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Michel-Joseph Baillieu est né le
30 août 1808 à Paris [IIe], 9 rue du Cadran [rue Léopold Bellan], fils
de Pierre-Joseph Baillieu, né le 5 février 1778 à Tournai [Belgique], devenu
fabricant de bas à Paris, époux le 16 janvier 1808, en l’église Saint-Eustache,
de Marguerite Cazal, née le 22 février 1771 à Bouillon [Belgique].
Domicilié alors 40 rue Saint-Jacques [Ve], près de la Sorbonne, Michel-Joseph Baillieu commença par être relieur et épousa, le 10 décembre 1839, Anne-Marie Berey, née à Paris le 24 février 1818, qui fut la mère de Jean-Émile, né le 13 octobre 1840 au 40 rue Saint-Jacques, décédé le 22 mars 1841 chez son père nourricier, à Saint-Rémy-l’Honoré [Yvelines] ;
35 rue des Postes, Paris V |
de Alexandre-Jean-Alphonse, né le 22 mars 1842 au 35 rue des Postes [rue Lhomond, Ve], à l’angle de la rue du Pot de Fer, dans un immeuble construit en 1800 ; de Julie-Jenny-Cécile, née le 14 février 1846 au 32 rue Neuve-Sainte-Geneviève [rue Tournefort, Ve] ; de Charles-Auguste, né le 11 septembre 1849 au 32 rue Neuve-Sainte-Geneviève ; de Mélanie-Augustine, née le 14 janvier 1854 au 37 quai des Grands Augustins [VIe], baptisée en l’église Saint-Sulpice le lendemain.
Quai des Grands Augustins De gauche à droite, les numéros 35-37-39-41-43 |
En 1844, Michel-Joseph Baillieu ouvrit une librairie au 37 quai des Grands Augustins, jouxtant l’hôtel de Montholon, et devint éditeur avec la réédition de La Pléiade. Ballades, Fabliaux, Nouvelles et Légendes (Paris, Baillieu, 1850, in-12). Il déménagea en 1855 au 43 quai des Grands Augustins, proche le Pont Neuf, et eut momentanément en 1864 une adresse secondaire, 14 rue de Castiglione [Ier], près la place de la Concorde : « Achat de livres rares et curieux, autographes, manuscrits, et publie des catalogues de livres anciens avec les prix marqués, envoyés franco, se transporte en province et à l’étranger, très-bel assortiment de paroissiens et livres de piété. »
Baillieu fut chargé de plusieurs ventes
de bibliothèques, dont celles de l’Abbé Claverie de Cassou en 1861 et celle de M.
K., de Neuchâtel [Suisse] en 1862.
Librairie Moens, galerie Bortier, Bruxelles (1919) |
Baillieu se rendait fréquemment à
Bruxelles [Belgique] pour suivre les ventes de livres et finit par établir des
relations avec Jean-Baptiste Moens (1833-1908), libraire et marchand de
timbres-poste depuis 1853 au 7 galerie Bortier. L’idée de s’occuper lui aussi
de la vente des timbres-poste fut accueillie avec enthousiasme par son fils
Alexandre, intéressé en qualité de collectionneur, mais encore bien jeune et
inexpérimenté.
Enveloppe de la Librairie Baillieu, datée du 24 août 1863 Photographie Guy Dutau |
« Dans une boutique basse, ni trop spacieuse, ni trop éclairée, encombrée et surencombrée de volumes, de paperasses et de tout ce qui constitue l’arsenal d’une librairie-antiquaire, un bout de comptoir faisant dans le fond, face au public, voilà tout le champ où se livrait la bataille des timbres, où venaient s’effectuer l’offre et la demande, l’entrée et la sortie.
Des relations établies dès le
début avec la Maison Moens, de Bruxelles, avaient permis à Baillieu d’avoir
l’un des magasins les mieux approvisionnés de Paris.
Là ne se bornèrent pas ses
efforts. Encouragé par d’heureux débuts, Baillieu se mit en rapports avec 25
consuls des colonies anglaises ou pays américains ; il adressa à chacun
d’eux une somme de 125 francs, en les priant de vouloir bien, en échange de
celle-ci, lui faire parvenir des timbres assortis de toutes les valeurs, des
pays où, respectivement, ils “ représentaient ”. Un plein succès couronna ces
démarches. […]
Si Baillieu père fut, chez lui,
le promoteur de cette branche additionnelle de commerce, il faut dire que son
fils Alexandre en fut véritablement l’âme. Avec la fougue de tempérament dont
il était doué, il se livra fiévreusement à l’étude des timbres. Il en devint
l’un des bons connaisseurs, et, par une activité infatigable, il sut donner à
ce commerce nouveau dans la maison une impulsion telle que, pendant quelque
temps, il dut personnellement laisser de côté la vente des livres pour
s’adonner exclusivement à celle des timbres, relativement plus rémunératrice. »
(Pierre Mahé. Les Marchands de
timbres-poste d’autrefois et leurs catalogues. Amiens, Yvert et Tellier,
1908, p. 100-102)
Ayant acquis depuis plusieurs
années les bois gravés de La Grant Danse macabre imprimée à Troyes
[Aube], Baillieu en donna une nouvelle édition conforme quant au texte à
l’édition de 1486 : La Grande Danse macabre des hommes et des femmes,
précédée du Dict des trois mors et des trois vifz, du Débat du corps
et de l’ame et de la Complaincte de l’ame dampnée (Paris, Baillieu, s. d.
[1862], pet. in-4, 56 gravures sur bois, la plupart à mi-page).
Il ne tarda pas à éditer un Guide
de l’amateur de timbres-poste – Catalogue de tous les timbres connus
jusqu’à ce jour, avec les prix auxquels on peut se les procurer à la
librairie (Paris, Baillieu, 1863), après la publication successive des
catalogues, en langue française, de Potiquet (1862), de Moens (1862), de
Laplante (1862), de Valette (1862) et de Mahé (1863) : il fut le premier à
comporter des cotations.
Plus tard, il publia l’Histoire
anecdotique d’Eudoxie Teodorowna, 1re épouse de
Pierre-le-Grand empereur de Russie, d’après Un Manuscrit du temps
(Paris, Baillieu, 1867, in-8).
On doit aussi à Baillieu l’édition, de 1868 à 1874, d’une collection imprimée, avec les caractères gothiques du prince d’Essling, par Six-Horemans à Lille, puis Durand à Chartres, intitulée « Bibliothèque gothique ». Cette collection, destinée à continuer la collection Silvestre, comprenait des reproductions d’éditions précieuses des XVe et XVIe siècles en 18 volumes in-18, recouverts d’une couverture en papier jaune, avec le titre dans un encadrement, portant un numéro d’ordre en chiffres gothiques, tirés à 200 exemplaires sur papier vergé fort, 10 exemplaires sur papier de Chine et 2 exemplaires sur peau vélin :
1. Miracle
de Monseigneur Sainct Nicolas (1868)
2. Chansons
nouvellement composées sur plusieurs chants, tant de Musique que Rustique
(1869)
3. Le
Grant Testamēt Villon & le petit (1869)
4. Le
Parement & Triumphe des dames (1870)
5. Maistre
Pathelin (1870)
6. Les
Cris de Paris (1872)
7. Les
Estrenes des filles de Paris (1872)
8. Les
Regretz de Picardie & de Tournay a xxix coupletz (1873)
9. Epitaphes
en rondeaux de la royne (1873)
10. Les
Merveilles du monde selon le temps qui court (1873)
11. Sensuyt
la rencōtre & descōfitture des hennoyers faicte entre sainct-pol et bethune
& a la iournee de fin faicte des hennoyers p nosgēs mis a fin et moult fort
anoyez (1874)
12. Sensuyvent
viii belles chansons dont les nōps s’ensuivent (1874)
13. Le
Nũc dimittis des angloys (1874)
14. Sensuyvent
seize belles chãsons nouvelles dont les noms s’ensuyvēt (1874)
15. Sēsuyt
le testamēt de la guerre qui regne a p̃sent sur la terre (1874)
16. Sensuivent
plusieurs belles chãsōs nouvelles (1874)
17. Sensuyvent
quatorze belles chansons nouvelles (1874)
18. Sensuyvent
dix sept belles Chansons nouvelles dont les noms sensuyēt (1874)
L'Art de péter, frontispice |
On doit encore à Baillieu L’Art de péter, essai théori-physique et méthodique (En Westphalie, Chez Florent-Q, 1776 [1869], in-8, 2 eaux-fortes : en rouge sur pap. vergé, en rouge et en noir dans les 10 ex. sur pap. de Chine), Description de six espèces de pets (Sur l’Imprimé, à Troyes, Chez Garnier, s. d. [1869], in-8),
Le Nouveau Merdiana, frontispice |
Le Nouveau Merdiana, p. 118 Photographie BnF |
Le Nouveau Merdiana ou Manuel scatologique par une Société de Gens
sans gêne (Paris, s. n. [Baillieu], 1870, in-8, 31 fig. sur bois et 1
eau-forte) et la première édition illustrée du célèbre poème scatologique La
Chézonomie ou l’Art de ch… Poëme didactique en quatre chants Par Ch. Rémard
(Scoropolis, Et se trouve à Paris, Baillieu, 1873, in-8, 4 eaux-fortes de J.
Chauvet).
En 1875, Baillieu ne manqua évidemment pas de devenir membre de la Société des Anciens Textes français dès sa fondation, distribua son 102e Catalogue de livres d’occasion au mois de mars, et maria son fils Alexandre le 11 novembre à Louise-Jeanne Pündel, née à Paris le 15 janvier 1852, qui demeurait chez sa mère et son beau-père, bijoutier, 14 rue de Castiglione : parmi les témoins du mariage se trouvait Louis-Damascène Morgand, 35 ans, libraire au 55 passage des Panoramas [IIe].
Le 1er décembre 1875, Baillieu
céda sa librairie à son fils Alexandre, conservant ses livres rares dépareillés
et ses estampes. Le 27 juin 1876, Alexandre déclara officiellement qu’il
remplaçait son père.
Baillieu père se logea au 1 rue Erlanger [XVIe] jusqu’en 1878, puis au 36 rue Saint-André-des-Arts [VIe], d’où, veuf depuis le 27 novembre 1878, il déménagea en 1879 à Brie-Comte-Robert [Seine-et-Marne], 65 route de Paris. Il revint en 1887 à Auteuil, 11 rue Bosio [XVIe], pour y mourir le 19 mai 1887. Il fut inhumé au cimetière du Montparnasse [transféré à l’ossuaire du cimetière du Père Lachaise le 3 décembre 1991].
Sa bibliothèque fut vendue à la
Maison Silvestre, 28 rue des Bons Enfants, salle n° 1 au premier, les vendredi
28 et samedi 29 octobre 1887 : Catalogue de livres anciens rares et
curieux – Editions gothiques françaises. Ouvrages à gravures. – Cuivres
et bois gravés. Curieuses collections d’ex-libris, de lettres ornées,
de marques d’imprimeurs, de frontispices, etc., de
portraits, d’autographes, etc. Livres en nombre, et
en lots Dépendant de la Succession de Feu M. B*** [Baillieu] Ancien
Libraire (Paris, A. Claudin, 1887, in-8, [3]-[1 bl.]-45-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]
p., 271 + 1 double [bis] = 272 lots). De très nombreux exemplaires, parfois très
rares, sont incomplets, notamment de la page de titre.
Photographie Le Feu Follet |
10. Les Metamorphoses, ou l’Asne d’or de L. Apulée philosophe platonicien. Paris, Nicolas & Iean de la Coste, 1648, pet. in-8, fig., mar. citr. doubl. de mar. r. avec large dent. int. semée de dauphins, fil., tr. dor.
16. Œuvres complètes de H.
de Balzac. Paris, VE ADRE Houssiaux, Hébert et CIE
successeurs, 1877, 20 vol. in-8, 146 fig., br.
17. Metamorphoses d’Ovide
en rondeaux Imprimez & enrichis de figures. Utrecht, Guillaume vande Water,
1714, 2 vol. pet. in-8, fig. à mi-page, couv. en pap.
34. Voyage aux grands lacs
de l’Afrique orientale par le capitaine Burton. Paris, L. Hachette et Cie,
1862, gr. in-8, 37 vign., demi-rel. mar. r., tr. dor.
44. Chronica llamada el
Triumpho de los nueve mas preciados varones de la Fama. Alcala de Henares, Iuan
Iniguez de Lequerica, 1585, pet. in-fol., fig. sur bois, cart.
47. Histoire de Poliarque
et d’Argenis. Par F. N. Coeffeteau. Paris, Samuel Thiboust & Iacques
Villery, 1628, pet. in-12, couv. en pap.
Photographie Librairie La Jument Verte, Strasbourg |
82. L’Éloge de la folie,
par Erasme. Neuchatel, Samuel Fauche, 1777, in-8, fig. d’après Holbein,
demi-rel. mar. bl., fil.
88. Fiel et miel. Poésies
par A. Eude-Dugaillon. Avec gravures par J. J. Grandville et J. Lewicki. Paris,
Paulin, et Nancy, MLLE Gonet, 1839, gr. in-8, pap. vél., fig. sur
Chine, br., couv. impr.
104. Notre-Dame de Paris.
Par Victor Hugo. Paris, Eugène Renduel, 1836, 3 vol. in-8, 14 vign. d’après
Tony Johannot, demi-rel. v. bleu.
110. La Confession, par
l’auteur [Jules Janin] de L’Ane mort et la Femme guillotinée. Paris, Alexandre
Mesnier, 1830, 2 tomes en 1 vol. in-12, fig. d’Alf. Johannot sur Chine,
demi-rel. dos et coins de mar. bleu, doré en tête, non rogné (Belz-Niedrée).
117. Fables nouvelles, et
autres poësies. De M. de La Fontaine. Paris, Denys Thierry, 1671, in-12, fig. à
mi-page, couv. en pap.
118. Fables choisies.
Mises en vers par Monsieur de La Fontaine. La Haye, Henry van Bulderen, 1688, 4
vol. pet. in-8, fig. à mi-page, couv. en pap.
119. Contes et nouvelles
en vers, Par M. de La Fontaine. Amsterdam, 1762, 2 vol. in-8, portr. et fig.
d’Eisen et autres, mar. r., fil., large dent. à petits fers, tr. dor.
(Chambolle-Duru). Édition des Fermiers Généraux.
125. Tarsis et Zélie.
Nouvelle Édition. Paris, Musier Fils, 1774, 3 vol. in-8, fig. et vign. de
Moreau le Jeune, Eisen, Ponce et autres, demi-rel. chagr. bleu.
Photographie Librairie Devaux, Moulins |
134. Les Amours du
chevalier de Faublas ; Par J.-B. Louvet. Troisième édition. Paris, Chez
l’Auteur, An VI, 4 vol. in-8, fig. de Monnet et Marillier, br.
Photographie Librairie La Plume du Sud, Antibes |
137. Manon Lescaut, par
l’Abbé Prévost. [Paris], Glady Frères, 1875, gr. in-8, pap. de Hollande, fig.
de Flameng et autres avant la lettre, br.
139. Contes et nouvelles
de Marguerite de Valois, reine de Navarre. Amsterdam, George Gallet, 1708, 2
vol. pet. in-8, front. et 72 fig. à mi-page par J. Harrewyn, couv. en pap.
Photographie BnF |
162. Le Parc au cerf, ou
l’Origine de l’affreux deficit. Par un zélé Patriote [L.-G. Bourdon]. Paris,
Sur les débris de la Bastille, 1790, portr. et fig., v. ant.
Photographie Patrick Serouge |
174. Plan de Paris, dit
« de Turgot », 1739, gr. in-fol., 20 pl. doubles, v. marbr. Aux armes
de la ville de Paris. 10 fr.
Photographie Librairie Univers, Lausanne |
185. Œuvres de maitre
François Rabelais, suivies des remarques publiées en anglois par M. Le Motteux,
et traduites en françois par C. D. M. Nouvelle édition, ornée de 76 gravures.
Paris, Ferdinand Bastien, An VI, 3 vol. in-8, dos et coins de mar. r., fil.,
dor. en tête, non rogn. (Belz-Niedrée). 30 fr.
200. Les Posthumes. Paris,
Duchêne, 1802, 4 vol. in-12, dos et coins de mar. du Levant poli, dos ornés,
têtes dorées, non rognés (Belz-Niedrée). 18 fr.
Photographie BnF |
204. Cy est le Rommant de la Roze. Paris, Jehan Petit, 1531, pet. in-fol. goth., fig. sur bois, vél. bl. 49 fr.
211. Galanteries des rois
de France. Nouvelle edition. Par Mr. Henri Sauval. Paris, Charles Moette, 1731,
3 tomes en 2 vol. pet. in-8, front. et fig., couv. en pap.
220. Tabulæ Lodoicææ [sic]
sive Universa Eclipseon doctrina tabulis, præceptis ac demonstrationibus
explicata. Authore P. Iacobo de Billy. Divione, Petrum Palliot, 1656, in-4,
mar. vert, dent., tr. dor. Aux armes du duc de Rethelois. 120 fr.
Alexandre Baillieu Dans Pierre Mahé. Les Marchands de timbres-poste d’autrefois et leurs catalogues. Amiens, Yvert et Tellier, 1908, p. 98 |
Alexandre Baillieu fut chargé,
comme son père, de la vente de quelques bibliothèques. Il déménagea la
librairie en 1894 au 30 avenue de Marinville, à Saint-Maur-des-Fossés
[Val-de-Marne], laissant le 43 quai des Grands Augustins à Lucien Bodin,
libraire spécialisé dans les sciences occultes.
Membre de la Société de
l’Histoire de Paris et de l’Ile-de-France depuis le 13 octobre 1891, Baillieu fils
mourut prématurément le 30 juin 1899, 28 avenue de Marinville, à
Saint-Maur-des-Fossés.
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