lundi 20 avril 2020

Lucien Gougy (1863-1931), le libraire de Louis Barthou

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Ancienne église de Vaugirard, démolie en 1854
Photographie Musée Carnavalet

Le 10 avril 1828, en l’église Saint-Lambert du village de Vaugirard [XVe arrondissement de Paris à partir de 1860], Michel Gougy, né le 3 germinal An IX [24 mars 1801], épousa Anne-Virginie Rossignol, née à Paris le 14 novembre 1809. Après la naissance de leur fils aîné, Louis-Barthélemy, le 26 mai 1829, le couple s’installa à Paris, où naquit leur second fils, Joseph-Alfred, le 5 octobre 1830.


Michel Gougy devint libraire 15 quai Voltaire [VIIe]. Ses deux fils devinrent aussi libraires, rue Bonaparte [VIe], l’aîné au n° 17, le cadet au n° 20, et se marièrent tous les deux en 1862. Joseph-Alfred Gougy épousa, le 7 juin [XIVe], Julie Noirot, née le 11 juin 1835 à Châtillon-sur-Seine [Côte-d’Or], veuve de Nicolas-Adolphe Hémery depuis 1859. Louis-Barthélemy Gougy épousa, le 29 novembre [VIe], Marie-Antoinette Jacquet, née le 23 juin 1842 à Paris, dont les deux frères aînés étaient libraires : Eugène-Jean-Baptiste, né le 20 décembre 1834, 61 passage des Thermopyles [XIVe, rue des Thermopyles depuis 1937] ; Julien-Joseph, né le 7 juillet 1838, 76 rue du Cherche-Midi [VIe].    

Lucien Gougy, par Florian
In Almanach du bibliophile, 1899, p. 64
 Fils aîné de Louis-Barthélemy Gougy (1829-1880) et de Marie-Antoinette Jacquet (1842-1873), Lucien-Ernest Gougy est né le 3 décembre 1863, 76 rue du Cherche-Midi.

Dès 1875, Lucien Gougy commença son apprentissage chez son oncle Alfred Gougy (1830-1890), 20 rue Bonaparte, puis offrit ses services à Florian Pache (1845-1904), 7 quai Voltaire. En 1878, il entra chez Pierre-Jean Rouquette (1833-1912), dit « Rouquette Père », 85-87 passage de Choiseul [IIe], qui en fit son premier commis : il y acquit ses premières connaissances du livre ancien, y rencontra de grands bibliophiles et se lia d’amitié avec Édouard Rahir (1862-1924).

Ayant quitté la librairie Rouquette, Lucien Gougy entra aux « Grands Magasins du Louvre », rue de Rivoli [Ier], où il créa le rayon de librairie, puis passa au magasin « À la Ville de Saint-Denis », rue du Faubourg-Saint-Denis [Xe], où il installa le même rayon. Une grave maladie contractée en 1883, le cloua au lit pendant un an et le laissa estropié. 

Le quai de Conti en 1846, par William Parrott (1813-1869)
Photographie Musée Carnavalet
Il obtint alors sur les quais une place de bouquiniste-étalagiste.
Lucien Gougy épousa la fille d’un boulanger, Roseline-Julie-Joseph Charles, née le 23 septembre 1865 à Allouagne [Pas-de-Calais], qui lui donna trois filles et deux garçons.

Vue de la rue de Seine en 1912, prise du N° 15
Au premier plan : N° 12 à gauche, N° 13 à droite
En 1889, il devint propriétaire du fonds de librairie que son oncle Alfred Gougy avait transféré au 15 rue de Seine [VIe] et commença à publier un catalogue mensuel.  


La librairie de Bridoux, 5 quai de Conti, en 1883
Photographie Musée de Carnavalet

La Librairie Vienney au N° 3 et la Librairie Gougy au N° 5 du quai de Conti (1910)

Photographie Archives de Paris (1911)



In Annuaire-Almanach du commerce (Paris, Didot-Bottin, 1908, t. I, p. 2.140)
En 1895, il succéda à François Bridoux (1819-1894), qui avait tenu, depuis 1873, une Librairie ancienne et moderne [Bouquinerie centrale], 5 quai de Conti [VIe, détruit en 1931], au coin de l’étroite rue de Nevers, en face du Pont-Neuf : Bridoux avait succédé à Hardou fils, qui s’était installé en 1870. Lucien Gougy eut alors son frère Édouard-Joseph-Marie Gougy, né le 29 mai 1866 au 25 rue de Verneuil [VIIe], comme fidèle et précieux collaborateur.
Contrairement à la légende, Bonaparte, officier d’artillerie sortant de l’École de Brienne-le-Château [Aube], n’a jamais habité une mansarde, au cinquième étage de cette maison : il logea chez Charles et Marie-Laure Permon, 13 quai de Conti, à l’angle de l’impasse de Conti, au 3e étage de l’hôtel de Sillery ou « petit hôtel de Guénégaud », toutes les fois qu’il les visita, entre 1785 et 1793 ; cet hôtel fut occupé par la librairie d’Alphonse Pigoreau (1841-1919) à partir de 1875.

En-tête de lettre
 Roseline Charles étant décédée le 31 août 1913, à Lamballe [Côtes-d’Armor], Lucien Gougy se remaria, le 21 novembre 1917, à Paris [IVe], à Marie-Valburge François, née le 6 novembre 1881 à Xertigny [Vosges] : les témoins furent Édouard Gougy, son frère cadet, 62 boulevard de Clichy [XVIIIe] ; Édouard Rahir, libraire, 55 passage des Panoramas [IIe] ; Louis Barthou (1862-1934), député, ancien président du Conseil, 7 avenue d’Antin [VIIIe, avenue Franklin-D.-Roosevelt depuis 1945] ; Maurice Le Corbeiller, conseiller municipal de Paris, 81 rue de Grenelle [VIIe].

Photographie Thierry Auvray
Chevalier de la Légion d’honneur en 1921, officier en 1927, Lucien Gougy décéda 5 rue Danton [VIe], le 7 juin 1931, succombant à une foudroyante crise d’urémie. 



Ses obsèques furent célébrées le 11 juin en l’église Saint-Séverin ; il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise [96e division].

Lucien Gougy
Il avait été libraire-expert agréé près le tribunal civil de la Seine depuis 1900, président du syndicat des libraires de Paris de 1911 à 1918 et vice-président des libraires de France de 1922 à 1925.


Il avait publié plusieurs catalogues de vente publique de bibliothèques : Catalogue de la bibliothèque archéologique de feu M. le comte Arthur de Marsy (1900), Catalogue de la bibliothèque de feu Monsieur P.-A. Chéramy (1913), Catalogue des livres anciens et modernes composant la bibliothèque de Jules Lemaître (1917), Catalogue de la bibliothèque de M. le comte René de Béarn (1920-1923), Catalogue de livres anciens et modernes provenant de la librairie de feu M. Eugène Jorel (1929), Catalogue de la bibliothèque de M. Edgar Mareuse (1929).


Il fut l’éditeur de : Souvenirs et mémoires. Recueil mensuel de documents autobiographiquessouvenirs - mémoirescorrespondances (Paris, Lucien Gougy, 6 vol. in-8, 1898-1901) sous la direction de Paul Bonnefon (1861-1922), bibliothécaire à l’Arsenal ; 

Photographie Librairie du Cardinal
Pensées et réflexions mondaines d’un naïf (1900, in-8 carré, 150 ex.), par le comte de Frijegac [marquis Fernand de Girardin] ; Campagne de Russie (1900-1903, 4 vol. in-8, le 4e par R. Chapelot & Cie), par L. G. F. [Gabriel Fabry] ; 


Les Vieux Livres (1906, in-8, tiré à part du Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, 15 novembre 1905, p. 481-490), par Jules Lemaitre ; 


Orchidées (1908, in-8, 50 ex. H. C.), par Jehan des Hâtes ; Album de huit lithographies en couleurs sur Chine, avec le monogramme « L » du lithographe (1910, in-fol., 35 ex. H. C.), par Henri de Toulouse-Lautrec ; 


Les Causeries de Lucine (s. d. [v. 1910-1920, in-8, 525 ex.), par le Docteur Minime [Dr Auguste Lutaud] ; 


La Grande Douleur des sept artistes (1923, in-4, ill. de Paul de Pidoll, 658 ex.), par Jérôme Doucet ; 


Les Choses meurent (1927, in-8 carré, 16 compositions en couleurs de Léon Raffin, 500 ex.), par Jérôme Doucet. 


Les livres anciens et modernes de la librairie furent dispersés en six ventes à l’Hôtel Drouot – Catalogue des livres ayant composé le fonds de M. Lucien Gougy, ancien libraire (Paris, Ch. Bosse, 1934-1936, 6 vol. in-8) : du lundi 9 au vendredi 13 avril 1934, du mercredi 10 au samedi 13 octobre 1934, du lundi 15 au jeudi 18 octobre 1934, du lundi 10 au mercredi 12 février 1936, du mercredi 1er au vendredi 3 juillet 1936 et le jeudi 8 octobre 1936.


Sa bibliothèque personnelle fut également vendue à l’hôtel Drouot :

In  Le Temps, 25 février 1934


Du 5 au 8 mars 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Première partie […]. Avant-propos de M. Louis Barthou, de l’Académie française (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 237 p., pl.).

« Les livres que les enchères vont disperser sont la meilleure preuve du goût avisé, varié et résolu qui inspirait les choix de Lucien Gougy. Leur diversité m’a surpris. Si grande fût mon intimité avec lui, je ne savais pas tout ce que renfermaient les vitrines de sa “ librairie ” personnelle. Les libraires qui se font des collections ne montrent jamais, même à leurs meilleurs amis, toutes leurs richesses. Ont-ils peur d’être pressés par des offres irrésistibles ? Ou bien craignent-ils des questions inutiles sur des transactions heureuses qu’ils ont poursuivies à l’insu de concurrents dangereux ? Je ne sais, mais, comme Arvers, ils ont leurs secrets et leurs mystères que, seule, la vente publique découvre et libère. »
(Louis Barthou. « Avant-propos ». In Bibliothèque de M. Lucien Gougy. 1934, I, p. 6-7)

À la vacation du lundi 5 mars assistèrent : Robert de Billy, ambassadeur de France et Madame, le général Willems, le colonel Lévy, Madame Pratt, Perreau, Lardanchet, Flamang, Gruel, Faure, Lefrançois, Picard, maître Desvouges, Meulemerre, Rousselot. Parmi les enchères principales : Horæ ad usum Romanum, manuscrit sur vélin du XVe siècle, orné de 12 grandes miniatures et 20 petites, attribuables à l’École de Jean Bourdichon, 58.200 francs ; 


Les Fais maistre Alain Chartier (1489), en reliure ancienne, 7.000 fr. ; 


Hypnerotomachia Poliphili, par Colonna (1499), 20.100 fr. ; 


Dialogus Creaturarum (1480), aux armes du baron A. Seillière, 19.000 fr. 


Ortus sanitatis (v. 1500), 11.200 fr. ; 

Photographie Gonnelli
Prose di M. Pietro Bembo nellequali si ragiona (1549), 6.900 fr. 
Cette première journée produisit 387.460 francs.

La deuxième vacation eut lieu dans une salle archibondée, comme la veille. Dans la salle, parmi les fervents : Henri Vever, le colonel Lévy, le général Willems, Robert de Billy, Schuhmann, Seymour de Ricci, Michel Lazard, Charles Bosse, maître Desvouges. Parmi les principaux prix de cette deuxième séance : 

Photographie BnF
Avecques la devise des armes de tous les chevaliers de la table ronde, par Gyron Le Courtoys (Paris, Anthoyne Vérard, 1503), 5.100 fr. ; 


Les Œuvres de Jodelle (1597), 5.600 fr. ; 


La Morosophie de Guillaume de la Perrière (1553), 4.120 fr. ; 


Elegantissime sentenze et aurei detti, par Nicolo Liburnio (1543), 6.500 fr. ; 


Le Livre des statuts et ordonances de l’Ordre Sainct Michel (v. 1550), 4.550 fr. ; 


Le Roman de la Rose (1503), 6.880 fr. ; 


Le Roman de la Rose (1531), 4.410 fr. ; 

Photographie BnF
Le Grand Combat des ratz et des grenouilles, par Antoine Macault (1540), 4.080 fr. ; 

Photographie BnF
L’Heptameron des nouvelles de tresillustre et tresexcellente princesse Marguerite de Valois (1559), 7.200 fr. ; 


Les Œuvres de Clément Marot (Dolet, 1543), 7.000 fr. ; 

Photographie BnF
Les Histoires et Chroniques du Monde, de Jean de Maumont (1561), 5.900 fr. ; 


Il Petrarcha (Venise, 1547), 6.000 fr. ; 


Les Généalogies, de Platine (1519), au chiffre de Louis XIII, 17.800 fr. ; 


Vitæ comparatæ, de Plutarque (1566), 5.180 fr. ; 


Le Quart Livre, de Rabelais (1552), 6.750 fr. ; 


Les Dix Premiers Livres de l’Iliade d’Homère, par Hugues Salel (1545), 3.890 fr. ; 


Deux discours de la nature du monde & de ses parties, par Pontus de Tyard (1578), dans une reliure aux armes de Henri III, 12.000 fr. ; 


l’édition originale de Champ fleury, Geofroy Tory (1529), 12.500 fr. La plupart des ouvrages firent entre 2.000 et 5.000 francs ; on en arriva à regarder comme des parents pauvres ceux qui ne dépassaient pas 1.000 francs !

La troisième vacation enregistra des résultats aussi satisfaisants que pour les deux vacations antérieures. Parmi les adjudications les plus importantes : 

Photographie Eric Grangeon
L’Oraison funèbre de très haute et très puissante princesse Anne de Gonzague de Clèves, de Bossuet (1685), édition originale, 5.000 fr. ; 


Le Théâtre de Corneille (1682), 3.250 fr. ; 

Photographie Bibliothèque patrimoniale de Toulouse
Discours sur les arcs triomphaux dressés en la ville d’Aix (1624), aux armes de la reine Anne d’Autriche, 14.000 fr. ; 


Les Charactères des passions, par de La Chambre (1648), 5.800 fr. ; 


l’originale de La Princesse de Clèves, par Madame de La Fayette (Barbin, 1678), 8.000 fr. ; 


De Sacra Ampulla Remensi, tractatus apologeticus, par Le Tenneur (1652), 4.510 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1666), 6.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1674-1675), 6.100 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1682), 5.000 fr. ; 

Photographie BnF
Les Images ou Tableaux de platte peinture, de Philostrate (1615), 3.000 fr. ; 


l’originale de Bérénice, de Racine (1671), 4.000 fr. ; 


l’originale de Mithridate, 2.400 fr. ; 


Exemplaire de Lucien Gougy
Photographie The Metropolitan Museum of Art, New York
Mémoire sur un rouet à filer des deux mains à la fois, par de Bernières (1777), aux armes de Marie-Antoinette, 9.800 fr. ; 


Le Décaméron de Boccace (1757-1761), 16.600 fr. ; 


Les Principales Avantures de l’admirable Don Quichotte (La Haye, 1746), 4.560 fr. ; 


Les Baisers de Dorat (1770), exemplaire en grand papier, dans un maroquin ancien, 23.100 fr. 
Les trois premières vacations dépassèrent le million.

Parmi les adjudications les plus mouvementées de la dernière vacation : 


Armorial des principales maisons et familles du royaume par Dubuisson (1757), 6.700 fr. ; 


Les Aventures de Télémaque, de Fénelon (1785), 5.100 fr. ; 


Les Œuvres de Gessner (1786-1793), 8.300 fr. ; 


L’Invocation et l’Imitation des Saints (1721), dans une reliure aux armes du chancelier Maupéou, 6.150 fr. ; 


Le Choix de chansons de La Borde (1773), dans un maroquin bleu, 20.000 fr. ; 


Les Amours de Psyché, de La Fontaine (1791), 7.400 fr. ; 


Contes et nouvelles de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, 12.000 fr. ; 


Contes et nouvelles (1795), 5.000 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1755-1759), bel exemplaire en maroquin ancien aux armes, 30.400 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1765-1775), 5.900 fr. ; 


Les Amours de Daphnis et Chloé (1718), 7.300 fr. ; 


Les Nouvelles de Marguerite, reine de Navarre (Berne, 1780-1781), 5.300 fr. ; 


Contes moraux, de Marmontel (1765), 4.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1734), aux armes de Desmarets de Maillebois, 14.000 fr. ; 


Les Œuvres de Molière (1773), 10.400 fr. ; 


Le Temple de Gnide, de Montesquieu (1794), dans un maroquin aux armes de Napoléon Ier, 6.100 fr. ; 

Exemplaire de Lucien Gougy
Paris, Alde, 24 mai 2016 : 8.000 € 
Essai sur l’agriculture moderne, par les abbés Nolin et Blavet (Prault, 1755), dans une reliure aux grandes armes de la marquise de Pompadour, 7.000 fr. [vient de Hippolyte Destailleur, 1891, N° 795]

Photographie Camille Sourget


Œuvres de maître François Rabelais (1741), 12.000 fr. ; 


Œuvres de Jean Racine (1768), 11.050 fr. 
Les 4 vacations produisirent 1.568.705 francs.

Du 7 au 9 novembre 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Deuxième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 123 p., pl.).

Un public nombreux, composé de bibliophiles français et étrangers, emplissait la salle le mercredi 7 novembre. Un manuscrit, sur papier du XVe siècle, renfermant une copie unique des œuvres poétiques du malheureux roi Charles VI, fut adjugé 4.500 francs. Un beau manuscrit sur vélin du XVe, L’Horloge de Sapience, par Henri Suso, fut acquis moyennant 5.450 fr. par la Bibliothèque nationale. 


La Divina Commedia du Dante (Venise, 1477), dans une reliure moderne en peau de truie estampée à froid, fut payée 8.100 fr. ; 

Photographie BnF
Dialogus Creaturarum (Gouda, 1481), demi-reliure ancienne en maroquin, 5.850 fr. ; 


Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile, de Francesco Colonna (Paris, 1561), 4.300 fr. ; 


Les Essais de Michel seigneur de Montaigne (1595), dans une magnifique reliure doublée de Lortic, 5.520 fr.

Le lendemain furent enregistrées d’excellentes enchères, parmi lesquelles : 


la première édition de Paraphrase des psaumes de David (1648), aux armes de la reine Anne d’Autriche, 3.100 fr. ; 


l’originale d’Iphigénie de Racine, 2.650 fr.

Ce fut sur un total de 373.000 francs que prit fin le 9 novembre, la vente de la deuxième partie de cette bibliothèque, avec de très belles adjudications : Le Choix de chansons de La Borde (1773), dans un maroquin vert de Chambolle-Duru, 5.950 fr. ; Les Contes de La Fontaine, édition des Fermiers généraux, 4.150 fr. ; Les Fables de La Fontaine (Desaint, 1755-1759), exemplaire de premier tirage relié en maroquin bleu à filets, 9.050 fr. ; les Œuvres de Molière (1734), en reliure ancienne, 4.200 fr. ; Les Métamorphoses d’Ovide (1767-1771), dans un maroquin de Cuzin, 2.315 fr.

« La bibliothèque Lucien Gougy n’était pas de celles qui passionnent les grands bibliophiles, et son produit total l’atteste, qui ne fut que de 373.000 francs. Mais elle offrait, en revanche, le piquant intérêt de réunir une quarantaine d’éditions originales de Rétif de la Bretonne, si recherchées toujours et, certes, plus recherchées aujourd’hui que jamais.
Les originaux de Rétif – on sait que son état de typographe lui permit de composer et d’imprimer lui-même une bonne part des quelque cinquante ouvrages qu’il écrivit de 1767 à 1797 – sont rares ou rarissimes. Tout d’abord, le tirage en fut le plus souvent très restreint ; en outre, nombre d’exemplaires ont été mutilés par des libraires qui en arrachaient les images pour les vendre à part. Enfin, certains ouvrages furent en grande partie détruits par la famille. Aussi, lorsque vers le milieu du dix-neuvième siècle, quelques fureteurs de gloires ensevelies ramenèrent au jour Rétif de la Bretonne, bien oublié depuis 1806, date de sa mort, les bibliophiles durent payer très cher ce que leurs prédécesseurs avaient un peu trop dédaigné.
En 1874, le libraire Auguste Fontaine était parvenu à réunir deux collections complètes des ouvrages de Rétif. Or, de chacune, il demandait vingt mille francs. Et il les vendit rapidement à ce prix.
Que ferait actuellement, en vente publique une collection complète, en état impeccable, des cinquante éditions de Rétif ? Il est bien difficile d’en donner une estimation en se basant sur les prix atteints par les éditions accidentelles.
Les Rétif de la vente Gougy n’étaient pas de premier ordre. Cependant, quelques prix remarquables ont 


été enregistrés, notamment par les Lettres d’une fille à son père, adjugées 650 francs ; par les Contemporaines (en seconde édition pour les deux premières séries), qui ont fait 1.850 francs ; par la Découverte Australe, 900 francs ; par les Tableaux de la bonne compagnie, (avec les figures de Moreau le jeune en réduction), 685 francs ; par les Parisiennes, 710 francs ; par la Femme infidèle (édition de 1786), poussée à 820 francs.
Certes, même à cette vente, les collections de Rétif formées par le libraire Fontaine seraient allées bien au-delà des 20.000 francs qu’il en demandait de chacune en 1874. »
(T. « Le Rétif de la Bretonne de la Bibliothèque Lucien Gougy ». In L’Œuvre, 11 novembre 1934)    

Du 19 au 21 novembre 1934 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Troisième partie […]. Avant-propos de M. Louis Barthou, de l’Académie française (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1934, in-4, 117 p., pl.).
Le catalogue est enrichi d’un très beau portrait de Lucien Gougy et de l’avant-propos de Louis Barthou qui figurait déjà dans le catalogue de la première partie.


Le lundi 19 novembre, Les Beaux Jours de la vie, par Daumier, furent adjugés 1.900 fr. ; 

Photographie Librairie Le Feu follet
l’originale du Dernier Chouan de Balzac (Paris, 1829), 1.225 fr. ; 


celle des Fleurs du mal de Baudelaire, 1.250 fr. ; 


celle des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, 1.620 fr. ; 


celle, sur Hollande, de L’Éducation sentimentale de Flaubert, avec dédicace manuscrite, 3.750 fr. ; 


celle, sur Hollande, des Trois Contes de Flaubert, 2.100 fr.

Le 20 novembre, en présence d’une assemblée très nombreuse, les romantiques, dont les reliures étaient dans un état de fraîcheur magnifique, furent particulièrement disputés : 


Les Mille et Une Nuits, contes arabes, traduits par Galland (Galliot, 1822-1825), exemplaire sur grand vélin, dans une superbe reliure de Simier, furent payées 4.000 fr. ; 

Photographie Bertrand Hugonnard-Roche
les Œuvres complètes de Mesdames de La Fayette et de Tencin (1804), dans une belle reliure de Lefebvre, 1.770 fr. ; 

Photographie Antiquités de Maguelone
les Œuvres de La Fontaine (1822-1823), exemplaire contenant plus de 1.300 pièces ajoutées, 2.600 fr. ; 

Parmi les modernes illustrés : 


L’Éloge de la folie d’Érasme (1906), 4.150 fr. ; 


La Rôtisserie de la reine Pédauque, d’Anatole France (Pelletan, 1911), exemplaire sur Chine, 4.510 fr.


Le 21 novembre se termina la dispersion de la troisième partie de la bibliothèque sur un produit d’environ 300.000 francs : un exemplaire, dans une reliure de Noulhac, de À rebours, de J.-K. Huysmans, avec bois en couleurs d’Auguste Lepère (Cent Bibliophiles, 1903), a obtenu 8.700 fr.    

Du 22 au 24 octobre 1935 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Quatrième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1935, in-4, 127 p., pl.).

Le mardi 22 octobre, on put reconnaître dans la salle Mme Siret-Landrin, le général Braconnier, le comte de Billy, le comte du Bourg de Bozas, Rousselot, Maurice Escoffier, Achille Ségard, Gruel, Rassat, Lafont, Lardanchet, Lefrançois, etc. De l’avis des plus compétents, les enchères furent tout à fait satisfaisantes : 

Photographie British Museum
Auslegung des Amts der heiligen Messe (Augsbourg, 1484), 2.350 fr. ; 


Trionfi, Sonetti e Canzoni, par Pétrarque (Venise, 1497), 2.310 fr. ; 


Des croniques de France, d’Angleterre, etc., par Froissart (1518), 2.350 fr. ; 


Le Roman de la rose, par Guillaume de Lorris (1526), 4.400 fr. ; 


Essais de Montaigne (1595), au chiffre « DSM » de Scévole de Sainte-Marthe et portant de nombreuses notes de sa main, 15.300 fr. Un exemplaire du Pseaultier de David (1585) portait, sur une feuille de garde, cette note : « Je l’ai trouvé à Aix, sur la place des Prêcheurs, le 1er février 1873, dans un lot de vieux livres qui venait d’être acquis à l’encan par un fripier, auquel je l’ai immédiatement acheté au prix de 1 fr. 25 ».

Le 23 octobre, les Œuvres de Molière (1666) firent 4.950 fr. ; les Œuvres de Molière (1674-1675), 3.550 fr. ; le Décaméron de Boccace (1757), 6.100 fr.

Le 24 octobre termina la vente de la quatrième partie de cette considérable bibliothèque, sur un produit total de 235.000 francs : 


La Mort d’Abel, par Gessner (1793), fut adjugée 1.300 fr. ; Les Contes de La Fontaine (édition des Fermiers généraux), 3.720 fr. ; 


Fables de La Fontaine (1787), 2.280 fr. ; Les Œuvres de Molière (1734), 3.810 fr. ; Le Temple de Gnide, de Montesquieu (1794), 2.620 fr. ; 

Photographie Musée Médard
le Répertoire du théâtre françois (1803-1804), dans un maroquin signé Bozerian, 1.890 fr.  


Du 11 au 13 mai 1936 : Bibliothèque de M. Lucien Gougy, ancien libraire. Cinquième partie […] (Paris, A. Besombes, A. Blaizot & fils, L. Giraud-Badin, 1936, in-4, 110 p., pl.).

La vacation du lundi 11 mai a donné des résultats satisfaisants : 


les Œuvres complètes de H. de Balzac (1842-1855) furent adjugées 2.000 fr. ; 


Œuvres complètes de P.-J. de Béranger (1847), exemplaire de Rachel, 1.240 fr. ; 


Chants et chansons populaires de la France (1843), 1.620 fr. ; 


Notre-Dame de Paris (1844), dans un maroquin mosaïqué de Marius Michel, 2.500 fr. ; 


Recherches sur les ossemens fossiles de quadrupèdes, par Cuvier (1812), 1.900 fr. ; 


Quinze histoires d’Edgar Poë (Amis des livres, 1897), reliure de Kieffer, 3.700 fr. ; 


Les Fleurs du Mal (Cent Bibliophiles, 1899), dans une reliure de Canape, 2.150 fr. ; 


Histoire comique, d’Anatole France (1905), exemplaire sur Chine, 1.650 fr. ; 


Foires et marchés normands, par Joseph L’Hopital (Société normande du livre illustré, 1898), 1.750 fr. ; 


Les Chansons de Bilitis (Ferroud, 1906), exemplaire unique sur Japon, relié par Charles Meunier, 2.000 fr.


Le 12 mai, on a payé 2.650 fr. les Contes du temps passé, par Charles Perrault (Curmer, 1843), dans un maroquin de Chambolle-Duru.

Le 13 mai a pris fin, sur un total de 277.000 francs, la vente de la cinquième partie de cette bibliothèque : 


Paul et Virginie, par Bernardin de Saint-Pierre (1806), dans une reliure de Chambolle-Duru, 3.050 fr. ; 


Les Mémoires de Saint-Simon (1856-1858), 2.500 fr. ; 


Servitude et grandeur militaires, par Alfred de Vigny (1897), avec 8 dessins par Dawant, 1.400 fr. ; 


Les Ballades, de Villon (1896), exemplaire sur Japon, relié par Marius Michel, 2.050 fr.




























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