31 rue Vinchon, Laon (mai 2019) |
Champfleury s’appelait de son
vrai nom Jules-François-Félix Husson, dit « Fleury ». Son acte de
naissance indique qu’il naquit à Laon le 17 septembre 1821, à sept heures et
demie du soir. Sa maison natale était située 41 rue Bourbon – plus tard rue des
Bouchers -, actuel 31 rue Vinchon. Le futur écrivain appartenait à une famille
établie depuis longtemps dans le pays : tous ses ancêtres étaient
laonnois.
Le plus ancien connu, Vincent
Husson (1629-1669), s’était marié, le 9 septembre 1659, en l’église
Saint-Jean-Baptiste de Vaux-sous-Laon, dans la ville basse.
Son père,
Pierre-Antoine-Frédéric Husson, dit « Fleury » (1788-1859),
resta pendant 29 ans secrétaire de la mairie de la ville de Laon. Né le 14
octobre 1788, il avait acheté la maison de la rue Bourbon aux héritiers du
chanoine Jean-Claude Girault de Cambronne (1727-1805), le 10 novembre 1814, et épousé,
le 23 novembre suivant, Mélanie-Joséphine Duflot (1795-1857), âgée d’à peine 19
ans, qui lui apporta en dot deux maisons situées à Laon, place du Marché.
Tout Laon se souvenait du
grand-père paternel de Jules Husson-Fleury, Antoine Husson (1755-1820), le
premier surnommé « Fleury » par ses compatriotes – pour une cause
ignorée -, un boulanger qui se distingua par son civisme lors de la Révolution.
Les parents de sa mère, Mélanie-Joséphine
Duflot, étaient honorablement connus dans la ville et aux alentours : son
père, Jean-Baptiste Duflot, était huissier à Laon ; un oncle, Cyr-Louis
Duflot (1752-1832), exerçait les fonctions de curé de Mons-en-Laonnois ;
un autre oncle, Nicolas-Joseph-Félix Delvincourt (1765-1846), était réputé pour
sa richesse et son avarice.
C’est à Laon que s’écoulèrent
les années d’enfance de Jules Husson-Fleury.
Ses parents n’étaient pas riches :
ils furent obligés de vendre leurs trois modestes maisons, en 1824 et en 1825,
pour subvenir, en 1826, aux frais d’installation d’un petit commerce de
bimbeloterie et à l’achat de la maison où ils l’installaient, place du Bourg,
actuelle place du général Leclerc. Ils avaient eu deux enfants avant
Jules : Victor-Édouard, le 7 septembre 1815, et Joséphine-Élise, le 30 mai
1817.
44 rue Vinchon, Laon (mai 2019) |
Jules Husson-Fleury fut mis au
collège, installé depuis 1806 au couvent des Minimes [44 rue Vinchon, occupé par
l’armée depuis 1892], ancien couvent des religieux de l’Ordre du Val-des-Écoliers.
Il y fut un écolier indiscipliné, préférant l’escalade des vieux remparts et
les courses dans la campagne à l’étude des humanités. Retiré du collège en
1835, il se jeta dans la lecture de quelques romans disponibles chez ses
parents et joua du violoncelle, mais devint aussi chef de bande dans les rues
de la ville. Un jour de l’été 1838, il quitta Laon sans prévenir personne et
débarqua à Paris, avec l’idée de devenir libraire.
59 quai des Grands-Augustins, Paris VI (1911) Photographie Archives de Paris |
Un parent, chez lequel il
s’était réfugié, lui trouva une place de commis chez Étienne-Charles-Édouard
Legrand (1811-1871) et Jules-Napoléon Bergounioux, qui avaient succédé, le 24
août 1834, à la veuve de Charles Bechet (1794-1829), Louise-Marie-Julienne Bechet
(1801-1880), 59 quai des Grands-Augustins [VIe], devant le Pont-Neuf :
« La maison où j’entrais
avait pour enseigne “ Librairie de commission ” ; en effet, les malheureux
employés n’étaient que de simples commissionnaires.
Pour me former, on me donna, le
même jour, un gros paquet à porter aux Messageries, et le garçon de magasin
ayant placé sur mon dos ce qu’il appelait le baluchon, je partis, la
tête basse, écrasé sous son poids. Je n’avais pas franchi les premières marches
du Pont-Neuf, que je laissai tomber le paquet sur le parapet, me demandant, les
larmes aux yeux, comment j’arriverai à la rue du Bouloir avec un si lourd
fardeau. […]
Au bout de quelques mois, je fus
initié aux rouages de la librairie, car déjà j’avais été chargé d’acheter des
ouvrages de toute nature ; livres classiques et livres de science, livres
de droit et de médecine, livres de théologie et livres licencieux, livres
utiles et livres inutiles. Je les lisais à peu près comme se nourrissent les
gens qui sont chargés de gaver les pigeons au marché de la Vallée. Tous ces
ouvrages me passaient par les mains comme le millet passe par la bouche des
nourrisseurs avant d’entrer dans le bec des pigeons. […]
La lecture des catalogues, vers
huit heures du soir, nous servait de délassement et de repos. Il fallait se
fixer dans la mémoire des milliers de titres de livres, retenir non-seulement
le nom de l’éditeur, mais l’année de la publication, le prix de vente et la
remise d’usage. »
(Champfleury. Souvenirs et
portraits de jeunesse. Paris, E. Dentu, 1872, p. 72-74)
Comme la lecture était interdite
aux commis de librairie, il lisait « de côté » les romans qu’il
transportait, en coulant un regard entre les feuillets, ne pouvant que trancher
les marges verticales des volumes, les tranches horizontales devant être
respectées. Dans cette librairie, il fit la connaissance du peintre Antoine Chintreuil (1814-1873), commis comme lui.
15 quai Malaquais, Paris VI |
Il habitait alors une chambre dans les
combles du petit hôtel de Chimay, 15 quai Malaquais [VIe], et commença
sa bibliothèque par la « Bibliothèque bleue » et des biographies
d’hommes célèbres, qu’il trouvait sur les quais.
Vers la fin de l’année 1840, son
père, qui avait démissionné de son poste de secrétaire de mairie pour une
injustice dont il avait été témoin, le rappela à Laon, pour l’aider à la fondation
du Journal de l’Aisne : son frère aîné, Victor-Édouard
Husson-Fleury, avait été breveté imprimeur le 24 novembre 1840. Jules
Husson-Fleury assista alors au mariage de sa sœur, le 30 décembre 1840 à Laon,
qui épousa Joseph-Florice Huriez, né à Fontaine-lès-Vervins [Aisne] le 25
septembre 1816, professeur à l’école normale et futur libraire, et à celui de
son frère aîné, imprimeur, le 7 septembre 1841 à Berry-au-Bac [Aisne], avec une
« bourgeoise », Marie-Louise-Victorice Chevergny, fille de notaire, née
le 21 novembre 1820 à Longueval [Les Septvallons, Aisne].
La vocation de Jules Husson-Fleury
se précisa et, un jour de l’été 1843, il regagna Paris et retrouva ses amis de
bohème. Il rencontra le sculpteur Joseph Desbrosses (1819-1844), dit
« Christ », et son frère, le peintre Léopold Desbrosses (1821-1908),
dit « le Gothique », qui avaient fondé, vers la fin de 1841, la
« Société des buveurs d’eau », 81 rue d’Enfer [rue Bleue, IXe].
Il se lia avec l’écrivain Henri Murger (1822-1861) et partagea une chambre avec
lui, à partir de septembre 1843 et pendant trois mois, 64 rue de Vaugirard [VIe] :
« Il y a neuf ans, nous
demeurions ensemble, et nous possédions à nous deux soixante-dix francs
par mois. Pleins de confiance dans l’avenir, nous avions loué rue de Vaugirard
un petit appartement de trois cents francs. – Le [sic] jeunesse ne
calcule pas. - Tu avais parlé à la portière d’un mobilier si somptueux, qu’elle
te loua sur ta bonne mine, sans aller aux renseignements. Mais combien cette
brave dame tressaillit à l’emménagement !
Tu apportais six assiettes dont
trois en porcelaine, un Shakespeare [sic], les œuvres de Victor Hugo, une
commode hors d’âge et un bonnet phrygien ; par le plus grand des hasards j’avais
deux matelas, cent cinquante volumes, un fauteuil, deux chaises et une table,
de plus une tête de mort.
L’idée du divan t’appartient, je
le reconnais : cette idée était déplorable. On scia les quatre pieds d’un
lit de sangle, qui, de cette façon, toucha terre. Par suite de ces arrangements,
le lit de sangle ne servit plus de rien. La portière eut pitié de nous et nous
prêta un second lit de sangle qui meubla ta chambre avec divers souvenirs
pleins de poussière que tu accrochas au mur. C’étaient un gant de femme, un
loup de velours, et je ne sais quels objets qui embaumaient l’amour. […]
Beaux temps ! où de notre
petit balcon nous voyions, de tout le jardin du Luxembourg, un arbre, et encore
il fallait se pencher ! »
(Champfleury. Contes
d’Automne. Paris, Victor Lecou, 1854, p. 175-176)
Café Momus, par Thomas Shotter Boys (1833, détail) |
Il rencontra aussi le poète Charles
Baudelaire (1821-1867), le peintre Gustave Courbet (1819-1877) et le
caricaturiste – futur photographe – Félix Tournachon (1820-1910), dit « Nadar »,
au Café Momus, 19 rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois [Ier], voisin
des bureaux du Journal des Débats politiques et littéraires, qui
se trouvaient au n° 17. Tous les jours, il étudiait plusieurs heures à la
Bibliothèque royale. Pour gagner sa vie, il devint journaliste et publia des
nouvelles, des critiques et des romans – qu’il fera éditer ensuite en volumes
-, dans :
Photographie BnF |
Le Tam-Tam. Magasin hebdomadaire de littérature, d’arts,
de sciences et d’industrie, journal où il publia son premier article,
« Les Canards en peinture », le 29 octobre 1843, qu’il signa
« Cabrion » ; Journal de l’Aisne, où son premier article paru
le 25 février 1844, signé « J. Fleury » ; L’Artiste. Beaux-Arts
et Belles-Lettres, dirigé par Arsène Houssaye (1814-1896), un compatriote
de l’Aisne, où son premier article paru le 12 mai 1844, signé « J.
Fleury » ; Le Corsaire-Satan, où il publia son
premier article le 8 décembre 1844, signé « J. Fleury » [Le
Corsaire était devenu Le Corsaire-Satan le 7 septembre 1844] ; Le
Commerce. Journal politique et littéraire (1846), La Silhouette
(1846), L’Époque (1846), Le Magasin littéraire (1846), Le
Salut public (1848), Bonhomme Richard. Journal de Franklin (1848), L’Événement
(1848), Le Pamphlet (1848), Bulletin de la Société des Gens de
Lettres (1848), Messager des théâtres et des arts (1848), La
Semaine (1848), L’Illustration (1849), Le Magasin des familles
(1849).
En 1845, sur la suggestion
d’Arsène Houssaye, Jules Fleury prit le pseudonyme de « Champfleury »,
utilisé la première fois le 16 février 1845 dans L’Artiste, gagnant
ainsi à ne plus être confondu avec un homonyme, rédacteur à La Démocratie
pacifique. Journal des intérêts des gouvernements et des peuples.
En 1846, Champfleury entra à la
Société des Gens de lettres. L’année suivante, successivement en janvier, mars
et juin, il fit éditer des nouvelles, parues tout d’abord en 1845 dans Le
Corsaire-Satan :
Chien-Caillou. Fantaisies d’hiver (Paris,
Martinon, 1847, in-12), qui attira l’attention du public et de la critique et
qui fut le point de départ de sa fortune littéraire ; Pauvre Trompette.
Fantaisies de printemps (Paris, Martinon, 1847, in-12) ; Feu
Miette. Fantaisies d’été (Paris, Ferdinand Sartorius et Martinon, 1847,
in-12) ; les Fantaisies d’automne, annoncées dès janvier, ne
paraîtront pas.
En août 1848, il est installé 3
rue d’Arcole [IVe], en face du quartier qui sera détruit vers 1865
pour y construire le nouvel Hôtel-Dieu ;
9 rue Champollion, Paris V |
en automne, il
déménagea pour habiter avec le peintre - futur fabricant de jouets -
Alexandre Schanne (1823-1887), 9 rue des Maçons-Sorbonne [rue Champollion, Ve].
À partir de 1848, les réunions
du cénacle réaliste eurent lieu à la Brasserie Andler, 28 rue Hautefeuille [VIe] :
elle avait succédé à la librairie de Joseph Desenne, qui y était demeuré depuis
1831.
Théâtre des Funambules, par Adolphe Potémont,(1862) Musée Carnavalet |
Les pantomimes de Champfleury, représentées
sur le Théâtre des Funambules, ouvert en 1816 boulevard du Temple [XIe,
détruit, niveau du n° 52], attirèrent également l’attention : Pierrot
Valet de la Mort (1846), Pierrot Pendu et Pierrot Marquis (1847), La
Reine des Carottes (1848), Les Trois Filles à Cassandre (1849).
Parmi les maisons d’édition parisiennes
qui créèrent à cette époque des collections à la fois économiques et splendides,
dans le but d’éduquer le peuple, Pierre Bry (1822-1864), dit « J. Bry Aîné »,
ouvrit en 1849 « Les Veillées littéraires illustrées », où Champfleury
publia, en 1850, Les Comédiens de Province. Les Noireau
et les Confessions
de Sylvius.
Le 12 octobre 1850, Champfleury déménagea
au 21 rue Notre-Dame-de-Recouvrance [IIe]. Ses publications se poursuivirent :
Contes (Paris, Michel Lévy frères, 1851,
in-12),
Les Excentriques (Paris, Michel Lévy frères, 1852, in-12), Contes
vieux et nouveaux (Paris, Michel Lévy frères, 1852, in-12), Contes
domestiques (Paris, Victor Lecou, 1852, in-18), Contes de Printemps. Les
Aventures de Mademoiselle Mariette (Paris, Victor Lecou, 1853, in-12),
Contes
d’Été (Paris, Victor Lecou, 1853, in-12),
Les Oies de Noël (Paris, L.
Hachette et Cie, 1853, in-18), Contes d’Automne (Paris, Victor
Lecou, 1854, in-12),
Madame d’Aigrizelles (Bruxelles, Alphonse Lebègue,
1854, in-18),
Les Bourgeois de Molinchart (Paris, Lochard-Davi et De Vresse,
1855, 3 vol. in-8),
Les Deux Cabarets d’Auteuil. Un inventeur de Province
(Paris, G. de Gonnet et Martinon, 1855, in-32, 6 vign.), Les Grands Hommes
du ruisseau (Paris, Michel Lévy frères, 1855, in-4), Contes choisis
(Bruxelles et Leipzig, Kiessling, Schnée et Compie, 1855, in-32),
Contes
posthumes d’Hoffmann (Paris, Michel Lévy frères, 1856, in-12), Grandeur
et décadence d’une Serinette (Paris, Edmond Blanchard, 1857, pet. in-8
carré, 6 grav. h.-t., 49 vign. in-t.), Monsieur de Boisdhyver (Paris,
Alexandre Cadot, 1857, 5 vol. in-8), Les Propos amoureux (Bruxelles,
Méline, Cans et Compagnie, 1857, in-32), La Bohème amoureuse (Bruxelles,
Méline, Cans et Compagnie, 1857, in-32), La Succession Le Camus (La
Haye, héritiers de Dormann, 1857, 2 vol. in-32), Histoire
de Richard Loyauté et de la Belle Soubise (Bruxelles, Méline, Cans et
Compagnie, 1857, in-32),
Le Réalisme (Paris, Michel Lévy frères, 1857,
in-12), Les Souffrances du professeur Delteil (Paris, Michel Lévy
frères, 1857, in-12).
Portrait de Champfleury (vers 1855) Photographie Nadar. Paul Getty Museum |
Champfleury collabora à de
nombreux autres journaux et revues : L’Ordre (1850), Le Pouvoir
(1850), Le National (1850), Le Messager de l’Assemblée. Journal
du Soir (1851), Le Pays (1851), Semaine théâtrale. Revue
artistique, littéraire et musicale (1851), Revue de Paris (1852),
Athenaeum (1853), Revue et Gazette musicale (1853), Le
Spectateur (1854), Gazette musicale (1854), La Presse (1854),
Archives de l’art français (1855), Revue des Deux Mondes (1855), Le
Figaro (1856), Journal pour tous (1856), Revue contemporaine
(1857), La Chronique (1857).
Sa pantomime Les Deux
Pierrots (1851) fut représentée aux Galeries des Associations des peintres
et des musiciens, boulevard de Bonne-Nouvelle [IIe].
Il publia également d’excellentes
études : Essai sur la vie et l’œuvre des Lenain, peintres laonnois
(Laon, Imprimerie Éd. Fleury et Ad. Chevergny, 1850, in-8, portr.), Les
Peintres de Laon et de Saint-Quentin. De La Tour (Paris, Didron et Dumoulin,
1855, in-8).
23 rue Germain Pilon, Paris XVIII (avril 2019) |
En 1858, il s’installa au 2e
étage d’un immeuble construit en 1840, 23 rue Neuve-Pigalle [rue Germain Pilon,
XVIIIe]. La pièce principale, la salle à manger, était réservée aux
faïences populaires patriotiques de la Révolution,
que les Anglais ont gravées
dans The Illustrated London News (vol. XLV, 6 août 1864, p. 156).
Champfleury était plus bouquineur que bibliophile :
« La bibliothèque est
bourrée de livres d’étude qui ne tenteraient guère un bibliophile ; ils
sont tous brochés, fatigués, et ne descendent de leurs rayons que pour jouer
leur rôle utile et intelligent sur un immense bureau chargé de brochures, de
papiers et de ficelles ; car M. Champfleury a l’amour des paquets, et son
orgueil ne connaît pas de bornes quand il termine un envoi quelconque par le
fameux nœud de libraire qu’il a appris dans sa jeunesse, chez les
éditeurs du quai des Augustins. »
(La Petite Revue, samedi
2 décembre 1865, p. 27)
Les publications de Champfleury se
succédèrent : Les Premiers Beaux Jours (Paris, Michel Lévy frères,
1858, in-12),
L’Usurier Blaizot (Paris, Michel Lévy frères, 1858,
in-12),
Souvenirs des Funambules (Paris, Michel
Lévy frères, 1859, in-12),
Les Amoureux de Sainte-Périne (Paris,
Librairie Nouvelle, A. Bourdilliat et Cie, 1859, in-12), Les Sensations
de Josquin (Paris, Michel Lévy frères, 1859, in-12),
Œuvres nouvelles de
Champfleury. Les Amis de la Nature (Paris, Poulet-Malassis et De Broise,
1859, in-12, front.), La Mascarade de la vie parisienne (Paris,
Librairie Nouvelle, A. Bourdilliat et Cie, 1860, in-12),
Chansons
populaires des Provinces de France (Paris, Librairie Nouvelle, Bourdilliat
et Cie, 1860, in-4, front., vign.), en collaboration avec
Jean-Baptiste Wekerlin (1821-1910) pour la partie musicale, Œuvres nouvelles
de Champfleury. Monsieur de Boisdhyver (Paris, Poulet-Malassis et De
Broise, 1860, gr. in-12, 4 grav. h.-t.),
Œuvres nouvelles de Champfleury. La
Succession Le Camus (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1860, gr. in-12,
front.),
Œuvres illustrées de Champfleury. Les Souffrances du professeur
Delteil (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1861, in-12, 4 grav. h.-t.),
Œuvres illustrées de Champfleury. Grandes
figures d’hier et d’aujourd’hui (Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1861,
in-12, front.),
Photographie Librairie Prisca |
De la littérature populaire en France. Recherches sur les
origines et les variations de la légende du Bonhomme Misère (Paris, Poulet-Malassis
et De Broise, 1861, in-8, 200 ex.),
Œuvres illustrées de Champfleury. Les
Aventures de Mademoiselle Mariette (Paris, Poulet-Malassis et De
Broise, 1862, gr. in-12, 4 grav. h.-t.),
Photographie Librairie du Cardinal |
Le Violon de faïence (Paris, J.
Hetzel, Librairie Claye, s. d. [1862], in-12) – nouvelle publiée dans 6 numéros
de La Presse, du 26 novembre au 4 décembre 1861 -,
Les Bons Contes
font les bons amis (Paris, Truchy, s.d. [1864], gr. in-8, vign.), Les
Demoiselles Tourangeau (Paris, Michel Lévy frères et Librairie Nouvelle,
1864, in-12),
Histoire de la caricature antique (Paris, E. Dentu, 1865,
in-12, 21 vign. h.-t., 38 vign. in-t.),
Histoire de la caricature moderne
(Paris, E. Dentu, 1865, in-12, 20 vign. h.-t., 65 vign. in-t.),
Monsieur
Tringle (Paris, E. Dentu, 1866, in-18, carte).
D’autres journaux et revues bénéficièrent
de la collaboration de Champfleury : Bulletin de la Société académique
de Laon (1858), L’Univers illustré (1858), Le Moniteur
(1859), L’Yonne (1859), L’Opinion nationale (1859), Revue
internationale (1859), Almanach de Jean Raisin (1859), Courrier
de Paris (1860), Gazette des beaux-arts (1860), Revue fantaisiste
(1861), L’Orphéon (1861), L’Actualité (1861), Revue
universelle des arts (1861), Chronique des arts (1862), Courrier
artistique (1862), Le Boulevard (1862), Le Monde illustré
(1863), La Vie parisienne (1863), Revue nouvelle (1864), Le
Moniteur (1864), Nouvelle Revue de Paris (1864), Courrier des
beaux-arts (1864), Revue germanique (1864), Revue française
(1865), L’Orphéon illustré (1865), Union des arts (1865), Union
des arts appliqués à l’industrie (1865), La Sylphide (1865), Le
Grand Journal (1865), Le Nain jaune (1865), Revue des provinces
(1865), Courrier de l’Aisne (1865), Fantaisies parisiennes
(1865), Revue du XIXe siècle (1866),
L’Étendard (1866).
In Le Monde illustré, 9 décembre 1865, p. 372 |
La Pantomime
de l’avocat (1866) fut représentée sur le Théâtre des Fantaisies
parisiennes, installé dans la salle Martinet, 26 boulevard des Italiens [IXe],
le jour de son inauguration, le samedi 2 décembre 1865 : elle eut les
honneurs de la soirée, les acteurs ayant enlevé cette farce amusante de manière
à ne pas laisser les rires se tarir un seul instant.
« Le directeur de ce
nouveau petit théâtre, M. Champfleury, qui a su se créer dans les lettres une
place si honorable et gagner la sympathie de tous ses lecteurs, a pris
l’initiative d’une innovation, qu’il espère voir imiter par tous les autres
directeurs. Elle consiste dans l’abolition de la claque, cette plaie des
théâtres de Paris. Le premier soir, cette suppression a jeté un peu de froid
dans la salle : le public, habitué à entendre applaudir pour lui, ne
bougeait pas. Il lui a fallu quelque temps avant de se remettre de sa surprise
en reconnaissant qu’on le laissait maître d’exprimer sa satisfaction en
applaudissant, ou son déplaisir en se taisant. Mais quand on a su à quoi s’en
tenir, les applaudissements ne se sont plus fait attendre ; l’essai a donc
pleinement réussi, et tout le monde doit s’en féliciter. »
(Henri Vignaud. « Revue
dramatique ». In Le Mémorial diplomatique, dimanche 10 décembre
1865, p. 805)
D’autres études érudites
suivirent : Richard Wagner (Paris, Librairie Nouvelle, A.
Bourdilliat et Ce, 1860, in-8), Les Peintres de la réalité sous
Louis XIII. Les Frères Le Nain (Paris, Vve Jules Renouard, 1862
[1863 sur la couv.], in-8).
Enfin, le 17 juillet 1867, dans
sa 46e année, Champfleury épousa Marie-Élisabeth Pierret, âgée de 32
ans, née à Paris le 14 décembre 1834, filleule du peintre Eugène Delacroix
(1798-1863) et fille de Jean-Baptiste Pierret (1795-1854), chef de bureau à
l’administration des communes au ministère de l’Intérieur, et de Marguerite-Jeanne-Aimée
Heidinger (° 1797) :
« En me présentant à elle,
il me fit remarquer qu’ils avaient même nez, - de ces nez qui rejoignent le
menton et n’engendrent pas la mélancolie. – Elle avait même mention… de galoche
et de sa douceur féline, à lui, dans les yeux. »
(Jules Troubat. Une amitié à
la d’Arthez. Paris, Lucien Duc, 1900, p. 193-194).
Parmi les témoins du mariage se
trouvaient le baron Félix-Sébastien Feuillet de Conches (1798-1887), maître des
cérémonies de Sa Majesté impériale, introducteur des ambassadeurs, commandeur
de la Légion d’honneur, 73 rue Neuve-des-Mathurins [rue des Mathurins, IXe] ;
François-Auguste Veyne (1813-1875), médecin des écrivains et des artistes, 18
quai des Orfèvres [Ier] ; Édouard Manet (1832-1883), artiste
peintre, 49 rue Saint-Pétersbourg [VIIIe] ; Frédéric Villot
(1809-1875), secrétaire général des musées impériaux, officier de la Légion
d’honneur, 26 rue de la Ferme-des-Mathurins [rue Vignon, IXe].
Les nouveaux époux allèrent
passer leur lune de miel à Étretat [Seine-Maritime].
Dès leur mariage, ils
emménagèrent au 20 rue de Bruxelles [IXe]. Le 14 août 1867,
Champfleury fut nommé chevalier de la Légion d’honneur. Ses enfants, Édouard,
dit « Champ », et Marie-Élisabeth, naquirent respectivement le 10 mai
1868, à Paris, et le 2 août 1870 à Vorges [Aisne].
Au moment du siège de Paris, en
1870, Champfleury, sa femme, ses enfants et sa belle-mère s’installèrent
d’abord à Sauternes [Gironde], puis, au mois de novembre, à Saint-Macaire
[Gironde].
Les publications de Champfleury
furent complétées par : Ma tante Péronne (Paris, Achille Faure,
1867, in-12),
Histoire des faïences patriotiques sous la Révolution
(Paris, E. Dentu, 1867, in-8, 28 grav. h.-t., 50 vign. in-t.),
L’Hôtel des
commissaires-priseurs (Paris, E. Dentu, 1867, in-12, front.), La Comédie
académique. La Belle Paule (Paris, Librairie internationale et A. Lacroix,
Verboeckhoven & Ce à Bruxelles, Leipzig et Livourne, 1867,
in-8),
Œuvres illustrées de Champfleury. Les Oies de Noël (Paris, Administration,
1867, in-4, 7 grav.), Cabinet de M. Champfleury. Faïences historiques
(Paris, mars 1868, in-8, 4 vign.),
Les Chats (Paris, J. Rothschild,
1869, in-8, front., 15 h.-t., 36 vign. in-t.), qui lui valurent le qualificatif
d’ « historiogriphe », par allusion à François-Augustin Paradis
de Moncrif (1687-1770), historiographe de France auteur d’un ouvrage sur les
chats,
Photographie BnF |
Histoire de l’imagerie populaire (Paris, E. Dentu, 1869, in-12,
front., 26 grav. h.-t., 11 grav. in-t.), Les Oiseaux-Chanteurs des bois et
des plaines (Paris, J. Rothschild, 1870, in-8, 11 vign. h.-t., 6 vign.
in-t.),
L’Avocat Trouble-Ménage (Paris, E. Dentu, 1870, in-12).
De nouveaux articles parurent
dans Paris-Guide (1867), Journal de l’Instruction publique
(1867), Revue des Lettres et des Arts (1867), Paris-Magazine
(1868), Bulletin de la Société des Gens de lettres (1868), Le
Petit Journal (1868), Journal de la Librairie (1868), Le
Bibliophile français (1868), L’Éclair (1868), Le Siècle
(1868), Le Dix Décembre (1869), Journal de Paris (1869), Le
Parlement (1869), La Province [de Bordeaux] (1870), Le Diable
(1870), Le Constitutionnel (1870), Le Moniteur universel (1870), Paris-Journal
(1870), La Vérité (1871), La Constitution (1871), Courrier de
France (1871).
Son Histoire des faïences
patriotiques sous la Révolution lui valut d’être nommé, le 14 mars 1872, titulaire
de la place de chef des collections à la manufacture nationale de Sèvres [Hauts-de-Seine],
devenue vacante par la mort de Denis-Désiré Riocreux (1791-1872).
Il s’installa
dans un pavillon à deux étages, au milieu de la grande cour de la manufacture,
en face du logement de la Direction.
Le lundi 22 juin 1874, tandis
que Champfleury assistait aux obsèques de Jules Janin (1804-1874), en l’église
de Passy [XVIe], sa fille jouait avec des allumettes, à Sèvres :
le feu prit à ses vêtements et, atrocement brûlée, elle mourut le surlendemain.
La Nouvelle Manufacture de Sèvres In La Mosaïque, 1875 |
La nouvelle manufacture de Sèvres In La Nature, 2 décembre 1876, p. 77 |
En 1875, Champfleury présida au
transfert des collections du musée de l’ancienne manufacture [devenue École
normale supérieure de jeunes filles en 1881, actuellement Centre international
pédagogique, 1 avenue Léon Journault] à la nouvelle manufacture, édifiée par
l’architecte Alexandre Laudin (1810-1885) et inaugurée le 17 novembre 1876 [Manufacture
et Musée national de céramique, place de la Manufacture].
Entre temps, Champfleury avait
été nommé, le 15 mai 1876, conservateur du Musée et des collections céramiques,
et Marie-Élisabeth Pierret était morte de chagrin le 19 septembre 1876. La vie
de Champfleury était brisée.
« Debout dès l’aube,
enveloppé d’une houppelande, coiffé d’un fez rouge, il se mettait à sa table.
Avant d’être tout à fait à Sèvres, il se mettait à ses études littéraires et
scientifiques. Tout le temps que durait son travail, il bourrait et allumait sa
pipe de merisier et il ne la quittait guère que pour brûler quelques cigarettes
de Maryland. Champfleury adorait le tabac sous toutes ses formes. C’était,
d’après ses comptes, un excellent client pour la buraliste de Sèvres. Mais ce
grand fumeur devant la Régie, ne se payait, dehors, que quelques cigares à bon
marché, dont l’approvisionnement ne dépassait pas cinquante centimes par jour.
Champfleury adorait aussi les
fleurs, mêlant leur parfum à celui de la nicotine. Presque toujours, sur sa
table de travail, la tige d’un œillet ou d’une rose trempait dans un verre
d’eau. Il aimait offrir aux dames des bouquets de violettes et portait souvent
une gerbe sur la tombe de sa femme, dont la perte lui avait été si cruelle. […]
L’auteur du Cabaret pour ma
tante Peronne était très sobre et se contentait d’une nourriture frugale
que lui préparait Rose Bichon, sa femme de ménage, bonne à tout faire, qui
n’était ni une camériste, ni un cordon bleu. […] Son déjeuner se composait de
deux œufs. Il buvait un doigt de vin. Le soir, son dîner était servi dans des
assiettes de Lorraine avec du vin d’Algérie dans un vieux broc à devise
rabelaisienne. Rarement il traitait chez lui. Quelquefois le vendredi, pour
échapper au maigre, il rejoignait des amis dans un restaurant à prix fixe. […]
Trois fois par semaine, comme
l’indiquent ses cahiers, Champfleury prenait le bateau et allait à Paris pour
se dégourdir les jambes de ses longues séances devant son bureau. Lorsque le
graveur Bracquemond ou le romancier Cladel ne faisaient pas le trajet en
causant gaîment avec lui, son indomptable timidité lui faisait fuir la foule.
Se plaçant à l’arrière, il observait, étudiait des types et, pour se souvenir
de ses impressions, crayonnait une note sur son calepin […]
Puis, pour être un bon
conservateur, il faut être sans cesse sur la brèche, en quête de bonnes pièces.
Alors il se mettait en wagon, battait la France pour dénicher des oiseaux
rares, visitait Moulins, Nevers, Rouen, où il rencontrait son digne émule
Gaston Gouellain [i.e. Gustave Gouellain (1836-1897)], le grand collectionneur
de céramique. Quelquefois il partait pour Laon voir son frère Edouard Fleury
[…]
Ce qui le ravissait surtout,
c’étaient les fêtes de Saint-Cloud et de Neuilly avec ses musées de cire, ses
chevaux de bois et ses barraques de saltimbanques qu’il fréquentait en vrai
badaud. Il se trouvait dans un milieu qui l’intéressait pour ses études. Perdu
dans la foule, il se réjouissait avec elle. » [sic]
(Paul Eudel. « Le Budget de
Champfleury ». In Gazette anecdotique, littéraire, artistique
et bibliographique. Paris, N° 32 - Février 1903, p. 64-67)
Aglaüs Bouvenne (1829-1903) avait
gravé pour Champfleury quatre ex-libris à l’eau-forte, dont un seul est daté et
dont l’inspiration est la même : figurent au premier plan un champ fleuri
et un miroir ovale posé à terre, portant le mot « VERITAS »
et symbolisant le réalisme de l’auteur.
Le premier [75 x 58 mm], non
signé, représente un paysage, au fond duquel on distingue la cathédrale de Laon
et la silhouette de la ville ; un champ fleuri occupe le premier plan et
le miroir, vers la gauche, est posé au bord d’un chemin sur lequel on lit « FAIS CE
QUE DOIS ».
Le deuxième [75 x 58 mm] est le
même que le premier, sauf qu’il porte la signature du graveur en bas à droite
et la mention « EX LIBRIS CHAMPFLEVRY »
à la place de la devise « FAIS CE QUE DOIS » ;
miroir vers la gauche.
Le troisième [69 x 51 mm] porte
la signature du graveur en bas à gauche, suivie de la date de 1874, et la
mention « EX LIBRIS CHAMPFLEVRY » ;
le champ fleuri occupe la plus grande partie du sujet et la cathédrale de Laon
semble n’être qu’un souvenir à l’horizon ; miroir vers la droite.
Sur le quatrième [67 x 49 mm],
non signé, les fleurs largement épanouies du champ fleuri envahissent tout
l’ex-libris et la cathédrale a disparu ; la mention « EX
LIBRIS CHAMPFLEURY » ne traîne plus sur le chemin, mais est
montée au ciel ; miroir vers la droite.
Jules Adeline (1845-1909) grava
un cinquième ex-libris [95 x 140 mm] pour Champfleury, qu’il a signé : un
lion assis, en faïence de la manufacture de Sèvres, tient sous sa patte droite
un médaillon avec le portrait de Champfleury.
Les dernières publications de
Champfleury furent :
Histoire de la caricature au Moyen Age (Paris,
E. Dentu, 1872, in-12, front., 22 vign. h.-t., 86 vign. in-t.), Les Enfants.
Éducation. Instruction (Paris, J. Rothschild, 1872, in-12), Souvenirs et
portraits de jeunesse (Paris, E. Dentu, 1872, in-12), Madame Eugenio
(Paris, Charpentier et CIE, 1874, in-12),
Histoire de la
caricature sous la République, l’Empire et la Restauration (Paris, E.
Dentu, 1874, in-12, front., vign. h.-t. et in-t.),
Contes de bonne humeur.
Le Secret de M. Ladureau (Paris, E. Dentu, 1875, in-12), La Pasquette
(Paris, Charpentier et Cie, 1876, in-12),
Contes de bonne humeur.
La Petite Rose (Paris, E. Dentu, 1877, in-12),
Histoire de la caricature
sous la Réforme et la Ligue. Louis XIII à Louis XVI (Paris, E. Dentu, 1880,
in-12, front., 39 vign. h.-t., 36 vign. in-t., 1 pl. double h.-t.), Bibliographie
céramique (Paris, A. Quantin, 1881, in-8), Contes de bonne humeur.
Surtout n’oublie pas ton parapluie (Paris, E. Dentu, 1881, in-12), Fanny
Minoret (Paris, E. Dentu, 1882, in-12),
Photographie Librairie des Carrés |
Les Vignettes romantiques
(Paris, E. Dentu, 1883, in-4, 9 grav. h.-t. sur Japon, vign. h.-t. et in-t.), La
Comédie de l’apôtre (Paris, E. Dentu, 1886, in-12), Histoire et
description des trésors d’art de la manufacture de Sèvres (Paris, Plon,
in-4), Les Drames du faubourg Saint-Marceau : Claire Couturier
(Paris, 1887, in-32), Les Drames du faubourg Saint-Marceau : La Fille
du chiffonnier (Paris, 1887, 3 vol. in-32),
Photographie Librairie Magnasco, Buenos Aires |
Le Musée secret de la
caricature (Paris, E. Dentu, 1888, in-18, front., 15 grav. h.-t., 50 vign.
in-t.),
Contes choisis (Paris, Maison Quantin, 1889, gr. in-8, ill.).
Il ne cessa pas de collaborer à
d’autres journaux et revues : La Renaissance (1872), Musée
universel (1872), Le Rappel (1873), Chronique musicale
(1873), Le Théâtre (1874), Journal officiel (1875), L’Art (1875),
La Gazette (1876), L’Entr’acte (1877), Chronique de la Société
des Gens de Lettres (1877), Revue de la semaine (1877), Musée des
familles (1877), Moniteur du bibliophile (1878), La Vie
littéraire (1878), Miscellanées bibliographiques (1879), Le Livre
(1880), La Bretagne pittoresque, artistique et littéraire (1880),
La Nouvelle Revue (1881), L’Étoile française (1881), Courrier
de l’art (1882), Le Voltaire (1882), Bulletin du bibliophile
(1883), Revue des arts décoratifs (1887), Paris illustré (1887), Revue
de Paris et de Saint-Pétersbourg (1887), Paris-Croquis (1888), Le
Semeur (1888), Le Magasin pittoresque (1889), La Patrie
(1889), L’Intermédiaire (1890), L’Amateur d’autographes (1890).
Champfleury publia encore :
La Vie et l’Œuvre de Chintreuil (Paris, Cadart, 1874, in-4, 40 grav.), avec
les critiques d’art Albert de La Fizelière (1819-1878) et Frédéric Henriet
(1826-1918) ; Documents pour servir à la biographie de Balzac
(Paris, 1875-1878-1879, 3 brochures in-32, 150-200-400 ex.) ; Catalogue
de l’œuvre lithographié et gravé de H. Daumier (Paris, Librairie
parisienne, H. Heymann et J. Perois, 1878, pet. in-4, front., 100 ex.) ; Œuvres
de Max Buchon (Paris, Sandoz et Fischsbacher, 1878, 3 vol. in-12) ; Henry
Monnier, sa vie, son œuvre (Paris, E. Dentu, 1879, gr. in-8,
front., 63 vign. h.-t., 3 pl. doubles h.-t., 34 vign. in-t.) ; Nouvelles
études sur l’art et la littérature romantiques. Le Drame amoureux de Célestin
Nanteuil (Paris, Dentu et Cie, 1887, in-4, 100 ex. numérotés et
signés).
Le dernier volume dont
l’impression fut faite du vivant de Champfleury est le catalogue de l’œuvre
d’Auguste Bouquet : Le Peintre ordinaire de Gaspard Deburau (Paris,
Imprimerie de l’Art, 1889, in-8, portr. h.-t., vign., 120 ex.).
Administrateur-adjoint de la
fabrique de Sèvres, tout en conservant ses fonctions au Musée, depuis le 15
juillet 1887, Champfleury mourut à Sèvres le 6 décembre 1889, l’une des
premières victimes de la grippe épidémique, d’origine russe, qui affecta 40 % de
la population mondiale avec une mortalité élevée chez les enfants et les
vieillards.
Il fut inhumé au cimetière des Hautes-Bruyères, à Sèvres, le 8
décembre, sous les premières neiges, à côté du graveur Rodolphe Bresdin
(1822-1885), dit « Chien-Caillou », qui avait été inhumé dans la
fosse commune du cimetière.
Ses faïences, ses tableaux, ses
livres, sa collection d’estampes et sa collection d’autographes furent vendus
aux enchères, à l’Hôtel des commissaires-priseurs, 9 rue Drouot :
Les lundi 28 et mardi 29 avril
1890, salle n° 5 : Catalogue de la collection de faïences patriotiques
et de tableaux anciens et modernes dépendant de la succession de Champfleury
(Paris, Imprimerie de l’Art, 1890, pet. in-4, 93 p., 35 grav.). Préface de Paul
Eudel. Tirage de 8 exemplaires numérotés sur Japon et de 8 exemplaires
numérotés sur Hollande.
« La vente Champfleury, qui
ne contenait qu’une partie des faïences patriotiques de sa collection, a
produit 21,000 francs. Voici les gros prix obtenus : Un pot avec figures
de noble, de prêtre et de paysan, Vive la Nation ! 215 fr. Faïence
patronymique de Nevers, avec ces mots : Mercier sans culotte, 125
fr. L’Arbre d’amour, saladier polychrome de Nevers, 112 fr. Grand broc
polychrome : Une Charte sera désormais une vérité. Buvons à la santé de
Louis-Philippe Ier, roi citoyen. 150 fr.
Le Musée Carnavalet et le Musée
de Sèvres ont fait de nombreuses acquisitions. Le premier s’attachant aux
pièces historiques et le second portant ses choix sur les faïences décoratives.
A citer parmi les principales
enchères : une jardinière en vieux Lorraine portant comme devise : Vive
le Tiers-Etat, décor vert, au Musée de Sèvres : 420 fr.
Un encrier d’une fabrique
d’Auxerre, portant l’inscription : Guerre aux tiran, 270 fr., pour
le Musée Carnavalet.
Le Portrait de Paganini,
esquisse par Delacroix, a été adjugé 2,305 fr. à M. Chéramy.
Un Ribot, La Ménagère,
1,905 fr., à M. Bernheim. »
(Le Figaro, mercredi 30
avril 1890, p. 3)
Première de couverture |
Quatrième de couverture |
Du lundi 15 au jeudi 18 décembre
1890, en 4 vacations, salle n° 7, au premier : Catalogue des livres
rares et curieux composant la bibliothèque Champfleury. Avec une préface de
Paul Eudel (Paris, Léon Sapin, 1890, pet. in-4, XXI-[1 bl.]-166-[2] p.,
ill., 967 lots), dont Beaux-Arts [55 lots = 5,68 %], Bibliothèque bleue [30
lots = 3,10 %], La Caricature [44 lots = 4,55 %], Céramique [61 lots = 6,30 %],
Chansons populaires [44 lots = 4,55 %], La Danse des morts [13 lots = 1,34 %],
Facéties [12 lots = 1,24 %], Histoire [18 lots = 1,86 %], L’Imagerie et les
Livres populaires [13 lots = 1,34 %], Journaux [23 lots = 2,37 %], Légendes
populaires [24 lots = 2,48 %], Livres illustrés dix-neuvième siècle [30 lots =
3,10 %], Poésies [22 lots = 2,27 %], Romans, contes et nouvelles [40 lots =
4,13 %], Romantiques [218 lots = 22,54 %], Théâtre [24 lots = 2,48 %], Ouvrages
variés [158 lots = 16,33 %], Champfleury [138 lots = 14,27 %]. Le Bonhomme
Misère sur la première de couverture. Croquis de M. Mayeux, par Taviès, sur la
4e de couverture. Vignette de Daumier sur la page de titre.
Il était
permis d’espérer que les bibliophiles trouveraient à cette vente des trésors de
science et d’érudition, des pièces rares, ou tout au moins très intéressantes.
Il n’en fut rien, la désillusion fut presque complète, et les enchères atteignirent
péniblement le chiffre total de 9.325 fr. 50.
4. Beraldi. Les Graveurs du XIXe siècle,
guide de l’amateur d’estampes modernes. Paris, 1885, 8 vol. in-8, fig., couv.
imp. Manque le tome II. 28 fr.
93. Cayla. Histoire de la caricature politique
pendant la Révolution française. Paris, Boyron, [1848], 4 livraisons in-8,
fig., couv. imp. – Notes pour la caricature de 1791 à 1793, par Cayla,
manuscrit inédit, in-4, 170 p., cart. non rog. 50 fr.
109. Grand-Carteret. Les Mœurs et la Caricature
en Allemagne, en Autriche, en Suisse, avec préface de Champfleury. Paris, 1885,
in-4, 3 pl. en coul., 20 pl. h.-t., cart., non rog. Sur pap. du Japon, planches
en 3 états. 41 fr.
Photographie BnF |
114. Jaime. Musée de la caricature, ou Recueil
des caricatures les plus remarquables, publiées en France depuis le quatorzième
siècle jusqu’à nos jours. Paris, Delloye, 1838, 2 tomes in-4, fig. noires et
coloriées, en 1 vol. cart. Manque la table du tome II. 106 fr.
282. Liesville (de). Recueil de bois ayant trait
à l’imagerie populaire, aux cartes, aux papiers. Caen, Leblanc-Hardel, 1869, 4
fascicules, in-fol., pap. de Hollande, couv. imp., tirage 50 ex. 44 fr.
379. Glatigny (Albert). Le Fer rouge. Nouveaux
châtiments. France et Belgique, 1871, in-8, pap. de Hollande, front. de Rops en
2 états. Demi-mar. rouge, tête dor., non rog., couv. imp. Première édition. 22
fr.
426. Sterne. A sentimental journey through
France and Italy by Yorick. The second edition in Germany. Altenburg, Richter,
1776, 2 vol. in-12, portr. de Sterne et 4 grav. par Fügen, cart. 27 fr.
599. Sand (G.) [Jules Sandeau et George Sand].
Rose et Blanche, ou la Comédienne et la Religieuse. Paris, Renault, 1831, 5
vol. in-12, cart. Première édition. Ce roman ne fut jamais réimprimé. 260 fr.
601. Sand (George). Complainte sur la mort de
François Luneau, dit Michaud, dédiée à M. Eugène Delacroix, peintre en bâtiments,
très connu dans Paris. La Châtre, Imprimerie Arnault, [1834], br. de 8 pages,
dérelié. 70 fr.
611. Thierry (Édouard). Les Enfants et les
Anges. Paris, Belin, 1833, in-18, 4 vign. par Joseph Thierry, cart. Première
édition. Le volume le plus rare de la grande collection romantique. 250 fr.
624. Vignettes romantiques. Remontées sur pap.
fort. 302 pièces. 101 fr.
756. Horæ. In-8 de 110 feuillets, 8 grandes
miniatures et 1 petite, bordures et 10 grandes lettres en bleu sur fond d’or et
ornées d’un bouquet de fleurs, reliure en bois. Incomplet de quelques
feuillets. Manuscrit sur vélin de la seconde moitié du XIe siècle,
écrit en rouge et noir. 170 fr.
906. Les Vignettes romantiques. 102 fumés sur
Chine volant, montés sur pap. fort. 45 fr.
913. Les Souffrances du professeur Delteil.
Paris, Michel Lévy, 1857, in-12, cart. non rog., couv. imp. 1 fr. 50 à Émile
Delteil [petit neveu du professeur].
935. Le Violon de faïence, nouvelle édition
illustrée de 34 eaux-fortes de Jules Adeline, avant-propos de l’auteur. Paris,
Conquet, 1885, in-8, br. couv. imp. Ex. tiré pour Champfleury, pap. du Japon
contenant 2 états des gravures. 70 fr.
Du lundi 26 au mercredi 28
janvier 1891, en 3 vacations, salle n° 4, au premier :
Catalogue des eaux-fortes, lithographies, caricatures,
vignettes romantiques, dessins et aquarelles formant la collection
Champfleury. Avec une préface de Paul Eudel (Paris, Léon Sapin,
1891, pet. in-4, XXIII-[1 bl.]-127-[1] p., ill., 586 + 5 doubles [bis] = 591 lots).
Tirage à part de 100 exemplaires numérotés sur papier vergé et 25 exemplaires
non numérotés pour être offerts, avec 14 planches h.-t., dont 4 portraits ou
caricatures de Champfleury, et son ex-libris par J. Adeline.
La vente des estampes a
dédommagé les amateurs de la vente des livres. En effet, le total des enchères
est monté au chiffre respectable de 23.600 francs.
« Hier, à la vente
Champfleury, grande bataille à l’Hôtel Drouot entre les amateurs et les
marchands d’estampes. Les collectionneurs américains avaient envoyé de
nombreuses commissions à leurs représentants ordinaires.
Après quelques escarmouches le
feu a été ouvert, sur toute la ligne, pour l’œuvre très complet de Daumier. Les
enchères ont atteint des limites inconnues jusqu’ici. On en pourra juger par
quelques prix.
Photographie BnF |
La célèbre lithographie : Enfoncé
Lafayette ! épreuve sur chine, a valu 102 fr.
Photographie BnF |
Même prix pour le
Ventre législatif, “ aspect des bancs ministériels de la Chambre
improstituée de 1834 ”. Les Massacres de la rue Transnonain (15 avril
1834), épreuve à toute marge : 90 francs.
Les lithographies d’Eugène
Delacroix ont eu ensuite les honneurs de la séance.
Un premier état sur chine, tiré
à 5 ou 6 exemplaires, du Cheval sauvage terrassé par un tigre, a été
payé 840 francs par M. Alfred Robaut.
Photographie BnF |
Macbeth consultant les sorcières,
premier état, avec les salissures sur les quatre côtés, épreuve fort
belle : 367 fr.
Le Faust que Goethe
trouvait si bien interprété qu’il disait que Delacroix avait surpassé son idée,
un in-folio paru en 1828, avec 17 dessins exécutés sur pierre, a été payé 245
francs.
Front de bœuf et le Juif, une
lithographie avec des croquis de femmes nues sur les marges, premier état, sur
chine, a valu 170 francs.
Et ainsi de suite de 50 à 250
fr. pour le Tigre couché, la Fuite du Contrebandier, le Lion
debout, le Christ au Roseau, les seize lithographies d’Hamlet,
la Sœur de Duguesclin, le Message, le Portrait du baron Switer
et bien d’autres encore, car le catalogue contenait une centaine de numéros au
chapitre d’Eugène Delacroix.
Quand les amateurs recherchaient
toutes ces pièces, il y a vingt ans, et les payaient de 5 à 10 francs, on
criaient qu’ils étaient fous !
Ils étaient cependant bien
inspirés puisque Delacroix a monté depuis – encore plus que la rente. »
(Le Figaro, mardi 27
janvier 1891, p. 1)
« A l’Hôtel Drouot, la seconde vacation
des estampes de la collection Champfleury n’a pas été moins animée que la
première.
Les enchères ont commencé par
les eaux-fortes du graveur Alphonse Legros, très recherchées surtout en
Angleterre. Une Affiche du théâtre de Polichinelle aux Tuileries, tirée
sur chine, a valu 80 francs ;
Photographie BnF |
la Pêche à la truble, 53
francs ; la Nuit du vagabond, 54 francs ; le Coup de vent,
48 francs. Et le reste à l’avenant.
Parmi les lithographies
d’Edouard Manet : le Polichinelle, en couleur, tirage à cinquante
exemplaires, a été vendu 70 francs ; l’Enlèvement d’un ballon, en
couleur, très rare, 200 francs.
L’affiche du livre de Champfleury sur les Chats,
112 francs. Ces deux dernières pièces ont été prises, croyons-nous, pour le
compte de l’un des grands collectionneurs de New York.
A citer seulement, dans l’œuvre
d’Henry Monnier, les cinquante vignettes des Grisettes, avec plusieurs
doubles montrant les différentes colorations employées par le créateur du type
immortel de Joseph Prudhomme, 150 francs.
La série des vignettes
romantiques était surtout remarquable par les cinquante à soixante Célestin
Nanteuil. Les eaux-fortes du “ jeune homme moyen âge ”, comme l’appelait
Théophile Gautier, ont été fort disputées. Le frontispice et une eau-forte, sur
chine, pour Catherine Howard, 153 francs ;
le frontispice des Jeune
France, 130 francs ; trois vignettes pour le Spectacle dans un
fauteuil, 251 francs. Quatre planches sur chine pour une édition des œuvres
de Victor Hugo que l’éditeur Renduel n’a jamais publiée, 115 francs.
Toutes les fantaisies macabres
de la période romantique ont trouvé des acquéreurs empressés ; mais
Célestin Nanteuil fait décidément prime sur les Johannot, les Deveria, les
Bouchardy et les Camille Rogier.
Notre confrère Paul Meurice
était venu compléter son admirable collection des illustrations faites pour les
ouvrages de Victor Hugo. »
(Le Figaro, mercredi 28
janvier 1891, p. 2)
« La dernière vacation a eu
lieu devant un public d’élite ; la fine fleur des passionnés du
dix-neuvième siècle : MM. Paul Brenot, Garnier, Dablin, Roger Marx, Quantin-Bauchart,
Pochet-Desroches, le baron Vitta de Lyon, Alfred Piat, notre confrère Paul
Meurice.
M. Paul Meurice, toujours à la
recherche de ce qui rappelle Victor Hugo, a payé deux eaux-fortes inédites de
Rodin, représentant le portrait du maître, 202 francs et 90 francs un autre
portrait par Legros qui n’a jamais été mis dans le commerce.
Est-ce l’influence de Thermidor,
mais la Révolution est décidément en hausse. Le musée de Carnavalet a profité
de l’absence de Victorien Sardou pour se faire adjuger à 90 francs une épreuve
coloriée d’une image populaire de M. Lepeletier assassiné le 20 janvier 1793,
et à 49 fr. les programmes des fêtes de vendémiaire an X pour l’anniversaire de
la République.
M. Salvator Mayer a pris à 140 francs l’affiche de la Bonne bière
de Mars qui n’avait valu que 25 francs à la vente Destailleurs.
Chien-Caillou, le graveur
Bresdin, a eu un succès posthume. Une carte de visite dessinée à la plume pour
le premier de l’an, 40 francs. Un dessin de Henri Boutet le représentant sur
son lit de mort, 60 francs.
Henry Monnier est plus que
jamais en faveur. Ses dessins, sépias, aquarelles ont obtenu de belles
enchères.
Photographie Musée Carnavalet |
Son portrait pour La Famille improvisée, 220 francs. La
Veillée, dans la manière de Bonvin, 260 francs. Un portrait de femme, 189
francs, Le Bain des juges, 140 francs. Le Jour de réception, 239
fr. Le Paralytique, 105 francs.
Ce qui ressort de cette dernière
vacation, c’est que rien n’est banal. Tout est document pour l’histoire et pour
les arts. Il ne faut rien jeter au panier. Les 150 pièces en couleur de
l’imagerie populaire, le Juif-Errant, la Barbe Bleue, Isabeau
et Collas, le Monde renversé, M. et Mme Denis, Crédit est
mort, éditées jadis à un sol à Metz et à Epinal, recueillies avec soin par
Champfleury dans les boîtes des quais, ont été vendues près de deux francs
pièce. »
(Le Figaro, jeudi 29
janvier 1891, p. 1)
Le jeudi 29 janvier 1891, salle
n° 4, au premier : Catalogue des autographes composant la collection
Champfleury (Paris, Étienne Charavay, 1891, pet. in-4, XX-35-[1] p., ill.,
177 lots).
Tirage à part de 100 exemplaires
numérotés sur papier vergé, avec titre rouge et noir, 10 fac-similés h.-t. et
« L’Œuvre de Champfleury » complétée par Maurice Clouard à la fin
(47-[1] p.), et 25 exemplaires non numérotés pour être offerts. Plusieurs lots
de notes informes et incohérentes et de documents recueillis pour préparer des
travaux, parus ou à paraître, passèrent à la fin de la vente : Paul
Brenot, Paul Eudel (1837-1911) et Roger Marx (1859-1913) se les partagèrent.
« A l’Hôtel Drouot,
dernière cote des autographes, d’après la vente Champfleury, faite hier par Me
Tual, assisté de l’expert Charavay.
Barbey d’Aurevilly, une page, 26
fr. ; Charles Baudelaire, de 9 à 50 fr. la lettre suivant son importance
pour l’histoire de la littérature ; Béranger, en baisse, de 5 à 11 fr. la
lettre ; le peintre Bonvin, 23 lettres, 52 fr. ; Victor Hugo, de 10 à
67 fr., suivant le texte ; Alphonse Karr, 8 fr. ; Eugène Labiche, 26
lettres, 20 fr. ; Edouard Manet, 25 lettres, 50 fr. ; Henry Murger,
19 à 80 fr. la lettre ; Sainte-Beuve, 14 fr. ; George Sand de 31 à
102 fr., ce dernier prix payé pour une lettre où elle disait à
Champfleury : “ Vous rendez le laid très drôle, le bête très amusant et le
bon très attachant.”
Le clou de la vente a été une
très belle lettre de Richard Wagner du 16 mars 1870 où il parlait de la fusion
de l’esprit français et de l’esprit germanique, glorifiait Méhul parmi les
compositeurs et souhaitait l’érection à Paris d’un théâtre international.
Vendue 251 fr.
La correspondance de Champfleury
a été adjugée au total à 3,700 fr. »
(Le Figaro, vendredi 30
janvier 1891, p. 1)
Quant à la vente de la propriété
des œuvres de Champfleury, elle eut lieu le vendredi 27 novembre 1891, en
l’étude de maître Alban-Joseph d’Hardiviller (1848-1923), notaire à Paris, 14
rue Thévenot [rue Réaumur, IIIe].
Le fils unique de Champfleury,
âgé de 22 ans, avait perdu la raison : il était interné à l’asile
d’aliénés de Clermont [Oise]. Son mandataire légal, Edmond Caillard, avoué à
Clermont, 18 rue du Châtellier, et son tuteur naturel, Émile Carlier, ingénieur
en chef, neveu de Champfleury, demeurant 9 rue de Sontay, à Paris [XVIe],
tenaient à liquider une succession de biens difficiles à gérer, préférant céder
contre espèces cette fortune vague et flottante qui est la propriété
littéraire.
L’adjudication « à l’extinction
des feux » fut divisée en six lots :
Le 1er lot, comprenant
la propriété littéraire des œuvres éditées de Champfleury, soit environ 120
volumes, fut adjugé au journaliste Jean-Bernard (1858-1936) pour 1.210 francs,
prix dérisoire. Il revendra, en particulier, à l’éditeur Alphonse Lemerre les Œuvres
posthumes de Champfleury. Salons 1846-1851 (1894).
Paul Brenot, collectionneur d’autographes,
s’est rendu acquéreur des 2e [propriété littéraire
et manuscrit de l’ouvrage posthume intitulé Les Excentriques
(nouvelle série)], 3e [propriété littéraire
et manuscrit de l’ouvrage posthume intitulé Mademoiselle Finot], 4e
[propriété littéraire et manuscrits des ouvrages posthumes intitulés Mon ami
Roblin, Un mariage en 1770, Maître Palsgravius, L’Éducation
en France depuis le XVIe siècle] et 6e
[propriété littéraire et collection des premiers articles de jeunesse,
rapinades, salons, critique littéraire et artistique, critique dramatique] lots.
Paul Eudel acheta pour 110
francs le 5e lot : propriété littéraire et manuscrits des
ouvrages posthumes consistant en portraits, contes et nouvelles diverses ;
facéties, gaillardises et mystifications ; almanach ; romanciers,
peintres et poètes ; préfaces et discours.
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