Son père, Thomas Brunet (Morigny, Manche, 13 mai 1744-Paris, 26 mai 1824), était fils de cultivateur. Venu chercher fortune à Paris, il devint, le 1er août 1773, apprenti chez Jacques-François Valade, alors libraire rue Saint-Jacques (Ve), et fut reçu libraire le 21 mars 1777.
Il s’installa rue Mauconseil (Ier), à côté de la Comédie italienne, épousa Élisabeth Crozat, qui lui donnera un fils et une fille, et se mit bientôt à éditer des pièces de théâtre. En 1785, il déménagea sa librairie rue de Marivaux (IIe), place du Théâtre italien,
puis rue du Coq-Honoré (Ier) en 1797, enfin rue Gît-le-Cœur (VIe) :
N° 18, près le quai des Augustins, en 1800 ;
puis N° 4 en 1807, siège actuel du Syndicat de la librairie ancienne et moderne (S.L.A.M.) ;
enfin N° 10, vis-à-vis la rue de l’Hirondelle, en 1817.
Jacques-Charles Brunet est donc né à Paris, le 2 novembre 1780. Les évènements qui suivirent la Révolution interrompirent ses études. Aimant beaucoup les livres, mais n’ayant guère de goût pour le commerce, il se livra uniquement à l’étude de la bibliographie. Il n’avait alors que 17 ans quand il rédigea le catalogue de la vente des livres de Armand-Thomas Hue de Miromesnil, ancien garde des Sceaux (1798).
À 22 ans, il publia, anonymement, un supplément au Dictionnaire bibliographique, historique, et critique des livres rares, précieux, singuliers, curieux, estimés, et recherchés de André-Charles Cailleau (Paris, Delalain fils, et Gènes, Fantin, Gravier et Cie, 1802-An X, in-8, t. IV) : Brunet n’avouera la paternité de cet ouvrage que huit ans plus tard, dans la préface de la première édition de son Manuel. Il vivait alors chez son père et lui tenait lieu de commis, mais ne recevait pas d’appointements : « Je ne possédais alors que quelques livres et une somme de quinze cents francs environ, produit des honoraires reçus du supplément à Cailleau »
Ce fut à l’âge de 30 ans qu’il fit paraître son Manuel du libraire et de l’amateur de livres (Paris, Brunet et Leblanc, 1810, 3 vol. in-8), qui contient un dictionnaire bibliographique, dans lequel sont indiqués les livres les plus précieux et les ouvrages les plus utiles, anciens et modernes, avec des notes sur les différentes éditions, des remarques sur les contrefaçons, des détails pour collationner les livres et les prix des éditions les plus rares, suivi d’une table méthodique en forme de catalogue raisonné :
« Les deux premiers volumes de ce Manuel contiennent un Dictionnaire, dans lequel on trouvera indiqués les livres anciens qui sont à la fois rares et précieux, et un grand nombre d’ouvrages modernes, qui, par leur mérite bien reconnu, leur singularité, la beauté de leur exécution, les gravures dont ils sont ornés, ou pour quelques autres particularités, peuvent figurer parmi les livres précieux.
Ce n’est donc pas une Bibliographie générale que j’ai voulu faire, mais un Dictionnaire composé de livres choisis. D’après cela, je me suis vu en droit d’écarter de mon ouvrage une foule de livres anciens qui, malgré leur rareté, ne sont recherchés que de très peu d’amateurs, et qui ne peuvent tenir leur place dans les Bibliothèques, ni comme ouvrages utiles, ni même comme objets de curiosité. » (t. I, p. vij)
« Le 3e volume contient une Table méthodique en forme de Catalogue raisonné, dans laquelle tous les ouvrages indiqués dans le Dictionnaire et de plus 3 à 4000 ouvrages utiles, mais d’un prix ordinaire, qui n’ont pas dû faire partie du Dictionnaire, sont classés selon l’ordre adopté dans le système bibliographique le plus généralement suivi en France ; […]
Comme j’ai placé, à la fin de chaque article du Dictionnaire, le numéro sous lequel le même article est rangé dans la Table méthodique, on pourra facilement voir quelle place tel ou tel ouvrage occupe dans le système bibliographique ; […]
A cette espèce de Catalogue, j’ai joint une Table des auteurs qui y sont cités, et dont il n’a pas été fait mention dans le Dictionnaire. » (t. I, p. xj-xij)
Brunet continua à rédiger des catalogues de vente de livres – Ourches(1811), Crozat (1812), Molini (1813), Jourdan (1813), Agasse (1814), Lapeyrière (1814) –, tandis qu’il travaillait à la seconde édition
de son Manuel (Paris, Brunet, 1814, 4 vol. in-8, 2.000 ex.), augmentée de plus de quatre mille articles et d’un grand nombre de notes, pour laquelle son ami Jean-Pierre Parison (1771-1855) s’était chargé « de lire une épreuve de chacune des feuilles des trois premiers volumes de cette seconde édition, de même qu’il avait déjà bien voulu le faire pour la première. » (t. I, p. viij)
« Une circonstance qui, peut-être, plus qu’aucune autre, contribuera à donner à mon livre un nouveau degré d’intérêt, c’est la communication que j’ai eue d’un manuscrit de feu M. Magné de Marolles [Gervais-François Magné de Marolles (1727-1795), auteur de plusieurs opuscules bibliographiques], intitulé Manuel bibliographique : cet ouvrage, écrit il y a au moins une trentaine d’années, ne pourrait guère être imprimé aujourd’hui en entier ; mais il contient un assez grand nombre de notes curieuses que j’ai fait passer dans mon Dictionnaire, où elles sont distinguées par le nom de l’auteur, ou seulement par la lettre M. » (t. I, p. ix)
En 1818, Brunet reçut la visite du bibliographe anglais Thomas-Frognall Dibdin (1776-1847) :
« Ce bibliographe distingué, plutôt que libraire, demeure Rue Gît-Le-Cœur, à peu de distance [de Renouard]. Il demeure avec son père qui surveille les affaires intérieures du magasin. La Rue Gît-Le-Cœur est une vilaine rue, très petite, écourtée, comme qui dirait un exemplaire trop rogné. C’est là néanmoins que demeure Jacq. Ch. Brunet, Fils ; un auteur, qui vivra dans le monde bibliographique jusqu’au temps le plus reculé. […] Vous montez au premier : l’entrée est obscure, et semble conduire à une cellule du monastère de La Trappe. […] La porte s’ouvre, et le fils est là, entouré, et presque emprisonné par ses livres et par ses papiers. Sa plume en main : ses lunettes sur son nez : et il est incessamment occupé à transcrire ou à confectionner un précieux petit morceau d’élucidation bibliographique ; puis levant les yeux, il vous reçoit, paraissant encore tout agité du Dieu de la composition. […]
A notre première entrevue nous avons causé beaucoup et sur des sujets variés : précédemment nous avions eu ensemble un commerce de lettres obligeantes, et elles m’avaient procuré l’avantage de recevoir, comme présent de l’auteur, un exemplaire de sa dernière [i.e. seconde ; dite faussement « première » dans la 2e édition de 1829 du livre de Dibdin] édition en grand papier, dont il n’a été tiré que vingt exemplaires. […]
Il me dit, et j’en fus un peu surpris, mais très satisfait, qu’il avait imprimé et vendu deux mille exemplaires de la dernière [i.e. seconde ; dite faussement « première » dans la 2e édition de 1829 du livre de Dibdin] édition de son Manuel. […] Il est ferme et judicieux dans ses opinions, et parfois enclin à guerroyer pour les soutenir. Mais il aime par-dessus tout à respirer dans un élément bibliographique, et n’est jamais plus heureux que lorsqu’il découvre une erreur, ou qu’il peut se procurer quelques nouveaux renseignements, et surtout à l’égard d’une Editio Princeps. Il a quelque chose de naïf et de caractéristique dans ses manières et sa conversation. Il ne copie personne ; et on peut dire qu’il est citoyen du monde. » (Thomas Frognall Dibdin. A bibliographical antiquarian and picturesque tour in France and Germany. London, Shakspeare Press, 1821, t. II, p. 397-400)
Brunet rédigeait toujours des catalogues de vente de livres : Bertin (1815), Chaptal (1816), Lecouteulx de Canteleu (1816), Thierry (1817), Bertrand (1818), Bélanger (1818), Lecocq (1819), Lair (1819), Regnauld-Bretel (1819), Leconte (1819)
La seconde édition de son Manuel étant épuisée depuis près de trois ans,
il publia une troisième édition, augmentée de plus de deux mille articles et d’un grand nombre de notes (Paris, chez l’auteur, 1820, 4 vol. in-8) :
« Cependant quoique les deux parties de mon ouvrage offrent une nomenclature très-considérable, elles sont bien loin de renfermer l’inventaire général des richesses littéraires de toutes les nations et de tous les siècles : je cite environ 30,000 ouvrages ou éditions différentes, et il en existe peut-être plus d’un million » (t. I, p. iij)
Cette 3e édition du Manuel fut contrefaite par l’imprimeur-libraire bruxellois H. Remy en 1821. Informé que cette édition avait rectifié un grand nombre de numéros de renvoi fautifs, P. J. De Mat, imprimeur-libraire de l’Académie royale, à Bruxelles, traita avec son confrère du restant de l’édition, un mois après la mise en vente du dernier volume.
Dans cette édition de Bruxelles, les signatures sont placées de huit pages en huit pages et en chiffres, au lieu d’être en lettres et de seize pages en seize pages.
Le tome I de l’édition de Paris finit à la page 616. Celui de l’édition de Bruxelles a sa pagination continuée jusqu’à 620 : les deux derniers feuillets contenant les additions du même volume qui sont placés, avec celles des tomes II et III de l’édition de Paris.
Le tome II de l’édition de Paris est terminé à la page 608. L’édition de Bruxelles a 610 pages, deux pages de plus pour les additions de ce volume.
Le tome III de l’édition de Paris, ayant à la fin toutes les corrections et additions de ses trois volumes, a 644 pages, tandis que le même volume de l’édition de Bruxelles a 638 pages. Les corrections de l’édition de Paris, ayant été rectifiées à leur place dans l’édition de Bruxelles, ne se trouvent conséquemment pas à la fin de chacun des volumes de cette édition.
Au tome IV, édition de Paris, la page VII des pièces préliminaires se termine par une table de 13 lignes dont la dernière est : Classiques italiens, imprimés à Milan (page) 588 ; Dans l’édition de Bruxelles, après cette même ligne, on a ajouté un Avis essentiel, contenu en 14 lignes, qui indique sommairement une partie des corrections faites dans les trois précédents volumes ; plus, la manière qu’on a été obligé d’employer dans ce volume pour rectifier les erreurs des chiffres de renvoi du tome I ; c’est-à-dire qu’on a placé, entre deux crochets, le vrai chiffre de renvoi, après celui de la série qui se trouve être fautif dans l’édition de Paris. Le tome IV dans les deux éditions finit à la page 589 : dans celle de Paris, au verso, est une correction pour la page 9, n° 339 qui a été faite à sa place dans l’édition de Bruxelles ; cette dernière a, sur le verso de la page 589, une addition pour le tome IV, composée seulement de trois lignes dans la première colonne et de quatre dans la seconde ; plus, un errata aussi de quatre lignes ; enfin il a été ajouté dans cette dernière édition des nouvelles additions au tome premier : elles sont sur les traductions françaises de deux ouvrages d’Aristote, données par Oresme, et imprimées chez Antoine Vérard, en 1488 et 1489 : l’article est signé L. F. A. Gaudefroy [Louis-François-André Gaudefroy (1758-1839), libraire parisien].
« En s’emparant ainsi de ma propriété, ces messieurs ont usé d’un droit que je ne puis légalement leur contester hors de France ; mais en même temps ils ont fait une chose qui n’est loyale nulle part : c’est d’avoir mis en circulation une partie des exemplaires de leur contrefaçon avec des titres portant l’indication de Paris et mon adresse, et d’avoir donné ainsi à certains libraires anglais qui me sont bien connus, le moyen de les vendre pour l’édition originale. Or, comme je ne veux répondre que de mes propres fautes, je désavoue entièrement cette édition de Bruxelles, qui se distingue de la mienne au premier coup d’œil » (J.-C. Brunet. Nouvelles recherches bibliographiques. Paris, Silvestre, 1834, t. I, p. xj)
La position pécuniaire de Brunet s’était améliorée sensiblement : en 1821, il possédait une somme de près de cent mille francs, dont la plus grande partie provenait des bénéfices réalisés sur les deux premières éditions de son Manuel.
Les derniers catalogues qu’il rédigea furent ceux du marquis Germain Garnier (1822), de Chassériau (1822), de Dieulafoy (1824) et du duc de Plaisance (1824). Le 9 mai 1824, son père fut frappé de paralysie, et il mourut le 26 du même mois. Dès lors, Brunet ne désira pas conserver sa profession de libraire : le 15 janvier 1825, il renonça à son titre de libraire en faveur de Philippe-Auguste Sautelet (1800-1830), avocat, ami de Stendhal, libraire place de la Bourse, puis rue Richelieu, qui se suicida à la suite de difficultés financières et d’un drame amoureux.
Avant de publier la quatrième édition de son Manuel, Brunet donna un supplément sous le titre de Nouvelles recherches bibliographiques (Paris, Silvestre, 1834, 3 vol. in-8) :
« Après avoir publié, en moins de douze années, trois éditions du Manuel du Libraire et de l’Amateur de livres, qui ont successivement reçu de nombreuses additions et des corrections importantes, je me proposais d’en donner une quatrième, entièrement refondue, et augmentée de plus d’un tiers […]. Mais tandis que je me livrais sans relâche aux recherches nécessaires pour accomplir mon projet, il s’opérait dans notre littérature, et surtout dans les études historiques, une révolution soudaine, qui, en appelant l’attention des bibliophiles sur le moyen âge, si long-temps négligé parmi nous, donnait à une classe nombreuse de livres anciens une importance et une valeur que je n’avais pas pu prévoir en commençant mon travail ; et en même temps que ce mouvement favorable à ce qu’on appelle les livres gothiques se faisait sentir, une réaction toute contraire frappait de discrédit des productions littéraires plus récentes et naguère fort recherchées. […]
Voilà ce qui m’a déterminé à réunir en un corps particulier les nouvelles notices que je suis parvenu à recueillir et que je donne aujourd’hui au public comme un supplément du Manuel. » (t. I, p. v-vj)
Bientôt, son éditeur Louis-Catherine Silvestre (1792-1867), libraire rue des Bons-Enfants (Ier), fit paraître un « Avis aux bibliophiles et aux libraires de tous les pays », dans le Feuilleton du Journal de la Librairie du 28 avril 1838 :
« Il vient de paraître à Bruxelles, une nouvelle contrefaçon du Manuel du Libraire et de l’Amateur de livres de M. Brunet, et des Nouvelles Recherches du même bibliographe, le tout, à ce que porte le titre, rédigé et mis en ordre (lisez désordre) par une société de bibliophiles belges [Bruxelles, 4e éd., Société belge de librairie, Hauman et Compe., Meline, Cans et Compe., 1838-1845, 5 vol. in-8, dont 1 vol. de « Table méthodique » complétée et mise en ordre par le Bibliophile Jacob]. Or, le travail de cette société anonyme, ou plutôt du plagiaire qui s’est caché sous un nom collectif, s’est réduit à intercaler, tant bien que mal, les articles des Nouvelles recherches dans le Dictionnaire formant la première partie du Manuel, en conservant du reste, sans autre changement que quelques coupures assez maladroites, le texte de l’édition de 1820. […] Encore si quelque intelligence avait présidé à cette déplorable opération […] nous nous serions contentés de gémir de ce nouvel attentat porté à la propriété litéraire [sic] et de prendre des mesures pour en atténuer l’effet […]. Mais dans l’état de mutilation et d’absurdité où l’on a réduit le grand travail de M. Brunet, nous devons hautement protester, au nom de l’auteur et de tous ceux qui apprécient l’utilité de son ouvrage, contre un abus aussi intolérable, et signaler aux pays étrangers comme à la France ce nouveau forfait de la piraterie belge. »
À Bruxelles en effet, le baron Frédéric de Reiffenberg (1795-1850) s’était chargé de revoir et de compléter le Manuel et son supplément dans la contrefaçon du libraire Louis Hauman, sur les instances d’un littérateur distingué, ami de Brunet, qui lui avait affirmé que cette entreprise était désirée par l’auteur. Mais averti par Joseph-Marie Quérard (1796-1865) qu’au contraire Brunet la désavouait, il rompit les engagements qui pouvaient porter atteinte à une propriété littéraire sacrée, et écrivit, le 20 octobre 1836, à Quérard : « j’aime mieux payer au libraire avec qui j’avais traité, des dommages et intérêts assez considérables que de faire quelque chose de désagréable à un homme pour qui j’ai une grande estime. » Hauman mit alors, sur le titre de son édition, qu’elle était rédigée par une Société de bibliophiles belges : cette société belge se réduisait en réalité à un ancien libraire parisien, Louis-François-André Gaudefroy, qui envoyait ses notes à Hauman.
Les Nouvelles recherches bibliographiques se trouvèrent refondues dans la quatrième édition du Manuel (Paris, Silvestre, 1842-1844, 5 vol. in-8). Dans une longue préface de vingt-deux pages, Brunet expose dans tous ses détails le plan de son ouvrage, se livre à l’examen de plusieurs points de bibliographie qu’il est nécessaire de bien connaître pour s’en servir utilement, traite de ce qu’on doit entendre par livres rares et précieux, des circonstances qui modifient plus ou moins leur valeur et des méthodes de classification des catalogues.
En 1844, la fortune de Brunet s’élevait à près de cinq cent mille francs, dont la majeure partie provenait des bénéfices que lui avaient produits les quatre premières éditions de son ouvrage et les Nouvelles recherches bibliographiques.
En 1845, sur la proposition du comte de Salvandy, alors ministre de l’Instruction publique, Brunet reçut la croix de la Légion d’honneur. En 1848 et 1849, il fit partie du Comité pour l’organisation des bibliothèques publiques.
Malgré son âge, il travailla à la cinquième et dernière édition de son livre, entièrement refondue et augmentée d’un tiers (Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1860-1865, 6 vol. in-8, 6.000 ex.) : définitive, elle était le chef-d’œuvre de la bibliographie française et faisait de son auteur le premier de tous les bibliographes en Europe. On trouve dans la 5e édition, comme dans la précédente, un grand nombre de marques des imprimeurs et des libraires des xve et xvie siècles ; le but principal de Brunet et de son éditeur, en insérant ces marques dans le texte, a été de rendre plus difficile l’industrie des contrefacteurs belges.
Depuis l’article de Joseph-Marie Guichard (1810-1852), un peu sévère pour Brunet, sur « La littérature française contemporaine, par J.-M. Quérard. Tom.I et II. – Manuel du libraire et de l’amateur des [sic] livres, par Jacques-Charles Brunet. 4e édit. Tom. I, II et III. », paru dans Le Moniteur de la Librairie (10 février 1844, p. 84-86, et 20 février 1844, p. 100-104), dont le rédacteur en chef était Quérard, les deux bibliographes devinrent de véritables ennemis.
À Quérard, qui lui écrivit « vous ne lisez rien, pas même les livres de votre spécialité, car vous êtes bouquinographe », Brunet répondit :
« que, ne se connaissant pas de titres littéraires aussi brillants que ceux dont s’enorgueillit l’auteur des Supercheries, il accepte volontiers la modeste qualification de faiseur de Manuel, sous laquelle il est désigné, et qui, jusqu’ici, lui a porté bonheur, laissant au savant M. Quérard celle de chef de la bibliographie française, qu’il s’est bénévolement donnée, sans avoir remarqué que si la pénurie de bibliographes était chez nous aussi grande qu’il le supposait, il se trouverait être placé dans la position d’un colonel sans régiment. »
Brunet mourut dans son appartement de la rue de Seine (VIe), dans son fauteuil, au milieu des trésors littéraires qu’il avait amassés, à 87 ans :
« Du quinze novembre mil huit cent soixante sept à deux heures de relevée, Acte de Décès dûment constaté de Jacques Charles Brunet ; rentier décédé en sa demeure rue de Seine n° 55, le quatorze de ce mois à quatre heures du soir, âgé de quatre vingt sept ans, né à Paris (Seine) célibataire ; Sur la déclaration faite par Messieurs hippolyte Germaine Jeanbin ; propriétaire, âgé de soixante deux ans, demeurant rue du marché Saint honoré n° 6 : cousin du défunt et Prosper Auguste Jeanbin, propriétaire, âgé de cinquante neuf ans, demeurant à Vire (Calvados) cousin du défunt ; qui ont signé après Lecture avec nous Dutertre Jacques Delaine, chevalier de la Légion d’honneur, adjoint au maire du Sixième arrondissement de Paris, officier de l’Etat civil. » [sic]
Il était resté célibataire, vivant avec un gros chien jaune qu’il promenait sur les quais, matin et soir. Ses obsèques eurent lieu le 16 novembre, en l’église Saint-Germain-des-Prés. Paul Lacroix prononça un discours sur la tombe réalisée en 1837 par l’architecte Henri Labrouste, au cimetière du Montparnasse (chemin circulaire 4e division), où il fut inhumé à côté de son père, rappelant ce qu’avait dit Charles Nodier, en parlant de Brunet : « Voilà notre maître à tous ; il n’a fait, il ne fera qu’un livre, mais il y mettra sa vie entière, et ce livre sera un chef-d’œuvre. »
Son corps fut transféré à l’ossuaire du cimetière du Père-Lachaise le 15 juin 1999, suite à la reprise administrative de la sépulture : pourquoi le S.L.A.M. n’est-il pas intervenu pour sauver la tombe des Brunet ?
Brunet a laissé une note, non datée, sur lui-même :
« Mon tempérament est à la fois flegmatique et nerveux, ce qui dans l’occasion semble faire de moi deux hommes différents. Un jugement assez sain fait la base de mon esprit, lequel manque d’imagination et a peu de vivacité quand il n’est pas surexcité par quelques stimulants. Mon caractère a de la franchise et plus de vivacité que mon esprit, mais il tient de mon tempérament de la timidité, un amour du repos qui va quelquefois jusqu’à la paresse. Toutefois cette paresse peut être surmontée par l’amour-propre, par le désir d’accomplir consciencieusement une entreprise difficile ; d’où il résulte que je suis susceptible, avec une certaine suite et quelque succès, d’un travail qui ne demande que du jugement et de la persévérance ; […]. Au reste, si le caractère et l’esprit ont été trop souvent dominés par le tempérament, si, par conséquent, je suis resté un homme médiocre, je ne dois pas regarder cela comme un malheur, puisque j’ai été préservé de l’ambition qui trop souvent tourmente les esprits plus brillants et plus ardents que le mien, et que, satisfait d’une modeste fortune, fruit de travaux utiles, j’ai pu jouir d’une douce indépendance et couler des jours paisibles, au milieu des agitations qui ont renversé, à côté de moi, tant d’existences en apparence dignes d’envie. » (Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. Jacques-Charles Brunet. Paris, L. Potier et A. Labitte, et Londres, Th. et W. Boone, 1868, p. X-XI)
Dix ans après la mort de Jacques-Charles Brunet, Pierre Deschamps (1821-1907) et Gustave Brunet (1805-1896) donnèrent un supplément au Manuel du libraire et de l’amateur de livres (Paris, Firmin-Didot, 1878-1880, 2 vol. in-8).
Brunet n’avait pas seulement une bibliothèque nombreuse, surtout en bibliographie, mais il possédait encore un cabinet. Livré pendant tant d’années à l’étude de la bibliographie, il était devenu peu à peu bibliophile. Dès 1789, âgé de 9 ans, son père l’avait conduit à la vente Soubise. Il aimait particulièrement les belles reliures anciennes, qu’il commença à recueillir à une époque où bien peu de personnes les recherchaient. Sa remarquable bibliothèque fut dispersée en 1868, en deux parties.
La première, du lundi 20 avril au vendredi 24 avril, rapporta 290.875 francs : Catalogue des livres rares et précieux composant la bibliothèque de feu M. Jacques-Charles Brunet […]. Première partie. Livres rares et précieux. Belles reliures anciennes et modernes (Paris, L. Potier et A. Labitte, et Londres, Th. et W. Boone, 1868, in-8, XLVI-143 p., 713 lots).
2. Biblia. Lutetiae, ex officina Rob. Stephani, 1545 ; 2 vol. gr. in-8, mar. rouge, compart. en mosaïque, ornements blancs et verts, tr. dor. Ex. offert par Grolier au président Christophe De Thou ; passé à J.-A. De Thou, il faisait partie en 1789 de la bibliothèque du prince de Soubise. Acheté par Brunet à la vente de Renouard. 3.000 fr. à Boone, libraire à Londres.
7. La Sainte Bible, par Le Maistre de Sacy. Paris, Desprez, 1711, 8 vol. pet. in-12, réglés, mar. r. compart., dos orné à mosaïque en mar. vert et citron, sur les plats une large dentelle, un médaillon au milieu, des rosaces en mar. vert et citr. aux coins, gardes de pap. doré, tr. dor. (Padeloup). Ex. de J. J. De Bure. 2.700 fr.
9. Psalterium Davidis. Lugduni, apud Joh. et Dan. Elsevirios, 1653, pet. in-12, réglé, mar. bl. fil. tr. dor. (Boyet). Aux armes du comte d’Hoym, très grand de marges. 700 fr.
11. I sacri psalmi di David. Venetia, per Aurelio Pincio, 1534, in-4, mar. vert à compart. dorés, tr. dor. Ex. qui porte le nom et la devise de Thomas Maioli. Il aurait également appartenu à Grolier. Ex-libris manuscrit de J. Ballesdens. 1.020 fr.
20. Histoire du Vieux et du Nouveau Testament. Paris, Pierre Le Petit, 1670, gr. in-4, réglé, fig., mar. r. doublé de mar. r., dent. tr. dor. (Duseuil). De la bibliothèque de La Bédoyère (1837). 3.050 fr.
22. Histoire du Vieux et du Nouveau Testament. Anvers (Amsterdam), Mortier, 1700 ; 2 vol. in-fol., mar. rouge, fil. tr. dor., grand papier ; avant les clous. Ex. de Longepierre. 1.500 fr. à Fontaine pour le duc de Chartres.
27. Livre de prières en latin et en français. In-4, mar. r. dent. et compart. doublé de mar. bl. avec ornements et dent. argentés, tr. dor. Manuscrit du xve siècle. Armes de la famille Guerchois, Normandie, sur le premier feuillet. 6.000 fr. à Fontaine, libraire.
29. Heures a lusage de Rome. Paris, Jehan Dupré, 1488 ; pet. in-4 goth., fig. et encadr., mar. noir. Seul ex. connu. 2.050 fr. à Fontaine, contre l’enchère de Ambroise Firmin Didot. Acheté en 1856 chez Techener, 140 fr.
30. Petit office de la Vierge. Par Nicolas Jarry, 1650, in-24, chagrin noir, tr. dor. avec fermoirs à charnières en or. Manuscrit sur vélin acheté 350 fr. à la vente Duriez. 1.650 fr. à Boone.
32. Les Sainctes Prieres de l’ame chrestienne. Paris, Jean Henault, 1649. Pet.in-8, texte gravé et encadr. et fig., mar. r. compart . avec fermoirs en argent, tr. dor. (Le Gascon). 2.020 fr. à Fontaine pour le duc de Chartres. Acheté 70 fr. à la vente Nodier en 1844.
36. Theophanis archiep. Nicaeni quae extant opera. Romae, Fr. Zannettus, 1590, pet. in-8, mar. r. fil. tr. dor. Aux 3e armes de J.-A. De Thou. 145 fr.
49. L’Origine des masques, extrait du livre de la Mommerie de Claude Noirot. Lengres, Jean Chauvetet, 1609, pet. in-8, mar. r. fil. tr. dor. (Padeloup). Ex. de Girardot de Préfond (1ère bibliothèque). 610 fr.
51. Les Provinciales (par Pascal). Cologne, Nic. Schouten, 1700, 2 vol. in-12, réglés, mar. bl. doublé en mar. r., dent., tr. dor. Ex. de madame de Chamillart, avec ses armes à l’intérieur et son chiffre à l’extérieur. Vient de la bibliothèque Parison. 1.620 fr.
57. De l’Imitation de Jésus-Christ. Paris, Desprez, 1690, in-8, fig., réglé, mar. r. doublé de mar. r., fil. tr. dor. (Duseuil). En grand papier, provenant du duc de La Vallière. Acheté 500 fr. à la vente De Bure. 1.500 fr. à Bocher.
59. Œuvres spirituelles de Henri Suso. Paris, Guil. Chaudière, 1586, in-8, réglé, mar. r., riches compart., tr. dor. Armes, devise et tête de mort de Henri III, roi de France. 495 fr.
68. Bernardi Ochini dialogi XXX. Basileae, per Petrum Pernam, 1563, 2 vol. in-8, mar. bl. fil. tr. dor. (Padeloup). Aux armes du comte d’Hoym. 360 fr.
76. Corpus juris civilis. Amstelaedami, apud Joan. Blaeu, Lud. et Dan. Elsevirios, 1664, 2 vol. in-8, mar. r. fil. tr. dor. (Boyet). Aux armes du comte d’Hoym. A appartenu auparavant à Du Fay. 1.300 fr. à Fontaine pour le duc de Chartres.
78. Commentaria Jacobi de Marquilles super usaticis Barchiñ. (Barchinonae, 1505), in-fol. goth. à 2 col. demi-rel. Imprimé sur vélin. Provient de la vente Luguet (1836). 480 fr.
82. M. T. Cicero de Officiis. Amsterodami, Guil. Cesius, 1625, in-32, mar. r. à compart. tr. dor. (Le Gascon). Aux chiffres de Henri-Louis Habert de Montmor. 155 fr.
102. Essais de Michel de Montaigne, 5e éd. Paris, Abel l’Angelier, in-4, mar. r., comp., tr. dor. (Duseuil). Ex. de Charles Nodier. 3.050 fr. à Porquet pour Ernest Odiot.
107. Les Caractères de Théophraste. Amsterdam, 1743, 2 vol. in-12, avec front. gr. et portrait par Folkema, mar. r. tr. dor. (Padeloup). De la bibliothèque de La Bédoyère (1837). 550 fr.
116. La Description de l’isle d’Utopie. Paris, Charles l’Angelier, 1550, pet. in-8, fig. sur bois, réglé, mar. bl. à compart., tr. dor. Avec les chiffres de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. Ex. de La Vallière acheté à la vente J.-J. De Bure. 1.500 fr. à Fontaine pour le duc de Chartres.
121. Antonii Mizaldi phaenomena. Parisiis, ex officina Reginaldi Calderii, 1546 ; in-8, mar. v. à compart., tr. dor. Aux armes et au chiffre de François Ier. 3.150 fr. à Potier.
136. Cinq livres de l’imposture et tromperie des diables. Paris, Jaques Du Puys, 1567, pet. in-8, mar. r. riches compart. gardes de pap. doré à fleurs, tr. dor. (Padeloup). Aux armes de Turgot sur le dos et aux coins des plats. De la bibliothèque de La Bédoyère (1837). 355 fr.
141. La Cryptographie. Toulouse, Arnaud Gaissat et Raymond Aurèle, 1644, pet. in-12, mar. r. dent. tr. dor. (Mouillié). Ex. de Méon. 80 fr.
151. M. Verrii Flacci quae extant et Sex. Pompei Festi de verborum significatione libri XX. Lutetiae, apud Mamertum Patissonium, in officina Rob. Stephani, 1576, in-8, mar. v. à compart., tr. dor.Aux premières armes de J.A. De Thou. Admirable reliure à volutes et rinceaux de feuillages (Clovis Eve ?). Acquis à la vente Renouard (1853). 810 fr.
152. Joachimi Perionii dialogorum de linguae gallicae origine. Parisiis, apud Sebast. Nivellium, 1554, in-8, mar. riches compart. Aux armes et chiffre du roi Henri II, avec celui de Diane de Poitiers, et le triple croissant. Payé 5 fr. à la vente Anquetil du Perron (1805), 75 fr. à la vente Caussin de Perceval, 339 fr. à la vente Larcher de Saint-Vincent (30 avril 1852). 1.150 fr. à de Villeneuve.
155. Dictionnaire étymologique de la langue françoise, par Ménage. Paris, Briasson, 1750, 2 vol. in-fol., veau fauve, fil. tr. dor. (Padeloup). De la vente Parison. 210 fr.
167. Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, par l’abbé Du Bos. 4e éd. Paris, Mariette, 1740, 3 vol. in-12, mar. r. fil. tr. dor. (Derome père). De la bibliothèque de Pixerécourt. 205 fr.
170. Poetae graeci principes heroici carminis et alii nonnulli. 1566. Excudebat Henricus Stephanus (Genevae), in-fol., réglé, mar. vert, riches compart., tr. dor. Provient de la bibliothèque de J.A. De Thou, s’est trouvé dans celle du prince de Soubise vendue en 1789 ; Brunet l’a payé 641 fr. à la vente Parison. 650 fr.
215. Q. Horatii Flacci opera. Londini, tabulis aeneis incidit Joannes Pine, 1733-1737, 2 tomes en 1 vol. gr. in-8, fig., mar. citr. à compart. de couleurs, tr. dor. avec étui. (Derome). 2.180 fr. à Eugène Dutuit.
220-221-222. vendus ensemble : 2.500 fr. à Boone.
- Publii Ovidii Nasonis Heroidum Epistolae. Auli Sabini Epistolae tres. Venetiis, in aedibus Aldi, 1502, pet. in-8, mar. bl. à compart., tr. dor. Ex. de Grolier.
- Publii Ovidii Nasonis. quae hoc in libello continentur. Venetiis, in Academia Aldina, 1502-1503, 2 tomes en 1 vol. pet. in-8, mar. bl. à compart., tr. dor. Ex. de Grolier. Ce volume et le précédent forment les tomes II et III de la première édition de l’Ovide des Alde. On ignore si le tome I (les Métamorphoses), à la reliure de Grolier, existe encore ; Brunet avait remplacé ce vol. par un autre exemplaire à la reliure de Laurin.
- Metamorphoseon libri XV. Venetiis, in aedibus Aldi, 1516, in-8, mar. bl. tr. dor. Porte d’un côté la devise « Virtus in arduo », et de l’autre « M. Laurini et amicorum ». Les livres à la reliure de Laurin sont beaucoup plus rares que ceux de Grolier.
260. Le Rommant de la rose. Paris, Galliot Du Pré (impr. par P. Vidoue), 1529, pet. in-8, lettres rondes, fig. en bois, mar. bl. fil. tr. dor. (Padeloup). Provient de la bibliothèque de Renouard. 1.500 fr. à Lacarelle.
262. Les Œuvres de Maistre Alain Chartier. Paris, Galliot Du Pré, 1529, pet. in-8, lettres rondes, fig. en bois, mar. v. fil. tr. dor. (Bauzonnet). 3.100 fr. à Cocoz, libraire.
266. La Dance des aveugles. Lyon, imprimee par Pierre Marechal et Bernarbe Chaussard, (vers 1500), in-4, goth., fig., mar. bl. doublé de mar. r., dent., tr. dor. (Bauzonnet). 1.600 fr.
269. Palinods, chantz royaulx, ballades, rondeaulx, et epigrammes a lhonneur de limmaculee conception de la toute belle mere de Dieu Marie (patronne des Normans). Paris, Petrus Vidoueus, v. 1525, in-8, lettres goth. et lettres rondes, mar. r. tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 1.620 fr.
271. Les Lunettes des princes. Paris, Philippe Pigouchet pour Simon Vostre, 1499, goth., in-8, mar. citr., fil. tr. dor. Ex. qui a figuré aux ventes La Vallière, d’Heiss, Thierry et Lang ; a aussi appartenu à du Roure. 880 fr. à Giraud de Savine.
273. Lamant rendu Cordelier a lobservance damours. S. l. n. d. (marque de Guill. Niverd). 4 pièces en 1 vol. pet. in-8, goth. mar. citr. tr. dor. (Rel. anc.). Provient de la bibliothèque de La Vallière (n° 1.853). Faisait partie de la vente Chabrol (1829). 1.520 fr.
275. Les Œuvres de Guillaume Coquillart. Paris, impr. de Jeanne de Marnef, 1546, in-16, mar. br. riches compart. tr. dor. (Le Gascon). Ex. d’Anne d’Autriche avec son chiffre et celui de Louis XIII. Marges sup. fort rognées. 600 fr. à Lebrument, libraire à Rouen.
Paris, 25 novembre 2008 : 24.000 € |
276. Les Loups ravissans, dit le doctrinal moral. Paris, Phil. Le Noir (v. 1525), pet. in-4, goth., fig. sur bois, mar. bl. riches compart. double de mar. r. dent. tr. dor. (Koehler). 3.050 fr.
283. Les Dictz des oyseaux et des bestes, par hystores. Imprime a Chaalons (sur Marne) par Estienne Bally imprimeur, s. d. (v. 1500), pet. in-4, goth. Six feuillets d’une édition restée jusqu’ici inconnue. Non vendu !
288. Les Œuvres de Clement Marot. Lyon, a lenseigne du Rocher, 1545, 2 tomes en 1 vol. in-8, mar. bl. doublé de mar., réglé, tr. dor. (Duseuil). Ex. relié pour le grand Dauphin, fils de Louis XIV, qui a été depuis dans les bibliothèques La Vallière, Coulon, Bruyère-Chalabre et Richard Heber. 1.700 fr.
290. Les Œuvres de Clément Marot. La Haye, Moetjens, 1.700, 2 vol. pet. in-12, portrait ajouté, réglé, mar. v. clair, doublé de mar. citr., tr. dor. (Boyet). A fait partie de la bibliothèque de Gaignat. 760 fr. au comte de Béhague, contre l’enchère de Bauchart.
298. Les Amoureuses Occupations de Guillaume de la Tayssonniere. Lyon, Guil. Rouille, 1555, in-8, mar. olive, dent. tr. dor. (Bauzonnet). Ex. d’Audenet. 430 fr. à Lacarelle.
307. L’Enfer de Cupido, par le seigneur des Coles. Lyon, Macé Bonhomme, 1555, pet. in-8, fig. en bois, mar. r. doublé de mar. r., dent., tr. dor. (Thouvenin). Ex. de Charles Nodier, avec son écusson sur l’un des plats. 460 fr.
309. La Muse chrestienne. Paris, Gervais Malot, 1582, pet. in-12, réglé, mar. v., riches compart., tr. dor. Ex. de Henri III, avec ses armes, sa devise et la tête de mort. Acheté à la vente Perrin de Sanson. 1.800 fr.
311. Livret de folastries, à Janot Parisien. Paris, veuve Maurice de la Porte, 1553, pet. in-8, v. à compart. tr. dor. (Rel. du xvie). Ex. de la vente Bruyère-Chalabre (1833) ; a figuré dans la bibliothèque Audenet. Manquent 3 pages. 500 fr.
312. Evvres en rime de J.-A. de Baïf. Paris, Lucas Breyer, 1573, in-8, mar. r. à compart., tr. dor. 2.820 fr. à Caillot.
339. Contes et Nouvelles en vers, par J. de La Fontaine. Amsterdam (Paris), Barbou, 1762, 2 vol. in-8, fig. d’Eisen et Choffart, mar. citron, à compart. en mosaïque de mar. rouge, vert, citron, où sont représentés des fruits et des fleurs, doublé de tabis rose, tr. dor. Le chef-d’œuvre de Derome. Acheté à la vente de La Bédoyère en 1837 ; provenait de La Vallière, Naigeon et F. Didot. 7.200 fr.
349. Sensuyvent plusieurs belles chansons composées nouvellement. Imprimees en la cite de Genesue en la rue de Iuifrie, et se vendent aupres de Sainct Pierre, en la boutique de maistre iaqs Viviant (v. 1520), pet. in-8 goth., mar. r. doublé de mar., rich. compart. dorés à petits fers, tr. dor. (Bauzonnet). Provient de la 2e vente de R. Heber en 1836. Seul ex. connu. 2.250 fr. au comte de Lignerolles.
374. Tewrdannck. Die guerlicheiten und eins teils der geschichten des loeblichen streytparen und hochberümbten helds und Ritters herr Tewrdannckhs (von Melchior Pfintzing). Gedruckt in der Kayerslichen stat Nürnberg durch den Eltern Hannsen Schönsperger Burger zu Augspurg (1517), in-fol., vélin bl., dent. tabis, dor. (Bozerian jeune). Imprimé sur vélin. 6.600 fr. à Giraud de Savine. Un des plus beaux livres de la vente.
389. Le Mistere du Viel Testament. Imprime par Pierre Le Dru pour Geoffroy de Marnef (v. 1500), in-fol. goth., fig., v. f. (Rel. anc.). Ex. du duc de La Vallière puis de Soleinne. 4.700 fr.
390. Le Mistere de la conception, nativite, mariage et annonciation de la benoiste vierge Marie. Paris, Alain Lotrian, 1539. – Le Mistere de la passion nostre seigneur Jesucrist. Paris, Philippe Le Noir, 1532. – La Resurrection de nostre seigneur Jesuchrist. Paris, Alain Lotrian, s. d. 3 tomes en 1 vol. in-4 goth., mar. r. fil. tr. dor. (Duseuil). Aux armes du duc de Roxburghe ; acheté 50 liv. st. (1.250 fr.) à la vente de R. Heber, pour Soleinne. 3.200 fr. à Giraud de Savine.
398. Théatre de P. Corneille. Paris, Guil. Cavelier, 1706, 10 vol. in-12, réglés, mar. v. dent., doub. de mar. r. dent.tr. dor. (Boyet). Aux armes de madame de Chamillart, placées à l’intérieur de la reliure. Acheté à la vente Soleinne. 4.100 fr. au comte Roger.
412. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. S. l. (Paris), 1718, pet. in-8, fig. du Régent, gr.par Audran, mar. citr. à compart. en mosaïque de mar. bleu, rouge et citron, dorés en plein, réglé, gardes de pap. doré, dans un étui de mar. r. (Padeloup). A figuré aux ventes d’Ourches et Châteaugiron. 6.000 fr. à Fontaine, contre l’enchère de Grésy.
419. L’Histoire des deux vrays et parfaictz amans. Imprime en Avignon, par maistre Jehan de Channey, 1524, in-8, goth., mar. citr. fil. tr. dor. (Rel. anc.). 2.850 fr.
422. Gargantua. La Vie inestimable du grand Gargantua. Lyon, François Juste, 1535. – Pantagruel. Les Horribles Faictz et Prouesses espouventables de Pantagruel roy des Dipsodes. 1534. – Pantagrueline Prognostication pour lan 1535. Lyon, François Juste. 3 t. en 2 vol. pet. in-12 allongé, caract. goth., mar. v. dent. tr. dor. (Bauzonnet). Ces deux volumes étaient à la vente de la librairie De Bure ; depuis, ils ont été reliés. 3.750 au duc d’Aumale.
423. Gargantua. 1537. – Pantagruel. 1538. Pantagrueline Prognostication pour lan 1538. – Le Disciple de Pantagruel. 1538. 3 vol. in-16, lettres rondes, fig. en bois, mar. r. à compart. à la rose, doublé de mar. v., dent. tr. dor. (Bauzonnet). Provient de la seconde vente Heber ; a été relié depuis. On ne connaît qu’un seul ex. du 3e vol. 3.200 fr. à Lesoufachez.
425. Les Œuvres de maitre François Rabelais (remarques de Le Duchat). Amsterdam, Jean-Fréd. Bernard, 1741, 3 vol. in-4, fig., mar. r. fil. tr. dor. (Padeloup). Ex. en grand papier, de Girardot de Préfond et de Mac-Carthy. 3.950 fr. à Grésy.
430. Les Songes drolatiques de Pantagruel. Paris, Richard Breton, 1565, in-8, mar. r. fil. tr. Dor. (Derome père). Ex. qui réunit les écussons de Girardot de Préfond et de Nodier ; a été chez Mac-Carthy. 1.500fr.
433. Les Avantures de Télémaque, fils d’Ulysse. Paris, Fl. Delaulne, 1717, 2 vol. in-12, fig., mar. bl. fil. tr. dor. (Padeloup). Ex. aux insignes de Longepierre, que Brunet a payé 1.785 fr. à la vente Parison. 2.200 fr. à Fontaine.
436. Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaux. Amsterdam (Paris), 1753, 2 vol. pet. in-12, fig. de Gravelot et de Pasquier, mar. r. fil. tr. dor. (Padeloup). Provient de la bibliothèque de Pixerécourt ; antérieurement de celles de Bonnemet, de La Vallière, de Naigeon et de F. Didot. 2.150 fr.
454. Contes des fées, par Ch. Perrault. Paris, Lamy, 1781, 2 tomes en 1 vol. in-12, fig., mar. r., dent., tabis, tr. dor. (Derome). Edition la plus complète et la plus belle des contes de Perrault. Ex. en grand papier de Hollande. Front. tiré en triple épreuve, noire, rouge et bleue ; vignettes doubles et tirées en noir et rouge. 2.600 fr.
Coll. University of Virginia Library |
458. Complainte tres piteuse de Flamette a son amy Pamphyle. Lyon, Françoys Juste, 1532, in-24 allongé, goth., fig. en bois, mar. bl., dent., doublé de mar. citr., riche compart., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Provient de la bibliothèque de Coste, de Lyon. 1.500 fr. au comte de Fresne.
463. Novelas exemplares de Miguel de Cervantes. Madrid, por Juan de la Cuesta, 1613, in-4, mar. v. fil. tr. dor. (Bauzonnet-Trautz). Première édition, rarissime. 1.550 fr.
468. Propos rustiques de maistre Leon Ladulfi. Lyon, Jean de Tournes, 1547. – L’Histoire plaisante et facetieuse de Lazare de Tormes. Paris, Jean Longis et Rob. Le Mangnier (1561). Les deux ouvrages en 1 vol. in-8, mar. v. Aux secondes armes de J. A. De Thou. Acheté à la vente de R. Heber. 2.005 fr.
478. Recueil général des Caquets de l’accouchée. Imprimé au temps de ne plus se fâcher (Paris), 1623, front. gravé, avec 41 autres pièces facétieuses, rel. en 3 vol. pet. in-8, mar. rouge, fil. tr. dor. (Rel. anc.). Se trouvait à la vente Lambert en 1780 (n° 1.885) où il a atteint le prix de 200 fr. 2.400 fr.
526. C. Plinii secundi Epistolarum libri X. Lugduni Batav., Hackius, 1669, in-8, mar. r., riches compart., tr. dor. Aux armes et aux chiffres de Du Fresnoy. 760 fr. à Villeneuve.
533. Tullii Ciceronis Opera. Lugd. Batavorum, ex officina Elzeviriana, 1642, 10 vol. pet. in-12, mar. r. doublé de tabis, fil. tr. dor. (Derome). Provient de la vente La Bédoyère et auparavant de Mac-Carthy. La plus haute taille connue : 138 mill. (5 p. 1 lig.) de hauteur de marges, comme l’exemplaire du comte de Noailles vendu 52 l. à Londres en 1835. 900 fr.
540. Les Œuvres de madame Helisenne de Crenne. Paris, Est. Grouleau, 1560, in-16, mar. bl. Aux armes de la comtesse de Verrue. 290 fr.
542. Œuvres de Voiture. 6e éd. Paris, Augustin Courbé, 1660, 2 tom. en 1 vol. in-12, portr., mar. r. fil. tr. dor. (Padeloup). Aux armes du comte d’Hoym. 1.500 fr. au comte de Béhague.
571. Freculphi episcopi Lexoviensis chronicarum tom. II. Imprimebat (Coloniae), Melchior Novesianus, 1539, in-fol., v. f. à compart. tr. dor. Ex. de Grolier. A appartenu à Huet, dont il porte encore les armes, et en dernier lieu à Richard Heber. 3.950fr. à Eugène Dutuit.
579. De christiana expeditione apud Sinas. Lugduni, sumptibus Hor. Cardon, 1616, in-4, réglé, mar. v. à compart., tr. dor. La plus remarquable reliure du cabinet de Brunet. A fait partie de la bibliothèque de Le Tellier de Courtanvaux. 1.020 fr.
581. Opus auree et inexplicabilis bonitatis et continentie : Conformitatum scilicet vite Beati Francisci ad vitam domini nostri Jesu Christi. Mediolani, in aedibus Zanoti Castilionei, 1513, in-fol. réglé, mar. citr., compart. de couleur, doublé de mar. r., tr. dor. Véritable chef-d’œuvre de Derome et du doreur Monnier. A successivement appartenu à Gaignat, La Vallière, etc. 3.550 fr. au marquis de Ganay.
593. Pauli Orosii adversus paganos (quos vocant) historiarum libri septem. Coloniae, ex officina Jasparis Gennepiae, 1542, in-8, mar. br. à compart., tr. dor. Ex. du médecin du pape Urbain VII, Demetrio Canevari, dont les reliures richement décorées portent sur chacun de leurs plats un médaillon représentant le char d’Apollon, dirigé vers le Parnasse, avec la devise : ΟΡΘΩΣ ΚΑΙ ΜΗ ΑΟΣΩΣ. 650 fr.
608. Le Premier Livre des discours de l’estat de paix et de guerre, de messire Nicolas Macchiavel, sur la premiere decade de Tite Live. Paris, Denis Janot, 1544, in-fol. veau à compart., tr. dor. Ex. de François Ier. 5.000 fr.
641. Historia delle cose de Francia, raccolte fedelmente da Paolo Emilio. Venetia, per Michele Tramezzino, 1549, in-4, mar. r. riches compart. tr. dor. Ex. de Thomas Maioli. 1.000 fr.
651. Epistre envoiée au Tigre de France. S. l., s. d. (v. 1561), pet. in-8, mar. br., fil. à froid (Bauzonnet). Seul ex. connu. 1.400 fr. au préfet de la Seine pour la bibliothèque de la ville de Paris.
657. Journal de Henri III, roy de France et de Pologne, par Pierre de l’Estoile. La Haye, P. Gosse (Paris), 1744, 5 vol. pet. in-8. – Journal de Henry IV, par P. de l’Estoile. La Haye (Paris), 1741, 4 vol. pet. in-8. Ensemble 9 vol., portr., mar. r. fil. tr. dor. (Derome) 2.900 fr. à Fontaine, pour le duc de Chartres.
662. Les Mémoires de la reine Marguerite. Paris, Chappellain, 1628, in-8, réglé, mar. r., riches compart., tr. dor. (Le Gascon). Acquis à la vente Perrin de Sanson. 1.500 fr. à Ernest Odiot.
672. Mémoires du cardinal de Retz. Amsterdam, Bernard, 1731, 4 vol. – Mémoires de G. Joly. Amsterdam, Bernard, 1738, 2 vol. – Mémoires de Mad. la duchesse de Nemours. Amsterdam, Bernard, 1738, 1 vol. En tout 7 vol.pet. in-8, mar. r. fil. tr. dor. (Padeloup). 1.510 fr. à de Janzé.
La deuxième partie, du lundi 18 mai au vendredi 29 mai, rapporta environ 25.000 francs : Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Jacques-Charles Brunet […]. Deuxième partie. Ouvrages de divers genres. Histoire littéraire. Bibliographie (Paris, L. Potier et A. Labitte, 1868, in-8, XIII-[1 bl.]-232 p., 1.786 lots).
« On trouvera dans cette seconde partie plusieurs ouvrages composés et écrits par Mercier, abbé de Saint-Léger, ainsi qu’un exemplaire de la Bibliothèque du Théâtre-Français depuis son origine, etc., 3 vol. in-8, annotés par lui [n° 1.782]. Cet ouvrage est attribué au duc de La Vallière, mais l’on sait maintenant qu’il a été fait par plusieurs hommes de lettres qui travaillaient pour l’illustre bibliophile, tels que Capperonnier, Marin et quelques autres, surtout par Mercier lui-même qui déclare y avoir beaucoup travaillé. » (p. VII)
Le 19 décembre 1868 suivit la vente des autographes : Catalogue des autographes précieux provenant de la bibliothèque de feu M. Jacques-Charles Brunet (Paris, L. Potier, A. Labitte et J. Charavay, et Londres, Ch. Labussière, Th. et W. Boone, 1868, in-8, 47 p., 136 lots).
Monumentale !
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