La reproduction des articles est autorisée à la condition que l'origine en soit citée.
L’identification des graveurs
français ou étrangers, ayant porté le nom de J. Colin ou Collin et ayant exercé
dans la seconde moitié du XVIIe siècle,
paraît impossible.
Qui était Johann Collin, graveur
né à Anvers [Belgique], ayant travaillé en Hollande, à Rome, à Paris et en
Angleterre ? Charles Le Blanc, ancien employé au département des estampes
de la Bibliothèque impériale (Manuel de l’amateur d’estampes. Paris, P.
Jannet, 1856, t. II, p. 39), lui a attribué Le Tableau de la Croix
(Paris, F. Mazot, 1651), sans autre explication que la date de 1682 sur un
portrait étranger au livre – seule date d’activité connue dudit Collin - et sur
l’ignorance de la date d’un exemplaire de ce livre édité par Chiquet. Le même Charles
Le Blanc perd d’ailleurs toute crédibilité quand, en particulier, il attribue à
Collin d’Anvers le portrait de Jacques Thurer [i. e. Thuret], chanoine, vicaire
général et official de Reims, signé « J. Colin Sculp Remis ».
Qui était un autre Jean Colin,
graveur au burin, qui a travaillé à Reims [Marne] de 1660 à 1696, toujours selon
Charles Le Blanc (Ibid., p. 35) ?
En outre, quelle signification
doit-on accorder à l’orthographe changeante de leur patronyme ?
Les études du négociant Maxime
Sutaine (1805-1864) sur les artistes rémois ont eu longtemps le mérite d’avoir
été les seules réalisées. Mais elles trahissent l’absence de sérieuses
recherches biographiques, défaut de bon nombre d’historiens du XIXe siècle,
ce qui empêche l’analyse profonde de l’œuvre, toujours sous l’influence de
l’environnement familial autant que professionnel.
De Jean Colin, graveur rémois du
XVIIe siècle,
Maxime Sutaine ne nous a fait connaître qu’une liste incomplète de ses œuvres -
montrant une activité entre 1665 et 1668 -, que son patronyme prenait plus
souvent un « l » que deux, et que, né à Reims dans la première moitié
du siècle, « l’année précise de sa mort n’est pas plus connue que celle de
sa naissance ».
Jean Colin est décédé à Reims,
sur la paroisse Saint-Étienne, le 4 février 1701, à l’âge de 78 ans. Il est
donc né en 1623, vraisemblablement à Reims, les actes des baptêmes de cette
année ayant été perdus.
Sa veuve, Jeanne Moreau,
qualifiée de « très âgée et caduc » [elle avait 75 ans] dans une
délibération du Conseil de Ville du 1er octobre 1708, mourut sur la
même paroisse le 1er février 1710. Elle avait été baptisée en
l’église Saint-Étienne le 23 avril 1633 et était la fille de Jeanne Dubois et
de Edme Moreau, graveur châlonnais installé à Reims vers 1620, neveu du célèbre
ingénieur topographe Claude Chastillon.
Le 14 mars 1661, Jean Colin
reçut de sa belle-mère, veuve, une maison à Reims, rue du Collège des
Bons-Enfants, et une autre à Montaneuf, hameau de la commune de Sermiers
[Marne], avec trois hommées de vignes. Apparemment excédé par des problèmes
financiers, Jean Colin fut condamné en 1666 pour avoir traité de banqueroutier
le sieur Legentil, huissier, et s’être efforcé de frapper sa femme !
Jean Colin, qui signe « J.
Colin » les actes des registres des baptêmes-mariages-sépultures, eut 9
enfants de Jeanne Moreau, tous nés à Reims : Jeanne-Marie (5 avril 1654),
Louise-Marie (8 avril 1655), Nicolas (14 octobre 1657), Élisabeth (28 avril
1660), Nicaise (28 mars 1663), Pérette (14 septembre 1666) et François (1669)
furent baptisés en l’église Saint-Étienne ; le baptême de Jeanne, née le 2
septembre 1668, eut lieu « au logis » le jour de sa naissance ;
l’acte de baptême de Jean (1656) n’a pas été retrouvé.
Jean Colin succéda à son
beau-père, Edme Moreau, qui officiait rue Saint-Étienne, près le Collège des
Bons-Enfants, et qui décéda en 1648. Il était dans le quartier des
imprimeurs, où exerçaient Augustin Pottier (1609-1659), actif de 1649 à 1659,
puis son fils Nicolas Pottier (1644-1725), actif de 1667 à 1725, héritiers de
Nicolas Bacquenois, à l’enseigne du Lion ; Jean Multeau, actif de 1652 à
1693, à l’enseigne de l’Imprimerie royale ; Protais Lelorain (1648-1691),
actif de 1674 à 1691, à l’enseigne du Nom de Jésus.
Jean Colin exerça de 1649 à
1700, d’après les gravures connues aujourd’hui. La concordance des dates et des
lieux d’édition permet de lui attribuer 46 pièces signées « J. Colin »
ou « J. Collin », dont :
Des portraits : Louis
Brulart de Sillery, signé « Jo. Colin. Sculp. Remis. 1667. ».
Claude
Coquebert, seigneur d’Agny, signé « Jo. Colin Scul. Remis. » et daté
1678.
Pierre
Bachelier de Gentes, dans La Vie de Monsieur Bachelier de-Gentes (Reims,
Nicolas Pottier, 1680, in-8, [38]-285-[1 bl.] p.). Charles-Maurice Le Tellier,
archevêque de Reims, dans les Instructions et prières chrétiennes tirées de
l’Ecriture Sainte et des Saints Pères de l’Eglise (Reims, François Godard,
1700) ; dans le même ouvrage se trouvent une Annonciation et un Christ en
croix gravés par Colin.
Des armoiries : page [4] du
Discours funèbre, sur la mort de très-illustre et vertueuse dame,
Madame Marie-Charlotte de Coucy comtesse de Grand-Pré (Reims, Augustin
Pottier, 1658, in-4, 48 p.). Au titre du Panegyricus eminentissimo principi
Antonio Barberino S. R. E. camerario, cardinali episcopo Praenestino,
archiepiscopo duci Remensi (Reims, Jean Multeau, 1668, in-4, 62-[2] p.).
Des monuments : le temple
de Janus, d’après le peintre rémois Jean Hélart (1618-1685), qui illustre Le
Triomphe du soleil, ou le Feu de joye fait à Reims, devant
l’Hôtel de Ville, pour la paix générale de l’année 1679 (Reims, Nicolas
Pottier, 1679, in-4, 8 p.). Une statue du roi Louis XIV érigée dans le jardin
des Arquebusiers, eau-forte sans signature, et une gravure signée représentant
la statue de Mars, respectivement p. 16 et p. [22] du Recueil des pièces qui
se sont faites pour le prix général rendu à Reims & tiré le 15. Juin, l’an
1687 (Reims, Jean Lelorain, 1687, in-4, 15-[2 bl.]-3-[1 bl.]-[1]-30 p.).
Des images de piété : image
de Saint Nicolas, signée « J. Collin », réutilisée en 1745 par
Régnauld Florentain (1687-1763) dans L’Office de Saint Nicolas, évêque
de Myre.
Des figures pour des thèses.
Des ex-libris.
Photographie BnF |
Un Plan de la ville, cité
et université de Reims [72 x 125 cm] : daté 1665, tiré à 31
exemplaires. Après diverses modifications topographiques et changement complet
de la décoration, Colin réutilisa les quatre cuivres gravés par Hugues Picart
(1587-1664), d’après le dessin de Jacques Cellier, organiste de la cathédrale, qui
avaient servi à faire imprimer 36 exemplaires du premier plan de la ville de
Reims par Nicolas Constant en 1619 et intitulé Pourtraict de la Ville. Cité,
et Université de Reims [67 x 119 cm]. Le plan de Colin fut retiré en
1844 par le libraire rémois Martin-Joseph Quentin-Dailly (1805-1861). En 1930, le
graveur Abel Jamas (1862-1940) fit une copie du plan de Colin, à la suite de la
perte des cuivres originaux dans l’incendie de l’Hôtel de Ville en 1917.
Le Tableau de la Croix
représenté dans les cérémonies de la S.te messe ensemble le trésor
de la dévotion aux soufrances [sic] de N.re S.
I. C. le tout enrichi de belles figures (Paris, F. Mazot, 1651 [i. e. 1652],
in-8, [97]-[1 bl.] p.).
Page de titre : au-dessus du titre, gravure
représentant le Christ au jardin des oliviers, signée en bas à gauche « J.
Collin. fe ». P [5] : portrait de Charles de l’Aubespine, signé en
bas à gauche « G d Geÿn scul », originaire d’Anvers.
Page [7] :
gravure représentant Dieu le Père et Jésus adorés par les anges et portant le
titre « Les Litanies », signée en bas à gauche « J. Collin.
fe. ». Suivent 39 planches montrant des scènes de la Passion, en
concordance avec la célébration de la messe ; ces figures seraient des
copies d’originaux éditées à l’étranger ; en regard, et par conséquent au
recto, se trouvent des encadrements gravés qui, seuls, seraient l’œuvre de Jean
Colin. Ces pièces sont suivies d’un buste de « Iesus admirabilis »
non signé, d’une page gravée de « Litaniæ de nomine Iesu » signée en
bas à gauche « I. Durant. f », d’un buste de « Mater
amabilis » non signé, d’une page gravée de « Litaniæ B.
Virginis » non signée, de huit pages numérotées des « Septem psalmi
pœnitentiales » avec des encadrements gravés non signés, deux pages
d’oraisons avec encadrements non signés
et une page pour
l’ « Extraict du Privilège du Roy », en date du 9 juin 1651,
avec la mention « Achevé d’imprimer ce 20.e Septembre
1652. »
Un second tirage de 1651
présente un privilège daté du « 20.e Septembre 1653 ».
La 2e édition de
François Mazot est de 1653.
Celle de Jacques Chiquet
(1673-1721), sans date, est des environs de 1700.
En 1651, 1653 et vers 1700, des tirages ont été faits avec
la gravure « Le Pape s’approche de l’Autel », au lieu de celle de
« Le Prestre s’approche de l’Autel », p. [8].
Le fils de Jean Colin, Jean deuxième du
nom, né en 1656 et décédé sur la paroisse Saint-Étienne le 26 avril 1703, a
vraisemblablement travaillé dans l’atelier de son père. Il a signé
« Collin le fils » les frontispices de deux livres imprimés à Reims :
L’Alliance de la justice et la paix représentée en un feu de joye
(Reims, Barthélemy Multeau [« le Jeune »], 1697, in-4, [1]-8 p.), et Mars
pacifique ou l’alliance de Mars et de la paix (Reims, Veuve de Jean Multeau
[Jeanne Barenger], 1698, in-12, [20]-140-[8] p.).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire