« De tous les grands
écrivains français, Octave Mirbeau est certainement l’un de ceux qui ont été,
et sont encore aujourd’hui, le plus méconnus, tant par l’université française
que par le grand public. Après avoir, de son vivant, joué un rôle éminent dans
l’histoire de la presse, de la littérature, du théâtre et des beaux-arts, ainsi
que dans les luttes politiques et sociales de la Belle époque, après avoir
suscité l’admiration et la reconnaissance des cœurs artistes et des assoiffés
de justice, il a sombré, après sa mort, en février 1917, sinon dans l’oubli –
car il a toujours conservé ses fidèles, et plusieurs de ses œuvres n’ont pas
cessé d’être rééditées -, du moins dans une espèce d’injuste purgatoire, d’où
il commence seulement à émerger. »
(Pierre Michel. Les Combats
d’Octave Mirbeau. Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 13)
Trévières : maison natale d'Octave Mirbeau, à gauche ; étude notariale à droite |
D’une famille originaire de
Rémalard [Orne], installée à Moutiers-au-Perche [Orne] pendant le XVIIIe siècle
et revenue à Rémalard en 1815, Octave-Marie-Henry Mirbeau est né le 16 février
1848, à Trévières [Calvados, 10 rue Octave Mirbeau], dans la maison de ses
grands-parents maternels décédés, Marc-Antoine-Pierre Dubosq (1788-1841),
notaire, et Anne-Marie-Madeleine Le Barilier (1800-1844).
Son grand-père paternel, Louis-Amable Mirbeau, né le 31 mars 1773 à
Moutiers-au-Perche, avait épousé, en premières noces, le 12 vendémiaire An V [3
octobre 1796], à Moulicent [Orne], Eulalie-Félicité Pattu, née le 30 juin 1775,
à Châteauneuf-en-Thymerais [Eure-et-Loir], qui lui avait donné quatre enfants, tous
nés à Moutiers-au-Perche, avant de mourir le 4 frimaire An XII [26 novembre
1803] : Émilienne-Hélène, le 1er fructidor An V [18 août
1797] ; Elphège-Élie, le 3e jour complémentaire de l’An VII [19
septembre 1799] ; Athalie-Félicité, le 30 vendémiaire An X [22 octobre
1801] ; Louis-Joseph, le 22 brumaire An XII [14 novembre 1803].
En secondes noces, le 12 janvier
1807, à Moutiers-au-Perche, Louis-Amable Mirbeau avait épousé Louise-Marie-Catherine-Adélaïde
Charpentier, née à Moutiers-au-Perche, le 24 novembre 1785, qui avait eu onze
enfants : une fille morte une demi-heure après sa naissance, le 14 juillet
1809, à Condé-sur-Huisne [Orne] ; Adélaïde-Antoinette, née le 8 juin 1811,
à Condé-sur-Huisne, décédée le 10 novembre suivant ; Louis-Amable, né le
17 mars 1813, à Condé-sur-Huisne ; Ladislas-François, né le 4 octobre
1815, à Rémalard ; Marie-Adélaïde, née le 7 juin 1817, à Rémalard ;
Thérèse-Henriette-Eustoquie, née le 27 décembre 1818, à Rémalard ;
Marie-Antoinette, née le 9 décembre 1822, à Rémalard ; Charles-Marie, né
le 8 novembre 1824, à Rémalard ; Marie-Catherine, née le 24 avril 1827, à
Rémalard, décédée le 20 avril 1837 ; une fille mort-née le 22 février
1829, à Rémalard ; Marie-Élisabeth, née le 31 juillet 1830, à Rémalard.
Louis-Amable Mirbeau avait établi
son étude de notaire en 1808, à Condé-sur-Huisne,
Maison de Louis-Amable Mirbeau, à Rémalard |
puis en 1815, à Rémalard,
dont il fut maire ; il y habitait une maison du XVIe siècle,
actuelle mairie [23 rue de l’Église], où il était mort le 23 janvier 1848.
Dès septembre 1849, la famille
d’Octave Mirbeau quitta Trévières et s’installa à Rémalard, place du Marché
[place du Général De Gaulle],
Maison du "Chêne vert", à Rémalard (avril 2013) |
Son père, Ladislas-François
Mirbeau, né à Rémalard le 4 octobre 1815, officier de santé, avait épousé, le 8
novembre 1843, à Trévières, Eugénie-Augustine Dubosq, née à Trévières, le 4
juillet 1825. De ce mariage étaient nés trois enfants : Marie, le 23
juillet 1845, et Octave, à Trévières ; Berthe-Marie, le 5 septembre 1850,
à Rémalard.
Après la mort de
Louise-Marie-Catherine-Adélaïde Charpentier, le 17 août 1859, dans sa maison de
la rue de l’Église, celle-ci fut vendue à la commune.
Octave Mirbeau fut chez les
Jésuites du collège Saint-François-Xavier de Vannes [Morbihan] de 1859 à 1863 :
« Je n’ai jamais tant
souffert qu’au collège de Vannes, que dirigent les excellents Pères Jésuites,
et où je fus élevé – si j’ose dire – élevé dans le plus parfait abrutissement,
dans la superstition la plus lamentable et la plus grossière…Ma qualité de
roturier me valut beaucoup d’avanies, non seulement de la part de mes
camarades, mais aussi de mes maîtres, lesquels, s’étant aperçus que je n’avais
pas en moi l’étoffe d’un soldat ou d’un Jésuite, m’abandonnèrent vite.
Je devins donc un très mauvais élève, et c’est, je crois bien, ce qui put
m’arriver de mieux, et ce qui me permit, plus tard, de me ressaisir. J’appris
ainsi, de très bonne heure, à connaître combien peu noble était la noblesse de
mes camarades, combien peu chrétienne la charité chrétienne de mes
maîtres… »
(Octave Mirbeau.
« Pétrisseurs d’âmes ». In Le Journal, dimanche 10 février
1901, p. 1)
Renvoyé pour ses mauvaises notes,
il passa l’année 1864 au pensionnat Saint-Vincent de Rennes [Ille-et-Vilaine],
appelé alors pension Bréchat. L’année suivante, à la pension Delangle de Caen
[Calvados], il prépara son baccalauréat, qu’il obtint en 1866.
Octave Mirbeau (vers 1868) |
Employé alors dans
l’étude d’Alexandre Robbe (1834-1880), successeur de son grand-père, il trompait
son ennui à Paris, où il était inscrit à la Faculté de droit, et échoua à ses
examens. Après la mort prématurée de sa mère, le 8 juillet 1870, dans la maison
du « Chêne vert », la guerre avec la Prusse l’affecta au 49e
régiment des mobiles de l’Orne.
Fuyant Rémalard, il s’installa
en 1872 à Paris, en devenant le secrétaire de Henri-Joseph Dugué de la
Fauconnerie (1835-1914), ancien député bonapartiste de l’Orne et directeur du
journal L’Ordre. Il y rédigea d’abord des éditoriaux politiques, puis
fut chargé de la critique dramatique.
52 rue de Douai, Paris IX (mai 2019) |
Il habitait alors 52 rue de Douai [IXe],
immeuble de six étages construit en 1845, à l’angle de la rue de Bruxelles.
4 rue Victor Massé, Paris IX (mai 2019) |
Il
collabora en 1878 au journal L’Ariégeois, puis, de retour à Paris en
1879, devint le secrétaire d’Arthur Meyer (1844-1924), directeur du journal Le
Gaulois.
En 1882, il quitta Le Gaulois
pour Le Figaro, mais son article intitulé « Le Comédien » fit
scandale et l’obligea à démissionner :
« Qu’est-ce que le
comédien ? Le comédien, par la nature même de son métier, est un être
inférieur et un réprouvé. Du moment où il monte sur les planches, il a fait l’abdication
de sa qualité d’homme. Il n’a plus ni sa personnalité, ce que le plus
inintelligent possède toujours, ni sa forme physique. Il n’a même plus ce que
les plus pauvres ont, la propriété de son visage. Tout cela n’est plus à lui,
tout cela appartient aux personnages qu’il est chargé de représenter. Non
seulement il pense comme eux, mais il doit marcher comme eux ; il doit non
seulement se fourrer leurs idées, leurs émotions, et leurs sensations dans sa
cervelle de singe, mais il doit encore prendre leurs vêtements et leurs bottes,
leur barbe s’il est rasé, leurs rides s’il est jeune, leur beauté s’il est
laid, leur laideur s’il est beau, leur ventre énorme s’il est efflanqué, leur
maigreur spectrale s’il est obèse. Il ne peut être ni jeune, ni vieux, ni
malade, ni bien portant, ni gras, ni maigre, ni triste, ni gai, à sa fantaisie
ou à la fantaisie de la nature. Il prend les formes successives que prend la
terre glaise sous les doigts du modeleur. Il doit vibrer comme un violon sous
cent coups d’archets différents. Un comédien, c’est comme un piston ou une
flûte, il faut souffler dedans pour en tirer un son. »
(Le Figaro, jeudi 26
octobre 1882, p. 1)
En 1883, Mirbeau fonda un
pamphlet hebdomadaire, Les Grimaces, antirépublicain et antisémite. Assisté
d’Alfred Capus (1858-1922), d’Étienne Grosclaude (1858-1932) et de Paul Hervieu
(1857-1915), il en fut le rédacteur en chef : la virulence de ses articles
lui valut plusieurs duels. La collection complète comporte 26 fascicules in-12,
du 21 juillet 1883 au 12 janvier 1884, dont la couverture fut illustrée par
Gustave Fraipont (1849-1923).
En 1884, pour oublier sa
maîtresse Judith Vimmer, et le calvaire qu’elle lui faisait subir, il séjourna huit
mois à Audierne [Finistère], notamment à l’hôtel du Commerce, à l’angle du quai
Jean Jaurès et de la place de la République. Rentré à Paris, il reprit sa
collaboration avec Le Gaulois, commença à collaborer avec L’Événement
Alice Regnault |
et débuta une relation avec Augustine-Alexandrine Toulet,
dite « Alice Regnault », née à Paris le 5 février 1849, fille de
Louise Hermanjat (1812-1886) et de Édouard-Désiré Toulet (1817-1877), veuve de Louis-Jules
Renard (1838-1868), fabricant d’outils.
14 rue Lincoln, Paris VIII (avril 2019) |
Il habitait alors 14 rue Lincoln [VIIIe],
immeuble de sept étages construit en 1870, près de l’avenue des Champs Élysées,
mais partagea dès lors sa vie entre la ville et la campagne.
À l’occasion de la publication
du roman de Robert de Bonnières (1850-1905), Les Monach (Paris, Paul
Ollendorff, 1885), Mirbeau regretta publiquement son antisémitisme passé :
« Moi aussi, effrayé par
l’envahissement des israélites dans notre politique, dans nos affaires, dans
notre société, j’ai tenté un jour de sonner l’alarme. Je ne voulais pas croire
que les juifs fussent si forts parce que nous étions si faibles, si grands
parce que nous étions si petits, et s’ils prenaient notre place, c’est que nous
la désertions.
J’ai reconnu depuis qu’il est
parfaitement ridicule de jouer les Pierre l’Ermite en ce temps où l’on ne se
passionne plus que pour les cabotins. J’ai reconnu que ce siècle épuisé de
tout, épuisé de sang, de moelle et de cerveau, n’était plus à la lutte ni à la
haine, la haine, ce dernier espoir des peuples qui s’en vont ; j’ai
reconnu qu’on ne savait même plus – est-ce ignorance ou bien progrès ? –
ce que c’était que l’idée de patrie. Et en regardant l’élévation constante des
juifs, par le travail, la ténacité et la foi, je me suis senti au cœur un grand
découragement et une sorte d’admiration colère pour ce peuple vagabond et
sublime qui a su se faire de toutes les patries sa patrie, et qui monte chaque
jour plus haut à mesure que nous dégringolons plus bas.
Je me suis dit qu’il fallait
vivre avec lui, puisqu’il se mêle de plus en plus à notre race, et qu’on peut
croire qu’il s’y fondra complètement, comme la vigne vit avec le phylloxéra, le
malade avec la fièvre typhoïde et l’intelligence humaine avec le
journalisme. »
(Octave Mirbeau.
« Chroniques parisiennes. Les Monach et les Juifs ». In La France,
mercredi 14 janvier 1885, p. 2)
Le Rouvray (avril 2013) |
8 rue Lamennais, Paris VIII (juillet 2019) |
L’année suivante, le couple habita
8 rue Lamennais [VIIIe].
Mirbeau débuta sa collaboration au journal Gil
Blas et séjourna six mois, toujours avec Alice Regnault, au lieu-dit Le
Pélavé, près du Bois-de-la-Chaise, en l’île de Noirmoutier [Vendée], où il
reçut en novembre le peintre Claude Monet (1840-1926), qui était alors à
Belle-Île-en-Mer [Morbihan].
Prévoyant qu’il ne quitterait
jamais Alice Regnault, Mirbeau l’épousa, dans l’intimité, à Londres, le 25 mai
1887.
Le couple se retira ensuite pendant deux ans au château de Kerisper
[partiellement détruit et modernisé au début du XXe
siècle], sur la commune de Pluneret [Morbihan].
Rentré à Paris à la fin du mois
d’avril 1888, le couple Mirbeau s’installa 2 square du Ranelagh [XVIe],
propriété privée qui s’ouvre au niveau du 117 de la rue du même nom.
De novembre 1888 à mai 1889, Mirbeau
séjourna au quartier de Garavan, quartier élégant à l’Est de Menton
[Alpes-Maritimes], dans la « villa Casa Carola », à 700 m de la
frontière italienne et à moins de 2 km du centre-ville, qu’il loua à une riche
propriétaire américaine :
« Menton, 23 janvier. […] Aujourd’hui,
Garavan se peuple de jolies maisons dont les façades blanches ou roses et les
toits de tuile rouge éclatent gaiement dans la verdure, sous le soleil, ou
s’enlèvent en clair, sur le bleu de la mer, qui va, se poudrant d’or vers
l’horizon, et se nuançant de rose, vers l’éternel baiser du rivage. Des
hauteurs, le spectacle est inoubliable. A gauche, les rochers rouges de
Grimaldi, blocs carrés, énormes murailles qui baignent dans la mer les mouvants
reflets de leurs coulées sanglantes et de leurs écorchures de laque vive. Un
pignon rose, en plein ciel, à pic sur le gouffre bleu, les domine : la
douane italienne. Et l’œil suit, avec appréhension, avec terreur, les petits
caps, les criques d’azur, les coteaux violets et pulvérulents, le long desquels
serpente la route du mystère. […] A droite, c’est le vieux Menton, avec ses
escalades rapides de maisons tassées l’une sur l’autre, étrange et vivant
grouillement de taches claires et de taches d’ombre, d’angles de soleil et de
clochers bleus qui se découpent sur le fond de velours opalin des montagnes. Le
port s’endort à ses pieds ; le cimetière veille à son sommet et dresse ses
petits monuments, ses petites terrasses, ses petits portiques blancs et carrés,
qui font songer à la réduction de quelque cité assyrienne, et n’appellent point
l’idée de la mort. Au-delà de la vieille ville, séparé d’elle par une large
nappe d’eau brillante, le cap Martin s’avance, fendant la mer de sa masse
sombre qui s’amincit comme l’étrave d’un gigantesque navire. Puis, la
Tête-de-Chien, accroupie dans le ciel, pareille à un formidable sphinx, la face
tournée vers l’infini, étend son ombre sur Monte-Carlo, invisible, qui fume à
sa base, et gronde, chaudière chauffée un peu de toutes les passions humaines.
Quelquefois, par les transparences matinales, l’Estérel, plus léger que des
nuées, se devine, très loin, très vague, pâleur sur pâleur, dans le
rêve. »
(Octave Mirbeau. « Un
joueur ». In Le Figaro, dimanche 27 janvier 1889, p. 1)
La description de la « villa
Casa Carola » par Mirbeau, dans une lettre à Paul Hervieu (1857-1915), ne
permet pas de l’identifier à la « villa Voronoff », qui est l’autre
nom du château de Grimaldi, du nom de son propriétaire en 1925, le chirurgien
Serge Voronoff (1866-1951), et qui est, en outre, en Italie :
« C’est dans la montagne,
près du pont St-Louis, à deux pas de Crispi, une petite maison rose avec
ses quatre terrasses étagées et garnies de roses, de pourpiers, de jasmins et
d’héliotropes, tout cela fleuri et plein de parfums. En face la mer. À gauche
la mer et les rochers rouges de Grimaldi ; à droite la mer, Menton, le Cap
Martin ; et plus loin la Tête de chien, et plus loin encore les découpures de
l’Estérel : une admirable féerie, illuminée du plus beau soleil. »
26 rue Rivay, Levallois-Perret (juin 2019) |
Le 31 mai 1889, Mirbeau
déménagea à Levallois-Perret [Hauts-de-Seine], au 26 rue Rivay, dans une maison
qui appartenait à sa femme. Cette maison étant entourée d’industries trop
bruyantes,
Les Damps (mai 2013) |
Mirbeau finit par s’installer à la campagne, le 6 août, dans la
commune nommée Les Damps [Eure, 7 rue Morel-Billet], à l’endroit où l’Eure se
jetait dans la Seine [en 1935, des travaux décalèrent le confluent 10 km en
aval, à Martot], et où il trouva « un calme qui vous pénètre, qui vous
détend, qui descend jusque dans les profondeurs de l’âme, pour y éteindre les
souffrances les mieux attisées. » (Octave Mirbeau. « La Maison du
philosophe ». In Le Figaro, samedi 21 septembre 1889, p. 1).
Ce fut Mirbeau qui lança l’écrivain
francophone belge Maurice Maeterlinck (1862-1949), par un article
retentissant :
« Je ne sais rien de M.
Maurice Maeterlinck. Je ne sais d’où il est et comment il est. S’il est vieux
ou jeune, riche ou pauvre, je ne le sais. Je sais seulement qu’aucun homme
n’est plus inconnu que lui ; et je sais aussi qu’il a fait un
chef-d’œuvre, non pas un chef-d’œuvre étiqueté chef-d’œuvre à l’avance, comme
en publient tous les jours nos jeunes maîtres, chantés sur tous les tons de la
glapissante lyre – ou plutôt de la glapissante flûte contemporaine ; mais
un admirable et pur et éternel chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre qui suffit à
immortaliser un nom et à faire bénir ce nom par tous les affamés du beau et du
grand ; un chef-d’œuvre comme les artistes honnêtes et tourmentés,
parfois, aux heures d’enthousiasme, ont rêvé d’en écrire un, et comme il n’en
ont écrit aucun jusqu’ici. Enfin, M. Maurice Maeterlinck nous a donné l’œuvre
la plus géniale de ce temps, et la plus extraordinaire et la plus naïve aussi,
comparable – et oserai-je le dire ? – supérieure en beauté à ce qu’il y a
de plus beau dans Shakespeare. Cette œuvre s’appelle la Princesse Maleine
[La Princesse Maleine. Drame en cinq actes. Gand, Louis Van Melle, 1889,
H. C., 30 ex.]. Existe-t-il dans le
monde vingt personnes qui la connaissent ? J’en doute. […]
Et depuis plus de six mois que
ce livre a paru, obscur, inconnu, délaissé, aucun critique ne s’est honoré en
en parlant. Ils ne savent pas. Et comme dit un personnage de la Princesse
Maleine : “ Les pauvres ne savent jamais rien.” »
Octave Mirbeau. « Maurice
Maeterlinck ». In Le Figaro, dimanche 24 août 1890, p. 1)
Paul Gauguin : Le Christ jaune (1889) Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, U.S.A. |
Pour soutenir la vente à l’Hôtel
Drouot, le 23 février 1891, des toiles de Paul Gauguin (1848-1903), qui avait
besoin d’argent pour partir à Tahiti, Mirbeau, dans un article élogieux, décrivit
« Le Christ jaune » :
« Œuvre étrangement
cérébrale, passionnante, inégale encore, mais jusque dans ses inégalités
poignante et superbe. Œuvre douloureuse, car, pour la comprendre, pour en
ressentir le choc, il faut avoir soi-même connu la douleur, - et l’ironie de la
douleur, qui est le seuil du mystère. Parfois, elle s’élève jusqu’à la hauteur
d’un mystique acte de foi ; parfois elle s’effare et grimace dans les
ténèbres affolantes du doute. Et, toujours, émane d’elle l’amer et violent
arôme des poisons de la chair. Il y a dans cette œuvre un mélange inquiétant et
savoureux de splendeur barbare, de lithurgie [sic] catholique, de rêverie
hindoue, d’imagerie gothique, de symbolisme obscur et subtil ; il y a des
réalités âpres et des vols éperdus de poésie, par où M. Gauguin crée un art
absolument personnel, et tout nouveau ; art de peintre et de poète,
d’apôtre et de démon, et qui angoisse.
Dans la campagne toute jaune,
d’un jaune agonisant, en haut du coteau breton qu’une fin d’automne tristement
jaunit, en plein ciel, un calvaire s’élève, un calvaire de bois mal équarri,
pourri, disjoint, qui étend dans l’air ses bras gauchis. Le Christ, tel une
divinité papoue, sommairement taillé dans un tronc d’arbre, par un artiste
local, le Christ piteux et barbare, est peinturluté [sic] de jaune. Au pied du
calvaire, des paysannes se sont agenouillées. Indifférentes, le corps affaissé
pesamment sur la terre, elles sont venues là parce que c’est la coutume de
venir là, un jour de Pardon. Mais leurs yeux et leurs lèvres sont vides de
prières. Elles n’ont pas une pensée, pas un regard pour l’image de Celui qui
mourut de les aimer. Déjà, enjambant des haies, et fuyant sous les pommiers
rouges, d’autres paysannes se hâtent vers leur bauge, heureuses d’avoir fini
leurs dévotions. Et la mélancolie de ce Christ de bois est indicible. Sa tête a
d’affreuses tristesses ; sa chair maigre a comme des regrets de la torture
ancienne, et il semble se dire, en voyant à ses pieds cette humanité misérable
et qui ne comprend pas : “ Et pourtant, si mon martyre avait été
inutile ? ” ».
(Octave Mirbeau. « Paul
Gauguin ». In L’Écho de Paris, lundi 16 février 1891, p. 1)
Mirbeau découvrit Vincent Van
Gogh (1853-1890) après sa mort, et fut le premier acheteur, pour 600 francs, chez
Julien Tanguy (1825-1894), dit le « père Tanguy », marchand de
couleurs et de toiles, alors 9 rue Clauzel [IXe],
Van Gogh : Les Iris |
des deux tableaux
intitulés « Les Iris » [Sotheby’s, New York, 11 novembre 1987 :
53, 9 millions de dollars] et « Les Tournesols » [lequel des 7 ? :
Neue Pinakothek de Munich, National Gallery de Londres, Collection privée aux
U.S.A., Van Gogh Museum d’Amsterdam, Sompo Japan Nipponkoa Museum of Art de
Tokyo, Philadelphia Museum of Art, Collection de Koyta Yamato à Ashiya détruit le
6 août 1945].
« Il se dépense tout
entier, au profit des arbres, des ciels, des fleurs, des champs, qu’il gonfle
de la surprenante sève de son être. Ces formes se multiplient, s’échevèlent, se
tordent, et jusque dans la folie formidable de ces ciels où les astres ivres tournoient
et chancèlent, où les étoiles s’allongent en queues de comètes
débraillées ; jusque dans le surgissement de ces fantastiques fleurs qui
se dressent et se crètent, semblables à des oiseaux déments, Van Gogh garde
toujours ses admirables qualités de peintre, et une noblesse qui émeut, et une
grandeur tragique qui épouvante. Et, dans les moments de calme, quelle sérénité
dans les grandes plaines ensoleillées, dans les vergers fleuris, où les
pruniers, les pommiers neigent de la joie, où le bonheur de vivre monte de la
terre en frissons légers et s’épand dans les ciels pacifiques aux pâleurs
tendres, aux rafraîchissantes brises. Ah ! comme il a compris l’âme
exquise des fleurs. Comme sa main, qui promène les torches terribles dans les
noirs firmaments, se fait délicate pour en lier les gerbes parfumées et si
frêles. Et quelles caresses ne trouve-t-il pas pour en exprimer l’inexprimable
fraîcheur et les grâces infinies. »
(Octave Mirbeau. « Vincent
Van Gogh ». In L’Écho de Paris, mardi, 31 mars 1891, p. 1)
En septembre 1892, le peintre
franco-danois Camille Pissarro (1830-1903) séjourna près de deux semaines chez
Mirbeau où il réalisa quatre peintures du jardin.
Le dimanche 30 octobre 1892,
Mirbeau débuta sa collabora au quotidien littéraire, artistique et politique Le
Journal, fondé par le journaliste Fernand Xau (1852-1899), le 28 septembre
précédent :
« Nous publions aujourd’hui
le premier article d’une des personnalités les plus marquantes du journalisme
et du roman contemporains. Notre nouveau collaborateur se dissimule sous le
pseudonyme de JEAN MAURE, mais
plus d’un le reconnaîtra à son talent si puissant et si original. »
En février 1893, les Mirbeau
s’installèrent dans leur nouvelle maison, « Le Clos Saint-Blaise »,
qu’ils avaient achetée à Carrières-sous-Poissy [Yvelines] - détruite en 1993
pour construire la Mairie -, où il put s’adonner à sa passion des fleurs et des
poules :
« Samedi 6 juillet.
[1895] – A la gare Saint-Lazare, je trouve Léon Daudet, de Régnier, et aussitôt
en route pour Carrières-sous-Poissy.
Nous voici en cette maison de
Mirbeau, recouverte d’un treillage vert tendre, en cette maison aux larges
terrasses, et trouée de nombreuses fenêtres, en cette maison inondée de jour et
de soleil.
Maintenant dans le jardin, dans
le petit parc, des plantes venues de chez tous les horticulteurs de
l’Angleterre, de la Hollande, de la France, des plantes admirables, des plantes
amusant la vue par leurs ramifications artistes, par leurs nuances rares, et
surtout des iris du Japon, aux fleurs grandes comme des fleurs de magnolia, et
aux colorations brisées et fondues des plus beaux flambés. Et c’est un plaisir
de voir Mirbeau, parlant de ces plantes, avoir dans le vide, des caresses de la
main, comme s’il en tenait une.
Une longue promenade dans cinq
hectares de plantes, puis la visite aux poules exotiques, dans leur
installation princière, avec leurs loges grillagées, au beau sable, d’où
s’élèvent quelques arbustes, - et renfermant ces poules cochinchinoises, ces
poules toutes noires avec leurs houppes blanches, et les petits combattants
britanniques, et ces poules, dans l’embarras des plumes de leurs pattes,
courant avec la gêne des gens, dont la culotte serait tombée sur les pieds.
Arrivent pour dîner Pol Neveux,
Arthur Meyer, Rodin ; et à dîner, et le soir, une conversation amusante
qui peint, qui juge, qui calomnie peut-être pas mal de gens.
A onze heures, dans la petite
voiture de la maison, Mme Mirbeau, comme cocher, me ramène au chemin
de fer, pendant que les valides nous accompagnent à pied. »
([Edmond de Goncourt]. Journal
des Goncourt. Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1896, t. 9e, p.
349-350)
À la question « Quelle est
la meilleure condition du bien social, une organisation spontanée et libre ou
bien une organisation disciplinée et méthodique. Vers laquelle de ces
conceptions doivent aller les préférences de l’artiste ? », Mirbeau
répondit :
« Les questions que vous me
posez sont fort complexes et demanderaient de longues pages pour être traitées.
Je ne puis donc que vous indiquer brièvement, et sans les étayer d’arguments,
mes préférences.
Je ne crois qu’à une
organisation purement individualiste. Sous quelque étiquette que l’Etat se présente
et fonctionne, il est funeste à l’activité humaine et dégradant : car il
empêche l’individu de se développer dans son sens normal ; il fausse ou
étouffe toutes les facultés. Je ne conçois pas qu’un artiste, c’est-à-dire
l’homme libre par excellence, puisse chercher un autre idéal social que celui
de l’anarchie. »
(Octave Mirbeau. In L’Ermitage.
Revue artistique et littéraire. Paris, novembre 1893, p. 263)
42 avenue George V, Paris VIII (mai 2019) |
En 1895, les Mirbeau louèrent, à
Paris, un pied-à-terre au 5e étage d’un immeuble construit en 1870,
42 avenue de l’Alma [avenue George V, au coin de la place Paul-Émile Victor, VIIIe] :
la crémaillère y fut pendue le 5 décembre.
Mirbeau fit partie des huit premiers
membres de la Société littéraire des Goncourt, désignés par Edmond de Goncourt
(1822-1896) et qui avaient fréquenté le « Grenier » de la maison
d’Auteuil, 53 boulevard de Montmorency [67 boulevard de Montmorency, XVIe] :
Alphonse Daudet (1840-1897), Joris-Karl Huysmans (1848-1907), J.-H. Rosny aîné
(1856-1940), J.-H. Rosny jeune (1859-1948), Léon Hennique (1850-1935), Paul
Margueritte (1860-1918) et Gustave Geffroy (1855-1926). La Société fut
constituée dès le 20 juillet 1896. L’effectif complet fut formé le 7 avril
1900, au domicile de Léon Hennique, 11 rue Descamps [XVIe, détruit,
l’immeuble actuel fut construit en 1907] : les précédents, sauf Alphonse
Daudet décédé, cooptèrent Léon Daudet (1867-1942), Élémir Bourges (1852-1925)
et Lucien Descaves (1861-1949). La Société fut officiellement fondée le 24
janvier 1902 et reconnue d’utilité publique le 19 janvier 1903.
« Le cas de Léon Bloy est
vraiment unique dans ce qu’on est convenu d’appeler : la littérature.
Voilà un homme d’une rare
puissance verbale, le plus somptueux écrivain de notre temps, dont les livres
atteignent, parfois, à la beauté de la Bible. Ne cherchez ni dans
Chateaubriand, ni dans Barbey d’Aurevilly, ni dans Flaubert, ni dans Villiers
de l’Isle-Adam, une prose plus architecturale, d’une forme plus riche, d’un
modelé plus savant et plus souple. Dans quelques pages du Désespéré, par-delà
d’antipathiques violences et des malédictions disproportionnées, il s’est élevé
jusque les plus hauts sommets de la pensée humaine. Pour peindre des êtres et
des choses, il a, souvent, trouvé d’étonnantes, de fulgurantes images qui les
éclairent en profondeur et pour jamais. […] Les livres de Léon Bloy fourmillent
de ces choses. Il en est d’incomparablement grandes et nobles. Elles naissent,
à chaque page, sous sa plume, tout naturellement et sans efforts. Il est en
état permanent de magnificence. […]
Même dans la frénésie de
l’insulte, il est magnifique encore ; il peut dire de lui-même qu’il est
un “ joaillier en malédictions ”. Il sertit d’or l’excrément ; il monte
sur des métaux précieux, précieusement ouvrés, la perle noire de la bave. Quand
il en arrive à ce point d’orfèvrerie et de ciselure, l’excrément lui-même
devient un joyau. Nul n’a plus le droit d’en sentir l’originelle odeur, et tous
peuvent s’en barbouiller la face sans honte. »
(Octave Mirbeau. « Léon
Bloy ». In Le Journal, dimanche 13 juin 1897, p. 1)
Au retour d’une cure thermale
décevante à Bagnères-de-Luchon [Haute-Garonne], pour une affection O.R.L.
bénigne,
3 boulevard Delessert, Paris XVI |
Mirbeau emménagea le 1er septembre 1897 dans un grand
appartement du 3 boulevard Delessert [XVIe], immeuble de quatre
étages construit en 1892.
Le 22 décembre 1894, le
capitaine Alfred Dreyfus (1859-1935) avait été condamné par un conseil de
guerre pour communication de renseignements à l’attaché militaire allemand à
Paris, et déporté à l’île du Diable [Cayenne, Guyane] le 14 avril 1895.
L’accusation avait reposé sur un « bordereau » dérobé à l’ambassade
d’Allemagne [malgré le témoignage contradictoire de la non-conformité
d’écriture] et sur un dossier resté secret, communiqué par le ministre de la
Guerre au conseil de guerre.
En 1896, le commandant Georges Picquart
(1854-1914) avait établi que l’auteur du « bordereau » était un
officier attaché à l’état-major français, le commandant Ferdinand Esterhazy (1847-1923).
Malgré cela, le sénateur Auguste Scheurer-Kestner (1833-1899) n’avait pu
obtenir la révision du procès.
Après la publication par Émile Zola
(1840-1902) de son premier article en faveur de la cause de Dreyfus dans Le
Figaro du jeudi 25 novembre 1897, qui finit par « La vérité est en marche,
rien ne l’arrêtera plus. », Mirbeau écrivit :
« - Quelques jours après la
dégradation de celui que vous appelez le traître Dreyfus, je passais la soirée
dans une maison où se trouvait un personnage qui avait joué un rôle considérable
dans cette affaire. C’était, vous le pensez bien, le héros de cette soirée… On
l’entourait beaucoup… Lui, parlait avec complaisance, et se grisait, peu à peu,
de son succès… A ce moment-là, j’étais, comme tout le monde, absolument
convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus… Eh bien ! à mesure que
le personnage parlait, cette conviction, peu à peu, s’ébranlait. Un doute
possible naissait, grandissait dans mon âme. Il ne disait pourtant rien qui pût
changer cette conviction qui était en moi… Ce qu’il racontait, c’étaient,
plutôt, à tout prendre, des banalités… des choses dites, mille fois redites…
Mais comment vous décrire cela !... A l’expression de son visage, de sa
bouche, de ses yeux, au son de ses paroles, qui tintait faux… cette autre
conviction, absolue, de l’innocence de Dreyfus, succédait à celle que, dix
minutes auparavant, j’avais de sa culpabilité… »
(Octave Mirbeau. « Chez
l’Illustre Écrivain ». In Le Journal, dimanche 28 novembre 1897, p.
1)
Esterhazy passa en conseil de
guerre et fut acquitté le 11 janvier 1898. Alors une partie du pays, derrière
les républicains de gauche, les radicaux, et avec l’appui de Clemenceau dans L’Aurore
et de Joseph Reinach dans Le Siècle, demanda la révision du procès. Zola
publia le 13 janvier 1898, contre l’état-major, sa lettre
« J’accuse », dans L’Aurore ; traduit en cour d’assises,
il fut condamné. Mirbeau paya de sa poche l’amende à laquelle Zola a été
condamné. En août, on découvrit que la seule pièce accablante du dossier était
un faux fabriqué par le colonel Hubert Henry (1846-1898), qui, arrêté, avoua,
puis se suicida. Le gouvernement ordonna d’ouvrir une procédure de révision.
L’opinion publique se passionna. Les « dreyfusards », la gauche,
exigèrent « la justice et la vérité » et développèrent une campagne
antimilitariste. Les « antidreyfusards » s’opposèrent à la révision,
au nom de la chose jugée, de l’honneur de l’armée, et ravivèrent la campagne
antisémite. La France tout entière fut divisée et vécut dans une atmosphère de
guerre de religion. Des manifestations de plus en plus violentes eurent lieu.
La Cour de cassation renvoya Dreyfus devant le conseil de guerre de Rennes
[Ille-et-Vilaine]. Il fut de nouveau condamné le 9 septembre 1899, mais avec
circonstances atténuantes. Le 19 septembre, il fut gracié par le président de
la République, Émile Loubet (1838-1929). Le 12 juillet 1906, la Cour de
cassation réhabilita Dreyfus, qui réintégra l’armée et fut décoré de la Légion
d’honneur.
La maison de
Carrières-sous-Poissy ayant été vendue, Mirbeau loua au Val Chouquet, sur la
commune de Vasouy [Calvados, associée à Honfleur depuis 1973], en juillet et
août 1900, la villa « Le Butin » [détruite, à l’emplacement fut
construit l’hôtel-restaurant Le Manoir des Impressionnistes, 23 route de
Trouville], à moins de 100 m de la plage. En décembre, il partit s’installer à
Cannes [Alpes-Maritimes],
Villas Ibrahim (à gauche) et d'Aspremont (à droite) |
puis passa le premier trimestre de l’année 1901 à
Nice [Alpes-Maritimes], dans la villa Ibrahim, 66 avenue des Baumettes, que
Maeterlinck achètera en 1911 et rebaptisera « Les Abeilles »
[détruite].
Les bords de la Seine, à Veneux-Nadon (1908) |
De juillet à octobre 1901,
Mirbeau séjourna à Veneux-Nadon [Veneux-les-Sablons, Seine-et-Marne]. Il y
reçut Alfred Jarry (1873-1907), grand pêcheur de barbillons. Son chien « Dingo »
y mourut au mois d’octobre 1901.
« Le printemps venu,
craignant qu’il [Dingo] ne tombât malade, je louai une maison rustique, dans un
joli village, ou plutôt à l’écart d’un joli village, Veneux-Nadon, près de
Fontainebleau. Le jardin donnait sur la forêt, dont il était en quelque sorte
le prolongement. Nulle clôture, nulle barrière ne l’en séparait… La solitude y
était charmante. De longs, longs silences, et tout d’un coup, les voix du vent
dans les arbres, des voix qui emplissaient les hautes voûtes, les vastes nefs
de la forêt, comme des chants d’orgues qu’aurait animés le génie d’un
Beethoven. »
(Octave Mirbeau. Dingo.
Paris, Eugène Fasquelle, 1913, p. 380-381)
« Il m’est revenu à la
mémoire une image évoquée récemment par l’éditeur de Dingo, M. Fasquelle. Il me
dit :
- Depuis toujours, nous étions liés très
intimement. Il fut le parrain de mon fils Charles Fasquelle. Et, dès ses débuts
dans le journalisme, il fit partie du groupe littéraire que je formais pour le
“ Journal ”, alors à sa fondation. Vous le pensez, des anecdotes sur lui, ces
boutades terribles qui lui étaient familières et qu’il aimait à lancer avec
violence à ses adversaires, j’en possède une collection rare. Elles
rempliraient cette bibliothèque !.. Mais au lieu de cette image un peu
convenue d’un Mirbeau toujours amer, toujours vitupérant, je préfère vous citer
ce que j’ai vu, moi, à Veneux-Nadon : pendant trois nuits, un Mirbeau à
genoux devant Dingo en train de mourir, et pleurant, pleurant… »
(Jacques Lombard. In Paris-soir,
dimanche 11 septembre 1932, p. 3)
84 avenue Foch, Paris XVI (juin 2019) |
De 1901 à 1909, Mirbeau eut son
adresse parisienne dans un appartement du 68 avenue du Bois de Boulogne,
immeuble construit sur cinq étages en 1890 [84 avenue Foch à partir de 1929,
XVIe ; siège du Sicherheitsdienst – branche de contre-espionnage
des SS – pendant l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale, où le
résistant Pierre Brossolette (1903-1944) se suicida].
Fatigué par un voyage en voiture
automobile à travers la France, Mirbeau se reposa l’automne 1902 dans une
maison de campagne à Bray-et-Lu [Val-d’Oise].
Moulin de Sainte-Geneviève-lès-Gasny |
À 5 km à l’est de Giverny [Eure],
où le peintre Claude Monet s’était installé avec sa famille en 1883, le couple
Mirbeau passa l’été 1903 à Sainte-Geneviève-lès-Gasny.
En 1904, Mirbeau s’installa au château
de Cormeilles-en-Vexin [Val-d’Oise], qu’il avait loué à Madame Cartier, tante du
baron Denys Cochin (1851-1922), député de Paris. Mal accueillis par les
Cormeillois, les Mirbeau quittèrent le château en 1908.
Après avoir été le centre de
colonies de vacances de Rueil-Malmaison [Hauts-de-Seine], le nouveau
propriétaire détruisit le château en 1955, faisant démolir la toiture et le
premier étage ; en 2016, l’ancien château devint un lieu de réception
appelé « Le Domaine des Cormellas », 6 bis rue Curie.
« Nous fîmes lentement le
tour du parc. Des allées ombreuses, nous descendîmes au potager. Mirbeau se
passionna jadis pour les fleurs (il est plus compétent qu’un jardinier de
Haarlem). Son jardin de Carrières-sous-Poissy, planté de magnolias et d’iris du
Japon, fut chanté par le père Goncourt. Et, de son imaginaire jardin des
Supplices, s’exhalait l’enivrante senteur des lotus et des palétuviers. Son
enthousiasme pour la flore n’a pas décru, mais la beauté des fruits et des
légumes le ravit ; il parle de ses figues, de ses tomates, de ses
framboises en termes qui eussent séduit Chardin, Cézanne ou Mme de Noailles.
Nous rentrâmes dans le cabinet
de travail. Mirbeau assura ses besicles et me lut une page colorée d’un article
composé le matin même, exaltant – tel autrefois Maeterlinck, Pissaro [sic],
Rodin, Jean Lombard ou Monet – le nouvel artiste dont il s’est féru, Aristide
Maillol, statuaire.
Nous fûmes admirer des
lithographies de Degas ; la causerie vagabondait de M. de Féraudy à la
dénonciation du Concordat, en passant par les plans des généraux russes.
Mirbeau abondait en paradoxes saisissants. Le soir tombait. De la terrasse,
nous contemplâmes le plateau de Boissy-l’Aillerie et la prairie grasse et drue
où folâtraient en liberté ânons, veaux, génisses et poulains.
Puis l’automobile nous ramena à
ronde allure jusqu’à la gare la plus voisine de Cormeilles. Et je pris congé
d’Octave Mirbeau, de qui les ennemis eux-mêmes reconnaissent l’irrésistible
crânerie, l’impulsive loyauté, le lyrisme magnifique et ingénu… »
(Louis Vauxcelles. « Au
pays des lettres. Chez Octave Mirbeau ». In Le Matin, lundi 8 août
1904, p. 2)
In L'Illustration, 1919 |
25 rue Octave Mirbeau, Triel-sur-Seine (juin 2018) |
En 1909, Mirbeau fit enfin construire
sa maison, à Cheverchemont, hameau de la commune de Triel-sur-Seine [Yvelines],
sur un terrain qu’il avait acheté en décembre 1908.
« La maison qu’il s’était
fait construire à Cheverchemont révélait bien sa recherche de lumière. Au
milieu d’un jardin plein de roses et bordé de peupliers, c’est la maison la
plus claire du pays.
- Regardez comme c’est beau,
disait le Maître en indiquant de la main la vallée et les iles de la Seine,
Triel et son église, le cimetière dont on découvrait les tombes, au loin
Vernouillet et les quatre rangées de collines vertes, dont les dernières
s’effaçaient dans le bleu du ciel.
Il se taisait, absorbé par
l’étendue immense, et l’on sentait qu’il se donnait à la nature, totalement, jusqu’à
l’abolition de la pensée. […]
Nous faisions souvent un tour
dans le potager. Les légumes, bien rangés, avec leurs attitudes comiques,
remplissaient le Maître de joie. Un chou le faisait rire jusqu’aux larmes et il
s’attendrissait sur une tomate.
Il avait une religion pour les
fleurs – elles étaient à profusion dans son jardin – mais il aimait peut-être
davantage les légumes. Il leur trouvait une âme plus proche de la nôtre, une
beauté plus innocente.
Avec une sorte de reconnaissance
attendrie, il me décrivait la saveur de telle salade, de tel poireau, de tel
chou frisé. Il était en la matière expert incontesté. C’est ce goût raffiné
qu’il appelait sa gourmandise. […]
Lorsqu’il commençait à faire
frais, nous entrions dans la maison. Elle était une émanation de lui-même. Tout
y avait été choisi minutieusement et minutieusement contrôlé dans la suite. Ce
qui ne lui plaisait plus était mis au grenier. Il préférait un mur vide au mur
orné d’une œuvre dont il ne tirait plus une jouissance d’art particulière.
Le sentiment était étrange qui
vous saisissait à voir toutes ces toiles : les Cézanne, les Monet, les Van
Gogh, les Pissaro [sic], les Renoir, les Marquet, et ces sculptures : les
Rodin, les Maillol – parmi les meubles, sur les murs de ces chambres claires –
immobiles dans leur sérénité d’immortels chefs-d’œuvre, reconnus désormais
comme tels par toute une génération d’hommes. Car on savait que ces merveilles
étaient entrées dans la maison d’Octave Mirbeau, ignorées du public, méprisées
de l’élite. Pour que chacun de ces noms d’artistes atteignit la notoriété, il
avait fallu qu’un homme, toujours le même, s’offrit pour le crier au monde. Cet
homme avait une stature d’athlète, une mâchoire carrée, une parole
éblouissante. Il s’appelait Mirbeau et on disait de lui : “ C’est un fou
”, jusqu’au jour où on finissait par comprendre que c’était un précurseur.
Que de luttes, que d’injures,
que de coups, pour assurer à ces objets sortis de mains et de cerveaux doués,
la place qu’ils occupent aujourd’hui ! Nous qui pénétrons là, imprégnés de
l’histoire d’une époque dont Octave Mirbeau fut une des figures les plus
marquantes, nous sommes impressionnés par le calme d’une demeure pleine de
chefs-d’œuvre qui n’ont plus besoin de se défendre. »
(Albert Adès-Theix. « La
Dernière Physionomie d’Octave Mirbeau ». In La Grande Revue, 1917,
93e vol., p. 155-156)
139 rue de Longchamp, Paris XVI (juin 2019) |
Sa santé s’altérant, Mirbeau quitta
l’avenue du Bois de Boulogne en 1910 et loua un appartement au 139 rue de
Longchamp [XVIe], immeuble de six étages construit en 1900. En novembre
1915, il s’installa au rez-de-chaussée du 57 rue Ampère [XVIIe].
Affaibli, Mirbeau quitta
l’appartement de la rue Ampère et sa maison de Cheverchemont en octobre 1916
1 rue de Beaujon, Paris VIII (juillet 2019) |
pour
un rez-de-chaussée 1 rue de Beaujon [VIIIe, librairie de Pierre
Berès (1913-2008) de 1939 à 2002], immeuble bâti sur sept étages en 1860, en
face du domicile de son médecin, le Docteur Albert Robin (1847-1928).
« Abandonnant
Cheverchemont, Mirbeau, pour se rapprocher de Robin, avait loué l’entresol de
l’immeuble qui fait le coin de la rue Beaujon – et, de sa fenêtre, il aurait pu
appeler son médecin !
Mais il n’eut jamais à se donner
cette peine : Robin venait le voir deux ou trois fois par jour.
Assis au bord de son lit, vêtu
d’un pyjama de laine brune, les jambes pendantes, une couverture de voyage
pliée en deux sur les épaules, soutenu par des oreillers qu’on tassait dans son
dos, ce n’était plus le Mirbeau ardent, combatif que nous avions connu. C’était
un Mirbeau patient, pensif et grave. […]
Mirbeau ne luttait plus.
Robin luttait pour lui. […]
J’ai assisté à ces dernières
heures de la vie de Mirbeau, et j’étais là lorsque Robin vint faire l’ultime
tentative. Il était cinq heures du soir. A six heures, Mirbeau, qui me
regardait fixement depuis une heure, fit un petit mouvement de la tête. Il
m’avait reconnu et il m’appelait. Je me levai, m’approchai de lui et le pris
dans mes bras. Sa respiration était courte et, ma tempe appuyée contre sa
tempe, je percevais les battements précipités de son cœur. Il m’embrassa longuement
alors et me dit à l’oreille :
- Ne collaborez jamais !
Depuis dix ans, cet homme, le
meilleur, le plus regretté de tous mes chers amis, ne cessait de me prodiguer
de précieux conseils, et, à sa dernière minute, il avait voulu me rendre un
dernier service !
Je dis bien “ à sa dernière
minute ”, car je suis convaincu que l’âme ardente de Mirbeau s’éteignit à cette
minute-là.
Oh ! je sais bien qu’il ne
rendît le dernier soupir que douze heures plus tard […] »
(Sacha Guitry. « Les
Derniers Jours d’Octave Mirbeau ». In Pages choisies. Paris, Plon,
1932, p. 77-84)
Octave Mirbeau décéda le vendredi
16 février 1917, à six heures du matin, en son domicile de la rue de Beaujon.
La déclaration du décès fut faite le lendemain par Marguerite Audoux (1863-1937),
couturière, domiciliée 10 rue Léopold Robert [XIVe] [auteur du roman
Marie-Claire (Paris, Eugène Fasquelle, 1910), Prix Femina 1910, préfacé
par Mirbeau], et par Henri Dutar (1873-1929), industriel, 119 boulevard
Saint-Germain [VIe] [gendre de l’éditeur Georges Charpentier
(1846-1905)].
In Le Figaro, 20 février 1917, p. 3 |
Ses obsèques eurent lieu le
lundi 19 février ;
l’inhumation eut lieu au cimetière de Passy [2e
division].
In Le Petit Parisien, lundi 19 février 1917 |
Ce même jour parut, dans Le
Petit Parisien, « Le Testament politique d’Octave Mirbeau », qui
faisait du pacifiste un militariste : il s’agit d’un faux, rédigé, à la
demande de la veuve, par Gustave Hervé (1871-1944), ancien socialiste devenu
fasciste.
D’abord royaliste et catholique,
Octave Mirbeau avait soutenu ensuite les idées les plus avancées et, dans ses
articles de journaux, comme dans ses romans et son théâtre, avait attaqué avec
passion toutes les formes d’hypocrisie sociale.
Outre un recueil de nouvelles, Lettres
de ma chaumière (Paris, A. Laurent, 1886), Mirbeau a publié comme romans :
Le Calvaire (Paris, Paul Ollendorff, 1887), L’Abbé Jules (Paris,
Paul Ollendorff, 1888), Sébastien Roch (Paris, G. Charpentier et Cie, 1890),
Le Jardin des supplices (Paris, Eugène Fasquelle, 1899), Le Journal
d’une femme de chambre (Paris, Eugène Fasquelle, 1900),
Les Vingt et Un Jours d’un neurasthénique (Paris, Eugène Fasquelle, 1901),
La 628-E8 (Paris, Eugène Fasquelle, 1907), impressions de voyage en Belgique,
et Dingo (Paris, Eugène Fasquelle, 1913). Au théâtre, Mirbeau a donné :
Les Mauvais Bergers (Paris, Eugène Fasquelle, 1898), drame social, où la
violence s’allie à un certain mysticisme ; L’Epidémie (Paris,
Eugène Fasquelle, 1898) ; Vieux ménages (Paris, Eugène Fasquelle, 1901) ;
Le Portefeuille (Paris, Eugène Fasquelle, 1902) ;
Diner offert par la revue La Plume à Mirbeau, le 6 juin 1903, à l'occasion du triomphe à la Comédie française de Les Affaires sont les affaires Photographie Yves Françoise |
Les Affaires
sont les affaires (Paris, Eugène Fasquelle, 1903) ; Scrupules (In
Farces et moralités. Paris, Eugène Fasquelle, 1904) ;
Le Foyer (Paris, Eugène Fasquelle, 1909), en collaboration avec Thadée
Natanson (1868-1951).
La collection de tableaux et de
sculptures de Mirbeau fut vendue à la Galerie Durand-Ruel, 16 rue Laffitte [IXe],
le lundi 24 février 1919 : Catalogue des tableaux modernes, aquarelles,
pastels, dessins, par Cézanne, Bonnard, Cross,
Daumier, Denis, Gauguin, Van Gogh, Guys, Jongkind,
Maillol, Manguin, Monet, B. Morisot, C. Pissarro,
Renoir, Rodin, K.-X. Roussel, Seurat, Signac,
Utrillo, Vallotton, Valtat, Vuillard. Sculptures
par Camille Claudel, Aristide Maillol, Rodin. Composant la
collection Octave Mirbeau (Paris, 1919, [108] p., 79 lots).
Buste d'Octave Mirbeau, par Rodin (1889) Musée Rodin |
La vacation a
produit 418.410 francs.
La bibliothèque de Mirbeau fut
vendue en deux parties :
Du lundi 24 au vendredi 28 mars
1919, en 5 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle
9 : Bibliothèque de Octave Mirbeau – Première partie – Livres
anciens, livres du XIXe siècle
et contemporains, éditions originales, livres illustrés
(Paris, Henri Leclerc, 1919, in-8, [2]-VII-[1 bl.]-144 + [2] p., 895 + 3
doubles [bis] = 898 lots, portrait), dont Livres anciens et du commencement du XIXe siècle
[90 lots = 10,02 %], Livres modernes [689 lots = 76,72 %], Ouvrages de Octave
Mirbeau [84 lots = 9,35 %], Autographes divers [35 lots = 3,89 %]. Cette vente
a produit 171.673 francs.
« Mirbeau aimait
passionnément les livres, comme il aimait les tableaux, comme il aimait les
fleurs. Mais en raffiné qu’il était, son goût n’allait qu’aux ouvrages
véritablement de choix, à la fois par le fond et par la forme. Un volume mal
présenté, imprimé sans art, sur du papier grossier, s’il attirait un moment son
attention, ne retenait pas sa tendresse, et ne prenait jamais place sur les
rayons difficilement accessibles de sa bibliothèque. Est-il besoin de dire
qu’aucun de ceux qu’il a ainsi dédaignés ne figure à ce catalogue ?...
Tous les livres qu’il aimait,
Mirbeau les a voulu posséder dans leurs éditions les plus rares. La qualité de
la pensée n’allait pas pour lui sans la recherche du vêtement qui l’habillait,
sans un aspect de beauté extérieure qui rehaussait à ses yeux son mérite
intrinsèque. Pour ces privilégiés il se montrait aussi prévenant, aussi
attentionné qu’il était dédaigneux pour les autres. Avec des égards d’amoureux,
il en coupait soigneusement les pages, et, tenant le livre avec précaution
entre ses deux mains, comme on tient un enfant choyé, il le lisait
dévotieusement, savourant en gourmet à la fois le contenant et le
contenu. »
(Pierre Decourcelle. « Les
Livres de mon Ami ». In Bibliothèque de Octave Mirbeau. Première partie.
Paris, Henri Leclerc, 1919, p. V-VI)
6.
Boccace. Le Décameron. Londres [Paris], 1757-1761, 5 vol. in-8, 1 portr., 5
front., 110 fig., 97 culs-de-lampe, mar. rouge, petite dent., dos et coins
ornés, tr. dor. (Rel. anc.). 4.000 fr.
12. Buffon.
Cours complet d’histoire naturelle. Paris, Deterville, 1799-1802, 80 vol.
in-18, fig., mar. rouge à longs grains, fil. au pointillé, dos orné, tr. dor.
(Rel. anc.). Un des ex. sur pap. vélin, contient le portrait et les fig. en 2
états, coloriés et en noir. 1.140 fr.
17.
Cicéron. Les Oraisons de Cicéron. Paris, P. Gandouin, 1731, 8 vol. in-12, mar.
rouge, fil., dos orné et fleurdelysé, dent. int., tr. dor. (Rel. anc.). Aux
armes de Louis XV, avec son chiffre couronné répété quatre fois sur le dos des
volumes. 900 fr.
20.
Corneille (Pierre). Théâtre, reveu et corrigé par l’autheur. Paris, Louis
Billaine, 1664, 2 vol. in-fol., front. et portr., vélin blanc, fil. et milieu
orné à froid, dos à nerfs, tr. jasp. (Rel. anc.). 880 fr.
Photographie BnF |
23. Dante. L’Enfer,
3 vol. sur pap. rose foncé, mar. rouge – Le Purgatoire, 3 vol. sur pap. vert,
mar. vert – Le Paradis, 3 vol. sur pap. bleu, mar. bleu. Texte italien en
regard de la trad. française. Paris, Firmin Didot, 1828-1830, 2e
éd., 9 vol. in-18, 3 pl., mar., fil., dos orné, dent. int., tr. dor.
(Bauzonnet-Trautz). 1.015 fr.
Exemplaire Berès : rel. Simier Drouot, 17 décembre 2007 : 9.100 € |
23 bis. Diderot.
Œuvres. Paris, Brière, 1821, 21 vol. – Naigeon. Mémoires historiques et
philosophiques sur la vie et les ouvrages de Diderot. Ibid., 1821.
Ensemble 22 vol. in-8, portraits et fig., demi-rel. veau bleu, dos orné à froid
et doré, non rogn. (Simier). Sur grand papier vélin. 1.740 fr.
43.
Lucrèce. Paris, Bleuet, 1768, 2 vol. gr. in-8, front. et 6 fig., mar. rouge,
fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). Pap. de Hollande. Ex. Lignerolles. 1.220
fr.
Rel. Lortic Librairie Le Feu follet : 15.000 € |
50.
Molière. Les Œuvres de Monsieur de Molière. Paris, Denys Thierry, Claude Barbin
et Pierre Trabouillet, 1682, 8 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos orné, dent.
int., tr. dor. (Chambolle-Duru). 1.241 fr.
Rel. genre de Bradel. Drouot, 19 octobre 2016 : 4.064 € |
55.
Montesquieu. Œuvres complètes, nouvelle édition, avec des notes d’Helvétius sur
l’Esprit des lois. Paris, Pierre Didot l’Aîné, An III, 1795, 12 vol. in-18,
portr. en médaillon sur le titre, mar. bleu à longs grains, fil., motifs aux
angles à petits fers, milieu orné à froid, dos orné, dent. int., tr. dor.
(Thouvenin). Un des 100 ex. sur gr. pap. vélin. 1.250 fr.
62. Prévost
(l’Abbé). Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut. Amsterdam,
1753, 2 vol. in-12, fig., mar. bleu, fil., dos orné à la rose, tr. dor.
(Lortic). 700 fr.
66.
Rabelais. Œuvres. Paris, Dalibon, 1823, 9 vol. gr. in-8, 2 portr. et 10 vign.,
demi-rel., dos et coins de veau rouge, dos orné, non rogné (Simier). Gr. raisin
vélin. 1.000 fr.
73.
Richardson. Clarisse Harlowe. Genève, Paul Barde, 1785-1786, 14 vol. in-18,
mar. rouge à longs grains, dos orné, dent. int., doubl. et gardes de tabis vert,
tr. dor. (Lefebvre). Portrait par Pujos et 21 fig. par Chodowiecki. 14 dessins
originaux de Huot et 14 fig. gravées par Bovinet ajoutées. 3.000 fr.
74. Rommant
de la Rose (Le). Paris, Pierre Vidoue pour Galliot du Pré, 1529, pet. in-8
divisé en 2 vol., mar. rouge, dos orné à la grotesque, tr. dor. (Rel. XVIIIe). Titre
ajouté ? L’impression de quelques pages a coulé. 880 fr.
Rel. veau raciné époque Paris, 18 décembre 2013 : 625 € |
83. Shakespeare. Œuvres complètes, traduites de l’anglais par Letourneur. Paris, Ladvocat, 1821, 13 vol. gr. in-8, portr., mar. citron à longs grains, angles ornés d’un motif à froid en forme d’éventail, et mosaïqués de mar. noir, dos orné, dent. int., gardes de papier vert, tr. dor. (Simier). Gr. pap. vélin, aux armes de la duchesse de Berry. 6.600 fr.
87.
Voltaire. Œuvres complètes de Voltaire. Société littéraire typographique,
[Kehl], 1784-1789, 70 vol., plus 2 vol. de Tables. Ensemble 72 vol. gr. in-8,
mar. vert, pet. dent. dor. sur les plats, dent. int., doubl. et gardes de
papier rose, tr. dor. (Bradel-Derome). Gr. pap. vélin. 3.000 fr.
212.
Clemenceau (Georges). Au pied du Sinaï, illustrations de Henri de
Toulouse-Lautrec. Paris, Floury, s. d. [1898], pet. in-4, broché. Tirage 380
ex. Envoi auto. de l’auteur à Mirbeau. 410 fr.
249.
Flaubert. Madame Bovary, mœurs de province. Paris, Michel Lévy frères, 1857,
pet. in-8, mar. vert foncé jans., doublé de mar. rouge, fil. à l’int., gardes
de moire, doubles gardes, tr. dor. sur témoins (Marius Michel). Édition
originale. Un des 78 ex. sur pap. vélin fort, en un seul vol. 1.005 fr.
253.
Flaubert. Trois Contes. Paris, Charpentier, 1877, in-12, mar. La Vallière
jans., doublé de mar. de même couleur, filet, tête dor., tr. dor. sur témoins,
couv. (Marius Michel). Édition originale. Un des 100 ex. sur pap. de Hollande.
890 fr.
264. France
(Anatole). La Vie littéraire. Paris, Calmann Lévy, 1888-1892, 4 vol. in-12
brochés. Édition originale. Un des 10 ex. sur pap. du Japon. 2.700 fr.
265. France (Anatole). Thaïs. Paris,
Calmann Lévy, 1891, in-12 broché. Édition originale. Un des 20 ex. sur pap. de
Hollande. 1.110 fr.
269. France
(Anatole). Le Lys rouge. Paris, Calmann Lévy, 1894, in-12 broché. Édition
originale. Un des 30 ex. sur pap. du Japon. 1.300 fr.
274. France
(Anatole). Le Mannequin d’osier. Paris, Calmann Lévy, 1897, in-12 broché. Édition
originale. Un des 30 ex. sur pap. du Japon. 1.250 fr.
399. Hervieu
(Paul). La Bêtise parisienne, nouvelle édition augmentée. Paris, Lemerre, 1897,
in-12, cartonn. étoffe brochée fantaisie, tête dor., non rogn., couv. (P. Vié).
Un des 5 sur pap. du Japon. Envoi de l’auteur à Mirbeau. 16 fr.
409.
Huysmans. A rebours. Deux-cent-vingt gravures sur bois en couleurs de Auguste
Lepère. Paris, pour les Cent bibliophiles, 1903, in-8, en feuilles, dans un
carton. Tiré à 130 ex. 1.920 fr.
429. Jarry
(Alfred). Almanach du Père Ubu illustré. 1899, in-32, fig., cartonn. pap.
marbré, non rogné (Couvert.).
Drouot, 7 novembre 2018 : 1.379 € |
430. Jarry
(Alfred). Almanach illustré du Père Ubu. Paris, A. Vollard, 1901, gr. in-8,
illustrations dans le texte, cartonn. pap. marbré, non rogné (Couvert.). Envoi
de l’éditeur à Mirbeau. 32 fr. avec le 429.
469.
Maeterlinck (Maurice). Les Sept Princesses. Bruxelles, Lacomblez, 1891, in-12, cartonn. dos et coins de vélin blanc, tête dor., non
rogn., couverture (P. Vié). Édition originale. Un des 5
ex. sur pap. du Japon. Envoi autographe de l’auteur à Mirbeau. 1.100 fr.
470.
Maeterlinck (Maurice). Pelléas et Mélisande. Bruxelles, Lacomblez, 1892, in-12,
cartonn. dos et coins de vélin blanc, plats étoffe brochée, fil., dos orné,
tête dor., non rogné, couv. (P. Vié). Édition originale. Un des 5 ex. sur pap.
du Japon. 1.100 fr.
Drouot, 7 novembre 2018 : 3.133 € |
642. Rostand
(Edmond). L’Aiglon, drame en six actes, en vers. Paris, Fasquelle, 1900, pet.
in-8, cartonn. dos et coins de mar. vert, non rogné (Couvert.). Édition
originale. Imprimé sur pap. vert, spécialement pour Mirbeau. 305 fr.
664.
Stendhal. Armance, ou Quelques scènes d’un salon de Paris en 1827. Paris,
Urbain Canel, 1827, 3 tomes en 1 vol. in-12, demi-rel. veau fauve, dos orné,
tr. marb. (Rel. de l’époque). Édition originale rare. 3.201 fr.
Drouot, 7 novembre 2018 : 2.882 € |
675. Tinan
(Jean de). Penses-tu réussir ! ou les diverses amours de mon ami Raoul de
Vallonges, roman. Paris, Mercure de France, 1907, in-12, cartonn. pap. marbré,
non rogné (Couvert.). 351 fr.
Demi-mar. cerise à coins (Affolter). Drouot, 9 novembre 2012 : 3.000 € |
747. Zola.
L’Assommoir. Paris, Charpentier, 1877, in-12, cartonn., dos et coins de mar.
rouge, non rogné (Couvert). Édition originale. Un des 75 sur Hollande. 850 fr.
Photographie Nicolas Ducimetière |
783.
Mirbeau. Le Calvaire. Paris, Ollendorff, 1887, in-12, mar. grenat jans., doublé
de mar. vert foncé, filet, gardes de moire grenat, doubles gardes, tr. dor. sur
témoins, couv. (Marius Michel). 3.520 fr.
Photographie Librairie Le Feu follet |
790. Mirbeau.
L’Abbé Jules. Paris, Ollendorff, 1888, in-12, mar. vert jans., doublé de mar.
vieux rouge, filet, gardes de soie vert foncé, doubles gardes, tr. dor. sur
témoins, couv., étui (Carayon). Édition originale. Un des 5 ex. sur pap. du
Japon. 1.150 fr.
808.
Mirbeau. Le Jardin des supplices. Manuscrit autographe, in-4, 110 feuillets sur
onglets, mar. rouge jans., à l’int. encadr. orné de 4 fil. dor. et 2 fil. à
froid (Marius Michel). 2.500 fr.
Photographie BnF |
810.
Mirbeau. Le Jardin des supplices. Vingt compositions originales de Auguste
Rodin. Paris, Vollard, 1902, in-4, mar. olive, gr. encadr. de guirlandes de
fleurs et de feuillages mosaïquées de mar. vert, jaune, violet sertis à froid,
double fil. int. avec fleurons mosaïqués aux angles, doubl. et gardes d’étoffe
tissée de soies et de fils d’or, tr. dor. sur témoins, étui (Marius Michel). Un
des 15 ex. sur pap. du Japon. 1.700 fr.
812.
Mirbeau. Le Journal d’une femme de chambre. Manuscrit autographe in-4 de 169
feuillets sur onglets, mar. brun jans., doublé de mar. rouge, filet doré,
gardes de grosse toile grise, doubles gardes, non rogné, étui (Marius Michel).
2.000 fr.
825.
Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Manuscrit
autographe in-4 de 71 feuillets sur onglets, mar. rouge jans., à l’int. encadr.
de mar. rouge orné de 4 fil. dor. et 2 fil. à froid (Marius Michel). 4.620 fr.
826. Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois
actes. Paris, Fasquelle, 1903, in-12, mar. rouge jans., doublé de mar. bleu
Nattier, filet dor., gardes de soie rouge, doubles gardes, tr. dor. sur
témoins, couv., étui (Carayon). 1.051 fr.
879. Maeterlinck
(Maurice). 6 lettres et une carte autographes, signées et adressées à Mirbeau.
Une est datée de 1890. 1.001 fr.
Les vendredi 20 et samedi 21
juin 1919, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle 8 : Bibliothèque
de Octave Mirbeau – Deuxième partie – Beaux-Arts, livres
dans tous les genres, autographes (Paris, Henri Leclerc, 1919, in-8,
[3]-[1 bl.]-57-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p., 352 + 1 double [bis] = 353 lots), dont
Beaux-Arts [46 lots = 13,03 %], Livres dans tous les genres [280 lots = 79,32
%], Autographes [27 lots = 7,64 %]. La vente a produit 20.585 francs.
11. Duret
(Théodore). Histoire d’Édouard Manet et de son œuvre. Paris, Floury, 1902, pet.
in-4, 23 pl. h.-t., cartonn. pap. marbré, non rogné (Couv. illustrée). Envoi de
l’auteur à Mirbeau. 101 fr.
13. Du
Sommerard (Alex.). Les Arts au Moyen-âge. Paris, Techener, 1838-1846, 5 vol.
in-8 et 5 albums de planches, demi-rel. veau rouge, non rognés. Front. et 510
pl. en noir et en couleurs [réédition économique à ne pas confondre avec la
véritable première édition, éléphant-fol. avec 618 pl.] 400 fr.
32. Ramiro
(Érastène) [Eugène Rodrigues]. Catalogue descriptif et analytique de l’œuvre
gravé de Félicien Rops. Paris, Conquet, 1887, gr. in-8, cartonn., pap. marb.,
non rogné, couverture (P. Vié). Première édition. Hommage autographe de Ramiro
à Mirbeau. 10 lettres et billets autographes de Rops à Mirbeau ajoutés. 301 fr.
35. Rodin.
Les Dessins de Auguste Rodin. Paris, Boussod, Manzi, Joyant et Cie, 1897,
in-fol. en feuilles dans un carton. 129 planches comprenant 142 dessins
reproduits en fac-similé. N° 4 des 125 ex., au nom de Mirbeau, avec un envoi de
Rodin. 250 fr.
"Le Baiser" (1898) Musée Rodin |
36. Rodin.
Œuvres de Rodin. 317 photographies de Eugène Druet (1867-1916) en 12 étuis
demi-vélin blanc. 390 fr.
43. Vasari
(G.). Vies des peintres, sculpteurs et architectes, traduites par Léopold
Leclanché. Paris, Just Tessier, 1841-1842, 10 vol. in-8, 121 portr., demi-rel.
chag. rouge, tr. marb. 130 fr.
69. Becque
(Henry). Théâtre complet. Paris, Charpentier et Cie, 1890, 2 vol. in-12,
cartonn. demi-vélin blanc, dos orné, tête dor., non rognés (P. Vié). Première
édition collective. 160 fr.
80. Boigne
(Ctesse de) née d’Osmond. Mémoires. Paris, Plon-Nourrit et Cie,
1907, 4 vol. in-8, portr. et fac-similé, brochés. 115 fr.
176.
Larousse (Pierre). Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle.
Paris, 1866-1876, 15 vol. et 1 vol. de Supplément. Ens. 16 vol. in-4, demi-rel.
chag. rouge, plats toile rouge, tr. jasp. 315 fr.
202. Mille nuits
et une nuit (Le Livre des). Traduction littérale et complète par le Dr
J.-C. Mardrus. Paris, Fasquelle, s. d. [1908-1911], 8 vol. in-4, ill. couleurs,
demi-rel. veau rouge, dos orné et mosaïqué, tête dor., non rogn., couv. (Rel.
éditeur). 290 fr.
Rel. d'Yseux. Un des 3 sur papier rouge Drouot, 7 novembre 2018 : 6.893 € |
211.
Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Paris,
Fasquelle, 1903, in-12, broché. Édition originale sur pap. vélin rouge, envoi
autogr. de Mirbeau. 205 fr.
212.
Mirbeau. Les Affaires sont les affaires, comédie en trois actes. Paris,
Fasquelle, 1903, in-12, broché. Édition originale. 14 exemplaires. 275 fr.
220.
Mirbeau. La 628-E8. Paris, Fasquelle, 1907, in-12, broché, édition originale en
468 pages, avec les chapitres qui furent supprimés, au cours du tirage, à la
demande des héritiers de Balzac. Titre et dédicace détachés du volume. 220 fr.
282.
Saint-Simon (Duc de). Mémoires complets et authentiques sur le siècle de Louis
XIV et la Régence. Paris, L. Hachette et Cie, 1856-1858, 20 vol., portr. –
Baschet (A.). Le Duc de Saint-Simon, son cabinet et l’historique de ses
manuscrits. Plon et Cie, 1874, 1 vol. Ensemble, 21 vol., cartonn. toile rouge,
non rogn. Pap. de Hollande. Ex. d’Edmond de Goncourt. 525 fr.
290. Sévigné
(Mme de). Lettres de Mme de Sévigné, de sa famille et de ses amis, 14 vol. –
Lettres inédites à Mme de Grignan, sa fille, 2 vol. Paris, L. Hachette et Cie,
1862-1876. Ensemble 16 vol. in-8 et 1 album gr. in-8, dos et coins mar. vert,
fil., tête dor., non rognés (Trioullier, sr de Petit-Simier). 1 des 50 ex. sur
pap. vélin. Ex. d’Edmond de Goncourt. 320 fr.
330. Hervieu
(Paul). Réunion de 161 lettres et cartes autographes signées, adressées à
Mirbeau, de 1885 à 1901. 590 fr.
La veuve d’Octave Mirbeau
demeura à Cheverchemont jusqu’au 12 juillet 1931, date de sa mort. Ses obsèques
eurent lieu le mercredi 15 juillet au temple protestant du Saint-Esprit de
Paris, 5 rue Roquépine [VIIIe] ; elle fut inhumée au cimetière
de Passy.
Elle avait occupé l’ancien
pavillon du jardinier, la maison ayant été cédée, le 28 octobre 1918, à la
Société des Gens de Lettres, pour y créer une maison de repos pour les
écrivains sans fortune. Faute du capital nécessaire à son entretien, la Société des Gens
de Lettres fut contrainte de mettre en vente cette propriété le 21 décembre
1931.
Le 11 septembre 1932, une plaque
fut apposée sur la maison natale de Mirbeau, aux frais du dramaturge Sacha
Guitry (1885-1957).
Remarquable travail, en vérité ! Non seulement Jean-Paul Fontaine a utilisé habilement toutes les informations disponibles, textes, témoignages et illustrations, sur la carrière et les résidences de l'écrivain, pour les faire découvrir au lecteur lettré, mais il a visiblement mené de nombreuses recherches personnelles pour nous offrir un magnifique panorama de tous les lieux et de toutes les maisons où a vécu Octave Mirbeau. Chapeau ! Par-dessus le marché, en tant que bibliophile averti, il nous offre nombre de très belles photos des ivres exceptionnels dont Mirbeau, lui-même bibliophile, aimait à s'entourer. Je suis très heureux de découvrir, grâce à ces recherches, nombre de documents qui m'étaient inconnus. Merci, très sincèrement !
RépondreSupprimerBelle récompense que votre commentaire attentionné ! Grand merci pour votre indulgence, car je n'ai fait qu'effleurer le sujet : vous le savez mieux que moi.
SupprimerC'est la grande époque du point de vue des arts littéraire et pictural mais assombrie par la grande misère,l'antisémitisme et les guerres,c'est-à-dire l'océan du réel où flottent quelques atolls du rêve.
RépondreSupprimerJ y ai passé la matinée, à lire avec tellement de plaisir cet article... J oublié régulièrement combien j aime cet auteur et son écriture...
RépondreSupprimerMerci. Merci. Il y a toujours des points qu on ignore, et les photos sont des découvertes pour moi.
Tant de demeures... Moi qui crains les déménagements... J admire aussi de ce fait ce courage de partir...
Merci beaucoup.