jeudi 29 décembre 2022

Joseph-François Mahérault (1795-1879), passionné de théâtre et collectionneur d’art

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Le Mans (1867)


Fils de Jean-François Mahérault, maître boulanger au Mans [Sarthe], et de Françoise-Jacquine Montsallier, Jean-François-René Mahérault est né le 3 mars 1764 et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Vincent. Il commença ses études au collège de l’Oratoire du Mans et les termina à Paris, au collège Louis-le-Grand. Brillant élève, il se destinait à l’enseignement.

Professeur de rhétorique au collège de La Marche, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève [Ve], avant la Révolution, il fut nommé en 1790 professeur d’humanités au collège de Montaigu, rue des Sept-Voies [rue Valette, Ve], qui prit à cette époque le nom de collège du Panthéon-Français. Il travailla avec Pierre Crouzet (1753-1811), principal du même collège, à l’élaboration d’un Plan d’études provisoires (Paris, Imprimerie Ballard, An II). Il participa à l’organisation de l’École militaire de Liancourt [Oise] en 1795, et à celle de l’Institution nationale des colonies, au collège de La Marche, consacrée à l’éducation des enfants noirs, en 1796.

En frimaire An V, il fut nommé professeur de langues anciennes à l’École centrale du Panthéon, où il occupa la chaire de rhétorique lorsque cette école devint en 1804 le lycée Napoléon [lycée Henri IV, 23 rue Clovis, Ve].

Le Théâtre Français, par Antoine Meunier (1792)

Nommé en 1799 commissaire du gouvernement près le Théâtre-Français [Comédie française], rue de Richelieu, il réussit à opérer la réunion à ce théâtre de tous les artistes emprisonnés en 1793 et depuis divisés et dispersés : il fut le véritable créateur de la Comédie française.

Une maladie neurologique, qui le paralysa du côté gauche, le força de renoncer, en 1809, à sa chaire de professeur, et en 1813, à sa place de commissaire près le Théâtre Français. 


Il mourut à Paris, 27 rue Tivoli [rue d’Athènes, IXe], le 25 août 1846, et fut inhumé au cimetière de Montmartre [14e division, ligne 2, tombe 15]. Il était veuf depuis le 30 septembre 1824 de Marie-Françoise-Dorothée Prévost, née le 26 juin 1767 à Marseille-en-Beauvaisis [Oise], qu’il avait épousée à Paris le 6 pluviôse An II [25 janvier 1794].

Joseph-François Mahérault
[L'Oeuvre de Moreau le Jeune. Paris, A. Labitte, 1880, front.]

Leur fils Marie-Joseph-François Mahérault était né le 19 fructidor An III [5 septembre 1795], au 28 rue de la Montagne-Sainte-Geneviève. Il avait été présenté à l’état civil par deux témoins : un acteur tragique, Marie-Joseph Chénier (1764-1811), frère cadet du poète, et une tragédienne, Françoise-Rose Gourgaud, femme Vestris (1743-1804).

Ministère de la Guerre, par Eugène Atget. Musée Carnavalet

Ses études terminées au collège de Navarre, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, il entra en 1812 au ministère de la Guerre, à l’hôtel de Brienne, 14 rue Saint-Dominique [VIIe], où sa carrière dura 36 ans. Appelé sous les drapeaux en 1814, il fit partie du 2e régiment d’infanterie légère jusqu’en septembre 1815 et reprit sa place au ministère en 1816. Il s’éleva successivement aux postes les plus importants : sous-chef du bureau de l’infanterie (1820), chef du bureau de l’état-major général (1829), chef du bureau de l’infanterie (1830), chef des bureaux de l’infanterie et de la cavalerie (1833), chef du bureau des états-majors (1834), chef du bureau des écoles militaires (1835), maître des requêtes en service extraordinaire (1835), chef de division (1836), directeur adjoint du personnel et des opérations militaires (1844), secrétaire général du ministère de la Guerre (1847). IL fut admis à la retraite le 20 mai 1848.

Le 18 avril 1849, il fut élu conseiller d’État par l’Assemblée nationale et attaché au Comité des finances, de la guerre et de la marine. Il rentra dans la vie privée après le coup d’État du 2 décembre 1851.

Il avait reçu la décoration de la Légion d’honneur en 1831, avait été promu au grade d’officier en 1838 et avait reçu le cordon de commandeur en 1845.

Après avoir quitté la carrière administrative, cet ami et conseiller dramatique de l’académicien Eugène Scribe (1791-1861) se livra à ses goûts de collectionneur, avec la seule fortune de sa place.

« Il recueillit avec passion les dessins et les gravures du XVIIIe siècle et en forma une réunion justement célèbre. Il avait aussi le goût des autographes ; il avait trouvé dans la correspondance de son père des lettres fort curieuses des acteurs de l’époque de la Révolution et de l’Empire. Il augmenta ce fonds de collection, recherchant surtout les autographes d’artistes. Il ne manquait jamais de venir aux expositions de la rue des Bons-Enfants et de l’hôtel Drouot examiner les pièces qu’il avait remarquées en lisant les catalogues. »

(Étienne Charavay. L’Amateur d’autographes, N° 313, Octobre 1879, p. 163)

Gavarni [L'Oeuvre de Gavarni. Paris, Jouaust, 1873, front.]

 

Il publia, avec Emmanuel Bocher (1835-1919), L’Œuvre de GavarniLithographies originales et essais d’eau-forte et de procédés nouveauxCatalogue raisonné par J. Armelhault [anagramme de Mahérault] et E. Bocher, orné d’un portrait inédit de Gavarni dessiné par lui-même et de deux lithographies et une eau-forte de cet artiste, également inédites (Paris, Librairie des Bibliophiles, 1873, in-8, 300 ex. numérotés : 12 Chine, 40 Hollande et 248 vélin).


 
49 rue Laffitte [point rouge]
Photographies Charles Marville (1866)

Après une courte maladie, Mahérault mourut le 5 juin 1879, en son domicile parisien du 49 rue Laffitte [détruit, IXe], à l’angle de la rue Ollivier [rue de Châteaudun], donnant sur l’église Notre-Dame-de-Lorette. Il fut inhumé dans le caveau de son père, au cimetière de Montmartre. Il était veuf de Françoise Kastner, fille de cordonnier, née à Charleville [Ardennes] le 18 fructidor An III [4 septembre 1795], qu’il avait épousée à Paris [Ier] le 24 octobre 1825 et qui avait donné naissance à Élisabeth Mahérault, 27 rue Tivoli, le 10 mars 1834.


 

Sa bibliothèque fut vendue du mardi 9 au samedi 13 décembre 1879, en 5 vacations, à la Maison Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 1 : Catalogue des livres, principalement sur les beaux-arts & la bibliographie, composant la bibliothèque de feu M. J.-F. Mahérault, ancien conseiller d’État (Paris, Adolphe Labitte, 1879, in-8, [3]-[1 bl.]-122-[1]-[1 bl.] p., 944 + 1 double [bis] = 945 lots), dont Beaux-Arts [403 lots = 42,64 %], Sciences et Arts [61 lots = 6,45 %], Belles-Lettres [221 lots = 23,38 %], Histoire [89 lots = 9,41 %], Bibliographie [171 lots = 18,09 %].

 


21. L’Artistaire. – Livre des principales initiations aux beaux-arts, la peinture, la sculpture, l’architecture, la poésie, la musique, la mimique et la gymnastique ; par Paillot de Montabert, auteur du Traité complet de la peinture. Paris, Alexandre Johanneau, 1855, in-8, portr., br.



56. Galerie du Musée Napoléon, Publiée par Filhol, graveur, & rédigée par Lavallée (Joseph). Paris, Filhol, An XII-1804-1808, 11 vol. gr. in-8, pl., demi-rel. avec coins, mar. r., non rogn. (Purgold).



94. Description sommaire des ouvrages de peinture, sculpture et gravure exposés dans les salles de l’Académie royale, Par M. D ***. Paris, de Bure père, 1781, in-12, front. gr., veau marb., fil.



120. Catalogue raisonné des différens objets de curiosités dans les sciences et arts, qui composoient le Cabinet de feu Mr Mariette. Par F. Basan, Graveur. Paris, Chez l’Auteur et G. Desprez, 1775, in-8, front. gr. par Choffard, titre gr. par Moreau le Jeune, fig., veau granit. Avec les prix.



168. Catalogue de la collection d’estampes anciennes provenant Du Cabinet de M. H. de L. [His de La Salle]. Paris, P. Defer, 1856, gr. in-8, demi-rel. chag. La Vallière, non rogn. Avec les prix et un envoi de H. de L. à Mahérault.



274. Prud’hon – Sa vie, ses œuvres et sa correspondance, par Charles Clément. Paris, Didier et Cie, 1872, in-8, portr., 30 fig., br. Avec envoi de l’auteur à Mahérault.



304. Gavarni, l’homme et l’œuvre, par Edmond & Jules de Goncourt. Paris, Henri Plon, 1873, in-8, portr. gravé à l’eau-forte par Flameng, fac-similé d’autographe, 30 ex. sur pap. vergé, cart. en perc. bl., non rogn. Avec envoi à Mahérault.



324. Le Vignole moderne, ou Traité élémentaire d’architecture. Où sont expliqués les principes des cinq Ordres de J. B. de Vignole : Composés & gravés par J. R. Lucotte, Architecte & Graveur. Paris, Quillau, l’Auteur et Buldet, 1772, 2 part. en 1 vol. in-4, titre gravé, pl., demi-rel. v. f., tr. marbrées.



351. Traicté des manieres de graver en taille douce sur l’airin [sic]. Par A. Bosse. Paris, Bosse, 1645, pet. in-8, fig., vélin.

Photographie Library of Congress


385. Gynæceum, Sive Theatrum mulierum. Francoforti, Sigismundi Feyrabendij, 1586, pet. in-4, 122 gravures en bois, demi-rel. bas. antique.



387. Le Tableau des riches inventions Couvertes du voile des feintes Amoureuses, qui sont representees dans le Songe de Poliphile Desvoilees des ombres du Songe, & subtilement exposees Par Beroalde. Paris, Matthieu Guillemot, 1600, in-4, titre gravé, fig. sur bois, veau antique.



432. Anatomie du gladiateur combattant, applicable aux beaux arts. Par Jean-Galbert Salvage. Paris, Chez l’Auteur, Imprimerie de Mame, 1812, in-fol., 22 pl., demi-rel. bas. ant., non rogn.

Photographie BnF

461. La Locomotion – Histoire des chars, carrosses, omnibus et voitures de tous genres, par D. Ramée. Paris, Amyot, 1856, in-12, fig., cart., non rogn.



507. La Colombiade, ou la Foi portée au Nouveau Monde. Poëme, Par Madame Duboccage. Paris, Desaint & Saillant, et Durand, 1756, in-8, fig., veau marbr.



531. L’Atlantide ou Le Géant De la Montagne bleue, Poëme en quatre Chants, Recueilli et Publié par M. Baour de Lormian. Paris, Brunot Labbe, s. d. [1812], in-12, fig., demi-rel. bas. ant.



565. Œuvres complètes de M. Eugène Scribe. Paris, A. Tétot, 1858, 17 tomes en 9 vol. in-8, fig., demi-rel. chag. r., tr. jaspées.



613. Œuvres illustrées de Champfleury – Les Aventures de Mademoiselle Mariette, avec quatre eaux-fortes dessinées et gravées par Morin. Paris, Poulet-Malassis er De Broise, 1862, in-12, fig., broché.



619. Tom Jones, ou Histoire d’un enfant trouvé, Par Fielding. Paris, Firmin Didot Frères, 1833, 4 vol. in-8, fig. de Moreau le Jeune, br.



632. Les Colloques d’Erasme. Nouvelle traduction, Par Monsr. Gueudeville. Leide, Pierre vander Aa et Boudouin Jansson vander Aa, 1720, 4 tomes en 3 vol. in-12, front., vign., v. f. ant.



683. Œuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, mises en ordre et précédées de la vie de l’auteur, par L. Aimé-Martin. Paris, Lequien Fils et J. Pinard, 1830-1831, 12 vol. in-8, fig., demi-rel. v. f., tr. marb.



731. Le Costume des peuples de l’Antiquité, prouvé par les Monuments. Par André Lens, Peintre. Dresde, Frères Walther, 1785, in-4, 57 pl., cart., non rogné.



747. Les Nains célèbres depuis l’Antiquité et jusques et y compris Tom-Pouce, par A. d’Albanès et Georges Fath, illustrés par Édouard de Beaumont. Paris, Gustave Havard, s. d. [1845], in-8, gr. sur bois, cart., non rogn.



760. Bibliothèque originale – Petrus Borel, le Lycanthrope, sa vie – ses écrits – sa correspondance, poésies et documents inédits, par Jules Claretie. Paris, René Pincebourde, 1865, in-12, front. à l’eau-forte avec portrait de Ulm, broché.



775. Iean Gutenberg, premier maitre imprimeur, Ses faits & discours les plus dignes d’admiration, & sa mort. Genève, Jules Guillaume Fick, 1858, gr. in-8, pap. vélin fort, fig. à l’eau-forte, demi-rel. v. f., tête jasp., non rogn.



809. Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique – Par Charles Asselineau. Paris, René Pincebourde, 1866, in-8, front. à l’eau-forte de Célestin Nanteuil, 300 ex., demi-rel. chag. vert, tête jasp., non rogn. 1 des 50 ex. sur gr. pap. de Hollande.



938. Réponse à une incroyable attaque de la Bibliothèque nationale touchant une lettre de Michel de Montaigne, par F. Feuillet de Conches. Paris, Laverdet, 1851, in-8, cart., non rogn. Ex. sur gr. pap. de Hollande.

Trois autres ventes suivirent en 1880 :

. Le jeudi 4 mars 1880, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 2 : Catalogue de l’intéressante collection de lettres autographes composant le cabinet de feu M. J. F. Mahérault, ancien conseiller d’État (Paris, Charavay Frères, 1880, in-8, 36 p., 253 lots). 



. Du mardi 18 au mardi 25 mai 1880, en 7 vacations, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot, salle n° 4 : Catalogue d’estampes anciennes et modernes, vignettes du XVIIIe et du XIXe siècle, œuvres de J.-M. Moreau le Jeune et de Gavarni, composant la collection De feu Marie-Joseph-François Mahérault, ancien conseiller d’État (Paris, Charles Pillet, Maurice Delestre et Clément, 1880, in-8, [2]-189-[1 bl.] p., 1.817 lots).



. Du jeudi 27 au samedi 29 mai 1880, en 3 vacations, à l’Hôtel Drouot, salle n° 2 : Catalogue des dessins, anciens et modernes, œuvres de : Moreau le Jeune, Clodion, Fragonard, Gravelot, Marillé, Gavarni, Deveria, Desenne, Johannot, Prud’hon, etc., formant la collection De feu M. M.-J.-F. Mahérault, Ancien Conseiller d’État (Paris, Charles Pillet, Maurice Delestre et Féral, 1880, in-8, 160 p., 540 lots).

Photographie Librairie du Cardinal

 

Dans sa jeunesse, Joseph-François Mahérault avait été l’élève du graveur, peintre et illustrateur Jean-Michel Moreau, dit « le Jeune » (1741-1814), et voulut réaliser un monument à sa mémoire : L’Œuvre de Moreau le JeuneCatalogue raisonné et descriptif, avec notes iconographiques et bibliographiques, par M.-J.-F. Mahérault, ancien conseiller d’État, orné d’un portrait de l’auteur par Le Rat, et précédé d’une notice biographique par Émile de Najac (Paris, Adolphe Labitte, 1880, in-8), qui ne fut publié qu’après la mort de son auteur, par son gendre, le comte Émile-Fernand de Najac, né le 17 décembre 1828 à Lorient [Morbihan].

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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