D'une
famille originaire de Champagne, dont les armes étaient « D'azur, à
l'agneau pascal d'or, au chef de gueules à trois étoiles d'argent
», Louis de Vougny (1575-1644), médecin ordinaire du Roi, vint
s'installer à Montfort-l'Amaury [Yvelines], en épousant en 1613
Jeanne Le Pelletier (1589-1652), fille de Jean Le Pelletier,
lieutenant particulier en cette ville.
Son
fils Jean de Vougny (1614-1687), médecin ordinaire du Roi et médecin
du duc d'Orléans, épousa en secondes noces, le 18 mars 1664,
Geneviève Le Maire (1636-1676), fille du président en l'Élection
de Montfort-l'Amaury.
Son
petit-fils, Jean-Marie de Vougny (1665-1729), d'abord secrétaire de
l'intendant des Finances Joseph Fleuriau d'Armenonville en 1691, puis
receveur général des Finances de la Généralité de Rouen de 1705
à 1719, fut conseiller du Roi en ses Conseils, secrétaire du
Conseil d'État, directeur
des Finances. Il fit enregistrer son blason en 1696, dans l'Armorial
général de France. Il épousa à Paris, le 28 juillet 1698,
Anne Moufle (1675-1750), fille de Simon Moufle, notaire au Châtelet.
Plan de Turgot. |
Installé place des Victoires [Ier-IIe], le
couple déménagea rue du Grand Chantier [hôtel d'Anglade, 66 rue
des Archives, IIIe], où il occupa un hôtel acheté aux
héritiers de François Le Juge, fermier général.
Plan de Turgot. Le point rouge indique l'hôtel de Vougny, rue du Grand Chantier. |
Bâti sous la
conduite de l'architecte Robert de Cotte, cet hôtel était décoré
de plusieurs bas reliefs de Antoine Coyzevox et embelli à
l'intérieur de deux grands plafonds peints par Charles de La Fosse.
Jean-Marie de Vougny et Anne Moufle y moururent et furent inhumés à Saint-Jean-en-Grève [cimetière et église détruits en 1800], leur paroisse.
Hubert Robert. Démolition de l'église Saint-Jean-en-Grève. (Musée Carnavalet) |
Jean-Marie de Vougny et Anne Moufle y moururent et furent inhumés à Saint-Jean-en-Grève [cimetière et église détruits en 1800], leur paroisse.
66 rue des Archives, Paris (1897). |
En
parfait état, l'hôtel de Le Juge, devenu de Vougny, puis d'Anglade,
fut détruit en juillet 1897, pour mettre à la place des grands
bazars. La ville de Paris n'en conserva ni une photographie, ni un
moulage, ni un souvenir quelconque.
On a vendu aux enchères
publiques, le 22 mai 1897, les plafonds pour 25.000 francs et les
sculptures pour 1.500 à 2.000 francs («
Procès-verbal de la Commission du vieux Paris », 28 janvier 1898).
66 rue des Archives, Paris (1898). |
L'architecte
Paul Bonpaix (1847-1934) fut chargé d'édifier un immeuble à usage
commercial, avec deux grands niveaux éclairés par des baies
horizontales ouvertes dans une façade en pierre de taille, pour la
Société française des Grands Bazars et des Nouvelles Galeries
réunis.
Château de Jeurre. |
Le
vicomte Arthur-Henry Dufresne de Saint-Léon (1858-1947) acheta la
façade de l'hôtel d'Anglade pour embellir celle du château de
Jeurre [Morigny-Champigny, Essonne], devant le miroir d'eau.
Archiviste paléographe et ancien attaché à la Bibliothèque
Mazarine, Arthur de Saint-Léon avait publié, avec Paul Marais,
archiviste paléographe et sous-bibliothécaire à la Bibliothèque
Mazarine, le Catalogue des incunables de la Bibliothèque Mazarine
(Paris, H. Welter, 1893, 2 vol. in-8).
Jean-Marie
de Vougny et Anne Moufle eurent plusieurs enfants, dont
Louis-Valentin de Vougny.
Louis-Valentin
de Vougny mourut à Soissons [Aisne], le 25 janvier 1754, dans la 49e
année de son
âge, d'après la Suite de la clef (Paris,
Ganeau, janvier 1754, p. 240), ce que confirme le Mercure de
France (Paris, Chaubert, Jean de Nully, Pissot et Duchesne, mai
1754, p. 208-209), lu un peu rapidement par Joannis Guigard (Nouvel
armorial du bibliophile. Paris, Émile
Rondeau, 1890, t. I, p. 379) : son acte de décès à Soissons a été
détruit. Il est donc né en 1706, à Paris : son acte de baptême
n'est pas aux archives de l'état civil de Paris, ni dans les actes
de l'état civil de Montfort-l'Amaury.
Devenu
prêtre et chanoine de Notre-Dame de Paris, il fut également
conseiller-clerc en la Grand'-Chambre du Parlement en 1726 et abbé
de Notre-Dame de Larrivour [Lusigny-sur-Barse, Aube, détruite à la
Révolution] en 1741.
On
lui attribue Le Ciel réformé. Essai de traduction de partie du
livre italien, Spaccio della bestia trionfante (S. l.
[Paris], s. n., l'An 1000 700 50 [1750], de format in-12, tiré in-8,
[1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-92 p.). Cet ouvrage est la traduction de la
première partie du premier dialogue de Spaccio della bestia
trionfante [Expulsion de la bête triomphante] (Paris [Londres],
s.n. [Thomas Vautrollier],
Statue en bronze de Giordano Bruno, par Ettore Ferrari (1889), Campo de' Fiori, Rome. |
1584, in-8), par Giordano Bruno
(1548-1600), qui fut condamné par l'Inquisition et brûlé à Rome,
au Campo de' Fiori, pour les impiétés répandues dans ses
différents écrits. Cet ouvrage, accusé d'athéisme, n'est qu'un
écrit fantastique peu dangereux pour la morale, allégorie
entremêlée de traits contre les mœurs
du XVIe siècle.
«
Si ces deux Ouvrages [Spaccio della bestia trionfante et La
Cena de le Ceneri] ne sont pas des chefs d'œuvres,
au moins en ont-ils acquis en quelque sorte la valeur & le renom,
par le prix exorbitant où ils sont portés, lorsqu'ils se trouvent
dans quelque Vente publique. C'est ce qui est arrivé en dernier lieu
à celle qui vient de se faire de la Biblioteque de M. l'Abbé de
Rothelin, où ils ont été vendus onze cens trente-deux livres,
quoiqu'ils ne forment qu'un in 12. sans beauté particuliere
d'impression ni de caracteres. Seroit-ce donc la rareté qui en
feroit seule le mérite ? Il faut croire qu'il s'y joint celui de la
singularité. » [sic] (p. 4-5)
Ancienne maison de chanoine dans le cloître Notre-Dame, 24 rue Chanoinesse, rue centrale du cloître (v. 1900). |
Après
la mort de l'abbé de Vougny, sa bibliothèque fut vendue en son
domicile, au cloître Notre-Dame [IVe], près de la salle
du Chapitre, au nord de la cathédrale, après avoir été indiquée
par affiches :
Catalogue des livres de feu Monsieur de Vougny,
conseiller au Parlement, chanoine de l'Église
de Paris (Paris, Damonneville, 1754, in-8, [1]-[1 bl.]-89-[1 bl.]
p., 1.167 + 16* = 1.183 lots). On y trouve : théologie 171 lots =
14,45 % ; jurisprudence 116 lots = 9,80 % ; sciences et arts 195 lots
= 16,48 % ; belles-lettres 455 lots = 38,46 % ; histoire 246 lots =
20,79 %.
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