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Sous le règne du roi Louis XV « le
Bien-Aimé », Joseph Maloine, époux de Thérèse Dottin, était tailleur
d’habits à Querrieu [Somme], village d’environ 600 habitants, situé à une
douzaine de kilomètres au nord-est d’Amiens.
Leur fils Pierre-Hippolyte, né à
Querrieu le 16 fructidor An II [2 septembre 1794] était « saietteur » :
ce mot, qui n’était en usage qu’en Picardie, désignait le faiseur d’une étoffe
de laine appelée « saie » ; le 16 juin 1819, il épousa
Marguerite Évrard, dite « Eugénie », fille d’un peigneur de laine,
née à Querrieu le 20 juillet 1793 et décédée au même endroit le 13 juin
1834 ; remarié à Léocadie Sagez, Pierre-Hippolyte Maloine mourut à
Querrieu le 17 mai 1861.
François-Hippolyte Maloine est
né à Querrieu le 18 mars 1822. Devenu brocheur à Paris, 5 rue Gît-le-Cœur [VIe],
il épousa, le 15 juillet 1845, en l’église Saint-Sulpice, Adèle-Céline Chassinte, fille d’un doreur sur bois,
née le 25 février 1825 au 7 rue Beautreillis [IVe],
baptisée le 27 février en l’église Saint-Paul-Saint-Louis. François-Hippolyte
Maloine disparut en 1873. Adèle-Céline Chassinte décéda le 18 août 1896 à
Chaville [Hauts-de-Seine], dans sa « Villa des Orties », avenue de
Sully : elle fut inhumée au cimetière du Montparnasse [17e
division].
Alexandre-Adolphe Maloine naquit à Paris, 41 rue Descartes [Ve], le 11 février 1849 et fut baptisé en l’église Saint-Étienne-du-Mont.
Il fut employé chez son cousin,
Louis Larose (° 1841), qui avait ouvert une librairie de livres de droit en
1862, au 22 rue Soufflot [Ve]. Demeurant alors avec sa mère au 1
place de la Vieille Estrapade [Ve], Alexandre Maloine épousa, le 27
septembre 1877, Émilie-Pauline-Louise Luce, brocheuse, demeurant avec sa mère
241 rue Saint-Jacques [Ve], née à Paris le 4 février 1856, fille de
Geneviève-Pierrette Luce et de père non dénommé. Le couple eut cinq
enfants : Mathilde-Émilie, née le 23 juillet 1878, 12 rue Gay Lussac [Ve]
; Berthe-Céline, née le 29 décembre 1879, 218 rue Saint-Jacques [Ve] ;
Félix-Alexandre, né le 1er janvier 1884, 14 rue Saint-Sulpice [VIe] ;
Norbert-Auguste, né le 12 mai 1886, 5 rue de l’Éperon [VIe] ;
Maxime-Léon, né le 29 août 1895, 93 rue de Seine [VIe].
in Le Progrès médical, 4 novembre 1882
En 1881, tandis qu’un nommé Forcel,
employé de Larose, devenait associé de la maison sous la raison sociale
« L. Larose et Forcel », Alexandre Maloine aurait hérité de la
bibliothèque d’un médecin parisien et se décida alors à ouvrir une « Librairie
médicale et littéraire », dans le quartier de l’École de Médecine : au
91 boulevard Saint-Germain, vis-à-vis la cour du Commerce [VIe], il
pratiqua la vente et l’achat de livres neufs et d’occasion.
Le livre adressé à Constans,
relié en noir et doré sur tranche, portait à la première page le titre de Missel
de Paris latin-françois. Quatrième partie (Aux dépôts des librairies
associées pour les usages du diocèse, 1741) ; ce volume contenait du
fulminate de mercure et des balles, renfermés dans une petite boîte à sardines.
Celui apporté par la poste à Étienne
était intitulé Mémoires de médecine, cartonné, dos en cuir, titre
enlevé ; il contenait une boîte de biscuits Palmers, contenant des petites
boîtes d’allumettes suédoises, pleines de fulminate et de poudre chloratée.
Celui envoyé à Treille était un
livre de médecine cartonné, dos en cuir, titre gratté, portant sur la première
page J.-B. de Larroque. De quelques maladies abdominales (Paris, J.-B.
Baillière, 1831) ; il contenait des paquets de poudre chloratée, noyée
dans du fulminate et des balles, le tout dans une boîte à sardines.
« Ces livres proviennent de la librairie médicale et littéraire de M. Alexandre Maloine, boulevard Saint-Germain, 91.
Deux de ces volumes, ceux
traitant de matières médicales, avaient été achetés par M. Maloine, avec
beaucoup d’autres du même genre, au moins [sic] de juillet 1890, à un médecin
militaire alors en garnison dans une ville de Maine-et-Loire [médecin-major du
135e régiment d’infanterie de ligne, en garnison à Angers]. Quant au
missel, expédié à M. Constans, M. Maloine ne saurait en donner d’une façon
exacte la provenance.
Ces trois ouvrages avaient été
mis en vente à l’étalage, à raison de cinquante centimes pièce, et c’est là
qu’au mois d’août suivant un passant en a fait l’acquisition en disant au
commis :
- Tenez, ces livres feront bien
mon affaire. »
(Le Figaro, jeudi 27 août
1891, p. 2)
« Quant à celui reçu par M. Constans, on vient de découvrir sa provenance. Il a été acheté chez Mme Sauvat, brocanteuse, rue Saint-André-des-Arts.
Ce volume est un des neuf tomes
dont l’ouvrage complet se composait. Mme Sauvat a acheté trois tomes de
l’ouvrage à un inconnu et elle en a vendu un à une personne inconnue également.
Les deux autres tomes sont encore entre les mains de Mme Sauvat. »
(Le Figaro, dimanche 30
août 1891, p. 3)
Les faits de l’enquête démontrèrent « d’une manière évidente que l’acte criminel du 23 juillet a été commis par une personnalité militaire d’état et qu’en cette situation il y a lieu, pour l’autorité militaire, d’exercer l’action publique. » (Le Figaro, vendredi 27 novembre 1891, p. 1). L’affaire n’a jamais été tirée au clair.
Dès 1895, la « Grande
Librairie médicale » de Alexandre Maloine ouvrit une seconde librairie au 21,
23 et 25, place et rue de l’École-de-Médecine [VIe].
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La rue de l’École-de-Médecine
allait du 26 boulevard Saint-Michel et de la rue Racine jusqu’au 1 rue
Dupuytren : la Faculté de Médecine se trouvait au 12, le Musée Dupuytren
au 15 [créé dans l’ancien réfectoire du couvent des Cordeliers en 1835,
déménagé en 2016 à l’Université des sciences Pierre et Marie Curie de Jussieu].
La librairie de Henri Aniéré (†
1867), dont les successeurs furent successivement Edmond-Albert-Antoine
Broussois (1828-1891), puis François-Joseph Victorion (1842-1921), était au 4
rue Dupuytren.
Parmi les ouvrages présentés dans
le catalogue de Maloine d’octobre 1895 :
Précis élémentaire d’Anatomie pathologique, par Abadie-Leroy (1887, in-18).
Exposé pratique du Traitement de
la rage par la méthode Pasteur. Par Le Dr J.-R. Suzor (1888,
in-8, fig. dans le texte, lettre autographe de Pasteur).
Rabelais Médecin. Notes et
commentaires par le Dr Félix Brémond (t. II,
1888, in-18, portrait ; le t. I a été publié en 1879 par la Librairie de
Madame Veuve Pairault, 55 rue de Lafayette).
Leçons de Gynécologie
opératoire, par Vulliet et Lutaud (1890, in-8, 2e
édition, 200 fig.).
Docteur R. Hagen. Manuel
pratique de diagnostic et de propédeutique. Par le Docteur J. Toison (1890,
in-8, 78 fig. et 1 pl. h.-t.).
Nouveau guide pratique de
Technique microscopique appliquée à l’histologie et à l’embryogénie, par René
Boneval (1890, in-8, 21 fig. dans le texte).
Précis théorique et pratique de
Neuro-hypnologie, par Le Dr Paul Joire (1890,
in-18).
Hygiène élémentaire, publique et
privée, par le Dr A. Amblard (1891, in-18, fig.).
Étude sur les bassins viciés par
boiterie, par Le Dr E. Prouvost (1891, in-8, 14 fig.
intercalées dans le texte, demi-grandeur nature).
Précis d’Assistance aux
Opérations. Préparation du malade et des instruments, par le Dr Paul
Thiéry (1892, in-18).
Neurasthénie et Arthritisme –
Urologie, régime alimentaire, traitement, par Le Dr R. Vigouroux (1893,
in-12)
Leçons de Clinique chirurgicale.
Par le Dr H. Duret (1894, in-8).
Dr Emile Laurent - La
Médecine des âmes (1894, in-32, caractères elzéviriens, encadrement
rouge).
Nouveaux éléments d’Histologie
normale, à l’usage des étudiants en médecine, par Henri Berdal (1894,
in-8, 4e édition, fig. dans le texte).
Compendium moderne de Médecine
pratique, publié sous la direction du Docteur de Maurans (1894,
in-8).
Traité pratique de Médecine clinique
et thérapeutique, publié sous la direction de Samuel Bernheim et
Émile Laurent (1895, 6 vol. in-8).
Atlas microphotographique des Bactéries, par Georges
Itzerott et Franz Niemann (1895, in-4, 21 pl. comprenant 126 fig.).
Dr Émile Laurent - Mariages
consanguins et dégénérescences (1895, in-18).
Formulaire de Gynécologie. Thérapeutique
-Traitement des Maladies des femmes, par Le Dr R.
Vaucaire (1895, in-18).
Précis de Posologie infantile, par
Le Dr Raymond Nogué (1895, in-18).
Précis clinique de Pathologie
générale, par le Dr Ludolf Krehl (1895, in-8).
Manuel pratique du traitement
des Maladies de l’oreille, par Le Dr Antoine Courtade
(1895, in-12).
DR Samuel Bernheim - Immunisation
et sérumthérapie (1895, in-12).
Dr Émile Laurent - La
Neurasthénie et son traitement - Vade-Mecum du médecin praticien (1895,
in-18).
Sanatoria des Alpes françaises -
Guide pratique de la Savoie & Haute-Savoie médicale et pittoresque, par
Le Docteur Ch. Linarix (1895, in-12, 16 photogravures).
Technique du Traitement manuel
suédois (Gymnastique médicale suédoise), par Le Dr
Arvid Kellgren (1895, in-8).
Dyspeptiques et obèses du ventre, par
Le Dr Zabé (1895, in-12 carré, 6 dessins d’après nature).
Traité de L’Œil artificiel, par
le DR P. Pansier (1895, in-18, fig.).
Premiers soins aux blessés et
aux malades. Manuel du secouriste (1895, in-18, fig.).
Le Médecin militaire, par
Le Docteur F. Gils (1896, in-18).
Précis iconographique des
Maladies de la peau, par le Docteur Élie Chatelain (1896, 2e
édition, in-8, 50 pl. h.-t. en couleurs par Félix Méheux).
En 1897, la librairie Maloine
est uniquement au 23-25 rue de l’École-de-Médecine.
En 1903, Maloine est au 25-27
rue de l’École-de-Médecine, au coin de la rue Dupuytren, au rez-de-chaussée
d’un immeuble qui fut détruit et remplacé en 1904, sur les plans des architectes
Charles-Hippolyte Ragache (1848-1929) et ses deux fils, qui signaient
collectivement « H. Ragache ».
En 1905, Alexandre Maloine
reprit la « Librairie médicale, scientifique et industrielle » de
Louis Savy, à Lyon, 6 rue de la Charité, près la place Bellecour, dont Valentin
Renaux devint le gérant.
En 1915, Alexandre Maloine s’adjoint comme associé son fils Norbert Maloine (1886-1967), sous la raison sociale « A. Maloine et Fils ». Ce dernier épousa alors, le 24 novembre 1915, à Paris [Xe], Blanche-Victoria Chazot, née à Paris [XIIe] le 14 juin 1888 ; ils divorcèrent le 15 février 1923.
Alexandre Maloine mourut à Nice
[Alpes-Maritimes], 14 rue Maccarani, le 27 mars 1925 : ses obsèques eurent
lieu à Paris, en l’église Saint-Sulpice, le jeudi 2 avril ; il fut inhumé
au cimetière du Montparnasse [17e division].
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