Cathédrale d'Apt |
D’une famille originaire d’Aix-en-Provence [Bouches-du-Rhône],
Joseph-Jean Rive est né le 19 mai 1730, à Apt [Vaucluse], où il fut baptisé le
même jour en l’église cathédrale Sainte-Anne, fils de Jean-Pierre Rive (° 1698),
maître orfèvre, et de Marguerite Jean, mariés à Apt le 22 septembre 1726.
On raconte qu’il était doué d’une mémoire
prodigieuse et qu’une immense lecture alimenta ses connaissances
bibliographiques :
« J’ai puisé tant et tant de grandes idées
dans environ 200000 volumes, qui depuis l’âge de 15 ans me sont passés par les
mains dans les grandes Bibliothéques [sic], que j’ai ou fréquentées ou formées,
jusques à celui de 60, où je me trouve actuellement. »
(Lettres purpuracées. Dicaiopolis, Agatton
Eleuthère, 1789, p. 113).
Portail d'entrée du Séminaire, 4 rue Saint-Charles, Avignon |
Ayant embrassé l’état ecclésiastique, l’abbé Rive
professa d’abord la philosophie et la physique au séminaire de Saint-Charles-de-la-Croix,
à Avignon [Vaucluse] : Louis-Mayeul Chaudon (1737-1817), auteur du Nouveau dictionnaire historique-portatif
(Amsterdam, Marc-Michel Rey, 1766, 4 vol. in-8), fut son élève en 1753 et 1754.
En 1764, l’abbé Rive devint curé de Mollégès
[Bouches-du-Rhône]. Des difficultés suscitées par son caractère provoquèrent
son départ, le 31 juillet 1766. Il vendit sa bibliothèque à son seul ami,
Joseph David (1730-1784), libraire à Aix-en-Provence, avec lequel il correspondra
jusqu’en 1784.
Rue des Grands Augustins, Paris |
L’abbé Rive tenta sa chance à Paris. Il arriva
dans la capitale le 4 janvier 1767 et choisit de vivre dans le quartier des
libraires, rue des Grands-Augustins [VIe], dans un appartement de
l’hôtel Saint-Louis. Ambitionnant surtout une place à la Bibliothèque du Roi, il
demanda à l’abbé Jean-Jacques Barthélemy (1716-1795), né à Cassis
[Bouches-du-Rhône] et intimement lié avec Jean-Augustin Capperonnier
(1745-1820), garde des livres imprimés de la Bibliothèque du Roi, de le présenter
au philologue Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye (1697-1781), qui avait
appris seul la langue provençale, à l’érudit Étienne Lauréault de Foncemagne
(1694-1779), qui venait de soutenir contre Voltaire l’authenticité du Testament politique du cardinal de
Richelieu, et à Charles-Robert Boutin (1722-1810), intendant des Finances. L’abbé
Barthélemy Mercier de Saint-Léger (1734-1799) essaya de le placer auprès du
marquis de Paulmy (1722-1787). La place de bibliothécaire du duc de Charost
(1738-1800), qui venait d’acheter la bibliothèque de l’abbé Claude-Pierre
Goujet (1697-1767), lui échappa également.
Enfin, au mois d’avril 1768, le duc de La Vallière (1708-1780) le fit appeler
pour lui demander le catalogue manuscrit d’une bibliothèque célèbre qu’il y
avait alors à vendre en Provence, avant de l’y envoyer pour obtenir
quelques-uns des livres de cette bibliothèque.
Hôtel La Vallière, 136 rue du Bac |
Le duc s’attacha définitivement l’abbé
Rive comme bibliothécaire, au mois de décembre, pour former une nouvelle bibliothèque dans son hôtel de la rue du Bac
[136-140 rue du Bac, VIIe]. Le duc venait de se défaire, anonymement,
de presque toute sa bibliothèque du château de Montrouge [détruit en 1879,
Hauts-de-Seine], du 5 janvier au 7 mars 1768 : Catalogue des livres
provenans de la bibliothèque de M. L. D. D. L. V. (Paris, Guill.-François De
Bure le jeune, 1767, 2 vol. in-8, 3.858 + 1.775 = 5.633 lots), avec une
« Table des auteurs ».
Abbé Rive Musée Calvet, Avignon (inv. 838.7.5) |
L’abbé Rive fut le
véritable créateur de la dernière bibliothèque du duc de La Vallière. Courant
les ventes, les librairies et autres dépôts de livres, il reconstitua une bonne
partie des collections dont le duc s’était séparé, rédigea des dizaines de
milliers de fiches et publia de nombreuses notices sur les collections.
A la vente de Gaignat,
en 1769, le duc fit racheter par Guillaume-François De Bure « le
Jeune » la plus grande partie des articles précieux qu’il avait vendus à
cet amateur en 1767, et beaucoup d’autres livres très rares, pour 86.000
livres, dont l’unique exemplaire de la Christianismi restitutio (S. l.
[Vienne, Isère], s. n. [Balthazar Arnoullet], 1553, in-8), par Michel Servet
(1511-1553), sauvé des flammes du bûcher, qui se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque
nationale de France. Le duc acheta les bibliothèques entières de Bonnemet, en
1772, pour 18.000 livres, et de Prosper Jackson, en 1775, pour 35.000 lires
[sic]. Le duc chargea aussi Guillaume De Bure « fils Aîné » de lui
acheter des ouvrages à Londres, à la vente du Docteur Askew, en 1775, pour 12 à
15.000 livres. En 1777, le duc se rendit acquéreur de tout ce qui restait de la
bibliothèque de la famille d’Urfé.
Quand il achetait des
bibliothèques entières, l’abbé Rive choisissait ce qu’il y avait de plus
curieux et se débarrassait du reste, toujours anonymement : Catalogue des
livres de M*** (Paris, Debure fils aîné, 1772, in-8, 4-146 p., 2.812 – 13
manquants = 2.799 lots), dont Théologie [204 lots = 7,28 %], Jurisprudence [36
lots = 1,28 %], Sciences et Arts [181 lots = 6,46 %], Belles Lettres [1.892
lots = 67,59 %], Histoire [486 lots = 17,36 %] ; Catalogue des livres
provenans de la bibliothèque de M. L. D. D. L. V. (Paris, Guillaume De Bure
fils aîné, 1777, in-8, viij-116 p., 1.308 lots), avec une « Table
alphabétique des auteurs », dont Théologie [151 lots = 11,54 %],
Jurisprudence [29 lots = 2,21 %], Sciences et Arts [213 lots = 16,28 %], Belles
Lettres [434 lots = 33,18 %], Histoire [481 lots = 36,77 %].
Grâce à l’abbé Rive,
la bibliothèque du duc était devenue une bibliothèque de « grande
curiosité », avec des manuscrits à enluminures, des incunables, des
éditions princeps grecques et latines, les principales Bibles imprimées, les
grands livres d’histoire naturelle, des impressions sur vélin.
Abbé Rive A bibliographical antiquarian and picturesque tour in France and Germany (London, Shakspeare Press, 1821, vol. 2, p.384) |
L’abbé Rive s’occupa
aussi de travaux et de discussions littéraires, mais avec une irritabilité
toujours excessive. Thomas-Frognall Dibdin (1776-1847) dit de lui « the
very Ajax flagellifer of the bibliographical tribe, and at the same time
the vainest and most self-sufficient » [le redoutable Ajax flagellifer
de la gent bibliographique, et en même temps l’être le plus vaniteux et le plus
suffisant] (A bibliographical antiquarian and picturesque tour in France and
Germany. London, Shakspeare Press, 1821, vol. II, p. 381). Se comportant
comme le maître de la bibliothèque, les proches du duc finirent par le
détester, et le duc lui-même disait qu’il « avait fait l’acquisition d’un
dogue ».
L’abbé Rive écrivait beaucoup.
La plupart de ses ouvrages imprimés, tirés à un petit nombre d’exemplaires,
sont devenus introuvables, et plusieurs d’entre eux sont inconnus des
bibliographes ou inexactement cités. Leur lecture, décevante, révèle un esprit souvent
désordonné et velléitaire, et une bibliognosie parfois défaillante. De nombreux ouvrages,
souvent annoncés, comme Le Réveil-Matin
littéraire, « pour exciter les auteurs paresseux ou trop confiants,
aux recherches & aux vérifications, en forme de lettres adressées aux MM.
du Journal de Paris, pour servir de correction ou de supplément à un nombre
infini de pièces de leur Journal », n’ont pas été publiés.
« Conformément à
la méthode préconisée et pratiquée par ce grand critique [Sainte-Beuve], notre
premier historien littéraire, je me suis gardé tant que j’ai pu de l’à peu
près, et appliqué, de toutes mes forces aussi, à être exact :
l’exactitude, même dans “ notre France invérificatrice ” [La Chasse
aux bibliographes et antiquaires mal-advisés. Londres, N. Aphobe, 1789, t.
I, p. 235, n. 1], devant être et devant rester “ la première vertu du
bibliographe ”, comme se plaisait si bien à répéter le consciencieux érudit et
habile imprimeur Crapelet [Th. Frognall Dibdin. Voyage bibliographique, archéologique
et pittoresque en France. Paris, Crapelet, 1825, t. IV, p. 124, n. a]. »
(Albert Cim. Le
Livre. Paris, Ernest Flammarion, 1905, t. I, p. V-VI)
-
« Lettres philosophiques contre le Système de
la nature ». Parues dans Le Porte-feuille hebdomadaire, ouvrage
periodique, Qui paroît toutes les Semaines ; Par M. d’Açarq
(Imprimé à Bruxelles, chez De Boubers. L’on Souscrit à Paris, pour toute la
France, Chez Valade, 1770-1771, in-8, t. 3 et t. 4).
-
Éloge à l’Allemande, des réflexions
sur les sermons nouveaux de M. Bossuet. Par M. l’Abbé Maury, Vicaire-Général,
Chanoine & Official de Lombez. A Avignon, chez François Merende
[sic], libraire, & se trouve A Paris, chez Antoine Boudet,
1772 Par M*** (Eleutheropolis [Paris], Chez N. Aléthophile ; l’an
des Préjugés Littéraires, 1773, in-8, 95-[1 bl.] p.). Pamphlet dirigé contre la
première édition des Réflexions sur les Sermons nouveaux de M. Bossuet
(Avignon, François Mérande, et se trouve à Paris, Antoine Boudet, 1772, in-12),
par l’abbé Maury. L’identification de N. Aléthophile [« Ami de la
vérité »] avec Jacques-Simon Merlin (1765-1835), par l’abbé Rive lui-même
(Chronique littéraire. Éleutheropolis, [1790], p. 5), n’est pas
défendable.
-
Notices historiques & critiques de deux manuscrits,
uniques & très précieux, de la bibliothèque de M. le Duc de La Valliere
[sic], dont l’un a pour titre : La Guirlande de Julie, &
l’autre, Recueil de Fleurs et Insectes, peints par Daniel Rabel
en 1624. Par M. l’Abbé Rive (Paris, Imprimerie de Didot l’Aîné,
1779, in-4, [1]-[1 bl.]-20 p.). Tiré à 100 exemplaires et 2 exemplaires sur
papier in-fol.
-
Notices historiques & critiques de deux manuscrits de la
bibliotheque [sic] de M. le Duc de La Valliere [sic], dont
l’un a pour titre : Le Roman d’Artus Comte de Bretaigne, &
l’autre, Le Rommant de Pertenay ou de Lusignen. Par M. l’Abbé Rive.
[…] (Paris, Imprimerie de Didot l’Aîné, 1779, in-4, 36 p.).
-
Recueil d’estampes, Représentant les Grades,
les Rangs & les Dignités, suivant le costume de toutes les Nations
existantes ; avec des Explications historiques, & la Vie
abrégée des grands Hommes qui ont illustré les dignités dont ils étoient
décorés : Ouvrage dédié au Roi, et divisé en cinq classes.
[…] (Paris, chez Duflos, le jeune, 1779, in-fol., 264 pl. h.-t.). Paru à
partir de 1779, en 44 livraisons de 6 planches, soit en noir, soit coloriées. Portraits
exécutés par Pierre Duflos (1742-1816), pour la gravure, et par l’abbé Rive
pour le texte : celui-ci cessa sa participation après les 11 premières
livraisons.
-
Notice D’un Manuscrit de la Bibliothèque de M. le Duc de la
[sic] Vallière, contenant les Poésies de Guillaume de Machau, accompagnée
de Recherches historiques & critiques, pour servir à la vie de ce Poëte,
par M. l’Abbé Rive (Paris, Imprimerie de Ph.-D. Pierres, et se vend chez
Eugène Onfroy, 1780, in-4, 27-[1 bl.] p.). Se trouve à la fin de l’Essai sur
la musique ancienne et moderne (Paris, Imprimerie
de Ph.-D. Pierres, et se vend chez Eugène Onfroy, 1780, in-4, t. IV), par
Jean-Benjamin de La Borde, dont on a tiré séparément 24 exemplaires sur papier
de Hollande.
-
Lettre De M. l’Abbé Rive à M. de Laborde,
sur la Formule Nos Dei Gratia [Par la grâce de Dieu] (Paris, Imprimerie
de Ph.-D. Pierres, et se vend chez Eugène Onfroy, 1780, in-4, 8 p.). Se
trouve, à la suite de la notice précédente, dans l’Essai sur la musique
ancienne et moderne (Paris, Imprimerie de Ph.-D. Pierres, et se vend chez
Eugène Onfroy, 1780, in-4, t. IV), par Jean-Benjamin de La Borde, dont on a
tiré séparément 50 exemplaires sur papier de Hollande.
-
Éclaircissements historiques et critiques sur l’invention des
cartes à jouer, Par M. l’Abbé Rive ; Tirés de sa
Notice d’un MS. de la Bibliotheque [sic] de M. le Duc de La Valliere
[sic], intitulé le Roman d’Artus, Comte de Bretaigne ; imprimée
à Paris, chez Didot l’aîné, en 1779, in-4° (Paris,
Imprimerie de Fr. Ambr. Didot, 1780, in-8, 48 p.). Tiré à 100 exemplaires sur grand
papier fort, 500 exemplaires sur papier simple, 4 exemplaires sur vélin, dont
l’un vendu à Le Camus de Limare (1736-1794), un au baron Joseph-Louis d’Heiss
et un à Mathieu-Robert Gouttard (1726-1780). Le faux titre porte
« Étrennes aux joueurs de cartes ».
Fréquemment malade
depuis le début de l’année 1779, le duc de La Vallière mourut en son hôtel, le
16 novembre 1780, sans avoir jamais tenu ses promesses concernant les
émoluments de son bibliothécaire, ce qui n’avait pourtant pas empêché l’abbé
Rive de refuser, en 1773, par fidélité ou par peur des représailles, de devenir
le bibliothécaire de la comtesse du Barry (1743-1793).
Le duc de La Vallière ne
laissait qu’une fille, la duchesse de Châtillon (1740-1812), qui congédia
l’abbé Rive le soir même de la mort de son père et qui confia la rédaction du
catalogue de ses livres à Guillaume De Bure « fils Aîné » (1734-1820),
quai des Augustins [quai des Grands-Augustins, VIe], Jean-Luc Nyon « l’Aîné »
(1739-1799), rue du Jardinet [VIe], et Joseph Van Praet (1754-1837),
de Bruges [Belgique], pour les manuscrits. L’abbé Rive en fut, évidemment, très
irrité.
« Tu as appris,
cher ami, la mort du duc de La Vallière par les papiers publics, mais tu n’y as
pas lu mon sort. On se seroit bien gardé de l’y faire insérer.
Tu sçais que lorsque
j’entrai chez lui, en 1768, nous convînmes qu’il me feroit un sort de 3,000
l. ; je passai depuis 1768 jusqu’en 1775 avec un défrayement annuel de 900
l. : je ne quittançai jamais qu’en forme de défrayement et non de gages
et émoluments.
Le duc de La Vallière,
me voyant résolu en 1775 à le quitter, m’offrit en juin de cette même année une
rente viagère de 1,200 l., avec promesse d’avoir après lui une rente de même
valeur et un legs en argent pour mes meubles. Je ne voulois pas y acquiescer,
je fus huit jours entiers sans donner réponse décisive. Il me menaça de barrer
tous les passages dans Paris, disons mieux de me perdre. Tels furent ses
mots. Cela ne coûte pas à certains grands. Quand vous les quittez pour raison
d’ingratitude à votre égard, ils disent qu’ils vous chassent pour raison de
friponnerie. La menace m’arrêta : je souscrivis.
Il est mort ; il
me laisse un simple legs de 6,000 l., une fois payées. […]
Mon avoir se réduit
actuellement à 1,100 l. de rente viagère et à un intérêt de 300 l. que me
rendront mes 6,000 l.
Vit-on à Paris avec
1,500 l. !
J’ai 30,000 l. de
livres ou d’estampes. Je dois environ 26,000 l. que j’ai dépensées en calques
d’anciennes écritures, en frais de gravures, en frais de peintures pour mon
histoire critique des mss. et des éditions du XVe
siècle de la bibliothèque que j’ai formée. Il me faut supporter 1,300 l.
d’intérêt pour cette dette jusqu’à ce que mes fonds me rentrent, ou il faut que
je vende mes livres.
Si je ne les vends
pas, j’ai 200 l. de rente ; si je les vends, je reste sans outils et je
suis par conséquent réduit à la plus dure de toutes les afflictions, puisque je
me dépouille du seul plaisir que je puisse ressentir dans la vie. […]
Mais voici qui va te
surprendre bien davantage.
J’avois par bonheur
enlevé mon ouvrage de chez le duc depuis deux ans. A sa mort, sa fille a fait
faire trois verbaux contre moi pour me le disputer :
Le 1er
verbal, le jour de la mort de son père, 16 novembre, au sortir du dîner ;
Le 2e, le
28 du même mois, sous prétexte de faire inventorier les meubles de son père qui
pourroient être dans ma chambre ;
Le 3e, le 1er
décembre, jour de la levée du scellé de la bibliothèque.
Tous ces verbaux se
sont faits avec la plus grande dureté. La bibliothèque étoit inondée de laquais
et de gens d’affaires. Comme l’exécuteur testamentaire est maître Boudot, fils
d’un libraire, cet homme avide a inspiré lui seul à la duchesse de Châtillon de
me disputer mon ouvrage, afin de mieux vendre la bibliothèque du duc et d’en
faire imprimer le catalogue par deux libraires qu’il a choisis à cet effet et
qui sont, l’un ton ami Nyon, et l’autre Debure, fils aîné.
Ils sont aussi mes
deux amis. Mais quelles gens avides ! Je n’en connois pas de
semblables !
Seroit-il le propre
des libraires de Paris d’être de vrais vautours !
Ce qui est sûr, c’est
que les deux que je te nomme ont fait tous leurs efforts pour se faire nommer
libraires priseurs à la mort du duc, comme s’il falloit d’autres priseurs que
moi, et qu’ils ont concouru à me dépouiller de ma propriété. » [sic]
(Lettre de l’abbé Rive
à Joseph David, 22 décembre 1780)
Ayant quitté sa
chambre à l’hôtel du duc de La Vallière, l’abbé Rive devint locataire, à partir
du 1er décembre 1780, dans la maison du Docteur César Coste
(1732-1793), natif d’Arles [Bouches-du-Rhône], 42 rue du Cherche-Midi, paroisse
Saint-Sulpice [VIe].
-
« Ode sur la naissance du Messie, par M. l’Abbé
Rive ». Parue dans le Journal de
Paris (Numéro 360, lundi 25 décembre 1780, p. 1.465-1.466).
- Ode sur l’abolition récente de l’esclavage en France, suivie de notes critiques par M**. Pièce composée en Juin de 1780, pour l’Académie des Cosmopolites (Londres [Bruxelles], s. n., 1781, in-8, 16 p.). Tirée à 20 exemplaires sur papier de Hollande.
- Prospectus d’un ouvrage proposé par souscription par M. l’abbé Rive (S. l. [Paris], s. n. [Didot l’Aîné], s. d. [1782], in-12, 70-[1]-[1 bl.] p. et 26 pl. h.-t.). Tiré à 300 exemplaires. L’abbé Rive n’a pas publié l’explication qui devait accompagner les 26 tableaux copiés dans les plus beaux manuscrits du duc de La Vallière. Il n’a paru que ce prospectus de l’ouvrage, qui devait avoir pour titre Essai sur l’art de vérifier l’âge des miniatures peintes dans des manuscrits depuis le quatorzième jusqu’au dix-septième siècle inclusivement, de comparer leurs différents styles & degrés de beauté, & de déterminer une partie de la valeur des manuscrits qu’elles enrichissent et qui devait être tiré à 80 exemplaires, numérotés et signés par l’abbé Rive.
Ne laissant échapper
aucune occasion de faire part à l’Europe de son érudition et de ses connaissances
bibliographiques, l’abbé Rive fit part de son projet de faire un commentaire
critique sur le catalogue de livres du duc de La Vallière, au journal anglais
de Henry Mathy, intitulé A New Review ; with literary
curiosities, and literary intelligence, for the year 1783
(London, Printed for the author, 1783, vol. III, p. 160-161). On en trouve la
traduction française dans le Supplément à la première partie du catalogue
des livres de la bibliothèque de feu M. le duc de La Vallière (Paris,
Guillaume De Bure fils aîné, 1783) :
« L’avis suivant,
relatif au Catalogue de M. le Duc de la Valliere, m’a été communiqué par M. L’ABBÉ
RIVE, QUI M’AUTORISE A LE RENDRE PUBLIC.
Le Catalogue aura deux
parties rédigées par deux différents Libraires. Celui des livres les plus
curieux & les plus rares, par M. De Bure le jeune, (il faut lire l’aîné)
& celui des livres ordinaires par M. Nyon l’aîné.
La partie de M. De
Bure, qui contiendra deux ou trois volumes in 8, devoit être publiée dans le
mois de Janvier, c’est pourquoi elle ne tardera pas à paroître. L’autre sera
mise au jour dans quelque temps.
Aussitôt que les deux
parties seront publiées, M. l’Abbé Rive, qui croit avoir de grands sujets de se
plaindre des Libraires, se propose de faire un Commentaire critique sur chacun
de leurs Catalogues ; cet ouvrage formera plusieurs volumes in 8. En même
temps il me prie d’informer le public que, s’il eût fait le Catalogue (comme
effectivement il sembloit en avoir le droit, ayant été le GARDE de la
Bibliotheque) il avoit intention de l’exécuter sur le plan suivant.
Il auroit donné un
modele de l’écriture de chaque manuscrit, & du type de chaque livre
imprimé, avec le nombre des pages de chacun, le nombre des lignes de chaque
page, la forme des caracteres des livres imprimés & manuscrits, & s’ils
sont sur une ou sur deux colonnes. Il nous auroit dit quels sont les chiffres,
les signatures, les dates, les noms des Ecrivains & des Imprimeurs que
chaque livre contient ; & dans le cas où les livres auroient été sans
aucunes de ces marques, il auroit copié les deux premieres lignes.
En rendant compte de
chaque manuscrit, il seroit entré dans des détails sur les manuscrits
semblables qui existent ; & sur chaque livre imprimé, il auroit donné
une liste des éditions & le nombre des exemplaires que l’on a tirés de
chacune.
En outre il y auroit
eu une critique concise de chaque ouvrage qui l’auroit mérité, & un examen
des notices qui en auroient été faites par les Savants qui ont écrit sur la
Bibliographie & la Typographie.
Cet ouvrage, qui est
une continuation de ce qui avoit été commencé d’abord, & ensuite abandonné
par les héritiers de M. le Duc de la Valliere, existe ; & dans le cas
où l’on trouvera des Souscripteurs, cet ouvrage sera imprimé. En même temps M.
L. R. DESIRE QU’ON SACHE QUE LA BIBLIOTHEQUE
ABONDE EN EXEMPLAIRES DE LIVRES IMPARFAITS (achetés suivant
l’usage ordinaire dans le dessein de faire de deux ou trois mauvais exemplaires
un bon.) Quoique l’on doive s’attendre que les livres seront collationnés par
les Libraires, il convient que les acheteurs y regardent de près. » [sic]
La querelle de l’abbé
Rive avec De Bure fournit presque tout le sujet de
l’« Avertissement » du catalogue de la vente La Vallière : Catalogue
des livres de la bibliotheque de feu M. le duc de La Valliere. Premiere partie
[…]. Par Guillaume De Bure, fils aîné. Tome premier (Paris,
Guillaume De Bure fils aîné, 1783, p. i-xxxiij).
-
« Galeotti
Martii Narniensis Liber excellentium sive de excellentibus, in-4° » (S. l.
[Paris], s. n. [Veuve Valade], s. d. [1785], in-8, 16 p.). Première et seule notice
calligraphique des Diverses notices
calligraphiques, et typographiques,
par M. l’Abbé Rive. Pour servir
d’Essai à la Collection Alphabétique de Notices Calligraphiques de Mss.
de différens siècles, et de
Notices Typographiques de Livres du XVe. qu’il doit publier
incessamment en XII ou XV vol. in-8°, qui n’ont pas été données. Tirée à 100
exemplaires sur papier de Hollande et 1 exemplaire in-4 sur vélin.
Bibliothèque Méjanes, Hôtel de Ville, entrée, Aix |
Bibliothèque Méjanes, Hôtel de Ville, salle de lecture, Aix |
Une attaque d’apoplexie frappa l’abbé Rive d’une
hémiplégie droite, le 19 août 1786. Le 26 octobre suivant, l’archevêque
d’Aix-en-Provence, Jean de Dieu de Boisgelin (1732-1804), vint à Paris pour
l’inviter à prendre la direction de la bibliothèque que le marquis de Méjanes
(1729-1786) avait léguée aux États de Provence, à la condition qu’elle soit
ouverte au public dans la ville d’Aix-en-Provence.
L’abbé Rive vint à Aix en 1787, mais ses
espérances n’ayant pas été satisfaites, il se déchaîna contre l’administration.
Contrairement à ce qu’assurent plusieurs écrits, il ne renonça pas à son poste
de bibliothécaire en 1788. La décision prise par les États de Provence le 28
avril 1789 de suspendre ses appointements provoqua d’incessantes récriminations
pendant trois ans, tandis qu’il ne faisait rien pour la bibliothèque.
-
Histoire critique de la pyramide de Caïus Cestius,
avec une Dissertation sur le sacerdoce des VII. virs épulons, et des
Notes pour servir à l’éclaircissement du texte ; Par M. l’Abbé Rive
(Paris,
Imprimerie de Didot l’Aîné, Aux dépens de Molini et Lamy, 1787, in-fol., [1]-[1
bl.]-90 p. et 7 pl. h.-t.).
Librairie Jonathan A. Hill, New York : 5.500 $ |
- La Chasse aux bibliographes et antiquaires mal-advisés, […], par un des Eleves que M. l’Abbé Rive a laissés dans Paris (Londres [Aix], Chez N. Aphobe [Veuve d’André Adibert, décédé en 1788], &c., 1789, 2 tomes en 2 vol. in-8, [1]-[1 bl.]-557-[1 bl.] p. et [1]-[1 bl.]-lvj-[3]-[1 bl.]-112 p.). Tiré à 300 exemplaires [250 sur papier ordinaire, 50 sur papier de Hollande]. Le tome I est divisé en trois lettres « A Monsieur le Comte de*** » ; le tome II contient l’introduction, des errata et des additions et la table générale des matières.
L’abbé
Rive y prétend être l’inventeur des mots « bibliognosie », « bibliognostique »,
« bibliologie », « catalogographe » et « catalogographie ».
Il y traite des bévues, fausses conjectures, omissions et plagiats de Guillaume
De Bure « l’Aîné » (1734-1820), qu’il surnomme « le Gros
Guillaume ».
-
Lettre de Monseigneur
l’archevêque d’Aix,
à Monseigneur l’archevêque de Narbonne
(S. l., s. n., 1789, in-8, 48 p.).
- Le Repentir ou Confession
d’un Robin de l’Hellespont à un ex-Jésuite du Japon (S. l., s. n., 1789,
in-8, 7-[1 bl.] p.).
-
Lettre de M. le chevalier
de saint P.,
auteur du Repentir ou Confession d’un
Robin (S. l., s. n., 1789, in-8, 3-[1 bl.] p.).
- Ode sur la liberté naturelle et politique, pour servir à la déclaration des droits de l’homme. Seconde édition, Adaptée au temps présent. Par M. l’Abbé Rive (Eleutheropolis [Nîmes], Chez Agathophile, 1789, in-8, 16 p.). Seconde édition de l’Ode sur l’abolition récente de l’esclavage en France (Londres [Bruxelles], s. n., 1781, in-8).
-
Lettres violettes et noires ou anti-épiscopales et
anti-grandvicariales, pour servir de supplément aux deux histoires
modernes de Provence, par l’ex-oratorien Papon, et par le
jurisconsulte Bouche, touchant les administrations de Jean de Dieu de
Bois-Gelin, archevêque d’Aix, et d’Emmanuel-François de Bausset
de Roquefort, évêque de Fréjus (Dicaiopolis [Nîmes], Chez Agathon Eleuthère,
1789, in-8, 96-[2] p.). Tirées à 240 exemplaires sur
papier ordinaire et 10 exemplaires sur papier de Hollande.
- Lettres purpuracées, ou Lettres
consulaires et provinciales, Écrites contre les Consuls d’Aix et
Procureurs du pays de Provence (Dicaiopolis [Nîmes], Chez Agatton Eleuthère
[Coste-Belle], 1789, in-8, 117-[1 bl.]-[2] p.). Tirées à 240 exemplaires sur
papier ordinaire et 10 exemplaires sur papier de Hollande.
Exemplaire de Gustave Mouravit (1840-1920), avec son cachet humide |
- L’Accomplissement de la prophétie politique, Faite en 1772 ; ou les Vrais Principes de gouvernement dans les corps politiques, contre les erreurs et la bassesse des nomoclastes ou briseurs des lois, Composés en Février de 1772, et imprimés, pour la première fois, en Octobre de 1789. Par M. L. R. (Nomopolis [Nîmes], Chez Aristotechne [Coste-Belle], 1789, in-8, 24 p.).
-
L’Astrologue du
Tiers-Etat ou les Prédictions pour l’année 1790, seconde de la liberté française, par un Robinocrate (Paris, Imprimé dans les décombres de
l’Aristocratie, Robinocratie et Clericocratie, s. d. [1790], in-8, 14 p.).
-
Les Trois Dupes, dialogue entre l’Antiquaille ou la Noblesse, la Mitraille ou le Clergé, la
Robinaille ou les Parlemens, ou les
reproches amers des uns et des autres, pour
servir de suite à L’Astrologue du Tiers-Etat, par un Justicrate (Paris, Imprimé dans les débris de l’Antiquaille,
de la Mitraille et de la Robinaille, et se trouve chez tous les Justicrates,
1790, in-8, 16 p.).
-
Le Despotisme anéanti ou
la France régénérée,
par l’abbé Volaire, bon patriote (Marseille, Imprimerie de
P. A. Favet, 1790, in-8, 24 p.).
-
Confession pascale des
sieurs Bournissac,
Thulis, Durand, La Flèche, Verdillon, Chomel et autres sang-sues, déposée
dans le sein du R. P. Olivier, curé
de Saint-Martin, directeur zélé des
Aristocrates, par M. Aristo (S.
l. [Marseille], Imprimé au fort Saint-Jean, 1790, in-8, 26 p.).
- Lettre vraiment philosophique, à Monseigneur l’Évêque de Clermont ; Sur les différentes Motions qu’il a faites dans notre auguste Assemblée Nationale, depuis la fin de Septembre dernier jusqu’à présent : Dans laquelle on trouvera la discussion critique de plusieurs autres Motions de divers autres honorables Membres ; & le cura ut valeas du Sacerdotisme présent. Par l’Abbé Rive (Nomopolis [Aix], chez le compere [sic] Eleuthere, 1790, in-8, 447-[1 bl.]-159-[1 bl.] p.). Tirée à 250 exemplaires [200 sur grand papier bâtard de Dauphiné, 50 sur très beau papier d’Annonay façon d’Hollande]. Il existe un second tirage, avec « Avis au lecteur » et suppléments d’errata ([2]-448-159-[1 bl.] p.).
- Lettre au célébre [sic] Camille Des-Moulins : Sur l’inscription en faux qu’il a glissée, à la pag. 483 de son N°. XXIV., contre une assertion de Pline le Nat. touchant le changement de sexe, suivie d’un Post scriptum. Sur deux Décrets très-peu pressants de la séance du 8 Mai au soir, dans notre auguste Assemblée Nationale. Par M. l’Abbé Rive (S. l. [Aix], s. n., 1790, in-8, 15-[1 bl.]-[1]-[1 bl.] p.). Tirée à 200 exemplaires [100 sur grand papier bâtard de Dauphiné, 100 sur beau papier d’Annonay façon d’Hollande].
-
Opuscule de l’abbé Rive, intitulé : la Ligue monacale,
anti-éléemosynaire. Vers les premiers jours de septembre 1790 (A Charitopolis, chez
Jehan le Compâtissant [Paris, 1790], in-8°, 74 p.).
- La Chasse Aux anti-Bayard, anti-Alphane & aux Mitrophore [sic]. Par M. le Chev. de St. Prés-Verprés (Imprimé à Verprés [Aix], Chez Nicolas Aphobe & Compagnie, 1790, in-8, 16 p.).
-
Dissertation sur un
Recueil de lettres originales, au nombre
de 74, écrites de la propre main de
Henri IV, roy de France et de Navarre,
à M. de Bellyevre, chancelier de France, par l’abbé Rive, bibliothécaire de la ville d’Aix, en Provence (S. l. [Paris], s. n., s. d. [1790], in-8, 15-[1 bl.]
p., avec fac-similé).
- Mémoire Présenté en manuscrit par l’Abbé Rive Bibliothécaire en chef des anciens Etats de Provence, le 30 Juillet de l’an 1790, aux Messieurs du Directoire du Département des Bouches du Rhône, imprimé aujourd’hui avec une légère correction d’environ trois mots peu essentiels, & avec addition de différentes Notes, & présenté de nouveau par le même à tous les honorables Membres du même Département (Aix, Chez les Freres [sic] Mouret, ce 4 Décembre 1790, in-8, 19-[1 bl.] p.).
- Chronique littéraire Des Ouvrages imprimés et Manuscrits de l’abbé Rive, des secours dans les Lettres, que cet Abbé a fournis à tant de Littérateurs François ou Etrangers, de quelque rang & profession que ce soit, de la confiance dont divers illustres Amateurs l’ont honoré en lui remettant divers ouvrages très-savans à faire imprimer avec ses corrections & ses notes, et des jugemens que divers journaux François aussi, ou Etrangers ont portés sur ses ouvrages (Éleutheropolis [Aix]. De l’Imprimerie des Anti-Copet, des Anti-Jean-de-Dieu, des Anti-Pascalis, ces anti-redoutables fléaux de la régénération Françoise, & de la vraie liberté Nationale, l’an 2ond du nouveau Siecle [sic] François [1790], in-8, 235-[1 bl.]-ij p.). L’An II de la République correspond aux années 1793 et 1794, mais 1790 était considérée à l’époque comme la « seconde année de la Liberté française » ; les publications postérieures à 1790 ne sont pas citées.
L’abbé Rive ne dissimula bientôt plus ses
nouvelles opinions et, le ressentiment aidant, il fonda à Aix, le 31 octobre
1790, dans l’ancienne église des Bernardines, au quartier de Villeverte, le
club des « Vénérables Frères anti-politiques », qui sema l’agitation
contre les anciens administrateurs de la province.
Le malheureux auquel l’abbé Rive en voulait le plus était Jean-Joseph-Pierre Pascalis (1732-1790), assesseur d’Aix et procureur de Provence, contre lequel il avait déjà fait paraître la Protestation Des Hommes de Loi, Membres de la Société des Amis de la Constitution, séante à Aix, Département des Bouches du Rhônes [sic]. Contre le discours anti-constitutionnel du sieur Pascalis, prononcé par devant la chambre des Vacations le 27 Septembre 1790 (Aix, Veuve d’André Adibert, 1790, in-8, 2 p.). Le 12 décembre 1790, Pascalis fut enlevé au château de la Mignarde, quartier des Pinchinats, et incarcéré. Dans sa Lettre des vénérables Frères anti-politiques, c’est-à-dire des hommes vrais, justes et utiles à la patrie, à M. le président du département des Bouches-du-Rhône, appelé Martin fils d’André, antérieure à l’incarcération du scélérat Pascalis, suivie d’un post-scriptum qui a été écrit après cette incarcération (Aix, Imprimerie des Vénérables Frères Anti-politiques, vrais foudres des Pascalis et de tous les Anti-nationaux, 13 décembre 1790, in-8, 13-[1 bl.] p.), l’abbé Rive écrivit : « Tout homme, quel qu’il soit, par quelques grands travaux qu’il puisse s’être distingué, s’il devient un jour l’ennemi de la patrie, il doit lui faire le sacrifice de sa vie sous une lanterne ».
Pendaison de Pascalis, de La Roquette et de Guiramand, à Aix, sur le cours Mirabeau. |
Le lendemain, Pascalis fut pendu par la populace au réverbère placé en face de la maison qu’il habitait, 34 cours Mirabeau !
-
Lettre des Vénérables Freres [sic] Anti-Politiques et de l’Abbé Rive, Présentée à MM. les Commissaires du Roi,
dans le Département des Bouches-du-Rhône,
le 13 Janvier 1791, avec une autre Lettre du même Abbé Rive,
aux mêmes Commissaires (Nosopolis
[Aix], Chez les Freres [sic] de la Miséricorde [Frères Mouret], s. d. [1791],
in-8, 44 p.).
- Lettre de l’Abbé Rive aux vrais amis de la Constitution, établis à Aix, Imprimée le 3 Février de l’an 1791, & suivie de l’Extrait de Des-moulins, qui est dans les trois dernieres [sic] Lettres de cet Abbé (S. l. [Aix], Chez les Freres Anti-politiques, ces vrais amateurs de la Vérité, de la Justice & de l’Utilité patriotiques [Mouret], s. d. [1791], in-8, 16 p.).
- Lettres de l’Abbé Rive, à MM. les Commissaires des Trois Départemens [sic] de l’Ancienne Province de Provence, depuis le 26 Janvier 1791, jusqu’au 18 Février de la même année (Philadelphie, Chez les Freres [sic] Philanthropes, en Février de 1791, in-8, 76 p.).
- Lettre de l’Abbé Rive à son trés-cher [sic] et trés-illustre [sic] ami Camille Des-Moulins, Sur l’extirpation du Fanatisme créé par les Despotes, depuis que le despotisme s’est perché sur les Thrônes (Eleutheropolis [Aix], Chez N. Aphobe, ce Jeudi 31 Mars 1791, in-8, 27-[1 bl.] p.).
-
Défense de la commune, du maire, de l’officier
municipal et du greffier de Velaux, contre
les surprises des plus insignes malévoles faites au district administrationnel
d’Aix, et, par celui-ci, au directoire
du département des Bouches du Rhône, suivie
des pièces justificatives, par les
vénérables frères Anti-Politiques et leur chef de la même ville (Aix,
Frères Mouret, 1791, in-8, 15 p.).
-
Lettre de l’Abbé Rive à
son très-cher ami et très-vénérable vice-président des Anti-Politiques, pour servir de préliminaire justificatif à la défense
précédente, suivie des pièces
justificatives de la commune et des officiers municipaux de Velaux (Aix,
Frères Mouret, 1791, in-8, 32 p.).
Les autorités le dénoncèrent enfin le 21 avril
1791 comme perturbateur du repos public ; décrété de prise de corps le 21
mai, il s’enfuit à Marseille [Bouches-du-Rhône].
-
Les Décuirassés, ou les Trois Corps administratifs d’Aix, prétendant faussement et très-mal à propos ne pouvoir être attaqués
devant les tribunaux, sans un décret
préalable du Corps législatif (Marseille, F. Brébion, 1791, in-8).
- Au très-intègre et au très-respectable tribunal judiciaire de Marseille. L’Abbé Rive, Martyr de la Liberté Nationale & des nouvelles Lois de l’Empire Français (Marseille, Imprimerie de F. Brebion, 1791, in-8, 55-[1 bl.] p.).
Frappé par une apoplexie foudroyante, l’abbé Rive
mourut à Marseille, rue de la Guirlande, sur la rive nord du Vieux-Port, le 20
octobre 1791.
Il fut enseveli le lendemain dans le cimetière de l’église Notre-Dame des Accoules.
Eglise Notre-Dame des Accoules, Marseille |
Il fut enseveli le lendemain dans le cimetière de l’église Notre-Dame des Accoules.
Sa bibliothèque fut vendue en bloc par son neveu
et héritier, l’orientaliste Joseph-Elzéar Morénas (1778-1830), au libraire
marseillais Denis Chauffard et au juré-priseur Nicolas-Étienne Colomby ;
cataloguée par Claude-François Achard (1751-1809), docteur en médecine,
secrétaire de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille,
bibliothécaire de la ville de Marseille, elle fut dispersée lors d’une vente publique,
le 6 mars 1793 : Catalogue de la
bibliothèque des livres de feu l’abbé Rive, acquise par les citoyens Chauffard et Colomby, mise en ordre par C. F. Achard, M. D. M. (Marseille, Imprimerie de
Rochebrun et Mazet, 1793, An 2e de la République française, in-8, xvj-159-[1
bl.]-128-64-[2] p., 2.553 + 5 doubles [*] – 1 manquant = 2.557 lots), dont
Théologie [335 lots = 13,10 %], Jurisprudence [162 lots = 6,33 %], Sciences et
Arts [462 lots = 18,06 %], Belles Lettre [383 lots = 14,97 %], Histoire [623
lots = 24,36 %], Bibliographie [313 lots = 12,24 %], Vies des hommes illustres
[98 lots = 3,83 %], Livres omis [181 lots = 7,07 %].
Pour hâter l’impression du catalogue, on avait fait
appel à deux imprimeurs différents et, pour faire suivre les signatures, on
divisa le catalogue en trois parties. Plusieurs articles de ce catalogue sont
sortis des bibliothèques Gaignat, Rothelin, Hoym et La Vallière.
La Bible de Gutenberg, exemplaire de l'abbé Rive, à la Bibliothèque publique de New York |
Le lot n° 4, une Bible de Gutenberg (2 vol. papier, exemplaire incomplet des quatre premiers feuillets, reliure en veau brun), acquise par l’abbé Rive on ne sait où, probablement entre 1789 et 1791, ne fut adjugé que 60 francs à la librairie David, à Aix-en-Provence. Le fonds de cette librairie fut vendu, du 28 germinal au 14 floréal An XI [18 avril au 4 mai 1803], 12 rue des Bons-Enfants : Catalogue de livres choisis, provenants [sic] d’une partie du fonds d’ancienne librairie de MM. David, libraires à Aix (Paris, Guillaume De Bure et fils, 1803, in-8, [2]-102-[2] p., 1.307 lots) ; la Bible [n° 4] fut adjugée 400 francs à l’imprimeur parisien Firmin Didot (1764-1836), qui fit mettre des fac-similés à la place des feuillets manquants et qui remplaça la reliure en veau brun par une reliure en maroquin bleu.
A la vente Didot, du 5 au 29 avril 1811, 30 rue des Bons-Enfants, la Bible [n° 6] fut retirée à 1.000 francs : Catalogue des livres rares, précieux, et très-bien conditionnés, du cabinet de M. Firmin Didot (Paris, De Bure père et fils, 1810, in-8, [2]-xvj-184 p., 1.018 lots).
On retrouve cette Bible de Gutenberg de l’abbé
Rive dans un catalogue du libraire londonien Thomas-Norton Longman
(1771-1842) : A catalogue of an
extensive collection of old books, generally
in unexceptionable condition (London, Longman, Hurst, Rees, Orme and Brown,
1816, in-8, [1]-[1 bl.]-605-[1 bl.] p., 7.832 articles, n° 2.200) ; le
prix n’est pas indiqué. En 1818, la Bible entra dans la bibliothèque du
marchand et homme politique George Hibbert (1757-1837), puis fut adjugée £ 215
au libraire londonien John Cochran pour le politicien John Wilks (1776-1854) :
A catalogue of the library of George
Hibbert, esq. of Portland Place
(London, W. Nicol, 1829, in-8, [12]-484 p., 8.726 lots, n° 8725). L’année
suivant la mort de sa femme et de son fils, John Wilks dispersa sa bibliothèque
le 12 mars 1847 et les dix jours suivants : Catalogue of the valuable library of an eminent collector, giving up his present residence (London,
Sotheby & Co, 1847, in-8, 163 p., n° 423). La Bible fut adjugée £ 500 au
libraire George-Palmer Putnam, pour le philanthrope new yorkais James Lenox
(1800-1880), et fut la première qui arriva en Amérique, à New York, le 21 juin
1847.
En 1895, la bibliothèque de James Lenox et la
bibliothèque de John-Jacob Astor (1763-1848) furent réunies à celle de Samuel-Jones
Tilden (1814-1886), afin de créer la Bibliothèque publique de New York. En
1922, trois feuillets d’un exemplaire mutilé de la Bible de Gutenberg
remplacèrent trois des quatre fac-similés : seul le premier feuillet reste
donc manquant.
Le conseil d'administration de la Bibliothèque publique de New York célébrant le centenaire de l'arrivée de la première Bible de Gutenberg en Amérique, le 7 novembre 1947 |
La Notice des ouvrages imprimés et manuscrits
de l’abbé Rive (Paris, Imprimerie de P. Gueffier, s.d. [1817], in-8, 23-[1
bl.] p.), anonyme, qui est de Joseph-Elzéar Morenas, est fautive : elle porte
le nombre des ouvrages de l’abbé Rive à 14 imprimés, 39 qu’il se proposait de
publier, 7 manuscrits prêts à être livrés à l’impression et un très grand
nombre de notes écrites sur des cartes. La plus grande partie des 35.000 cartes
sur lesquelles l’abbé Rive avait déposé les preuves de son érudition ont été
acquises en 1837 par la Bibliothèque royale. Après avoir été proposés en vain à
Achard, à Dibdin et à la ville de Marseille, les manuscrits de l’abbé Rive
furent dispersés en diverses mains.
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