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Photographie BnF [Ms. français 8204] |
La Maison de La Vieuville ne doit
pas être confondue avec celle de La Viefville, quoiqu’elles fussent toutes deux
fixées en Artois, et qu’on retrouve les armes de la seconde comme écartelures
dans les armes de la première : « Fascé d’or et d’azur de huit pièces
et trois annelets de gueules, posés en chef, brochant sur les deux premières
fasces ».
Les ducs de La Vieuville étaient
issus de Catherine Kerviher, veuve en 1472, et de Jean Coskaer [en français « La
Vieuville »] originaire de Bretagne, seigneur de Farbus [Pas-de-Calais],
qui francisa son nom et prit le nom de La Vieuville. Les armoiries des Coskaer
étaient « D’argent, à sept feuilles de houx d’azur, posées 3, 3 et
1 ».
Sébastien de La Vieuville, son fils, seigneur de Farbus, accompagna Anne de Bretagne à Paris, lors de son mariage avec le roi Charles VIII en 1491, et il dut à la faveur de cette princesse les premiers éléments de la rapide élévation de sa Maison. Il fit rédiger les coutumes de Farbus en 1507 et épousa, le 23 novembre 1510, Perrine de Saint-Waast, d’une famille ancienne de l’Artois.
Colombier du château : blason de Pierre de La Vieuville Photographie Mikaelbuhe |
Pierre de La Vieuville, fils de Sébastien, seigneur de Farbus, de Challenet [Royaucourt-et-Chailvet, Aisne], de Givaudeau [ou Givodeau, château détruit en 1940] et de Villemontry [Mouzon, Ardennes], chevalier de l’Ordre du Roi, gentilhomme de sa chambre, gouverneur de Reims [Marne], de Mézières et de Rethélois [Ardennes], lieutenant des cent hommes d’armes de la compagnie d’Antoine de Bourbon (1518-1562), roi de Navarre, l’un de ses conseillers et chambellans, capitaine de cinquante lances. Il fit construire le château de Chailvet.
Eglise de Royaucourt : pierre tombale de Pierre de La Vieuville et de sa femme |
Mort en 1569, il fut enterré dans l’église de Royaucourt, avec sa femme Catherine de la Taste, dite « de Montferrand », mariée le 3 août 1539 et décédée le 25 janvier 1556.
Robert, marquis de La Vieuville, baron de Rugles [Eure] et d’Arzillières [Arzillières-Neuville, Marne], vicomte de Farbus, seigneur de Chailvet, de Royaucourt et de Villemontry, chevalier des Ordres du Roi, capitaine et gouverneur des villes de Mézières et de Linchamps [Les Hautes-Rivières, Ardennes], par la résignation de son père, fut aussi grand Fauconnier de France après le maréchal de Brissac. Le roi de Navarre le retint gentilhomme de sa chambre en 1573 et le fit son lieutenant général au pays de Rethélois en 1574, capitaine de cinquante hommes d’armes en 1577 et le retint de son Conseil privé en 1580.
C’est en sa faveur que sa terre de Sy [Ardennes] fut érigée en marquisat sous le nom de La Vieuville, vers 1595. Envoyé en ambassade en Allemagne pour le fait de la religion, il fut fait chevalier des Ordres du Roi en 1598. Il mourut en 1612 et fut enterré avec sa seconde femme dans l’église de Chailvet.
Sa première femme, Guillemette de
Bossut, fille de Claude de Bossut, chevalier, seigneur de Longueval [Aisne], et
d’Anne de Linanges, fut mère de Henriette de La Vieuville, qui épousa Antoine
de Joyeuse, seigneur de Saint-Lambert, puis Jacques Damas, baron de Chalençay.
Eglise de Vérigny : pierre tombale de Charles d'O et de sa femme. Photographie Catherine Turpin |
Sa seconde femme, Catherine d’O, veuve de Michel de Poysieu, seigneur de Pavant [Aisne], et fille de Charles d’O, seigneur de Vérigny [Eure-et-Loir], chevalier de l’Ordre du Roi, et de Jacqueline de Girard, fut mariée en 1581 et fut mère de : Charles [I], duc de La Vieuville, qui suit ; Louis, Pierre et Bastien de La Vieuville, qui furent enterrés avec leurs père et mère sous une même tombe avec épitaphe dans l’église du monastère de Chailvet ; Louise de La Vieuville, religieuse à Saint-Pierre de Reims.
Après le mariage de Robert de La Vieuville avec Catherine d’O, les armoiries de la Maison se modifièrent :
« Écartelé, aux 1 et 4 fascé d’or et d’azur, à trois annelets de gueules, brochant sur les deux premières fasces, qui est de La Viefville ; aux 2 et 3 d’hermines, au chef dentelé de gueules, qui est d’O ; sur le tout, d’argent, à sept feuilles de houx d’azur, posées 3, 3 et 1, qui est de Coskaer ». Catherine d’O mourut le 16 mai 1611.
Charles [I] de La Vieuville, par Antoine Van Dyck. Coll. priv. |
Charles [I], duc de La Vieuville, pair de France, baron de Rugles et autres lieux, chevalier des Ordres du Roi, premier capitaine de ses Gardes du corps, grand Fauconnier de France après son père, fut lieutenant général en Champagne et Rethélois, et fait surintendant des finances en 1623.
Au revers : FATO. PRVDENTIA. MAIOR. 1623. [Sa prudence est plus grande que le destin] |
Aussitôt pourvu de la surintendance des finances, La Vieuville, plein d’une noire ingratitude à l’égard de ceux qui le poussèrent au pouvoir et d’une âpreté jalouse à confisquer la volonté du Roi à son profit, déchaîna contre lui la haine des courtisans mécontents de sa résistance à leur avidité.
Accusé de prévarication par le
cardinal de Richelieu, qui le fit emprisonner à Amboise [Indre-et-Loire] en
1624, il s’évada l’année suivante et se réfugia en Angleterre. Son beau-père
prit la fuite pour l’île de Noirmoutier [Vendée]. Revenu en France en 1628, il
dut prendre le chemin de Bruxelles en 1631. Condamné à mort par contumace en
1632, les biens de La Vieuville furent confisqués au profit de Claude de
Rouvroy (1607-1693), duc de Saint-Simon, père du mémorialiste : afin de
permettre à Marie Bouhier de conserver ses apports pendant l’exil de son mari,
sa séparation de biens d’avec lui fut prononcée. Il revint en France après la
mort du roi Louis XIII et obtint des lettres de rétablissement de tous ses
biens, droits, honneurs, charges et dignités le 11 juillet 1643. Le cardinal
Mazarin le rappela à la cour et le fit une seconde fois surintendant des
finances.
Les baronnies de Nogent-l’Artaud [Aisne] et de Saint-Martin-d’Ablois [Marne], avec leurs dépendances, furent unies et érigées en sa faveur en duché et pairie de France sous le nom de duché de La Vieuville, en décembre 1650 ; les lettres patentes du 26 décembre 1651 ne furent pas enregistrées, mais, par une clause qu’elles contenaient, le titre devait passer à son fils aîné dans le cas où il mourrait avant leur enregistrement.
Photographie Musée Carnavalet |
Tombeau du duc Charles [I] de La Vieuville et de sa femme, élevé dans la chapelle Saint-François de Sales de l’église des Minimes. Entré au Louvre en 1894. |
Charles [I] mourut à Paris le 2 janvier 1653 et fut enterré dans sa chapelle en l’église des Minimes de la place Royale [place des Vosges, Paris IIIe]. Il avait épousé Marie Bouhier, fille de Vincent Bouhier, seigneur de Beaumarchais [Vendée], trésorier de l’Épargne, et de Marie-Lucrèce Hotman, le 7 février 1611.
Plan Turgot (1734) |
Hôtel de La Vieuville (1720) |
Hôtel de La Vieuville, 4 rue Saint-Paul et 14 quai des Célestins Photographies Eugène Atget (1900). Musée Carnavalet |
Le 3 février 1596, Vincent Bouhier avait acheté l’hôtel Randan [futur hôtel La Vieuville, détruit en 1927], rue Saint-Paul [IVe], à l’angle du quai des Célestins, voisin de l’Arsenal.
En 1620, Charles [I] de La Vieuville vendit le magnifique hôtel [futur hôtel de Longueville, détruit en 1806 pour le percement de la rue du Carrousel] que son père avait acquis le 15 septembre 1607 rue Saint-Thomas-du-Louvre [Ier] et qu’il avait peu habité, au connétable Charles d’Albert de Luynes, pour 175.000 livres.
Marie Bouhier mourut le 7 juin
1663 et fut enterrée avec son mari. Elle avait eu treize enfants : Vincent
de La Vieuville, tué au combat le 12 septembre 1643 près de Newbury en
Angleterre, au service du roi de la Grande-Bretagne contre les parlementaires,
et inhumé le 24 novembre suivant aux Minimes de la place Royale à Paris ;
Charles [II], qui suit ; Charles-François de La Vieuville, mort six jours
après sa naissance et enterré aux Minimes ; Henri de La Vieuville,
chevalier de Malte, abbé de Savigny [Savigny-le-Vieux, Manche] sur la démission
de Charles [II] son frère aîné, prieur commendataire du prieuré séculier du Grand
Beaulieu, près Chartres [Eure-et-Loir], colonel d’un régiment de cavalerie,
puis maréchal de camp des armées du Roi, et conseiller d’État ès conseils privé
et des finances en 1651, mourut le 12 juin 1652 des blessures reçues au siège
d’Étampes [Essonne] et fut enterré aux Minimes ; Charles-François de La
Vieuville, prieur du Grand Beaulieu, abbé de Savigny, de Saint-Martial de
Limoges [Haute-Vienne] et de Saint-Laumer de Blois [Loir-et-Cher], conseiller
d’État ordinaire, sacré évêque de Rennes [Ille-et-Vilaine] le 4 avril 1660,
mourut à Paris en janvier 1675 ; Françoise de Paule de La Vieuville, morte
à Oudenarde, en Flandres, le 30 octobre 1635 ; Louise de La Vieuville,
religieuse Carmélite, morte dans le couvent de la rue Chapon à Paris [IIIe] ;
Lucrèce-Françoise de La Vieuville, mariée à Ambroise-François duc de
Bournonville, pair de France ; Marie de La Vieuville, dite « la
Jeune », sœur jumelle de la précédente, morte à Bruxelles ; Marie de
La Vieuville, morte en bas âge, enterrée aux Minimes ; Dorothée de La
Vieuville, morte jeune et enterrée aux Minimes ; Marie de La Vieuville,
abbesse de Notre-Dame de Meaux [Seine-et-Marne] ; Henriette de La
Vieuville, religieuse à La Ferté-Milon [Aisne].
À la mort de son père, Charles [II] fut autorisé à porter le titre de duc de La Vieuville sa vie durant. Pair de France, chevalier des Ordres du Roi, lieutenant général au gouvernement de Champagne, mestre de camp du régiment de Picardie en 1645, sur la démission du marquis de Nangis ; servit aux sièges de Bourbourg [Nord], de Béthune [Pas-de-Calais] et de Dunkerque [Nord] en 1646, reçut une blessure à la bataille de Lens [Pas-de-Calais] en 1648. Il fut fait maréchal de camp en 1649, conseiller d’État au Conseil privé en 1645, conseiller d’État ordinaire du Conseil privé et de celui des finances en 1651, lieutenant général des armées du Roi en 1652, gouverneur et lieutenant général du haut et bas Poitou, du Loudunois et du Châtelraudois et gouverneur particulier des ville et château de Fontenay-le-Comte [Vendée], sur la démission du duc de Roannois, en 1664, chevalier d’honneur de la Reine, sur la démission du marquis de Gordes, en 1670, fut choisi par le Roi en 1686 gouverneur de la personne de Philippes duc de Chartres, petit-fils de France, et reçu chevalier des Ordres du Roi en 1688. Il mourut à Paris le 2 février 1689, âgé de 73 ans, et fut enterré aux Minimes de la place Royale.
Sa femme, Marie-Françoise de
Vienne, comtesse de Chateauvieux [Loir-et-Cher], fille unique et héritière de
René de Vienne, comte de Chateauvieux, et de Marie de La Guesle, fut mariée par
contrat du 25 septembre 1649, mourut à Paris le 7 juillet 1669 et fut enterrée
aux Minimes. Elle avait eu neuf enfants : René-François, qui suit ;
Charles-Emmanuel de La Vieuville, né le 25 juillet 1656, comte de Vienne
[Isère] et de Confolens [Charente], marquis de Saint-Chamond [Loire], baron
d’Arzillières, etc., premier baron de Champagne, mestre de camp du régiment du
Roi cavalerie, mourut à Paris le 17 janvier 1720 et fut enterré aux Minimes,
ainsi que son épouse, Marie-Anne de Chevrières de Saint-Chamond, fille de Henri
de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, et de Charlotte-Suzanne de Gramont,
mariée à Vienne le 30 novembre 1684 et morte dans l’hôtel de Soissons à Paris
[Ier, détruit en 1748] le 22 novembre 1714, âgée de 51 ans ;
François-Marie de La Vieuville, abbé de Savigny en 1676, mourut à Paris le 3
avril 1689 et fut enterré aux Minimes ; Jean de La Vieuville, bailli de
l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, commandeur des commanderies du temple de La
Rochelle [Charente-Maritime] et d’Étrépigny [Ardennes], nommé en 1712
ambassadeur de la religion de Malte en France, fit donation à son père de tous
ses biens provenant de la succession de sa mère et de sa grand-mère maternelle
moyennant une pension annuelle de 3.600 livres et une somme de 6.000 livres
pour sa rançon s’il venait à être pris par les infidèles, mourut à Paris le 26
octobre 1714 et fut enterré aux Minimes ; Barbe-Françoise de La Vieuville,
abbesse de Notre-Dame de Meaux [Seine-et-Marne] sur la démission de sa tante, s’en
démit après plusieurs années pour embrasser la grande réforme de l’Ordre de
Saint-Benoît dans l’abbaye du Val-de-Gif [Gif-sur-Yvette, Essonne, détruite en
1791], où elle mourut simple religieuse le 17 mai 1721 ;
Marie-Henriette-Thérèse de La Vieuville, née le 6 septembre 1654, morte
religieuse dans l’abbaye de Notre-Dame de Meaux ; Charlotte-Françoise de
La Vieuville, née le 15 août 1655, sortit de l’abbaye de Notre-Dame de Meaux
pour embrasser l’étroite réforme de l’Ordre de Saint-Bernard dans l’abbaye des
Clairets [Mâle, Orne, détruite en 1791] ; N… de La Vieuville, décédée le 7
mai 1667, âgée de 9 mois et enterrée aux Minimes ;
Gillonne-Catherine-Césarine de La Vieuville, morte le 9 mai 1668, âgée de 2
ans, 5 mois et 13 jours, enterrée aux Minimes.
Par suite de la mort prématurée
de son frère aîné, Charles [II] de La Vieuville devint le chef de famille et
reçut à son mariage l’hôtel familial de la rue Saint-Paul.
Il vendit le château et la terre
de Chailvet à Claude Parat († 1670), secrétaire du Roi, le 29 mai 1666. Le 10
septembre 1668, eut lieu un échange entre Charles [II] de La Vieuville et son
frère, l’évêque de Rennes, aux termes duquel ce dernier cédait plusieurs
grandes terres sises en Berry contre ledit hôtel de la rue Saint-Paul et les
petites terres de Landricourt [Marne], Champaubert [Marne], Saint-Remy-en-Bouzemont
[Marne], le tout dépendant de la baronnie d’Arzillières, et le bois de Han,
rattaché à Champaubert. Les dispositions testamentaires de l’évêque ayant fait
redevenir Charles [II] propriétaire de l’hôtel, celui-ci passa, lors de son
décès, entre les mains de son fils René-François de La Vieuville.
René-François, marquis de La Vieuville, né le 18 février 1652, ne put recueillir le titre ducal de son père, les lettres patentes n’ayant jamais été enregistrées. Il fut gouverneur et lieutenant général du haut et bas Poitou, du Loudunois et du Châtelleraudois en 1677, gouvernement qu’il céda en 1717 au prince de Conti moyennant 100.000 livres et la jouissance, sa vie durant, des revenus de cette charge. Veuf d’Anne-Lucie de La Mothe-Houdancourt le 22 février 1689, épousée le 12 janvier 1676 à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines] et morte à Versailles [Yvelines] de la petite vérole, il se remaria dès le 30 juin 1689 à Paris avec Marie-Louise de La Chaussée d’Eu, fille du comte d’Arrest [Somme], devenue dame d’atour de la duchesse de Berry en 1710, morte à Paris d’un cancer du sein le 10 septembre 1715, et épousa en troisièmes noces, à Paris, le 20 avril 1716, Marie-Thérèse de Froulay, veuve de Claude Le Tonnelier de Breteuil depuis 1698, fille de Charles, comte de Froulay [Mayenne], chevalier des Ordres du Roi, et d’Angélique de Baudéan de Parabère. Le 31 mai 1719, il fut à l’extrémité, la gangrène commença à paraître le 4 juin, il mourut le 9 juin 1719 et fut inhumé aux Minimes. Du premier lit, il laissa : Louis, marquis de La Vieuville, né le 28 août 1677, filleul de Louis XIV et de la Dauphine, Marie-Anne-Christine-Victoire de Bavière, qui fit plusieurs campagnes de Flandre et d’Allemagne, et se maria en 1720 avec Marie-Pélagie Toustain-Daix (1676-1721), et en 1722 avec Marie-Madeleine Fouquet (1686-1749), fille du marquis de Belle-Isle, mourut à Saint-Germain-en-Laye [Yvelines] le 18 juillet 1732, laissant deux fils de sa seconde union ; Charles-Emmanuel de La Vieuville, né le 1er novembre 1679, nommé en 1721 à l’abbaye de Notre-Dame de L’Absie [Deux-Sèvres], mort en 1730 ; Marie-Thérèse morte dans sa troisième année en 1684 et inhumée aux Minimes ; Marie-Anne-Thérèse, née le 6 février 1683, mariée en 1709 à Hector de Fay, marquis de La Tour-Maubourg, morte en 1714 au château de La Garde [Saint-Thomas-la-Garde, Loire]. Du deuxième lit étaient issus : une fille morte en 1692, âgée de deux ans et enterrée aux Minimes ; René-Jean-Baptiste de La Vieuville, né le 15 septembre 1691 et décédé le 29 novembre 1761, colonel d’infanterie en 1706, colonel du régiment du duc de Berry en 1714, marié le 26 août 1719 avec Anne-Charlotte de Creil ;
Marie-Madeleine de La Vieuville, par Nicolas de Largillière (1714) New York, Sotheby's, 27 janvier 2022 : 1.230.000 $ |
Marie-Madeleine de La Vieuville, née en 1693, qui épousa le 8 juin 1711 César de Baudéan, marquis de Parabère, « évaporée qui boit jour et nuit comme un sonneur » selon la mère du Régent, et dont le nom figura dans les désordres de la Régence ; Charles-Louis-Marie de La Vieuville, né à Paris le 20 août 1697, colonel d’infanterie en 1713, gouverneur en survivance des ville et château de Fontenay-le-Comte en 1717, guidon des gendarmes-dauphin en 1719. Il n’eut point d’enfant de sa dernière femme, qui mourut le 19 juin 1740.
La bibliothèque de René-François de La Vieuville, dont l’inventaire fut fait par Charles-Étienne Hochereau (1685-1724), libraire quai des Augustins, près le pont Saint-Michel, à l’enseigne du Phénix, fut vendue en 1720, sans catalogue.
La dentelle « à La
Vieuville », qui orne les plats d’une large bordure faite de petits
compartiments disposés parallèlement aux bords des plats, reliés entre eux et frappés
alternativement d’une fleur de lys et d’une couronne, sauf aux angles où
apparaissent des animaux, semble avoir été créée pour Jean de La Vieuville,
dont les armes sont poussées sur certaines reliures et dont une partie des
livres a pu revenir à son frère aîné.
Photographies BnF |
Bien advise mal advise. Paris, Anthoine Vérard, 1496-1497. Acheté 1.001 livres à la vente de 1720 par Étienne Hallée († 1741), secrétaire du Roi, qui le donna à Chastre de Cangé le 1er décembre 1725. Bibliothèque nationale de France.
Photographies B. M. Lyon |
Les Triumphes Petrarcque. Paris, Denys Janot, [à la fin :] 1538, in-12, mar. br., triple filet doré, chiffre VV croisé couronné du marquis de La Vieuville au centre des plats, avec couronne aux angles, dos orné. Lyon, Bibliothèque municipale, Rés. 391713.
SEnsuit la Resurrectiõ de nostre
seigneur Jesuchrist par personnaiges. Paris, [Alain Lotrian], 1539, in-4 goth.,
mar. brun olivâtre, large encadrement d’une riche dent. à La Vieuville,
composée de compartiments ornés alternativement d’une couronne entre deux étoiles
et d’une fleur de lis, avec un soleil à visage humain dans les angles, dos orné
bicolore avec un compartiment sur deux mosaïqué de mar. r., roulette sur les
coupes et à l’intérieur, tr. dor. sur marbrure (Boyet). Paris, Hôtel du Louvre,
9 décembre 2013 : 15.000 €
Les Apophthegmes, c’est a dire
promptz subtilz & sententieulx ditz de plusieurs Roys, chefz d’armee,
philosophes & autres grans personnaiges tant Grecz que Latins. Paris, s. n.
[Charlotte Guillard], 1543, in-16, mar. olive, dent. dorée en encadrement,
armes de Jean de La Vieuville au centre, dos orné, doublures et gardes de
papier à fond doré, tr. dor. sur marbrure. Paris, Alde, 11 juin 2018 :
2.600 €
La Plaisante, et Ioyeuse Histoyre
du grand Géant Gargantua. [Suivi de :] Second livre de Pantagruel, roy des
Dipsodes, restitué à son naturel. Valence [Genève], Claude La Ville, 1547,
in-16, mar. olive souple à petits rabats, titre en lettres dorées sur le plat
sup., dos long, doré et orné du chiffre du marquis de La Vieuville, fait de
deux « V » entrelacés surmontés d’une couronne et longtemps
interprété à tort comme le chiffre de Sully. Paris, Bibliothèque Mazarine, Rés.
22204A.
Les
Comptes du monde adventureux. Par A. D. S. D. Paris, Robert Le Mangnier, 1565,
in-16, mar. r., dent. dor. en encadrement, armes de Jean de La Vieuville au
centre, dos orné de vasques fleuries dorées, roulette int., doublure et gardes
de papier d’Augsbourg, tr. dor. Paris, Alde, 6 juin 2013 : 1.800 €
Funérailles
& diverses manières d’ensevelir des Rommains, Grecs, & autres nations,
tant anciennes que modernes, descrites par Claude Guichard. Lyon, Jean de
Tournes, 1581, in-4, titre encadré et 36 fig., mar. noir, dos à nerfs richement
orné à petits fers, filets et dentelle dorés encadrant les plats, armes de Jean
de La Vieuville au centre, coupes et bordures int. décorées, tr. dor. sur
marbrure. Paris, Drouot, 4 novembre 2011 : non vendu.
Photographie B. M. Orléans |
Photographie BnF |
Photographie B. M. Angers |
Ceremonies observées au sacre et coronement du Tres-chrestien et Tres-valeureux Henry IIII. Roy de France & de Navarre. Paris, Jamet Mettayer et Pierre L’Huillier, 1594. – La Navarre en dueil [sic]. Par le Sieur de L’Ostal. Rouen, Jean Petit, 1611. – Panegyricus Henrico IIII. Francor. et Navar. regi christianiss. Invictiss. Clementiss. dictus, Ab H. Monantholio. Lutetiæ, Federicum Morellum, 1594. Trois ouvrages en 1 vol. in-8, mar. r., triple filet doré, chiffre VV croisé couronné du marquis de La Vieuville au centre des plats, répété sans couronne aux angles, dos orné alternant compartiments en mar. r. mosaïqué en mar. bleu, portant le titre et le même chiffre répété entre les nerfs, roulette sur les coupes et à l’int., tr. dor. sur marbrure (Boyet). Paris, hôtel du Louvre, 9 décembre 2013 : 4.200 €
Doublure |
La Plaisante, et Ioyeuse Histoyre du grand Géant
Gargantua. [Suivi de :] Second livre de Pantagruel, roy des Dipsodes,
restitué à son naturel. [Suivi de :] Tiers livre des faictz, et dictz
héroïque du noble Pantagruel. [Suivi de :] Le Quart Livre des faictz &
dictz héroïque du noble Pantagruel. Valence [Genève],
Claude La Ville, 1547-1548 [v. 1600], 4 parties en 2 vol. in-16, 166
vignettes, mar. r., dos à quatre nerfs richement ornés à petits fers, large
dent. dor. « à La Vieuville », encadrant les plats avec armes de
Louis-Urbain Le Fèvre de Caumartin (1653-1720) au centre, coupes décorées,
doublures de mar. r. encadrées d’une roulette, de deux filets et d’une large
dent. fleurdelisée dorés, tr. dor. sur marbrure (Boyet). Relié pour Jean de La
Vieuville et acquis par Caumartin qui fit dorer ses armes sur la reliure. Avec
l’ex-libris armorié gravé de Caumartin. Paris, Drouot, 14 décembre 2018 :
60.660 €
Chroniques
d’Enguerran de Monstrelet gentil-homme iadis demeurant à Cambray en Cambrésis.
Contenans les cruelles guerres civilles entre les maisons d’Orléans & de
Bourgongne. Paris, Marc Orry, 1603, 3 tomes en 2 vol. pet. in-fol., mar. noir,
armes de Jean de La Vieuville au centre, dans un encadrement à la Duseuil, dos
à nerfs orné, roulette int., tr. dor. sur marbrure, gardes de pap. dominoté à
décor floral imprimé à l’or sur fond rouge. Paris, Christie’s, 29 avril
2013 : 10.000 €
Les Nouvelles Récréations et Ioyeux Devis de Bonavanture des Périers Varlet de Chambre de la Royne de Navarre. Rouen, David du Petit Val, 1615, pet. in-12, mar. grenat, dos à nerfs doré, fine dentelle dorée encadrant les plats avec armes de Jean de La Vieuville au centre, coupes ornées, roulette int. dorée, doublures et gardes de papier pourpre doré, tr. dor. Paris, Drouot, 6 novembre 2020 : 1.500 €
Le Nouveau Panurge avec la Navigation en l’Isle imaginaire. La Rochelle [i. e. Tournon], Michel Gaillard, s. d. [v. 1615], mar. r. souple à petits rabats, triple filet d’encadrement avec fleurette aux angles, titre en lettres dorées sur le plat sup., dos long, doré et orné du chiffre du marquis de La Vieuville, fait de deux « V » entrelacés surmontés d’une couronne et longtemps interprété à tort comme le chiffre de Sully, et du fer au soleil, tr. dor. Paris, Drouot, 8 juillet 2020 : 21.304 €
Fer de reliure de Charles [I] de La Vieuville Photographie Mikaelbuhe |
Histoire
romaine, contenant tout ce qui s’est passé de plus memorable depuis le
commencement de l’empire d’Auguste iusques a celuy de Constantin le Grand. Par
R. P. en Dieu F. N. Coeffeteau. Paris, Sebastien Cramoisy, 1623. Aux armes de
Charles [I] de La Vieuville.
Les Métamorphoses, ou l’Asne d’or de L. Apulée philosophe platonicien. Paris, Nicolas et Jean de La Coste, 1648. – Commentaires sur la Métamorphose de l’asne d’or de L. Apulée. Paris, s. n., 1648. 2 vol. in-8, titre gravé et 16 fig. gravées par Briot d’après Crispin de Passe, mar. noir, large bordure autour des plats, dite « dentelle à La Vieuville », armes de René-François de La Vieuville au centre, dos orné, roulette int., tr. dor. (Luc-Antoine Boyet). Paris, Drouot, 16 novembre 2016 : 9.525 €
Les Métamorphoses d’Ovide Traduites en Prose Françoise. Paris, Augustin Courbé, 1651. – Le Iugement de Pâris. Paris, Augustin Courbé, 1651. 2 vol. in-fol., réglés, fig. de Matheus, J. Briot et autres, culs-de-lampe et en-têtes gravés par Chauveau, mar. r., dent., dos orné, doublé de mar. r., large dent. int., tr. dor. (Boyet). Dans la large dentelle sur les plats, on trouve aux angles, quatre soleils ; puis un cerf couché, un cerf passant, un lion et un coq, aux angles aussi ; avec une bordure alternée de fleurs de lys et de couronnes de marquis. Paris, Auguste Fontaine, 1872 : 1.000 fr. [Exemplaire de Lord Stuart de Rothesay, 1870, n° 500]
Les
Mémoires de Messire Michel de Castelnau, seigneur de Mauvissière. Par I. Le
Laboureur. Paris, Pierre Lamy, 1659, 2 vol. in-fol., portr., large dent. dor.
d’encadrement sur les plats, armes de Jean de La Vieuville au centre, dos à
nerfs orné, roulette dorée sur les coupes et int., tr. dor. sur marbrure.
Paris, Librairie Amélie Sourget, 2019.
Antonius
de Arena Provençalis de Bragardissima Villa de Soleriis. S. l., s. n., 1670,
in-12, veau marbré, dos orné à nerfs, super ex-libris de Jean de La Vieuville
sur le premier plat, tr. mouchetées. Paris, Librairie Henri Bonnefoi :
2.300 €
Les
Voyages de Jean Struys, En Moscovie, en Tartarie, en Perse, aux Indes, & en
plusieurs autres païs étrangers. Par Monsieur Glanius. Amstredam [sic], Veuve
de Jacob van Meurs, 1681, in-4, front., fig., pl. et carte, mar. r., large
dent. « à La Vieuville », super ex-libris sur le plat sup. Paris,
Bibliothèque nationale de France.
Histoire
de Charles IX. Par le Sieur Varillas. Paris, Claude Barbin, 1686-1685, 2 vol.
in-4, mar. r., roulette dorée en encadrement, armes de René-François de La
Vieuville au centre des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée int., tr. dor.
Paris, Favart, 7 avril 2016 : 2.000 €
Explication
litterale de l’epistre de Saint Paul, aux Romains. – Explication litterale des
epistres de Saint Paul, a Philemon et aux Hebreux. Paris, Guillaume Desprez,
1688, 2 vol. in-8, mar. r., large bordure dorée « à La Vieuville »,
flanquée de deux roulettes fleurdelisées, composée d’une succession de
compartiments où alternent couronnes, oiseaux et soleils, dos à nerfs ornés de
petits fers dorés, doublure de mar. r. bordée d’une large dentelle dorée, tr.
dor. (Boyet). Paris, Sotheby’s, 17 novembre 2022 : 17.640 €
Les Œuvres de Monsieur de Molière. Paris,
Denys Thierry, Claude Barbin et Pierre Trabouillet, 1697, 8 vol. in-12, 30
fig., maroquin rouge, dos à nerfs richement ornés, large roulette dorée
encadrant les plats, armes dorées de Jean de La Vieuville au centre, coupes et
bordures intérieures décorées, tranches dorées sur marbrure. Paris, Drouot, 11
décembre 2015 : 39.000 €
Avantures
de Telemaque, fils d’Ulysse, ou Suite du quatriéme livre de l’Odyssée d’Homere.
Par Monseigneur François de Salignac, de la Mothe Fenelon. La Haye, Adrian
Moetjens, 1708, in-12, veau blond, super ex-libris de Jean de La Vieuville sur
le plat superieur, dos orné, roulette int., tr. dor. sur marbrure. Paris,
Drouot, 1er juillet 2020.
Après René-François de La Vieuville, ce fut son fils aîné, Louis, marquis de La Vieuville, qui remplaça son père, par substitution, dans la propriété du logis de la rue Saint-Paul. Après son décès, ce fut le frère puîné qui profita de la substitution : René-Jean-Baptiste de La Vieuville devint marquis et fut le dernier de sa Maison à posséder l’hôtel de la famille, qui était loué depuis 1728. Demeurant alors rue d’Enfer [Ve, supprimée en 1859], René-Jean-Baptiste de La Vieuville vendit l’hôtel, le 18 mai 1741, à Jean Chiquet, écuyer, conseiller-secrétaire du Roi, Maison et couronne de France, et de ses finances, moyennant la somme de 160.000 livres.
L’église des Minimes fut démolie
en 1798 : les ossements des membres de la famille de La Vieuville furent
dirigés dans les catacombes de Paris.
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