cadette, qui était domiciliée 9 rue du Quignon. Elle lui avait donné deux fils,
reconnus le 14 octobre 1885 : Jacques, né à Bougival [Yvelines], le 3 décembre
1877, et Jean, né le 6 juin 1885 à Nanterre. Elle lui donna un troisième fils,
Raoul-Henri, né à Paris, le 19 mars 1893, qui, caporal au 128e R.
I., sera tué à la tranchée de Calonne [Meuse], le 24 juin 1915.
Sarcey chez sa fille en 1893, par Marcel Baschet (1862-1941) De gauche à droite : Adolphe Brisson, Madeleine Sarcey, Jules Brisson, Anne Brisson, Sarcey |
Sarcey avait eu de Madeleine
Varner, une fille, Madeleine, dite « Yvonne », née le 15 octobre 1869, à
Cannstatt [quartier de Stuttgart, Bade-Wurtemberg, Allemagne], qui épousa, à
Paris, le 21 août 1889, le publiciste Charles-Félix-Marie-Adolphe Brisson
(1860-1925), fils de Jules Brisson (1828-1902), fondateur de la revue Les Annales politiques & littéraires,
dans lesquelles Sarcey publia, chaque dimanche, du 4 janvier 1885 au 14 mai
1899, ses « Notes de la semaine ».
La collaboration de sa jeune
femme, très intelligente, qui avait obtenu seule son diplôme d’institutrice,
lui fut précieuse en raison de la fatigue croissante de sa vue. Au début du
mois de juin 1884, il s’était fait opérer de la cataracte de l’œil gauche – l’œil
droit étant perdu -, à la maison de santé des frères hospitaliers de
Saint-Jean-de-Dieu, à Paris, 19 rue Oudinot [VIIe]. Depuis cette
époque, il avait renoncé à faire des campagnes contre le cléricalisme et avait
même fini par faire élever son fils au collège Stanislas [VIe],
dirigé par un prêtre.
Jamais Sarcey ne se plaignit de
l’humoriste Alphonse Allais (1854-1905) qui, dès 1886, signa certains de ses
articles du nom de Francisque Sarcey, affirmant que « Deux personnes
seulement à Paris ont le droit de signer Sarcey, moi d’abord et ensuite M.
Francisque Sarcey lui-même. »
Le 27 décembre 1886 au Chat Noir, par Paul Merwart (1855-1902) Sarcey est le deuxième personnage en partant de la gauche |
Le 27 décembre 1886, Sarcey
assista à la première des projections d’ombres de « L’Épopée »,
dessinée par Caran d’Ache (1858-1909), qui eut lieu au cabaret du Chat Noir, qui
avait déménagé au 12 rue de Laval [12 rue Victor Massé, IXe].
D’une grande indépendance, Sarcey
refusa d’être décoré. En 1893, pressé de se présenter à l’Académie française,
où il était à peu près certain d’entrer, il déclina l’offre, pensant qu’il
était « impossible d’appartenir aux quarante sans relever quelque peu du
monde qui circule autour d’eux, sans être obligé à quelques-unes des
concessions que ce monde exige. »
Outre ses articles et préfaces, Sarcey
a publié en volumes : Le Mot et la
Chose (Paris, Michel Lévy frères, 1862), Le Nouveau Seigneur de village. Suivi
des Misères d’un fonctionnaire chinois et de Henri Perier (Paris, Charpentier,
1862), Le Bilan de l’année 1868 (Paris,
Armand Le Chevalier, 1869), avec Castagnary, Paschal Grousset, A. Ranc, Le Siège de Paris. Impressions et souvenirs
(Paris, E. Lachaud, 1871), Étienne Moret
(Paris, Calmann Lévy, 1876), Le Piano de
Jeanne. Qui perd gagne. Il ne faut jamais dire : Fontaine… Un ami
véritable (Paris, Calmann Lévy, 1876), Comédiens
et comédiennes. La Comédie française (Paris, Librairie des bibliophiles,
1876, 16 livraisons en 1 vol. in-8), Comédiens
et comédiennes. Théâtres divers (Paris, Librairie des bibliophiles, 1884, 16
livraisons en 1 vol. in-8), Gare à vos
yeux !! Sages conseils donnés
par un myope à ses confrères (Paris, Paul Ollendorff, 1884), Souvenirs de jeunesse (Paris, Paul
Ollendorff, 1885), Souvenirs d’âge mûr
(Paris, Paul Ollendorff, 1892), Le
Théâtre (Paris, Société artistique du livre illustré, 1893), Grandeur et décadence de Minon-Minette.
Pataud (Paris, Paul Ollendorff, 1895) et quelques plaquettes.
Après sa mort, son gendre publia ses
articles les plus importants sous le titre Quarante
ans de théâtre (Feuilletons
dramatiques) (Paris, Bibliothèque des Annales, 1900-1902, 8 vol. in-18) et
le Journal de jeunesse de Francisque
Sarcey (1839-1857). Recueilli et annoté par Adolphe Brisson et
suivi d’un choix de chroniques (Fagots,
Notes de la Semaine, Grains de Bon Sens) (Paris, Bibliothèque
des Annales politiques et littéraires, s. d.).
In Le Temps, 11 novembre 1899 |
Une partie du mobilier de la rue
de Douai – meubles de salle à manger, chambres à coucher, cabinet de travail,
tableaux, aquarelles, dessins, gravures, bronzes d’art et d’ameublement -, fut
vendu à l’hôtel Drouot, le samedi 11 novembre 1899 :
« Et quoi, c’était donc ça
le mobilier de Sarcey, du célèbre critique dont les jugements faisaient
autorité et dont le nom était connu du monde entier. Il paraît que c’était ça,
du moins en partie. À six heures, une dernière enchère, un dernier appel du
crieur, lent et triste comme un cri de douleur, un dernier coup du marteau
d’ivoire, et les garçons emportent quelques chaises dépareillées qui geignent
et crient. »
(Jean-Bernard Passérieu. La Vie de Paris 1899. Paris, Lemerre,
1900, p. 414)
La famille avait conservé tous
les objets ayant une valeur d’art : une écritoire en cuivre ciselé et
repoussé a été adjugée pour 30 francs.
La bibliothèque de Francisque
Sarcey fut dispersée en 8 vacations à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue
Drouot, salle n° 11, au 1er étage :
1°- Du lundi 20 au mercredi 22
novembre 1899 : Catalogue de la
bibliothèque de feu M. Francisque Sarcey – Seconde partie. Beaux livres modernes - Publications de luxe. Auteurs contemporains en éditions originales.
Mémoires – Voyages – Philosophie (Paris, A. Durel, 1899,
in-8, 108 p., 694 + 1 bis = 695 lots).
Publications de la Société des
Amis des Livres [12 lots = 1,72 %], Publications de la Société des Bibliophiles
Contemporains [7 lots = 1 %], Publications de la Société des Cent Bibliophiles
[3 lots = 0,43 %], Publications de Léon Conquet [54 lots = 7,76 %], Livres
modernes [619 lots = 89,06 %].
La première vacation fut assez calme :
les enchères ne donnèrent qu’un total de 9.854 francs. Parmi les chiffres les
plus élevés se trouvèrent quelques exemplaires des publications Conquet :
29. Beraldi (Henri). La Reliure du XIXe
siècle. Paris, L. Conquet, 1895-1897, 4 vol. in-4, fig., br., couv. N° 20 des
295 ex. numérotés. Envoi autographe signé. 162 fr.
32. Bourget (Paul). Pastels. Dix portraits de femmes. Nouvelle
édition. Ill. de Robaudi et Giraldon. Paris, L. Conquet, 1895, in-8, en
feuilles dans une boîte, tir. 200 ex. 250 fr.
40. Gautier (Théophile). Mademoiselle de Maupin – Double amour –
Réimpression textuelle de l’édition originale. Portraits et médaillons de L.
Leloir, 18 compositions de E. Toudouze, gravées par Champollion. Paris, L.
Conquet, 1883, 2 vol. gr. in-8, mar. vert olive, dos orné, encadr. de fil.,
coins orn. d’initiales entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., papier du
Japon. 318 fr.
44. Goudeau (Émile). Paris qui consomme. Dessins de Pierre Vidal.
Paris, impr. pour Henri Beraldi, L. Conquet, 1893, gr. in-8, titre r. et n.,
fig. en coul., mar. r., dos orné, encadr. de fil., initiales entrelacées aux
angles, dent. int., tête dor., non rog., couv. N° 126 sur 138 ex. numérotés. 200
fr.
45. Goudeau (Émile). Paysages parisiens, heures et saisons. Ill.
Auguste Lepère. Paris, impr. pour H. Beraldi, L. Conquet, 1892, gr. in-8, br., couv.
illustr. N° 22 sur 138 ex. 439 fr.
51. Lafayette (Madame de). La Princesse de Clèves. Portrait et 12
compositions de Jules Garnier, gravés par A. Lamotte. Paris, L. Conquet, 1889,
in-8 cavalier, mar. La Vallière foncé, dos orné, fil., milieux orn. d’initiales
entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., couv. Papier du Japon. 83 fr.
57. Moreau (Hégésippe). Le Myosotis. Petits contes et petits vers.
Nouvelle édition. 134 compositions de Robaudi, gravées sur bois par Clément
Bellenger. Paris, L. Conquet, 1893, gr. in-8, br., couv. illutr. Papier de
Chine. 69 fr.
58. Morin (Louis). Les Cousettes. Physiologie des couturières de
Paris. 21 compositions dessinées et gravées par Henry Somm. Paris, L. Conquet,
1895, in-8 raisin, br., couv., papier du Japon, 100 ex. 83 fr.
63. Nodier (Ch.). Le Dernier Chapitre de mon roman. Nouvelle
édition. 33 compositions de Louis Morin. Paris, L. Conquet, 1895, in-8, ill.
tirées en deux teintes superposées et rehaussées à l’aquarelle, en feuilles
dans un emboitage. Tir. 200 ex. 111 fr.
67. Soulié (Frédéric). Le Lion amoureux. Nouvelle édition illustrée
de 19 vignettes dessinées par Sahib et gravées sur acier par Nargeot. Paris, L.
Conquet, 1882, in-18, mar. bleu, dos orné, encadr. de fil., coins dor., milieux
orn. d’initiales entrelacées, dent. int., tête dor., non rog., papier du Japon.
Avec une lettre autographe de Ludovic Halévy. 105 fr.
68. Staal (Madame de). Mémoires de Mme de Staal. Un portrait et 30
compositions de C. Delort, gravés par L. Boisson. Paris, L. Conquet, 1891,
in-8, mar. grenat, dos orné, ornem. encadrés de fil. droits et courbés,
initiales entrelacées aux angles, dent. int., tête dor., non rog., couv.,
papier du Japon. 92 fr.
69. Stendhal (de). La Chartreuse de Parme. Réimpression textuelle
de l’édition originale, illustrée de 32 eaux-fortes par Foulquier, préface de
Francisque Sarcey. Paris, L. Conquet, 1883, 2 vol. gr. in-8, veau marbré, dos
orné, 3 fil. et coins dor. sur les plats, dent. int., doubles gardes, tr. dor.,
étuis. Papier du Japon. Eaux-fortes en 4 états dont l’eau-forte pure, front. en
3 états. 270 fr.
70. Stendhal (de). Le Rouge et le Noir. Réimpression textuelle de
l’édition originale, illustrée de 80 eaux-fortes par H. Dubouchet. Paris, L.
Conquet, 1884, 3 vol. gr. in-8, veau marbré, dos orné, 3 fil. et coins dor. sur
les plats, dent. int., doubles gardes, tr. dor., étuis. Papier du Japon. 149
fr.
72. Theuriet (André). Sous Bois. Nouvelle édition illustrée de 78
compositions de H. Giacomelli, gravées sur bois par Berveiller, Froment,
Méaulle et Rouget. Paris, L. Conquet, 1883, in-8, mar. rouge jans., dent. int.,
doubles gardes, tr. dor., couv. Papier du Japon. 100 fr.
74. Villon (François). Œuvres. 90 ill. en deux teintes de A.
Robida. Paris, L. Conquet, 1897, in-8 raisin, br., couv. illustrée. Papier de
Chine. 100 fr.
Parmi les livres modernes de
cette première vacation :
80. About (E.). Tolla. Avec les illustrations de Félicien de
Myrbach, les ornements typographiques composés par Adolphe Giraldon et un
portrait d’après Paul Baudry. Paris, Hachette et Cie, 1889, in-4, mar. paille
de fer, dos orné, encadr. de fil. et ornem. dor. et initiales entrelacées aux
angles, dent. int., tête dor., non rog., couv., étui. Ex. sur papier du Japon
impr. pour Sarcey, contenant 3 suites des planches h.-t., sur Japon, sur Chine
et sur papier vélin blanc. 203 fr.
99. Balzac (H. de). Les Chouans. Ill. de Julien Le Blant, gravées
sur bois par Léveillé. – Les Chouans, compositions de Julien Le Blant, gravées
par Émile Boilvin. Paris, E. Testard, 1889-1890, 1 vol. gr. in-8, mar. r., dos
orné, encadr. de fil., coins ornés d’initiales entrelacées, dent. int., tête
dor., non rog., couv. et 2 albums en feuilles dans des cartons. Ex. sur papier
de Chine. 205 fr.
240. Davillier (Baron Ch.). L’Espagne, illustrée de 309 gravures
dessinées sur bois par Gustave Doré. Paris, Hachette et Cie, 1874, gr. in-4,
mar. r. à gros grain, dos orné, comp. de fil. et coins dor., dent. int., tête
dor., non rog. Ex. sur papier de Chine. 439 fr.
La deuxième vacation n’a guère
présenté plus d’animation : elle a produit 10.650 francs.
Il s’agissait des publications des
Bibliophiles Contemporains :
14. Balades dans Paris. Au Moulin de la Galette – A l’Hôtel Drouot
– Sur les Quais – Au Luxembourg. Paris, impr. pour les Bibliophiles
Contemporains, Académie des Beaux-Livres, 1894, pet. in-4, ill. de A. Bertrand,
texte avec cadres lithographiques polychromes par Alexandre Lunois, br., couv.
impr. en couleurs. N° 143 sur 180 ex., avec 2 états des planches en noir et
coloriées. 141 fr.
15. Haraucourt (Edmond). L’Effort. – La Madone. – L’Antéchrist. –
L’Immortalité. – La Fin du monde. A Paris, publié pour les Sociétaires de
l’Académie des Beaux Livres, Bibliophiles Contemporains, 1894, in-4, fig., br.,
couv. impr. en couleurs. Tir. 160 ex. 142 fr.
Cliché Librairie L'Amour qui bouquine |
16. Maupassant (Guy de). Contes choisis. Paris, imprimé aux frais
et pour les Sociétaires de l’Académie des Beaux-Livres, 1891-1892, 10 fasc. gr.
in-8, ill., br., 372 fr.
17. Richepin (Jean). Les Débuts de César Borgia. Compositions de
Georges Rochegrosse. Paris, publié pour la Société des Bibliophiles
Contemporains, 1890, gr. in-8, br., couv. N° 141 sur 186 ex. 160 fr.
18. Stendhal (de). L’Abbesse de Castro, avec illustrations de
Eugène Courboin. Paris, publié pour les Sociétaires de l’Académie des
Beaux-Livres, 1890, in-8, front. et vign., texte avec ornements, br., couv. N°
141 sur 160 ex. 130 fr.
Exemplaire semblable à celui de Sarcey : celui de Auguste Fabre (1839-1922), n° 57 12.500 $ Cliché Jeremy Norman |
19. Uzanne (O.). Dictionnaire bibliophilosophique, typologique, iconophilesque, bibliopégique, et bibliotechnique à l’usage des bibliognostes, des bibliomanes et des bibliophilistins. Paris, imprimé pour les Sociétaires de l’Académie des beaux livres, Bibliophiles Contemporains. En l’An de Grâce Bibliomaniaque, 1896 (Janvier 1898), in-8, titre r. et n., texte avec ornements, lettres ornées, 31 planches hors-texte en héliogravure, tirées sur Japon, en noir et en couleurs, br., couv., emboîtage. N° 139 sur 176 ex. Avec une lettre autographe de l’auteur à F. Sarcey. 110 fr.
Et des publications des Cent Bibliophiles :
20. Baudelaire (Ch.). Les Fleurs du Mal. Suite complète de 23
compositions de Wagner, Charles Jouas, Jean Veber, etc. Premier essai
d’illustration des Fleurs du Mal que devait publier la Société des Cent
Bibliophiles. 100 fr.
21. Baudelaire (Charles). Les Fleurs du Mal. Ill. de A.
Rassenfosse. Paris, pour les Cent Bibliophiles, 1899, pet. in-4, titre r. et
n., texte encadré de fil. r., fig. en couleurs, en feuilles dans un carton. N°
96 sur 115 ex. 390 fr.
Cliché Librairie Le Feu follet |
22. Delorme (Hugues). Quais et trottoirs, 13 litho. en couleurs de
Heidbrinck. Paris, impr. pour les Cent Bibliophiles, 1898, in-8 raisin, br.,
couv. illustr. N° 93 sur 115 ex. 122 fr.
Non catalogué. A. de Musset. Mimi Pinson. Ill. de François
Courboin, br., 180 fr.
Parmi les livres modernes de
cette deuxième vacation :
270. Dumas fils (Alex.). La Dame aux camélias. Paris, M. Lévy
frères, 1872, in-8 raisin, titre r. et n., portr. de la Dame aux camélias, demi-rel.,
dos et coins de chag. vert, dos orné, fil., tête dor., non rog. Tir. 526 ex. N°
11 des 25 ex. sur papier de Chine. Avec une lettre de Dumas fils et un envoi de
l’auteur à Sarcey. 305 fr.
298. Foucquet. Œuvre de Jehan Foucquet. Heures de maistre Estienne
Chevalier. Texte restitué par l’abbé Delaunay. Paris, L. Curmer, 1866, 2 vol.
in-4, planches, mar. r., dos orné, comp. de fil. et coins dor., dent. int., tr.
dor., texte et planches sur onglets. 201 fr.
370. Histoire des quatre fils Aymon. Compositions en couleurs par
Eugène Grasset. Paris, H. Launette, 1883, in-4, en feuilles dans un carton.
L’un des 100 ex. tiré sur papier de Chine. 302 fr.
379. Hugo (Victor). Œuvres complètes. Édition nationale. Paris, Le
Monnyer et Testard, 1885 et années suivantes, 43 vol. in-4, demi-rel. mar.
rouge, tête dor., non rog. Pap. vergé de Hollande, fig. hors-texte avec et
avant la lettre. 739 fr.
394. Labiche (Eugène). Études de mœurs. La Clef des champs. Deuxième
édition. Paris, Gabriel Roux, 1839, in-8, demi-rel. chag. bl., dos orné. Avec
envoi autographe de l’auteur à Sarcey. Premier ouvrage publié par
Labiche ; il en a racheté tous les exemplaires, d’où sa rareté. 135 fr.
407. La Fontaine. Contes et nouvelles en vers. Amsterdam [Paris,
Barbou], 1762, 2 vol. pet. in-8, mar. r. foncé, dos orné à petits fers, fil.,
doublé de mar. bleu, large dent. à petits fers, mors de mar. r., tr. dor.
(Allô). Édition des fermiers généraux. Les fig. du « Cas de
conscience » et du « Diable de Papefiguière » en double épreuve,
découvertes et couvertes. Ex. de H. Grésy, avec une lettre autographe. 423 fr.
La troisième vacation a été plus
animée et a donné 14.086 francs.
Elle proposait des exemplaires
imprimés pour les Amis des Livres :
1. About (Edmond). Les Mariages de Paris. Ill. de Piguet, gravées
sur bois par Huyot. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1887, pet. in-8, br., couv. étui. Papier de Chine. Suite des
ill. tirées à part. N° 74 sur 115 ex. 91 fr.
2. Aumale (Duc d’). Les Zouaves et les Chasseurs à pied. Ill. de
Charles Morel, gravées sur bois. Paris, impr. pour la Société des Amis des
Livres, s. d. [1896], in-8, br., couv. N° 71 sur 123 ex. 379 fr.
3. Baudelaire (Ch.). Quinze histoires d’Edgar Poe. Ill. de Louis
Legrand. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1897, gr. in-8, demi-rel. mar.
vert, dos mosaïqué, fil., tête dor., non rog., couv. Gravures en deux états. N°
71 sur 115 ex. 233 fr.
Exemplaire de Sarcey, relié depuis par Marius Michel Paris, Rossini, 6 mai 2010 : 900 € |
4. Boufflers (Stanislas de). Aline, reine de Golconde, conte. Ill.
de Lynch, grav. par Gaujean. Paris, gravé et imprimé pour la Société des Amis
des Livres, 1887, plaq. in-8, br., couv. 420 fr.
5. Diderot. Jacques le Fataliste et son maître. Douze dessins de
Maurice Leloir gravés. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1884, gr. in-8, mar.
La Vallière foncé, dos orné, comp. de fil. et coins dor., dent. int., mors de
mar. La Vallière, doubles gardes, tr. dor., étui. Deux suites des gravures. N°
73 sur 138 ex. 205 fr.
6. Fiévée (Joseph). La Dot de Suzette, avec notice biographique
inédite. Ill. par V. Foulquier. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1892,
pet. in-8, pap. vél. à la cuve, br., couv. Tirage à part des gravures en 2
états. N° 72 sur 115 ex. 151 fr.
7. Musset (Alfred de). Lorenzaccio, drame. Décoration d’Albert
Maignan. Paris, pour les Amis des Livres, 1895, in-8, br., couv., emboitage.
Papier de Chine. N° 72 sur 115 ex. 249 fr.
8. Paris qui crie. Petits métiers. Préface par H. Beraldi, dessins
de Pierre Vidal. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1890, pet. in-4 carré, br.,
couv. illustr. N° 72 sur 120 ex. 310 fr.
9. Vigny (A. de). Servitude et grandeur militaires. Dessins de H.
Dupray, gravés par Daniel Mordant. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1885,
gr. in-8, fig., mar. r. jans., dent. int., doubles gardes, tr. dor., couv.
Papier du Japon. Gravures en 3 états, dont l’eau-forte pure. N° 72 sur 121 ex.
199 fr.
Cliché Librairie Thalie |
11. Voltaire. Zadig ou la destinée. Histoire orientale. Ill.
gravées en couleurs par Gaujean. Paris, impr. pour les Amis des Livres, 1893,
gr. in-8, br., couv. N° 72 sur 115 ex. 1.080 fr.
Non catalogué. Henry Houssaye. Aspasie, Cléopâtre, Théodora, br.
325 fr.
Parmi les livres modernes de
cette troisième vacation :
483. Mérimée (Prosper). Chronique du règne de Charles IX. 110
compositions par Édouard Toudouze, gravées par Eugène Abot. Préface par
Francisque Sarcey. Paris, E. Testard et Cie, 1889-1890, 1 tome en 3 vol. gr.
in-8, br. et en feuilles dans des cartons. Sur papier de Chine. Eaux-fortes de
Abot en 4 états, dont l’eau-forte pure avec remarques. 459 fr.
2°- Du jeudi 23 au samedi 25
novembre 1899 : Catalogue de la bibliothèque de feu M. Francisque Sarcey
– Première partie. Ouvrages relatifs au théâtre. Œuvres dramatiques. Autographes et manuscrits (Paris, Léon Sapin, 1899, in-8, 64 p.,
499 lots).
Ouvrages relatifs au théâtre [211
lots = 42,28 %], Musique et musiciens [41 lots = 8,21 %], Œuvres dramatiques
[130 lots = 26,05 %], Éditions originales – Éditions de luxe [115 lots = 23,04
%], Autographes [1 lot = 43 lettres d’Alexandre Dumas], N° 499 [environ 300
vol. vendus par lots].
Peu de prix curieux à relever au
cours de cette vente, qui a produit 14.609 francs :
23. Le Nouvel Opera, par Ch. Garnier. Paris, Ducher, 1878-1881, 2
vol. in-4 (texte) et 2 vol. in-fol. (planches). Ensemble 4 vol., demi-rel.,
dor. en tête, non rog. 155 fr.
333. Théâtre complet de A. Dumas fils. Paris, 1868, 5 vol. in-12,
demi-rel. dos et coins, mar. vert, dor. en tête, non rog. Deux lettres de
l’auteur ajoutées. 330 fr.
394. Augier (Émile). La Conscience de M. Piquendaire, en un acte.
In-4, 12 p., cart. Manuscrit autographe d’une pièce inédite, avec croquis à la
plume. Avec lettre de Madame Augier. 136 fr.
439. Dumas fils (Alex.). Théâtre complet. Edition des comédiens,
avec les premières préfaces. Paris, 1882-1893, 7 vol. in-8, pap. de Hollande,
mar. bleu, chiffres et fil. sur les plats, dos ornés, dent. int., dor. en tête,
non rog. H. C. tirage à 99 ex. Envoi et deux lettres de l’auteur ajoutées.
474. Molière. Théâtre complet,
préface par Nisard, dessins de L. Leloir, gravés par Flameng. Paris, Jouaust,
1876, 8 vol. in-4, papier vergé, portrait en 3 états, mar. r., dent. int.,
couv. imp., tr. dor. 315 fr.
476. Molière. Ill. pour le Théâtre de Molière dessinées et gravées
à l’eau-forte, par Ed. Hédouin. Paris, Morgand, 1888, in-4, mar. Suite complète
de 1 titre, 1 front. et 34 sujets, mar. rouge, dent. int., tr. dor. 3 suites
d’états : épreuves à l’eau-forte pure, avant l’encadrement et avec
l’encadrement, mais avant la lettre. Lettre d’Hédouin ajoutée. 250 fr.
Sous le n° 498, étaient cataloguées 43 lettres d’Alexandre Dumas (1802-1870) adressées
à Mélanie Waldor (1796-1871), formant en tout 94 pages. Ces lettres qui avaient
été prêtées à Sarcey, réclamées par leur propriétaire, n’ont pas été vendues.
3°- Les lundi 27 et mardi 28
novembre 1899, sans catalogue : Bibliothèque
de feu M. Francisque Sarcey – Troisième
partie – 5,000 volumes. Romans – Poésies – Curiosités – Bibliographie –
Enseignement – Philosophie – Religions –
Médecine – Droit – Pédagogie – Économie politique – Revues – Journaux – Biographies – Sciences & Arts – Classiques. Gravures. Bibliothèques
tournantes (Paris, A. Durel et Léon Sapin, 1899, in-8).
Presque tous ces volumes portent
des envois d’auteurs ou des lettres autographes qui y furent ajoutées par
Sarcey.
Tardivement - après 1885 -,
Sarcey utilisa un ex-libris, gravé par Charles Demengeot, graveur, dessinateur
et peintre héraldiste, 48 rue de La Tour d’Auvergne [IXe], et tiré en noir ou
en rouge [105 x 78 mm.], avec, dans un encadrement portant en bas le monogramme
« FS », la mention « Bibliothèque de
FRANCISQUE SARCEY » sur un rideau de théâtre cachant une bibliothèque, dont le
dos d’un livre porte le nom de Rabelais, et, au premier plan, deux petits
amours, dont l’un écrit, un encrier et sa plume, des livres, des journaux, un
buste de Voltaire.
"plus de 15000 représentations", ça paraît quand même beaucoup ! 40 ans ça fait 14600 jours ( d'accord je n'ai pas compté les années bissextiles ), j'ai bien lu qu'il allait aussi quelques fois en matinée, mais y avait-il un théâtre à Malo les Bains et allait on à l'époque aussi facilement de Nanterre à Paris pour aller au théâtre tous les jours ?
RépondreSupprimerBref je chipote !
Tout ceci pour faire un commentaire car tous ces articles sont tellement complets que personne ne se hasarde à apporter un complément ou une rectification et c'est bien dommage.
Merci. Bien cordialement
Patrick C.
La réponse est au bas de l'affiche " Rosendaël Dunkerque " de 1885, que je viens d'ajouter... il allait au théâtre plusieurs fois par jour ! ...ce qui lui permettait quelques poses à Nanterre et à Serbonnes ...
SupprimerJe m'incline !
RépondreSupprimerPatrick C.