La reproduction des articles est autorisée à condition d'en citer l'origine.
Baphomet (Eliphas Lévi. Dogme et rituel de la haute magie, t. II, 1856) |
Sous l’influence du philosophe Alphonse-Louis Constant (1810-1875), plus connu sous le pseudonyme de « Éliphas Lévi » [Alphonse Louis, en hébreu], des littérateurs tentèrent de rénover le spiritualisme catholique en le reliant à l’occultisme et au rosicrucianisme.
Le
docteur Gérard Encausse (1865-1916), dit « Papus », apporta une
synthèse nouvelle, annoncée par son Traité élémentaire de science occulte
(Paris, Georges Carré, 1888) ; sa revue L’Initiation (1888-1914)
accueillit les principaux représentants des écoles occultistes et des milieux
littéraires du symbolisme.
Trois librairies constituèrent
des centres de diffusion dont put disposer le mouvement occultiste.
La Librairie Générale des Sciences Occultes
Carte des Cassini (1756-1789) |
La famille Chacornac, originaire
du village du même nom [Haute-Loire], est passée au village de Costaros
[Haute-Loire] au XVIIe siècle, puis aux villes
du Puy-en-Velay [Haute-Loire] et d’Alais [Alès depuis 1926, Gard] au XIXe siècle,
avant de s’installer à Paris.
En 1821, les villages de
Chacornac, de L’Herm, de Costaros et la ferme de Nirandes furent réunis à la
commune de Cayres [Haute-Loire].
Pierre Chacornac, né à Costaros
le 15 septembre 1694, fils de Claude [I] Chacornac et de Jeanne Martel, mariés
à Costaros le 19 février 1686, a épousé à Costaros, le 26 juin 1728, Marguerite
Chancelade, née le 6 août 1696 au lieu-dit Bonnefont, sur la commune de
Séneujols [Haute-Loire], fille de Martin Chancelade, laboureur, et de Catherine
Redon.
Claude [II] Chacornac, né à
Costaros le 28 juillet 1729, a épousé, le 1er mars 1756 à Costaros,
Isabeau Engles, baptisée à L’Herm le 20 mars 1736.
Antoine Chacornac, aubergiste, né
à Costaros le 25 avril 1776 et décédé au Puy-en-Velay le 14 février 1835, a
épousé Antoinette Grenier, décédée au Puy-en-Velay le 11 juillet 1839, âgée de
58 ans.
Clément-Cyprien Chacornac, né le
19 janvier 1821 au Puy-en-Velay, partit à Alais en 1838 pour devenir ouvrier
relieur : le 29 mai 1843, il y épousa Rosalie Dumas, née à Alais le 2
septembre 1823, puis s’installa à Saint-Ambroix [Gard]. Monté à Paris avant
1870, il exerça la reliure 33 rue des Noyers [supprimée lors du percement du boulevard
Saint-Germain, Ve], puis 3 rue Jean-de-Beauvais [Ve].
Veuf depuis le 29 janvier 1882, il mourut à Paris [Xe] le 30 janvier
1887, à la Maison municipale de Santé, 200 rue du Faubourg Saint-Denis [Hôpital
Fernand Widal depuis 1959].
Henri Chacornac |
Henri [I] Chacornac est né à
Saint-Ambroix le 16 juillet 1855. D’abord relieur chez son père où il habitait,
il épousa, le 24 juillet 1880, à Paris [XVIIIe],
Marie-Pauline-Élisabeth Lermina, née le 16 juin 1859 à Paris, 14 rue Lepic [XVIIIe],
fille de Jules-Hippolyte Lermina (1839-1915), homme de lettres intéressé par
les sciences occultes, et de Marie-Leslie Lewis, mariés à Paris le 23 avril
1857. Le couple s’installa 38 boulevard Saint-Germain [Ve]
où naquirent Henri [II], le 8 mars 1883, et Paul, le 29 septembre 1884.
Dans Lutèce, juin 1884 |
En 1883, Henri [I] Chacornac vint s’établir libraire 21 quai Montebello [Ve], tout contre l’annexe de l’Hôtel-Dieu, devant le Pont au Double, dans une baraque en bois portative, dite « baraque Collet » [inventée en 1865 par Gustave Collet], à l’enseigne de la « Bouquinerie Montebello ».
Dans Lutèce, décembre 1884 |
À la fin de l’année
suivante, il s’installa définitivement au 11 quai Saint-Michel [Ve], à l’angle de la rue du Chat qui Pêche,
près de l’éditeur Léon Vanier (1847-1896), qui était au numéro 19. Ses cinq
autres enfants y naquirent : Antoinette-Marie, le 25 août 1886 ; Maurice-André,
le 18 juillet 1888 ; Louis, le 25 novembre 1889 ; Jeanne [1ère
jumelle] et Pauline [2e jumelle], le 1er octobre 1893.
Bibliothèque Chacornac Photographie par Charles Lansiaux (2 mai 1917). Musée Carnavalet |
À l’instar de la « Bibliothèque Charpentier », fondée en 1838 par Gervais Charpentier (1805-1871), Henri [I] Chacornac créa en 1889 la « Bibliothèque Chacornac »
Photographie Librairie Les Portes Sombres |
et édita les fantaisies de Jules Lermina (A brûler, conte astral),
Barbey d’Aurevilly (Les Vieilles Actrices – Le Musée des Antiques)
et les divagations de Théodore Tiffereau, natif de Sainte-Radegonde-des-Noyers [Vendée] (L’Or et la Transmutation des métaux).
Dans Feuilleton du journal général de l'imprimerie et de la librairie, 21 mars 1891 |
En mars 1890, Henri [I] Chacornac
fit paraître son premier catalogue d’ouvrages anciens et modernes relatifs aux
sciences hermétiques. Ce fut à cette époque qu’il fit la connaissance de
l’alchimiste consciencieux Albert Poisson (1868-1893), dont il publia Cinq
traités d’alchimie des plus grands philosophes, traduits du Latin en
Français.
En 1898, Henri [I] Chacornac reprit
l’édition de la collection « Bibliothèque Rosicrucienne » de Lucien
Chamuel (1867-1936), dont la direction fut confiée à René Philipon (1869-1936),
châtelain de Vertcœur [Milon-la-Chapelle, Yvelines], collaborateur de la revue
mensuelle L’Initiation sous le pseudonyme de « Jean Tabris ».
En décembre 1901, Henri [I] Chacornac fit l’acquisition des livres du
fonds de sciences occultes de la « Librairie du Merveilleux » de Chamuel.
Ce fut alors que Chacornac qualifia sa librairie de « Librairie Générale
des Sciences Occultes ». Le premier catalogue raisonné parut en 1903, le
second, illustré, en 1906.
Photographie Librairie Clagahé |
De 1904 à 1906, Chacornac édita
la revue mensuelle éphémère La Science astrale, dirigée par « F.-Ch.
Barlet », pseudonyme de Albert Faucheux (1838-1921).
En 1905, Chacornac reprit
l’édition de la revue hebdomadaire, puis mensuelle, Le Voile d’Isis,
fondée par « Papus » et éditée de 1890 à 1898 par Chamuel, dont la
publication avait été interrompue.
Décoré des Palmes académiques en
mars 1907, Henri [I] Chacornac s’éteignit le 27 mai 1907, en son domicile du 11
quai Saint-Michel. Marie-Pauline-Élisabeth Lermina mourut le 30 décembre 1922,
en son domicile du 15 rue Monge [Ve].
Albert-Firmin Chacornac, frère aîné de Henri [I] Chacornac, né à Alais le 16 octobre 1849, imprimeur-lithographe 2 rue des Carmes [Ve], puis 24 rue Serpente [VIe], avait épousé, le 5 septembre 1874 à Paris [VIIe], Adèle-Jeanne Tapin, née à Paris le 15 décembre 1851. Il décéda en son domicile, 9 rue Saint-Sulpice [VIe], le 27 avril 1916 ; sa veuve mourut le 8 décembre 1941.
Paul Chacornac |
Ex-libris [88 x 68 mm] de Paul Chacornac, par Henry Chapron Photographie BnF |
Les trois frères Chacornac
succédèrent à leur père Henri [I] Chacornac. Ils furent les éditeurs de
« Papus », de Paul Choisnard (1867-1930) et de René Guénon
(1886-1951).
Henri [II] Chacornac mourut pour
la France le 15 juillet 1916, à Biaches [Somme].
Louis Chacornac, champion
cycliste, passa trois ans dans les tranchées et un an dans l’aviation pendant
la Première Guerre mondiale, et fut l’auteur de plusieurs ouvrages signés
« Baglis » ; croix de guerre, médaille militaire, officier de
l’Instruction publique, époux de Stella Berti le 28 mai 1924 à Paris [Ve],
il décéda le 9 avril 1955, en son domicile, 15 rue Monge [Ve].
Photographie Gösta Wilander (1960). Musée Carnavalet |
Après la Seconde Guerre mondiale, les « Éditions Traditionnelles » succédèrent à la « Librairie Générale des Sciences Occultes ». En 1958, André-Alfred Villain, né à Thury-sous-Clermont [Oise] le 7 octobre 1898 et décédé le 14 mars 1985 à Clermont [Oise], reprit les « Éditions Traditionnelles » à Paul Chacornac, réglant ainsi le passif du vieil éditeur, qui put conserver l’usage de son bureau.
Paul Chacornac, domicilié 15 rue
Monge, prématurément veuf depuis le 1er août 1933 de
Germaine-Eugénie-Charlotte Goumy, qu’il avait épousée le 7 août 1920 à Paris
[XVIIIe], mourut le 8 mars 1964 à l’Hôpital Cochin, 27 rue du
Faubourg Saint-Jacques [XIVe].
La Librairie du Merveilleux
Originaires de la ville d’Orange
[Vaucluse], les Chamuel furent victimes d’un lapsus calami [« Samuel »]
de la part du curé qui tenait les registres paroissiaux, jusqu’à la fin du XVIIIe
siècle.
François Chamuel et Françoise
Feste, décédés à Orange, respectivement le 26 août 1681 à environ 50 ans, et le
14 janvier 1670 à 52 ans, furent inhumés dans l’église des Carmes ; ils
s’étaient mariés le 29 avril 1651.
Esprit Chamuel, baptisé à Orange
le 9 avril 1656, épousa Antoinette Sauvant le 21 février 1683.
Jean-Baptiste Chamuel, baptisé à
Orange le 7 mars 1690, épousa, le 13 janvier 1715, Jeanne-Rose Artaud, baptisée
le 16 janvier 1690, décédée le 19 octobre 1743 et inhumée dans l’église des
Carmes.
Michel Chamuel, fabricant de
petites étoffes, puis géomètre, né à Orange le 27 novembre 1715 et inhumé à
Orange le 1er juillet 1785, épousa à Beaumes-de-Venise [Vaucluse],
le 18 septembre 1742, Jeanne-Ursule Nouvène, baptisée à Beaumes-de-Venise le 19
juillet 1719 et décédée à Orange le 20 décembre 1790.
Michel-Eutrope Chamuel, instituteur,
puis officier de santé, né à Orange le 5 octobre 1755 et mort à Montpellier [Hérault]
le 8 décembre 1823, a épousé Marie-Élisabeth Benoît, née le 10 avril 1776 à
Valréas [Vaucluse] et décédée le 6 septembre 1841 à Orange.
Jean-Michel Chamuel, maçon, né
le 17 brumaire An XIV [8 novembre 1805] à Domazan [Gard] et décédé à Marseille
[Bouches-du-Rhône] le 9 février 1877, épousa à Orange, le 19 mars 1834,
Marie-Anne-Henriette Marie, née à Orange le 16 février 1816 et décédée à
Marseille le 7 juillet 1895.
Lucien Chamuel, né le 6 janvier
1835 à Orange, où il fut clerc de notaire, épousa le 25 septembre 1861, à La
Roche-sur-Yon [Vendée], où il devint conducteur des Ponts-et-Chaussées,
Angelina-Marie-Louise Plessis, née et morte à La Roche-sur-Yon, respectivement
les 10 avril 1838 et 6 août 1867. Lucien Chamuel mourut à Paris [XIVe]
le 18 avril 1913.
Joseph-Michel-Lucien Chamuel |
Joseph-Michel-Lucien Chamuel
naquit à Napoléon [La Roche-sur-Yon] le 26 juillet 1867. Après des études de
droit, Lucien Chamuel fonda en 1887 la « Librairie du Merveilleux »,
29 rue de Trévise [IXe]. Elle fut la grande maison d’édition des
textes publiés par « Papus » et ses amis, et servit de support, à
partir de 1890, aux activités du « Groupe Indépendant d’Études Ésotériques
de Paris ».
Chamuel adopta le pseudonyme « Lucien
Mauchel » quand il signa son poème « Le Feu », dans la revue L’Initiation
(N° 8, mai 1889, p. 163), fondée par « Papus » en octobre 1888.
Le suivisme fait parfois écrire des élucubrations ridicules ; quand l’auteur est de l’Académie française, on se gausse :
« Chamuel ne s’appelait pas Chamuel, mais Mauchel comme vous et moi, ou peu s’en faut. Simplement Mauchel, cela ne sonnait pas mystique, hypnotiste ou spirite. Cela pouvait à la rigueur dénoter la Vendée dont il était originaire, mais au diable la Vendée ! Lui s’épanouissait dans des paysages kabbalistiques.
Il eut de la
chance : de Mauchel à Chamuel, il n’y avait que quelques lettres à
permuter. Ah, le bonheur providentiel des anagrammes ! Du coup, le pauvre
Mauchel pouvait, tout comme le plomb se transmue en or, devenir Chamuel –
Chamuel l’archange, le nom de l’archange qui cherche Dieu et qui aperçoit Dieu,
l’archange qui est en quelque sorte le Gardien des Voies. Tout était
dit. »
(Frédéric Vitoux. Grand
Hôtel Nelson. Paris, Fayard, 2010)
Le 14 octobre 1893, à Paris [IXe], Chamuel épousa Marie-Catherine-Stéphanie Gobineaux, née le 1er septembre 1870 à Brouchy [Somme] ; ils divorcèrent le 5 août 1901.
La librairie déménagea en 1895
au 79 rue du Faubourg-Poissonnière [IXe], près la rue Lafayette,
puis en 1896 au 5 rue de Savoie [VIe].
En 1897, Chamuel commença à éditer la collection « Bibliothèque Rosicrucienne », dont la marque ovale [64 x 45 mm] représente un phénix aux ailes déployées, les pattes dans un foyer ardent, surmonté des lettres « I.N.R.I. » [Igne Natura Renovatur Integra : La Nature se renouvelle dans son intégrité par le feu. Interprétation de l’acronyme originel Iesus Nazarenus Rex Iudæorum : Jésus le Nazaréen roi des Juifs].
Parfois prise à
tort pour un ex-libris de Stanislas de Guaita (1861-1897), cette marque fut
utilisée comme ex-libris par René Philipon (1869-1936), dans l’attente de pouvoir
utiliser celui réalisé par José de Andrada en 1917, représentant une licorne
enjambant les flots, avec la devise grecque « ΦΙΛΘΣ ΠΘΝΤΘΥ. » [Amoureux de la mer], jeu de
mots sur le nom de Philipon.
En décembre 1901, Chamuel vendit
le fonds de la « Librairie du Merveilleux » à Henri [I] Chacornac et
déménagea sa librairie du 5 au 3 rue de Savoie, laissé vacant par les libraires
associés Pierre Deullin et Auguste Jacquot.
Pierre Deullin était né à Pierry
[Marne] le 26 mars 1873, et avait épousé à Paris [IXe], le 31 mai
1900, Louise-Suzanne-Irène Encausse, sœur de « Papus », née à Paris
le 7 juin 1875. Marie-Auguste Jacquot était né le 8 décembre 1873 à Dijon
[Côte-d’Or], et avait épousé à Paris [VIe], le 27 décembre 1900, Pauline-Laure
Bardon, née à Lyon [IIIe] le 14 décembre 1875.
Le 27 février 1902, à La
Roche-sur-Yon, Chamuel épousa en secondes noces Marie-Louise Jégou, veuve
depuis 1898, née à Carhaix [Finistère] le 13 septembre 1871.
Pierre Dujols. Coll. priv. |
La librairie fut transférée au
76 rue de Rennes [VIe] en 1909. Elle fut reprise par Pierre Dujols
et son associé Ernest-Alexandre Thomas : mais ce dernier, né le 29 août
1875 à Condé-lès-Vouziers [Ardennes], fils de Jules-Arthur Thomas, vannier, et
de Marie-Céline Moutarde, mourut pour la France dès le 11 novembre 1914, à
Champlon [Meuse].
Pierre Dujols, qui prétendait
descendre des Valois, était né le 22 mars 1862 à Lasserre, lieu-dit sur la commune
de Saint-Illide [Cantal], fils de François Dujols, cordonnier, et de Toinette
Lapeyre. Il fit ses études chez les Jésuites à Aix-en-Provence
[Bouches-du-Rhône], et devint journaliste à Marseille, puis à Toulouse [Haute-Garonne].
Il monta à Paris [VIe], où il épousa, le 30 juin 1896, Marie-Louise
Charton, née à Hennebont [Morbihan] le 2 février 1868, fille de Nicolas-Joseph
Charton et de Caroline-Perrine Le Roux ; le jour de leur mariage, les
époux reconnurent Marguerite-Ernestine-Marie, née à Lyon [Rhône] le 8 avril
1888.
Le 15 juillet 1913, la « Librairie du Merveilleux » fut transférée 43 rue de Fleurus [VIe], près du Luxembourg, puis vendue en 1916.
Tombe de Pierre Dujols et de Marie-Louise Charton |
Dujols décéda le 19 avril 1926, en son domicile du 47 rue Denfert-Rochereau [Ve, rue Henri Barbusse depuis 1946] et fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine [Val-de-Marne, division 15] ; Marie-Louise Charton mourut le 8 octobre 1954, 28 boulevard Raspail, à Paris [VIIe].
Outre ses notices
bibliographiques, Pierre Dujols laissait, sous le pseudonyme de « Magophon »
[Message des Mages], l’hypotypose explicative qui précède la réédition d’après
l’original du Mutus Liber, sous le titre Le Livre d’images sans
paroles (Paris, Émile Nourry, 1914, 285 ex. numérotés et paraphés par
l’éditeur, 10 ex. H. C.).
La Librairie de l’Art Indépendant
Ancien communard, qui se vantait
d’avoir tiré le dernier coup de feu au Père Lachaise, compositeur de musique et
administrateur du journal hebdomadaire illustré La Musique des familles,
Henri-Edmond Limet, dit « Edmond Bailly », était né à Lille [Nord], 9
rue Saint-Sébastien, le 19 juin 1850. Il était le fils de Victor-Félix Limet,
serrurier, enfant naturel de Victoire-Félicité Limet (° 1804), né à Aubenton
[Aisne] le 1er octobre 1823, et de Marie-Jeanne-Florence Bailly, née
à Rocquigny [Ardennes] le 20 avril 1820 et décédée à Paris [XXe] le
5 mai 1906.
Le 29 septembre 1881, à Paris
[XIe], Henri-Edmond Limet, employé, épousa Caroline-Louise-Adèle
Piéplu, née à Paris [Ier] le 11 juillet 1841, fille d’un employé, et
décédée le 13 décembre 1920 à Paris [XVIe].
Photographie BnF |
En 1889, il ouvrit la « Librairie de l’Art Indépendant », 11 rue de la Chaussée-d’Antin [IXe] et devint l’éditeur des poètes symbolistes. Il publia Paul Adam, Paul Claudel, Paul Fort, André Gide, Louis-Ferdinand Hérold, Joris-Karl Huysmans, Pierre Louÿs, Stéphane Mallarmé, Pierre Quillard, Henri de Régnier, Auguste de Villiers de l’Isle-Adam, Oscar Wilde et beaucoup d’autres.
Sa marque typographique,
dessinée par Félicien Rops (1833-1898), représente une sphynge [sphinx femelle]
ailée, à queue de poisson, avec la devise « NON HIC PISCIS OMNIUM » [Ce poisson
n’est pas pour tout le monde], empruntée à Denis Diderot [sous-titre des Pensées
philosophiques. Aux Indes, Chez Bedihuldgemale, 1748].
« Le directeur de la Librairie de l’Art Indépendant, située à l’entrée de la Chaussée d’Antin, où se réunissaient le ban et l’arrière-ban des Symbolistes, était une sorte de magicien vêtu de noir, les yeux protégés par des lunettes noires. Il s’appelait Edmond Bailly et avait d’abord édité des livres de théosophie et de science occulte. Un jour, il se mit en tête de publier un ouvrage de Villiers de l’Isle-Adam.
A quelque temps de là, un
courtier vient le voir et se plaint de n’en pas vendre un volume.
-
Rien d’étonnant, explique-t-il, c’est un livre
illisible.
Alors Edmond Bailly entre dans
une colère noire et chasse ce blasphémateur de sa boutique.
Un de ses amis qui a assisté à
cette scène lui demande :
-
Quel est le nom de ce personnage ?
Edmond Bailly le lui donne et
ajoute :
-
C’est mon meilleur acheteur.
-
Il reviendra, lui dit son ami pour le consoler.
-
Pensez-vous ! Il ne reviendra pas. Et
d’ailleurs, s’il revenait, je le mettrais à la porte. »
(Les Nouvelles littéraires,
artistiques et scientifiques, 20 juin 1936, p. 8)
Satie [à droite] chez Debussy (1910) |
C’est à la « Librairie de l’Art Indépendant » que Claude Debussy (1862-1918) rencontra Erik Satie (1866-1925).
La librairie déménagea 10 rue
Saint Lazare [IXe] en 1899, puis 81 rue Dareau [XIVe] en
1914. Henri-Edmond Limet mourut à Paris [XVIe] le 8 septembre 1916. Gaston-Louis-Liévin
Revel (1876-1939), né à Domfront [Orne] le 2 juin 1876, créateur du journal Le
Théosophe en 1909, racheta le fonds en 1917.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire