Joseph Bonnier, deuxième du nom, baron de La Mosson, né à Montpellier le 6 septembre 1702, avait hérité à 24 ans de la fortune et de la charge de son père, trésorier général des états de la province du Languedoc.
Il installa à Paris un cabinet de curiosités renommé, dans son hôtel du Lude, construit par Robert de Cotte, rue Saint-Dominique, constitué par des collections contenues dans neuf pièces de plain-pied : cabinet d’anatomie ; cabinet de chimie ou laboratoire ; cabinet de pharmacie ou apothicairerie ; cabinet des drogues ; cabinet du tour et des outils propres à différents arts ; premier cabinet d’histoire naturelle, contenant les animaux en fiole dans une liqueur conservative, avec quelques minéraux ; deuxième cabinet d’histoire naturelle, qui renferme les animaux desséchés, les papillons et autres insectes, les plantes, les mines, les minéraux, etc. ; cabinet de physique ou cabinet des machines avec plusieurs pièces d’artillerie, et nombre d’autres morceaux qui ont rapport aux mathématiques ; troisième cabinet d’histoire naturelle, contenant les coquilles, l’herbier, plusieurs volumes d’estampes qui la plupart ont rapport aux coquilles, et à d’autres parties de l’histoire naturelle et de la physique, ce cabinet est aussi celui de la bibliothèque. Jean-Baptiste Courtonne (1712-1781), architecte du château de Villarceaux [Chaussy, Val-d’Oise], réalisa en 1739-1740 huit planches de relevés des décors d’armoires et d’étagères réalisés par Jacques de Lajoue (1686-1761) pour le cabinet de curiosités.
Bonnier de La Mosson mourut à Paris, le 26 juillet 1744, après une vie agitée au cours de laquelle il dilapida sa fortune. Sa veuve dut faire vendre aux enchères le contenu du cabinet de curiosités, dont le catalogue fut rédigé par le marchand d’art Edme-François Gersaint (1694-1750) : Catalogue raisonné d’une collection considérable de diverses curiosités en tous genres, contenuës dans les cabinets de feu Monsieur Bonnier de La Mosson, bailly & capitaine des chasses de la varenne des Thuilleries, & ancien colonel du régiment Dauphin (Paris, Jacques Barrois et Pierre-Guillaume Simon, 1744, in-12, [6]-xiij-[3]-234-[2] p., 966 lots). Parmi les acquéreurs, on compte le naturaliste Buffon qui acheta cinq armoires d'histoire naturelle, contenant animaux desséchés, coquillages et autres collections, pour la somme de 3.000 livres, somme énorme, un garçon de laboratoire du Jardin des plantes recevait alors 200 livres par an.
La vente de la bibliothèque suivit. Le Catalogue des livres de M. Bonnier de La Mosson, trésorier des Etats de Languedoc (Paris, Jacques Barrois, 1745, in-8, [2]-118 p., 1.624 lots) ne donne généralement pour chaque numéro que le titre, auteur, lieu d’édition, date, nombre de volumes et format, sans indication complémentaire. Aucune provenance, rares « goth. », « fig. », « gr. pap. » Peu d’indications sur les reliures : « mar. r. » (numéros 671, 828, 855, 867, 871, 873, 927, 961, 963, 979, 1.037, 1.087, 1.121, 1.530 et 1.579), « mar. bl. » (numéros 99, 1.096 et 1.135), « mar. roug. » (n° 803), « mar. l. r. » (n° 315), « mar. v. » (n° 673), « mar. vert. » (n° 1.211). Quelques manuscrits.
Aucune indication sur les exemplaires qui pouvaient posséder le super ex-libris armorié de Bonnier de La Mosson, « D’azur, à sept burelles d’or, accompagnées en chef de trois gerbes liées du même mises en fasce ».
Le cousin germain de Bonnier de La Mosson, était Antoine-Samuel Bonnier, seigneur d’Alco, président de la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier. À la mort de ce dernier, son fils, Ange-Élizabeth-Louis-Antoine Bonnier, né à Montpellier le 29 septembre 1750, le remplaça
Devenu député de l’Hérault (1791-1795), à l’Assemblée législative, puis à la Convention nationale, il vota pour la mort du roi Louis XVI. Sous le Directoire, il fut chargé de missions diplomatiques et se rendit à Rastadt comme ministre plénipotentiaire. Les négociations de Rastadt venaient d’être rompues par suite du commencement de la guerre de la deuxième coalition contre la France. Les ministres plénipotentiaires français au congrès quittèrent Rastadt le 9 floréal de l’an 7 [28 avril 1799]. À peine hors de la ville, à 200 pas au-delà des faubourgs, à neuf heures du soir, ils furent assassinés et dépouillés par le régiment des hussards dit Szecklers, sur ordre du quartier-général autrichien : Ange Bonnier et Claude Roberjot restèrent morts sur la route ; Jean Debry s’échappa blessé. Bonnier et Roberjot furent enterrés le lendemain au cimetière de la ville.
Bonnier d’Alco aimait les lettres et les beaux-arts. On a de lui des poésies qui jouissent de quelque estime et des Recherches historiques et politiques sur Malte (Paris, 1798, in-8), qu’il ne faut pas confondre avec celles de Honoré de Brès qui portent le même titre (Paris, Cramer, an VII, in-8).
On lit dans l’avertissement du Catalogue des livres rares, singuliers et très-bien conditionnés, de feu le C. Bonnier, ministre plénipotentiaire de la République françoise, au congrès de Rastadt (Paris, G. Debure l’aîné, an VIII [1800], in-8, iv-180 p., 2.190 lots) :
« La Bibliothèque du Citoyen BONNIER, dont je publie aujourd’hui le Catalogue, renferme beaucoup de Livres rares & singuliers, qui sont en général très-bien conditionnés. Elle a été composée dans les Ventes les plus célèbres ; & comme le Citoyen Bonnier étoit extrêmement difficile sur le choix des Exemplaires, il laissoit rarement échapper ceux qui étoient d’une belle conservation. Chaque classe renferme des Livres très-difficiles à trouver. La partie des Sciences & Arts contient beaucoup de petits Traités sur l’Histoire Naturelle, la Médecine, &c. L’on trouve dans la partie des Belles-Lettres, qui est considérable, une très-belle suite de Poètes latins modernes, dont plusieurs ne se rencontrent que très-rarement ; des anciens Mystères, & quelques Romans de Chevalerie. Dans la classe de l’Histoire, beaucoup de Traités rares & singuliers sur les Antiquités & l’Histoire littéraire. Depuis long-temps il n’y a point eu de Vente qui ait présenté une Collection aussi nombreuse de Livres capables de fixer l’attention & la curiosité des Amateurs ; & ce qui doit être à leurs yeux d’un grand prix, c’est le soin que le Citoyen Bonnier mettoit à collationner & examiner ses acquisitions à mesure qu’il les faisoit. »
Ce catalogue ne signale que six provenances, des exemplaires ayant appartenu au comte d’Hoym :
Les Très-merveilleuses Victoires des femmes du Nouveau Monde, avec La Doctrine du siècle doré, Paris, Jehan Ruelle, 1553, Des merveilles du monde, 1553, et Description & charte de la Terre Sainte, s.d. [1553], trois des plus rares ouvrages de Guillaume Postel, in-18, mar. vert (n° 125 : 57 l. 1 s. Hoym n° 626. Appartiendra ensuite à Gaignat, Debure et Solar) ;
La Foy dévoilée par la raison, par Parisot, Paris, 1681, in-8, mar. vert, dent. (n° 138 : 4 l. 19 s. Hoym n° 634) ;
Homerici centones, H. Stephanus, 1578, in-18, v. f. (n° 758 : 12 l. Hoym n° 1.637. Appartiendra ensuite à Caillard) ;
Pub. Ovidii Nasonis Opera, Lugd. Batavorum, ex offic. Elzeviriana, 1629, 3 vol. in-12, m. r. doub. de m. r., dent, l. r. (n° 863 : 44 l. 4 s. Hoym n° 1.980) ;
La Gerusalemme liberata, Genova, 1617, in-fol., fig., v. f., l. r. (n° 1.183 : 7 l. Hoym n° 2.489) ;
Le Tiers & le Quart Livre des faits et dits héroïques de bon Pantagruel, par François Rabelais, Paris, 1552, in-8, m. cit., l. r. (n° 1.278 : 15 l. Hoym n° 2.571).
D'azur à sept burelles d'or ... un vrai conte de Noel ...
RépondreSupprimerJ'ai eu un livre de sa bibliothèque, il m'a quitté il y a peu (détomé du lot n°34 du catalogue de Barrois).
RépondreSupprimerIl avait un fer poussé sur chaque plat :
http://www.naturalibris.fr/VENTES/DS3_9594.jpg
http://www.naturalibris.fr/VENTES/DS3_9597.jpg
Identifier des armes quand le nom est inscrit au revers c'est quand même plus facile ! :)