jeudi 16 juin 2016

La Réussite discrète de Jean-François Deterville (1766-1842), ami de Bernardin de Saint-Pierre


Eglise Saint-Pierre, Grainville-sur-Odon

Jean-François-Pierre Deterville, fils de Pierre Deterville, cultivateur, et de Madeleine Blanchard, est né le dimanche 13 avril 1766 à Grainville-sur-Odon [Calvados] et fut baptisé le mardi suivant, en l’église Saint-Pierre.

Son père, systématiquement absent aux baptêmes de ses sept enfants, le confia à l’un de ses cousins, curé à Us [Val-d’Oise], qui l’éleva et qui le plaça, en 1782, avec 40 francs en poche, chez Pierre-François Didot (1731-1795), dit « le Jeune », imprimeur de Monsieur [futur Louis XVIII], quai des Augustins [quai des Grands-Augustins, VIe].
Préférant la librairie, Deterville demanda à la Chambre syndicale des libraires de Paris de le recevoir apprenti libraire et entra, en 1784, chez Jacques-François Froullé (1734-1794), libraire, Pont Notre-Dame [IVe], vis-à-vis le quai de Gesvres, ancien colporteur reçu libraire en 1771, qui fut un des premiers libraires parisiens à faire des catalogues de rabais. 

Destruction des maisons du Pont Notre-Dame en 1786
Par Hubert Robert (Musée Carnavalet)

Les maisons du Pont Notre-Dame, devenues insalubres, furent détruites en 1786 et Froullé déménagea quai des Augustins, au coin de la rue Pavée [VIe].  

En 1788, Deterville acheta le fonds de Sylvie Chaubert, veuve de Edme Rapenot (1724-1778), dit « Edme », 36 rue Saint-Jean-de-Beauvais [rue Jean-de-Beauvais, Ve], près de la rue des Noyers. Le libraire Edme, logeur et éditeur de Rétif de la Bretonne, s’était attaché à la partie des journaux : il avait travaillé pendant plus de vingt ans à les rassembler et à s’en faire un fonds unique, que sa veuve avait poursuivi.
À ses débuts, Deterville se borna à l’exploitation du fonds de Rapenot : il apportait ses livres, dans des mannettes, sur les degrés de l’église de Saint-Étienne-du-Mont [Ve] et suivait les ventes publiques pour y employer le produit de la vente de ses journaux.

Dès 1790, avec André Croullebois, ancien apprenti de Pierre-François Didot « le Jeune », reçu libraire en 1786 et installé 32 rue des Mathurins [rue Du Sommerard, Ve], au coin de celle des Maçons, spécialisé dans l’édition d’ouvrages de médecine, Deterville publia le Traité des principales maladies aiguës qui attaquent le peuple (in-12), par M. R.*** [François Richard de Hautesierck, baron d’Uberherrn], premier médecin des camps et armées du Roi et médecin consultant du Roi.

Plan Turgot (1739)

En 1792, Deterville déménagea au 26 rue des Carmes [Ve], rue parallèle à la rue Saint-Jean-de-Beauvais.
Il était parvenu rapidement à se faire un fonds de librairie ancienne, dont il fit des catalogues à des prix fixes et modérés, intitulés Rabais considérable de beaux livres, qu’il répandit en grand nombre non seulement en France, mais aussi en Russie, en Angleterre, en Allemagne et en Italie.  

« M. Deterville, libraire, rue des carmes, la premiere porte cochere à droite, n° 26, près la rue des Noyers, offre les ouvrages suivans, franc de port par tout le royaume, savoir : […].
Les personnes qui voudront avoir ces ouvrages reliés, paieront 20 f. de plus par vol. in-8°, reliure ordinaire en basanne ; 12 f. par vol. in-12, et 30 f. en basanne écaille et filets d’or.
Le même libraire a beaucoup d’autres livres, tant anciens que modernes, qui n’ont pu trouver place ici, tels que […].
Il achete les bibliotheques, en gros ou en partie, soit à Paris ou dans les départemens. Comme il suit exactement les ventes de bibliotheques, il pourra fournir les ouvrages qu’on lui demandera au meilleur marche possible.
Il fait aussi des échanges de livres contre d’autres, soit anciens ou modernes. » [sic]
(Supplément à la Gazette nationale, N° 77, Samedi 17 mars 1792, Quatrième Année de la Liberté)

(Photographie Emmanuel de Broglie)

Sa réussite lui procura la possibilité pécuniaire d’ajouter de la librairie moderne à sa librairie ancienne, et de publier : La Mythologie mise à la portée de tout le monde (1793, 12 vol. in-18), ornée de 108 figures coloriées.

Plan Turgot (1739)

Le 19 brumaire an II [9 novembre 1793], il épousa, à Paris, Anne Garnery, et déménagea en 1794, 16 rue du Battoir-Saint-André [partie de la rue Serpente, entre la rue Hautefeuille et la rue de l’Éperon, VIe], près celle de l’Éperon.


Ses publications, qui eurent un grand succès, le mirent en relation avec les savants les plus illustres de son temps : Élémens de chymie (An III, 2e édition, 3 vol. in-8), par J. A. Chaptal ; Dictionnaire géographique portatif, des quatre parties du monde (An IV, 1795, in-8), traduit de l’anglais par Vosgien ; Traité de la peinture, (An IV, 1796, in-8), par Léonard de Vinci ; Histoire des révolutions arrivées dans le gouvernement de la république romaine (An IV, 1796, 6 vol. in-18), par l’abbé de Vertot ; Nouveaux costumes des autorités constituées (An IV, 1796, gr. in-4), 10 planches dessinées par Garnerey, gravées par Alix, et coloriées, contenant les costumes suivants : Membre du conseil des Cinq-Cents, des Anciens, du directoire exécutif, ministre, messager d’État, huissier, haute cour de justice, tribunal de cassation, administrateur de département et commissaire du directoire exécutif près les tribunaux, avec le décret sur ces costumes qui peut servir d’explication aux figures ; avec Desenne, au Palais-Royal, et avec Patry, imprimeur au Havre, Les Sottises du moment, comédie en prose et en trois actes (An IV [adresse rue des Carmes, erreur de l’imprimeur ?], in-8), par Jacques-Charles Bailleul ; Voyage en Portugal, et particulièrement à Lisbonne (1798, An VI, in-8) ; 


Frontispice, tome I

avec Desray, 36 rue Hautefeuille, les Œuvres de Denis Diderot (An VI-1798/An VIII, 15 vol. in-8), publiées sur les manuscrits de l’auteur par Jacques-André Naigeon ; avec Croullebois, 398 rue des Mathurins, Les Lois éclairées par les sciences physiques ; ou Traité de médecine-légale et d’hygiène publique (An VII, 3 vol. in-8), par François-Emmanuel Foderé ; Voyages de Pythagore en Égypte, dans la Chaldée, dans l’Inde, en Crète, à Sparte, en Sicile, à Rome, à Carthage, à Marseille et dans les Gaules (An VII, 6 vol. in-8), par Sylvain Maréchal ; Histoire universelle, en style lapidaire (1800, in-8), par le même ; Métamorphoses d’Ovide (An VII, 4 vol. in-8), traduites en français par Banier, avec 16 figures en taille-douce d’après B. Picart ; Principes de physiologie, ou Introduction à la science expérimentale, philosophique et médicale de l’homme vivant (An VIII-1800, 3 vol. in-8), par Charles-Louis Dumas ; Essai sur le perfectionnement des arts chimiques en France (8 [sic], in-8), par J. A. Chaptal ; 

Frontispice, tome I

Traduction en vers des Métamorphoses d’Ovide (An IX-1800, 2 vol. in-8), par F. Desaintange ; avec Plassant, rue du Cimetière Saint-André-des-Arts, Traité de la chasse de Xénophon (An IX-1801, in-12), traduit en français par J. B. Gail ; Traité élémentaire de chimie (An IX-1801, 3e édition, 2 vol. in-8, fig.), par Lavoisier ; Table analytique et raisonnée des matières contenues dans les soixante-dix volumes des Œuvres de Voltaire, (Édition in-8°, dite de Beaumarchais.) (An IX-1801, 2 vol. in-8), par le citoyen Chantreau ; Systême des animaux sans vertèbres (An IX-1801, in-8), par J. B. Lamarck ; Raison, folie, chacun son mot ; petit cours de morale mis à la portée des vieux enfans (An X-1801, 2e édition, in-8), par P. E. Lémontey.



Pensant que certains grands ouvrages alors existants pouvaient être refaits avec avantage, il fit imprimer par Charles Crapelet (1762-1809), rue de La Harpe, une Histoire naturelle de Buffon (An VII-An XI, 80 vol. gr. in-18, fig.), dont il vendit rapidement plus de 8.000 exemplaires, composée des parties suivantes :
1°. Théorie de la Terre. - Époques de la nature. - Discours généraux sur l’histoire naturelle. - Histoire naturelle des quadrupèdes (t. IV à X). - Histoire naturelle des oiseaux (t. XI à XXVI). Par René-Richard Castel. An VII, 26 vol.
2°. Histoire naturelle des minéraux. Par Eugène-Melchior-Louis Patrin. An IX, 5 vol.
3°. Histoire naturelle des poissons. Par René-Richard Castel. An IX, 10 vol.
4°. Histoire naturelle des reptiles. Par Charles-Sigisbert Sonnini et Pierre-André Latreille. An X, 4 vol.
5°. Histoire naturelle des insectes. Par Martin Grostête de Tigny. An X, 10 vol.
6°. Histoire naturelle des coquilles. Par Louis-Augustin-Guillaume Bosc. An X, 5 vol.
7°. Histoire naturelle des vers. Par Louis-Augustin-Guillaume Bosc. An X, 3 vol.
8°. Histoire naturelle des crustacés. Par Louis-Augustin-Guillaume Bosc. An X, 2 vol.
9°. Histoire naturelle des végétaux. Par Jean-Baptiste Lamarck et Charles-François de Mirbel, dit Brisseau-Mirbel. An XI-1803, 15 vol.
Les figures ont été dessinées d’après nature par Jacques-Eustache Desève (1790-1830), gravées sous sa direction et tirées en noir ou coloriées. L’Histoire naturelle des vers et des crustacés fut imprimée par Guilleminet.

À l’époque, les bibliothèques des congrégations religieuses se vendaient presque pour rien :

« Quand j’avais un peu d’argent, je courais acheter quelques-uns de ces bons livres, la plupart fort rares : ils étaient à si bon marché ! Puis, lorsque j’en eus amassé beaucoup, je me demandai comment je trouverais le moyen de m’en défaire. Arriva sur ces entrefaites une suspension d’armes entre la France et l’Angleterre, à propos de la Paix d’Amiens. Je fis filer sur Londres mes mannettes, qui renfermaient toute ma fortune, et je les y suivis de près. Peu de temps s’était écoulé que j’avais vendu ma pacotille aux libraires de la Grande-Bretagne au poids de l’or. Puis, après mille dangers, je parvins à regagner Paris avec mon trésor réalisé, de belles guinées, ma foi ! cachées sous mes vêtements, dans une large sacoche en cuir. De cette époque, de cet argent, datent mes vastes opérations de librairie. »
(Edmond Werdet. De la librairie française. Paris, E. Dentu, 1860, p. 199-200)

Les entreprises de Deterville continuèrent : Traité des maladies goutteuses (An X-1802, 2 vol. in-8), par P. J. Barthez ; De l’homme, de ses facultés physiques et intellectuelles de ses devoirs, et de ses espérances (An X-1802, 2 vol. in-8), par David Hartley, traduit de l’anglais par R. A. Sicard, publié avec Ducauroy, 279 rue Saint-Jacques ; Voyage en Piémont (An XI-1803, in-8, 6 cartes, 8 estampes), par J. B. J. Breton, publié avec Brion, 98 rue de Vaugirard, Debray, 9 place du Muséum et Fuchs, rue des Mathurins ; Élémens [sic] de chimie (An XI-1803, 4e édition, 3 vol. in-8), par J. A. Chaptal ; Principes fondamentaux de l’équilibre et du mouvement (An XI-1803, in-8), par L. N. M. Carnot ; Nouveau Dictionnaire d’histoire naturelle, appliquée aux arts (An XI-1803 – An XII-1804, 24 vol. in-8, fig.) ; La Nouvelle Maison rustique, ou Économie rurale, pratique et générale de tous les biens de campagne (An XII-1804, 3 vol. in-4) ; Traité élémentaire d’histoire naturelle (An XII-1804, in-8), par A. M. Constant Duméril ; Études de la nature (An XII-1804, nouvelle édition revue et corrigée, 5 vol. in-8, 10 pl.), par Jacques-Bernardin-Henri de Saint-Pierre, imprimées par Crapelet :

« Un libraire, homme de bien, M. Déterville, vint me demander la permission d’imprimer une édition in-8 de mes Études de la nature, sous mon nom, et semblable à mon édition originale in-12, à quelques transpositions près, avec le privilège de la vendre à son profit pendant cinq ans, moyennant six mille six cents livres, dont il me paieroit le tiers d’avance, et les deux autres tiers dans le cours de l’année. Je remerciai la Providence, qui m’envoyoit à point nommé une partie des fonds qui m’étoient nécessaires. Nous signâmes mutuellement, le libraire et moi, l’acte de nos conventions, qui toutes ont été remplies jusqu’à présent. Cette édition a paru en l’an XII (1804). »
(Bernardin de Saint-Pierre. Paul et Virginie. Paris, P. Didot l’aîné, 1806, p. xvj)

Suivirent : Poétique française (An XIII-1804, in-8) et Rhétorique française (An XIII-1804, in-8), par Domairon ; Irons-nous à Paris ? ou La Famille du Jura. Roman plein de vérités (An XIII-1804, 2e édition, in-12) 


Histoire du canal de Languedoc (An XIII-1805, in-8), par les descendants de Pierre-Paul Riquet de Bonrepos ; Manuel de santé, ou Nouveaux élémens de médecine pratique (An XIII-1805, 2 vol. in-8), par L. J. M. Robert ; Le Dernier Homme (An XIV-1805, 2 vol. in-12), ouvrage posthume, par M. de Grainville ; Voyages entrepris dans les gouvernemens [sic] méridionaux de l’empire de Russie, dans les années 1793 et 1794 (1805, 2 vol. in-4, 28 vignettes, et un atlas in-fol. de 55 pl.), par le professeur Pallas, traduits de l’allemand.


Aujourd'hui

Le 8 mai 1806, Deterville acheta la maison du 8 rue Hautefeuille [VIe], au coin de la rue des Poitevins, en face de l’hôtel de Fécamp et sa célèbre tourelle, moyennant 26.200 francs, qu’il occupa jusqu’à sa mort.
Il spécula sur les terrains et les maisons de la rue de l’École-de-Médecine [VIe]. Il acheta un terrain situé à l’emplacement de l’église des Cordeliers, détruite en 1795, pour la somme de 136.700 francs, le 22 octobre 1822, sur lequel il fit élever une maison d’habitation. 


Il devint aussi propriétaire du château de Verveine [Condé-sur-Sarthe, Orne].
Un de ses cousins, Nicolas-Edme Roret (1797-1860), établira, en 1823, son commerce de libraire au rez-de-chaussée du 12 rue Hautefeuille, au coin de la rue du Battoir.


Les éditions se succédèrent : L’Art de faire le vin (1807, in-8), par J. A. Chaptal ; Voyage fait autour du monde en 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 (1807, in-8), par John Turnbull, traduit de l’anglais par A. J. N. Lallemant, avec Xhrouet, 16 rue des Moineaux, Petit, Palais du Tribunat, galerie du bois, côté du jardin, n° 257, et Lenormant, 17 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois ; Essai sur la vie, les écrits et les lois de Michel de l’Hôpital, Chancelier de France (1807, in-8), par Bernardi, avec les mêmes ; Chimie appliquée aux arts (1807, 4 vol. in-8), par J. A. Chaptal, imprimée par Crapelet ; Supplément au Recueil des lettres de M. de Voltaire (1808, 2 vol. in-12), avec Xhrouet et Petit ; Essai sur l’origine des anciens peuples (1808, in-12) et Bérose et Annius de Viterbe, ou les Antiquités caldéennes (1808, in-12), par Fortia d’Urban, avec Xhrouet et les frères Séguin, à Avignon ; Plan d’un atlas historique portatif (1809, in-12), par Fortia d’Urban, avec Xhrouet, Petit et les frères Séguin ; Nouveau Cours complet d’agriculture théorique et pratique, […] ; ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture (1809, 13 vol. in-8, 60 fig.) ; L’Esprit de l’histoire, ou Lettres politiques et morales d’un père à son fils (1809, 5e édition, 4 vol. in-8), par Antoine Ferrand ; De l’influence des femmes sur le goût dans la littérature et les beaux-arts (1810, in-8), par J. J. Virey ; Tableau historique et géographique du monde, depuis son origine jusqu’au siècle d’Alexandre (1810, 3 vol. in-12), par Fortia d’Urban, avec F. Schoell, 29 rue des Fossés-St-G.-l’Auxerrois, Petit, les frères Séguin et Langlois, 6 rue de Seine, hôtel Mirabeau ; Recherches physico-chimiques (1811, 2 vol. in-8, 6 pl.), par Gay-Lussac et Thenard ; Le Botaniste cultivateur, ou Description, culture et usages de la plus grande partie des plantes étrangères, naturalisées et indigènes, cultivées en France, en Autriche, en Italie et en Angleterre (1811-1814, 2e édition, 7 vol. in-8), par G. L. M. du Mont de Courset, avec Goujon, 33 rue du Bac ; Recherches sur les ossemens fossiles de quadrupèdes (1812, 4 vol. in-4, pl.), par Cuvier ; Considérations générales sur la situation financière de la France, en 1816 (1815, in-8) et La Théorie de l’économie politique (1815, 2 vol. in-8), par Ch. Ganilh ;  Histoire de la médecine, depuis son origine jusqu’au dix-neuvième siècle (1815, 7 vol. sur 9 in-8), par Kurt Sprengel, traduite de l’allemand par A. J. L. Jourdan et revue par E. F. M.  Bosquillon, avec Th. Desoer, 37 rue de Richelieu ; avec Delaunay, au Palais-Royal, Du Congrès de Vienne (1815, 2e édition, 2 vol. in-8), par De Pradt ; Analyse d’une nouvelle ornithologie élémentaire (1816, in-8), par L. P. Vieillot ; Traité de physique expérimentale et mathématique (1816, 4 vol. in-8, fig.) par J. B. Biot ; avec Jean-Jacques Lefèvre (1779-1858), son ancien commis de 1803 à 1806, 6 rue de l’Éperon, Paul et Virginie (1816, in-18), par Bernardin de Saint-Pierre, imprimé par P. Didot l’Aîné ; Petit volume contenant quelques apperçus [sic] des hommes et de la société (1817, in-12), par Jean-Baptiste Say ; 



Le Règne animal distribué d’après son organisation (1817, 4 vol. in-8, fig.), par le chevalier Cuvier ; Mémoires pour servir à l’histoire et à l’anatomie des mollusques (1817, in-4, 35 pl.), par le chevalier Cuvier ; Précis élémentaire de physique expérimentale (1817, 2 vol. in-8, 14 pl.), par J.-B. Biot ; Histoire de la politique des puissances de l’Europe (1817, 4 vol. in-8), par le comte de Paoli-Chagny ; Histoire naturelle des animaux sans vertèbres (mars 1817 et juillet 1818, t. 4 et 5, sur 7 vol. in-8), par le chevalier de Lamarck, avec Verdière, 27 quai des Augustins.

(Photographie Librairie Blomet)

Après avoir annoncé la publication des Œuvres complètes de Voltaire en 36 volumes in-8, Deterville et Lefèvre les publièrent de 1817 à 1818 en 41 volumes, imprimés par Crapelet ; le travail littéraire fut confié à Pierre-Auguste-Marie Miger (1771-1837), qui fit de notables améliorations et additions dans la Correspondance, et rédigea une table formant le 42e volume, avec le millésime 1820 ; c’est la première édition des Œuvres de Voltaire qui contient l’ode intitulée « Le Vrai Dieu ». Ils publièrent également les Œuvres de J.J. Rousseau citoyen de Genève (1817-1818, 18 vol. in-8, 20 fig.) et le Lycée ou Cours de littérature ancienne et moderne (1818, 16 vol. in-8), par J. F. La Harpe, imprimés par P. Didot l’Aîné.
Furent aussi édités : Essai sur l’établissement monarchique de Louis XIV (1818, in-8), par Pierre-Édouard Lémontey ; Aperçu géognostique des terrains (1819, in-8), par A.-H. de Bonnard ; La Morale de l’enfance, ou Quatrains moraux à la portée des enfants (1819, 9e édition, in-18), par Ch.-G. Morel de Vindé ; Nouveau Dictionnaire de la langue française (1820, 2 vol. in-4), par J.-Ch. Laveaux, imprimé par Aimé Fain, place de l’Odéon ; Histoire des trois démembremens de la Pologne (1820, 3 vol. in-8) ; Histoire des mœurs et de l’instinct des animaux (1822, 2 vol. in-8), par J.-J. Virey : on pouvait se procurer 182 planches extraites de la 2e édition du Nouveau Dictionnaire d’Histoire naturelle (1816-1819, 36 vol. in-8) et réunies avec une Table pour former un Atlas ou tome III, qui se vendait séparément ; Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, […], ou Dictionnaire raisonné et universel d’agriculture (1821-1823, nouvelle édition, 16 vol. in-8) ; Précis élémentaire de physique expérimentale (1824, 3e édition, 2 vol. in-8), par J.-B. Biot ; Élémens des sciences naturelles (1825, 3e édition, 2 vol. in-8, 33 pl.), par A.-M.-Constant Duméril ; Organographie végétale, ou Description raisonnée des organes des plantes (1827, 2 vol. in-8, 60 pl.), par Aug.-Pyr. de Candolle ; avec Ledentu, 31 quai des Augustins, Nouveau Dictionnaire de la langue française (1828, 2e édition, 2 vol. in-4), par J.-Ch. Laveaux ; Le Règne animal distribué d’après son organisation (1829, nouvelle édition, 5 vol. in-8), par le baron Cuvier, avec Crochard, 16 Cloître Saint-Benoît ; Élémens des sciences naturelles (1830, 4e édition, 2 vol. in-8, 33 pl.), par A.-M.-Constant Duméril.

Depuis longtemps privé d’un œil, il devint aveugle en 1832, comme deux de ses frères et son cousin prêtre. Veuf depuis le 23 juillet 1842, il mourut, comme son épouse, en son domicile parisien, le 2 octobre 1842. Sa succession fut évaluée à plus de quatre millions :

« Pour gagner de l’argent en librairie, disait souvent Déterville, il faut aimer son état, préférer le travail à tout autre chose, être économe, prudent, éviter les gros engagemens et être honnête homme. Avec cela, ajoutait-il, on obtient l’estime et la confiance des hommes illustres avec lesquels on a des relations ; c’est ce que, très jeune, j’ai senti ; et, par la pratique, c’est ce qui a fait le bonheur de ma vie et m’a procuré la fortune que j’ai. » [sic]
(Feuilleton du Journal de la librairie. N° 42, samedi 15 octobre 1842, p. 8)

En 1823, il avait déjà fait part de ses expériences éditoriales :

« Ne publiez jamais de livres en un ou deux volumes ; ils vous donnent autant de mal que des ouvrages considérables et ne vous rapportent rien, tandis que dans les bénéfices que vous retirez des autres vous trouvez la juste rémunération de vos peines et de vos soins. »
(Edmond Werdet. Ibid., p. 198)

Généalogie simplifiée de la famille Deterville

Il laissait pour unique héritière sa fille Françoise-Victoire Deterville, née à Paris en 1797, qui décédera au château de Verveine le 13 novembre 1858, épouse de Adrien-Joseph Rattier, né à Paris le 27 avril 1789, qui décédera à Paris le 31 mars 1854 : la maison de la rue Hautefeuille sera vendue par leurs trois enfants en 1859.













2 commentaires:

  1. pour laisser un commentaire sur chacun de ces articles il faudrait être aussi érudit que leur auteur que je me contente de saluer en le remerciant.
    Patrick C.

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    1. Dithyrambique Patrick, je vous salue amicalement en tant que lecteur très assidu !

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