jeudi 2 février 2017

Urbain Canel (1789-1867), oublié et rare



Urbain-Louis-François Canel est né à Nantes, rue Dauphine [rue Jean-Jacques Rousseau], le 1er janvier 1789, de Louise-Marie-Rose-Thérèse-Augustine Foucher et de Nicolas-Urbain-Charles Canel, négociant. Il fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Nicolas : on y admirait, derrière le grand autel, un superbe vitrail de 1499 qui fut brisé en 1793, lorsque l’église devint un atelier d’armes ; détruite vers 1848, la première pierre de l’église actuelle fut posée le 1er août 1844.

Abandonnée par son mari, Madame Canel et ses trois enfants vinrent s’installer à Paris en 1816. 


Ayant fait de bonnes études, Urbain Canel trouva un emploi de teneur de livres [comptable] chez Madame Nattier, plumassier-fleuriste, 89 rue de Richelieu [IIe].

Depuis longtemps intéressé par la librairie, il finit par demander un brevet de libraire à la résidence de Paris, le 8 septembre 1822.
Sa demande fut appuyée par un certificat attestant son attachement à la famille royale et la régularité de ses mœurs et de sa conduite, et par un certificat attestant sa capacité pour exercer la librairie, signé par les libraires Jacques-Frédéric Lecointe et Étienne Durey, 49 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], Aimé-François-Louis André, 59 quai des Augustins, Pierre-Jacques Heu, 18 rue du Petit-Lion-Saint-Sulpice [partie de la rue Saint-Sulpice, VIe], et Alexandre-Pierre-Victoire Crevot, 11 rue de l’École-de-Médecine [Ve].


Il reçut son brevet le 4 décembre 1822 et s’installa à l’hôtel de Fécamp, 5 rue Hautefeuille [VIe].

Jean-Marie Audin
In J. Barbey d'Aurevilly. Notice sur J.-M. Audin (Paris, L. Maison, 1856, front.) 

Il s’associa alors, pour de nombreuses éditions jusqu’en 1826, avec Jean-Marie-Vincent Audin (1793-1851), breveté le 4 décembre 1815, qui avait ouvert, 25 quai des Augustins, un humble magasin de librairie, dont les cases furent d’abord garnies des livres de sa propre bibliothèque.


Ils commencèrent par éditer l’Histoire de l’administration du royaume d’Italie pendant la domination française (Paris, Audin et Urbain Canel, 1823, in-8), par Frédéric Coraccini [pseudonyme de Giuseppe Valeriani], traduite de l’Italien par Charles-Jean Lafolie, 


et le Guide du voyageur en France (Paris, Urbain Canel et Audin, et Toulon, Bellue, 1823, in-12), par Richard [pseudonyme de J.-M.-V. Audin], imprimés par Alexandre-Joseph-Eugène Guiraudet (1792-1860), 315 rue Saint-Honoré [Ier], vis-à-vis Saint-Roch, breveté le 27 mars 1820.


Puis ce furent les Nouvelles méditations poétiques (Paris, Urbain Canel et Audin, 1823, in-8) et la Lettre de M. Alphonse de Lamartine à M. Casimir Delavigne, qui lui avait envoyé son École des vieillards (Paris, Urbain Canel et Audin, 1824, in-18 et in-8), par Alphonse de Lamartine, imprimées par Thomas-François Rignoux (1781-1865), 8 rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel [partie de la rue Monsieur-le-Prince, VIe], breveté le 14 mars 1820.
Ulfrand Ponthieu, Palais-Royal, galerie de bois [Ier], breveté le 1er décembre 1820, se joignit à eux à la fin de l’année 1823, pour quelques éditions.


En 1824, Canel déménagea 30 place Saint-André-des-Arts [VIe] et publia L’An 1860, ou Pline le jeune, historien de Charles X (Paris, Audin, Urbain Canel et Ponthieu, 1860 [i.e. 1824], in-8), par J.-M.-V. Audin, imprimé par Marie-Jean-Christophe Lebègue, breveté le 1er avril 1811, 8 rue des Noyers [disparue en 1855, Ve] ; avec Jean-Nicolas Barba, breveté le 1er octobre 1812, au Palais-Royal, Fiesque, tragédie en cinq actes et en vers (Paris, Urbain Canel, Audin, Ponthieu et Barba, 1824, in-8), par Jacques-François Ancelot, imprimée par Joseph Tastu (1787-1849), breveté le 12 août 1822, 36 rue de Vaugirard [VIe].

L’année 1825 fut une grande année pour Urbain Canel. Elle commença par l’édition de La Fiancée de Bénarès. Nuits indiennes (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-12), par Philarète Chasles, imprimée par Tastu, et la Suite des chants héroïques et populaires des soldats et matelots grecs (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-8), traduits en vers français par Népomucène-Louis Lemercier, imprimée par Rignoux.

Demi-maroquin à coins de V. Champs
Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 2.200 €

Canel devint l’éditeur des Tablettes romantiques (Paris, Persan et Pelicier, 1823, in-18), qui n’avaient paru qu’une année et qui prirent alors le titre d’Annales romantiques. Recueil de morceaux choisis de littérature contemporaine (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-18) : recueil annuel, rival moderne de l’Almanach des muses, qui fut imprimé par Rignoux en 1825 et 1826 et par Honoré Balzac (1799-1850) en 1828 et qui passa en 1829 chez Louis Janet (1788-1840), 59 rue Saint-Jacques [Ve], perdant alors sa première physionomie.
Canel s’associa avec François-Marie Maurice, breveté le 24 août 1824, 1 rue des Mathurins-Saint-Jacques [rue Du Sommerard, Ve], pour publier Louis-Antoine-François de Marchangy : La Gaule poétique (6 vol. in-8), imprimée par Tastu, et Tristan le voyageur, ou la France au XIVe siècle (6 vol. in-8), dont les deux derniers tomes sont datés de 1826, imprimé par Rignoux.


Le 31 mars 1825, Canel s’associa avec Augustin Delongchamps, breveté le 20 juin 1820, 3 boulevard Bonne-Nouvelle [IIe], pour une édition de Molière en un volume in-octavo. Le 14 avril 1825, il s’engagea à partager avec Honoré Balzac, au 5e étage du 2 rue de Tournon [VIe], qui lui avait été présenté par le journaliste Horace Raisson (1798-1854), les bénéfices de cette édition : en résumé, l’entreprise fut faite pour 2/4 par Delongchamps, pour 1/4 par Canel et pour 1/4 par Balzac ; Balzac et Canel, étant courts d’argent, empruntèrent à un ami du père de Balzac, Jean-Louis-Henri Dassonvillez de Rougemont (° Paris, 1788), demeurant au château de Montglas, à Cerneux [Seine-et-Marne]. 

Simultanément, Canel entreprit avec Balzac, qui demeurait alors momentanément 7 rue de Berry [partie de la rue Charlot, IIIe], mais cette fois sans Delongchamps, une édition de La Fontaine, pour laquelle ils s’associèrent avec Charles Carron, médecin demeurant 17 rue de l’Odéon [VIe], et Jacques-Édouard Benet de Montcarville, officier en réforme demeurant 41 rue Meslay [IIIe].

Pour interpréter sur bois les vignettes d’Achille Devéria (1800-1857) dans les deux ouvrages, Balzac s’adressa au graveur Pierre-François Godard (1797-1864), 16 rue aux Sieurs, à Alençon [Orne], qui lui avait été recommandé par Nicolas-Edme Roret (1797-1860), libraire 10 bis rue Hautefeuille, mais qui fut rapidement remplacé par l’anglais Charles Thompson (1789-1843), introducteur en France de la gravure sur bois de bout.

Oeuvres complètes de Molière (1826)
Reliure de Joseph Thouvenin l'Aîné
Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 22.500 €

Le Molière fut annoncé dans la Bibliographie de la France du 23 avril 1825 [n° 2.123], pour paraître en quatre livraisons. Le La Fontaine fut annoncé dans la Bibliographie de la France du 14 mai 1825 [n° 2.799], pour paraître en huit livraisons : les six premières livraisons furent annoncées avec les noms des éditeurs Urbain Canel et Baudouin frères.
Le 31 décembre 1825, le Molière était terminé : les frères Baudouin, brevetés en 1820, 17 rue de Vaugirard [VIe], derrière l’Odéon, s’étaient joints à Canel et Delongchamps, pour les Œuvres complètes de Molière, ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par Thompson (Paris, Delongchamps, Urbain Canel et Baudouin frères, 1826, in-8), imprimées par Rignoux.
À cette date, la 5e livraison du La Fontaine était encore à paraître. La Société constituée pour le La Fontaine fut dissoute le 1er mai 1826, Canel, Carron et Montcarville cédant à Balzac seul tous les droits de propriété sur le La Fontaine, pour l’indemniser des sommes qu’il avait servies à Canel en vue de l’entreprise : Canel, tombé en déconfiture, était dans l’impossibilité de continuer. La dernière livraison du La Fontaine fut enfin annoncée dans la Bibliographie de la France du 29 juillet 1826 [n° 4.901].
Les Œuvres complètes de La Fontaine, ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par Thompson (Paris, A. Sautelet et Cie ou Baudouin frères, 1826, in-8), imprimées par Rignoux, furent publiées par Auguste Sautelet (1800-1830), breveté le 22 mars 1825, place de la Bourse [IIe], et les frères Baudouin. On lit au verso du faux titre : « H. Balzac, éditeur-propriétaire, rue des Marais-S.-Germain, n° 17 ».

L’insuccès du Molière et du La Fontaine fut complet : on ne vendit pas vingt exemplaires en un an. Depuis, le La Fontaine sur Chine de la vente Brivois [1920, n° 677] a fait 2.100 fr. et le Molière sur Chine de la vente Descamps-Scrive [1925, 2e partie, n° 157] a fait 2.700 fr.

Entre-temps, Wann-Chlore (Paris, Urbain Canel et Delongchamps, 1825, 4 vol. in-12), roman anonyme de Balzac, était paru le 3 septembre 1825.  En octobre 1825, Victor Hugo et Charles Nodier s’étaient rendus à Chamonix, aux frais d’Urbain Canel, qui espérait de cette illustre collaboration un Voyage poétique et pittoresque au Mont-Blanc et à la vallée de Chamouny. L’ouvrage en question n’a jamais été écrit, mais on peut lire, dans la Revue des deux mondes (Paris, Bureau de la Revue, 1831, t. III-IV), le « Fragment d’un voyage aux Alpes (Août 1825) » de Hugo (p. 47-54), ainsi que « Le Mont Saint-Bernard » de Nodier (p. 571-594).

Le catalogue de Canel ne comportait pas que des titres de littérature, mais aussi de nombreux livres pratiques, édités avec Pierre-Adam Charlot, dit « Charles Béchet », breveté le 27 juillet 1824, 57 quai des Augustins : 


Le Vignole des ouvriers, des propriétaires et des artistes, renfermant les ordres d’architecture (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1825, 2 vol. in-12) ; Astronomie enseignée en 22 leçons, ou les Merveilles des cieux (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu, Henri, Roux-Dufort, 1825, in-12), traduit de l’anglais par M. C. [Coulier] ; 


Manuel du manufacturier (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826 [sic], in-12), par Pelouze ; 


L’Art de jouer et de gagner à l’écarté, enseigné en 8 leçons (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826, in-12), par Teyssèdre.

À la fin de l’année 1825, Canel avait déménagé 9 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, entre la rue Jacob et la place Saint-Germain-des-Prés, VIe], au 3e étage : il était le locataire, pour 1.800 francs par an, du libraire Charles Gosselin (1795-1859).


Il avait édité de nouveau Jacques-François Ancelot : Marie de Brabant, poème en six chants (Paris Urbain Canel, Ponthieu, 1825, in-8).


Et Alphonse de Lamartine : Chant du sacre ou la Veille des armes (Paris, Baudouin frères et Urbain Canel, 1825, in-8) ; 


Épitres (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-8) ; 

Frontispice t. I

avec Jules Boquet, 8 rue Vivienne [IIe], et Charles Gosselin, les Œuvres d’Alphonse de Lamartine (Paris, Jules Boquet, Ch. Gosselin et Urb. Canel, 1826, 2 vol. in-8).
Etait apparu un nouvel associé pour certaines publications : Ambroise Dupont, breveté le 1er février 1825, 37 quai des Augustins, qui travailla en 1825 et 1826 en association avec Jean-Pierre Roret, sans brevet, commissionnaire en librairie, sans lien de parenté avec Nicolas-Edme Roret : 


Le Couronnement d’un roi, essai allégorique en un acte et en prose (Paris, Urbain Canel, Dupont et Roret, Henri Jannin, 1825, in-8), par Louis-Jérôme Gohier ; 


Le Classique et le Romantique, dialogue (Paris, Urbain Canel , Ambroise Dupont et Roret, 1825, in-8), par P.-M.-L. Baour-Lormian ; 


Les Épreuves de Marguerite Lindsay (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1825, 4 vol. in-12), roman traduit de l’anglais d’Allan Cuningham par Mme la comtesse M*** [Molé] ; Encore un mot, seconde satire (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, in-8), par Baour-Lormian ; 


Collection de résumés géographiques, ou Bibliothèque portative de géographie physique, historique et politique, ancienne et moderne (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, 8 vol. in-18), sous la direction du colonel Bory de Saint-Vincent ; 


Nouveaux essais poétiques (Paris, Urbain Canel, Ambroise Dupont et Roret, 1826, in-18), par Delphine Gay [future épouse du publiciste Émile de Girardin].
Il avait édité aussi Alfred de Vigny : Poèmes antiques et modernes (Paris, Urbain Canel, 1826, in-8) ; 

Librairie Camille Sourget, catalogue n° 9 : 9.500 €

Cinq-Mars, ou une Conjuration sous Louis XIII (Paris, Urbain Canel, 1826, 2 vol. in-8). Et Jean-Gabriel Cappot de Feuillide : Vendéennes et chants hellènes (Paris, Urbain Canel, 1826, in-16) ; Le Jubilé, ode (Paris, Urbain Canel, 1826, in-8) ; avec Thomas Potey, brevet du 1er octobre 1812 renouvelé le 6 janvier 1820, 46 rue du Bac [VIIe], La Mort du duc Mathieu de Montmorency, chant élégiaque (Paris, Urbain Canel et Potey, 1826, in-8). Et encore deux tragédies en cinq actes de Népomucène-Louis Lemercier : Les Martyrs de Souli ou l’Épire moderne (Paris, Urbain Canel, 1825, in-8) et Camille ou le Capitole sauvé (Paris, Urbain Canel et Barba, 1826, in-8).   

Frontispice

Il avait publié Victor Hugo : Bug-Jargal, par l’auteur de Han d’Islande (Paris, Urbain Canel, 1826, in-12), imprimé par Alexandre Lachevardière (1795-1855), dit « Lachevardière fils », breveté le 9 décembre 1823, 30 rue du Colombier [partie orientale de la rue Jacob, VIe].


À partir de 1826, il utilisa parfois une marque portant son chiffre « UC » et la devise du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, « IE LAY EMPRINS. » [Je l’ai osé] : Bonaparte et les Grecs (Paris, Urbain Canel, 1826, in-8), par Louise Swanton-Belloc.

Honnête homme, dont la clairvoyance lui faisait dire « Sans emphase, sans charlatanisme, rien ne se vend », Urbain Canel fut suffisamment maladroit en affaires pour devoir déclarer sa faillite le 13 juillet 1826. Le règlement de la faillite intervint au mois de mars de l’année suivante, mais dès le mois de mai, Canel publia de nouveau : Armance, ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827 (Paris, Urbain Canel, 1827, 3 vol. in-12), anonyme par Stendhal ; L’Art de donner à dîner […] ; enseigné en douze leçons (Paris, Urbain Canel, 1828, in-18), « par un ancien maître d’hôtel du président de la Diète de Hongrie, ex-chef d’office de la princesse Charlotte » [Émile-Marc Hilaire] ; 


Tableaux poétiques (Paris, Urbain Canel, 1828, in-8), par le comte Jules de Rességuier.

Le 20 août 1828, en l’église Saint-Germain-des-Prés [VIe], Urbain Canel épousa Marie-Louise-Anna Roch, née à Lainville [Lainville-en-Vexin, Yvelines], le 5 thermidor An XII [24 juillet 1804], fille de Françoise-Rosalie d’Ausbourg et de François Roch, « vivant de son bien ».


Canel dut déménager 3 rue des Fossés-Montmartre [partie de la rue d’Aboukir, IIe, entre la place des Victoires et la rue Montmartre], partie de l’ancien hôtel de Rambouillet de La Sablière ou hôtel de Clairambault : 


Études françaises et étrangères (Paris, Urbain Canel, 1828, in-8), par Émile Deschamps ; Le Dernier Chouan ou la Bretagne en 1800 (Paris, Urbain Canel, 1829, 4 vol. in-12), par Honoré Balzac, imprimé par Tastu.

Pour la quatrième fois, Canel déménagea en 1829, 16 rue Jean-Jacques Rousseau [Ier].
Il s’associa avec Alphonse-Théodore-Hortensius Levavasseur, breveté le 26 mars 1829, au Palais-Royal, qui avait acheté en 1828 une partie du fonds de Ponthieu, pour éditer :  Poèmes par M. le comte Alfred de Vigny, auteur de Cinq-Mars ou une Conjuration sous Louis XIII (Paris, Charles Gosselin, Levavasseur, 1829, in-8) ; 


La Divine Comédie de Dante Alighieri, traduite en vers français par M. Antoni Deschamps (Paris, Charles Gosselin, Urbain Canel, Levavasseur, 1829, in-8) ; 


Fragoletta. Naples et Paris en 1799 (Paris, Levavasseur, Urbain Canel, 1829, 2 vol. in-8), anonyme par Henri de Latouche ; 


Contes d’Espagne et d’Italie par M. Alfred de Musset (Paris, A. Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8) ; 

Reliure Semet et Plumelle
Librairie Koegui : 770 €

Le More de Venise, Othello (Paris, Levavasseur, Urbain Canel, 1830, in-8), tragédie traduite de Shakspeare en vers français, par le comte Alfred de Vigny ; Physiologie du mariage, ou Méditations de philosophie éclectique, sur le bonheur et le malheur conjugal (Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, 2 vol. in-8), par un jeune célibataire [Balzac] ; 


Les Sociétés secrètes de France et d’Italie (Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8), par Jean Witt ; 

Envoi de l'auteur à Alexandre Dumas
Librairie Camille Sourget : 19.500 €

Les Consolations, poésies (Paris, Urbain Canel et Levavasseur, 1830, in-16), anonyme par Sainte-Beuve.


Pour éditer un ouvrage du célèbre Docteur Prosper Ménière (1799-1862), qui a donné son nom à une maladie de l’oreille interne et qui avait été le témoin de son mariage, Canel s’associa avec Chrétien-Victor-Gustave-Charles Heideloff (1800-1879), 1 quai Malaquais [VIe], qui avait acheté en 1828 une partie du fonds de Ponthieu : L’Hôtel-Dieu de Paris en juillet et août 1830 (Paris, Charles Heideloff et Urbain Canel, 1830, in-8).

Canel édita les grands noms de la littérature française et beaucoup d’écrivains célèbres, mais qui se vendirent mal. Le Corsaire, journal des spectacles, de la littérature, des arts, mœurs et modes, s’en fit l’écho, à sa manière, le 21 juin 1830 :

« Pauvre libraire romantique
Quoi, tes livres mignons, imprimés avec soin
Presqu’au sortir de ta boutique
Sont roulés en cornet chez le marchand du coin !
Je les plains, c’est mourir d’un trépas monotone
Mais je trouve pourtant leur destin naturel
Il ne faut pas que l’on s’étonne
De voir chez l’épicier des livres de Canel. »

Pour la dernière fois, Canel déménagea sa librairie en 1831, 104 rue du Bac [VIIe]. Il publia d’abord La Peau de chagrin, roman philosophique (Paris, Charles Gosselin, Urbain Canel, 1831, 2 vol. in-8), par M. de Balzac, imprimé par Claude-Jacques Cosson (1789-1866), breveté le 27 juillet 1818, 9 rue Saint-Germain-des-Prés.
Puis il s’associa avec Adolphe Guyot, 18 place du Louvre [Ier] : 

Librairie Eric Grangeon : 1.000 €

Iambes (Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-8) par Auguste Barbier ; 


Le Saphir. Morceaux inédits de littérature moderne (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832, in-18) ; L’Émeraude, morceaux choisis de littérature moderne (Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-18) ; 


Contes bruns. Par une [tête à l’envers : vignette de Tony Johannot, gravée par Thompson] (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832, in-8), imprimés par Adolphe-Auguste Éverat, breveté le 1er août 1832, 16 rue du Cadran [rue Léopold Bellan, IIe] ; La Coucaratcha (Paris, Canel, Guyot, 1832, 2 vol. in-8), par E. Sue ; 


L’Élysée-Bourbon (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1832, in-18), anonyme par Jules Janin ; Heures du soir. Livre des femmes (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1833, 4 vol. in-8) ; 


Le Livre rose, récits et causeries de jeunes femmes (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1834, 4 vol. in- 8) ; Étude sur Mirabeau (Paris, Adolphe Guyot et Urbain Canel, 1834, in-8), par Victor Hugo ; Cécile, par Eugène Sue (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1834, in-12).

Ces volumes, élégants et imprimés sur papier vélin, coûtaient cher et se vendaient mal. Adolphe Guyot fit faillite le 8 novembre 1834 et fut détenu pour dettes à la nouvelle Maison d’arrêt, 70 rue de Clichy [IXe, fermée en 1867 et démolie en 1872] :

« Une visite de quelques heures à la Prison pour Dettes, suffit pour convaincre l’esprit le plus rebelle de l’inutilité de la contrainte par corps. Elle n’atteint jamais le débiteur solvable, et dès-lors, de mauvaise foi quand il ne paie pas. Elle ne frappe que le malheur ; elle ne sert qu’à grossir la liste des frais ; elle augmente le montant de la dette, et elle enlève les seules ressources qui puissent la payer, le travail, la confiance et l’industrie. »
(Jules Mayret. « La Nouvelle Prison pour dettes. » In Paris, ou le Livre des cent-et-un. Paris, Ladvocat, 1834, t. XV, p. 363)

Urbain Canel, ruiné, dut quitter la librairie. Il redevint teneur de livres dans une grande maison de commerce. Après avoir sollicité en vain une place de lecteur pour le colportage auprès de la Direction de la Librairie, l’ami de Balzac et de George Sand mourut le 17 décembre 1867, en son domicile parisien, 20 rue du Cirque [VIIIe]. Sa veuve se retira dans sa famille maternelle, à Lainville, où elle mourut le 28 juin 1888.











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