François-Jean-Gabriel de La Porte du Theil (1742-1815), un des meilleurs hellénistes de son temps

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La famille de La Porte des Vaux, qui a pour armes « D’or, au chevron de gueules », aurait pour berceau une terre de La Porte, en Périgord, non identifiée.

Elle a pour auteur Aubert de La Porte, écuyer, qui, par son mariage en 1480 avec Jeanne du Château, veuve du seigneur des Vaux, reçut la terre des Vaux, qui se trouvait sur une colline qui domine le cours de la Vienne, dans la commune de Millac [département de la Vienne], et qui comprenait les villages de L’Âge, Vernessac, Fouquet et Font-Valet ; le château des Vaux fut détruit par un incendie en 1770 et rasé à la Révolution.    

Devenu veuf, Aubert se remaria, le 24 juin 1508, avec une jeune veuve, Hippolyte de Barachin, et en eut François, marié le 10 mars 1544 à Marguerite de Boislinard, qui lui donna François, écuyer, seigneur des Vaux, allié le 20 janvier 1567 à Anne du Querrouer et père de deux fils.

L’aîné, Jacques, continua la lignée des seigneurs des Vaux.

Le cadet, Pierre, écuyer, épousa, le 27 juillet 1597, Françoise de Barachin, qui lui apporta la terre de Le Theil-au-Servant, paroisse de Chapelle-Viviers [Vienne], comprenant le château, six métairies et un moulin ; le 10 août suivant, il hérita de L’Âge, après le partage de la succession paternelle avec son frère ainé. De Françoise de Barachin, Pierre de La Porte eut Pierre, écuyer, allié à Claude de La Graize le 24 janvier 1639, d’où deux fils :

1°- Antoine, écuyer, seigneur de Chapelle-Viviers, baptisé à Chapelle-Viviers le 16 décembre 1640, marié à Jeanne de Mauvise en 1662, puis, devenu veuf sans enfant, le 27 août 1665 à Catherine de Régnault, qui lui donna deux fils : l’aîné, René, baptisé le 7 août 1671, seigneur de Chapelle-Viviers, puis du Theil, épousa, le 24 septembre 1708 à Poitiers [Vienne], Marie-Rose Perreau, qui lui donna deux fils, auteurs des rameaux du Theil et de Forges, commune de Saint-Georges-lès-Baillargeaux [Vienne]. Antoine mourut le 4 juin 1702 à Chapelle-Viviers. René mourut à Chapelle-Viviers le 28 janvier 1721.

2°- Gabriel, écuyer, seigneur du Theil, baptisé à Chapelle-Viviers le 9 décembre 1642, brigadier des gardes du corps du Roi, allié à Paris le 16 novembre 1682 à Marie Blondel et père de Jean-Gabriel de La Porte, seigneur du Theil, baptisé à Paris, en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, le 18 août 1683, ambassadeur du roi Louis XV, secrétaire des plénipotentiaires à Bade en 1713, chevalier de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem en 1717, ministre plénipotentiaire à Vienne en 1735 pour le rattachement de la Lorraine à la France, secrétaire du cabinet du Roi en 1737, secrétaire des commandements du Dauphin et des Dames de France en 1747, ambassadeur extraordinaire au congrès d’Aix-la-Chapelle en 1748 pour la fin de la Guerre de Succession d’Autriche, allié le 28 août 1737 à Jeanne-Benjamine-Angélique Faucard de Beauchamps, d’où un fils, François-Jean-Gabriel. Jean-Gabriel mourut à Paris, le 17 août 1755.

François-Jean-Gabriel de La Porte du Theil est né à Paris le 13 juillet 1742 et fut baptisé le lendemain en l’église paroissiale de Saint-Sulpice. 

Chevau-Léger, gravé par De Ferht d'après Charles Eisen (1756)
Photographie BnF

Dès 1756, il entra dans les Chevau-Légers de la garde du Roi, puis passa, comme sous-lieutenant, aux Gardes françaises, fit quatre campagnes de guerre de 1759 à 1762, qui lui valurent la croix de Saint-Louis.

La paix revenue, ses loisirs lui permirent de publier Oreste, ou les Coëphores, tragédie d’Eschyle. Traduction nouvelle, avec des notes (Paris, Desaint, 1770, in-8), qui lui permit d’entrer à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et d’être attaché au comte de Provence, futur Louis XVIII, comme gentilhomme de sa chambre. Il publia ensuite : Traité de Plutarque, sur la manière de discerner un flatteur d’avec un ami ; et le Banquet des sept sages, dialogue du même auteur (Paris, Imprimerie royale, 1772, in-8) et Hymnes de Callimaque (Paris, Imprimerie royale, 1775, in-8).

En 1776, il fut chargé par le gouvernement d’aller à Rome rechercher toutes les pièces manuscrites qui pouvaient intéresser l’histoire nationale dans la Bibliothèque vaticane, la Bibliothèque des Pères de l’Oratoire Saint-Philippe de Néri, les bibliothèques des princes Corsini et Chigi, les archives de Saint-Pierre et du château Saint-Ange : il y resta dix ans et rapporta plus de 17.000 pièces. De retour à Paris, il publia, avec Louis-Georges-Oudard de Bréquigny (1715-1795), Diplomata, chartæ, epistolæ, et alia documenta, ad res francicas spectantia (Parisiis, Joannem Lucam Nyon et filium, 1791, 3 vol. in-fol.). Il avait publié entre-temps Les Amours de Léandre et de Héro : poëme de Musée le Grammairien (Paris, Nyon le Jeune, 1784, in-12) et Théatre des Grecs, par le P. Brumoy (Paris, Cussac, 1785-1789, fig., 13 vol. in-8). 

Bibliothèque de l'Institut de France, dessiné et gravé par A.-F. Lemaître
Dictionnaire de l'Académie française. Paris, Firmin Didot Frères, 1835, t. II, p. de titre

Il fut élu membre de l’Institut le 21 frimaire An IV [12 décembre 1795], et nommé conservateur des manuscrits grecs et latins à la Bibliothèque nationale en 1796. Il publia encore : Théatre d’Æschyle (Paris, Imprimerie de la République, An III, 2 vol. in-8), Voyage pittoresque de la Syrie, de la Phénicie, de la Palestine et de la Basse Egypte, par Cassas (Paris, Imprimerie de la République, 1798, pl., 2 vol. in-fol.).

On ne connaît que quelques exemplaires des pages 1 à 320 du tome II d’une édition du Titi Petroni Arbitri Satyricon, en trois volumes, imprimés de 1796 à 1800 par François-Jean Baudouin (1759-1838), qui fut totalement détruite par La Porte du Theil, fâché de s’être occupé de répandre un tel auteur. Mais un exemplaire des feuilles d’épreuves, portant les bons à tirer et les corrections de l’auteur, avait été conservé, et passa successivement dans les collections de Louis-Charles-Joseph de Manne (1863), d’Armand Durand (1895) et de Jules de Chantepie du Dézert (1905), avant de trouver place dans les collections de la Bibliothèque nationale ; un petit feuillet détaché, joint en tête du premier volume, contient une note de sa main, qui montre qu’il était bien bibliophile : « Le citoyen Beaudouin [sic] n’oubliera point qu’il m’a promis un exemplaire tiré sur du papier bien plus grand et bien plus beau que tous les autres les plus beaux ». On lui doit aussi des mémoires et articles insérés dans le Journal des Savants, le recueil de l’Académie des Inscriptions et le Magasin encyclopédique.

François-Jean-Gabriel de La Porte du Theil, par F.-A. Vincent (1805). Coll. Musée du Louvre

Chevalier de la Légion d’honneur le 17 juillet 1804, son dernier ouvrage fut la Géographie de Strabon, traduite du Grec en Français (Paris, Imprimerie impériale, An XIII = 1805-1814, 4 vol. in-4). Ruiné par la Révolution, il n’eut pour vivre que le traitement attaché à sa place de conservateur des manuscrits à la Bibliothèque nationale. La Restauration le trouva malade et alité. Officier de la Légion d’honneur le 20 janvier 1815, il mourut le 28 mai suivant, en son domicile, 22 rue des Saints Pères [VII^e]. Il ne s’était pas marié : en lui s’éteignit le rameau des La Porte du Theil, qui s’étaient établis à Paris, après avoir fourni seulement trois générations.

La bibliothèque de François-Jean-Gabriel de La Porte du Theil fut vendue en sa maison, 22 rue des Saints-Pères, du mercredi 17 avril au vendredi 31 mai 1816, en 38 vacations : Catalogue des livres de la bibliothèque De Feu M. Fr. J. G. de La Porte du Theil, Membre de l’Institut, Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, Officier de la Légion-d’Honneur, Conservateur des manuscrits de la Bibliothèque du Roi (Paris, De Bure frères, 1816, in-8, [3]-[1 bl.]-xix-[1 bl.]-334-[2] p., 3.486 + 3 doubles [bis] = 3.489 lots), dont Théologie [126 lots = 3,61 %], Jurisprudence [57 lots = 1,63 %], Sciences et Arts [340 lots = 9,74 %], Belles-Lettres [1.307 lots = 37,46 %], Histoire [1.604 lots = 45,97 %], Articles omis [55 lots = 1,57 %]. Avec un « Avertissement », par le libraire, et une « Notice abrégée sur la vie et les ouvrages De M. de La Porte du Theil », par Silvestre de Sacy.

Cette bibliothèque était « comptée comme une des belles et des plus curieuses laissées par des savans [sic] et des gens de lettres », par la rareté de certaines éditions, la qualité des reliures et le nombre d’ouvrages de bibliographie.

 

572. Commentarii linguæ græcæ, Gulielmo Budeao auctore. Paris, Jodoco Badio Ascensio, 1529, in-fol., v. m.

581. Etymologicon magnum. Opera Friderici Sylburgii Veter. Hyeronimi Commelini, 1594, rel. en peau.

591. Thesaurus græcæ linguæ, Ab Henrico Stephano constructus. Paris, Henr. Stephanus, 1572, 5 tomes en 4 vol. in-fol., v. f. Ch. Mag.

676. Theonis sophistæ progymnasmata. Lugduni Batavorum, Bonaventuræ et Abrahami Elzevir, 1626, in-8, cart.

698. Conciones sive orationes ex Græcis Latinisque historicis excerptæ. Paris, Henricus Stephanus, 1570, in-fol., v. porph., dent.

710. Æschinis et Demosthenis Orationes de Corona. Halis Saxonum, Libraria Hemmerdeana, 1815, in-8, br.

755. Les Quatre Poëtiques : d’Aristote, d’Horace, de Vida, de Despréaux, Avec les Traductions & des Remarques Par M. l’Abbé Batteux. Paris, Saillant et Nyon, Desaint, 1771, 2 vol. in-8, v. m.

786. Mellificium Atticum. Francofurti ad Mœnum, Joan. Friderici Weissii, 1627, 1 tome en 2 vol. in-4, v. éc.

817. L’Homère travesti, ou L’Iliade en vers burlesques. Paris, Pierre Prault, 1716, 2 vol. in-12, fig., v. b.

873. Hug. Grotii Batavi. Syntagma Arateorum : opus poeticæ et astronomiæ studiosis utilissimum. Lugdunum Batavorum, Christophorum Raphelengium, 1600, in-4, fig., v. éc.

Photographie Antiquariat Jürgen Dinter

899. Nicandri Alexipharmaca, Io. Gorræo Parisiensi medico interprete. Parisiis, Guil. Morellium, 1557, in-4, vélin.

994. Hoc volumine continentur Poëtæ tres egregij […], Gratij […], P. Ovidij Nasonis […], M. Aurelij […], T. Calphurnij […], Adriani Cardinalis […]. Aldus, 1534. [à la fin :] Venetijs, in ædibus heredum Aldi Manutij, & Andreæ Soceri. In-8, v. b.

Photographie Pazzo Books, Boston

1.005. Albii Tibulli Equitis Rom. quæ exstant. Amstelædami, Wetsteniana, 1708, in-4, fig., v. b.

1.018. Les Géorgiques de Virgile, traduction nouvelle en vers françois, Enrichies de Notes & de Figures ; Par M. Delille. Paris, C. Bleuet, 1770, in-8, fig., v. m.

1.045. Métamorphoses d’Ovide en rondeaux. Paris, Imprimerie royale, 1676, in-4, 226 fig., v. f.

1.127. Stultifera navis mortalium. Basileæ, [à la fin :] Sebastiani Henricpetri, 1572, in-8, fig. en bois, m. bl.

1.151. Les Œuvres de Clement Marot. Paris, Claude Gautier, 1571, pet. in-12, m. r. doublé de m. r., dent., l. r.

1.244. Le Theatre de la Foire, ou l’Opéra comique. Paris, Etienne Ganeau, 1721, 5 vol. in-12, fig., v. j.

1.289. Mythologia Æsopica. Francoforti, Nicolai Hoffmanni, 1610, pet. in-8, fig. en bois, v. éc.

1.353. La Dernière Héloïse, ou Lettres de Junie Salisbury, recueillies et publiées par M. Dauphin citoyen de Verdun. Paris, 1784, in-8, fig., v. éc.

1.545. Petrone latin et françois ; traduction entière, Suivant le Manuscrit trouvé à Belgrade en 1688. Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, 1756, 2 vol. in-12, fig., demi-rel.

1.607. Emblemata Florentii Schoonhovii I. C. Goudani, Partim Moralia partim etiam Civilia. Lugduni Batavorum, Ex officina Elzeviriana, 1626, in-4, fig., v. b.

1.628. Les Images ou Tableaux de platte peinture des deux Philostrates sophistes grecs et les statues de Callistrate Mis en François par Blaise de Vigenere Bourbonnois Enrichis d’Arguments et Annotations. Paris, Jean Branchu, 1637, in-fol., fig., vél.

1.712. Œuvres de Monsieur Passerat dédiées à Son Altesse Electorale de Bavière. La Haye, Henry van Bulderen, 1695, pet. in-12, fig., vél.

1.743. Œuvres diverses de M. de Fontenelle, de l’Académie françoise. Nouvelle édition, Augmentée & enrichie de Figures gravées Par Bernard Picart le Romain. La Haye, Gosse et Neaulme, 1728, 3 vol. gr. in-4, fig., v. éc., dent.

1.853. Strabonis De situ orbis Libri XVII. Amstelodami, Joannem Janssonium Juniorem, 1652, 2 vol. pet. in-12, vél.

1.903. Atlas nouveau contenant toutes les parties du monde. Par le S^r. Sanson. Paris, Hubert Jaillot, 1692, in-fol. max., v. b., fig. enluminées.

1.954. Voyage littéraire de la Grèce, ou Lettres sur les Grecs, anciens et modernes, avec un parallèle de leurs mœurs. Par M. Guys. Paris, Veuve Duchesne, 1783, 4 vol. in-8, fig., v. rac.

2.154. Histoire des Ordres royaux, hospitaliers-militaires de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem. Par M. Gautier de Sibert. Paris, Imprimerie royale, 1772, in-4, v. éc.

2.195. Pausanias, ou Voyage historique de la Grèce, traduit en François, Avec des Remarques. Par M. l’Abbé Gedoyn. Paris, F. G. Quillau, 1731, 2 vol. in-4, fig., v. b.

2.499. Commentaires de messire Blaise de Monluc mareschal de France. Bourdeaux, S. Millanges, 1592, 2 vol. pet. in-8, v. f. Ex. d’Hoym.

2.590. L’Histoire de Bretaigne. Mise en escrit par noble homme, messire Bertrand D’argentré [sic]. Paris, Jacques du Puys, 1588, in-fol., v. b.

2.629. Dissertations sur les anciens monumens de la ville de Bordeaux, sur les gahets, les antiquités, et les ducs d’Aquitaine. Par MR. l’Abbé Venuti. Bordeaux, Jean Chappuis, 1754, in-4, fig., v. j.

2.714. Observations historiques et géographiques, sur les peuples barbares qui ont habité les bords du Danube & du Pont-Euxin. Par M. de Peyssonnel. Paris, N. M. Tilliard, 1765, in-4, cartes et fig., v. b.

Photographie BnF

2.868. Histoire philosophique et politique Des Établissemens et du Commerce des Européens dans les deux Indes. Par Guillaume-Thomas Raynal. Genève, Jean-Léonard Pellet, 1780, 4 vol. in-4 et Atlas, v. j.

2.935. Dissertations historiques et critiques sur la chevalerie ancienne et moderne, séculière et régulière, Avec des Notes. Par le R. P. Honoré de Sainte Marie. Paris, Pierre-François Giffart, 1718, in-4, fig., v. m.

3.003. Historia navalis antiqua, Libris quatuor. Autore Tho. Rivio. Londini, Robertum Barker et Hæred. Io. Billii, 1633, in-8, fig., v. b.

3.011. Histoire de l’art chez les anciens. Amsterdam, E. van Harrevelt, 1766, 2 vol. in-8, v. m.

Photographie Dansmongarage, Saint-Laurent-Du-Cros

3.097. Epitome du thresor des antiquitez. Lyon, Jacques de Strada et Thomas Guérin, 1553, in-4, fig., m. cit., dent., rel. antiquée, l. r.

Photographie BnF

3.131. Les Ruines des plus beaux monuments de la Grèce. Paris, Imprimerie de Louis-François Delatour, Musier fils, 1770, 2 vol. in-fol., fig., v. porph.

3.157. De origine et usu obeliscorum. Romæ, Typis Lazzarinii, 1797, gr. in-fol., fig., cart.

3.182. Miscellanea eruditæ antiquitatis. Lugduni, Fratrum Huguetan & Soc., 1685, in-fol., fig., v. f.

Photographie Antiquariat Wolfgang Braecklein, Berlin

3.193. Bibliotheca curiosa. Regiomonti et Francofurti, Martini Hallervordii, 1676, in-4, v. b.

3.431. Les Imposteurs insignes ou Histoires de plusieurs hommes de néant, de toutes Nations qui ont usurpé la qualité d’Empereurs, Roys & Princes : Avec leurs Portraits. Amsterdam, Pierre Mortier, 1696, pet. in-12, fig., v. b.