Urbain-Louis-François Canel est
né à Nantes, rue Dauphine [rue Jean-Jacques Rousseau], le 1er
janvier 1789, de Louise-Marie-Rose-Thérèse-Augustine Foucher et de Nicolas-Urbain-Charles
Canel, négociant. Il fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Nicolas :
on y admirait, derrière le grand autel, un superbe vitrail de 1499 qui fut
brisé en 1793, lorsque l’église devint un atelier d’armes ; détruite vers
1848, la première pierre de l’église actuelle fut posée le 1er août
1844.
Abandonnée par son mari, Madame
Canel et ses trois enfants vinrent s’installer à Paris en 1816.
Ayant fait de
bonnes études, Urbain Canel trouva un emploi de teneur de livres [comptable]
chez Madame Nattier, plumassier-fleuriste, 89 rue de Richelieu [IIe].
Depuis longtemps intéressé par la
librairie, il finit par demander un brevet de libraire à la résidence de Paris,
le 8 septembre 1822.
Sa demande fut appuyée par un
certificat attestant son attachement à la famille royale et la régularité de
ses mœurs et de sa conduite, et par un certificat attestant sa capacité pour
exercer la librairie, signé par les libraires Jacques-Frédéric Lecointe et Étienne
Durey, 49 quai des Augustins [quai des Grands Augustins, VIe], Aimé-François-Louis
André, 59 quai des Augustins, Pierre-Jacques Heu, 18 rue du
Petit-Lion-Saint-Sulpice [partie de la rue Saint-Sulpice, VIe], et Alexandre-Pierre-Victoire
Crevot, 11 rue de l’École-de-Médecine [Ve].
Il reçut son brevet le 4 décembre
1822 et s’installa à l’hôtel de Fécamp, 5 rue Hautefeuille [VIe].
Jean-Marie Audin In J. Barbey d'Aurevilly. Notice sur J.-M. Audin (Paris, L. Maison, 1856, front.) |
Il s’associa alors, pour de nombreuses
éditions jusqu’en 1826, avec Jean-Marie-Vincent Audin (1793-1851), breveté le 4
décembre 1815, qui avait ouvert, 25 quai des Augustins, un humble magasin de
librairie, dont les cases furent d’abord garnies des livres de sa propre
bibliothèque.
Ils commencèrent par éditer l’Histoire de l’administration du royaume
d’Italie pendant la domination française (Paris, Audin et Urbain Canel,
1823, in-8), par Frédéric Coraccini [pseudonyme de Giuseppe Valeriani],
traduite de l’Italien par Charles-Jean Lafolie,
et le Guide du voyageur en France (Paris, Urbain Canel et Audin, et
Toulon, Bellue, 1823, in-12), par Richard [pseudonyme de J.-M.-V. Audin],
imprimés par Alexandre-Joseph-Eugène Guiraudet (1792-1860), 315 rue Saint-Honoré
[Ier], vis-à-vis Saint-Roch, breveté le 27 mars 1820.
Puis ce furent les Nouvelles méditations poétiques (Paris,
Urbain Canel et Audin, 1823, in-8) et la Lettre
de M. Alphonse de Lamartine à M. Casimir Delavigne, qui lui avait envoyé son École des vieillards (Paris, Urbain Canel
et Audin, 1824, in-18 et in-8), par Alphonse de Lamartine, imprimées par
Thomas-François Rignoux (1781-1865), 8 rue des Francs-Bourgeois-S.-Michel
[partie de la rue Monsieur-le-Prince, VIe], breveté le 14 mars 1820.
Ulfrand Ponthieu, Palais-Royal,
galerie de bois [Ier], breveté le 1er décembre 1820, se
joignit à eux à la fin de l’année 1823, pour quelques éditions.
En 1824, Canel déménagea 30 place
Saint-André-des-Arts [VIe] et publia L’An 1860, ou Pline le jeune,
historien de Charles X (Paris, Audin,
Urbain Canel et Ponthieu, 1860 [i.e. 1824], in-8), par J.-M.-V. Audin, imprimé
par Marie-Jean-Christophe Lebègue, breveté le 1er avril 1811, 8 rue
des Noyers [disparue en 1855, Ve] ; avec Jean-Nicolas Barba,
breveté le 1er octobre 1812, au Palais-Royal, Fiesque, tragédie en cinq
actes et en vers (Paris, Urbain Canel, Audin, Ponthieu et Barba, 1824, in-8),
par Jacques-François Ancelot, imprimée par Joseph Tastu (1787-1849), breveté le
12 août 1822, 36 rue de Vaugirard [VIe].
L’année 1825 fut une grande année
pour Urbain Canel. Elle commença par l’édition de La Fiancée de Bénarès. Nuits indiennes (Paris, Urbain Canel et
Audin, 1825, in-12), par Philarète Chasles, imprimée par Tastu, et la Suite des chants héroïques et populaires des
soldats et matelots grecs (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-8),
traduits en vers français par Népomucène-Louis Lemercier, imprimée par Rignoux.
Demi-maroquin à coins de V. Champs Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 2.200 € |
Canel devint l’éditeur des Tablettes romantiques (Paris, Persan et
Pelicier, 1823, in-18), qui n’avaient paru qu’une année et qui prirent alors le
titre d’Annales romantiques. Recueil de morceaux choisis de littérature
contemporaine (Paris, Urbain Canel et Audin, 1825, in-18) : recueil annuel,
rival moderne de l’Almanach des muses,
qui fut imprimé par Rignoux en 1825 et 1826 et par Honoré Balzac (1799-1850) en
1828 et qui passa en 1829 chez Louis Janet (1788-1840), 59 rue Saint-Jacques [Ve],
perdant alors sa première physionomie.
Canel s’associa avec
François-Marie Maurice, breveté le 24 août 1824, 1 rue des Mathurins-Saint-Jacques
[rue Du Sommerard, Ve], pour publier Louis-Antoine-François de
Marchangy : La Gaule poétique (6 vol.
in-8), imprimée par Tastu, et Tristan le
voyageur, ou la France au XIVe
siècle (6 vol. in-8), dont les deux derniers tomes sont datés de 1826,
imprimé par Rignoux.
Le 31 mars 1825, Canel s’associa
avec Augustin Delongchamps, breveté le 20 juin 1820, 3 boulevard Bonne-Nouvelle
[IIe], pour une édition de Molière en un volume in-octavo. Le 14
avril 1825, il s’engagea à partager avec Honoré Balzac, au 5e étage
du 2 rue de Tournon [VIe], qui lui avait été présenté par le
journaliste Horace Raisson (1798-1854), les bénéfices de cette édition : en
résumé, l’entreprise fut faite pour 2/4 par Delongchamps, pour 1/4 par Canel et
pour 1/4 par Balzac ; Balzac et Canel, étant courts d’argent, empruntèrent
à un ami du père de Balzac, Jean-Louis-Henri Dassonvillez de Rougemont (°
Paris, 1788), demeurant au château de Montglas, à Cerneux [Seine-et-Marne].
Simultanément, Canel entreprit
avec Balzac, qui demeurait alors momentanément 7 rue de Berry [partie de la rue
Charlot, IIIe], mais cette fois sans Delongchamps, une édition de La
Fontaine, pour laquelle ils s’associèrent avec Charles Carron, médecin
demeurant 17 rue de l’Odéon [VIe], et Jacques-Édouard Benet de
Montcarville, officier en réforme demeurant 41 rue Meslay [IIIe].
Pour interpréter sur bois les
vignettes d’Achille Devéria (1800-1857) dans les deux ouvrages, Balzac
s’adressa au graveur Pierre-François Godard (1797-1864), 16 rue aux Sieurs, à
Alençon [Orne], qui lui avait été recommandé par Nicolas-Edme Roret
(1797-1860), libraire 10 bis rue Hautefeuille, mais qui fut rapidement remplacé
par l’anglais Charles Thompson (1789-1843), introducteur en France de la
gravure sur bois de bout.
Oeuvres complètes de Molière (1826) Reliure de Joseph Thouvenin l'Aîné Paris, Drouot, 12 juin 2015 : 22.500 € |
Le Molière fut annoncé dans la Bibliographie de la France du 23 avril
1825 [n° 2.123], pour paraître en quatre livraisons. Le La Fontaine fut annoncé
dans la Bibliographie de la France du
14 mai 1825 [n° 2.799], pour paraître en huit livraisons : les six
premières livraisons furent annoncées avec les noms des éditeurs Urbain Canel
et Baudouin frères.
Le 31 décembre 1825, le Molière
était terminé : les frères Baudouin, brevetés en 1820, 17 rue de Vaugirard
[VIe], derrière l’Odéon, s’étaient joints à Canel et Delongchamps,
pour les Œuvres complètes de Molière,
ornées de trente vignettes dessinées par
Devéria et gravées par Thompson (Paris, Delongchamps, Urbain Canel et
Baudouin frères, 1826, in-8), imprimées par Rignoux.
À cette date, la 5e
livraison du La Fontaine était encore à paraître. La Société constituée pour le
La Fontaine fut dissoute le 1er mai 1826, Canel, Carron et Montcarville
cédant à Balzac seul tous les droits de propriété sur le La Fontaine, pour
l’indemniser des sommes qu’il avait servies à Canel en vue de l’entreprise :
Canel, tombé en déconfiture, était dans l’impossibilité de continuer. La
dernière livraison du La Fontaine fut enfin annoncée dans la Bibliographie de la France du 29 juillet
1826 [n° 4.901].
Les Œuvres complètes de La Fontaine, ornées de trente vignettes dessinées par Devéria et gravées par
Thompson (Paris, A. Sautelet et Cie ou Baudouin frères, 1826, in-8),
imprimées par Rignoux, furent publiées par Auguste Sautelet (1800-1830),
breveté le 22 mars 1825, place de la Bourse [IIe], et les frères
Baudouin. On lit au verso du faux titre : « H. Balzac,
éditeur-propriétaire, rue des Marais-S.-Germain, n° 17 ».
L’insuccès du Molière et du La
Fontaine fut complet : on ne vendit pas vingt exemplaires en un an.
Depuis, le La Fontaine sur Chine de la vente Brivois [1920, n° 677] a fait
2.100 fr. et le Molière sur Chine de la vente Descamps-Scrive [1925, 2e
partie, n° 157] a fait 2.700 fr.
Entre-temps, Wann-Chlore (Paris, Urbain Canel et Delongchamps, 1825, 4 vol.
in-12), roman anonyme de Balzac, était paru le 3 septembre 1825. En octobre 1825, Victor Hugo et Charles
Nodier s’étaient rendus à Chamonix, aux frais d’Urbain Canel, qui espérait de
cette illustre collaboration un Voyage
poétique et pittoresque au Mont-Blanc et à la vallée de Chamouny. L’ouvrage
en question n’a jamais été écrit, mais on peut lire, dans la Revue des deux mondes (Paris, Bureau de
la Revue, 1831, t. III-IV), le « Fragment d’un voyage aux Alpes (Août 1825) »
de Hugo (p. 47-54), ainsi que « Le Mont Saint-Bernard » de Nodier (p. 571-594).
Le catalogue de Canel ne
comportait pas que des titres de littérature, mais aussi de nombreux livres
pratiques, édités avec Pierre-Adam Charlot, dit « Charles Béchet », breveté le
27 juillet 1824, 57 quai des Augustins :
Le
Vignole des ouvriers, des
propriétaires et des artistes, renfermant
les ordres d’architecture (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles
Béchet, 1825, 2 vol. in-12) ; Astronomie
enseignée en 22 leçons, ou les
Merveilles des cieux (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu, Henri,
Roux-Dufort, 1825, in-12), traduit de l’anglais par M. C. [Coulier] ;
Manuel du manufacturier (Paris, Audin,
Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826 [sic], in-12), par
Pelouze ;
L’Art de jouer et de
gagner à l’écarté, enseigné en 8
leçons (Paris, Audin, Urbain Canel, Ponthieu et Charles Béchet, 1826,
in-12), par Teyssèdre.
À la fin de l’année 1825, Canel avait
déménagé 9 rue Saint-Germain-des-Prés [partie de la rue Bonaparte, entre la rue
Jacob et la place Saint-Germain-des-Prés, VIe], au 3e étage :
il était le locataire, pour 1.800 francs par an, du libraire Charles Gosselin (1795-1859).
Il avait édité de nouveau Jacques-François
Ancelot : Marie de Brabant, poème en six chants (Paris Urbain Canel,
Ponthieu, 1825, in-8).
Et Alphonse de Lamartine : Chant du sacre ou la Veille des armes
(Paris, Baudouin frères et Urbain Canel, 1825, in-8) ;
Épitres (Paris, Urbain Canel et Audin,
1825, in-8) ;
Frontispice t. I |
avec Jules Boquet, 8 rue Vivienne [IIe], et
Charles Gosselin, les Œuvres d’Alphonse
de Lamartine (Paris, Jules Boquet, Ch. Gosselin et Urb. Canel, 1826, 2 vol.
in-8).
Etait apparu un nouvel associé
pour certaines publications : Ambroise Dupont, breveté le 1er
février 1825, 37 quai des Augustins, qui travailla en 1825 et 1826 en
association avec Jean-Pierre Roret, sans brevet, commissionnaire en librairie,
sans lien de parenté avec Nicolas-Edme Roret :
Le Couronnement d’un roi, essai
allégorique en un acte et en prose (Paris, Urbain Canel, Dupont et Roret,
Henri Jannin, 1825, in-8), par Louis-Jérôme Gohier ;
Le Classique et le Romantique, dialogue
(Paris, Urbain Canel , Ambroise Dupont et Roret, 1825, in-8), par P.-M.-L.
Baour-Lormian ;
Les Épreuves de
Marguerite Lindsay (Paris, Ambroise Dupont et Roret, Urbain Canel, 1825, 4 vol.
in-12), roman traduit de l’anglais d’Allan Cuningham par Mme la
comtesse M*** [Molé] ; Encore un mot,
seconde satire (Paris, Ambroise
Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, in-8), par Baour-Lormian ;
Collection de résumés géographiques, ou Bibliothèque portative de géographie
physique, historique et politique,
ancienne et moderne (Paris, Ambroise
Dupont et Roret, Urbain Canel, 1826, 8 vol. in-18), sous la direction du
colonel Bory de Saint-Vincent ;
Nouveaux
essais poétiques (Paris, Urbain Canel, Ambroise Dupont et Roret, 1826,
in-18), par Delphine Gay [future épouse du publiciste Émile de Girardin].
Il avait édité aussi Alfred de
Vigny : Poèmes antiques et modernes
(Paris, Urbain Canel, 1826, in-8) ;
Librairie Camille Sourget, catalogue n° 9 : 9.500 € |
Cinq-Mars,
ou une Conjuration sous Louis XIII
(Paris, Urbain Canel, 1826, 2 vol. in-8). Et Jean-Gabriel Cappot de
Feuillide : Vendéennes et chants
hellènes (Paris, Urbain Canel, 1826, in-16) ; Le Jubilé, ode (Paris,
Urbain Canel, 1826, in-8) ; avec Thomas Potey, brevet du 1er
octobre 1812 renouvelé le 6 janvier 1820, 46 rue du Bac [VIIe], La Mort du duc Mathieu de Montmorency, chant élégiaque (Paris, Urbain Canel et
Potey, 1826, in-8). Et encore deux tragédies en cinq actes de Népomucène-Louis
Lemercier : Les Martyrs de Souli ou
l’Épire moderne (Paris, Urbain Canel, 1825, in-8) et Camille ou le Capitole sauvé (Paris, Urbain Canel et Barba, 1826,
in-8).
Frontispice |
Il avait publié Victor
Hugo : Bug-Jargal, par l’auteur de Han d’Islande (Paris,
Urbain Canel, 1826, in-12), imprimé par Alexandre Lachevardière (1795-1855),
dit « Lachevardière fils », breveté le 9 décembre 1823, 30 rue du
Colombier [partie orientale de la rue Jacob, VIe].
À partir de 1826, il utilisa
parfois une marque portant son chiffre « UC » et la devise du duc de
Bourgogne, Charles le Téméraire, « IE LAY EMPRINS. » [Je l’ai
osé] : Bonaparte et les Grecs
(Paris, Urbain Canel, 1826, in-8), par Louise Swanton-Belloc.
Honnête homme, dont la
clairvoyance lui faisait dire « Sans emphase, sans charlatanisme, rien ne se
vend », Urbain Canel fut suffisamment maladroit en affaires pour devoir déclarer
sa faillite le 13 juillet 1826. Le règlement de la faillite intervint au mois
de mars de l’année suivante, mais dès le mois de mai, Canel publia de nouveau :
Armance, ou quelques scènes d’un salon de Paris en 1827 (Paris, Urbain
Canel, 1827, 3 vol. in-12), anonyme par Stendhal ; L’Art de donner à dîner […] ; enseigné en douze leçons (Paris, Urbain Canel, 1828, in-18), « par
un ancien maître d’hôtel du président de la Diète de Hongrie, ex-chef d’office
de la princesse Charlotte » [Émile-Marc Hilaire] ;
Tableaux poétiques (Paris, Urbain Canel,
1828, in-8), par le comte Jules de Rességuier.
Le 20 août 1828, en l’église
Saint-Germain-des-Prés [VIe], Urbain Canel épousa Marie-Louise-Anna
Roch, née à Lainville [Lainville-en-Vexin, Yvelines], le 5 thermidor An XII [24
juillet 1804], fille de Françoise-Rosalie d’Ausbourg et de François Roch,
« vivant de son bien ».
Canel dut déménager 3 rue des
Fossés-Montmartre [partie de la rue d’Aboukir, IIe, entre la place
des Victoires et la rue Montmartre], partie de l’ancien hôtel de Rambouillet de
La Sablière ou hôtel de Clairambault :
Études
françaises et étrangères (Paris, Urbain Canel, 1828, in-8), par Émile
Deschamps ; Le Dernier Chouan ou la Bretagne en 1800 (Paris, Urbain
Canel, 1829, 4 vol. in-12), par Honoré Balzac, imprimé par Tastu.
Pour la quatrième fois, Canel déménagea
en 1829, 16 rue Jean-Jacques Rousseau [Ier].
Il s’associa avec Alphonse-Théodore-Hortensius
Levavasseur, breveté le 26 mars 1829, au Palais-Royal, qui avait acheté en 1828
une partie du fonds de Ponthieu, pour éditer : Poèmes
par M. le comte Alfred de Vigny, auteur
de Cinq-Mars ou une Conjuration sous Louis XIII (Paris, Charles Gosselin,
Levavasseur, 1829, in-8) ;
La Divine
Comédie de Dante Alighieri, traduite
en vers français par M. Antoni Deschamps (Paris, Charles Gosselin, Urbain
Canel, Levavasseur, 1829, in-8) ;
Fragoletta.
Naples et Paris en 1799 (Paris, Levavasseur, Urbain Canel, 1829, 2 vol. in-8),
anonyme par Henri de Latouche ;
Contes
d’Espagne et d’Italie par M. Alfred de Musset (Paris, A. Levavasseur et
Urbain Canel, 1830, in-8) ;
Reliure Semet et Plumelle Librairie Koegui : 770 € |
Le More
de Venise, Othello (Paris,
Levavasseur, Urbain Canel, 1830, in-8), tragédie traduite de Shakspeare en vers
français, par le comte Alfred de Vigny ; Physiologie du mariage, ou
Méditations de philosophie éclectique, sur
le bonheur et le malheur conjugal (Paris, Levavasseur et Urbain Canel,
1830, 2 vol. in-8), par un jeune célibataire [Balzac] ;
Les Sociétés secrètes de France et d’Italie
(Paris, Levavasseur et Urbain Canel, 1830, in-8), par Jean Witt ;
Envoi de l'auteur à Alexandre Dumas Librairie Camille Sourget : 19.500 € |
Les Consolations, poésies (Paris, Urbain Canel et Levavasseur, 1830, in-16), anonyme
par Sainte-Beuve.
Pour éditer un ouvrage du célèbre
Docteur Prosper Ménière (1799-1862), qui a donné son nom à une maladie de
l’oreille interne et qui avait été le témoin de son mariage, Canel s’associa
avec Chrétien-Victor-Gustave-Charles Heideloff (1800-1879), 1 quai Malaquais
[VIe], qui avait acheté en 1828 une partie du fonds de Ponthieu :
L’Hôtel-Dieu de Paris en juillet et août
1830 (Paris, Charles Heideloff et Urbain Canel, 1830, in-8).
Canel édita les grands noms de la
littérature française et beaucoup d’écrivains célèbres, mais qui se vendirent
mal. Le Corsaire, journal des
spectacles, de la littérature, des arts, mœurs et modes, s’en fit l’écho, à sa
manière, le 21 juin 1830 :
« Pauvre
libraire romantique
Quoi, tes livres
mignons, imprimés avec soin
Presqu’au sortir de
ta boutique
Sont roulés en cornet
chez le marchand du coin !
Je les plains, c’est
mourir d’un trépas monotone
Mais je trouve
pourtant leur destin naturel
Il ne faut pas que
l’on s’étonne
De voir chez
l’épicier des livres de Canel. »
Pour la dernière fois, Canel
déménagea sa librairie en 1831, 104 rue du Bac [VIIe]. Il publia
d’abord La Peau de chagrin, roman philosophique (Paris, Charles
Gosselin, Urbain Canel, 1831, 2 vol. in-8), par M. de Balzac, imprimé par
Claude-Jacques Cosson (1789-1866), breveté le 27 juillet 1818, 9 rue
Saint-Germain-des-Prés.
Puis il s’associa avec Adolphe
Guyot, 18 place du Louvre [Ier] :
Librairie Eric Grangeon : 1.000 € |
Iambes (Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-8) par Auguste
Barbier ;
Le Saphir. Morceaux
inédits de littérature moderne (Paris, Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832,
in-18) ; L’Émeraude, morceaux choisis de littérature moderne
(Paris, Urbain Canel et Ad. Guyot, 1832, in-18) ;
Contes bruns. Par une
[tête à l’envers : vignette de Tony Johannot, gravée par Thompson] (Paris,
Urbain Canel et Adolphe Guyot, 1832, in-8), imprimés par Adolphe-Auguste
Éverat, breveté le 1er août 1832, 16 rue du Cadran [rue Léopold
Bellan, IIe] ; La Coucaratcha
(Paris, Canel, Guyot, 1832, 2 vol. in-8), par E. Sue ;
L’Élysée-Bourbon (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1832, in-18),
anonyme par Jules Janin ; Heures du
soir. Livre des femmes (Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1833, 4 vol.
in-8) ;
Le Livre rose, récits et causeries de jeunes femmes
(Paris, Urbain Canel, Adolphe Guyot, 1834, 4 vol. in- 8) ; Étude sur Mirabeau (Paris, Adolphe Guyot et Urbain Canel, 1834,
in-8), par Victor Hugo ; Cécile,
par Eugène Sue (Paris, Urbain Canel
et Adolphe Guyot, 1834, in-12).
Ces volumes, élégants et imprimés
sur papier vélin, coûtaient cher et se vendaient mal. Adolphe Guyot fit
faillite le 8 novembre 1834 et fut détenu pour dettes à la nouvelle Maison
d’arrêt, 70 rue de Clichy [IXe, fermée en 1867 et démolie en 1872] :
« Une visite de quelques
heures à la Prison pour Dettes, suffit pour convaincre l’esprit le plus rebelle
de l’inutilité de la contrainte par corps. Elle n’atteint jamais le débiteur
solvable, et dès-lors, de mauvaise foi quand il ne paie pas. Elle ne frappe que
le malheur ; elle ne sert qu’à grossir la liste des frais ; elle
augmente le montant de la dette, et elle enlève les seules ressources qui
puissent la payer, le travail, la confiance et l’industrie. »
(Jules Mayret. « La Nouvelle
Prison pour dettes. » In Paris, ou le Livre des cent-et-un. Paris,
Ladvocat, 1834, t. XV, p. 363)
Urbain Canel, ruiné, dut quitter
la librairie. Il redevint teneur de livres dans une grande maison de commerce.
Après avoir sollicité en vain une place de lecteur pour le colportage auprès de
la Direction de la Librairie, l’ami de Balzac et de George Sand mourut le 17 décembre
1867, en son domicile parisien, 20 rue du Cirque [VIIIe]. Sa veuve
se retira dans sa famille maternelle, à Lainville, où elle mourut le 28 juin
1888.
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