D’une famille originaire du Mans, illustre dans la magistrature, Michel Le Peletier, seigneur de Souzy, fils de Louis, et de Marie Leschassier, est né à Paris le 12 juillet 1640. Avocat du Roi au Châtelet en 1661, conseiller au Parlement le 23 août 1666, intendant de Franche-Comté en février 1668, de Lille au mois de juin suivant, Conseiller d’État en 1683 ; intendant des finances en janvier 1684 ; directeur général des fortifications du royaume en août 1691 ; conseiller au Conseil royal des finances en octobre 1702, honoraire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres la même année ; membre du Conseil de Régence en novembre 1715 ; quitta les affaires et la Cour en 1720, pour se retirer à l’abbaye de Saint-Victor, à Paris ; une arête qui lui perça l’œsophage, et qu’il fut impossible de retirer, lui causa, pendant les trois dernières années de sa vie, des douleurs aiguës ; il mourut doyen du Conseil d’État le 10 décembre 1725. Il avait épousé en août 1669 Marie-Madeleine Guérin, morte le 21 septembre 1691, et inhumée à Saint-Paul, fille d’Étienne Guérin, seigneur des Forts, conseiller au Parlement de Paris, puis conseiller d’État, et de Marie Bruneau.
Déjà propriétaire d’une maison à l’angle des rues d’Anjou et du Grand Chantier (aujourd’hui 76 rue des Archives, IIIe),
il avait fait construire par Pierre Bullet, de 1686 à 1690, un hôtel rue Culture-Sainte-Catherine (aujourd’hui 29 de la rue de Sévigné, IIIe) qui porte le nom de son descendant régicide ; la Bibliothèque historique de la ville de Paris, formée par Jules Cousin en 1871 à l’hôtel Carnavalet, 23 rue de Sévigné, a été transférée dans cet hôtel en 1898, puis à l’hôtel Lamoignon, 24 rue Pavée (IVe), en 1968.
Le jurisconsulte troyen Pierre Pithou était son bisaïeul maternel. Homme de lettres au milieu de ses occupations, il connaissait tous les auteurs latins des bons siècles ; il les avait lus avec tant de fruit et d’application que dès qu’on lui en indiquait quelque endroit remarquable, il le rapportait communément dans les termes de l’original : Cicéron, Horace et Tacite étaient les compagnons inséparables de ses voyages, et il savait presque tout le dernier par cœur. Il parlait aisément et avec grâce l’Italien et l’Espagnol, et Jacques de Tourreil (1656-1714), de l’Académie française, avait coutume de le définir par cette expression de Cicéron : « Homo limatissimi judicii » [Homme d’un goût exquis]. Il communiqua fréquemment à l’Académie des inscriptions et belles-lettres des inscriptions et des médailles découvertes dans les fouilles qu’il faisait faire pour les fortifications, et il a enrichi le cabinet du Roi d’un assez grand nombre de fragments d’antiquités.
Le Peletier des Forts (atelier de Hyacinthe Rigaud) Paris, Drouot, 7 juin 2013 (est. 20.000/30.000 € : non vendu) Paris, Drouot, 2 décembre 2013 (est. 8.000/12.000 €) |
Son fils, Michel-Robert Le Peletier, seigneur des Forts et de Saint-Fargeau, naquit le 25 avril 1675. Conseiller au Parlement de Metz le 29 avril 1695, au Parlement de Paris le 3 février 1696, il devint maître des requêtes le 27 avril 1698, intendant des finances en survivance le 20 décembre 1700, titulaire en juin 1701 ; conseiller d’État en juin 1714 ; du Conseil des finances en novembre 1715 ; du Conseil de la Régence en janvier 1719 ; commissaire des finances le 7 juin 1720 ; contrôleur général le 14 juin 1726 ; ministre d’État le 30 décembre 1729, dont il se démit le 19 mars 1730 ; gouverneur et grand bailli de Gien (Loiret) en février 1729, mort le 11 juillet 1740. Il avait épousé, le 12 septembre 1706, Marie-Madeleine de Lamoignon, morte le 8 août 1744, âgée de 57 ans, fille de Nicolas de Lamoignon de Bâville, comte de Launay-Courson, conseiller d’État, et d’Anne-Louise Bonnin de Chalucet.
Il avait acheté le château de Saint-Fargeau (Yonne) au financier Antoine Crozat (1655-1738), le 16 décembre 1715.
Ce fut sur les conclusions de son petit-fils, Michel-Étienne Le Peletier de Saint-Fargeau (1736-1778), avocat général, que les Jésuites furent supprimés en 1761. Son arrière-petit-fils, Louis-Michel Le Peletier de Saint-Fargeau (1760-1793), déshonora un nom illustre par ses fureurs révolutionnaires et par sa lâche conduite à la Convention ; il fut assassiné, peu de jours après, par un garde-du-corps, qui avait résolu de venger la mort de Louis XVI sur le premier conventionnel qu’il rencontrerait.
La bibliothèque formée par Le Peletier de Souzy, considérablement augmentée par son fils Le Peletier des Forts, fut vendue à partir du lundi 10 avril 1741 : Catalogue des livres de feu M. Le Peletier des Forts, ministre d’État, etc. (Paris, Jacques Barois, 1741, in-4, xij-291-[1 bl.]-27-[1bl.] p., 2.711 lots [i.e. 2.720 lots, dont 9 numéros doublés]), avec une Table alphabétique des auteurs.
La vente eut lieu au couvent des Grands Augustins, car il n’existait pas encore, au xviiie siècle, d’espace fixe dévolu aux ventes publiques, comme ce fut le cas ensuite avec les hôtels d’Aligre, rue Saint-Honoré, et de Bullion, rue Plâtrière, puis l’hôtel Drouot. Les ventes se déroulaient donc dans trois lieux différents : la boutique, le domicile du défunt, ou le couvent des Grands Augustins, sur le quai du même nom, où étaient pratiquées de nombreuses activités commerciales et judiciaires.
Les livres d’histoire dominent (1.214 lots), suivis par les belles-lettres (515 lots), les livres de jurisprudence (412 lots), de sciences et des arts (313 lots) et de théologie (257 lots).
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